Rumeur | Retour aux sources

(#) Sujet: Rumeur | Retour aux sources Lun 21 Oct 2019 - 22:20

Retour aux sources

Madène – Le 6 Samùn 1250

Le 3 Filiota 1250

Elle s’arrête au détour d’une dune, au moment où le scintillement des pierres blanches de la cité est visibles pour la première fois dans le lointain, sous le soleil de plomb du désert. Elle s’arrête et c’est comme si son coeur avait cessé de battre pendant une seconde. La ligne de la caravane continue d’avancer à côté d’elle mais elle ne le voit même pas, hypnotisée par la ville qui brille comme une étoile sur le sable. Chez elle. Toutes les fibres de son être vibrent en revoyant Karnès, elle se remplit d’une énergie qu’elle n’aurait pas cru connaître un jour. L’émotion qui l’envahit est indescriptible ; la joie, l’appréhension, l’appartenance s’entremêlent jusqu’à être indifférenciables. Pendant un moment, elle oublie qu’elle risque sa vie en revenant ici et brûle de lancer Blanche au triple galop pour rejoindre les portes au plus vite.

– Qu’est-ce qu’il y a ? Tu rêvasses ?

La voix grave du caravanier la ramène à la réalité. Seskel. Ses manières rudes l’intimidaient au début, mais elle a fini par se rendre compte que cet extérieur brut cachait un coeur en or. Il l’avait prise sous son aile sans lui demander qui elle était ni d’où elle venait. Il l’avait vue, embarrassée à l’idée de n’avoir pas assez d’argent pour payer le voyage, et il ne lui avait pris que ce dont elle pouvait se passer. Elle lui adresse un faible sourire, sans rien dire, et remet sa monture en marche. Blanche hennit doucement, sentant son émotion. Elle ne pourra pas entrer en ville aisément si elle ne fait pas partie d’un convoi. Les Namès forment un peuple méfiant, elle en sait quelque chose. Elle se replace dans le rang et replace devant son visage le pan de son manteau qui lui protège le nez et la bouche. L’habit, conçu pour le désert, a vu des jours meilleurs, mais son utilité justifie qu’elle l’ait gardé tout ce temps.

Deux ans déjà. Deux ans depuis qu’elle a quitté sa cité, la queue entre les jambes, fuyant des bien-pensants qui lui voulaient du mal. Elle était différente à l’époque, seule et effrayée. Elle a grandi, elle a vécu des choses qu’ils n’imagineraient pas, même dans leurs rêves les plus fous, et cela l’a changée. Elle a grandi, elle est devenue plus forte. Elle est prête à revenir aux sources. Elle ne sait pas ce qui l’a conduite jusqu’ici, elle a voyagé au hasard pendant des mois mais ses pas la rapprochaient toujours plus de Karnès, jusqu’à ce que le besoin de revoir le désert se fasse plus fort que l’inquiétude quant à ce qui l’y attendait.

Les heures passent, la ville apparaît et disparaît successivement derrière les dunes sans paraître vraiment se rapprocher, jusqu’à ce qu’elle s’impose à eux, massive mais gracieuse, rutilante dans la lumière du soir. Les gardes de la porte contrôlent les entrées et sorties, aussi patibulaires que dans son souvenir. Seskel s’approche de l’un d’eux et présente les papiers de la caravane. Pas démonté par l’amabilité de son interlocuteur, il entame la conversation pendant que celui-ci vérifie la validité des permis, il donne des nouvelles du monde et de la guerre. D’abord, elle n’écoute pas, trop occupée à contenir la tempête qui s’agite dans sa poitrine. Quelques mots attirent son attention.

– … ils sont obligés d’éviter les Récleyès qui grouillent sur tout le continent. Ils continuent de voyager avec, mais ils voudraient le cacher, paraît-il.
– Imagine ça, le rameau de l’Arbre n’est pas encore tombé entre leurs mains. Les dieux soient loués.
– Entre toi et moi, ça ne m’étonnerait pas qu’ils viennent le planquer ici. Après tout, quel lieu est plus sacré que Karnès ? Et puis la ville est imprenable, avec le désert qui nous protège. Que ces fils de chien essaient de venir le chercher ici ! Ils finiront en pâture pour les vers ! Pour moi, c’est la meilleure idée.

Avec un coup de tampon final, comme pour appuyer sa conviction, le garde rend la liasse de parchemins à Seskel et fait signe au convoi d’avancer.

(#) Sujet: Re: Rumeur | Retour aux sources Dim 27 Oct 2019 - 18:38

La rumeur est sur toutes les lèvres. À Karnès, tout le monde ne parle que de cela, à l'ombre des piliers de la ville, tous les commérages parlent de l'arrivée imminente des Gardiens et du fragment de l'Arbre. Mais surtout, les gens parlent des gardes envoyés à leur rencontrer pour les aider à surmonter les épreuves du désert. Il y a trois jours, une lettre est arrivée signée par un l'un d'eux qui demandait de l'aide à Karnès, car ils n'arrivaient pas à repousser les attaques des vers géants. Face à eux, le cercle de la lumière a envoyé tout de suite des hommes à leur rencontre et ils devraient rentrer demain.

Indications
Tu as deux options. Tu peux partir tout de suite et espérer pouvoir les surprendre à la faveur de la nuit en espérant ne pas te faire gober par un vers géant ou tu peux les attendre à Karnès et te renseigner discrètement sur l'endroit où le fragment sera gardé à leur arrivée.

(#) Sujet: Re: Rumeur | Retour aux sources Mer 25 Mar 2020 - 17:56

Retour aux sources

Madène – Le 6 Samùn 1250

Elle a le souffle coupé en passant sous l’arche qui perce les épaisses murailles de la cité. Un vide dévastateur en elle, qu’elle n’arrivait même pas à identifier se trouve soudain comblé. Elle est de retour chez elle. Durant sa longue absence, la ville est restée vivante et a changé, mais elle retrouve malgré tout le dessin familier des rues, le motif des bâtiments est resté le même. La vie s’est simplement déplacée, d’un quartier à un autre. Elle sent une chaleur réconfortante se répandre dans sa poitrine en voyant que non, Karnès ne la rejette pas, l’aura sacrée qui a toujours émané de ses murs blancs ne l’a pas foudroyée sur place à son arrivée. C’est le réconfort de revenir dans un décor si bien connu, mais également un doute supplémentaire. Après tout, quelle peut être la légitimité des dieux qui investissent l’endroit s’ils ne reconnaissent pas ceux qui les ont reniés. Elle se prend à se demander combien de Récleyès parcouraient les rues lorsqu’elle vivait ici, ignorante de leur persistance. Elle devient petit à petit persuadée qu’il en reste encore, qui rongent leur frein et attendent leur moment pour se révéler. Elle ne sait pas encore si elle les aidera ou les combattra, déchirée entre deux loyautés contradictoires.

La caravane longe les murs extérieurs pour rejoindre l’aire dédiée, non loin de la place du marché. C’est là qu’elle prend congé de ses camarades de voyage, après avoir remercié profusément Seskel pour son aide et sa gentillesse, et lui avoir promis de les lui rendre au centuple. Après tout, c’est uniquement grâce à lui qu’elle est ici, de retour chez elle. Jamais elle n’aurait pu traverser le désert seule, sans ressources pour survivre au climat, à la merci des vers des sables et de tous les autres dangers qui se dissimulent dans les dunes. Elle lui doit ce retour aux sources.

Après avoir pris congé, elle se prend à vagabonder sans but dans les rues, se familiarisant à nouveau avec l’endroit. Elle s’étonne de n’avoir pas oublié le plan de la ville, après deux ans à errer à travers la campagne. Elle passe devant l’ancien emplacement de sa tente, transformé en étal pour un bazar de bric et de broc dans le quartier pauvre. Elle n’en est pas émue. Après tout, elle a disparu sans crier gare et sans laisser de trace. Elle a perdu tout ce qu’elle possédait depuis ce jour fatidique, et elle n’aurait même pas pu se réinstaller si elle l’avait voulu. Cela lui fait penser qu’elle devrait trouver une solution pour dormir le soir, car si le soleil brûle en journée, la chaleur emmagasinée par les pierres peine à réchauffer suffisamment la nuit pour qu’elle puisse dormir à la belle étoile.

Elle profite d’être dans le quartier pour aller faire des emplettes. Yifrin – elle prie pour que son échoppe soit toujours ouverte – l’a toujours bien accueillie, quelle que soit sa réputation à l’époque. Il l’avait prise en affection depuis que sa mère était morte, peut-être qu’il n’aura pas oublié la petite pauvresse de l’époque à qui il offrait toujours un peu plus que ce qu’elle achetait avec ses maigres revenus.
Lorsqu’elle arrive devant la boutique, elle s’arrête, indécise. La porte est ouverte pour achalander le passant, des effluves d’épices s’en échappent. Il n’y a que deux personnes à l’intérieur, comme toujours, mais le vieux Yifrin arrive toujours à faire tourner son commerce, par un miracle apparent. Elle attend que les clients actuels soient sortis pour faire son entrée. Elle n’a pas envie de croiser des gens maintenant. Le marchand la salue machinalement en entendant le craquement du plancher, penché derrière son comptoir. Elle s’avance jusqu’à lui.

– Salut Yifrin.

(#) Sujet: Re: Rumeur | Retour aux sources Mer 25 Mar 2020 - 17:57

Retour aux sources

Madène – Le 6 Samùn 1250

En entendant sa voix, ou parce que son intonation lui a mis la puce à l’oreille, le vieil homme se redresse et la regarde avec des yeux ronds.
– Sapristi, Madène ! J’ai l’impression que ça fait des siècles que je t’ai pas vue ici ! J’ai entendu dire qu’ils t’avaient chassés du quartier, ces salopards, et je me suis fait un sang d’encre en te voyant jamais revenir. Qu’est-ce que tu es devenue, depuis tout ce temps ?
– J’ai voyagé. Je suis rentrée aujourd’hui, avec la caravane qui vient d’arriver.

Elle a presque les larmes aux yeux. Lui aussi se souvient d’elle, il se souvient de ce qui s’est passé. Toutes les voix, connues et inconnues, qui étaient revenues en force lorsqu’elle a passé les murailles jusqu’à en devenir assourdissantes se taisent soudain. Il ne reste plus que celle de la déesse, douce et ferme, qui lui murmure des encouragements.

– Par les dieux, tu as changé ! Est-ce que tu as un endroit où dormir ce soir ? Elle fait signe que non. Ah, ça ne va pas ça ! Tu ne peux pas passer ta première nuit ici à la rue. Tu n’as qu’à revenir à la fermeture, et je t’amènes à la maison. Ma fille est partie maintenant, on te trouvera bien une petite place confortable. Tu as des emplettes à faire, en attendant ?

Oui, elle en a, mais peu d’argent pour les payer. Alors elle achète un peu de nourriture pour Blanche, un peu moins pour elle, et une outre pour remplacer la sienne qui s’abîme. Après quoi elle remercie Yifrin pour sa proposition et lui promet de ne pas être en retard, puis ressort.

Dans les rues, c’est une effervescence dont elle n’a pas le souvenir. Elle finit par comprendre que la rumeur qu’elle a entendu du garde à l’entrée est dans toutes les bouches. Les Gardiens arrivent avec le fragment nomade de l’Arbre pour le mettre à l’abri derrière les murailles de la cité sacrée. Elle entend à plusieurs endroits la même chose : ils auraient demandé l’aide de Karnès pour repousser les attaques des vers géants et apporter leur trésor en lieu sûr.

Tu DOIS t’en emparer.

La commande vient comme un claquement dans ses oreilles avant même que la pensée ait eu le temps de se former dans son esprit. Elle comprend, pour que la victoire soit totale il faut détruire tout ce qui se rapporte à l’Arbre. Mais comment faire ? Elle ne peut pas se lancer dans le désert, même montée sur Blanche. Le risque est trop grand. Elle pourrait distancer à peu près toute la faune sauvage, mais les vers apparaissent par surprise et elle a vu leur oeuvre trop de fois pour vouloir jouer avec le feu. Si engager ainsi sa vie serait un sacrifice bien faible, elle ne peut pas en faire de même pour son amie. Et si elle meurt dans le désert, qui sera là pour apporter le rameau de l’Arbre à la déesse ? Elle ne pense pas être seule dans la ville, mais elle ne peut compter sur personne d’autre qu’elle-même. Non, elle guettera les grandes portes, et suivra les Gardiens jusqu’au refuge de leur précieux chargement.

La boutique de Yifrin ferme tôt, et il est bientôt l’heure pour elle d’y retourner. Le vieux marchand et son épouse lui font un accueil tellement chaleureux que son coeur se serre de gratitude. Le repas est calme et amical. Le couple lui transmet les mêmes informations qu’elle a entendu dans l’après-midi. Elle se sent presque coupable de la confiance qu’ils lui accordent. Elmina l’emmène ensuite dans l’ancienne chambre de leur fille. La pièce n’est guère plus spacieuse qu’un grand placard, mais cela lui paraît un luxe incroyable après des mois d’errances et de nuits à la belle étoile. Elle peut même profiter d’un bain qui lui fait le plus grand bien, après quoi la vieille femme lui offre une tenue traditionnelle blanche pour remplacer la sienne qui a vu de meilleurs jours. Elle a l’impression de revivre. Elle attend que ses hôtes soient endormis dans la pièce d’à côté pour sortir en catimini et rejoindre les murailles. Elle s’enquiert auprès d’un passant du sort des Anciens, et celui-ci lui confirme que personne n’est encore revenu.
Elle retrouve vite les habitudes prises dans ses voyage. Elle connaît la ville, cette fois, ce qui lui permet de rapidement déniché une cachette qui lui permettra d’observer la porte sans être vue. Elle attend, patiemment.

(#) Sujet: Re: Rumeur | Retour aux sources Dim 29 Mar 2020 - 18:17

Les gardes rentrent à Karnès au début de la nuit, la chaleur du désert s'est envolée, ils arrivent rapidement en haut des piliers de la ville et passent enfin la grande porte. Avant même qu'ils ne soient arrivés des murmures sont parvenus à toi, ils sont seuls. L'on ne voit monter que les gardes de la ville, aucun Gardien ne les accompagne. Tous ne sont pas rentrés. À peine sont-ils dans l'enceinte de la ville qu'ils sont assaillis par les habitants qui attendaient leur retour. L'un des gardes prend alors la parole :

- Nous avons porté secours aux Gardiens. Ils sont en ce moment même en train d'être conduits dans l'un des temples de la ville. Par mesure de précaution, ils ne sont pas passés par les grandes portes. Tous nos frères et soeurs sont sains et saufs, vous pouvez aller vous couchez serein. La rameau de l'Arbre est en sûreté dans l'enceinte de Karnès et sous l’œil protecteur des dieux.

C'est là une petite victoire dont les gens ont cruellement besoin en ces temps. Même si cela ne change rien au dérèglement de la Vérité ou à la perte de l'Arbre, en avoir même un fragment tout près d'eux rassure les gens qui rapidement se dispersent. La garde rentre à son baraquement pour prendre un repos bien mérité et donner le relais à leurs collègues. Karnès n'a jamais été une ville très dynamique la nuit, mais ce soir, la nouvelle s'est répandue à travers la ville et nombreux sont ceux qui sont sortis prier dans les temples.

Indications
À Karnès, tous les dieux de l'ancien temps possèdent un petit temple. Tu peux visiter deux temples par message, où penses-tu que le fragment a été caché ? Si tu mets plus de deux messages à trouver le bon temple, les temples commenceront à se vider et tu ne pourras plus entrer discrètement.

Cioriel, Uraang, Séliope, Eliosa, Simius, Niria ou Filéole

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Madène – Le 6 Samùn 1250

Elle se mêle à la foule qui se presse autour des gardes et les harcèle de questions. Elle veut entendre toutes les réponses, même si elle n’ose pas prendre la parole elle-même. L’interrogation qui revient le plus souvent est aussi la plus importante : où sont donc les Gardiens ? Dans quel endroit ont-ils trouvé refuge ? Les gens sont bien intentionnés. La plupart propose de leur apporter des vivres, des vêtements, des cadeaux pour les remercier de leur dévouement et de leur courage. Malgré tout cela, les miliciens refusent catégoriquement de dévoiler ce lieu secret. Enfin, en principe. Dans la pratique, ils ont déjà donné une indication majeure : il s’agit d’un temple. Bien qu’ils soient un certain nombre dans cette ville entièrement dédiée aux dieux, cela n’empêche pas cette information de drastiquement diminuer le nombre de possibilités.

Elle se dirige donc vers le quartier des temples, et elle n’est pas la seule à le faire. Malgré la nuit tombée, certaines rues sont secouées d’une effervescence plutôt inhabituelle dans cette cité où tout doit filer droit. Une fois encore, elle entend la rumeur dans toutes les bouches, et plus. Les Anciens sont bien venus chercher refuge dans l’un des édifices religieux. Lorsqu’elle arrive sur l'immense esplanade qui mène aux six temples des anciens Dieux, elle s'arrête. Voilà plus de deux ans qu’elle n’a plus mis les pieds ici, mais elle n’est pas dépaysée. Elle est écrasée par la grandeur des lieux et la présence divine comme au premier jour, si ce n’est que ce soir elle sent comme des doigts accusateurs pointés sur elle de toutes les directions. Elle est revenue traîtresse et s’apprête à commettre une nouvelle perfidie.

Du temple de Séliope la maudite, une foule d’âmes translucides s’écoule indéfiniment. Les esprits des condamnés à tort ou injustement est éternellement en colère contre la déesse qui ne surveille pas son clergé et le laisse instaurer des lois qui ne respectent en rien ses enseignements. Elle s’en détourne : ce n’est pas par ici qu’elle commencera ses recherches. Non, elle a des idées bien plus intéressante que cela. Elle n’attaque pas non plus par le temple d’Uraang. Elle n’imagine pas vraiment pourquoi quelqu’un viendrait y cacher quelque chose d’aussi précieux, pour prendre le risque de le voir se flétrir sous l’influence du dieu de la Mort. Ce n’est cependant pas la seule raison à son hésitation. Elle n’a pas oublié son incursion dans le domaine du dieu, et son expérience du Maldelly ne lui donne guère envie de se trouver à nouveau dans la sphère d’influence d’Uraang. Elle entend encore le bruit métallique de ses pas la nuit, dans son sommeil et se réveille encore en sueur et le coeur palpitant plus qu’elle le souhaiterait.

Sa première idée est de se tourner vers le temple de Cioriel. Elle n’a plus ressenti de connexion avec la déesse depuis le rituel, comme si tous les liens étaient coupés. C’est peut-être pourquoi elle représente le premier endroit où elle cherche. Les Gardiens de l’Arbre auront peut-être tenté de l’amener dans le lieu le plus éloigné de ses poursuivants, une divinité avec laquelle ils n’ont plus d’affinité. Et quel meilleur lieu pour ramener le rameau à la Vie que le temple de Cioriel ? Lorsqu’elle entre, le hall est rempli de croyants venus prier. La végétation est présente partout, du sol au plafond les couleurs sont vives et les feuilles verdoyantes. Elle baisse la tête et trouve une place près de deux prêtres en pleine discussion pour simuler une prière. En réalité, elle tente surtout de surprendre leur discussion pour y glaner des indices sur la localisation du rameau de l’arbre. S’il est ici, elle est persuadée que quelque chose finira par transpirer. Et si ce n’est pas le cas, elle se dirirgera vers le temple de Filéole. La déesse des vents et de l’avenir pourrait être une bonne protectrice de cette branche, qui représente à elle seule le futur de Madelle.

Quand tu rentres dans le temple de Cioriel, tu peux voir parmi la foule deux gardes sortir accompagnés par plusieurs personnes aux visages fatigués. Tu peux en déduire facilement qu'il s'agit des Gardiens qui ont amené le fragment de l'arbre. L'artéfact est en ces lieux. De nombreuses personnes se sont venues dan ce lieu et tous les prêtres sont éveillés et arpentent les couloirs du temple dans tous les sens. Tu remarques rapidement que toutes les allées et venues sont surveillées par plusieurs prêtres qui font office de gardes aux portes menant à l'arrière du temple.

Dans la salle principale où se trouve l'autel, les habitants de Karnès prient tous en exultant leur joie. Ce temple si calme d'ordinaire et ce soir envahit par les acclamations des fidèles qui se réjouissent entre eux de la venue du fragment et remercient la déesse d'être toujours présente pour apporter la vie et l'espoir dans ce monde. Se mêler à la foule est un jeu d'enfant, mais les prêtres sont tous très vigilants et bien plus nombreux que d'ordinaire où il n'y en a que deux ou trois qui accueillent les gens.

Indications
Décideras-tu d'attendre patiemment au milieu de la foule pour profiter d'un moment d’inattention des prêtres ? Ou décideras-tu de sortir pour trouver une autre entrée ?

Peu importe le choix, tu peux rentrer, mais le MJ interviendra dès que tu seras dans les couloirs du temple pour te dire si tu te fais attraper ou non.

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Madène – Le 6 Samùn 1250

Elle reconnaît à peine le temple, tant l’agitation qui y règne ce soir est inhabituelle. Elle aperçoit ceux qu’elle identifie comme les Gardiens quitter les lieux, accompagnés de gardes. Ils sont fatigués, mais ils ont les mains vides : ils ont bien laissé leur précieux chargement ici. Elle n’ose pas adresser de prière à la déesse ici, dans le temple d’une autre, de peur que la foudre divine ne la trahisse aux yeux de tous. La présence de Sydillia l’accompagne pourtant, ici comme ailleurs, douce et rassurante. Elle reste immobile à sa place quelques minutes, feignant la dévotion. Cela lui donne le temps d’observer ce qui l’entoure.

Il n’y a plus de gardes, la milice fait des rondes dans les rues mais les temples s’occupent de leur propre protection. Les prêtres, en revanche, sont bien plus nombreux que dans ses souvenirs. Elle ne se rappelle pas d’en avoir plus de trois ou quatre en même temps lors des cérémonies importantes. Aujourd’hui elle peut à peine les compter. Certains font le tour des fidèles pour répondre à leurs questions, d’autres semblent patrouiller à la recherche d’intrus, et d’autres encore montent la garde devant les portes menant sur la partie arrière du temple. Les adeptes n’y sont que rarement autorisés mais la confiance est habituellement là. Comment va-t-elle pouvoir faire pour s’y glisser sans attirer l’attention sur elle ?

Alors elle patiente, attendant le bon moment pour se lancer. Lentement, prudemment, elle se glisse à la périphérie de la foule, proche de ces portes. Elle cherche un plan qui pourra lui permettre de déjouer la vigilance des prêtres, sans avoir d’idée. Comment les attirer ailleurs, sans devenir le centre de l’attention elle-même ? Par chance, l’occasion lui est donnée rapidement.

– Je les ai vus ! Les gardiens étaient ici, le rameau est dans le temple !

C’est un homme d’une quarantaine d’années qui lance ce cri. Richement habillé, autoritaire, le genre d’homme habitué à ce que l’on exécute sa volonté sitôt exprimée. Immédiatement, l’attention de tous les religieux et de la plupart des fidèles se porte sur lui. Il essaie de forcer le passage pour rejoindre le saint des saints, toujours en hurlant.

– Laissez-moi passer ! Je veux le voir, il faut prier autour de lui pour restaurer l’Arbre !

Il tente tant bien que mal de passer et la situation manque de dégénérer alors que les prêtres le retiennent comme ils le peuvent. Un mouvement de foule s’amorce, se rapprochant des portes. Les sentinelles quittent leur poste pour venir en renfort à leurs confrères, laissant la voie libre. Elle n’a que quelques secondes avant que quelqu’un reporte son attention sur le passage, et elle saisit l’opportunité.

Elle se faufile entre les piliers, se dissimulant derrière la végétation luxuriante du temple, ouvre la porte et se glisse dans l’entrebâillement avant de refermer derrière elle. Elle n’est jamais entrée dans cet endroit, et n’a aucune idée d’où elle va devoir chercher son objectif. Les couloirs sont moins bien éclairés que la salle principale qui accueille les croyants. Elle devrait pouvoir se couler dans les ombres pour éviter d’être repérée.

L'endroit est désert. Derrière la porte tu peux entendre le chaos qui dégénère. Il ne te faut pas longtemps avant de découvrir où se trouve le fragment de l'arbre. L'endroit est sous bonne garde, deux prêtres sont postés devant la porte. Les gardiens sont dans la cuisine en train de reprendre des forces, mais d'ici peu deux d'entre eux arriveront pour relayer les prêtres. Ce sont deux jeunes hommes, l'un porte une épée courte à la hanche tandis que l'autre fait tourner sa lance sur elle-même. Ils sont assez distraits et discutent du fragment. Ils sont à deux doigts de pousser la porte pour le voir de leurs propres yeux.

Indications
Décideras-tu de saisir cette opportunité et de rentrer en même temps que les prêtres ? Ou essayeras-tu de te faire passer pour une prêtresse ?

À ne lire qu'après avoir fait ton choix:

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