"Premier cycle, de la naissance à 7ans.
De la vie à l’apprentissage.

Je suis née le 1er Pön de Ravrok de l'année 1227 du calendrier humain. Je suis donc née le premier jour de l'année. Mes parents Ornia et Lloyd, me donnèrent tout l'amour qu'avait besoin une petite fille. Ils m'éduquèrent dans la droiture et la justesse qui était la leur. Ils m'apprirent dès que j'eu l'âge, les divinités de notre monde et les lois de nos peuples. Mon père m'emmena lorsque j'eu 6 ans, voir de loin l'Arbre de Vie, le grand arbre de la Mère Nature. C'est ainsi que ma curiosité pour elle commença. Je me renseignais comme je le pouvais à mon âge sur cette divinité. Puis arriva le jour le plus merveilleux de mon premier cycle.

Une assemblée de Gardien et de Prêtre passa un beau jour de ma septième année dans la forêt proche de la ville où je vivais. Mon père, qui savait ma curiosité m'emmena voir le cortège. Lorsque les Gardiens passèrent proche de moi, mon père m'expliqua que je pouvais toucher la branche de l'Arbre de Vie qu'ils avaient. Tremblante, je m'étais approché de la relique. L'homme qui tenait la branche, se pencha vers moi et la tendit, m'expliquant que c'était une branche de l'Arbre de la Vie. Je posais ma main dessus et soudain, une sève d'or coula du bois sur mes doigts. Sur le coup, je ne savais pas ce que ça voulait dire. Les Prêtres et les Gardiens se rassemblèrent autour de moi et l'homme qui avait la branche me demandant mon nom. Je ne le savais pas encore à ce moment, mais l'Arbre de Vie, Mère Nature m'avait choisi pour que je la serve.

Second cycle, de 7 à 14ans.
De l’apprentissage à la connaissance.

L'homme qui tenait la branche pendant cette journée, était Wolfir Odunsun, un homme sage et un Gardien. Il vînt voir mon père et lui parla pendant de longues heures et finalement, il se mit à ma hauteur et me demanda si je voulais essayer de devenir une Gardienne. C'était le plus beau jour de ma vie, enfin c'est ce que je croyais à ce moment-là. Il m'expliqua que vu mon âge, il allait venir passer du temps avec moi l'après-midi chez mes parents et qu'avec le temps, si tout se passe bien, alors il se pourrait que je quitte mes parents pour être son élève.

Les premières fois qu'il est venu, ce fut toujours sous la surveillance de ma mère. Il commença par m'enseigner la poésie, la musique, les arts, puis de plus en plus, tout tourna autour de Mère Nature. Il y eu beaucoup de légendes, d'histoires que ce soit sur la Grande Déesse ou sur les Gardiens. Il m'expliqua la naissance des Gardiens, un ordre d'élite qui devait connaitre aussi bien à se servir des armes, qu'à connaitre les traditions et légendes. Ils étaient des combattants et ceux qui devaient aussi transmettre les paroles de Mère Nature. Tout ceci était captivant. Avec les années, il m'expliqua des sciences bien plus secrètes comme celui des nombres, des astres ou des plantes. Le jour de mes 14 ans, il m'expliqua que mon second cycle était terminé et que si je le souhaitais, je pouvais apprendre avec lui sur les routes, en vivant comme une Gardienne. Mes parents étaient contre, mais une ancienne loi, permettais que mon choix soit déterminant. Et mon choix, fut celui de dédier ma vie à Mère Nature. Lorsque je partis de la maison, je ne pleurais pas, je n'avais pas mal, car la Grande Déesse avait voulu cela pour moi et je ne devais pas me laisser bloquer par des émotions trop humaines.

Troisième cycle, de 14 à 21ans.
De la connaissance à la pratique.

Wolfir commença par m'emmener voir l'Arbre de Vie, le plus grand arbre qui existe au monde. Un don se débloqua en moi et d'un coup, je pus comprendre les plantes et les arbres autour de moi. Mon maitre, m'expliqua que c'était une vérité offerte par Mère Nature, une vérité peu commune, mais la plupart de ceux qui l'utilisent, deviennent Gardien. Il m'enseigna alors la méditation, dans la nature, proche de l'Arbre de Vie. Pendant ces périodes, je pouvais comprendre avec plus de précisions ce que les arbres voulaient me dire. Entre ces moments de calme, Wolfir m'enseigna le combat à distance et celui au corps à corps. Je ne pouvais imaginer qu'un homme si vieux, pouvait faire si mal. Pendant l'entrainement nous ne devions pas retenir nos coups, car il fallait endurcir nos corps. Les premières fois, il me mit KO en quelques secondes, puis je compris que je devais utiliser mes énergies pour me renforcer. Pendant ces années, il me laissa parfois seule des semaines entières, car il devait protéger la forêt et l'Arbre de Vie.

En 3 ans, j'étais une combattante accomplie, une barde de talent et ma spiritualité était bien plus profonde. Wolfir commença alors par m'enseigner le déplacement des Gardiens, la discrétion et vivre en harmonie avec la nature. Ce fut sûrement le plus dur, car pendant ces entrainements-là, nous nous déplacions avec d'autres Gardien qui ne me laissaient pas la chance de débuter. Puis arriva ma première mission et j'eu beaucoup de mal à être utile. Je ne pensais pas que ça serait si dur. Puis avec le temps, les missions devinrent de plus en plus faciles, jusqu'à ce que je tue mon premier ennemi. Ce fut pour Mère Nature, afin de sauver une plus grande population, donc ce n'était pas mal, mais il me fallut quelques heures pour le comprendre. Par la suite, tuer pour le bien des créations de la Grande Déesse, fut plus simple.

Un jour, un peu avant mes 21ans, Wolfir m’annonça que j’étais finalement une vraie Gardienne. Que je n’étais plus élève et une cérémonie pour me donner officiellement ce rôle eu lieu. Ce fut réellement magnifique, j'appris de nombreux secrets de mon ordre. Le soir, il me donna Gaea, son arc et m’annonça que le lendemain nous partirions en mission. Il me dit aussi que sur le retour, je pourrais ouvrir un courrier à mon nom qui serait dans son sac.

Je ne comprenais pas ces mots, et sur la route vers notre mission, je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’il était étrange. Plus chaleureux qu’à l’habitude, fort nostalgique. Nous étions quatre pour cette mission, aucuns élèves, que des Gardiens. On tomba sur les cibles la nuit, alors qu’ils se reposaient. Le combat fut dur et Gaea m’aida beaucoup. Mais, alors que je venais de tomber à court de flèches et que je cherchais sur les corps, une munition, je vis plus loin Wolfir qui combattait à l’épée contre un homme deux fois plus haut que lui. C’était une habitude pour lui car il était très fort malgré ces faiblesses liées à l’âge. Mais, ce coup là, ce n’étais pas lui qui avait le dessus. Lorsque mon regard se porta sur lui, il avait déjà un bras qui tenait ces côtes et l’autre flasque qui ne bougeait plus. Il se leva et droit il resta debout, regardant dans les yeux son ennemi, lorsque sa propre épée lui trancha la tête. Ceci avait duré quelques secondes, mais ce fut une éternité pour moi. Je lâchai Gaea, sorti ma dague et alors que je courrais vers cet assassin, je ramassai une épée sur la route. Le combat fut dur, mais ma rage me permis de le tuer lui et tous ceux qui vinrent l’aider pendant les minutes à venir. C’était un vrai carnage, un bain de sang. Le combat terminé, je remarquai que j’étais la seule encore debout, en mauvais état, mais la seule vivante. Les ennemis, les Gardiens, tous étaient morts. Je m’approchai alors du corps de Wolfir et je ne pus que pleurer pendant des heures. Le soleil se levé que je pleurais encore à ces côtés et je sorti timidement la lettre dont il m’avait parlé.

Ionisa,
Normalement à l’heure où tu liras cette lettre, je serais en route pour rejoindre Mère Nature dans l’autre monde. Je ne pouvais pas te dire réellement ce qui allait m’arriver. Sache que je t’aime comme la fille que je n’ai jamais eu.
Au début de ma formation, mon maitre m’enseigna la divination, ce que je n’ai jamais fait avec toi. Alors que j’avais maitrisé cet art, je voulu avec l’insolence de la jeunesse, connaitre le jour de ma mort. Les Dieux m’annoncèrent que je mourais dans la douleur, sur le champ de bataille, à la fin du troisième cycle de ma fille. Sache ma chère Ionisa, qu’à ce moment-là j’ai eu peur. J’ai eu peur de mourir. Je me suis refusé d’aimer pour ne pas avoir d’enfant.
J’ai vécu des années, sans évolué dans ma spiritualité à cause de ça. Je me suis empêché d’aimer et je vivais dans la peur de mourir.
Puis tu es apparu dans ma vie. Je me suis très vite attachée à toi et je compris que tu étais la fille que je n’aurai jamais. J’ai alors accéléré ta formation, pour ne pas te laisser sans connaissance à la fin de ton troisième cycle.
Ma chère Ionisa, je suis très fière de toi et je sais que les Dieux ont prévus de grandes choses pour toi. Ne cherche pas à haïr le monde car je suis mort. N’oublie pas que maintenant je suis aux côtés de Mère Nature et que notre place à tous au final et à ces côtés.
Je t’aime ma fille.
Oh et si je ne me trompe pas, je te souhaite un bon 21éme anniversaire.

C’était effectivement ce jour-là qu’étais le premier jour de l’année. C’était mon anniversaire et j’avais 21 ans maintenant. Il fallut cinq jours pour que les Gardiens nous retrouvent, cinq jours de deuil et de méditation pour moi. Je ne voulais pas abandonner mon maitre ici et je resta à ces côtés jusqu’au retour à l’Arbre de Vie."
Ionisa Vertarc.