(#) Sujet: Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question Mar 19 Fév 2019 - 20:38
Le murmure des morts
Deth Al'Abyssin + Le destin
La mort c'est le meilleur moment de la vie ; c'est pour cela qu'il est préférable de le garder pour la fin. - Gustave Parking
Une odeur de rouille chatouilla son nez. L'air qu'il inspirait était glacial et le parfum qu'il transportait n'avait rien d'agréable. Inspirer était inconfortable et gonfler ses poumons lui faisait mal. Mais il respirait.
Deth ouvrit les yeux et les cligna plusieurs fois. Il devait s'habituer à la lumière qui provenait de la clarté du ciel. Il n'y avait pas de soleil, juste un plafond gris et lumineux qui le cachait. Il retrouva tout ses sens, ou du moins, ce qu'il en restait. Son corps le faisait atrocement souffrir, et les sensations de morsures que lui prodiguait l'air gelé ne l'aidait pas à se sentir mieux. Il était figé sur le dos, incapable de faire le moindre mouvement, et souffrant en silence. Seuls ses yeux pouvaient bouger. Il remarqua les feuilles d'un arbuste à ses pieds. Il ne se souvenait pas s'être retrouvé dans le bosquet lors de la bataille. La dernière attaque qui l'avait achevé l'avait projeté si loin ? Impossible de le savoir. Il a aussitôt perdu tout souvenir après avoir vu la gueule du Swoelm s'ouvrir. Il ne se souvient même plus où est ce que la bête l'a attaqué.
Une vive douleur survint dans son épaule gauche. Il trouva enfin la force de tourner sa tête et il vit l'horreur : du sang, beaucoup de sang. Et des marques de crocs s'enfonçant dans sa chair. Il ne lui restait quasiment pas de vêtement pour recouvrir son épaule meurtrie. Il pouvait tout voir. Il fut saisi d'une envie soudaine de vomir, mais à part un haut-le-coeur, son corps n'avait pas la force de faire plus. Il détourna le regard de l'autre côté. Son épaule droite n'avait rien, enfin du moins, n'était pas en aussi piteux état que sa consœur. Elle avait les marques des combats qu'il avait mené, et devait sûrement ressembler au reste de son corps : des bleus et des traces de griffes, avec de la poussière pour salir le tableau. Il devait ressembler à un cadavre. Il se demande comment il a bien pu survivre avec tout ça... Encore faut-il qu'il soit convaincu qu'il soit bien vivant.
Un grésillement parvint aux oreilles du voleur. Dans le silence de mort qui règne sur l'ancien champ de bataille, il était impossible de ne pas le louper. Le son venait de derrière lui. Malheureusement, en bougeant simplement la tête de droite à gauche, il ne pouvait pas voir l'origine du bruit. Bruit qui ressembla à des murmures, des voix ! Deth réussit à rassembler des forces, à grande peine, pour se mettre de côté, s'appuyant sur son bras valide. La manœuvre lui a réveillé la douleur insoupçonnée de son bras gauche. Il pouvait avoir encore plus mal ? Il grogna, essayant tant bien que mal de retenir un cri.
Il vit alors un corps, à seulement quelques pas de lui, d'où semblait provenir les voix. Il s'approcha en rampant tant bien que mal, gémissant de douleur à chaque mouvement. L'individu était bel et bien mort, mais il tenait un étrange objet. Un Reflecto ! En mauvais état, certes, mais l'objet était encore reconnaissable. Plus pour très longtemps vu la vitesse à laquelle il s'effrite. Le jeune homme tendit son oreille pour saisir la discussion. « Récupérez...Survivants... Eliminez... » Il n'entendit que quelques mots, mais il était arrivé au moment essentiel de la conversation, avant que le Reflecto ne s'éteigne complètement, devenu totalement inutilisable.
Au vu de l'accoutrement du cadavre qui tenait l'objet, aucun doute, les voix appartenaient aux Récleyès. Et ils allaient revenir, ce qui n'était pas bon, mais alors pas bon du tout pour le voleur ! Il regarda autour de lui et constata qu'il était bien la seule âme qui vive dans le coin. Il n'y avait pas un seul mouvement dans son champ de vision.
Qu'allait-il faire ? Son corps était tout endolori et même s'il arrivait à se mettre debout, et qu'il réussissait à marcher par un miracle, il lui était impossible de courir. S'il devait partir, c'était maintenant ou jamais. Il s'appuya sur un genou, avant de pousser avec l'autre jambe pour se lever. Jamais il n'avait mis autant de temps à se redresser. Il lui a semblé avoir pris soixante dix ans d'un coup. Tout son corps lui faisait mal. Ses muscles le tiraillait, et ses bleus se réveillaient dès qu'il bougeait un peu. Sans parler des coupures qui lui tiraient la peau et son épaule... Son bras gauche était complètement mort. Il était toujours là, mais sans passage chez un Neustro, il ne pense pas pouvoir le récupérer rapidement.
Il tente un premier pas. Puis un deuxième. Et se rétama au troisième.
« Aaaah... »
Son gémissement, grognement, était digne d'une truie en train de mettre bas d'une portée de vingt porcelets. Deth avait abandonné toute dignité. Tel un pantin désarticulé, il se releva. L'effort était surhumain.
Il devait ressembler à un mort-vivant, déambulant de sa démarche d'éclopé. Maintenant que son corps s'était réchauffé, il sentait le sang séché sur son corps, et particulièrement autour de son cou. On aurait pu croire qu'il avait été égorgé. Pourtant, il n'a reçu aucune blessure à cet endroit, du moins, pas pour avoir autant de sang. Il n'osa pas imaginer d'où il pouvait provenir : de lui ? D'un autre ? La bataille était finie, et il ne voulait pas se remémorer cet horrible moment. Son esprit devait être concentré sur sa marche. Un pied devant l'autre. C'est comme ça qu'on garde l'équilibre.
Il n'avait pas vu le tas de cadavre qui barrait son chemin. Sans pouvoir le contourner, il se prit les pieds dedans et s'affala de tout son long sur les corps enchevêtrés. Deth replongea dans sa torpeur, à bout de force, et la douleur finissant par le clouer ainsi.
Ils étaient quatre corps, ils ne se connaissaient pas. Ils ne faisaient pas parti de la même confrérie et pourtant, ils semblaient presque solidaires dans ce moment.
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(#) Sujet: Re: Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question Mar 19 Fév 2019 - 23:03
Ta non-tactique semble fonctionner. Lorsque les Récleyès arrivent sur place, ils t'ignorent complètement. C'est à peine si l'un d'eux te regarde, ils savent quels camarades sont tombés aujourd'hui et peuvent les reconnaître de loin. Après avoir tiré leur corps dans une charrette sanglée à un cheval de trait, ils échangent quelques mots. Ils abandonnent l'idée d'incinérer les corps, ils doivent faire vite s'ils veulent être rentré avant la nuit à leur campement. Tu échappes aux Récleyès, mais maintenant que la nuit est sur le point d'arriver et que tu te retrouves seul au milieu des Terres Interdites, tu es la proie idéale de bon nombre de créatures.
Tu es libre de terminer le Rp en solo. Si tu réclames une intervention, un monstre sera spécialement ajouté au bestiaire. Tu peux demander 3 interventions, mais à chaque fois, le monstre deviendra plus dangereux.
Deth Al'Abyssin
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(#) Sujet: Re: Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question Sam 23 Fév 2019 - 19:09
Deth peut remercier ses compagnons de mauvaise fortune : ils lui avaient permis de se fondre dans la masse. C'est à peine s'il avait entendu les Récleyès. La faute à son état sûrement, mais aussi au fait qu'ils ne s'étaient même pas approchés. Le jeune en profita pour se reposer un peu, mais il sortit rapidement de sa torpeur une fois le danger écarté : l'odeur était insupportable. Entre le sang et la nature qui faisait son travail, l'air qu'il respirait était d'une puanteur telle qu'il lui piquait le nez.
Il continua de gémir à mesure qu'il essayait de se mouvoir. Il avait toujours mal et il se sentait complètement coincé. Mais il devait bouger. S'il restait là, dans ces terres maudites, il ne survivrait pas.
Il réussi à se mettre en marche et trouva son rythme. Il s'intéressa à peine au sombre tableau dans lequel il se trouvait. Il savait qu'il n'y avait que des corps sans vie, des armes abandonnées, des chariots détruits. Le champ de bataille après la guerre. Le voleur n'avait qu'une envie : partir d'ici. Il eut une pensée pour son fidèle xiorn. Il avait laissé L'Ami aux chutes de Veroni, avant de s'engager dans l'armée. Il n'avait aucune envie que l'oiseau soit mêlé à ça. Vu sa rareté, il aurait été une cible de choix pour les Récleyès, mais aussi un joli trésor pour les individus peu scrupuleux ayant rejoint l'armée des quatre confréries pour l’appât du gain... Bon en soit, lui non plus n'était pas la personne la plus noble du groupe : il était venu pour l'argent. Au final, il en ressort presque mort, sans un sous de plus. Il se souvient du regard inquiet que lui avait L'Ami. C'était bien la première fois qu'il voyait l'oiseau avoir un minimum d'attention envers Deth. Pourtant, il n'a pas empêché le jeune homme d'accepter la proposition. S'il veut y aller, qu'il y aille ! Et qu'il retienne la leçon que la vie a un prix inestimable et qu'elle ne vaut pas une bourse de pièces d'or !
Le voleur se demande si L'Ami l'attend, au delà des frontières des Terres Interdites. Ou bien s'il l'avait laissé à son triste sort. Ah, qu'est-ce qu'il payerait cher pour revoir son drôle de compagnon ! Même s'il lui en fait voir des vertes et des pas mûres, il a bien du mal à se passer de lui depuis qu'il l'a rencontré.
Malgré sa démarche patibulaire, il avait bien avancé. Il avait dépassé le champ de bataille et se dirige droit vers le nord. Le paysage redevient monotone : juste des terres arides, parsemées de petits arbustes, assez résistant pour vivre dans une telle région. La route risque d'être encore longue. Les températures n'étaient pas remontées et ses blessures lui faisaient toujours mal, même s'il finissait pas s'habituer à la douleur. Même si la menace Récleyès n'est plus, il se demande toujours comment il va pouvoir survivre avant de retrouver la forêt...
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(#) Sujet: Re: Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question Dim 24 Fév 2019 - 17:32
(#) Sujet: Re: Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question Dim 3 Mar 2019 - 17:36
La route lui semblait sans fin. Enfin, route était quand même un grand mot pour décrire sur quoi il marchait. C'était plutôt un sentier ? Une terre plus tassée que celle d'à côté ? Quoi qu'il en soit, l'homme n'avait pas aménagé cet endroit. Mais il y était passé. Deth était en train de suivre le chemin que l'armée avait emprunté dans l'autre sens. Instinctivement, il avait trouvé cette voie et n'a pas réfléchi. De toute façon, il n'avait pas la tête à ça. Tout ce qui lui importe, c'était de survivre.
Combien de temps marchait t'il ainsi ? Il n'en savait rien. Des heures ? Ou bien seulement cinq minutes ? Le ciel était gris, un ciel indiquant qu'il allait neiger. Il était impossible pour le voleur errant de connaître l'avancée de la journée, car il ne pouvait pas voir le soleil. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était là, quelque part derrière cette étendue monochrome, au vu de sa luminosité. D'ailleurs, le ciel était tellement clair que le contempler lui faisait mal aux yeux. Dommage lui qui n'avait rien d'autre à faire... L'air était sec, ce qui rendait le froid plus supportable. Mais avec sa tenue déchirée, le jeune homme n'était pas équipé pour résister des jours à ces températures. Il ne sait même pas comment il a fait pour réussir à se relever, quand il s'est réveillé. Il aurait très bien pu, mourir de froid s'il n'avait pas mis son corps en activité.
Sur son trajet, un élément sorti de l'ordinaire. Une fleur blanche se tenait là, solitaire au milieu de ce paysage terne. Deth fit quelques pas pour arriver à sa hauteur et s'arrêta le temps de l'observer. Même si son cerveau est éteint, il trouve cette apparition louche. Que fait cette fleur seule ici ? Elle a vraiment les nutriments pour vivre ici ? Le jeune homme ne se souvient pas avoir vu d'autres plantes du même genre en arrivant dans les Terres Interdites.
Deth se redressa. Il jura d'avoir vu la plante bouger ! Alors qu'il n'y a pas de vent ! C'est peut être lui qui hallucine, ce qui n'est pas impossible au vu de son état. Mais la fleur vibra à nouveau, confirmant au voleur qu'il n'a pas rêvé. Cela n'annonce rien de bon. Les muscles de l'arvèles se tendirent par la peur ce qui lui arracha une grimace. La douleur était toujours là et le moindre mouvement sortant de l'ordinaire la réveillait. Il fit tout de même un pas sur le côté, afin de contourner la source de ses craintes...
Si seulement cela était suffisant.
Car il est trop tard ! Le serpent camouflé a repéré sa proie qui est restée trop longtemps à l'observer. Son piège a parfaitement fonctionné. Sa cible est affaiblie et jamais elle ne pourra échapper à sa morsure. La bête bougea à toute vitesse et s'étendit de tout son long pour mordre le mollet de l'humain blessé.
Deth n'eut pas le temps d’accélérer sa marche. De toute façon, pouvait il courir ? Il en doute. Il trouva néanmoins la force de rester debout, mais sa vue se troubla après l'attaque qu'il venait de subir. Le venin faisait déjà effet. L'orckehi n'allait pas s'arrêter de sitôt. Il était bien plus rapide que sa proie et il avait commencé le travail. Encore quelques morsures et la dose de venin sera mortelle. C'est la fin.
Deth n'aurait jamais imaginé que sa vie puisse se finir ainsi. Blessé au milieu de nulle part, sans avoir la force de se défendre ou de fuir, aveuglé et en tant que repas pour un petit serpent en forme de fleur. Pitoyable. Non pas qu'il s'imaginait réaliser de grandes choses dans sa vie, mais au vu de tout ce qu'il a fait, il aurait pu mourir héroïquement en combat. Ce n'était pas les occasions qui manquaient...
Mais Uraang en a décidé autrement. Oui, le dieu des morts a pris la décision de ne pas laisser le voleur rejoindre le Maldelly ainsi. La foudre s'abattit non loin du jeune homme et un cri surgit depuis les cieux. Le voleur tomba à genoux. Il pouvait reconnaître l'origine de ce phénomène, même aveugle. L'Ami était venu à sa rescousse.
L'orckehi, effrayé, s'enfuit et ne réitéra pas son attaque. Le xiorn atterit et Deth tourna la tête vers le bruit du battement des ailes de son compagnon. Il tendit la main qui trouva un contact avec les douces plumes de l'animal. Qu'est-ce qu'elles sont chaudes et si douces.
« L'Ami... » balbutia-t'il.
Il devait être pitoyable au yeux du majestueux volatile. Mais qu'importe, il était venu. Il trouva grâce au toucher ses points de repères pour se hisser sur le dos du volatile. Il s'enfouit dans le plumage de l'oiseau, cherchant la chaleur. Il sentit qu'ils prirent de la hauteur. Il pouvait sentir le battement puissant des ailes du xiorn, et l'air glisser le long de son dos.
C'était fini. Cette histoire était derrière lui. Une larme glissa le long de la joue du voleur, soulagé d'être en vie.
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(#) Sujet: Re: Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question
Rumeur // Vivre ou ne pas vivre, telle n'est pas la question