Quête | Les portes du Maldelly

(#) Sujet: Quête | Les portes du Maldelly Dim 10 Mar 2019 - 21:47

Les portes du Maldelly

Mise en Contexte

Inconscient, pauvre fou ! Tous sur Madelle savent que la porte du royaume des morts se trouvent à la plage des Astres lorsque la nuit vient à tomber. Que faisiez-vous dans cette barque ? Pourquoi avez-vous navigué sur le reflet de la lune ? Vous n'avez pas le temps de vous rendre compte de quoi que ce soit, à peine vous trouvez vous sur le reflet que votre barque chavire. Vous ressentez alors la sensation d'être attiré dans l'eau, humain, héléo ou liare, vous n'avez pas la sensation de vous noyer, mais de flotter. Vous parvenez alors à remonter à la surface, mais la plage a disparu, ce n'est qu'une immense étendue d'eau. En vous retournant, vous voyez alors une toute petite île où se dresse un immense arbre. Au creux de son tronc, se trouve une porte ouverte.

Déroulement de la Quête

Introduisez votre personnage dans cette mise en contexte. Le MJ ré interviendra dès que vous aurez poussé la porte pour décrire le Maldelly et l'épreuve qui vous y attend.

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Lun 11 Mar 2019 - 22:16

les portes du maldelly

Madène – Le 6 Samùn 1250

Le 6 Samùn 1250

Elle a voyagé des jours durant. Elle ne sait pas par où elle est passée, ni exactement d’où elle vient. Elle ne savait pas non plus où elle allait avant d’arriver à destination. Quelque chose lui soufflait d’aller toujours vers le nord, toujours vers l’ouest. Elle en ignorait la raison. L’année passée elle aurait douté du bienfondé de cette intuition, de sa provenance, de sa légitimité. Depuis cette journée fatidique dans la forêt, elle sait. Elle a cette certitude à présent : ce ne sont pas plusieurs personnes, c’est uniquement la Déesse, empruntant plusieurs voix, qui communiquait avec elle. Ce qu’elle entendait auparavant était un avertissement, un guide pour la mener jusqu’à l’autel. Depuis, plus de menaces, plus d’insultes. Il n’y a plus que des indications, des ordres qu’elle se devait de mener à bien. Elle ne sait pas pourquoi elle est arrivée sur cette plage, mais la Déesse a une mission à lui confier ici.

Une fois sur ses propres pieds, elle caresse le museau de Blanche. L’animal piaffe, ses six sabots creusant le sable. Elle a accepté de la porter jusqu’ici, et elle lui en est reconnaissante. Elle ne sait pas ce qu’elle aurait fait sans elle. Elle l’a trouvée à proximité de la Tour Sombre, à lisière d’un bosquet, empêtrée dans des lianes, effrayée, affamée. Elle non plus n’avait presque rien à manger, mais elle a partagé de bon coeur après l’avoir délivrée, son petit poignard tout juste suffisant pour lutter contre le solide végétal qui l’emprisonnait. L’étrange cheval n’avait pas fait mine de partir alors, et quelque chose – la Déesse – lui avait soufflé qu’elle pouvait la monter. Elle n’avait jamais fait ça, mais sa nouvelle amie avait fait preuve d’une patience d’ange, avançant délicatement pour lui éviter de tomber. Il lui avait fallu plusieurs jours pour pouvoir galoper comme elle l’entendait, Madène cramponnée à sa crinière, terrorisée à l’idée de se briser tous les os du corps. Elle avait tenu bon. À présent elle espère surtout la trouver ici à son retour. Elle pose son front sur le museau velouté, priant pour ne pas être à nouveau seule. Elle sait ce qu’elle a à faire et se sépare de son amie.

Il y a une barque, accostée sur le sable, protégée de la marée haute par une simple corde fixée à un pieu. Elle la détache, la pousse sur l’eau. Elle n’en a jamais vu une telle étendue. Le désert qui l’a vue naître et grandir lui paraît si loin à présent… L’anxiété lui noue l’estomac. Elle n’a jamais navigué, elle ne s’est jamais tenue sur une embarcation plus longtemps que pour traverser une rivière. Jusqu’où va-t-elle allée maintenant ? Jusqu’où la Déesse va-t-elle l’emmener sur ce rafiot bancal ? Poser des questions n’est pas sa place, et elle n’aurait jamais pensé se raccrocher à sa vie ainsi, maintenant qu’elle ne semble séparée de l’anéantissement que par quelques planches vermoulues. Il n’y a qu’une rame dans le fond de la chaloupe, et elle essaie d’imiter le geste des bateliers, avec difficulté. Elle avance. Elle ne peut rien faire d’autre.

Elle n’a pas vraiment conscience de ce qu’elle fait, mais elle se dirige tant bien que mal vers la lune. L’astre lui paraît gigantesque. Jamais elle ne l’a vue aussi proche. En tendant les doigts, elle pourrait la frôler. La mer est d’un calme plat, mais à peine la proue a-t-elle croisé le reflet brillant que la barque se retourne.

Je ne sais pas nager.
Que voulais-tu de moi ?
Vais-je te rejoindre ?

L’eau salée l’engloutit, envahit sa bouche, ses yeux, ses narines, ses poumons. Pourtant elle n’étouffe pas. Elle … ne se noie pas ? Un instant tout devient noir autour d’elle, puis la lune réapparaît au-dessus d’elle. Elle se débat pour retrouver la surface, et l’air sec de la nuit lui fait l’effet d’une gifle.

Il n’y a plus de plage, il n’y a plus rien, rien que la mer à perte de vue. Elle boit la tasse, et cette fois elle tousse et crache. Par miracle le bateau n’a pas disparu lui aussi, et elle s’y cramponne de toutes ses forces. S’y agrippant comme elle peut pour ne pas couler, elle tente tant bien que mal d’avancer, et soudain elle aperçoit une île, minuscule. Elle n’est occupée que par un arbre, si grand qu’elle se demande s’il est réel. Elle n’a pas le choix.

Ce qui lui paraît être des heures plus tard, elle s’affale sur le sable, à bout de souffle, tous ses muscles douloureux, frigorifiée. Elle reste un moment ainsi, sans bouger. Il n’y a plus de voix, plus rien autour d’elle. Elle ne sait pas quoi faire. Elle a une pensée pour Blanche. Finalement elle espère qu’elle sera partie, puisqu’elle-même ne reviendra pas. Elle se relève enfin, fait le tour de l’arbre. Il ne ressemble à rien de ce qu’elle a déjà vu. Elle pourrait presque croire qu’il va se mettre à parler tant il semble vivant.
Elle s’arrête soudain, interdite. Une porte ? Que fait une porte dans un arbre ? Elle s’approche, méfiante mais curieuse. Elle est presque surprise de constater que la poignée est fraîche, métallique. Normale. Pas de vent mystérieux, pas d’éclair d’énergie. Elle pousse la porte.

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Lun 11 Mar 2019 - 22:49

Vous vous retrouvez face à une étendue infinie recouverte par une herbe fine et verdoyante. Sur l'horizon se tient un arbre qui semble être aussi grand qu'une montagne. Ses branches recouvrent le ciel à perte de vue. Tel le toit du monde, ces entremêlements végétales créent une ambiance dans ce monde qui est tantôt ébloui par un rayon de lumière qui arrive à percer, tantôt plongé dans l'obscurité.

Mais ce n'est pas là le plus extraordinaire ou remarquable, pendu sur toutes ses branches se trouve un nombre infini de cages en fer forgé qui abrite des oiseaux de toutes les couleurs. Les quelques rares oiseaux au pelage noir semblent les plus agités, à contrario, ceux qui possèdent des plumes d'un bleu très clair chantent doucement. À travers tout ce monde, on entend les oiseaux qui tous ensembles forment étrangement une mélodie mélancolique.

Ne vous laissez pas envoûté par les lieux et tentez de fuir au plus vite, car si Uraang vous trouve, il en sera fini de vous.

Il n'aura que faire de savoir pourquoi vous êtes dans ces lieux avec une enveloppe charnelle, son rôle n'est pas de juger, il transformera simplement votre âme en un oiseau et vous mettra dans l'une de ses précieuses cages. Le gardien se trouve non loin, il s'occupe tranquillement de ses oiseaux. Ceux-ci ne cessent de s'affoler à son approche. Elle est caractérisée par le cliquetis de toutes les clés qu'il porte sur un filet de cuir, entravant tout son torse et son dos.

Pour sortir de cet endroit, il va vous falloir vous trouver un allié. Faites bien attention, car si vous laissez sortir un oiseau qui possède une âme noire, il aura sûrement bien plus envie de vous mettre à sa place plutôt que de vous aider.

Chaque couleur a une signification en terme d'années qu'il reste à l'âme pour être purifiée. Que cela soit par le fait du destin ou parce que vous avez intentionnellement ouvert l'une de ses cages, vous allez vous retrouver en compagnie d'au moins l'une de ces étranges créatures. Celles-ci une fois sorties peuvent retrouver le don de parole et ne sont plus contraintes à choisir entre le chant ou les piaillements.

Déroulement de la Quête
Choisis une couleur parmi :
¤ La couleur des Ombres
¤ La couleur du Feu
¤ La couleur du Temps (violet)
¤ La couleur du Sable
¤ La couleur de la Terre
¤ La couleur de l'Eau
¤ La couleur du Soleil
¤ La couleur des Plantes
¤ La couleur de la Glace
Réfères toi à ce sujet : La vie après la mort
Il te permettra de décrire l'oiseau une oiseau sorti de sa cage, tu as droit de lui donner une personnalité et de le contrôler. Le MJ ré-interviendra pour jouer le dieu Uraang.

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Sam 16 Mar 2019 - 17:17

les portes du maldelly

Madène – Le 6 Samùn 1250

La porte se referme doucement derrière elle, mais elle ne le remarque même pas. Elle reste sans voix devant le spectacle qui s’offre à elle. Loin sur l’horizon se dresse un arbre titanesque qui semble aussi grand que le monde. Ses branches entremêlées recouvrent entièrement le ciel, à moins qu’elles ne soient le ciel. Elle n’arrive pas à le déterminer. En baissant les yeux elle se rend compte que le sol sous l’herbe fine est lui aussi entièrement constitué de racines sinueuses qui se dirigent vers le tronc gigantesque aussi loin que porte son regard. Autour d’elle, d’innombrables oiseaux captifs font entendre leur voix. Ils sont plus variés que ce qu’elle aurait pu imaginer. Aucun ne ressemble vraiment à un spécimen d’une espèce connue, bien que certains en soient proches. Leurs couleurs sont aussi multiples que leurs formes, et elle reste un moment immobile, essayant d’intégrer tout ce qu’elle voit. Plus rien ne lui parle, hormis les chants d’oiseau tout est silencieux autour d’elle. Elle est entrée dans un domaine auquel Sydilia n’a pas accès. Un frisson la parcourt à cette pensée. Sans la présence rassurante de la déesse, elle se sent étrangement nue. À moins que l’étoffe trempée de ses vêtements ne soient à l’origine de ce tremblement. Dans un geste plus habituel qu’efficace elle resserre sur ses épaules son manteau blanc dégouttant d’eau. Elle se retourne vers la porte, et la pousse dans l’autre sens. La mer s’étend à perte de vue, la plage des Astres a toujours disparu. Ce n’est pas par là qu’elle pourra revenir d’où elle vient. Il est temps de trouver une sortie.

Alors qu’elle erre entre les branches, faisant attention à ne toucher aucune cage elle comprend progressivement où elle se trouve. Le Maldelly. Elle n’a pas eu la sensation de mourir en tombant dans l’eau, mais après tout qui donc peut savoir quel effet cela fait ? Elle n’aurait cependant pas pensé avoir aussi froid. Pourtant … si le prêtre d’Uraang qui se chargeait des sermons près de chez elle à Karnès n’avait pas décrit exactement ce qui l’entourait, elle trouve suffisamment de ressemblance pour être presque certaine d’où elle se trouve. Elle touche ses bras. Sous sa peau glacée se trouve pourtant la chaleur de son corps. Elle sent son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine. Ses muscles sont douloureux et courbatus suite à son séjour dans l’eau. Elle n’a jamais entendu qui que ce soit prétendre que de tels tracas terrestres pourraient la suivre dans l’au-delà, c’est donc qu’elle doit être encore vivante. Si c’est bien le cas, elle doit tenter de trouver son chemin pour revenir d’où elle vient.

Soudain, son attention s’arrête sur l’un des oiseaux. Sa voix éraillée jure au milieu de ses congénères. Ses piaillements ne sont pas aussi discordants que ceux de son voisin au plumage d’un noir de jais mais il est bien loin du chant mélodieux des volatiles d’un bleu si pâle qu’il est presque blanc. Ses longues plumes recourbées forment autour de son corps élancé comme une robe, proche de celles qu’elle a pu voir sur des danseuses nomades de passage à Karnès. Sa couleur d’un ocre clair lui rappelle le sable infini du désert à tel point qu’elle s’attend à voir de la poussière dorée s’échapper de ses ailes alors qu’il les secoue. Ses yeux bruns la fixent alors qu’elle s’approche de lui, et ses cris se font plus rapides, comme s’il l’appelait. Tout proche à présent, elle se rend compte qu’il est bien plus grand qu’elle l’avait pensé. Lorsqu’il déploie ses ailes, elle peut voir toutes les couleurs des dunes sous le soleil de midi. Elle approche sa main de la cage, et il s’apaise, tendant le bec vers elle. Elle essaie de trouver comment s’ouvre cette petite prison, mais le loquet lui résiste.

– Je ne sais pas comment te sortir de là …

Elle n’a pas le loisir de chercher plus longtemps. Un peu plus loin sur sa gauche, hors de sa vue, les oiseaux s’agitent, crient, s’affolent. Elle-même se met à trembler comme une feuille. Elle a entendu le bruit qui a causé ce tumulte. Un étrange son métallique, comme les centaines de cliquetis que feraient des clefs suspendues à un mur. Elle l’entend à nouveau, intermittent, rythmique, comme répondant à aux pas lents d’un géant. C’est une sonorité qui la glace jusqu’au plus profond d’elle-même, qui la paralyse. Ce tintement sonne comme un glas à ses oreilles. Sinistre, final. Il se rapproche comme le destin en mouvement et résonne en elle avec un dessein qu’elle ne peut envisager.

Elle a sursauté en se retournant, et son coude vient heurter la cage, déclenchant un élancement douloureux dans tout son bras jusqu’au bout de ses doigts. Le choc fait balloter la cage dont la porte s’ouvre avec un grincement abominable. L’oiseau qu’elle contenait n’hésite pas une seconde avant de prendre son envol, décrivant un cercle serré autour d’elle.

– Enfin libre !

Elle ne prend pas le temps de s’étonner d’entendre s’exprimer d’une voix presque humaine. Elle s’enfuit à travers les branches, dans la direction opposée au gardien du Maldelly.

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Sam 16 Mar 2019 - 19:06

L'oiseau reste à tes côtés et vole à ta hauteur.

- Suis moi si tu veux avoir une chance de sortir.

Lorsque vous vous approchez trop près de certaines cages, certains oiseaux se mettent à crier, mais le chant universel de l'endroit gardent votre présence secrète tant que vous ne vous arrêtez pas. L'oiseau se dirige vers le tronc de l'arbre. Il est persuadé que la seule sortie se trouve là-bas. Mais lorsqu'il arrive sur place, il se fige et se pose sur une petite branche à, à peine, 2 mètres du sol. Le tronc de l'arbre est creux, à l'intérieur se trouve un escalier en colimaçon sculpté qui permet de monter jusqu'à la cime de monde. Il ne permet cependant pas uniquement de monter. L'escalier s’enfoncent également dans la terre, dans les racines de l'arbre. L'oiseau qui t'accompagne te presse de choisir, il dit vouloir sortir tout autant que toi, mais il n'est jamais parvenu à aller jusqu'ici.

Déroulement de la Quête
Si tu décides de monter, tu arriveras dans l'antre d'Uraang. Un endroit semblable à une caverne dont le plafond est l'essence même de l'univers et où l'on peut apercevoir des milliards d'étoiles.
Si tu décides de descendre, tu arriveras dans le temple d'Uraang. C'est une pièce aux immenses murs gris clairs, il n'y a qu'un autel de pierre au centre où des milliers d'offrandes se bousculent.

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Dim 24 Mar 2019 - 20:55

les portes du maldelly

Madène – Le 6 Samùn 1250

Les feuilles lui fouettent cruellement le visage et les mains, elle voit à peine le sol qui défile sous ses pieds aussi vite que ses jambes le lui permettent. Le bruit des pas du Gardien a instillé en elle une terreur glacée comme elle en a rarement connu. Ses poumons sont en feu, ses bras douloureux d’écarter au vol les branches basses et les lianes qui entravent son chemin. La peur lui donne des ailes, mais elle peine à suivre le rythme de l’oiseau qui la guide toujours plus loin au coeur du domaine d’Uraang. Plusieurs fois, elle trébuche, s’égratignant les mains et les genoux, et elle se relève chaque fois plus vite. Elle n’entend plus le son infernal des clefs, mais chaque fois qu’elle passe à proximité d’une cage, les cris des âmes lui font craindre d’avoir été repérée, mais il ne la rattrape jamais. Elle prie aussi fort qu’elle le peut pour qu’il n’ait pas remarqué sa présence.

Un point douloureux dans les côtes la force à s’arrêter pour reprendre son souffle. Tous ses membres tremblent et des nausées lui soulèvent le coeur, mais l’oiseau n’a de cesse de voleter autour d’elle, la pressant de reprendre sa course.

– Vite ! Dépêche-toi ! S’il nous trouve, tout est fini ! Aller, debout, cours !

À part les cris, elle n’entend plus rien, mais elle se remet en route tout de même, bien qu’à une vitesse moins effrenée. Les branches se font plus épaisses et plus rapprochée à mesure qu’elle avance, et elle se rend compte que son guide l’amène toujours plus près du tronc de l’arbre. Elle hausse les épaules : après tout, rien ici n’a de sens, alors pourquoi la sortie ne se trouverait-elle pas au centre de cet endroit si étrange. Une fois qu’elle a compris où ils se dirigeait, elle est en mesure de choisir un chemin plus simple pour elle, même si l’âme ne peut pas toujours emprunter le même. Elle suçote en marchant une coupure laissée par une feuille sur la chair de son pouce. Elle est décidément trop tangible pour être morte. Ils arrivent finalement à atteindre leur but. Elle est prise par la même impression de gigantisme que lorsqu’elle se trouvait devant le temple de Séliope, à Karnès. Le tronc est si grand qu’elle se demande combien de temps elle mettrait à en faire le tour. Elle n’a cependant pas l’occasion de le savoir, car l’oiseau l’a menée directement devant une ouverture dans l’écorce. Cependant son espoir est douché : ce n’est pas la sortie qui se trouve ici, mais un escalier en colimaçon qui l’enfoncera en plus loin au coeur de cet endroit étrange.

– C’est par où, maintenant ?

L’oiseau semble hésiter un moment, sa voix est moins certaine.

– Je ne sais pas. Je n’ai jamais réussi à arriver jusque là …

Elle hésite un moment mais finalement, ne trouvant pas d’indice sur la marche à suivre et suivant ses jambes fatiguées, elle décide de prendre les marches descendantes. Elle avance plus prudemment à présent, se demandant quels pièges il pouvait bien y avoir le long de l’escalier. L’oiseau la suit, un peu gêné par la promiscuité.

– Tu as un nom ?
– Hela.

Elle s’arrête net, une boule lui nouant l’estomac. Elle regarde l’animal aux couleurs du désert comme si elle avait vu un fantôme. Non, en fait plus étonnée que par un fantôme, elle commence à avoir l’habitude de ces derniers. Ce nom la ramène à la chaleur de Karnès, à des temps de paix, mais aussi de tristesse et de douleur. Et si c’était pour cela qu’elle l’avait appelée à travers le brouhaha de ses semblables alors qu’elle était perdue ?

– Hela… Comme … Maman ?

Hela la fixe, les yeux tristes. Avec une attitude plus humaine qu’on en attendrait d’elle, elle secoue la tête de droite à gauche. Non, ça n’est pas sa mère. Elle ne sait pas si elle est plus déçue ou soulagée par cette révélation. Elle donnerait tout pour la revoir, rien qu’une fois, rien qu’un instant, mais l’idée qu’elle puisse être prisonnière ici l’horrifie. Sa mère est restée pieuse jusqu’à la fin, sûrement son âme a-t-elle déjà pu rejoindre Madelle et le monde des vivants ? Si tel n’est pas le cas, Séliope descendrait encore plus dans son estime, si c’est possible.

Finalement, elle arrive sans encombres au bas de l’escalier, et débouche dans une immense pièce aux murs gris. Elle est presque vide, mais l’autel qu’elle aperçoit au centre est quasiment identique à celui trônant dans le temple d’Uraang. Il y brûle quelques bâtons d’encens et de nombreux cierges qui offrent à l’endroit un éclairage mouvant et bien trop faible pour les dimensions de la salle. En s’approchant, elle peut également voir des fleurs et de petits objets de valeur variable, mais ce qui attire le plus son attention, c’est la multitude de récipients contenant des boissons et de la nourriture. Elle se rend alors compte qu’elle est affamée. Depuis combien de temps n’a-t-elle rien mangé ? Elle est toute proche à présent, et son ventre émet un bruit avide. Elle secoue la tête. Elle n’est pas assez téméraire pour voler sur l’autel d’un dieu présent physiquement à quelques dizaines de mètres d’elle et pourtant … elle est perdue quand elle voit une tige de dattes fraîches. Ces fruits ont toujours été ses préférés, et aujourd’hui plus que tout autre elle a besoin de se rappeler son désert natal, si familier et rassurant malgré sa dangerosité. Malgré tout ce que son bon sens lui crie, elle en croque une, savourant la chair pâteuse et sucrée.

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Lun 25 Mar 2019 - 1:34

Imprudente ! Toi qui as osé pénétrer dans le sanctuaire des morts, cela n'était-il pas suffisant ? Il a fallu que tu laisses une goutte de sang près du dieu, ce qui n'est pas resté invisible à ses yeux. Les oiseaux chantent selon son bon vouloir et déjà il a apprit que tu te diriges vers sa demeure lorsque tu descends l'escalier. Tu aurais pu avoir une chance si tu n'avais pas touché à son autel. Te voilà condamnée, mais tu n'en as pas conscience. Devant toi, les victuailles sont appétissantes et d'autres s'ajoutent à l'autel. Ce sont là les offrandes des mortels qui sont adressées au dieu. Chaque objet, chaque fruit ou étoffes précieuses posées sur l'autel du temple d'Uraang apparaît en ce lieu et est aussi réelle que l'offrande qui reste dans le monde des mortels. Avant que le dieu n'apparaisse, une armée de petits êtres entourés d'un feu bleuet inoffensif surgit par de petites trappes dans les murs. Ils avancent tous vers l'autel et commencent à l'escalader pour atteindre les offrandes et les ramener vers leur trappe. Telle une armée de fourmis, ils avancent dans une cadence ordonnée. Certains d'entre-eux se dirigent vers une plus large trappe qui s'enfonce elle dans le sol, pour y jeter des offrandes qu'ils jugent offensantes. L'un des petits êtres se démarque des autres par sa taille et vient vers toi, il essaye d'attirer ton attention vers sa trappe bien plus grande que toutes les autres.

Déroulement de la Quête
Mieux vaut pour toi ne plus être là lorsque le dieu arrivera. Feras-tu confiance au serviteur d'Uraang ou plongeras-tu dans la fosse ?

(#) Sujet: Re: Quête | Les portes du Maldelly Dim 31 Mar 2019 - 13:12

les portes du maldelly

Madène – Le 6 Samùn 1250

À peine a-t-elle mordu dans le fruit qu’elle n’a pas même le temps de profiter de son goût chaud et sucré qui reste synonyme pour elle d’un chez-elle, d’une famille. Hela pousse un cri de consternation, soudainement agitée.

– Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu tiens vraiment à rester prisonnière ici pour toujours ? Et à te mettre Uraang à dos en volant sur son autel ?

Elle hausse les épaules. Non, elle avait tout simplement faim, mais c’est peut-être un concept trop éloigné pour qu’une âme sans attache puisse s’en souvenir. Du reste, une multitudes de cliquetis se fait entendre au même moment, les faisant sursauter toutes les deux. Détachée, elle se demande comment il est possible que l’oiseau ne perde pas quelques plumes vus ses mouvements affolés et désordonnés. Ébahie, elle regarde des centaines de … lutins ? ou des feux follets vivants ? sortir d’autant de trappes dans les murs. Ils ne se préoccupent pas de sa présence, passant tout autour d’elle, entre ses jambes, pour atteindre l’autel. Chacun d’eux se charge d’une offrande et la rapporte d’où il vient. Elle essaie de jeter un oeil à travers ces portes miniatures, mais elles sont bien trop petites et elle ne voit que des ténèbres. À côté d’elle, Hela la presse de s’enfuir. Mais par où ? Elle ne peut pas revenir d’où elle vient, ça serait se faire prendre par le dieu à coup sûr.

C’est là qu’elle remarque une trappe à même le sol, plus grande que les autres. Les lutins y jettent les présents de moindre qualité, mais elle n’arrive pas non plus à voir ce qui se trouve de l’autre côté. Alors qu’elle est penchée dessus, elle sent qu’on tiraille son pantalon. Elle se tourne pour voir un des lutins, bien plus grand que les autres, qui essaie de l’attirer dans une autre direction. Inquiète, elle se dégage de sa minuscule poigne, et finit par voir ce qu’il lui désigne. Une autre trappe dans le mur, mais plus grande. Elle comprend que c’est de là qu’il vient, et là qu’il veut l’emmener. Elle lance un regard dérouté à Hela.

– Par où il faut que j’aille ? Pour sortir d’ici ?
L’oiseau la regarde, désemparé.
– Aucune idée. Je n’ai jamais réussi à arriver jusqu’ici. Je ne sais pas quel chemin pourra te mener vers le monde des vivants… Mais il faut que tu te dépêches ! Il arrive, je le sens. On lui a dit où tu allais et il vient pour nous récupérer …

Elle n’a pas le temps de peser le pour et le contre en détail. Tout ce qu’elle sait, c’est que les offrandes insuffisantes doivent disparaître quelque part, et qu’elle est presque sûre de ne pas pouvoir faire confiance à ce lutin, si différent des autres soit-il. Il reste un serviteur du dieu, et elle ne pense pas qu’il l’aiderait spontanément à lui échapper. Après tout, sa volonté ne fait-elle pas loi, ici ? Et puisqu’il désire la retrouver, tous les êtres de ce royaume ne vont-il pas agir dans ce but ? Certes, Hela l’a aidée jusque là, mais elle n’est pas originaire de cet endroit, elle reste une âme humaine qui n’a pas encore purgé sa peine. Finalement, sa décision est vite prise. Elle s’approche de la trappe dans le sol, hésite une seconde, puis s’y laisse glisser.

L'obscurité t'enveloppe, tu tombes dans un vide infini. Tu es seule. Il n'y a plus une seule des offrandes qui ont été jetées dans la trappe. Tu as beau lever les yeux vers ce qui te semble être le haut, il n'y a pas de trappe non plus. Tu continues de chuter, mais moins vite, peu à peu, tu as l'impression de plus flotter que de tomber en chute libre. Tu ne distingues aucun sol vers ce qui est peut-être le bas et il n'y a aucun mur autour de toi, simplement l'obscurité. Tu as presque l'impression d'être devenue aveugle, car alors que tu ne tombes presque plus, mais que tes pieds sont toujours dans le vide, des formes floues semblent se matérialiser autour de toi. Tu as plongé dans un lieu où même Uraang ne se rend pas. Il n'y a que le Néant autour de toi. Les âmes qui se sont perdues en échappant à leur prison se sont retrouvées prisonnières de cet endroit. Elles ne pourront jamais en partir. Elles dormaient en ces lieux depuis un temps indéfinissable et ta présence les à réveillées. Dans le Néant, ces âmes ne sont plus que le reflet des péchés qu'elles incarnaient autrefois sur Madelle. L'oiseau qui t'accompagnait a disparu. Il est bien plus sensible que toi à cet endroit et il n'a pas beaucoup de temps avant de faire à son tour partie du Néant. Tu es seule et il va te falloir te défendre si tu veux parvenir à sortir.

Déroulement de la Quête
En deux messages minimum, choisiras-tu de combattre les échos des esprits ou de négocier avec eux. À savoir, ils n'ont plus la forme d'oiseau. Tu es libre de leur donner l'apparence de ton choix, humaine, héléo, montreuse ou même vaporeuse. L'oiseau reviendra vers toi à la prochaine intervention du MJ.

les portes du maldelly

Madène – Le 6 Samùn 1250

La trappe se referme au-dessus d’elle dans un claquement final, et elle pousse un petit cri de surprise lorsque l’obscurité l’engloutit entièrement. Elle ne sait pas à quoi elle s’attendait, mais sûrement pas à ce qu’elle trouve. Rien. Il n’y a pas d’eau comme dans un puits, pas de sol comme si elle avait sauté dans une cave. Rien. il n’y a que le néant autour d’elle. De l’air, puisqu’elle respire et que ses vêtements et ses cheveux flottent autour d’elle. Elle chute sans fin. Elle tente d’appeler Hela, mais elle n’obtient pas de réponse. Sa propre voix est étranglée, grinçante et misérable et se perd dans les ténèbres visqueuses qui l’entourent et menacent de l’étouffer. Où qu’elle regarde, tout est noir et opaque. Elle ne sait plus si le temps continue de s’écouler où si elle se trouve à un endroit complètement hors du monde où même la certitude des secondes qui s'égrènent n’existe pas.

Elle n’arrive pas à avoir peur. Elle est aussi détachée d’elle-même que du monde matériel qu’elle vient de quitter. Peut-être est-ce finalement cela, la mort. Pas d’inquiétude, pas de joie, pas de repères, rien d’autre qu’un infini entièrement vide, auquel même la lumière n’a pas accès. Elle passe sa main devant ses yeux mais les ténèbres sont si denses qu’elle ne la voit pas. Tout a cessé d’exister, y compris elle-même. Seul son esprit continue de divaguer, mais aucune des histoires qu’elle a pu entendre dans les temples alors qu’elle était enfant ne correspond de près ou de loin à ce qui lui arrive. Jusqu’à ce qu’elle arrive au Maldelly, elle n’avait pas vraiment cru les sermons des prêtres, qui parlaient de fautes à expier, de peine à purger, de réincarnation. Ce n’était pas ce qu’elle voyait tous les jours, toutes ces âmes perdues restant là où elles avaient cessé de vivre, ou suivant leurs êtres chers. Elle n’avait pas cru, et cela lui avait valu un bon nombre d’ennuis, de râclées et d’insultes, parce que les croyants de Karnès ne supportaient pas la vérité qu’elle leur vendait pour quelques pièces de cuivre. Finalement, peut-être qu’ils avaient tous tort puisqu’elle se trouvait là, hors de tout, dans le néant.

Après un temps indéterminé, elle se rend compte qu’elle ne tombe plus vraiment. Il n’y a toujours pas de sol, ni de murs, toujours une sempiternelle noirceur infinie, mais ses vêtements ne flottent plus et sont retombés contre son corps. Elle flotte, désorientée. Et alors qu’elle en arrive à se demander si elle a seulement les yeux ouverts, elle aperçoit quelque chose. Une silhouette indécise, blanchâtre, dont la forme humanoïde se déforme comme de la fumée traversée par un courant d’air. La peur lui enserre le coeur, et elle regarde soudain tout autour d’elle. Cette ombre claire n’est pas seule. Des dizaines de ces créatures l’entourent, certaines brillent d’un éclat rougeâtre, d’autres ont une luminescence blafarde bleutée. Elle se met à trembler de tout son corps en se rendant compte que tous se rapprochent d’elle, centimètre par centimètre.

– HELA !

La panique s’accroche à sa voix, mais nulle réponse ne vient hormis une voix sépulcrale qui n’est pas celle de l'oiseau.

– Qui es-tu pour nous réveiller par ta présence impie ?

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