Je n’eus pas le temps de ranger ce que j’avais sorti ; plusieurs flèches sifflèrent autour de nous, nous prenant au dépourvu. Je laissai ma boussole et ma carte au sol et me redressai prestement. Il me fallut un instant pour réaliser ce qu’il venait de se produire. Autour de moi, tout le monde s’agitait déjà. Je n’eus guère le loisir de détailler les actions de chacun et me concentrai sur Rhys.

Je compris rapidement que nous étions attaqués par un groupe de Récleyés. Heureusement, les réflexes du barde étaient meilleurs que les miens ; il créa un bouclier qui nous protégea des flèches ennemies. Sans cet heureux réflexe, les projectiles nous auraient traversés de part en part. J’observai une seconde les flammes violettes qui éclatèrent face à l’impact. Je n’avais jamais imaginé Rhys doté d’une telle Vérité. Il avait décidément plus d’un tour dans sa poche.

L’alchimiste s’était positionné devant moi. Il fouillait précipitamment dans son sac alors qu’un Récleyès s’élançait dans sa direction. D’un geste vif, je saisis mon arc et me préparai à décocher une flèche. Je ne fus pas assez rapide : quelque chose avait déséquilibré le Récleyés ennemi. Quoi ? Je l’ignorais. Rhys avait sorti une fiole de son sac. Il aurait le temps de réagir. Je me tournai pour me retrouver dos au barde et scrutai l’endroit d’où les flèches avaient jailli quelques instants plus tôt.

Je balayai rapidement l’endroit du regard, à l’affut du moindre mouvement. Je m’étais déjà désintéressée de mes compagnons. Pour l’heure, ma survie l’emportait – ainsi que celle de l’alchimiste, naturellement. Mon cœur battait à tout rompre ; cependant, j’étais déterminée à ne pas me laisser paralyser par la peur. Ces Récleyés étaient prêts à nous abattre sur le champ. De véritables barbares ! Il ne m’était pas permis de douter.

Je continuai à observer les arbres, les sourcils froncés, peu au fait de ce qui se déroulait derrière moi. Je comptais sur Rhys pour couvrir mes arrières.

Soudain, j’aperçus du mouvement dans un arbre. Un instant d’hésitation me coûta une flèche perdue ; alors que je relâchai la corde de mon arc, je fermai un œil et me concentrai pour rétablir la trajectoire de ma flèche. Celle-ci buta contre le projectile ennemi. Les deux flèches furent projetées d’un côté et de l’autre, tandis que j’en décochai une nouvelle derechef. Encore une fois, je m’armai de ma Vérité pour rétablir sa trajectoire et l’aider à s’enfoncer dans les feuillages.

Je fus surprise de la facilité avec laquelle je maniais mon sort. J’avais d’ordinaire des difficultés à maintenir une trajectoire précise sur plus de cinq mètres. D’abord ma prothèse était plus maniable qu’à l’accoutumée, et maintenant, la puissance de ma Vérité semblait décuplée. Je me doutais de ce qui me conférait une telle forme mais je n’avais pas le temps d’y penser .

Je maintins ma position quelques secondes en restant sur mes gardes. Tout s’était déroulé si rapidement que je n’étais plus sûre de moi. Avais-je touché le Récleyés ?

Le Récleyès qui se précipitait sur moi tombe, l’une de ses jambes se dérobant sous lui. Je n’ai pas vu ce qui s’est passé exactement, j’imagine qu’un de mes alliés s’est porté à mon secours et l’a déséquilibré. Je n’ai pas le temps de regarder autour de moi pour découvrir ce qui est en train de se passer, pour l’instant seule compte ma survie, et par extension celle d’Elerinna qui se trouve juste derrière moi, si près que je peux sentir ses mouvements. Elle me tourne le dos et bande son arc. Je ne me retourne pas tout de suite, occupé pour l’instant avec la femme en uniforme noir à mes pieds, qui commence déjà à se relever. Les mains encombrées par la fiole et mon sac, je ne dégaine pas mon épée qui m’embarrasserait plus qu’elle me servirait. Il me faut trouver un moyen de la mettre hors d’état de nuire, et j’utilise le seul qui me vient à l’esprit : d’un violent coup de pied au visage je l’envoie au pays des rêves. Elle ne se relèvera pas tout de suite.

Une fois la menace immédiate temporairement éliminée, je regarde autour de moi. La jeune femme rousse est aux prises avec un deuxième Récleyès et semble avoir la situation en mains. Je fais volte-face pour soutenir Elerinna qui tente de stopper l’un des archers ayant pris refuge dans les arbres. Sur son flanc, le deuxième archer continue de nous abreuver de traits, qui pour l’instant ont tous manqué leur cible. Il doit être gêné par nos mouvements et la présence de ses alliés au sol, ce qui commence à n’être plus vraiment un problème. Il faut faire quelque chose pour l’empêcher d’agir. J’essaie de matérialiser une nouvelle fois le bouclier qui nous a protégé quelque secondes plus tôt, tentant de me remémorer la sensation que j’ai ressenti. De petites flammèches pourpres commencent à se former entre mes doigts et à s’étendre, mais elles restent tremblotantes, sans réelle tangibilité. Sur ma droite j’entends la corde d’un arc qui se relâche et tend mon bras dans cette direction. Le bouclier n’a pas assez de force pour arrêter la flèche comme plus tôt, mais dévie suffisamment le trait pour qu’il n’atteigne personne et se plante dans le sol derrière moi.

D’un geste je fais sauter le bouchon de la fiole, et fais glisser dans ma main l’une des trois billes qu’elle contient. Mes doigts tremblent et je ne parviens pas à la reboucher, restant concentré sur ce qui m’entoure et tentant de ne pas renverser le contenu de ce flacon. Je n’ai encore jamais eu l’occasion d’utiliser cette potion en situation réelle, mais les tests effectués lors de sa création m’en ont appris suffisamment pour que je ne veuille pas me trouver à proximité de la déflagration. J’ai bien repéré d’où est venue la dernière flèche et compte bien rendre à l’archer la monnaie de sa pièce. Et s’il s’est déplacé et que je le manque … et bien au moins cela l’obligera-t-il à se dévoiler. D’un tir sec – et plus précis que ce à quoi je m’attendais – je lance une bille de feu dans l’arbre, la faisant éclater sur le tronc.

Les flammes montent instantanément, s’embrasant au contact du bois et des aiguilles et explosant en rencontrant des poches de résine sous l’écorce. Un cri retentit entre les branches, suivi d’un mouvement affolé. Je désigne à Elerinna l’homme qui descend de l’arbre en toute hâte.

– Arrêtez-le !

Eléanore Firloe

Eléanore se cache derrière un arbre, faisant à peine dépasser le bout de son nez pour voir comment la situation évolue. Tout se passe rapidement. Le Parlèms lance des projectiles en visant précisément l'un des arbres de la forêt, puis un énorme fracas retentit. L'Ancienne se recroqueville sur elle-même en serrant aussi fort qu'elle peut l’artefact mystérieux, manquant d'écraser Ollie qui n'a pas bougé de l'intérieur de sa cape depuis que tout a commencé.

Les flammes embrasent l'arbre en quelques secondes, elles sont si grandes qu'elles lèchent tout autour la végétation. En hauteur, un cri retentit alors que le crépitement des arbres s'intensifie. La gardienne prend peur, toute la forêt est en train de prendre feu. On peut sentir dans l'air le bois brûlé et des odeurs de sèves. Cette explosion n'est rien face au désastre qu'ils ont fui à l'Arbre de Vie, mais cela terrorise Eléanore. Elle reste derrière son arbre, chuchotant à son protecteur qui a surgi par son col lorsqu'elle a presque failli l'écraser contre elle :

- Je ne sais pas quoi faire ! Et si je le perdais ?

Elle tremble légèrement. Ses yeux sont grand ouverts, l'on peut sentir qu'elle retient ses émotions. Son visage est tendu, elle ne veut pas craquer. Ce n'est pas possible ! Mais elle ne sait même pas ce qu'elle tient véritablement entre ses mains, ça se trouve tout cela n'est qu'un mensonge ! Et s'il n'y avait rien... Eléanore a peur, se tenant à l'écart autant qu'elle le peut, elle s'écarte de quelques arbres et se love entre les racines d'un Mirlis. Ollie sur son épaule, elle écoute les sons de la forêt et attend, son lasso de lumière se matérialisant dans l'une de ses mains.

Je restai abasourdie un instant face à l’embrasement de l’arbre. Je ne m’attendais pas à une telle déflagration. Les flammes grimpèrent si vite jusqu’aux feuillages que le recleyés s’en extirpa instantanément pour quitter le brasier. L’autre avait dû fuir en apercevant les premières flammes. L’ennemi bien en vue, je bandai mon arc et me préparai à décocher une nouvelle flèche qui, cette fois, ne raterait pas sa cible. Manque de chance : les branchages s’effondrèrent, permettant au fuyard de passer hors de ma vue.  

- C’est pas vrai ! Pestai-je, frustrée.  

Prise de court, je décochai une flèche et la guidai entre les branchages. Si je ne pouvais pas le mettre hors d’état de nuire, j’espérais au moins ralentir sa course en le blessant.

Je rangeai mon arc une fois l’adrénaline retombée. J'en tremblais. Je m’assurai toutefois que mes armes étaient toujours en place pour me préparer à l’éventualité d’une nouvelle attaque. Je remontai mon arbalète de poing puis posai une main sur ma rapière télescopique, accrochée à ma ceinture. J’avais trouvé ces armes dans les Chutes de Veroni il y a déjà plus d’un an de cela. Je les avais échangées à un marchand ambulant contre quelques bijoux. Depuis, elles ne me quittaient plus. Je m’en félicitais aujourd’hui.

L'étrange femme rousse apparut entre les arbres, toussant et jurant contre Rhys. Je me plaçai machinalement aux côtés de l'alchimiste, les sourcils froncés. Secouée par la situation, mes mauvaises habitudes reprirent le dessus. Je ne pus m’empêcher de rétorquer sèchement :  

- Et qu’aurions-nous dû faire ? Nous laisser gentiment abattre par ces sauvages ? Très peu pour moi !

Je soupirai et observai l’arbre en flammes. Nous n’avions aucun moyen de stopper l’incendie. Mieux valait ne pas nous attarder ici.  

- De toute façon, nous n’avons pas d’autre option. Trouvons la Gardienne et filons.  A moins que quelqu’un ait une meilleure idée ? enchaînai-je tout aussi froidement, ramassant ma carte et ma boussole restées au sol.

Les flammes crépitent autour de vous, le temps presse. Si vous voulez survivre, il va falloir courir. D'ici quelques minutes, c'est tout un groupe de soldats Récleyès qui sera à vos trousses. Ne vous retournez pas, n'hésitez pas à partir, où vous le paierez très cher. Il va maintenant falloir faire un choix. Assurez-vous votre survie ? Ou perdrez-vous du temps à retrouver la Gardienne.

Instructions

Le prochain tour va être un peu particulier, Eléanore va prendre la tête et postera sous spoiler. Vous ne devrez pas lire sa réponse avant d'avoir posté la vôtre ! Car on va jouer à un petit jeu pour tenter d'attraper la gardienne, mais attention à ne pas vous faire attraper.
Voici le concept, vous avez deux choix en postant, courir ou vous arrêtez pour rechercher la gardienne.
- Si vous vous arrêtez, alors que la gardienne s'est aussi arrêtée, vous la retrouvez et pouvez fuir à deux dans votre prochain post.  
- Mais si vous vous arrêtez, alors que la gardienne courrait, vous vous faîtes capturez par les Récleyès. (Syl' tu ne te feras pas capturée, mais tu perdras ton avance et tu ne pourras plus retrouver la Gardienne).
- Si personne ne s'arrête en même temps que la gardienne, les survivants pourront s'enfuir de la forêt au prochain tour, mais elle se fera capturée.

À savoir si vous vous faîtes capturer, une quête vous sera proposée pour tenter de vous échapper. Si vous ne souhaitez pas faire de quête, vous pourrez délivrer vous-même votre personnage, mais il lui faudra du temps et aura été transféré entre temps dans les marais. Et si vous réussissez à fuir avec la gardienne, une quête vous sera proposée pour l'aider.

Eléanore Firloe

Rappel, à ne lire qu'après avoir posté ! :

Je crois que le temps a pris quelques secondes de retard pour tout le monde au moment de l’explosion, moi compris. Je regarde les flammes s’étendre rapidement aux arbres alentours, et je reste impuissant devant leur vivacité. Ce n’était pas une illusion, ou une fausse impression liée à l’adrénaline qui courses dans mes veines depuis mon arrivée à l’Arbre de vie : la Vérité ici est plus puissante qu’à l’accoutumée. Les essais en laboratoire de cette potion n’avaient jamais montré une telle ardeur, et jamais un incendie aussi important n’aurait pu se produire. Je me maudis intérieurement de n’avoir pas réfléchi plus avant de m’en servir.

Elerinna est heureusement moins abasourdie que moi et parvient à tirer sur le fuyard, mais je ne parviens pas à voir si elle a réussi à l’atteindre de ses traits avant qu’il disparaisse dans les sous-bois, dissimulé par la chute d’une partie de la canopée rongée par les flammes. La frustration de mon amie est palpable, mais mon imprudence est si clairement la cause de son échec que je ne sais pas quoi dire. Avec des gestes maladroits, je rebouche la fiole et l’emballe, bien serrée dans un morceau de tissu non identifié que je trouve au fond de mon sac, avant de l’y enfourner sans plus de cérémonie. Hors de question qu’elle puisse se déboucher sans que je le veuille.

C’est le moment que choisit l’étrangère pour revenir parmis nous, pestant, toussant, et faisant montre d’un vocabulaire fleuri qui aurait pu faire rougir un docker d’Helpo. Les cheveux en bataille, le visage maculé de suie et la démarche nerveuse, elle se dirige droit sur nous. Je dois admettre ne pas être vraiment surpris en comprenant que son humeur orageuse s’adresse principalement à moi ; après tout je suis l’idiot qui a mis le feu à ce coin de la forêt parce qu’il n’a pas pris en considération toutes les variables à sa disposition. Malgré tout je m’apprête à éviter la question de ma responsabilité mais Elerinna est plus rapide que moi. Elle s’interpose, et dit peu ou prou ce que j’allais tenter d’expliquer, bien que je l’aurais sûrement fait de manière moins brutale. Chassez le naturel et il revient au galop, je retrouve devant moi la jeune Jelica et son franc-parler connu dans tout Arnlo. J’acquiesce de bon coeur.

– Elerinna a raison, ce qui est fait est fait. Nous pouvons nous servir de cet incident pour brouiller les pistes et partir dans une toute autre direction à présent. Il faut nous presser, d’autres ne vont pas tarder à nous tomber dessus.

Je tire sur la sangle de mon sac de façon à ce qu’il ne gêne pas ma course et me tourne vers l’arbre derrière lequel j’ai vu la gardienne pour la dernière fois.

– Par tous les dieux !

Elle a disparu.

Je jure à mon tour et fais le tour du tronc, mais elle n’est nulle part en vue. Je me tourne vers mes deux compagnes d’infortune, inquiet.

– Par où est-elle partie, à votre avis ? Nous devons absolument la retrouver !

Sitôt que l’une d’elle m’indique une direction, je me mets à courir à la recherche de la disparue. L’inquiétude me serre la poitrine. Pourquoi n’est-elle plus là ? L’un des Récleyès l’aurait-il attrapée sans que nous l’ayons vu ? A-t-elle préféré nous fausser compagnie ? Mais pour quelle raison ? Seule dans la forêt grouillante d’ennemis, elle n’ira pas bien loin seule avant de se faire capturer, et alors … Je n’ose même pas imaginer ce qui arriverait si l’objet qu’elle transporte tombe aux mains des traîtres.

Nous constatâmes avec horreur la subite disparition de la gardienne. Rhys s’activa autour de l’arbre où elle avait été aperçue la dernière fois, mais rien ne semblait indiquer sa présence. Avait-t-elle été enlevée ou s’était-elle enfuie ? Une douloureuse angoisse m’envahit alors que les flammes gagnaient en densité. Un vent de panique soufflait déjà sur notre petit groupe et j’avais des difficultés à conserver mon sang-froid. Mon impulsivité m’avait toujours porté préjudice, mais peut-être que cela me sauverait aujourd’hui.

La rouquine avait déjà quitté mon esprit. J’approchai de mon ami et attrapai l’une de ses mains. Je voulais le saluer et, nos chances de survie étant ce qu’elles étaient, lui présenter de probables adieux.

– Croyez-moi, la mort par les flammes est certainement préférable à ce que ces récleyés nous réservent. La gardienne était terrorisée face à ces barbares ; elle a fui lorsque nous nous battions, c’est certain ! Nous aurons plus de chances de la retrouver en nous séparant. Je pars vers Déoli !


La peur m’étreignit si bien que ma voix se noua lorsque je déclarai :

- S’il-vous-plaît, Rhys, restez en vie.

Je lançai un dernier coup d’œil aux flammes qui nous entouraient et me mis à courir sans plus tarder.

L’angoisse se faisait si forte que des bourdonnements parasitaient mes pensées. J’étais si inquiète que seul mon instinct de survie me retenait de fondre en larmes. Les arbres s’embrasaient si rapidement que je n’avais pas le temps de me retourner. Je courais vite, plus vite que jamais, dans l’espoir de tomber sur la gardienne pendant ma course.

Soudain, je crus apercevoir du mouvement. Le vent, un ennemi ou simple hallucination ? J’hésitai, puis, prise d’un courage que je n’aurais jamais soupçonné, j’arrêtai ma course, essoufflée, mais toujours sur mes gardes. J’approchai lentement, priant tous les dieux d’épargner ma vie.