C'est par un froid matin de Virgonès que naissait le petit Archibald, dernier né d'une fratrie de quatre dans la famille Canhall appartenant à la petite noblesse d'Arnlo. Nourrisson rose et potelé, presque tout semblait lui sourire dans la vie. Bien sûr, en benjamin de la fratrie, il était certain de n'hériter de rien et de vivre de la charité de ses frères aînés, mais le destin aurait pu être bien plus dur avec lui.
Dès son plus jeune âge, il eu des précepteurs particuliers pour lui enseigner les lettres, l'Histoire, la géographie, la littérature, la musique, les armes... Bref, tout ce qui devait faire de lui un jeune homme distingué et la digne descendance de ses prédécesseurs.

Très jeune, il a commencé à comprendre que pour tirer son épingle du jeu de l'échiquier de la noblesse des Parlèm, il aurait besoin de plus que ce que sa naissance lui avait apporté. Cette réalisation, couplée à son amour de la musique, la passion de la connaissance et un brin de révolte adolescente, tout cela le conduisit à commencer à se produire en tant que barde dans Arnlo, et à changer de nom. Ici, ses origines nobles et ses airs de beau-parleur le rendirent populaires auprès de la petite noblesse, et le jeune homme faisait pain béni de toutes les rumeurs et autres informations que l'on ne pouvait glaner qu'en étant introduit dans la plupart des cercles sans toutefois en faire réellement partie.
Malheureusement, il se rendit rapidement compte que le pouvoir et l'influence qu'il gagnait en tant que barde était obligatoirement dépendante d'une tierce personne : un mécène, la personne lui vendant des informations, etc.
C'est à cette période, autour de ses vingt ans, que Rhys entendit parler pour la première fois d'alchimistes qui exerceraient leur art en ville. Intrigué par l'idée, il se renseigna discrètement pour en rencontrer un. C'est comme ça qu'il fit connaissance avec Galad Zayne, qui devait devenir par la suite son maître en alchimie. Fasciné par la discipline et avec toujours la soif de savoir qui le caractérise, le jeune homme était un disciple modèle. Il se trouvait que Galad avait déjà un élève au moment où il prit Rhys sous son aile : Jonas Sangrey. Les deux jeunes gens se lièrent très vite d'amitié, et devinrent inséparables.

Les années passant, Rhys arriva en âge de se marier, et son père ne manquait pas une occasion de le lui rappeler. Le jeune homme esquiva toutes les remarques aussi longtemps que possible, jusqu'à ce que l'autorité paternelle se fît trop insistante, envahissante. Parallèlement, il commençait à arriver au bout de ce que son maître pouvait lui apprendre. En guise de fin d'apprentissage, il tissa la magie qui habite sa lyre fétiche, après avoir écrit lui-même la formule, et trouvé le matériel nécessaire avec ses compétences bardiques. Il arriva donc qu'il décide de se mettre en route, de quitter enfin Arnlo pour étoffer encore ses connaissances, et Jonas le suivit. Ils parcoururent ainsi Madelle pendant quelques temps, suffisamment pour se rendre compte qu'il y avait un marché parallèle en demande constante d'objets alchimiques de contrebande.
Guidés par la beauté de la science que par l'appât du gain, ils se mirent à fabriquer des petits objets améliorés, faciles à faire mais pratiques, et à les vendre sous couvert de leurs activités de saltimbanques, tout en continuant à voyager de toutes parts pour parfaire leurs connaissances.