Voilà des jours que Bringsir était parti en direction de l'Est. En prenant vers le Nord, il aurait pu quitter cette maudite région depuis bien longtemps, mais il voulait s'éloigner le plus possible de la Tour Sombre, un affrontement, même avec un piètre combattant, au vu de son état, aurait été des plus compliqués, alors une armée...
L'infiltration n'était pas son fort, alors la marche semblait la meilleure, non la seule solution qui s'offrait à lui. Il devait tout de même s'estimer heureux, le jeune homme avait récupéré son équipement, il aurait eut des difficultés pour retrouver de tels artefacts. Enfin, faut-il s'en sortir vivant encore une fois.

La route était longue, il n'y avait rien à faire sur le trajet, Bringsir dormait tout juste le temps qu'il fallait pour qu'il puisse tenir une journée de marche et se rationner en nourriture à la moindre occasion. Il suffisait qu'il croise une petite marre, des racines qui traîne, ou un simple petit animal rampant pour faire son bonheur, mais le plus compliqué, c'était d'occuper son esprit.

Personne ne pouvait y échapper comme il le voulait. La bataille faisait inexorablement un retour dans sa tête, le frappant de plein fouet, ainsi que les semaines de tortures qu'il venait d'encaisser, même la nuit dans son sommeil. Les quelques fois où il arrivait à se contrôler, c'est quand il pensait à ses compatriotes et plus précisément sa protéger, la petite Navi. Il ne pouvait songer à mourir sans la revoir avant, il avait encore tellement de choses à lui apprendre et depuis le temps, même s'il était très doué sur le fait de cacher ses sentiments, qu'il ne pouvait pas nier en avoir à son égard. Cette petite était devenue sa famille.

Il n'y avait pas que ça, mourir de la sorte n'était tout simplement pas envisageable, il ne pouvait partir sans avoir livré un combat dantesque qui marquerait l'histoire à tout jamais de ce continent. Malgré un brin de premier soin, la douleur revenait elle aussi sur le tapis et tout cela le ronger tout de même, se demandant à chaque pas s'il y arriverait. Bringsir avait connu mainte situation difficile, mais pour le coup, tout cela devenais très compliqué et il ne pourrait pas continuer comme ça indéfiniment.

Une nouvelle journée commençait.Il faisait toujours froid même si la température c'était bien adoucie. Étant en hiver, le voyageur reprit la route tout juste avant le lever du soleil. Au bout d'une petite heure, quand les premiers rayons de ce dernier faisaient leurs apparitions, quelque chose attira son regard plus en avant.

Une silhouette se trouvait droit devant lui, à tout juste quelques centaines de mètres, mais qui est-ce que cela pourrait être ? Un Récleyés ? Non, impossible, le voyageur avait bien fait trop de route hors des sentiers pour que cela n'en soit pas un et il semblait être seul. La frontière serait elle en vu et serait-ce le début de la renaissance ? La réponse arriverait de toute façon très rapidement. Les deux personnages se dirigeaient l'un vers l'autre sans se détourner, obligeant Bringsir a attrapé son arme, prêt à dégainer..

Le regard porté vers l'horizon, Neva marmonnait. Était-ce à droite ? Ou alors à gauche ? Elle ne savait pas du tout où elle était, ni ce qu'elle foutait là pour commencer. Son regard, vague, s'éclaira. Ah si, elle s'en souvenait. Elle venait chasser afin de se nourrir. Soupirant, elle ferma les yeux, épuisée. Elle était partie ce matin de bonne heure et il était rendu tard -elle le savait car le soleil commençait déjà à se coucher- et elle avait marché non-stop jusqu'ici. Gémissant de désespoir, elle finie par décider de se reposer pour la nuit. Regardant tout autour d'elle, Neva finie par trouver un arbre assez haut où elle pourrait se cacher, juste au cas-où. Grimpant jusqu'au sommet, elle s'étendit sur la plus grosse branche qu'elle put trouver et, fermant les yeux, laissa le sommeil venir.

Le lendemain, lorsqu'elle ouvrit les yeux, le soleil ébloui Neva. Grognant contre "l'astre solaire qui veut pas laisser les gens tranquilles dormir" Neva regarda en bas s'il y avait le moindre danger. Ne voyant rien, elle sauta souplement de sa branche, descendant rapidement jusqu'au sol. La mine pensive, elle leva le visage au ciel, laissant les rayons du soleil réchauffer son âme. Les yeux fermés, un sourire doux s'afficha sur ses traits avant qu'elle n'éclate de rire, Proot venant de lui chatouiller le cou avec ses petites mains. Le caressant doucement sur le dessus de la tête, elle finie par reprendre la route, cherchant la créature qu'elle était supposée chasser.

Seulement, à mi-chemin, Proot commença à s'agiter. Le regard inquiet, Neva posa son regard sur lui. Celui-ci se mit à sautiller sur son épaule, le doigt pointant une direction. Tournant son regard vers là-bas, un sourire s'afficha sur les traits de Neva. Une source d'eau, il y avait une source d'eau droit devant. Riant aux éclats, elle s'y précipita, plongeant les mains le plus profond qu'elle put. Approchant son visage, elle l'aspergea, l'eau la rafraîchissant plus efficacement que n'importe quoi d'autre.

Relevant la tête, elle finie par se diriger vers la zone de chasse. Se tapissant dans l'ombre, elle pointa son regard vif vers les cibles. Seulement, elle entendit un son au loin qui lui fit relever la tête. S'y dirigeant, elle marcha durant un certains temps avant de grogner. Ça y est, elle était perdue. Soupirant de désespoir, Neva secoua la tête, grognant contre elle-même. Elle souffla de désappointement et, alors qu'elle allait rebrousser chemin, Proot s'agita sur son épaule. Il lui pointait une direction du doigt. Suivant la direction, elle vit une silhouette au loin qui s'approchait d'elle. Prudente, elle sortie son épée, ne sachant pas sur quoi elle pourrait tomber. Le pas discret, elle s'approcha doucement, voyant petit à petit la silhouette devenir de plus en plus nette. Puis, un soupir de soulagement lui échappa en voyant un homme, mais elle garda tout de même Mana en main, sait-on jamais. Cet homme pouvait être un brigand et décider de l'attaquer pour la dépouiller.

Prenant son courage à deux mains, Neva prit la parole, haussant légèrement la voix.

- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

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Bringsir continua d'avancer en direction de cette personne, mais eut un mouvement d'hésitation, un simple instant pour engager un arrêt, histoire de stopper sa vue troublante et au fil des secondes qui passaient et que le rapprochement donnait lieu à une meilleure observation pour analyse, le jeune homme trouvait, que pour lui, cet individu bougeait plutôt bien, se tenant sûr ces gardes, comme un chasseur et donc avec une certaine expérience de combat.

Au vu de son état, le voyageur ne pouvait prendre aucun risque, non seulement prêt à sortir sa lame habituelle de sa main droite, il mit sa main gauche dans son dos, attrapant « poids mort » au cas où il fallait dégainer rapidement.

Une fois à sa hauteur, le jeune homme voulait prendre la parole pour la questionner, mais a été tout de suite coupé dans son élan et cette personne prit les devant en demandant qui il était et qu'est-ce qu'il voulait, haussant tout juste la voix.

Le voyageur pouvait enfin remarquer qu'il s'agissait d'une femme de petite taille, à peu près de la taille de Navi d'après ses souvenirs. Pas très épais, tout juste la peau sur les os selon lui, avec de long cheveux blond blanc et des yeux en amande de couleur argenté, mais ce n'était pas tout, elle n'était au final pas seule, car il y avait un petit être se trouvant sur son épaule, une sorte de petit arbre chétif. Ces deux personnages ne semblaient pas être une réelle menace, mais il fallait tout de même rester sur ses gardes. Il n'aurait pas le droit à l'erreur en cas de conflit.

Il mit un temps à analyser la situation, mais Bringsir prit doucement la parole, toujours en faiblesse par la guerre et par son voyage.

-Je cherche simplement à quitter ces terres et à rejoindre les Terres de Faras. Si je ne me suis pas trompé, Saldek devrai se situer dans la direction d'où vous venez d'arriver. Pouvez-vous me dire si j'y suis bientôt arrivé ? Je fatigue un peu et souhaite m'y reposer...

Rien que ces quelques phrases avaient essoufflé notre ami, il n'allait jamais pouvoir continuer à cette allure pendant des jours et il est vrai qu'une aide extérieure ne serait pas de trop cette fois-ci.

Le voyageur n'avait pas réellement répondu aux questions qu'on lui avait posé, mais il ne connaissait pas cette personne et il ne voulait pas trop en dire sur ce qu'il venait de traverser. Déjà qu'habituellement, il n'était pas très loquace, il ne pouvait pas annoncer tranquillement qu'il venait de s'enfuir d'une prison en terres interdites, surtout si son interlocutrice était une Récleyés.

Sa triste mine, sa posture, son souffle, rien de tout cela ne pouvait cacher son état actuel. Il était dans le mal et avait besoin d'aide, mais il fallait rester très vigilant pour les secondes à venir, savoir s'il devait oui ou non s'engager corps et âme pour peut-être un dernier affrontement, bien que pour une fois, il préférerait que non. Si cette femme lui propose son aide, il ne la refuserait pas en espérant qu'elle ne soit pas si méfiante que ça non plus.

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Inquiète, Neva regardait dans tous les sens, redoutant un guêt-apens. Après tout, de nos jours, nous ne pouvions plus faire confiance à quiconque sans savoir réellement son but et sa destination. Soufflant, elle survola de sa main son arc, le regard légèrement acéré fixé sur la silhouette humaine au loin. Au fur et à mesure que celle-ci avançait, Neva se rendait compte que c'était un homme et, pour ce qu'elle pouvait voir, il avait l'air vraiment mal en point.

- Mama, je s'appel Proot pas ressentir menace venir d'homme. Par contre, je s'appel proot sent sang et souffrance. Mama doit donc aider l'homme, car l'homme blessée et souffre.

Acquiesçant, elle se releva de sa position légèrement accroupie -signe d'agression universel- et releva les mains, la tête penchée sur le côté. Détaillant du regard la personne devant elle, Neva du reconnaître qu'il avait vraiment l'air souffrant, bien que ne le montrant pas. Secouant la tête devant ce fait -aaah ces hommes, n'empêche- elle ne put s'empêcher d'avoir un léger rictus en pensant qu'ils étaient tous pareils. Lorsque finalement celui-ci prit la parole, Neva écouta, curieuse de connaître la raison de son état. Les terres de Faras, hum ? Comment diable allait-elle pouvoir l'aider à s'y rendre alors que son sens de l'orientation frôlait le zéro absolu et que cet homme était blessé gravement ? Tournant le regard vers Proot, elle s'apprêta à l'interroger lorsque celui-ci l'interrompit, ayant comprit par son regard sa future question.

- Mama pas devoir s'inquiéter, je s'appel Proot pouvoir guider Mama et homme vers Faras. Je s'appel Proot se rappel le chemin pour y aller, donc Mama pouvoir rester calme.

Un soupir de soulagement lui échappa en l'entendant parler. Dieu merci, celui-ci allait pouvoir l'aider. Tournant son regard vers l'homme devant elle, Neva hocha légèrement la tête et s'approcha de lui, dans une posture de non-agression.

- Bonjour, je peux vous aidez à quitter ces terres, oui. Concernant Saldek, je dirais que nous y serons dans environ une à deux journée de marche. Nous ferons plusieurs haltes afin de vous permettre de vous reposer sur le chemin. Notre but n'étant pas de vous blessez plus que vous ne l'êtes, mais de vous ramenez sain et sauf à destination. Au fait, je m'appelle Nevaeh. Nevaeh Orana. Enchantée. Bien que ce ne soit pas la situation idéale pour faire connaissance, je le sais. Et mon petit compagnon s'appel Proot. D'ailleurs, vous pouvez lui adresser la parole, il saura vous répondre, il ne dépend pas de moi pour parler.

Un rictus hilare lui échappa en entendant d'ailleurs son compagnon murmurer que l'homme à la chevelure blonde ressemblait à un cadavre ambulant. Puis, constatant quelque chose, Neva reprit la parole, légèrement inquiète.

- Avez-vous besoin d'aide pour vous déplacez ? Je peux vous servir de béquille, si besoin est.

Bringsir commença par remercier la jeune femme, mais refusa de la tête qu'il se serve d'elle pour avancer. De part sa taille et sa corpulence, ainsi que ses équipements, son poids n'était pas négligeable et s'il venait à lui tomber dessus, il risquait de lui faire beaucoup de mal. Ils marchèrent alors côte à côte sans dire un mot.

Quelques minutes passèrent, puis ces minutes se transformèrent en heure et les jeunes gens ne parlaient que très peu. Il fallut même deux bonnes heures à Bringsir pour baisser sa garde et lâcher discrètement le pommeau de son épée qu'il n'avait plus quitté depuis sa rencontre avec Nevaeh. À force, il se laissa même discuter avec cette personne de tout et de rien. Elle n'était pas aveugle et, avec sa manière, elle essayait de faire passer le temps pour que notre jeune ami s'occupe l'esprit. Puis il y avait son petit Proot qui n'hésitait pas à user de sa personne pour détendre l'atmosphère. Un vrai petit pitre !

La première journée se passa très bien. Le réconfort qu'avait apporté cette jeune femme et son compagnon avaient plus qu'aider Bringsir. C'était la première rencontre qu'il avait fait depuis la guerre qui ne lui voulait pas du mal. Il avait enfin de la chance et son moral, bien qu'encore très mal, remonter. Elle lui avait même endigué les premiers soins qu'elle connaissait. Tout ça fit un bien fou au jeune homme qui dormis enfin paisiblement depuis bien longtemps.

Le deuxième jour fut du même acabit. Proot continuait à faire les pitres, les deux humains se laissaient à rire de sa prestation. Nevaeh expliquait qu'elle était chasseuse, mais que contrairement à ce rang, elle n'était pas très douée en orientation. Bringsir n'hésita pas à lui apprendre quelques trucs, histoire qu'elle s'améliore. Puis l'homme, bien que réticent sur le sujet, compta la triste guerre pour le monde libre et de comment les Récleyés, bien mieux préparer, avait réussi à vaincre contre des peuples divisés. Inexorablement, elle lui demanda comment cela se passera-t-il désormais, maintenant que ces infâmes personnages ont fait leurs retours, mais malheureusement, le voyageur était incapable de lui répondre.

Un blanc s'installa et les pensées de Bringsir se tournèrent vers Navi. Depuis tout ce temps, elle devait être morte d’inquiétude à Ferèsis. Enfin, non. La connaissant, elle avait dû prendre la route dès que la nouvelle de la guerre avait atteint la ville. Même Malik n'avait sans doute pas pu l'arrêter, elle était bien trop maligne. Une fois Saldek rejoint, il faudrait que le chasseur parte dans la plus grande quête qu'il n'avait jamais fait. En espérant qu'elle ne soit pas allée en territoire Récleyés. Cela serait la pire chose qui pourrait arriver et Bringsir ne serait pas sortie de l'auberge s'il devait y retourner.

Pour l'instant, il ne fallait pas y penser. Une étape à la fois. Il ne pourrait pas aller bien loin s'il commençait à griller les choses et se devait d'avancer pas à pas. D'ailleurs, le premier pas avançait très bien. Saldek n'était plus qu'à une poignée de kilomètres. On pouvait voir au loin la ville apparaître à l'horizon de plus en plus nettement. La civilisation était proche.

Une fois arrivé aux portes de la ville, Bringsir remercia chaleureusement sa sauveuse. Il n'avait jamais eu autant de gratitude envers une personne. Il proposa à Nevaeh de lui offrir un bon repas, ce qu'elle déclina gentiment. Maintenant qu'elle saurait mieux s'orienter, elle n'avait qu'une hâte, c'était de repartir dans sa chasse, car c'est dans leur nature, mais les chasseurs vivent pour relever des défis toujours plus grand.

Le jeune homme salua une dernière fois ces deux compagnons de fortunes avant de s'engouffrer dans la ville. Il fallait désormais qu'il se remette au plus vite de tout ça. Une bonne santé était obligatoire et surtout, logiquement, dès plus vitale pour la suite. Bringsir commença par rejoindre une auberge. Il avait besoin d'un bon bain et de repos. Il demanda où il pouvait trouver un médecin ou une échoppe qui vendait des produits de soin puis s'il pouvait avoir de nouveaux vêtements. Les siens étaient bons pour la poubelle et il faisait plus clochard qu'autre chose.

Après ce bon bain, il alla en premier lieu trouver le médecin de la ville. Saldek était plutôt une grande cité et il n'eut pas de mal à trouver un homme compétent chez qui il acheta de la pommade. Ce dernier lui via tout le pot tellement que Bringsir en avait besoin et cela lui fit beaucoup de bien. Puis il retourna à l'auberge pour manger un bout. Ces derniers jours, il avait dû utiliser les rations de Nevaeh et il commençait à reprendre une alimentation normale. Le voyageur devait faire attention à ne pas se goinfrer, cela pouvait être trop brutal pour son corps et il souffrirait de séquelles encore plus grave.

Ensuite, une fois que Bringsir avait été soigné, puis nourris, il alla se promener dans les allées marchande et se permis même quelques petites emplettes. Ce n'était pas du tout dans son habitude, mais l'argent amassé de toutes ses péripéties devait servir. D'autant que ça l'améliorerait dans ses futurs combats. Il tomba d'abord sur une paire de bottes en serdanien. Le vendeur lui parla des effets de celle-ci et qu'il pourrait sentir la présence des autres dans un rayon de dix mètres. Elles lui auraient été grandement utiles lors de la guerre. Il prit une paire pour lui et en profita pour en prendre une pour Navi. Cela lui ferait sans doute très plaisir.

Il continua ainsi et une fois finit, il retourna à l'auberge avec beaucoup de choses. Après les bottes, il acheta des habits en coton de Méridia, puis un ensemble gilet pantalon en cuir de Vaok, le tout en double de la taille pour sa protégée. Bringsir avait fait de vraies folies aujourd'hui. Il retourna ensuite à sa chambre pour se reposer et resta encore en ville quelques jours avant de vite reprendre la route...