(#) Sujet: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Mer 18 Oct 2017 - 20:44
Le 12 Virgonès 1249
Plusieurs fois Rhys s’était retrouvé dans la Forêt des Mirlis à la recherche d’une plante ou d’un animal rare qu’il ne trouvait pas en ville. Il avait eu l’impression d’avoir parcouru l’endroit en tous sens, et pourtant c’était la première fois qu’il atteignait Saona. La ville en elle-même méritait grandement la légende qui l’entourait. Pour lui qui était né et avait grandi dans l’immensité de la Plaine Isolée, les seules cités qu’il avait connues étaient de plain-pied, les bâtiments de pierre et de bois poussaient sur l’herbe et la terre battue comme des parasites, des ajouts artificiels. Il avait lu des descriptions de la ville des Anciens dans des livres mais finalement rien ne l’avait préparé à l’harmonie et la symbiose qu’il existait entre les arbres et les bâtiments en bois qui se fondaient presque dans les feuillages que l’hiver n’avait pas réussi à faire tomber. Il avait été confondu par le contraste entre la taille massive de certaines constructions et la délicatesse de l’équilibre qu’elles entretenaient avec les mirlis. Même après plusieurs jours passés dans les lieux, il était toujours impressionné à cette vue.
Même ralenti dans ses déplacements par son admiration, il n’avait pas été trop handicapé depuis le début de son séjour. Il partageait son temps entre l’immense bibliothèque qui faisait la réputation de Saona durant la journée et l’auberge où il jouait le soir pour payer l’hébergement pour lui et Jonas. Ils n’avaient au départ prévu de rester que quelques jours, mais en voyant le nombre incalculable de tomes qu’ils n’auraient jamais l’occasion de rencontrer ailleurs, ils avaient convenu de prolonger leur séjour à une durée indéterminée dont ils décideraient le moment venu. Ni l’un ni l’autre n’était attendu ailleurs, chose rare, et ils comptaient bien en profiter. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai : avec l’anniversaire de Rhys qui se rapprochaient, sa famille devait présumer qu’il allait rentrer à Arnlo pour l’occasion, mais il ne se sentait pas concerné par leurs attentes.
Ce soir-là en tout cas, l’idée du retour à la maison était bien loin de son esprit. La nuit était déjà bien avancée, et le barde avait chanté toute la soirée depuis le moment où il était sorti de la bibliothèque en fin de journée – presque : il avait tout de même pris le temps de prendre un bain de et passer une tenue plus appropriée au spectacle que le pantalon et la tunique confortable qu’il portait pour fourrager des heures durant dans les rayonnages poussiéreux. Une fois son inspiration épuisée pour la journée, la plupart des clients de l’auberge avaient fini de manger et un certain nombre d’entre eux s’était déjà retiré pour la nuit. Les autres se rassemblaient en petits groupes pour taper le carton, boire ou discuter, parfois les trois à la fois. Il rangea sa lyre avec un accompagnement de quelques applaudissements. Ce soir n’avait pas été sa meilleure performance apparemment, ou alors le public n’était pas très réceptif. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’en avait que faire. Certes il était toujours agréable de satisfaire un public, mais au moins personne ne le dérangerait ce soir pour qu’il reprenne la musique plus tard dans la nuit. S’il n’avait pas été aussi perfectionniste et si son égo ne réclamait pas l’admiration de ses audiences, il se serait probablement contenté de prestations adéquates.
Il laissa l’instrument sur place. Il commençait à prendre cette habitude, lui qui auparavant ne l’aurait pas laissé plus de vingt secondes hors de sa vue, depuis qu’il avait été adopté par un jeune gila eggret. L’animal avait immédiatement été attiré par la Vérité incrustée dans la lyre et la quittait rarement, laissant ses poils crème partout sur l’étui, au grand dam de Rhys. Il était un gardien attentif, et ne laissait personne s’en approcher – parfois même le propriétaire légitime de l’objet avait l’impression de le déranger. Pour l’instant d’ailleurs, ses grands yeux verts légèrement luminescents surveillaient avec attention la salle, à l’affût du moindre perturbateur de sa sieste. Il se dirigea d’un bon pas vers le bar où se trouvait Jonas, comme à son habitude. Seulement pour une fois, celui-ci n’était pas en train de le regarder jouer, mais de discuter avec le tenancier, ce pourquoi il fit semblant d’être contrarié. Il se rapprocha de lui avec une moue faussement boudeuse.
“Qu’est-ce que tu bois ? Tu n’as pas honte de picoler pendant que les autres trav… Oups, excusez-moi !”
Dans son élan, il n’avait pas fait assez attention à son environnement et avait légèrement bousculé le jeune homme assis à côté. Celui-ci était seul et avait l’air plutôt contrarié, ce qui poussa le musicien à l’aborder un peu mieux – il avait toujours eu l’esprit de contradiction. D’un signe il commanda sa pitance à l’aubergiste et prit place sur un des tabourets hauts.
“J’espère que la musique vous a plu. Ce n’était pas ma meilleure soirée malheureusement !”
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(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Ven 20 Oct 2017 - 0:25
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Ahmes
Khahil
Cœurs Amers et Ames Orgueilleuses
Akeem ne se décrirait pas comme un voyageur. Pourtant voyager était ce qu’il faisait depuis l’époque où il avait été banni de chez lui mais le mot « voyage » évoquait le plaisir, la découverte, l’exploration d’autres contrées et surtout d’avoir la motivation et le choix de le faire, l’esprit ouvert et la soif d’apprendre. Ne se sentant ni motivé ni d’avoir le choix, Akeem jugeait plutôt qu’il errait, ce qui ferait de son statue un « errant ». Le Namès n’avait véritablement aucun but et n’arrivait pas à trouver sa place. Il avait pourtant réussi à s’introduire dans Karnès un an auparavant mais se bâtir une vie dans le mensonge n’était pas vraiment l’idéal, toujours à se cacher de ceux ayant pu le connaître adolescent. Au final il était repartit et une autre année c’était écoulé dans la solitude.
C’était le hasard qui l’avait emmené dans la forêt. Au départ il ne comptait pas y aller mais il avait besoin de ravitaillement et son chemin avait croisé celui d’une femme angoissée au sujet de la fièvre de son enfant qui interrogeait tous les voyageurs passant pour savoir s’il n’y avait pas un médecin. N’étant pas un mauvais bougre, il suivit l’Ancienne dans la verdure. Ce n’était pas si mal, Akeem devait bien l’avouer, la beauté du paysage – très vert – lui faisait presque oublier que le milieu forestier n’était pas trop son truc. Il n’avait que rarement vu des arbres si hauts et en bonne santé, ainsi qu’autant de végétation malgré la saison – il y en avait toujours plus que dans le désert. Il suivit scrupuleusement le chemin jusqu’à la maisonnette, s’empêtrant trop facilement dans les ronces s’il sortait des sentiers battus. La femme essoufflée le conduisit en presque courant jusqu’à chez elle. Là Akeem entra dans la petite pièce contenant l’enfant affaiblit. Doucement il posa sa main sur son front et se concentra afin de faire tomber la fièvre. Il lui fit un petit sourire quand le petit rouvrit les yeux puis s’écarta.
Il fut remercié par une petite collation et quelques pièces qu’il partit dépensé à l’auberge afin de se payer une chambre. Il y déposa son sac de voyage, quasiment vide de toute façon et garda ses dagues à porter de main, drapé dans sa cape en tissus protégeant son cou des regards inquisiteurs. De manière générale il comprenait que cette région ne voit pas passer énormément de Namès malgré qu’ils soient en bon terme avec les Anciens. Encore moins de soigneur. Un soigneur de Karnès se baladant dans la nature n’était pas courant ceci dit. Même s’il n’avait pas souhaité rester seul dans sa chambre pour la soirée, Ahmes ne savait pas trop quoi dire aux autres. Jusque-là son air un peu sombre avait réussi à dissuader la plupart des curieux de l’auberge à l’envahir de question sur le voyage et les nouvelles du monde et un barde réussi à définitivement détourner l’attention.
Ahmes écouta distraitement au comptoir la musique. La musique triste le rendait triste, et la musique joyeuse le rendait triste aussi parce que cela lui rappelait la nostalgie de son insouciance passé. Tout le rendait triste, les groupes d’amis riant dans un coin, les gens se séduisant, et même d’autres personnes seuls comme lui. Il était là, sans pouvoir revenir en arrière, sans attache pour l’aider dans le futur. Un soupire s’échappa de ses lèvres. Il n’avait même pas de programme. Peut-être allait-il rester en ville pour proposer ses services, se refaire de l’argent pour les provisions qu’il était venu de base chercher. Un individu discutait à côté de lui avec le tavernier. Des applaudissements, Ahmes se retourna pour voir que le spectacle était terminé. Le barde avait fini. En y regardant bien celui-ci était plutôt mignon avec ses cheveux blonds. En plus il avait une belle voix, mais Ahmes avait besoin d’argent lui aussi alors il ne pouvait pas se permettre d’en dépenser tant qu’il n’en avait pas gagné. Sa marque le démangea d’avoir complimenté mentalement un homme sur son physique et il se retourna, prêt à retourner dans la contemplation de son verre à moitié vide. Ce n’était pas normal. S’il avait regardé une fille à la place il ne serait plus seul. Le jeune homme pensait qu’il aurait ainsi pu rester chez lui, à Karnès.
Heureusement pour son humeur, il n’eut pas le temps de continuer de se morfondre plus avant qu’il se sentit bousculer. Par réflexe il fusilla l’auteur du regard comme un animal sauvage dérangé, s’assurant par réflexe que sa cape était toujours bien en place, avant de réaliser que c’était le blond. Bah, de toute façon il n’avait rien à lui dire. Le barde était partit dans une discussion avec son voisin, enfin c’est que ce qu’Ahmes croyait qu’il allait faisait avant que…
“J’espère que la musique vous a plu. Ce n’était pas ma meilleure soirée malheureusement !”
Ce questionnement le laissa sans voix, troublé. Le Namès ne s’attendait pas à ce qu’on lui parle et l’incertitude passa dans ses yeux : devait il l’envoyer ailleurs, l’ignorer ou répondre ? Après un silence un peu trop long pour cette question simple, Ahmes répondit avec précaution en tâchant de ne surtout pas trahir son approbation sur le physique, moins sur les vêtements ceci dit :
- Oui… J’ai apprécié la musique, je ne peux néanmoins pas comparer avec une autre de vos performances…
Le voyageur se sentait un peu bête et n’avait rien d’autre à ajouter, à croire qu’il ne savait plus tenir une conversation. Comme s’il souhaitait disparaître derrière sa capuche, Ahmes s’y enfonça un peu plus, finissant par marmonner un vague :
- Que voulez-vous que je vous dise ?
Même si cela aurait pu être impoli, l'intonation suggérait une vraie question, parce que le jeune homme ne savait pas quoi lui dire de plus.
(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Mar 24 Oct 2017 - 22:35
Bon sang ! Rhys avait plus l’impression d’avoir dérangé un petit animal farouche qu’un être humain en pleine jeunesse. Il se demanda un instant s’il le jeune garçon allait seulement lui répondre, vu le temps qu’il mettait à trouver sa langue. Que faisait-il dans une salle commune pleine de monde et d’agitation s’il se trouvait tétanisé rien qu’à l’idée qu’un inconnu lui adresse la parole. Il s’apprêtait à lui faire un petit signe d’encouragement pour qu’il arrive à sortir une phrase, mais finalement il se décida à répondre par lui-même – il avait donc bien une langue et savait s’en servir !
A croire que ces quelques mots avaient utilisé toutes ses capacités de communication avec l’extérieur pour la soirée, il sembla se flétrir sur place sous le regard pas si inquisiteur – voire plutôt inquiet, à ce stade – de Rhys. Le Parlèms n’avait pas la capacité de lire dans l’esprit des gens, mais il était prêt à parier qu’à l’instant même son “interlocuteur” (si on pouvait l’appeler comme ça) souhaitait plus que tout au monde pouvoir se changer en souris pour disparaître dans un trou du plancher. Ce qui fut plus ou moins confirmé par la suite. Le premier réflexe de Rhys fut de se sentir heurté par cette question qui était, il faut bien le dire, le plus souvent très impolie et cassante. Il se rendait bien compte cependant, vu le ton utilisé, que ce n’était pas la réaction escomptée. Pris de court, lui non plus ne savait plus trop quoi dire.
De son côté, Jonas observait la scène d’un regard amusé. Ce garçon avait passé la majeure partie de la soirée à observer la salle d’une manière à la fois triste en renfrognée, sans dire un mot à personne. Ce n’était pas avec lui qu’il aurait tenté de commencer une conversation. Et pour l’instant, il trouvait plutôt amusant de regarder son ami se débattre pour se sortir du bourbier où il s’était empêtré. Ce n’était pas souvent qu’on arrivait à lui couper le sifflet d’une façon aussi candide et cela valait le coup d’oeil. Il se ressaisit néanmoins rapidement.
“Je te remercie pour ton honnêteté. Je n’ai pas souvent de réponse aussi franche.”
Il adoucit son passage brutal au tutoiement avec un sourire suave. Le genre qui exaspérait Jonas parce qu’il le connaissait trop bien mais qui fonctionnait habituellement plutôt bien sur les dames, il fallait l’avouer. Il enchaîna :
“Tu pouvais me dire ce que tu as apprécié, ou à l’inverse ce qui t’a moins plu. Ou bien parler de tout autre chose.”
Jonas leva les yeux au ciel dans son dos. Quel baratineur ! S’il le laissait continuer sans s’en mêler, il allait épuiser le garçon jusqu’à ce qu’il capitule ou s’énerve, et il n’avait pas le coeur à être témoin de ça ce soir. Il posa sa main sur l’avant-bras de Rhys pour l’interrompre et s’adressa à lui par-dessus son compagnon.
“Vous pouvez aussi lui dire qu’il vous ennuie, il ne faut pas hésiter pour ses beaux yeux.”
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(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Mar 7 Nov 2017 - 17:29
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Ahmes
Khahil
Cœurs Amers et Ames Orgueilleuses
Et bien, Ahmes se demanda s’il n’aurait pas mieux fait de trouver une autre réponse. L’ancien lui aurait peut-être mieux engagé la conversation mais il se cachait tellement derrière des couches que la spontanéité avait du mal à émerger. Il faut dire que son honnêteté l’avait trahis une fois alors le Namès essayait de l’enfouir très loin en lui. Bien sûr qu’il aimait la musique, bien sûr que son interlocuteur était sympathique et mignon, mais…. Ce n’était pas des choses à dire quand on était un homme face d’un autre homme. Heureusement, le musicien avait l’air de ne pas trop en prendre rigueur voir même, le remerciait ! Etrange…. Le sourire ponctuant sa phrase troubla le jeune homme mais il se força à ne rien en montrer, pensant que ce n’était pas intentionnel.
“Tu pouvais me dire ce que tu as apprécié, ou à l’inverse ce qui t’a moins plu. Ou bien parler de tout autre chose.”
Mmh….. Ahmes fronça les sourcils de réflexion mais un troisième homme s’ajouta à la conversation, ayant un geste et une parole… amicale – peut être trop – envers le blond. Se pourrait-il… ? Nooon. Ou si ? La confusion passa sur son visage en les regardant, passant de l’avant-bras à leur tête. Avec une infinie précaution il demanda, curieux :
- Vous êtes amants ?
Il regretta presque aussitôt cette question hérétique. C’était mal, c’était très mal, ils allaient se moquer, le prendre pour un fou, le juger, cela se propagerait dans le bar et il serait viré d’ici, humilié. Son visage pâlit encore plus qu’il était possible pour un Namès et Ahmes eu un mouvement de recul comme s’il voulait revenir en arrière, ne rien dire, il prit une grande inspiration et sa main se crispa sur sa cape, attendant la catastrophe sans oser respirer.
(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Jeu 9 Nov 2017 - 18:37
Après Rhys, ce fut au tour de Jonas d’avoir l’impression qu’il avait cassé le pauvre garçon. Il ne lui semblait pas avoir rien dit de particulier ? Il essayait de se repasser le début de la conversation – qui pourtant n’avait pas été longue ! – pour tenter de trouver où il avait raté quelque chose, mais rien ne lui venait spontanément. Il finit par comprendre ce qui n’allait pas en voyant les yeux du jeune homme faire des allers-retours entre sa main sur le bras de Rhys et eux. La réalisation lui venait un peu trop tard, d’ailleurs, car il eut le temps de poser la question qui apparemment le taraudait.
“Vous êtes amants ?”
Jonas retira abruptement sa main, le sourire de Rhys se figea sur son visage. Avec l’impression d’avoir été douché par un seau d’eau glacée, le barde essayait à toute allure de déterminer d’après les vêtements et l’allure générale de son interlocuteur d’où il venait. Il n’avait jamais eu de problèmes car les Parlèms étaient plutôt tolérants concernant l’homosexualité, mais il était plus qu’au courant que c’était bien loin d'être le cas de la plupart des peuples. Il avait aussi douloureusement conscience que l’auberge était bien proche de la frontière et qu'on pouvait y rencontrer n'importe qui. Fort heureusement, il était évident au premier regard que ce n’était pas un liare, le pire avait été évité. Un rapide coup d’oeil dans la salle le rassura : il ne semblait pas non plus y en avoir à proximité.
Le silence tendu fut brisé par le tenancier qui apportait sa commande à Rhys, accompagné d'un petit mot agréable sur sa prestation de la soirée. Après l'avoir brièvement mais aimablement remercié, il préféra embrayer sur la conversation pour ne pas laisser le malaise s’enkyster. Ne rien dire serait une erreur : on pouvait s’imaginer les pires choses à partir d’un silence. Comme bien souvent il préféra tout de même user d’un peu d’humour comme d'un bouclier plutôt que de se mettre directement sur la défensive.
“C'est bien indiscret comme question, commence quand même par te présenter, ou au moins m’offrir un verre !”
Il eut un petit rire qui sonnait faux pour qui avait l’oreille, et s’attaqua à son assiette avec un appétit qu’il ne ressentait plus franchement. Il remerciait tous les dieux qui voudraient bien l’entendre pour la fausse contenance que pouvait donner un repas. Pour sa part, Jonas se faisait le plus discret possible derrière son épaule.
Il y avait deux solutions suite à cela. Soit l’atmosphère serait détendue, soit la situation allait s’empirer. Ce garçon n'avait certes pas l'air du genre à se montrer agressif lui-même, surtout étant donnée la timidité avec laquelle il s'exprimait. Cependant une parole pieuse dans une oreille bien-pensante, et la soirée pouvait tourner au vinaigre en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Il espérait que ce n'était que de la curiosité mal placée, mais on n'était jamais trop prudent, et s'il avait atteint son âge actuel avec toutes ses dents, considérant ses activités pas toujours très légales, c'est qu'il avait appris à ne pas toujours voir le bon côté des gens.
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(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Sam 11 Nov 2017 - 19:38
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Ahmes
Khahil
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Qu’est ce qu’il lui avait pris ? Ahmes aurait dû tenir sa langue mais il espérait tellement…. Tellement trouver d’autre gens comme lui que la question lui avait échappé. L’air que pris les deux individus et leurs attitudes lui fournirent la réponse : il avait l’impression de s’être vu dans un miroir un cours instant, la crainte d’être pris sur le fait. Pourtant, le Namès ne savait pas quoi faire de cette information compromettante. S’excuser ? Leur promettre de ne rien dire aux autres ? Il n’en avait pas l’intention mais les deux hommes ne pouvaient pas le deviner. Pendant qu’Ahmes se posait de telles questions, le repas fut servi au blond qui lui répondit un :
“C'est bien indiscret comme question, commence quand même par te présenter, ou au moins m’offrir un verre !”
Ahmes ne savait décidément pas comment se comporter, ne croyant pas une seconde au rire de son interlocuteur - après tout quelqu'un de "normal" l'aurait surement frappé pour ça. Bien, il savait à présent que ça existait pour d’autre personne que lui et…. Et maintenant ? Les pauvres risquaient de stresser s’il les laissait en plan maintenant sans aucune explication de sa part. Le jeune homme se rassit et profita de la perche tendu pour remonter la pente de cette situation bien ardue. Reformant une assurance plus de façade qu’autre chose, il déclara, baissant d’un ton :
- Désolé… C’était assez inconvenant vous avez raison. En réalité je m’appelle Ahmes Khahil. Je suis originaire de Karnès mais je suis soigneur vagabond depuis que… On m’a jeté dehors.
A quoi bon mentir à ce sujet ? Une lueur d’hésitation passa dans son regard puis il décida de continuer maintenant qu’il était lancé.
- Je suis rassuré d’avoir trouvé des gens comme moi… C’était idiot. Je ne vous importunerais plus.
Des gens comme lui… Ce n’était pas forcément l’expression la plus méliorative pour désigner sa condition mais il ne savait pas comment l’appeler autrement. Songeant que le couple souhaiterait peut-être plus d’intimité plutôt que d’avoir à faire à ses questions gênantes – ce que le jeune homme comprenait tout à fait - Ahmès se releva du tabouret dans un froissement de tissus afin de commencer de partir dans l’optique de monter à l’étage.
(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Ven 17 Nov 2017 - 17:24
Il y eu un moment de flottement durant lequel Rhys eu tout le loisir de regretter à peu près tous les différent aspects de la soirée et tout ce qui avait conduit à cette situation désagréable. Il ne pouvait pas en vouloir à Jonas – lui-même n'aurait pas fait plus attention – vu qu'ils évoluaient depuis plusieurs jours déjà dans l’ambiance détendue de Saona. Vraiment, il ne se serait pas attendu à croiser ici un Namès. Et encore moins un Namès disposé à remarquer ce genre de chose. Il avait déjà remarqué que la plupart d'entre eux étaient particulièrement obtus et aveugles à ces questions – ce qui les avait protégé plus d'une fois.
Il était soulagé que sa minable tentative de faire un peu d’humour, à défaut de détendre l’atmosphère, ait réussi à débloquer un peu cet étrange garçon. Celui-ci semblait encore plus anxieux que les deux Parlèms réunis, ce qui était étonnant. La chose commença à s'expliquer lorsqu'il avoua avoir été “jeté dehors”. Rhys ne connaissait pas particulièrement bien les lois qui régissaient Karnès mais il ne pouvait pas imaginer que n'importe quel crise puisse aboutir à un tel châtiment. La suite finit de l’éclairer. Même si la formule était empreinte de mépris il était évident que c'était des mots répétés.
À peine avait-il fini de s'excuser qu'il se leva et commença à partir, ne laissant pas le temps de réagir ni à l'un ni à l'autre de ses interlocuteurs, qui se regardèrent un moment, pleins d’hésitation sur la marche à suivre. Rhys était à peu près convaincu qu'il serait plus confortable pour tout le monde si la conversation s'arrêtait ici et qu'ils pouvaient tous oublier ce qui venait de se passer. D'un autre côté ses voyages lui avaient depuis longtemps fait réaliser la chance qu'il avait eu de naître là où il était né et de ne pas avoir eu de problèmes pour ce qu'il était. Après quelques instants d'indécision et avec un lourd soupir, il se leva à son tour et suivit Ahmes, non sans avoir attrapé la miche de pain et le fromage qui lui étaient destinés – son repas n'était pas terminé et un peu de nourriture pouvait toujours être utile pour apprivoiser quelqu'un.
Il rattrapa le garçon en haut de la première volée d'escaliers et l’arrêta d'une main sur l'épaule, qu'il retira presque aussitôt.
“Attend une minute.” Il se tut et laissa passer un client un peu aviné qui descendait de l'étage supérieur. “Viens avec moi.”
Il accompagna ses mots d'un signe de la main, et s’engagea dans le couloir au lieu de continuer à monter. Il se rendait compte que son comportement était peut-être un peu abrupt pour le jeune garçon – raison pour laquelle Jonas n'était pas venu – donc il ne voulait pas le contraindre à le suivre, mais il préférait vraiment pas rester au milieu de la cage d'escaliers. Heureusement la chambre qu'ils avaient louée n'était pas loin et c'est là qu'il entraîna Ahmes, après qui il referma la porte. La chambre était confortablement meublée, et les seules choses qui n'étaient pas nettement rangées étaient des piles de livres et de parchemins divers sur une table. Ignorant le désordre, Rhys fit signe à Ahmes de s’asseoir où il voulait. Lui-même prit place sur un des lits.
“Assieds-toi. J'ai l'impression que tu es plein de questions comme celle de tout à l'heure. Tu peux les poser si tu veux, maintenant qu'il y a moins d'oreilles indiscrètes.”
(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Dim 3 Déc 2017 - 14:32
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Ahmes
Khahil
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Ahmes pensait se terrer dans sa chambre. C’était la seule solution après s’être mis une honte monumentale. Visiblement il n’avait pas assez effacé son côté spontané qui aurait pu encore lui créer des ennuis. A moins qu’il en ait finalement ? Le blond l’avait rattrapé soudain, mais ne semblait pas vraiment agressif. De toute façon, Ahmes savait se défendre malgré son apparence d’âme perdu, aujourd’hui il pouvait même avoir l’air inoffensif comme un jeune garçon trop curieux. Il aurait dû refuser mais finalement sa curiosité l’emporta, autant aller jusqu’au bout de la situation dans lequel il s’était mit. Oh, une discussion ? Le jeune homme regarda les lieux puis son choix se porta sur l’autre lit afin de s’assoir.
“Assieds-toi. J'ai l'impression que tu es plein de questions comme celle de tout à l'heure. Tu peux les poser si tu veux, maintenant qu'il y a moins d'oreilles indiscrètes.”
Le Namès en resta bouche bée. Le barde acceptait de répondre à ses questions ?! Cela le rendait soudain gêné, son costume de voyageur agressif lui semblait soudain bien ridicule, comme s’il avait enfilé un vêtement trop grand pour lui. Les mots se bloquaient dans sa gorge. C’était incroyable que quelqu’un veuille lui répondre. Peut-être n’aurait-il pas de seconde chance, pourtant… les questions ne voulaient pas sortir dans un premier temps. Ahmes triait, choisissait difficilement la plus pertinente et fini par demander, relevant ses yeux sur le barde :
- Est-ce que vous avez fui ou… On vous a jeté dehors aussi ?
C’était une possibilité après tout pas très étonnante. Le Namès les trouva chanceux d’être ensemble néanmoins, cela éveillait son espoir mais aussi… de la jalousie. Pourquoi Ethaliel ne lui avait pas donné de partenaire à ses côtés ? Voyager était parfois dangereux et Ahmes ne voulait pas mourir seul et vierge, il voulait lui aussi du réconfort. Le jeune homme chassa de telle pensée de sa tête pour le moment puis s’excusa de sa maladresse toutefois :
- Désolé… Je n’avais jamais vraiment rencontré d’autres anormaux avant… Je ne connais pas trop les autres coutumes à ce sujet…
Pas vraiment une question que l’on pouvait poser au premier venu sans avoir l’air suspect. Il enleva sa capuche à nouveau, histoire de se mettre plus à l’aise, même si Ahmes avait du mal à prendre une posture détendu, peu habitué à se relâcher.
(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Mar 5 Déc 2017 - 12:01
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Ahmes le suivi jusqu'à la chambre sans discuter. Rhys se retint de faire une remarque et de secouer la tête. Ce garçon était à la fois trop nerveux et pas assez méfiant. Certes, à ce moment précis le barde ne voulait que lui parler et ses intentions étaient globalement bienveillantes, mais un des Namès qui l'avaient éjecté de Karnès aurait tout aussi bien pu avoir dans l'idée de le traîner dans un coin plus isolé pour lui passer l'envie de faire ce genre de réflexion. Il ne essayait pas le rendre encore plus mal à l'aise qu'il l'était déjà et se tut donc, mais il espérait qu'il ne se trouverait jamais dans une situation où la question aurait de l'importance.
Il le laissa prendre place et attendit patiemment qu'il trouve ses mots. Il avait l'air pris au dépourvu par ce retournement, et Rhys ne voulait pas le brusquer plus qu'il l'avait déjà fait. Il regrettait de ne pas avoir pris sa lyre en montant, mais il n'avait pas eu cette présence d'esprit, er il n'était même pas sûr qu'il en aurait eu le temps, de toute manière. L'instrument était un outil particulièrement pratique pour se donner une contenance dans une situation gênante. Il s'en servait aussi aisément pour faciliter les conversations difficile en intoduisant un intermédiaire dans le face-à-face, ce qui n'aurait peut-être pas été du luxe ici.
La première question qu’Ahmes réussit à formuler le pris au dépourvu. Il avait imaginé un paquet de questions plus ou loi gênantes, plus ou moins intimes ou déplacées – celles qu'il s'était lui-même posées à une époque – mais il se rendit soudain compte de la différence culturelle qui pouvait exister entre eux, et cela éclaira d'un jour nouveau leur interaction précédente. S'il ne pouvait même pas imaginer qu'on puisse voyager sans y être forcé, ni qu'on puisse vivre son homosexualité sans être immédiatement persécuté… Il n'était pas étonnant qu'il ait aussi vite pris la fuite sans demander son reste. Il était d'ailleurs d'autant plus impressionné qu'il ait accepté de le suivre.
Le temps qu'il tourne cela dans son esprit et qu'il essaie de formuler une réponse adaptée, Ahmes avait eu le temps de s'excuser une nouvelle fois, même si la formulation était largement inadaptée… Malgré toute la bienveillance qu'il inspirait à Rhys vues ses circonstances, celui-ci commençait à comprendre pourquoi il était si timide. À force de battre sa coulpe ainsi tout le temps, il devait forcément attirer les petites brutes qui prenaient un malin plaisir à tyranniser plus faible qu'eux. Il ravala un soupir, et enfouit son exaspération sous un masque de patience.
“Première “coutume” comme tu dis : évite de parler d'anormal. C'est généralement plutôt mal perçu, et tu ne devrais pas te considérer comme tel.”
Vu comme c'était parti, cette petite intervention allait lui prendre plus de temps que prévu. Il n'aurait pas le temps de reprendre sa prestation et de jouer plus longtemps ce soir-là – il ne faisait pas partie des saltimbanques qui jouaient toute la nuit durant et dormaient tout le long du jour suivant : il avait à faire dans la journée. Tout en commençant à répondre à Ahmes, il se leva et ôta son gilet coloré pour enfiler un chandail beige, bien moins sortable mais beaucoup plus confortable.
“Pour te répondre, ni l'un ni l'autre. On voyage pour des raisons personnelles et rien n'y personne ne nous y a forcé. On retournera chez nous à Arnlo quand on aura terminé ce pourquoi on est venus ici.”
(#) Sujet: Re: Cœurs amers et âmes orgueilleuses Mar 20 Fév 2018 - 0:44
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Khahil
Cœurs Amers et Ames Orgueilleuses
Ahmes écouta ce que Rhys avait à lui dire avec un air très concentré, presque comme s'il était l'émissaire d'un dieu apportant une parole révélatrice spécialement pour lui. Donc.... Il n'était pas anormal d'après le barde. Alors pourquoi ne pouvait il pas assumer qui il était sans avoir de problème ? Pourquoi l'avait on jeter de son pays natal ? Apparemment le blond et son camarade n'avaient pas été rejetés d'après sa réponse... Donc ils étaient en voyage de manière volontaire ? Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent de surprise ! C'était.... incroyable ! Le Namès en restant sans voix, ébahit. Cela lui ouvrait de toutes nouvelles portes jusque là inconnu auparavant.
- Arnlo ?
Il essayait de situer cette ville mais fini par demander :
- Où est ce que c'est ? Vous pensez que je pourrais y aller ? J'aimerais bien y aller une fois que j'aurais gagner un peu d'argent ici....
Parce que la solitude lui pesait et une part de lui envoya une prière à Etalhiel pour la centième fois afin qu'elle lui accorde enfin sa bénédiction. Etait-ce un signe ? Si il allait là bas allait il rencontrer l'amour, avoir quelqu'un pour le réchauffer, le réconforter, être lui même sans avoir honte ? Ses yeux vairons étaient empli d'un espoir naïf presque adolescent. Cela le fit rougir tout seul, se disant qu'il devait avoir l'air ridicule.
- Désolé, je dois paraître très inconvenant mais... je n'ai pas encore voyager par là et euh... et bien... si jamais vous rentrez et qu'on se croise je serais ravit d'avoir des compagnons de route. Enfin si je ne vous gêne pas.
Parce qu'avec sa réaction première c'était pas forcément gagné. Mais, ce n'était pas parce qu'il avait l'habitude d'être peu entouré que c'était ce qu'il souhaitait réellement. Ahmes pouvait toujours monnayer sa Vérité contre de la compagnie - avoir un soigneur à porter de main ce n'était négligeable comme avantage en déplacement- mais il voulait surtout que les gens l'apprécient lui, et pas que ses capacités. Ahmes ne savait pas trop où se mettre, se dévoiler était devenue une chose si rare qu'il avait l'impression d'avoir ôté un petit poids de ses épaules.
- Je serais ravi de vous rendre service si vous avez besoin de quoique ce soit.
Il essaya d'agrémenté cette déclaration d'un petit sourire, chose devenue incroyable chez lui, au point que ses muscles faciales se crispèrent presque sous cet effort. C'était la moindre des choses pour avoir été patient avec lui et encaisser sa curiosité. Bien sur d'autres questions avaient fini par émerger mais il ne pouvait décemment pas demander comment on faisait... pour se tenir compagnie au lit. Ahmes préférait théoriser là dessus plutôt que de dire cela à voix haute. De toute façon ça ne pressait pas comme le principe était d'être deux ! Il attendit donc les réponses de son interlocuteur sur la localisation de la ville avec grand intérêt.