Après avoir passé un petit mois dans la ville d'Orlack, Eïleen avait emprunté les chemins de fortune menant au mont Torgern pour y trouver ce qu'elle cherchait. Le Mont était réputé pour son sol riche en humus, et donc sa capacité à rendre toutes plantes viables. C'est donc dans ce coin et jusqu'à la limite de Veroni de Mali que la jeune Alchimiste s'était lancée afin de chercher deux plantes. Le Raifort, dit Armoracia rusticana, aux longues feuilles duveteuses et à ses petites fleures blanches, ainsi que le Shitake , un champignon au chapeau convexe brun roux et charnu. L'assemblage des deux à une température avoisinant les cent vingts degrés, et après refroidissement puis cristallisation totale permettrait de réduire les maux bénins du quotidien. La chasse aux plantes ne sera pas facile, mais Eïleen, connaissant bien son territoire, ne prendra pas plus de 9 jours pour trouver ce dont elle a besoin.

Les jours se superposèrent les uns derrières les autres. La jeune femme, émerveillée, s'amusait à cueillir des herbes qui lui semblaient totalement inconnues afin de les étudier en revenant à son auberge, à Orlack, dans quelques jours. Elle les poseraient délicatement dans son petit cahier de recherche entre deux feuilles de coton, qu'elle même avait fait quand elle habitait encore au temple avec ses trois déesses..

Elle aimait vagabonder quelques jours, sans donner de nouvelles. Cela dit, elle n'avait personne à qui elle pouvait en donner. Personne d'assez proche, ou d'assez vivant pour entendre ce qu'elle avait à dire. C'est pour cela qu'elle écrivait, pour qu'un jour, quelqu'un puisse lire ce qu'elle pensait jadis.

Le jour se leva sur le territoire. La jeune Liare avait dormit comme un Loire. Entre deux arbres, elle s'était construite un petit abri, avec des branches et du feuillage. La terre des Liares était relativement sèche et peu pluvieuse à cette époque de l'année. Elle aurait pu dormir à même le sol contre un arbre, mais cet abri lui permettait de montrer son territoire. Elle avait placé autour des branche des petites boules de pâte orangée, un répulsif très puissant.

Elle décida de ne pas porter sa cape. Cela était encombrant, et personne ne verrait entièrement son armure qui se fondait sur sa peau, laissant entrevoir les marques du passé. Elle marchait à pas serein, sure d'être seule dans cet espace qu'elle s'était improvisé sien.
Cependant, elle entendu du bruit. Elle ne reconnu pas bien si cela venait d'un homme ou d'un animal, mais ne perdit pas de temps pour s'approcher, d'un pas silencieux. Un art qu'elle maîtrisait bien... jusqu'à qu'elle trébuche et fit grincer les branches sous ses pieds.
Le bruit s'estompa, la pression s'installa. Les deux êtres se sentaient, ils étaient si proches.
Le feuillage s'estompa, et la stupeur fit de mise de part et d'autre. Un homme qui se tenait face à elle brandit son épée, prêt à la charge.
La jeune femme ne réfléchit pas, et sauta à un arbre, pour y grimper au sommet. Il n'était pas très haut, mais cela lui permettait de capter l’énergie nécessaire afin de menacer l'homme qui se tenait en face d'elle d'une petite boule de feu.

« T'es qui toi ? »

Dans ces circonstances, la politesse était écartée le temps d'un instant. Finalement, elle se rendit compte que celui-ci se défendait plus qu'il n'attaquait. Quant à la jeune femme, elle n'avait réagit que par peur.. Elle ne fit pas éteindre sa boule pour autant. Il vaut mieux prévenir du danger, que guérir ses conséquences...