Stophèle est né au sein d'une famille nombreuse de marchands et de prêtres. A défaut d'être riche, sa famille était renommée, car elle était parfois employée par la royauté pour forger certains métaux particulièrement ardus. Sa tante, en particuliers, était réputée pour son talent et faisait la fierté de sa famille après avoir forgé l'épée d'apparat que portait l'actuel souverain lors de son couronnement. Mais le jeune Stophèle, s'il admirait cet artisanat, préférait la tranquillité d'un métier bien moins plébiscité par les siens : la musique. Enfant, il reçut les conseils de son père pour forger son propre instrument, un violon, et il en joua jusqu'à ce qu'il entre en formation dans un temple d'Eliosa. Bien que les prêtres possèdent un rôle faible au sein du peuple Héléo, la famille Sarygmar avait toujours éduqué ses enfants dans l'art du métal ou dans celui de la foi. Puisque le tempérament de Phèle était doux, il semblait tout naturel de l'orienter vers cette voie.

De ses dix ans à ses dix-sept ans, Phèle abandonna la musique pour la religion, mais il n'eut jamais grand plaisir à cet ouvrage. Sa famille, encourageante, l'accompagna cependant tout au long de sa formation, et il se lia également d'amitié avec un prêtre du nom de Diotèle, plus âgé que lui, dont il tomba secrètement amoureux. Lorsque sa Vérité se déclara à dix-sept ans, Stophèle fut encouragé par son ami à prendre une voie qui lui convenait davantage au lieu de servir une déesse qui ne tolérait pas un cœur à moitié vide. Phèle quitta les ordres, mais resta en contact avec Diotèle. Les deux hommes subirent les marquages anciens que les prêtres d'autrefois, à l'époque où les dieux nageaient encore parmi leurs fidèles disait-on, tatouaient sur leurs membres les plus loyaux les symboles d'Eliosa. Diotèle y voyait un moyen de marquer leur piété, même en quittant les ordres, mais Phèle y voyait un moyen de marquer son amitié et de l'encrer à sa peau.

Il fut invité au mariage de son ami, deux ans après. Le cœur brisé, Phèle refoula ses émotions et s'enfonça plus profondément dans son éducation.

Il fut choisi comme apprenti par sa tante, qui trouvait grand potentiel en lui après l'avoir vu forger son propre instrument. Il se révéla extrêmement doué, si bien qu'il attira l'attention de la Couronne. Cette dernière décida de l'employer pour une mission très particulière lorsqu'une alliance fut tissée entre les Héléos et les Récleyès : il devait aller sur le Continent pour leur forger certaines armes, tout en conservant le secret de leur confection, en particuliers pour les lames opalines. Phèle, désireux de prouver sa valeur autant que de voyager, obtempéra. Cette mission est secrète, mais en apprenant son départ sous les ordres de la Couronne, sa famille lui offrit l'ancienne lanterne qu'autrefois une reine héléo offrit à leur ancêtre en récompense de ses services. Cette lanterne, depuis, ne le quitte jamais, on dit qu'elle porte bonheur aux plus talentueux des forgerons parmi les Sarygmar.

Phèle voyagea quelques temps sur l'Oiseau bleu, taisant les raisons réelles de son périple tout comme son contrat l'exigeait, puis se rendit aux terres interdites où il servit périodiquement, ayant à rentrer chez lui à la fin de chaque année pour retrouver l'océan et faire son rapport à Tesla d'Austrich, le seul membre du gouvernement qu'il eut l'occasion de rencontrer jusque là. Pour s'économiser en force, il emprunte souvent le bateau sur une partie du chemin, et retourne donc souvent sur l'Oiseau bleu.

Phèle a été mis au courant de la chute de l'Arbre, et a mal vécu le fait d'avoir participé à une tel exaction. Malheureusement, sa loyauté est trop forte pour qu'il remette en cause ses ordres, bien qu'il se pose de nombreuses questions. Les armes qu'il a forgé, jusque là, sont rares car réservées aux officiers, mais elles sont réputées comme infaillibles.

A chacun de ses voyages, Phèle prétend être forgeron ambulant pour éviter tous soupçons des autres factions.