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Auteur | Message |
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| (#) Sujet: Poisson et antiquités Ven 8 Mar 2019 - 15:40 | |
| Salem respira l’air des Montagnes de Saphir à pleins poumons. Il ne connaissait aucun autre endroit qui lui procurait une telle sensation de bien-être. L’air frais des sommets était vivifiant, et il avait beau lutter, cet endroit lui évoquait malgré lui des souvenirs heureux. Il était ému chaque fois qu’il y mettait les pieds.
Il se tourna et observa le Mont Torgen de là où il se trouvait. Il plissa les yeux et cacha le soleil qui l’éblouissait d’une main. Son regard était posé sur les pics enneigés du Mont : il peinait à réaliser qu’il se trouvait maintenant au pied de la montagne. Il l’avait laissée derrière lui après une halte au centre de soin de Féresis. Une mission l’avait par la suite conduit à proximité du port d’Acretis. Cette affaire réglée, le neustro avait tout naturellement décidé de se ressourcer quelques temps dans les Montagnes. Il était maintenant curieux de visiter le port dont il avait tant entendu parler, avant d’emprunter le chemin du retour.
Ce port qui donnait sur le Récif d’Emeriata avait perdu de sa grandeur avec le temps, mais Salem demeurait enthousiaste de visiter cet endroit qu’il ne connaissait que de nom. Le centre de soin de Féresis n’étant pas à côté, la venue d’un neustro serait peut-être utile à certains habitants de la ville. Sinon, cette visite lui donnerait une occasion de flâner pour la journée. Après ce long et intense séjour dans les Montagnes, un peu de tourisme lui ferait le plus grand bien. De plus, il espérait trouver une boutique pour lui fournir du matériel médical. Il en avait besoin pour le chemin du retour.
Il pénétra dans la ville avec le cœur léger. Le temps était humide mais le printemps était déjà bien avancé : aux alentours de midi, il ôta sa veste pour se retrouver en chemise. Il déambula dans la ville en observant ses habitants qui le dévisageaient avec méfiance. Son tatouage se percevait en transparence à cause du tissu léger de son vêtement. Il prit le soin d’éviter les ruelles d’apparence malfamées – son matériel tenant dans une sacoche, il ne souhaitait pas risquer de se la faire voler –, puis il se dirigea vers le centre de la ville.
Il fut surpris par l’agitation ambiante. Le centre-ville était rempli d’hommes et de femmes s’agglutinant aux stands qui jonchaient la grande place. Il réalisa qu’il s’agissait d’un marché au poisson. Son estomac cria famine quand une odeur de maquereau grillé parvint jusqu’à ses narines. Il s’avança vers l’un des stands et échangea quelques pièces contre l’un de ces poissons grillés à un marchand sympathique.
Tout en dégustant le maquereau préalablement emballé dans un morceau de tissu, Salem décida de s’aventurer dans une rue commerçante de la ville. Il s’attarda sur plusieurs devantures, notamment celles des boutiques d’herbes et de potions. Il arpenta les rues des boutiques, en visita plusieurs sans acheter quoi que ce soit, puis il s’arrêta à nouveau devant l’une d’elles. Il sourit en voyant qu’il s’agissait d’une boutique d’antiquités. Il songea à Daenara qui adorait porter des bijoux anciens. Peut-être pourrait-il lui ramener un souvenir du port d’Acretis ?
La clochette tinta quand il pénétra dans la petite boutique. Il avala son dernier morceau de poisson et rangea le mouchoir dans sa poche. Il trouva du regard une femme aux longs cheveux d’ébène qu’il devina être la gérante de l'échoppe.
– Bonjour, s’exclama-t-il en souriant.
Il se mit alors à marcher dans le magasin en observant les différentes antiquités proposées. Il était toujours intrigué par ce genre d’endroit. Où la gérante trouvait-elle ces vieilleries ? Certaines de ces choses devaient valoir une petite fortune.
Dernière édition par Salem Sitis le Mer 20 Mar 2019 - 1:17, édité 1 fois |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Sam 9 Mar 2019 - 1:15 | |
| Le moment où un client entre est toujours crucial. La première impression est toujours la plus importante dans ce genre de situation. Comme un réflexe, au moindre écho de la clochette, un léger sourire s'affiche sur les lèvres de Juliette qui redresse la tête pour accueillir chaleureusement la personne faisant son entrée. Habillée d'une légère robe droite turquoise, ses cheveux tombent en cascades le long de sa nuque alors que d'ordinaire elle les retient soulevés. Mais sans l'aide d'Elsa qui est en congé depuis ce matin, Juliette n'a su trouver le temps de s'occuper de cela et est rapidement descendue ouvrir le magasin. La matinée a été compliquée. Quoi qu'il en soit, le spectacle peut commencer. La marchande est prête à tout pour trouver l'objet qui saura satisfaire un désir chez ce nouvel arrivant. Avant que Juliette n'entre à son tour en scène, elle prend le temps d'observer l'inconnu. Elle ne l'a jamais vu flâner par ici. Sa tenue est sobre, il ne porte aucun signe de richesse apparent, pourtant il se déplace avec une certaine prestance, le dos droit. Un tatouage légèrement visible laisse supposer qu'il a un fort caractère. Elle a du mal à l'imaginer en tant que Neustro, même si l'idée lui traverse vaguement l'esprit. Elle n'a jamais eu affaire à eux depuis son arrivée sur le continent. Déjà enfant elle refusait catégoriquement les remèdes de sa mère, alors accorder sa confiance à la décoction d'un parfait inconnu, sans façon ! Juliette se tient au comptoir, un vertige trouble sa vision. Dans la matinée, déjà elle avait failli perdre connaissance dans sa salle d'eau. C'est à peine si elle baisse le regard et son sourire ne l'a pas quitté. La journée est loin d'être finie, il reste encore quelques heures avant la fermeture et aujourd'hui Juliette se retrouve seule dans le magasin. Ce ne sont pas quelques vertiges à cause d'un peu de surmenage qui lui feront prendre la décision de fermer la boutique. Elle n'a pas le temps de s'attarder plus, la jeune demoiselle qui est entrée, il y a un peu plus d'un quart d'heure, et n'a pas cessé de tourner autour d'un miroir incrusté de perles se décide enfin à l'appeler pour l'acheter. Ce n'est pas la première fois qu'elle vient, c'est la troisième fois qu'elle entre dans la boutique cette semaine. Elle avait posé bon nombre de questions, mais là, elle s'était directement dirigée vers l'objet. Elle n'avait cependant pas pu s'empêcher de l'analyser sous tous les angles avant de prendre sa décision, alors Juliette avait attendu patiemment. Une fois qu'elle eut fini de l'encaisser et lui souhaita une agréable journée, elle se dirigea vers l'homme qui était rentré plus tôt. Elle aimait aller à la rencontre de ses clients et ne supportait pas rester derrière le comptoir trop longtemps. Il restait encore une personne dans un angle de la boutique. Un homme à la mine renfermée et se déplaçant lentement entre les petites allées. C'était un habitué venant presque quotidiennement, mais n'achetant jamais. Il était connu dans toute la rue. Cet homme aimait les objets et passait son temps libre à les admirer, il faisait partie des rares personnes à savoir les apprécier telles des oeuvres d'art. Parfois, il lui arrivait de proposer ses propres découvertes en gage. Il pouvait alors passer des jours dans la boutique à attendre de voir quel genre de personne allait tomber amoureuse de l'objet. Un véritable excentrique qui avait parfois, assez rarement, des informations intéressantes sur quelques trésors oubliés. Juliette le regarda à peine et alla à la rencontre du potentiel client.
- Soyez le bienvenu ! Je m'appelle Juliette Célian et je suis la propriétaire. Qu'est-ce qui vous amène par chez nous ? |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Dim 10 Mar 2019 - 21:49 | |
| Salem observa rapidement la cliente qui repartit avec son achat. Il ne remarqua même pas l’homme qui regardait les antiquités dans un coin du magasin. Salem traversait les différentes allées en s’attardant sur certains objets, sans pour autant trouver son bonheur. Il ignorait comment s’y retrouver à travers toutes ces antiquités.
Il voulait mettre la main sur quelque chose qui plairait à Daenara. Il connaissait le goût de son amie pour les bijoux et objets anciens, mais ses propres connaissances en la matière n’étaient que limitées. Il ne s’y était jamais intéressé. Grâce à son rôle au sein de la confrérie, il touchait un revenu raisonnable, mais ses goûts restaient très sobres. Ses vêtements, bien qu’élégants, n’avaient rien d’exubérant, il ne portait pas de bijoux et il n’avait pas de pièce à décorer.
Il passa une main dans ses cheveux en réfléchissant. Pour ne pas lui faciliter la tâche, il savait sa dulcinée exigeante en matière de cadeau. Il voulait être certain de lui ramener quelque chose qui lui plairait. Il ne connaissait cependant rien aux bijoux et n’était même pas certain de ce qui pourrait la mettre en valeur.
Il se tourna pour aller chercher la vendeuse et se trouva face à elle. Il ne put s’empêcher de détailler la personne qui lui faisait face. Juliette était une femme charmante, aux cheveux d’ébène et à la peau pâle ; si pâle qu’il pensa qu’elle couvait quelque chose.
– Soyez le bienvenu ! Je m’appelle Juliette Célian et je suis la propriétaire. Qu’est-ce qui vous amène par chez nous ? dit-elle.
Salem fut surpris par cette question. Comment avait-elle deviné qu’il n’était pas d’ici ? Il se dit finalement qu’une commerçante d’une petite ville comme celle-ci connaissait certainement toutes les personnes qui avaient l’habitude de flâner dans ces rues.
– Je vous remercie, répondit-il en souriant. Je suis de passage par ici et j’aimerais ramener un souvenir à une amie.
Il marqua une pause pour observer quelques antiquités disposées sur une étagère à côté de lui. D'un air gêné, il ajouta :
– Pour tout vous dire, je ne m’y connais pas en antiquités. Elle apprécie les bijoux anciens mais je n’ai aucune connaissance en la matière…
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| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Mer 13 Mar 2019 - 20:12 | |
| Sur l'étagère plusieurs bibelots sont disposés en présentation. Juste à côté du client se trouve un chandelier d'un métal très ordinaire, mais la finesse des algues qui forment les bras du chandelier est incroyable. À côté, il y a la reproduction en pierre d'une fleur de Min Dil Aqua. L'objet est conservé sous une cloche de verre, c'est un objet très précieux, car il s'agit en vérité d'une vraie fleur qui a été changée en pierre. Juliette l'a trouvé abandonné dans l'entrepôt d'un de ces fournisseurs. D'ordinaires les plantes servent aux alchimistes, tout le monde a délaissé l'objet et mis dans une petite réserve. Il y a quelques cartons remplis de statuettes, de fourchettes et autres banalités. Juliette aime bien s'y rendre, elle ne prend presque jamais rien, mais cela ne lui coûte qu'une minute. Le reste de l'étagère est vide afin de pouvoir admirer son bois et les sculptures façonnées sur le devant. Devant le client en revanche se trouve un collier assez ordinaire sertie d'une émeraude. Posé sur un faux cou de velours noir, la fine chaîne tressée est en or blanc. Juliette affiche toujours un léger sourire. Elle n'accorde aucune attention particulière aux objets qui les entoure, car elle a conscience de chacun d'entre eux sans avoir besoin de les regarder. Ce qui pouvait peut-être intéresser ce client n'était pas ici, s'il recherchait véritablement un bijou ancien, il fallait qu'elle aille dans la réserve.
- C'est une attention charmante pour votre amie. Si c'est un souvenir de la mer que vous souhaitez, j'ai peut-être quelques pièces en arrière-boutique qui pourraient tout à fait convenir. Les objets les plus anciens, et aussi les plus faciles à mettre dans un poche si je peux me permettre, ajouta-t-elle en étirant légèrement son sourire. sont conservés à l'abri. Si vous voulez bien me suivre au comptoir ?
La petite réserve du magasin se trouvait derrière. Deux étagères de métal contre les murs et une au milieu, c'était tout ce qui pouvait rentrer dedans. Chacune d'entre elles étaient remplies de cartons et de bibelots en tout genre. Dans l'allée principale, sur le côté des étagères une fiche récapitulait grossièrement ce qui s'y trouvait. Chaque étagère était rangée par ancienneté, tout de suite en rentrant à gauche, les plus récents, et sur le mur de droite, les plus anciens. Juliette se dirigea vers la première étagère et ramena un large coffre de nacre et de bois. Elle le déposa sur le bord du comptoir puis l'ouvrit vers le côté du client pour qu'il puisse y voir l'intérieur. Il y avait là une parure de corail, des colliers divers, ainsi que des bracelets et quelques épingles à cheveux et même des piercings.
- N'hésitez pas à les prendre en main ou les poser sur le comptoir. Et si vous recherchiez autre chose, comme une bague ou une tiare, je peux aller vous chercher autre chose.
Juliette esquiva un regard vers l'arrière du magasin, l'habitué avait migré vers un canapé qui avait appartenu à l'un des Lords Parlèms. Rien à signaler du côté de la porte d'entrée non plus. Elle pouvait se permettre de flâner avec ce nouveau client.
- Si je peux me permettre quelques questions, que fait votre amie dans la vie ? C'est un bijou à porter tous les jours que vous recherchez ou pour une occasion particulière ? |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Mer 20 Mar 2019 - 1:08 | |
| Salem acquiesça lorsque la vendeuse lui proposa d’aller chercher des bijoux dans l’arrière-boutique. Les objets les plus anciens -et les plus faciles à voler- y étaient entreposés. Il y trouverait peut-être son bonheur. Il suivit Juliette jusqu’au comptoir et il l’observa se rendre dans la réserve. Il était agréablement surpris de l’accueil dans cette boutique ; jusqu’à présent, dans les autres échoppes qu’il avait visité, on l’avait laissé déambuler dans les allées sans lui proposer la moindre aide. Une telle attention à l'égard du client était toujours quelque chose d'agréable.
Il jeta un coup d’œil indiscret à l’intérieur de la petite pièce qui se trouvait derrière le comptoir. Trois étagères seulement y rentraient sur lesquelles étaient disposés des cartons et des objets en tout genre. Du point de vue de Salem, l’endroit avait l’air parfaitement désordonné, mais il se doutait qu’il n’en était rien. Sa réflexion se confirma quand il aperçut la jeune femme reparaître quelques instants plus tard avec une boîte en bois entre les mains.
Elle déposa le petit coffre sur le comptoir et l’ouvrit pour présenter les divers bijoux qui y étaient enfouis. Le neustro nota notamment la présence de colliers et de bracelets, et d’autres bijoux dont il aurait été incapable de deviner la fonction. Juliette Célian, la vendeuse, lui proposa de déposer les bijoux sur le comptoir et de les prendre en main pour mieux les observer. Salem commença par conséquent à fouiller précautionneusement dans la boîte à la recherche de quelque chose de plutôt original. Daenara n’aimait pas ce qui était classique ; elle appréciait ce qui sortait de l’ordinaire.
– Si je peux me permettre quelques questions, que fait votre amie dans la vie ? C'est un bijou à porter tous les jours que vous recherchez ou pour une occasion particulière ? demanda la vendeuse après un rapide coup d’œil dans le reste du magasin.
Salem n'avait jamais su comment répondre à cette question. Daenara n’avait jamais été claire au sujet de ses activités. Elle disparaissait souvent sans crier gare, avant de reparaître dans sa vie plusieurs mois plus tard, et ce, depuis des années. Il ignorait comment, mais elle parvenait toujours à le retrouver. Cette femme était un véritable mystère. Le neustro n’était cependant pas dupe ; il savait pertinemment qu’elle appartenait à une organisation criminelle. Mais au fond, cela importait peu.
– C’est une voyageuse, répondit-il après une légère hésitation. Je cherche plutôt quelque chose qu’elle puisse porter tous les jours.
Alors que Salem répondait à son interlocutrice, son regard s’arrêta sur le collier de corail qui dénotait avec le reste des bijoux. Il n’avait aucune connaissance de sa valeur, mais il le trouva intriguant. Il le sortit en premier de la boite pour le reposer sur le comptoir. Il sortit deux autres colliers du petit coffre : l’un de couleur argenté et serti de plusieurs pierres de couleur olive, et un autre, plus fin, dont la chaîne était dorée et laissait pendre une pierre rouge.
Il les fixa un petit moment avec incertitude. Finalement, il laissa s’échapper un rire et releva son regard faussement implorant vers Juliette.
– Daenara a des goûts vraiment complexes, se justifia-t-il en souriant. Elle aime ce qui sort de l'ordinaire...
Le neustro présenta le bijou de corail à la vendeuse.
– Ce collier, par exemple, d’où vient-il ? A première vue, on dirait un bijou héléo.
Ce collier lui avait tapé dans l’œil. Il souhaitait cependant être certain de son origine. |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Jeu 21 Mar 2019 - 2:52 | |
| Le collier que sortit le client était celui fait de corail orangé. C'était un bijou très ordinaire dans le monde héléo qui n'avait presque aucune valeur s'il n'était pas le travail d'un artiste. Juliette se procurait les siens auprès d'un vendeur d'Hélia. Il les lui vendait légèrement moins cher et de son côté, elle pouvait les revendre bien plus cher à la surface. Le collier posé sur le comptoir était comme tous les autres une pièces uniques de l'artiste, l'arrière avait été sculpté de manière à donner l'illusion d'une chaîne. Tandis qu'à l'avant, le corail dessiné la forme d'un bouquet qui s'affinait à ses extrémités. Juliette aimait qu'on lui pose des questions sur le passé des objets de sa boutique, alors la question du client étira naturellement son sourire.
- Effectivement. C'est une pièce unique créée par un artiste Héléo qui vit à Hélia. Il s'agit normalement d'une parure, il doit y avoir la bague quelque part dans la boîte, c'est une fleur de corail du même orangé. Juliette fouilla dans la boîte pour la sortir et la placer au milieu du collier. Mais si votre amie voyage beaucoup, ce bijou sera peut-être un peu trop encombrant.
C'était un terme très générique. S'il s'agissait d'une simple guide, après tout, elle pouvat se permettre un collier quelque peu exubérant. En revanche, s'il s'agissait de l'une de ses voyageuses dont les activités restaient assez floues, allant aussi bien de l'exploratrice offrant ses services dans des gîtes, à l'intrépide nomade acceptant tous types de missions sur son chemin. C'était assez vague pour arriver à cerner l'amie de son client, mais après, Juliette avait l'habitude des clients assez secrets. Cela n'allait pas l'empêcher de trouver un objet pour son client. Juliette détourna son attention du premier collier, deux autres étaient posés à côté. Juliette les plaça chacun convenablement pour les étaler de toute leur longueur, puis ses doigts s'attardèrent sur l'une des pierres olive du collier au centre. Celui-ci semble davantage convenir à une voyageuse selon Juliette. Il s'agit d'une acquisition récente. Un veuf était venu se séparer des bijoux de sa femme. Il n'y avait qu'une bague assez ordinaire et ce collier qui avait attiré l'attention de Juliette. Elle avait accepté la bague pour la faire fondre et la revendre. Il valait mieux pour certains objets de disparaître avec leur histoire plutôt que d'être salis de mains en main selon Juliette. Quant au collier, elle avait été voir le spécialiste en joaillerie qu'elle avait l'habitude d'aller voir. Il avait ainsi pu confirmer ce qu'elle pensait, il s'agissait de fragments de naïra, la pierre solaire. Cela expliquait pourquoi le collier n'était jamais froid, même après avoir passé plusieurs jours dans le noir, enfermé dans la réserve. Elle remit ses mains derrière le comptoir avant d'inviter le client à considérer les autres colliers qu'il avait sorti.
- Ce bijou en revanche est assez mystérieux, il est arrivé ici un peu par hasard. Si vous le touchez, vous remarquerez qu'il n'est pas glacé comme celui d'à côté. C'est parce que les pierres qui le compose sont des éclats de naïra. Son pouvoir est presque éteint, mais il en reste suffisamment pour maintenir une douce chaleur à travers le collier.
Juliette commença à ressentir un vertige monter en elle, mais elle le réprima et garda une tête digne. Elle n'avait aucune envie de se laisser ainsi décontenancé en présence d'un client. Elle n'était pas superficielle par rapport à elle-même, mais plutôt par rapport à sa boutique. Juliette avait fini par mesurer chacun de ses gestes lorsqu'elle endossait le rôle de marchande d'antiquités. Son visage légèrement crispé, elle s'exprima un peu rapidement pour essayer de détourner l'attention du client.
- Reprenez le en main, vous verrez par vous-même.
Elle avait besoin de respirer une seconde. Juste pour reprendre son souffle et retrouver son sourire dans un coin de ses lèvres. |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Mar 26 Mar 2019 - 1:00 | |
| Salem suivit les recommandations de la vendeuse et attrapa le collier aux éclats de naïra pour le sentir entre ses mains. Il n’en avait jamais vu de tel. Une douce chaleur se dégageait du bijou, le rendant, a priori, agréable à porter. La tiédeur des éclats de naïra était certainement due à leur ancienneté. Le neustro avait déjà eu l’occasion d’en toucher dans le Désert ; la Vérité qui se dégageait de ces gemmes était impressionnante, en porter une en pendentif permettait de garder un homme au chaud en plein hiver. Le pouvoir de la gemme faiblissait généralement avec le temps.
En plus de l’originalité de ce bijou, Salem le trouva très esthétique. Il avait l’air d’avoir été confectionné avec grand soin. Il n’aurait pas été étonné d’apprendre que ce bijou ait appartenu à un membre de Cercle de la Lumière. De plus, sans en être réellement certain, il lui semblât que la couleur olive des pierres s’accorderait à merveille avec l’épaisse chevelure blonde de sa dulcinée. Penser à Daenara lui arracha un sourire. Quand la reverrait-il ? Il n’en était jamais certain. Il recevait parfois des lettres au centre de soin sans jamais pouvoir y répondre. Au moins, il aurait quelque chose à lui offrir la prochaine fois qu’elle le retrouverait.
- Je vous le prends ! s’exclama le neustro en relevant la tête vers Juliette.
Il fronça les sourcils en l’apercevant. Malgré les efforts de la demoiselle, l’œil expert de Salem vit tout de suite que quelque chose n’allait pas. Elle était si pâle qu’elle semblait couver quelque chose. Ou peut-être était-ce de la fatigue ? Le Docteur fut rattrapé par ses habitudes qui le poussaient à faire attention au moindre signe de maladie. Son instinct ne le trompait que rarement. Comme pour confirmer son intuition, il se permit un regard légèrement insistant sur la vendeuse, oubliant un instant le collier qu’il tenait entre ses mains.
- Je ne veux pas paraître indiscret mais… est-ce que vous vous sentez bien ? demanda-t-il d’une voix basse pour ne pas être entendu par l’autre client qui observait des tableaux entreposés dans un coin de la boutique.
Se rendant compte de l’incongruité de sa question, Salem secoua la tête avec un sourire coupable aux lèvres. Il ne pouvait pas se permettre d’être aussi intrusif sans raison apparente. Quel idiot ! Ce boulot me rend vraiment dingue, pensa-t-il. Il connaissait à peine cette femme et se permettait des questions sur son état de santé !
- Pardonnez-moi, c’est complètement déplacé, s’excusa-t-il. Vous m’avez l’air exténuée, voilà tout. La vie de commerçante ne doit pas être de tout repos.
Pour dissimuler son embarras, il fouilla dans son sac sans fond un petit moment sans trouver son portefeuille, prêt à régler cet achat et à disposer. Néanmoins, l’état de son interlocutrice le préoccupait plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Il faut vraiment que j’arrête de me mêler de ce qui ne me regarde pas, se dit-il en posant finalement son portefeuille sur le comptoir. |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Lun 1 Avr 2019 - 0:02 | |
| Juliette fut embarrassée par les remarques du client. Elle ne pouvait pas se laisser décontenancée. Elle avait eu suffisamment de temps pour reprendre un peu son équilibre. Elle se contenta de lui répondre avec un léger sourire.
- C'est une vie formidable même si parfois les nuits peuvent être courtes.
Elle ramena rapidement la conversation sur le pendentif après un rapide coup d’œil vers l'habitué qui commençait doucement à avancer vers la sortie. Elle était heureuse d'avoir pu trouver si facilement un bijou qui plairait à ce nouveau client. Même s'il était assez simple quoi qu'original, Juliette avait l'impression que l'affaire étant conclue au moment où l'homme avait posé ses grands yeux verts sur le pendentif.
- Si cet article vous plaît, voulez-vous bien me suivre au comptoir. Elle tendit les mains. Pourrais-je le récupérer ?
La chaleur était réconfortante. Elle ramassa les autres bijoux et rangea le tout dans l'écrin qu'elle avait apporté.
- Je reviens tout de suite, je vais vous chercher une coffret pour que vous puissiez l'offrir convenablement.
Sans attendre, elle ouvrit la porte de la réserve et referma aussitôt pour se laisser tomber sur la porte et fermer les yeux deux secondes. Les vertiges étaient à nouveau en train de troubler sa vision tandis qu'elle se dirigeait vers la première étagère. Elle agrippa celle au milieu alors qu'elle reposait la boîte à son emplacement. Juliette n'eut d'autre choix que d'attendre un petit moment dans la réserve. Les mains accrochées à l'étagère à son niveau, la tête abaissée entre ses bras, elle respirait profondément. Elle n'avait plus que quelques minutes à tenir. Une fois la transaction faite, elle prétexterait avoir une livraison pour demander à l'habitué de sortir s'il n'était toujours pas sorti, ce qu'elle en doutait. Le vertige commençait à se calmer. Juliette se redressa doucement. La réserve autour d'elle avait arrêté de tourner. Elle repoussa ses cheveux derrière ses épaules avant de saisir un coffret. Elle reprit le collier dans la plus grande boîte à bijou et le mit dans a plus petite qui ne pouvait accueillir qu'un collier étendu de toute sa longueur. De retour dans la boutique, elle le pose sur le boîtier sur le comptoir et sortit du tiroir la petite boîte qui contenait les fiches des clients.
- Excusez-moi d'avoir été un peu longue, mais elle avait glissé derrière un carton. Est-ce que je pourrais avoir votre nom s'il vous plaît ?
Un crayon en main, Juliette était prête à prendre des notes. Elle était toujours aussi blanche, mais elle l'était toujours plus ou moins. Son sourire de convenance dans un coin des lèvres, elle espérait que l'étranger ne souhaite pas s'attarder davantage. Si elle n'avait pas de problème à demander sans discussion à son habitué de sortir, cela était différent avec ce nouveau client. Elle ne pouvait pas se permettre de le mettre dehors promptement. Même si elle finissait à moitié allongée sur le comptoir, elle avait bien l'intention de finir cette transaction comme n'importe quelle autre. Peu importait son état, la boutique devait continuer d'afficher une image irréprochable et un service de qualité. |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Lun 1 Avr 2019 - 16:23 | |
| Salem lui rendit le collier qu’il avait sélectionné et Juliette disparut dans la réserve pour aller chercher un coffret dans lequel le ranger. Elle fut si longue à en ressortir que Salem hésita à aller la chercher ; mais il se ravisa. Il s’était montré suffisamment indiscret jusqu’à présent pour en rajouter une couche. Peut-être peinait-elle simplement à retrouver cette boîte dans sa réserve. Après tout, Salem l’avait bien vu un peu plus tôt : les étagères étaient toutes pleines à craquer d’antiquités en tout genre !
En attendant, il s’adossa au comptoir et il croisa les bras, songeant à la suite de sa route. Son séjour dans les Montagnes de Saphir n’avait pas été de tout repos. Il allait retourner au centre de soin d’Elsaria après avoir quitté ce village ; il en avait fait assez par ici. La maladie à laquelle il avait été confronté l’avait trop troublé pour le pousser à rester dans la région plus longtemps. Son cœur se serra en y repensant. Il avait mis du temps à s’en remettre et il avait surtout besoin de passer à autre chose. Toutes ces morts, en plus de cet horrible empoisonnement qui l’avait infecté... Il se remémora les terribles effets qu'il avait ressenti en se vidant de son sang. Il avait bien cru être condamné…
Non, il ne souhaitait plus y penser. Il reprendrait sa route dès le lendemain. Ses responsabilités l’attendaient à Elsaria. Il ne s’était absenté que trop longtemps.
La vendeuse sortit finalement de la réserve avec un petit coffret dans les mains, le coupant dans ses réflexions. Salem se redressa face au comptoir et afficha un léger sourire. Il était persuadé que cette attention ferait plaisir à Daenara la prochaine fois qu’il la verrait. Il ne lui restait plus qu’à régler l’achat et quitter la boutique. Il observa Juliette sortir une feuille et un crayon, puis elle lui demanda son nom. Notait-elle toujours le nom des personnes qui lui achetaient quelque chose ?
– Salem Sitis, répondit-il simplement en fouillant dans son portefeuille.
Il déposa sur le comptoir la somme nécessaire – ce n’était pas donné, mais il pouvait se le permettre –, puis il récupéra le coffret qu’il glissa dans son sac sans fond, où se trouvait déjà son nécessaire pour établir un campement.
Il n’allait pas s’attarder ici davantage. Il lui restait des choses à visiter en ville, après quoi il trouverait une auberge pour passer la nuit avant de reprendre sa route vers Elsaria. Il avait un long chemin à parcourir jusqu’au centre de soin. Mieux valait qu’il soit parfaitement reposé avant d’entamer le trajet du retour.
Salem entendit la clochette tinter derrière lui. Il se tourna : le vieil homme venait de quitter la boutique sans avoir acheté quoi que ce soit. L’échoppe était maintenant vide à l’exception de Juliette et de lui-même. Il attendit qu’elle ait fini de griffonner son nom sur sa feuille et il la suivit jusqu’à la porte.
– Merci beaucoup, s’exclama-t-il en souriant, très satisfait de son achat.
Puis il quitta la boutique sous le tintement de la petite cloche. Il resta un petit moment debout dans la ruelle à observer la porte en verre coloré qui représentait un griffon, à travers laquelle il pouvait vaguement distinguer la silhouette de Juliette.
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| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités Jeu 11 Avr 2019 - 16:05 | |
| Juliette nota d'une écriture un peu maladroite aux caractères plus étroits qu'à l'ordinaire : le nom en titre de fiche, puis un premier tiret suivit de la date, l'objet acheté et le prix de la transaction. La transaction opérée, Juliette rangea l'argent dans le tiroir-caisse fermé à clé, mais laissa la petite boîte des fichiers des clients sur le comptoir et passa de l'autre côté. L'une de ses mains effleura le meuble alors qu'elle le contournait, comme un soutien invisible. De son autre main elle invita le client à sortir.
- J'espère que ce présent plaira à votre amie. Je vous souhaite un bon retour.
Elle l'accompagna jusqu'à la porte, le dos droit, mais lentement. Sans hésiter, elle ferma la porte dès que le client fut sorti et commença à se diriger vers la porte arrière sans remarquer que le client était resté observer les vitraux de la porte du magasin représentant le même griffon que celui de l'enseigne à l'extérieur et visible depuis le bas et le haut de la rue de l'écume. Juliette ne fit pas plus de trois pas avant d'essayer de se rattraper à un fauteuil posé à l'entrée. Plus soudain que tous les autres, un vertige lui monta à la tête et renversa son orientation. Déséquilibrée et incertaine de ses gestes, Juliette sombra dans un sommeil sans rêve à quelques pas de la portée d'entrée, les clés tombées à côté d'elle. Le soleil était haut dans le ciel à cette heure de la journée et si les allées des rues d'Acretis étaient baignées de lumière, l'intérieur de la boutique de Juliette était bien sombre en comparaison. La boutique était rayonnante le matin, mais une fois le milieu de journée atteint, il fallait allumer quelques lumières dans les recoins sombres de la boutique pour pouvoir continuer d'admirer les antiquités de la boutique. Par chance, Juliette n'avait pas eu le temps d'aller très loin. Sa silhouette à travers la porte du griffon multicolore était encore un peu perceptible pour peu qu'on approchait son regard auprès des vitraux. Sa tête avait manqué de peu de se cogner contre l'un des accoudoirs du fauteuil, mais son corps avait créé un fracas contre le plancher qui avait dû s'entre à l'étager. Hélas, il n'y avait personne. Ce fut la dernière pensée de Juliette. N'ayant pas remarqué le client qui était resté près de la boutique, elle se croyait complètement seule et sans échappatoire. Elsa n'avait pas précisé pour combien de temps elle serait partie. Il fallait qu'elle... Puis ce fut le trou noir. Assaillie par toutes les nuits blanches passées à rechercher des informations et les journées à travers la ville et les régions alentours à toujours explorer les lieux, le corps de Juliette se déconnecta de lui-même. Elle en avait trop fait et fort heureusement pour elle, ce moment fatidique était arrivé dans sa boutique et non au milieu d'une ruelle abandonnée. De plus dans sa précipitation, Juliette a également oublié de changer le vitrail du milieu qui indique encore que la boutique est ouverte. La porte est découpée en trois partie, et les vitraux sont entourés par un encadrement en bois. La partie supérieure prend la moitié de la porte et elle représente le griffon. Sous la poignée, une bande de verre blanc dispose à l'intérieur de crochets pour coulisser une fine plaque de verre de verre où il est inscrit si le magasin est ouvert avec une écriture légèrement italique et arrondie. |
| | | | (#) Sujet: Re: Poisson et antiquités | |
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