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C’est sous une cape couleur terre que je sortais du domicile familial. Père était parti quelques jours pour son travail, tandis que mère était occupée en ville. J’avais pris la décision de participer à cette chasse sur un coup de tête après avoir entendu des gardes dire que cette année, il y avait peu de participants et que cela risquait de durer plus longtemps qu’à l'accoutume.

Étrangement, j’y avais vu dans cela une opportunité à saisir. Je me baissais pour récupérer mon arc qui était grossièrement caché sous mon lit puis je pris la direction de la forêt. En passant la porte nord, je dissimulais ma crinière au creux de ma capuche et éviter de croiser un seul regard. La veille, Eléanore m’avait assuré qu’elle avait bien enregistré mon inscription à ce concours. Il ne me restait donc plus qu’à partir en chasse.

Je connaissais mon arc et ma puissance de tir, mais la traque… C’était un défi que je me lançais à moi-même alors que jusqu’à maintenant, je n’étais sortie de la capitale qu’en de rares occasions pour des jeux innocents et futiles. Cela ne me ressemblait pas, mais les longues heures de solitude perdues dans la lecture de mes livres commençaient à m’oppresser. Peu à peu, je découvrais ce sentiment d’envie de liberté.

Bien évidemment, pour l’instant, il ne s’agissait que d’une chasse dans les abords de mon doux foyer, mais bientôt, cela ne me suffirait plus. Mon arc dans l’une de mes mains, j’essayais d’avancer rapidement sans pour autant prévenir toute la forêt de mon arrivée, ce qui n’était pas chose aisée, peu habituée à traverser de tels chemins. Je n’en avais pas encore vraiment conscience, mais la chasse avait déjà commencé.

Après plus d’une heure à descendre vers le sud-ouest, je montrais des marques de fatigue et le fait de ne rien avoir croisé, pas même un semblant d'empreinte pouvant appartenir à un satané Cerva Suma, je m’énervais et lançais mon pied contre une branche morte qui se fracassa contre un arbre juste à côté. Je m’adossai contre celui-ci et pris un instant pour reprendre mon souffle. Une légère brise fit frémir les feuilles environnantes.

Je levais les yeux vers la cime des imposants Mirlis, mais la ciel était à peine perceptible. Jamais je ne m’étais vraiment demandé ce qu’on pouvait bien ressentir là-haut. Je ne doutais pas un instant que ma petite soeur avait sûrement déjà ressenti cela, elle devait aussi avoir déjà couru de longues heures dans la forêt derrière des pistes de petits animaux. Elle aimait la forêt, et moi ? Je n’en suis pas tout à fait sûr.

Pour autant, j’ai encore au fond de moi un peu de courage pour essayer de bien faire les choses. Si seulement je pouvais rentrer avec le trophée. Après ça, mes parents seront obligés de reconnaître que je ne suis pas aussi fragile qu’il le pense. J’ai besoin de cette victoire, avant que je ne me mette à douter définitivement de moi. Ma main rencontre le tronc de l’arbre et je me pousse avec pour me donner un peu de dynamisme.

Pas question de se reposer un instant de plus, j'étais déjà suffisamment restée amorphe au fond d’une salle sombre. Je continue alors de marcher d’un pas plus ou moins déterminé et retire ma capuche, je n’en ai plus besoin ici et cela devient même un handicap. J’essaye de respirer calmement et de ressentir la Nature comme me l’a déjà montré Eléanore, mais rien n’y fait. Je sens juste le vent qui s’engouffre dans mes cheveux et j’entends deux oiseaux au loin qui semblent se répondre. Mais pas un seul Cerva Suma en vue.

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Je commence à perdre patience, mais continue de progresser rapidement. Je suis complètement absorbée par cette envie de remporter le concours, de prouver par cela que je suis capable de m'en sortir seule. J'essaye d'être le plus silencieuse possible, mais mon manque d'expérience est flagrant et sur mon passage, tous les animaux, ou tout du moins les plus inoffensifs, fuient avant même que je n'ai remarqué leur présence.

Les autres participants semblent-eux aussi absents. Depuis mon départ je n'ai pas remarqué qu'un demi-emprunte qui m'a semblé être celle d'une botte. Enfin, cela n'était qu'une supposition. Je me suis lancée dans cette aventure sans avoir la moindre notion de chasse, croyant que savoir utiliser mon arc serait suffisant. À quoi bon avoir des flèches cependant si l'on a aucune proie.

Sans moyen pour m'orienter, ni connaissance des environs, j'ai comme l'impression de tourner en rond, alors qu'au contraire, je ne cesse de m'enfoncer dans la forêt et mieux vaut que je ne pense pas au retour. Je n'ai pas envie de penser aux conséquences. Mon arc toujours en main, je commence à ralentir pour essayer d'être plus attentive à l'environnement qui m'entoure. Peu à peu, mes pas deviennent plus légers et je commence à apercevoir quelques créatures distantes, mais toujours pas de cerf en vue.

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JLa forêt commença à s'éveiller autour de moi. Je progressais lentement, mais désormais je pouvais apercevoir au loin plusieurs créatures inoffensives jusqu'à ce j'eus l'impression qu'ils fuirent tous vers la même direction. Je décidais donc d'aller à l'opposé pour voir la raison de leur peur, je restais à couvert de peur de rencontrer une bête sauvage que je ne puis contrôler. Je finis presque allongée dans la terre, dissimulée par de larges feuilles d'un arbuste, quand je vis un chasseur qui semblait prendre une pause.

Ne souhaitant absolument pas me retrouver face à lui, j'attendis qu'il reprenne sa route et soit suffisamment éloigné pour sortir de ma cachette. Sans me soucier de la saleté qui s'accumulait doucement, j'hésitais entre poursuivre ma propre route ou le suivre. Je ne pense pas que cela soit prit pour de la tricherie et puis je n'ai pas l'intention de titre le Cerva Suma qu'il pourra débusquer. J'agissais simplement comme trop souvent lorsqu'une chose éveiller mon intérêt. Préférant rester à distance sans m'impliquer.

Et puis, peut-être était-il un bon chasseur que je pourrais imiter. Avant de me décider à la suivre, je regarda le sol et vit les fameuses empruntes de l'animal tant convoité. Je pouvais toujours prétendre être sur sa piste depuis plus longtemps. Mon choix était fait. Je mis ma capuche pour dissimuler mes cheveux et passer inaperçu. Je ne voyais plus le participant, à cause de mon pas trop lent pour rester le plus discrète, mais peu importait, la piste encore fraîche de l'animal me suffisait pour continuer d'avancer.

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Je prenais mon temps, percevant au loin la silhouette du chasseur, évitant d'être trop près de lui au risque de le perdre de vue. Je n'avais peut-être pas l'habitude de me déplacer en forêt, mais rester aveugle aux yeux d'une personne, ça je savais très bien le faire. Pour une fois que cela m'était vraiment utile. Je ne me souciais pas du décor, mes yeux alternant entre l'ombre à l'horizon et les traces espacées qu'il laissait derrière lui. Cependant je ne pouvais ignorer le soleil qui descendait lentement dans le ciel et la forêt qui s'assombrissait peu à peu.

Nous étions maintenant sûrement à plus de deux heures de Saona. Même si je faisais demi-tour tout de suite et avec énormément de chance pour retrouver mon chemin, je ne pouvais arriver avant le retour de mère. Si je rentrais, elle ne me laisserait pas d'opportunité de revenir le lendemain et cette chasse était quelque peu devenue une quête d'indépendance pour moi. Si j'arrivais à rapporter le premier prix à mes parents, peut-être accepteront-ils de me laisser faire mes propres choix. Mon envie de réussir était sans faille.

Je continuais de suivre le chasseur alors qu'il semblait abandonner. Je me recroquevillais derrière un arbre, ma cape me recouvrant, alors qu'il revenait sur ses pas. Se reposant une fois de plus, je restais là à l'observer alors qu'il se désaltérait. Cette traque dans la forêt m'avait aussi épuisé, je lui tournais le dos, me reposant contre l'arbre et sortis ma flasque remplie d'un jus de fruit très sucré. Je ne voyais plus désormais l'intérêt de le suivre, mais je préférais attendre cachée qu'il parte pour me remettre à traquer le Cerva Suma.