Retrouvailles et plus si affinités

Tous les deux n'avaient pas mis bien longtemps à quitter la caravane. Il fallait dire que Marissa avait été quelque peu énervée par cette liare, et puis tous les deux, selon ce qu'il discernait, avaient envie de se retrouver, de prendre des nouvelles. Caleth s'étonnait d'ailleurs lui-même, ce n'était absolument pas le genre à vouloir papoter, il était plutôt silencieux, d'habitude, là, ça lui posait moins de problème en compagnie de Marissa. Mais c'était sans doute mieux. Étrangement plus calme que la jeune femme il prit l'amulette, remerciant la vieille dame avant de rejoindre l'humaine. Le soleil commençait à pointer le bout de son nez, et ça, Caleth le sentait, il fallait dire qu'il avait plutôt froid jusqu'à présent, heureusement qu'il avait ses peaux de bête pour le couvrir…

D'un coin de l'oeil, il observait Marissa se tourner vers lui.. elle faisait silence avant d'enfin parler, et lui poser une question en allant droit au but, il reconnaissait bien ce qu'il avait entrevu d'elle : pourquoi était-il venu ici. Lui-même avait du mal à répondre à cette question, en réalité.

«  Je voulais m'éloigner un peu de la royauté et de ma famille.  »

On pouvait dire que c'était clair comme réponse, alors que le doute transparaissait tout de même dans sa tête. De toute façon il venait de se faire hors-la-loi au moment ou il avait traversé cette frontière, alors aller plus loin ne lui faisait pas peur, pas du tout.

«  Je pense avoir assez marché pour la journée. Mais je n'ai pas peur de descendre, je suis juste curieux de voir les villes des humains.  »

En quoi étaient-elles différentes de chez les liares, si elles l'étaient, et il était aussi curieux de voir la réaction de la population lointaine face à un « être de feu » à un « démon ». Se concentrant sur Marissa il voyait qu'elle boitait légèrement : deuxième raison qu'il taira pour ne pas continuer la descente. Il se contentait de suivre Marissa qui connaissait la région mieux que lui. Caleth se permis de s'asseoir à coté de Marissa, sans la coller non plus.

«  Et toi ? Pourquoi es-tu retournée en territoire liare ?  »

Retrouvailles et plus si affinités

Lors de leur première rencontre, Caleth avait mis un certain temps à se dévoiler, mais au final, il avait pensé l'avoir fait trop vite, en réalité il voulait connaître la réaction de Marissa lorsqu'il dirait ça, déjà parce qu'il l'avait appréciée, mais aussi parce qu'il voulait tester ses dires sur quelqu'un, voir comment c'était étonnant, et au final elle avait accepté cette situation, donc il avait pu parlé plus, et cela avait pu l'aider à prendre sa décision et à se trouver là ou il est aujourd'hui : à la croisée des chemins, de façon figurée et propre, d'ailleurs.

Lorsqu'il lui retourna la question de manière relativement normale, Marissa restait assez vague sur le pourquoi du comment, ce qui l'étonnait un peu, mais encore plus par… cette tension étrange qu'il avait cru percevoir lorsqu'il s'était assit, il avait en plus fait attention à ne pas se mettre trop proche d'elle non plus, pour conserver à tous les deux un espace personnel.  Peut-être qu'il avait mal jugé le fait qu'il était assez loin et le fait qu'elle se dévoilerait forcément ?

Caleth s'intéressa ensuite au foyer quelques secondes, il faisait bien frais pour le liare, sans doute aussi peut-etre pour l'humaine, il ne savait pas vraiment quelle température lui convenait… Il fut ensuite coupé dans ses pensées par de.. plus amples explications ! Surprise pour lui qui pensait être allé trop vite et qu'elle lui parlerait.  Elle cherchait donc l'aventure. Un léger sourire en coin s'afficha sur le visage de Caleth. En effet les liares n'étaient pas au stade de l'héroisme, les histoires étaient bien réelles et sanglantes.

«  C'est plutôt drôle, tu es attiré par ce que j'essaie de quitter. Enfin, pas totalement car je n’enlèverais jamais cette partie de moi.. Cela dit je pensais que les Arveles étiez hargneux comme on le dit, et qu'ils connaissaient bien tout ça.  »

Comme quoi, entre réalité et fiction il y a parfois un grand trou. Se râclant légèrement la gorge Caleth commençait à avoir soif. Ainsi il sorti une gourde, de sa boisson naturelle préférée, de lave. L'ouvrant il la porta à sa bouche et avala le liquide, de la chaleur.. ça faisait vraiment  un bien immense… Il regardait ensuite Marissa.

«  Je vais avoir du mal à t'en proposer, mais tu veux peut-être que j'allume le feu ?  »

Retrouvailles et plus si affinités

Dès que le liare lui fit sa proposition d'allumer un feu, elle accepta avant de dire qu'elle allait chercher du bois sec, de se lever rapidement et de sortir. Caleth fut presque surpris d'une telle attitude. Profitait-elle de la plus petite occasion pour se séparer de lui ? Il avait du mal à comprendre ce comportement pour le coup. Il hocha simplement la tête en attendant, si ça se trouve elle n'aimait pas les endroits trop fermés… ? A voir avec cette légère tension qu'il ressentait depuis qu'ils étaient entrés ?  Depuis qu'il s'était installé près d'elle ? Le soldat n'imagina pas une seule fois que cette femme puisse le craindre ou douter de lui. Soupirant doucement il attendait qu'elle ramène le bois. Il aurait pu l'accompagner cependant il sentait qu'il ne devait pas le faire. Une once d'empathie qui lui faisait défaut la plupart du temps se montrait pour Marissa. Peut-être apprenait-il enfin autre chose ? Et puis, elle lui avait demandé de l'attendre non ?

Caleth se contenta donc d'attendre jusqu'à qu'elle revienne, pensant à diverses choses sans importance. Une fois Marissa revenue notre liare se pencha vers le foyer, disposant un peu le bois pour qu'il prenne feu et tienne assez longtemps. Il adressa un regard à l'humaine qui venait d'enlever sa cape et de se rasseoir pour boire. Rapidement du feu pris place dans sa main proche du foyer, ce qui embrasa le bois et les quelques cendres de l'ancien foyer. Replaçant correctement les petites branches sans craindre une éventuellement brulure Caleth profita quelques secondes de la chaleur avant de se rasseoir près de Marissa. L'endroit était déjà bien plus chaleureux qu'auparavant et Caleth espérait que ce soit au sens propre et figuré.

Le silence ne restait pas présent très longtemps, Marissa posa une question qui le fit presque sourire. Presque, au maximum un léger mouvement des zygomatiques. Peut-être discernable. Mettant la main dans sa poche, Caleth savait exactement ou chercher, cette pièce ne l'avait pas quittée.

«  Évidemment, que je l'ai toujours, ta pièce. Tu en doutais ?  »

Sortant la pièce, Caleth la lui montra. Elle était dans le même état que lorsqu'elle lui avait donné, pas de trace de rouille ou autre chose, cela montrait que le liare en prenait soin, et peut-être que cela finirait par rassurer Marissa… ?

Détendant doucement son dos contre la roche le liare réfléchissait un petit peu. Même si l'ambiance s'était apaisée en quelques sortes, il préférait mettre les choses au clair. Tournant la tête pour regarder Marissa, il prit une deuxième fois la parole pour lui demander.

« Quelque chose a changé depuis la dernière fois ? Tu me sembles plus méfiante. Ai-je dis ou fais quelque chose ? »

Retrouvailles et plus si affinités

Caleth laissait Marissa s'approcher de lui, elle tendait la main vers la pièce et la prise, il lui adressa un regard lorsqu'il remarquait qu'elle toucha sa main encore chaude quelques secondes. Il ne lui dit cependant rien, peut-être parce qu'il avait aimé cela et parce qu'il ne voyait pas non plus l'intérêt de faire une remarque. Il se contentait juste d'apprécier. Elle observait la pièce avant de la lui rendre et de lui dire qu'elle n'était pas totalement sûre qu'il voulait sortir du territoire liare. Pourtant, c'était ce qu'il venait de faire, mais lorsqu'il l'avait rencontrée à cette période, il était en plein doute. Elle lui avait cependant tout de même donné sa pièce, il y avait donc quand même une certaine confiance.

«   Pourtant tu m'as tout de même donné ta pièce.  »

Le liare commençait à l'interroger sur des choses un peu plus sérieuses, il avait besoin de savoir si quelque chose n'allait pas car il descellait quelque chose de légèrement désagréable. Elle semblait mettre quelques secondes avant de commencer à parler mais fini par lui expliquer qu'elle était surtout surprise. Caleth était agréablement étonné par un seul mot : le fait qu'elle le qualifie d'ami. Il ne montrait rien, mais cela lui faisait vraiment plaisir.

«  J'ai été surpris de te voir aussi, à vrai dire je ne m'attendais pas à trouver d'autres personnes que des liares.  Mais c'était peut-être le destin, qui sait… Mais c'était une bonne chose, de te trouver ici.  »

Pas dis que le liare croyait véritablement au destin, il voulait surtout dire que c'était un signe de quelque chose. Tous les deux partaient des montagnes de feu en même temps, bien évidemment Caleth allait y retourner, il n'allait pas tout abandonner encore, il voulait juste réfléchir de lui-même. Bien évidemment il ne savait pas qu'il allait devoir y être forcé plus tard. Se mettant un peu plus contre la roche, décontractant totalement son dos, posant ses jambes il ne s'attendait absolument pas… du tout à cette question.

Est-ce c'était déplacé de demander à toucher ses cornes ? Un sourire s'étira sur ses lèvres, comme il n'en avait jamais fais à Marissa. Comme peut-être il n'avait juste jamais souris. Il se souvenait qu'il lui avait déjà demandé par le passé si elle souhaitait toucher ses cornes car elle semblait les observer assez fixement. Ce jour-là elle avait refusé, mais était-ce peut-être parce que c'était trop tôt ? Là elle avait clairement dis qu'ils étaient amis.

«  Non, ce n'est pas déplacé, tu peux toucher ça ne me dérange pas.  »

Il tourna la tête un peu plus vers elle histoire de lui faciliter un peu la tâche. Sûrement que plein de liares lui auraient interdit cela, voire n'auraient pas compris mais Caleth n'était pas spécialement outré, c'était même assez intéressant comme demande. Marissa était à part… c'était une évidence !

Retrouvailles et plus si affinités

Marissa était la première et sans doute la dernière humaine qui touchait ses cornes. Jamais il ne pensait déjà qu'on lui demanderait ce genre de choses, et encore plus qu'on essayerait vraiment, et surtout, qu'il dirait oui. Pourtant si c'était Marissa, ça ne le dérangeait pas. Cette femme était l'une des raisons qui lui avait permis de s'affirmer un peu plus concernant son choix – que dans sa tête pour le moment- et donc, en un sens, il lui devait déjà beaucoup, sans encore savoir quelle importance cela allait avoir pour lui.

Il n'attendait rien d'elle, à ce moment précis, si elle n'avait pas envie de parler, qu'elle ne le fasse pas, ou si elle voulait discuter d'autre chose, qu'elle le fasse aussi, ce n'était pas une chose dont on avait l'habitude de parler, des cornes des liares, mais dans tous les cas, elle avait contente. De plus, Caleth étant peu loquace il préférait bien qu'elle n'en dise rien. Il n'avait pas envie de s'étendre sur ses cornes même si elles étaient une partie de sa fierté de liare.

Finalement, elle revint à une position plus proche de lui, ce qui le rassura un peu plus sur le fait que rien n'avait vraiment changé entre eux après cette première rencontre. Le temps d'adaptation devait parfois être un peu long. Elle voulait donc fêter cette sortie des terres de feu, pour l'un comme pour l'autre, sûrement. Il prit alors la flasque qu'elle lui tendit et en bu un peu, ah, de l'alcool liare, il s'en était douté vu l'odeur. Si les questions ne Marissa ne le dérangeait pas mais c'était plutôt la manière dont il allait répondre, ce qu'il pouvait, ce qu'il voulait répondre. Est-ce qu'il avait envie de répondre ? Pourtant, il lui parla quand même.

«  Non je n'ai rien construit de particulier, ou des des choses le sont, leurs racines sont déjà pourries ou on été mal construites.  »

Il n'y avait que le cas de sa sœur qui le mettait en doute. Que faire ? L'emmener avec lui ? Elle devait déjà se douter de quelque chose, elle ne lui disait rien. Il faut dire que la communication, en plus de ne pas être spécialement «enseignée » aux liares n'était en rien caractéristique de la famille. Il n'avait pas envie d'en parler, de sa petite sœur. Il n'avait pas non plus dis si sa vie lui convenait ou pas, il ne savait pas trop en réalité, si oui ou non, cela lui convenait. Son regard se tournait vers elle ensuite, pas aussi perdu que ça, assuré presque en réalité et il lui demanda.

«   Et comment voudrais-tu que l'on fête cela ?  »