Depuis le printemps 1248, un petit groupe d'humains s'est établi discrètement dans la Plaine Isolée, leur campement est très modeste, mais à chaque saison, de nouvelles personnes venant de tous les horizons se rejoignent à eux. Ils se font appelés les Sans-Bannière, aucun dirigeant jusqu'à ce jour n'a entendu parlé de ce qui se passe au cœur de la plaine, mais il semblerait que ces personnes aient décidé de renier leur confrérie et bien plus. Oserez-vous rentrer dans leur campement ? Ils ne sont pas inoffensifs, mais laissent tout le monde entrer pour leur laisser la possibilité de les rejoindre. Accepterez-vous leur offre ? À moins qu'il ne s'agisse simplement de curiosité. Voici l'opportunité de découvrir une nouvelle façon de penser le monde.


Votre premier message introduira votre personnage dans cette situation. Arrêtez-vous lorsque vous arriverez à l'entrée du campement de fortune. Les frères vous laisseront entrer sans résistance, mais tout de suite l'un d'eux s'avancera vers vous.

Le MJ interviendra alors pour introduire un PJ qui vous proposera un petit duel particulier. Libre à vous de l'accepter ou non, mais si vous voulez en savoir plus sur cette communauté, vous n'aurez d'autre choix que de prouver votre valeur.

Rhys et Jonas faisaient route plein est depuis qu'ils avaient quitté Arnlo, plusieurs jours plus tôt. Ils avaient marché sans relâche, poussés par la nature impatiente de Rhys. Le trajet était suffisamment long pour ne pas perdre de temps à lambiner en chemin.
Ils faisaient étape aussi souvent que possible dans des fermes clairsemées dans la plaine, ou dans les auberges de petits villages, mais ils avaient quand même dû dormir à la belle étoile et avaient béni les dieux pour la douceur des nuits cet été-là.

La raison de ce voyage remontait à presque un mois. Après s'être produit dans un salon très huppé, le barde en avait profité pour fureter un peu à la recherche de rumeurs croustillantes dont il pourrait faire le commerce par la suite. C'était en passant devant un petit salon discret qu'il avait surpris une conversation des plus intéressantes. Elle concernait un groupe de renégats qui auraient élu domicile à l'extrémité Est de la plaine isolée. Apparemment, personne ne savait rien sur eux, qui ils étaient, ce qu'ils voulaient, quelles étaient leurs intentions. Et d'après la note inquiète qu'il avait perçue dans la voix des hommes qu'il espionnait, cette ignorance avait l'air de préoccuper la classe dirigeante. C'était donc une opportunité en or pour lui : il espérait pouvoir se renseigner discrètement sur cet étrange groupe en utilisant sa position de barde. Il pourrait ensuite éventuellement décider de vendre toute information qu'il considérerait comme utile.

Jonas n'avait pas l'air aussi enthousiaste que lui à cette idée. Il avait passé son temps renfermé sur lui-même ou bien à lancer le même débat stérile en boucle. D'ailleurs, il semblait sur le point de recommencer à cet instant précis.

« Comment peux-tu te lancer tête baissée dans cette entreprise. Tu ne sais rien d'eux et encore moins de l'accueil qu'on nous réserve ! »

Rhys soupira, secouant la tête d'un air las. Quand Jonas avait une idée dans la tête, il ne l'avait pas ailleurs. Difficile de garder son calme pour entamer le vingtième argumentaire absolument identique de la semaine, d'autant qu'il était tout aussi têtu et malgré sa patience, cela commençait à lui peser.

« Tu sais aussi bien que moi que ça vaut le coup. On a besoin d'argent, tu te souviens ? Et qui irait attaquer une paire de bardes pacifiques sans raison ? Donc à moins que tu n'aies en tête de te mettre ces gens à dos, on ne risque rien. »

Jonas grogna une réponse incompréhensible en remontant son sac sur ses épaules avant de s'emmurer une fois de plus dans un silence vexé. Puisque Rhys ne voulait pas écouter ses mises en gardes...

À peine quelques minutes plus tard, il s'arrêta brusquement et saisit le bras de Rhys, lui désignant une colonne de fumée qui s'élevait de derrière une petite colline à quelques kilomètres de là où ils se trouvaient.

« Tu crois que c'est eux ?
- Une seule manière de le savoir. Allons-y ! »

Ils parcoururent rapidement la distance qui les séparait du campement, qu'ils découvrirent au détour de la colline. Il était formé par plusieurs dizaines de tentes, placées sans précision militaire, mais sans anarchie non plus : il était manifeste que les personnes les habitant faisaient preuve de discipline : ce n'était pas un camp de bandits de grand chemin. Des chariot formaient un cercle protecteur autour des tentes, et plusieurs feux étaient allumés. De toute évidence, le repas du soir commençait à être préparé.

Les deux jeunes gens s'approchèrent du camp sans se cacher, les mains visiblement éloignées de leurs armes. Ils ne voulaient donner aucune raisons aux renégats de se méfier d'eux ou de les provoquer. Plusieurs hommes et femmes interrompirent leurs activités en les voyant arriver, l'air vigilant, mais personne ne s'opposa à leur passage. Une fois arrivés au niveau du premier feu, une personne se leva pour les accueillir.

Erreur...

« Savez vous où vous vous trouvez ? »

Pas un préambule, rien. L'homme qui les avait accueillis ne semblait pas s'embarrasser de fioritures, ni se répandre en conversation inutile. Quelque part tant mieux. Il était beaucoup plus aisé pour Rhys de naviguer dans ce genre d'environnement ; même s'il maîtrisait l'art de la langue de bois avec brio, parler directement était plus reposant. Il s'apprêtait à répondre quand l'homme continua :

« Vous êtes arrivés dans le campement de ceux qui ont juré de renier leur Vérité pour toujours. Ici, un monde nouveau est en train de se construire. »

Un monde nouveau, rien que ça. Malgré ses manières simples, il ne se mouchait pas du coude. Il se retint de ricaner à l'idée de voir tout un peuple renier la Vérité. Probablement des mal-lotis avec un pouvoir inutile. Il n'imaginait pas comment n'importe qui de sain d'esprit voudrait se passer volontairement d'un tel atout. Mais en dehors de ça, l'ambition était quelque chose que Rhys comprenait fondamentalement. Finalement, au-delà de leurs différences, peut-être étaient-ils fait du même bois.

Les deux jeunes hommes continuaient à avancer en direction de leur hôte, qui poursuivait son discours. Ils étaient parfaitement conscients que les renégats commençaient à les encercler petit à petit, l'air de rien. En regardant autour de lui, Rhys jaugeait le camp. Pour selon qu'une cinquantaine de personnes vivaient et travaillaient ici, l'ambiance était surnaturellement calme. Pas de discussions animées, pas de cris, pas d'enfants qui jouent, pas de commerçants vantant leurs produits. Juste ce calme étrange qui lui faisait froid dans le dos.

« Lequel d'entre-vous souhaite savoir s'il peut nous rejoindre ? »

Après avoir effleuré discrètement la main de Jonas en un signe presque imperceptible, Rhys s'avança. Contrairement à ses habitudes, il ne prononça pas un mot. Il essayait encore d'évaluer son interlocuteur, et jusqu'à maintenant celui-ci lui avait plutôt donné l'impression d'être un homme préférant les gestes à la parole. Il avait d'ailleurs continué son discours. Les yeux de Rhys s'étrécirent légèrement à la mention de son statut d'alchimiste. Ils s'étaient crus seuls dans la plaines, mais avaient-ils en fait été espionnés depuis tout ce temps ? Si c'était le cas, cela allait sûrement jouer en leur défaveur. Au moins à présent il était prévenu.

« Pourtant, je ne suis pas sûr qu’il soit à la hauteur. »

Alors là, non. C'était inacceptable. Au vu de ce qui l'attendait, Rhys n'était effectivement pas sûr de pouvoir remporter un combat dans ces conditions. Mais s'il abhorrait une chose, c'était d'être donné perdant avant même de commencer. Ses yeux se firent durs et il serra les dents, avant de faire encore un pas en avant, faisant face à l'homme à lunettes pour le regarder droit dans les yeux.
Le dos droit, le regard fier, les épaules carrées, utilisant son entraînement de barde pour faire porter sa voix aussi loin que possible tout en parlant naturellement, sans crier, il déclara pour que tous l'entendent :

« J'accepte ton défi ! »

- Très bien.

Lucas repositionna ses lunettes comme à chaque fois et attendit que son adversaire pose ses potentielles armes. Il était prêt à se jeter sur lui dès qu'il se positionnerait, l'ancêtre avait bien l'intention de montrer à cet intrus qu'il n'avait rien perdu de sa force. À peine jugea-t-il Rhys prêt à se battre, il commença à s'approcher lentement, les mains ouvertes devant lui, prêt à esquiver le moindre mouvement. Sa détermination comme à chaque combat était sans faille. Une femme commence alors à frapper un tambour pour annoncer le début du duel.

À moins de deux mètres de la potentielle recrue, Lucas referma ses mains et lança son poing dans l'estomac de son adversaire. Il n'essaya pas d'enchaîner les coups et se recula immédiatement après avoir donné la première offensive. Il voulait que Rhys ressente sa puissance et qu'il s'y prépare. Si Lucas pouvait se montrer sournois lors des combats, il avait toujours cet ancien réflexe d'être plus clément avec ceux ne lui semblant pas de réels guerriers.

Mais il fallait pas en attendre beaucoup plus de lui. Il était peut-être prêt à recevoir tous les coups de l'alchimiste, mais une fois sa revanche prise, il n'hésitera alors plus à user de ruse comme il l'a toujours fait. Il a appris à se battre dans les ruelles sombres alors que ses adversaires usés de leur Vérité, lui n'avait que sa ruse pour espérer gagner. Ainsi, chacun savait qu'il était loin d'être un honnête combattant et c'est pour cela qu'il avait été choisi pour cette fonction.

Tous les coups bas, il les utilisait sans hésiter. Un adversaire sans arme ou lui tournant le dos ne l'arrêtait pas et ce combat n'allait pas faire exception. Tirer sur les cheveux, jeter des braises ou de la poussière dans les yeux de son adversaire, faire un clin d'oeil à un spectateur pour avoir un coup de main. Tout est possible avec lui. Montrez lui que vous aussi, vous êtes prêt à complètement renier votre Vérité, sans pour autant perdre votre rage de vivre.

Blessures:

ps, je suis désolée pour la réponse au dessus. En ce moment je foire tous mes posts, d'abord j'ai posté avec Auxane et maintenant j'ai édité au lieu de citer pour récupérer cette foutue couleur... Promis je réparerais et remettrais en place le post du dessus.

Alors que la scène se mettait en place autour de lui, Rhys défit les sangles retenant sa lyre et la remit entre les mains de Jonas en lui adressant un petit sourire qui se voulait rassurant, même si lui-même aurait eu bien besoin de se sentir plus en sécurité. Rhys n'était pas homme à se lancer tête baissée dans une situation   sans avoir plusieurs cordes à son arc. Au besoin, Jonas était capable d'utiliser les capacités alchimiques de l'instrument, et n'hésiterait pas à s'en servir si les circonstances l'exigeaient.

Il déboucla ensuite la ceinture portant son épée et se débarrassa de sa cape de voyage pour les confier elles aussi à son ami, sans retenir un petit soupir de résignation. Pourquoi vouloir régler ses affaires en combat à mains nues ? La pratique remontait à des siècles et des siècles, il avait la sensation de se retrouver à une époque barbare bien éloignée de la civilisation actuelle. Malgré son manque d'habitude de la chose, il pensa tout de même à s'attacher les cheveux, faisant en sorte de laisser le moins de prises possibles à son adversaire. Il n'avait peut-être pas une grande expérience de combat, mais celle qui l'avait ne l'avait pas habitué à des affrontements loyaux : il était prêt.

Il fit enfin face à l'homme à lunettes qui se mit aussitôt en garde. Rhys en fit de même, adoptant une posture ressemblant à la position d'un épéiste. Ou plutôt étant exactement celle d'un épéiste, car il n'avait jamais appris d'autres formes de combat. Les deux adversaires commencèrent à se tourner autour alors qu'une femme donnait le signal du départ au rythme d'un tambour. Les politesses ne durèrent pas : dès qu'il fut à portée, l'homme porta le premier coup.

Aidé de son entraînement implacable, le jeune homme réussi sans effort à … se prendre le coup de poing dans le ventre. Plié en deux avec un poing crispé sur son ventre, le souffle coupé et légèrement nauséeux, il recula de quelques pas pour reprendre sa respiration. Bon, parti comme ça, le combat aurait l'avantage d'être rapidement terminé. Du coin de l'œil, il aperçut Jonas qui le fixait intensément. Non, hors de question de se laisser faire de la sorte. Il ne se faisait pas d'illusions : il n'arriverait jamais à se débarrasser d'un tel adversaire sans user de sa Vérité, mais il ne serait pas dit qu'il n'avait pas vendu chèrement sa peau, ni qu'il ne savait pas relever un défi.

Essayant de profiter de sa jeunesse et donc de sa rapidité, Rhys se jeta sur son adversaire, lançant son poing en direction du nez de l'autre, qui esquiva le coup sans trop de difficulté, en profitant même pour faucher la jambe droite du jeune homme, le faisant tomber sur le dos dans la poussière. Il l'enjamba ensuite, l'attrapant par le devant de sa tunique pour le redresser. Alors qu'il levait à nouveau le poing, Rhys en profita : attrapant ses épaules pour se donner de l'équilibre et un appui, il lui asséna son genou dans les parties de toute la force dont il était capable avant qu'il n'ait eu le temps d'achever son geste.

Sous le coup de la douleur l'homme le lâcha, et Rhys se saisit de l'occasion pour tenter de le déséquilibrer d'une bourrade de l'épaule. Une fois l'homme à terre, il le plaqua au sol d'un pied sur la poitrine. Malheureusement, le champion des sans-bannière avait récupéré plus vite qu'il n'avait prévu et lui attrapa la jambe pour le faire basculer à nouveau et faire reprendre la conversation entre son dos et la terre.

Blessures:

Le lutteur afficha un large sourire et dévoila ses dents légèrement jaunies. La situation l'amusait, son adversaire avait de la ressource et sûrement aussi peu d'honneur que lui. Finalement, il n'avait peut-être pas l'allure d'un guerrier, mais peut-être en avait-il l'esprit. Lucas laissa échapper son rire et il commença à dire à voix haute :

- Regardez ce que les dieux nous ont envoyé. On dirait une larve, à peine capable de se relever.

Il n'en pensait pas un mot, mais il avait envie d'enrager ce jeune garçon. Le premier coup qu'il avait donné laisser présager qu'il pourrait être redouble, ou alors, que ce n'était qu'un lâche. Lucas misa intérieurement, il était sûr que cet énergumène avait l'étoffe d'un héros, mais encore fallait-il qu'il le lui montre. Alors que le vieux était en train de tourner le dos à son adversaire pour s'amuser avec la foule, il crut sentir enfin son adversaire se relever pour lui foncer dessus.

Voulant en faire trop, et à cause de son âge avancé, Lucas ne s'écarta pas assez rapidement et il reçut enfin le coup qu'il attendait. Il se tenait là où il avait reçu le coup et recula de plusieurs pas dans la foule qui le repoussa au milieu du campement. Cela aurait pu être pris pour une preuve de faiblesse de se réfugier ainsi parmi les siens, mais Lucas surprit l'assemblée en tirant violemment sur le bras d'un de ses camarades pour le mettre en lui et son adversaire.

Il l'éjecta alors d'un grand coup de pied dans le dos sur lui. Il put ainsi avoir le temps de reprendre sa place au centre du campement et souffler un grand coup pour supporter le bleu qu'il sentait grandir là où il avait été frappé. Cependant, il se ravisa, il devait s'arrêter ici, il avait reçu le coup déloyal qu'il attendait, mais il avait envie de pousser cet étranger encore plus loin. Il était sûr qu'il pouvait le surprendre.

Désormais à nouveau seul, l'un face à l'autre, Lucas mima un mouvement brusque comme s'il allait se jeter sur son adversaire, mais ses pieds restèrent fermement ancrés dans le sol. Il leva les bras et s'exclama joyeusement :

- Tu es plus costaud qu'on dirait ! Et je suis étonné que tu ais si bien résisté =. Peut-être que la Vérité t'a déjà corrompue, mais à nos côtés tu pourrais tellement apprendre et réussir à t'en défaire. Ne t'ai-tu jamais dis que le monde irait mieux si nous n'étions pas tous divisé à cause de la Vérité ? Sache que tu es le bienvenue, avec ton ami, pour partager notre repas et discuter

Spoiler:

Rhys se releva pendant que Lucas ricanait encore à ses dépends. Après des années passées à naviguer dans la haute société d'Arnlo, s'il avait appris une chose, c'était à reconnaître la provocation gratuite quand il en voyait. Ce qui n'empêcha pas sa mâchoire de se crisper ni le rouge de lui brûler les joues : il était bien plus capable de faire face aux moqueries lorsqu'il n'était pas aussi clairement dans une situation vulnérable.

L'homme lui tourna alors le dos. En une seconde, Rhys croisa le regard de Jonas, resté dans l'assemblée à deux pas de là où se trouva Lucas. Le plan germa dans son esprit en une seconde, et il vit que son ami avait compris ses intentions. Il fallait seulement qu'il arrive à écarter son adversaire de sa trajectoire. Après un rapide signe de tête en direction de son complice, il se rua sur Lucas. Par chance, celui-ci n'eut pas le temps de s'écarter (ou bien fit exprès de ne pas bouger) et Rhys lui asséna un grand coup d'épaule entre les omoplates.

Première étape réussie, l'homme fut projeté dans la foule face à lui. Profitant de l'instant de confusion, Jonas  envoya sa dague à son partenaire, qui put à peine la dissimuler avant que Lucas se retourne. Pris par surprise, il fit de son mieux pour ne pas lâcher l'arme acquise malhonnêtement sans toutefois blesser la femme infortunée qu'on venait de littéralement lui jeter dessus. Elle ne dut pas se rendre vraiment compte de ce qui venait de se passer, car elle ne dit rien. En effet, à part un cri de surprise initial, pas un son n'avait franchi ses lèvres par la suite. Ces gens étaient-ils habitués à ce genre de manœuvre de sa part ?

Lucas s'était replacé au centre du cercle, lui faisant face. La situation était revenue au point de départ. À ce moment, Rhys s'attendait à voir un autre coup partir, et se prépara à le parer. Cela ne se fit d'ailleurs pas attendre : l'homme amorça un mouvement dans sa direction, et l'alchimiste se jeta sur lui. Il n'eut pas le temps d'enregistrer que son adversaire n'avait en fait pas bougé mais avait commencé un petit discours. Discours qu'il finit avec un couteau plaqué contre sa gorge.

« J'accepte ton invitation. Peut-être arriveras-tu mieux à me convaincre ainsi. »

Il recula d'un pas, ôtant la menace directe. Il tourna ensuite le dos à Lucas pour rendre la dague à Jonas, et récupérer en échange ses affaires qu'il lui avait confiées avant le combat. Il faisait un effort considérable pour ne pas montrer à quel point les coups de son adversaire l'avaient meurtri. Il était resté remarquablement  concis par rapport à son habitude, mais c'était autant par vexation que parce qu'il avait du mal à retrouver son souffle après les deux chutes à plat dos. D'autre part, il espérait que les préparatifs du repas ne seraient pas trop rapide car il se sentait encore légèrement nauséeux après le coup reçu dans l'estomac.

Jonas lui reprit son arme tout en le dévisageant de tous côtés pour s'assurer qu'il n'aurait pas de marque persistante au niveau du visage. Une fois satisfait, il lui tendit vêtements, armes et bagages qu'il avait en sa possession. Une fois Rhys rééquipé, ils firent tous deux face à Lucas pour la suite des événements.

Spoiler:

Un éclat se manifesta dans le regard de Lucas en voyant la lame. Il ne s'y était absolument pas attendu et son sourire s'était figé lorsqu'il avait senti le métal froid contre sa gorge. En voyant cette potentielle recrue repartir vers son ami pour récupérer ses biens, le vieil homme était content d'avoir réussi à pousser cet étranger à agir comme eux au moins une fois.

Peut-être qu'ils arriveraient à le faire douter lui et son ami. Lucas se dirigea vers ses invités alors que le reste des sans-bannière campement était en train de préparer le banquet au centre même du campement. Ce combat l'avait semble-t-il rendu euphorique et comme à chaque fois il voulut remercier son adversaire :

- C'est toujours un plaisir de combattre sans Vérité avec un nouvel adepte. Mais l'heure n'est pas au serment. Sachez juste l'ami que le campement des sans-bannières sera toujours bienveillant envers vous et prêt à vous accueillir. Et pour votre camarade, nous attendons de voir de quoi il est fait.

Lucas vous invite ensuite à prendre place sur les quelques tapis et coussins qui ont déjà été amassés à l'endroit même où vous combattiez quelques instants plus tôt. Autour de vous, le campement s'active pour tout préparer, tandis que certains allument les feux, d'autres pendant ce temps installent tout un tas de mobilier. Lucas quant à lui s'est installé et compte bien profiter de ce moment.

Il est de coutume pour les sans-bannières d'organiser une fête de trois nuits et de deux jours à chaque fois qu'une nouvelle personne est acceptée parmi eux. Cette fête ne prend fin uniquement que lorsque le sacrifice a été fait et il est déjà arrivé que certains invités s'en aillent avant, cependant, cela ne les a jamais arrêté. Afin d'offrir ce sacrifice à la déesse de la vie, le campement a pour habitude de se lancer dans un concours.

Tous ceux qui le veulent, peuvent partir à la chasse pour rapporter le plus bel animal qu'ils verront. Chaque proie sera ensuite attachée au milieu du campement pendant toute la durée des festivités. Puis quand les premiers rayons du soleil mettront fin à la dernière nuit, la prêtresse du campement sortira de sa tante, car elle seule peut choisir l'animal et lui arracher le cœur. Elle remerciera également les chasseurs avec le sang de la bête.

En règle générale, c'est souvent un duo qui l'emporte. Terriblement efficace lorsqu'ils sont prêts à coopérer, vous ne pourrez pas les rater si vous décidez de rester profiter de cette fête. L'un porte un tatouage, alors que l'autre affiche toujours un regard espiègle. Que vous restiez ou non, vous venez de faire du campement des sans-bannières un allié qui vous fait la promesse de retrouvailles et qui ne vous laissera jamais sans provision.

Lucas semblait bien mieux disposé envers lui après sa petite démonstration de malhonnêteté. Étrange, quel groupe de gens bizarres pouvait baser sa confiance sur ce genre de pratiques ? Il y avait décidément quelque chose qui clochait chez eux. Le reniement de la Vérité rendait-il les humains ainsi ? Mais quelle en était la cause, l'instinct de survie ? le refus de soi-même ? Autant d'hypothèses philosophiques auxquelles il ne tenait pas à réfléchir lui-même mais dont la réponse l'aurait intéressé.

Mais la fête qui s'annonçait ne semblait pas appeler au débat spirituel, si l'on en croyait la quantité de jarres dont l'odeur du contenu alcoolisé leur arrivait aux narines à plusieurs mètres. Alors que Rhys était en train de récupérer toutes ses affaires, il les reposa bien vite pendant que Lucas lui expliquait le déroulement des réjouissances. Certes, il était impatient de quitter cette étrange communauté pour retourner à l'honnête contrebande et aux intrigues de cour habituelles. cependant, il avait entrepris ce voyage et ce combat dans le but d'obtenir des informations sur ces Sans-Bannière, et quelle meilleure occasion qu'une immense beuverie longue de plusieurs heures ?

Il s'installa aux côtés de Lucas, et, appuyé en partie contre Jonas, dans une conversation qui malgré des thèmes différents semblait aussi plaquée, voire artificielle, que celles d'un salon huppé d'Arnlo. Néanmoins l'alcool aidant, les langues se délièrent vite et l'ambiance s'allégea rapidement, Rhys faisant preuve de toute la bonne humeur dont il était capable malgré ses côtes qui le faisaient souffrir suite aux coups dont le vieil homme ne l'avait pas épargné. Lui-même paraissait frais comme un gardon, comme si rien ne s'était passé, et c'était sans doute ce qui frustrait le plus le jeune homme.

Il déclina poliment la chasse qui lui était proposée. Cela n'avait jamais fait partie de ses loisirs, au contraire de beaucoup de jeunes nobles, et il tenait à s'éviter une nouvelle cuisante humiliation en revenant bredouille au camps. Il profita du ralentissement dans les festivités causé par le départ des chasseurs pour faire un peu le tour du camp, conversant tour à tour avec chacun des membres restant de la communauté. Cela lui en appris beaucoup sur leur philosophie et leur fonctionnement, et sur ce qui les avait poussé à renier leurs peuples d'origine et leur Vérité.

Jonas de son côté n'avait pas si bonne presse et les gens restaient un peu méfiant à son égard étant donné qu'il n'avait pas lui-même relevé le défi. Il arriva pourtant grâce à son contact amical à vanter suffisamment les mérites de Rhys avec sa lyre. D'après ce qu'il avait pu voir, s'ils disposaient bien de quelques instruments, notamment des percussions et des flûtes, ils ne possédaient rien d'aussi raffiné que celle-ci. Après quelques minutes d'encouragements et de fausse modestie, Rhys accepta de leur jouer un morceau.

Il jouait encore plusieurs heures plus tard lors du retour des chasseurs, le public captivé et émerveillé. Il ne s'interrompit que pour permettre à la prêtresse de pratiquer sa cérémonie. Puis, lorsque les bêtes furent préparées et mises à cuire sur les immenses feux de camp, il accepta un duo avec un des musiciens du groupe, puis un autre, et encore un autre, et finalement ce fut un véritable orchestre qui résonna dans la plaine.

Après les deux jours et trois nuits de festivités, les deux jeunes hommes remercièrent leurs hôtes et prirent la route en direction de chez eux, promettant de ne jamais oublier une telle fête.