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| Une matinée comme une autre ? | |
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Auteur | Message |
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| (#) Sujet: Re: Une matinée comme une autre ? Lun 6 Juil 2015 - 4:59 | |
| L'affirmation de son père, celle prouvant qu'il la connait assez bien malgré leur peu de contacts la fait se renfrogner une nouvelle fois. Ce n'est pas qu'elle n'a pas conscience que le temps passe : elle le voit en effet bien trop vite défiler. Mais Clara n'a jamais été diplomate, les nuances ou les dialogues non déviants ne sont pas son fort. La seule réelle personne avec qui elle arrive à causer normalement longuement connue d'eux deux est Nourrice qui la comprend à mi-mots. Se rajoutent à cela quelques servants et d'autres personnes en ville, avec qui elle s'entend un temps soit peu. Pour les autres qu'elle ne connait que bien trop mal ou pas du tout, souvent, soit elle babille trop, soit elle ressemble à l'un de ces chats sauvages qui ne savent que feuler ou à un mélange des deux ; la discussion n'est pas vraiment sa tasse de thé avec des inconnus et elle n'a pas l'habitude de se confier. Pourquoi son père, trop lointain et si peu connu, ferait-il exception ? Son désir d'attirer son regard, de l'entendre, le fait qu'elle retourne à l'âge avancé de six ans devant lui ne font justement que rajouter à sa confusion. Mais malgré tout cela elle ne regrette pas ses questions précédemment posées, même si elles paraissent folles et dérangées pour toute autre oreille que la sienne. Papa y a répondu et même si il ne le sait pas, certains de ses dires lui serviront, elle l'espère.
Elle se tait, même après la fin de ses explications à lui, réfléchissant aux données qu'il vient de lui fournir et tente de redevenir affable. Sans le savoir, il a répondu à tout ce qu'elle n'a pas demandé, sauf au plus important. Et puis, involontairement, elle l'a visiblement troublé, même si le sentiment n'a pas duré. Cela mérite clairement des efforts de sa part, même si il finit par comprendre ce qui la tracasse ou si son point de vue sur elle change par là. Après tout, il n'a pas non plus reparlé de l'idée de l'entrainer. Sans doute l'a-t-il déjà rangée dans les possibilités qui ne seront jamais, aussi pourquoi s'inquiéter tant que cela de son regard ? A part parce qu'il est son tolv de Père... Elle ferme les yeux, les rouvre, indécise.
Peut-être pour lui faire comprendre son point de vue, elle reprend la parole d'un ton trop doux pour ne pas être toujours tendu :
" Même si ce n'est pas tout ce que je veux savoir, tu m'as déjà appris des choses, avec ces questions. "
Explique-t-elle simplement. Rien ne se déroule comme dans ses songes, quand elle pensait à leur rencontre. D'abord elle n'a pas gagné, puis il a réagi tellement étrangement parfois à son regard de fille, que leur discussion est partie dans un domaine qui la met mal à l'aise parce qu'elle ne l'a pas travaillé.
" Si je te posais toutes celles que j'ai en tête, je suis sure que tu te mettrais à râler qu'il y en a trop. "
Elle dodeline de la tête en signe de négation, fait un geste de la main pour l'interrompre si il commence à parler. Elle cherche en elle un courage qu'elle n'a pas, fixe son père. Cela fait trop longtemps qu'ils n'ont pas parlé, et pourtant, elle va déjà signer la fin de leur dialogue, elle en est sûre. L'enfant prend un grand souffle, ferme ses paupières et déballe tout d'une traite, droite et fière sur Ainren autant qu'elle le peut malgré les sentiments qui l'assaillent. Clara regrette, au fur et à mesure de ses dires, son impétuosité et son habitude de se laisser emporter. Ses questions viennent toutes seules, retenues depuis trop longtemps dans sa gorge ; même celles qu'elle ne comptait pas poser. Le fait d'enchainer rapidement un si grand nombre de mots à au moins pour qualité de camoufler la fêlure de sa voix quelques fois, notamment quand les interrogations sont trop importantes pour elle. Il lui semble en s'écoutant qu'elles n'ont pas de sens posées toutes seules, mais elle ne veut pas devoir expliquer le contexte de chacune. Et puis son père a dit qu'il voulait les entendre, n'est-ce pas ? Alors qu'importe qu'elles soient chaotiques.
" Par exemple, quand tu parles de la peur, parles-tu aussi de celle qui rend idiot et incapable de faire quoique ce soit ? Celle-là aussi, tes buts suffisent avec ton courage ? Pourquoi est-ce tant différent selon les gens ? Comment cela s'apprend, de dompter sa peur ? Pourquoi se déclenche-t-elle parfois sans raison ? ... Es-tu heureux, papa ? Est-ce que tu me donnes le droit de tester les armes de la réserve pour voir ce qui me va mieux qu'une dague ? Comment oublies-tu tes mauvaises rencontres une fois que tu en as tiré les enseignements nécessaires ? Si je te disais que je veux aussi apprendre à me défendre pour protéger des gens là où l'armée n'est pas, comprendrais-tu ? Comment fais-tu pour être toujours sur tes gardes ? "
Ses doigts gantés se meuvent une nouvelle fois dans le vent, elle rouvre les yeux, déjà replongée derrière ses barricades. Un silence de quelques secondes s'installe puis se refait troubler par sa voix. L'inquiétude reprend le dessus.
" Je ne veux pas que tu râles. Et même si j'ai besoin d'apprendre, papa, de comprendre, je ne compte pas te demander de combler toutes mes lacunes. "
Elle fait une grimace ironique qui ne lui va pas.
" Il y en a bien trop pour un seul homme. "
Si elle le pouvait, elle lancerait Ainren au galop, là, maintenant, pour fuir sans se retourner. Mais elle a tant besoin de ces informations... Et puis la main de son père sur l'encolure de sa bête l'en empêche. Bordel, elle n'a pas intérêt de se remettre à pleurer. |
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Hektor M. Arnstven Messages : 220 Expérience : 83 PersonnagePrestige : (1/9) | (#) Sujet: Re: Une matinée comme une autre ? Mer 15 Juil 2015 - 23:23 | |
| Pendant quelques minutes il ne pu qu'entretenir l'idée générale qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait savoir, ou qu'elle cherchait une confirmation de par le principal intéressé de toutes ces idées et histoires qu'elle s'était construite au fil des années. Il avait beau essayer de percer le voile opaque de ces questions, il n'en retournait que confusion, ce qui eut tôt fait de l'agacer. Certes, il fallait toujours maneuvrer autour de l'homme, mais lorsqu'il demandait la franchise et la promptitude, il attendait à ce qu'on lui obéisse. Aussi oubliait-il trop souvent que sa fille n'avait que faire de lui obéir, et qu'elle continuerait fort probablement avec ces questions vides de sens jusqu'à ce qu'elle finisse par accrocher ce petit bout d'information qu'elle cherchait sans le savoir. C'était pour lui un exercice fastidieux et la lassitude le prit bientôt tout au corps. S'il avait envie de politique, peut-être serait-il resté au palais ce matin-là ? Car décliner comme accepter un duel de sa propre fille aurait tôt fait de lui donner une toute autre forme de travail.
Avant qu'elle n'eut entreprit sa tirade, il avait déjà commencé à reprendre le chemin, cette fois d'un pas plus assuré et rapide. Clara saurait certainement qu'elle l'avait agacé mais à quel moment ce sentiment était arrivé resterait probablement assez mystérieux pour elle, car elle n'arrivait pas encore à déchiffrer son père, comme beaucoup trop des siens. Il était toujours renfermé, prompt à la colère comme au rire mais bien souvent dans un laps de temps trop court, comme s'il passait aisément d'un sentiment à l'autre.
"Tu as probablement raison." Avait conclut le Général avant d'entamer sa marche vers la grande ville. Il n'avait pas envie de passer un interrogatoire mais si sa fille-même, dans toute son insouciance, croyait qu'il y en aurait trop pour cet étrange père qu'elle possédait, elle avait probablement raison. Et il n'avait même pas tenté de lui faire croire l'inverse. Il était déjà ennuyé, et se laissait peu à peu attirer dans les méandres de son horaire chargé, des rencontres, des entraînements, des documents à réviser, à signer, des décrets, des ministres... tout cela avait de quoi lui donner le plus solide des maux de tête et les questions de Clara n'aiderait certainement pas.
Évidemment, il avait ouvert une simple fente dans cette porte et elle l'avait franchie avec un fracas épouvantable. Il était cette fois bien responsible de son malheur, et il s'arrêta net lorsqu'elle se mit à débiter toutes ces questions comme si sa propre vie en dépendait. Les questions qu'elle posait, elle aurait probablement du les posé à un philosophe ou un sage, il était un stratège militaire et devait enseigner à ses hommes à faire fi de cette peur qui les paralysait... il devait être leur inspiration comme leur mentor, mais cela, Clara ne pouvait l'imaginer... car elle n'avait, heureusement, jamais vu la guerre, le combat.
Hektor resta silencieux un bon moment à la regarder, la bouche entrouverte, comme s'il cherchait des mots qui ne venaient pas. Mais il était en fait en train de traiter toutes ces questions pour lui donner une seule réponse concise, précise et idéalement non-engageante. Cette conversation lui semblait avoir duré une éternité, mais il n'était pas celui qui l'attendait depuis des années, visiblement. Il n'arriva pas à combler tous ces vides à la fois car visiblement elle n'avait aucune logique, aucun... sens... elle voulait savoir sans savoir comment apprendre. Quelle gamine faisait-elle parfois...
"Clara, ton esprit est à trop d'endroits à la fois. Apprends à être dans le moment, et à cesser de penser à l'infinité de possibilités. Juste la façon dont tu me poses toutes tes questions... elles n'ont aucun sens, aucune logique... pense avant de parler, avant d'agir, prépare un plan d'action et frappe au bon moment." Ce n'était la réponse à aucune de ses questions, mais beaucoup trop d'entre elles n'avaient pas de réponses faciles, ou il ne les connaissait tout simplement pas. "La peur se combat dans ta tête et dans ton coeur bien avant d'arriver face à un ennemi, tu dois apprendre à la contrôler, à la maîtriser. Tu ne peux pas la laisser te guider. Si je l'avais fait... nous serions en territoire Liare aujourd'hui, en ce moment. C'est à toi de combler tes lacunes et tu trouveras peut-être de l'aide, peut-être pas, mais si tu fermes les portes qui te sont ouvertes, alors j'espère que tu es prête qui sera longue et difficile."
Sur ce il lui tourna dos, elle sentit bien qu'elle venait de le perdre, alors qu'il se remettait en route vers ses obligations, vers cette énorme machine qui semblait l'épuiser et le tuer à petit feu. |
| | | | (#) Sujet: Re: Une matinée comme une autre ? Lun 20 Juil 2015 - 16:41 | |
| C'est trop tard. Il n'a décidément rien compris, pas davantage qu'elle sans doute. Si le duel leur a bien permis de parler à mots couverts, leur langue n'a visiblement encore pas été la même. Des informations ont bien filtré, des deux cotés, mais n'ont pas été analysées comme il le fallait. Ils ont tous deux laissé passer leur chance et une telle occasion ne se reproduira pas avant longtemps.
La peur est dans sa tête ? Vraiment ? Mirant son père s'éloigner, la gorge nouée, elle se frotte le bras, là où l'un des hommes l'a touchée, comme si elle sentait encore ses doigts dans sa chair et voulait les effacer pour une énième fois. Elle ne dit mot, longuement, se contente de ce peu de gestes en voyant son paternel s'écarter davantage d'elle. Si seulement... Non. Comme il vient de lui dire, elle pense trop parfois. Les traces de sentiments heureux qui avaient envahi son visage ont disparu au profit d'un air chagriné qu'il ne perçoit pas. Des palabres s'écrasent contre les barrières de ses lèvres. Papa... Elle soulève une main de la crinière de la monture de son père, mais la repose après quelques menues secondes. Papa est déjà ailleurs. Loin dans ses songes qui ne la regardent pas.
Digne, le dos le plus droit possible, après un soupir, Clara cherche à se recomposer un visage plus calme. Elle donne quelques coups de talons à Ainren pour qu'il avance à son tour plus rapidement. Le but est clair : dépasser son maître muet qui n'est pas le sien. N'a-t-il pas refusé, encore, de l'aider ? Non, pas vraiment, mais il n'a pas davantage dit oui. Au final, elle n'a même pas eu sa réponse. Pourquoi encore, a-t-elle voulu qu'il la voit et lui tende une main ? A quoi cela a-t-il servi à part encore se prendre des piques ? Il va falloir qu'elle se démerde seule. Comme il l'a expliqué. Comme d'habitude. Si il a fui ailleurs mentalement, sa fille en fait de même physiquement. Elle hésite à pousser le félin le plus vite qu'il peut aller, mais se retient de peur de le fatiguer ou peut-être de tomber.
Lorsque le château est en vue, l'enfant descend de son porteur. Une caresse est offerte en remerciement à la bestiole, avec un soupir :
" Retournes auprès de papa. " Lui murmure-t-elle avec un espoir de gamine détruit depuis un moment. " Ne le quittes pas, toi. "
Grimaçant, claudiquant, Clara Ana Arstven se précipite dans la cours, faisant fi des regards qui se posent sur elle. C'est d'un pas plus lent qu'elle se rend finalement chez le médecin. Une de ses mains passe dans sa chevelure trop longue, chassant quelques soucis au passage. Elle va devoir laisser passer quelques temps avant de prendre une réelle décision. Vu son état, la voilà incapable de voyager, si c'est cela qu'elle doit faire, à nouveau. Mais elle n'a pas envie de penser à cela maintenant, aussi ferme-t-elle ses paupières un instant. Elle les rouvre, se mord la lèvre.
Bordel. Nourrice va la tuer en la voyant dans cet état et tout raconter au général si elle ne prend pas le temps de se concentrer et de prévoir les prochains jours à venir. Même ses pensées, elle n'a pas le droit de les choisir en ce moment. Quel merdier de plus a-t-elle réellement provoqué avec son envie de taper son parent ? |
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