Quête | Les portes du Maldelly

les portes du maldelly

Madène – Le 6 Samùn 1250

– Euh.. Ma.. Madène. Seul un minuscule filet de voix s’échappe de sa bouche, mais la créature semble l’avoir bien comprise. Je.. Je sais pas où je suis, comment je suis arrivée là. J’étais dans l’arbre, et…
– L’arbre ? Comment as-tu pu fouler le domaine d’Uraang, maudit soit-il, vivante que tu es ?

Elle secoue la tête, paniquée, sans voix. Elle n’en a aucune idée, cette énigme la hante depuis qu’elle a passé l’entrée dans la mer. Elle s’est posé la même question, mais elle n’était pas un oiseau sous les branches de l’arbre, elle avait faim et elle avait froid. Maintenant cette chose vient de confirmer la sensation qu’elle avait, d’être toujours bien vivante. Pour l’instant. Comment le rester ? Les créatures se rapprochent toujours un peu plus, elle n’a nulle part où aller. Elle est encerclée et sans le moindre repère.

– Parle ! Ton silence ne t’aidera pas ! Nous réveiller ne t’a pas suffi ? Il faut en plus que tu m’insultes en m’ignorant ?
– Non ! Non.. Je suis tombée dans l’eau et je suis arrivée sous l’arbre.

Terrifiée, sa voix tremble. Elle sait que les esprits sont susceptibles, et qu’à partir de leur trépas ils s’éloignent de plus en plus de ce qu’ils étaient de leur vivant. Ils deviennent des caricatures d’eux-mêmes, s’accrochant aux émotions qui dirigeaient leurs vies, devenant ces émotions. Ces esprits ancestraux sont anciens, Uraang seul sait depuis combien de temps ils sont prisonniers de cet endroit. Celui qui s’adresse à elle est si vieux qu’il ne garde plus de son image qu’une forme vague et vaporeuse, ayant tout oublié de son apparence jusqu’à son visage. Un mot de travers peut la perdre, elle en est plus consciente que quiconque.

– Je cherchais à sortir de là, je suis tombée ici alors que je m’enfuyais. Je vous en supplie, je ne voulais pas vous réveiller, je veux juste trouver mon chemin.
– Qu’est-ce qui te fait croire que tu pourras sortir d’ici alors que nous sommes tous prisonniers de cet endroit depuis une éternité ?

La voix s’est faite grondante, menaçante. La colère qui habite l’esprit l’envahit entièrement, nourrie par l’injustice de son sort. Elle sent le danger augmenter, sans savoir comment se sortir de là. Si l’âme avait été seule, peut-être aurait-elle pu tenter de la contrôler ou de la faire disparaître en s’en nourrissant, mais ils sont si nombreux. Elle signerait son arrêt de mort encore plus sûrement qu’à l’instant en ayant le moindre comportement considéré comme agressif. Non, elle doit se montrer prudente, même si cela signifie essayer de négocier avec ces créatures. Peut-être que leur connaissance de leur prison éternelle pourrait lui être utile si elle arrivait à s’en faire, si ce n’est des alliés, au moins des aides provisoires.

– Peut-être que je pourrais aussi vous aider à vous échapper en même temps que moi, si vous ne me tuez pas…
L’esprit semble considérer sa proposition. Elle ne peut pas en être sûre du fait de l’absence d’un visage défini, mais lorsqu’il répond, sa voix porte moins de menace.
– Et comment imagines-tu faire cela ?
– Je sais pas si ça marchera mais … si vous m’indiquez un moyen de m’échapper, je peux laisser l’un de vous me posséder quand je sortirais.

- N'as-tu pas peur de libérer une âme du Néant ? N'as-tu pas fais assez de tord en venant ici ? Prend garde aux mots que tu prononces ici, car ils sont les seuls à raisonner dans cet endroit depuis bien longtemps. Nous allons t'aider à partir.

Les ténèbres qui t'entourent se font de plus en plus oppressants. Les âmes des défunts deviennent floues, mais ne disparaissent pas. Elles t'encerclent et s'assemblent pour créer un tunnel de lumière qui remonte vers la surface. Tu es aspirée vers le haut. L'oiseau qui t'a amené jusqu'ici se trouve de l'autre côté, il essaye de te suivre, mais sans ton aide, il n'y parviendra pas. Tu continues de remonter, jusqu'à ce que tu sentes tes poumons se compresser, l'air autour de toi disparaît et une vague déferle, effaçant tout sur son passage. Te voilà de retour à ton point de départ. La mer. Calme et silencieuse, il n'y a rien à l'horizon, pas même l'île de l'arbre. Tu es à nouveau seule au milieu d'une vaste étendue, mais ne désespère pas, cet endroit n'est pas aussi vide que tu le croyais. Deux barques sont dissimulées. Il y en a une amarrée à un ponton solitaire au milieu de l'océan infini.Et la deuxième est sur l'île de l'arbre, dissimulée derrière des rochers. L'une est tout à fait banale, l'autre permet de voyager entre les mondes.

Déroulement de la Quête
Il y a 3 éléments importants à prendre en compte.
- Le pacte avec une âme du Néant, si tu confirmes être prête à accueillir l'une d'elle, tu ne découvriras qu'à la fin du Rp, de quelle âme il s'agit.
- Le sauvetage de ton guide, si tu passes la main à travers les âmes en remontant pour récupérer ton guide, tu perdras un fragment de ton âme qui restera enfermé dans le Néant.
- La barque, quel choix feras-tu ? l'île ou le ponton ?

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Madène – Le 6 Samùn 1250

La voix sépulcrale de l’esprit la glace, un frisson lui parcourt l’esprit. Si, bien sûr qu’elle a peur, comment pourrait-il en être autrement ? Elle ne veut pas faire ce qu’elle a proposé, elle sait reconnaître une mauvaise idée lorsqu’elle en a une. Elle n’a émis cette possibilité que parce qu’elle était persuadée qu’elle ne pouvait pas faire autrement, son seul but étant de sortir de cet endroit maudit, toujours vivante, et le plus rapidement possible. Heureusement, il lui propose leur aide sans lui extorquer de promesse. Si besoin est, elle pourrait le laisser la posséder et l’absorber pour éviter de le libérer sur le monde – son monde – mais elle n’est pas certaine d’avoir la force nécessaire.

Les âmes qui l’entourent se font de plus en plus nombreuses, et de moins en moins définies. Là où elle pouvait distinguer la forme des corps et des visages, elle ne voit plus que des silhouettes indéfinies, tout juste humanoïdes, vaguement luminescentes. Ils se rapprochent d’elle sans jamais la toucher, l’encerclent jusqu’à ce qu’il ne reste plus d’intervalle entre eux. Elle se trouve petit à petit dans un anneau de lumière, qui s’étend vers le haut à mesure que les esprits s’accumulent. Elle cesse de flotter et se sent attirée vers les hauteurs, si tant est qu’un tel concept existe ici.

Le mouvement est à l’exacte inverse de celui qui l’a amenée dans le Néant. Son ascension, d’abord lente et mesurée, prend de la vitesse jusqu’à ce qu’elle ait l’étrange sensation de se remettre à tomber, mais dans le mauvais sens. Un air qu’elle n’avait pas réalisé être présent lui fait battre des paupières, ses cheveux lui fouettent le visage et obstruent sa vision, le sifflement de ce vent bouche ses oreilles. Elle tente de se rouler en boule, les bras croisés autour de sa tête pour se protéger, attendant instinctivement l’impact qui ne peut manquer d’arriver. Pourquoi rien dans sa vie ne peut-il bien se passer ? Une fois, rien qu’une fois, elle voudrait ne pas tomber sur des ennuis qui la dépassent largement. Elle se fait une promesse : si elle s’en sort, si par miracle elle revient vivante dans son monde, elle retournera chez elle. Les hauts murs de Karnès pourront la protéger comme ils l’ont fait toute son enfance.

– Madène ! Madène !

Un cri perce le raffut étourdissant du tunnel d’âmes qui la fait monter de plus en plus haut au milieu du vide. En regardant autour d’elle, elle voit que c’est Hela qui l’appelle, prisonnière du néant. Elle ne peut pas la laisser comme ça ! Prudemment elle se déplie, prenant garde à ne pas traverser le mur mouvant qui l’entoure, mais l’oiseau ne peut pas traverser pour atteindre ses doigts. Elle sent un esprit qui essaie de s’immiscer en elle, mais toute sa concentration est tournée vers Hela et elle ne lui permet pas d’entrer. Prenant son courage à deux mains, elle s’apprête à passer sa main à l’extérieur mais n’en a pas le temps.

L’eau froide et salée la gifle avec une force qui l’étourdit un instant, lui faisant boire la tasse.

– Hela !

Aucune réponse ne vient. L’oiseau est resté prisonnier du néant. Toussant et crachant, elle arrive à trouver la surface et à avaler de grandes goulées d’air. Autour d’elle il y a rien à part l’étendue infinie de la mer, interrompue seulement par l’île de l’arbre, et une barque amarrée à un ponton ne menant à rien d’autre que plus d’eau, toutes deux à une distance équivalente d’elle. Tant bien que mal, elle se rapproche de l’île, manquant de se noyer à plusieurs reprises. Elle se souvient de l’avoir atteinte accrochée au flanc de son embarcation, qui devrait toujours s’y trouver. Si quelque chose peut lui permettre de traverser à nouveau le portail contenu dans le reflet de la lune, ce doit bien être elle. Elle la déniche, dissimulée derrière des rochers. A priori, elle a l’air en état : il reste une rame accrochée à la dame de nage, et il ne semble pas y avoir de trou dans la coque. Elle prend un petit moment pour se reposer, mais pas trop : elle n’a rien à manger ni à boire ici, il ne faut pas s’éterniser. Elle finit par pousser le bateau sur les flots, et sauter dedans.

La mer est calme. Non loin de toi, il y a une âme qui nage pour rejoindre la rive. Cela fait des siècles que les âmes nagent pour rejoindre l'île.

Lorsque le Maldelly fut créé, une barque dérivait sur l'océan infini à la recherche des âmes pour les guider vers l'île. Mais dans un temps oublié, le dieu Uraang décida d’amarrer la barque sur l'île et de la cacher. À ton arrivée, c'est dans cette barque que tu es montée et que tu as rejoins l'île, mais quand le dieu a découvert ta présence, il s'est chargé de ramener la barque avant de retourner s'occuper de ses oiseaux.

Maintenant que tu te trouves à son bord, tu peux avancer droit devant toi. Mais la traversée risque d'être éprouvante, car à un moment où tu relâches tes muscles et prend une petite pause, la barque se met à avancer toute seule et très rapidement. Elle navigue rapidement en direction de l'île. Tu as beau ramer autant que tu le voudras, dès que tes gestes seront plus lents, la barque cherchera à t'emmener là où les âmes doivent se rendre.

Peut-être que tu encore vivante, faite de chairs et de sang, mais au fond de ton être, ton âme repose et la barque peut la sentir. Si tu souhaites quitter ce lieu, tu dois te jeter à l'eau et nager sans cesse contre le courant pour atteindre le ponton d'Uraang.

Déroulement de la Quête
- Aucun pacte n'a été passé, aucune âme ne te suivra.
- Tu as laissé l'âme dans le néant, aucune partie de ton âme n'est donc enfermée dans le Néant.
- Hélas ce n'était pas le bon choix. Après avoir rejoint le ponton, le MJ interviendra une dernière fois pour clôturer le Rp.

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Madène – Le 6 Samùn 1250

Elle rame de toutes ses forces depuis ce qui lui semble une éternité. Le souffle court, elle s’aide de tout son poids pour faire avancer la barque. Ses bras tremblent d’épuisement, elle est à bout de force. Et pourtant, elle s’est à peine éloignée de l’île. Un courant qu’elle ne ressentait pas quand elle était dans l’eau l’attire encore et toujours vers le domaine d’Uraang, l’en rapprochant inexorablement dès que son rythme ralentit un tant soit peu. Des larmes de rage et de frustration coulent sur ses joues, les nettoyant du sel et du sable laissés par la mer. Plus d’une fois elle se demande s’il ne vaudrait pas mieux abandonner, retourner dans le jardin et se rendre au dieu, plutôt que de continuer à se démener ainsi pour atteindre un but qui lui paraît à présent totalement inaccessible. Pourtant, l’image des milliers d’oiseaux prisonniers de leurs cages s’impose à son esprit chaque fois que l’idée lui vient. Non, elle n’a pas fait tout ce chemin pour passer l’éternité dans une prison de métal. Le souvenir du bruit provoqué par la démarche d’Uraang la glace rien que d’y songer. Impossible.

Elle s’essuie les yeux, la vision brouillée par les larmes, et aussitôt son embarcation recommence à dériver en direction de l’île. Quelque chose est apparu à quelques mètres d’elle. Une personne nage sans se soucier d’elle, droit vers la plage, ses mouvements réguliers et automatiques comme si l’eau ne lui opposait aucune résistance.

– Hey ! Par ici !

L’âme ne répond pas à son appel. Elle lui est apparemment invisible. Elle n’obtiendra pas d’aide de sa part, elle était folle de penser le contraire. Personne ne peut l’aider, elle est seule dans un espace infini au-delà de toute assistance. Elle doit se débrouiller seule comme elle l’a fait toute sa vie avant cela. D’autres nageurs apparaissent, elle s’étonne de n’en avoir pas vu plus tôt. Quelque chose serait-il en train de changer dans ce royaume impossible ? Quoi que ce soit, elle juge que ça n’augure rien de bon pour elle et elle met d’autant plus d’énergie à tenter de s’éloigner de l’arbre.

Soudain quelque chose d’autre attire son attention. Le ponton qu’elle a vu quelques temps plus tôt est toujours là, inchangé, une barque toujours amarrée. Peut-être que celle-ci la conduira plus facilement ? Elle n’a de toute manière pas grand chose à perdre, puisque chaque instant perdu la rapproche un peu plus de son point de départ.

Alors qu’elle rame dans cette direction, la résistance du courant se fait de plus en plus forte, jusqu’à ce qu’elle n’arrive plus à lutter même en y mettant toutes ses forces. C’est peine perdue, elle n’arrivera à rien de cette manière. Pourtant maintenant qu’une lueur d’espoir a retrouvé son chemin jusqu’à son esprit, elle ne veut plus abandonner. Elle se prépare à se remettre à l’eau. Après tout, le courant ne l’avait pas entraînée plus tôt, peut-être n’agit-il que sur la barque ? Elle n’est cependant pas prête à le faire sans une assurance. Elle n’a jamais appris à nager et ne compte pas se noyer maintenant. Elle déloge la rame de la dame de nage et l’entraîne avec elle par-dessus bord.

Ainsi agrippée à la barre de bois qui l’aide à ne pas se faire submerger par les eaux glacées de la mer, elle parvient à se diriger tant bien que mal vers le ponton, rencontrant une bien moindre résistance. Par deux fois une vague menace de l’entraîner vers le fond mais elle résiste bec et ongles. Elle arrive à s’accrocher aux piliers qui tiennent par un miracle qu’elle ne peut identifier, car le fond se trouve bien trop loin sous la surface pour qu’il ne s’agisse pas de magie. À bout de forces, elle se hisse sur le ponton et se laisse rouler dans le bateau.

Le calme ne dure pas. À peine détacheras-tu la barque du ponton, qu'elle s'élancera seule sur l'océan infini. Cette fois-ci, la barque ne cherche pas à rejoindre l'île, bien au contraire, elle s'en éloigne. Tu peux enfin souffler, et tu devrais même prendre une grande inspiration, car la barque commence à prendre de la vitesse, portée par un courant invisible. Elle tangue, tu manques de tomber, accroches toi bien, car la voilà qui se retourne. Tu n'as pourtant pas l'impression d'être emportée par la mer ou de manquer d'air. Comme à ton arrivée, tu as l'impression de flotter. L'univers se renverse. Tu retombes dans la barque, mais elle ne bouge plus. La mer est à nouveau calme et à sa surface la lune se reflète. La plage te fait face, te revoilà dans le monde des vivants. Tu ferais mieux de vite t'éloigner et de ne pas rester trop longtemps sur le reflet de la lune. La barque n'a plus l'air magique, mais quand tu l'auras délaissé, elle disparaîtra et retournera sur le ponton d'Uraang.

Déroulement de la Quête
Tadam c'est terminé En espérant que cette virée dans le royaume d'Uraang t'aura plût, tu peux clore le sujet.

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Madène – Le 6 Samùn 1250

Elle reste un moment allongée au fond de la barque, immobile hormis pour sa poitrine qui se soulève au rythme de sa respiration saccadée alors qu’elle cherche à reprendre son souffle. Le visage couvert par un bras, elle retient les sanglots, d’angoisse et d’épuisement, qui lui montent à la gorge. Elle est perdue. Elle se trouve dans un lieu qui n’existe pas, dénué de toute logique, hors de portée de son monde à elle. Pour la première fois de sa vie, les voix qui se sont tues lors de son arrivée lui manquent atrocement. Elle n’a jamais été aussi seule de toute son existence. Et pourtant, elle refuse de croire que la déesse l’a abandonnée à son sort. Après tout pourquoi l’aurait-elle fait aussi brutalement, sans signe avant-coureur ? Non, il s’agit forcément d’autre chose. Peut-être est-elle simplement hors de portée, dans ce royaume étrange et plié à la volonté d’Uraang. Il faut donc qu’elle s’en échappe le plus rapidement possible.

Elle renifle, s’essuie les yeux et le nez, et se redresse. La mer n’a pas changé, immense, infinie. Elle croit entendre en direction de l’île le bruit crissant de la démarche du gardien des lieux, et un frisson glacé lui parcourt l’échine. Il ne peut pas la retrouver, elle doit s’enfuir. Prise de panique, elle détache en hâte l’amarre de l’embarcation, saisit la rame et se met à pagayer de toutes les forces qui lui restent. Ça ne dure que peu de temps, elle se rend rapidement compte qu’elle n’a en réalité pas vraiment besoin de ramer. Le courant qui jusqu’à présent la ramenait constamment vers l’île l’en éloigne à présent tout aussi sûrement.

L’esquif prend de la vitesse, et les vagues se font sentir de plus en plus violemment. La houle augmente elle aussi progressivement, et plusieurs fois elle manque de passer par-dessus bord. Trempée, tremblante, gelée, elle s’agrippe de toutes ses forces au banc de nage, suppliant quel dieu voudra bien l’écouter de l’épargner, de la protéger. Aucun ne se manifeste, la mer se déchaîne autour d’elle. Peut-être seul Uraang l’a-t-il entendu et se démène pour l’empêcher de s’échapper. Heurtée par une vague plus haute que les précédentes, la barque se retourne et la projette dans les flots. Le choc lui fait avaler de l’eau glaciale et salée. Elle se débat pour retrouver la surface, mais elle ne se noie pas. En fait, la sensation lui est familière. Elle flotte dans de l’eau, sans pouvoir respirer mais sans pour autant étouffer. Soudainement la réalité se renverse, et la voilà à nouveau à genoux dans le bateau, toussant, crachant.

Pleine d’espoir, elle regarde autour d’elle.

La plage est là, à quelques centaines de mètres. Un cri de joie et de soulagement, et elle attrape la rame, utilisant ses dernières forces pour s’échapper du reflet de la lune sur l’océan. Le crissement du sable sous la coque résonne comme la plus belle des musiques à ses oreilles, elle se hisse par-dessus le plat-bord et se laisse glisser sur la plage.

tu es de retour
bienvenue chez toi

Sa tension interne se relâche et elle se met à rire à gorge déployée. Elle n’a pas été abandonnée.
Elle sent un museau velouté contre sa joue. Ouvrant les yeux, elle voit d’abord trois paires de sabots montés sur des jambes fines au poil soyeux. Blanche l’a retrouvée, et s’agenouille à ses côtés. Jamais elle n’aura été aussi heureuse de retrouver l’animal. Elle s’agrippe à sa crinière et la serre contre elle, les larmes coulant sur ses joues se perdant dans le pelage blanc.

Elle est enfin rentrée chez elle.

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