L’histoire d’Elend commença quand il vit le jour, la nuit du 18 Asmobor 1224 dans la ville de Raknès. Petit dernier d’une fratrie de quatre garçons. Son père était guérisseur tandis que sa mère était prêtresse de Poliote. Il reçut, lui ainsi que ses frères, une éducation très stricte de la part de leur père, celui-ci ne cessait de leur répéter de rentre dans la moule, de ne pas faire de vague… il n’avait jamais été bon d’être différent à Karnès.

Ses premières années se résumèrent à prier les dieux, manger, dormir et surtout apprendre à se faire petit. Pourquoi faire tant d’effort ? Car il sentait qu’il était différent de ces frères, des autres. La première fois qu’il se sentit vraiment différent fut lors de ces cinq ans. Tous ses frères avaient commencé à utiliser leur Vérité vers l’âge de cinq ans, tous des guérisseurs comme leur père, comme la plupart des Namès en fait.  Tous sauf lui. Sa mère inquiète voulu l’emmener voir les prêtres, demander de l’aide, son père refusa, les gens les auraient remarqué, et conclu qu’Elend avait juste du retard pour manifester sa Vérité.

Une année passa et toujours rien, aucun pouvoir de guérison était apparu. Elend n’oubliera jamais son sixième anniversaire. Il s’était enfermé dans sa chambre et restait prostré au fond de son lit. A ce moment-là, il était sûr de deux choses,  un, il était spécial, deux, son père allait le découvrir et il allait le détester pour ça. Il entendit les bruits de pas monter les escaliers, ils s’arrêtèrent au pas de la porte. Elle s’ouvrit lentement produisant un grincement, tel un requiem à son enfance ordinaire, Elend priait les quatorze dieux de l’aider, il voulait disparaitre. Il entra. Puis se figea au milieu de la chambre  balayant la pièce du regard comme s’il cherchait quelque chose… il le cherchait. La scène dura une dizaine de seconde durant lesquels Elend  cru être invisible, puis il l’aperçu... D’un mouvement brusque, il se précipita sur lui et l’attrapa fermement l’épaule, Elend ferma les yeux anticipant le coup qui allait suivre. Rien. Il rouvrit les yeux et croisa le regard de son père, ce n’était pas de la colère qu’il y voyait mais de la crainte mêlée à de l’inquiétude. Il commença à lui parler d’une voix tremblante :

" - Si on te demande quelle est ta Vérité… tu as un don de guérison. Si les prêtres te demandent ta Vérité… tu as un don de guérison. Si, tes frères ou ta mère te demandent quelle est ta vérité… tu as un don de guérison.  Compris, Elend ?"

Elend hocha la tête. Lors de ces six dernières, il avait vécu avec la peur d’être spécial, pensant que cela l’empêche de vivre heureux. Maintenant, il avait compris, l’important n’avait jamais été d’être comme les autres mais simplement de le paraître.

Suite à cette révélation, la vie d’Elend fût beaucoup plus facile. Il menait une double vie, enfant discret le jour et sale gosse fouinard la nuit (enfin pas littéralement, les nuits sont extrêmement dangereuses dans le désert de la patience). La tâche devenant plus aisée à mesure qu’il apprenait à maitriser sa Vérité. Il était heureux.




Le soleil était haut en ce beau mois Ciorel,  Elend regardait l’horizon, le sable s’étendait jusqu’à perdu de vue. Il allait enfin quitter Karnès après avoir passé presque vingt-deux années en son sein. Pendant un temps, il s’était concentré à étudier les différentes légendes sur les divinités et l’idée de devenir prêtre lui avait même effleuré l’esprit. Toutefois, ces histoires d’objets cachés dans des dédales, d’artefacts aux pouvoirs extraordinaires l’intriguaient au plus haut point.  Si ces choses existaient, elles devaient se trouver quelque part, attendant que quelqu’un les retrouve. Il décida ainsi que son rôle serait de chercher ces reliques et tout autre trésor qui demeurent cachés dans ce monde.

Il entendit le bruit d’une corne, la caravane allait partir. Profitant du remue-ménage pour se faufiler au milieu des hommes qui s’afféraient à charger des provisions dans les charriots, il se rapprocha discrètement de la tête de fil. Les marchands étaient  occupés à faire une dernière vérification de leurs inventaires sauf certains qui le dévisagèrent. A vrai dire, cette partie de la caravane était interdite au public, techniquement il était en infraction. Elend les regarda à son tour puis exerça une pression un peu plus forte sur eux. Ils reprirent leur travail sans broncher comme si Elend n’avait plus d’importance à leurs yeux. Profitant que plus personne ne s’intéressait à lui, il se glissa dans une des charrettes. Son aventure allait commencer, direction Arnlo.