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Auteur | Message |
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| (#) Sujet: La grande foire de Terna Mer 12 Juin 2019 - 19:19 | |
| Les événements ne manquaient pas à Terna, mais la grande foire de l'été était toujours un moment particulier pour la ville. Des marchands de tous les horizons venaient en ville et se mélangeaient à travers les rues. Même les boutiques de la ville fermaient pour la plupart et ouvraient à la place un stand dans la rue. Juliette avait trouvé un emplacement sous un grand préau, il n'y avait aucun risque qu'il pleuve aujourd'hui, mais les zones ombragées étaient les plus prisées. Elle était arrivée bien avant l'aube sur les lieux avec quelques hommes de son équipage pour l'aider à installer le matériel.
Trois tréteaux, une longue planche et une nappe couleur lila par dessus faisait office de table de présentation. Une fois les boites de transport toutes ouvertes et les plus gros objets posés à l'arrière de la table de présentation, les membres d'équipage partirent. Juliette retenu Mathieu et lui demanda de ne pas s'éloigner. Elle pourrait avoir besoin d'eux dans la journée pour transporter une marchandise si d'éventuels clients s'intéressés aux objets les plus imposants. Désormais seule, Juliette prit son temps de tout déballer. Elle ne faisait pas attention aux autres stands pour le moment, complètement focalisée par ses marchandises. Mais les échos à travers le préau et les espaces qui se remplissaient autour d'elle lui laisser suggérer que bientôt toutes les places seraient prises dans cette partie de la ville.
L'aube commençait à montrer le bout de son nez quand elle termina. Elle plongea une dernière fois dans une caisse profonde pour en sortir une petite théière en porcelaine héléo translucide, toutes les grandes dames s'arrachaient ce genre d'objet. Elle le mit bien en évidence et quand elle eut l'impression que sa table était bien achalandée, elle se laissa tomber dans le fauteuil qui se trouvait d'ordinaire à l'entrée de sa boutique. Elle l'emportait partout avec elle lors de ses déplacements sur les foires. Le nez en l'air, elle prit quelques minutes pour se préparer à sa journée. La concurrence allait être rude cette année. Elle n'avait pas pu venir l'année auparavant et elle comptait bien se rattraper celle-ci. Elle commença alors à jauger les marchandises autour d'elle.
Bien installée dans son fauteuil, elle avait une vue sur les stands autour d'elle, mais pas ceux éloignés. Cela suffisait, tout se jouer quand une personne arrivée dans l'allée, il fallait savoir être le plus convainquant. Tous les emplacements autour d'elle était pris. Elle se versa une tasse de thé encore tiédasse et prit un petit gâteau dans sa boîte à repas. Elle n'avait pas l'intention de bouger d'ici de la journée et elle avait tout emmené pour cela. Il fallait quand même qu'elle se modère sur la boisson, si elle pouvait demander à Mathieu de surveiller le stand deux minutes, elle savait qu'il ne serait d'aucune aide pour la vente. Son biscuit engloutit et sa tasse entre les mains, elle se posa confortablement dans le fauteuil et elle laissa son regard traîner autour d'elle. |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Mer 12 Juin 2019 - 23:49 | |
| Terna ! Voilà si longtemps que je n'y avais pas mis les pieds. Mais, je ne sais pas quel miracle, j'avais réussi à obtenir un stand à la grande foire, à l'ombre en plus ; un luxe ! D'ordinaire, les places partaient si vite, et à si grand prix, que l'humble marchande que j'étais ne pouvait que rêver d'y aller. Mais cette année était la bonne ; pendant des mois, j'avais mis des sous de côté, résisté à des tournées dans les bars, pour amasser de maigres économies. Et enfin, j'allais recevoir les fruits de mon labeur ! Vu la réputation du coin, et les quelques touristes qui passaient déjà çà et là, j'étais assurer de me faire un paquet d'argent. Et, en plus de ça, cet endroit promettait des rencontres ! Après des mois à me serrer la ceinture, je ne rêvais que de soirées dans les bars, célébrant les dures journées de labeur qui s'annonçaient, à crier, m'activer, bref : marchander. Mais l'heure n'était pas encore à rêver de doux breuvage ; encore fallait-il gagner ma récompense. Levée tôt de bonne heure, je me dirigeais vers le préau qui accueillerait mon stand pour la journée. Je ne regrettais pas du tout cette place : bien que le soleil soit encore bas dans le ciel, la chaleur estivale commençait à se ressentir. La journée allait être chaude ; au moins, cela atirerait les touristes. Avant toute chose, j'installais à Lalaith un petit abreuvoir, afin de m'assurer qu'elle puisse s'abreuver. Puis, j'installais toutes les marchandises que j'avais réussi à amasser au cours de mes voyages ; herbes, breuvages, spécialités locales, et autres bizarreries. Je me doutais bien que d'autres marchands ne manqueraient pas de proposer ce type de produit, mais j'avais de la voix à revendre ; qu'importe la concurrence, la clientèle finira par venir. En parlant de concurrence, jetons-y un coup d'oeil. Malgré l'heure, mes voisins s'étaient déjà installés, et je sentais que d'autres viendraient s'entasser dans le coin plus tard ; à la foire de Terna, l'ombre vaudrait presque plus cher que les marchandises. Un coup d'oeil à gauche me rassurait ; il n'y avait là qu'un vendeur de diverses patisseries et autres nourriture, venu sous le préau afin de s'assurer que le soleil ne gâcherait pas sa marchandise. Je lui adressais un aimable sourire, n'ayant aucune raison de me friter avec lui. Coup d'oeil à droite, maintenant… Bon sang. Celle-là, c'est une bonne. En un coup d'oeil, on voit que ce n'est pas une marchande de pacotille. A ses côtés, le stand dont j'étais fier me paraissait une maigre échoppe, digne des gamins qui vendent des fleurs à une kermesse pour se faire trois sous. Sérieusement ! J'avais entendu dire que la foire de Terna était exceptionnel, mais je ne m'attendais pas à telle concurrence. Madame a une belle table, une belle nape. Madame a du personnel. Et surtout, à mon grand désespoir, Madame a de sérieux produits ; une porcelaine de qualité imparable, qui luisait déjà au soleil. Bref, Madame était une vraie marchande, digne des grandes dames et des damoiseaux Parlèmes. Moi ? J'avais des herbes. Et une chèvre. Une chèvre qui semblait me regarder avec un air enthousiaste. Pour les autres, ça ne pouvait sembler être qu'un regard bête de chèvre, mais moi, je comprenais toute la signification derrière. Oui, je devais me reprendre ! Qu'importe la porcelaine de Mâdame et ses grands airs, j'y ar-ri-vrais. Parole de marchande ! J'adressais un sourire à Lalaith, qui bêla en retour. Et moi, moi, je prenais une grande inspiration, car de l'air, il m'en fallait, pour la gueulante que je pousserai ! « MESSIEURS DAMES AP-PRO-CHEZ ! »Les quelques clients qui avaient bravés la flegme matinale tournaient leur regard vers moi. Je souriais ; voilà déjà une petite victoire. Je recommençais à crier de plus belle. « Pour la grande foire de Terna, Messalina vous fait des prix sa-cri-fiés ! Retrouvez des produits exotiques, de la forêt des Mirlis aux grand désert de la Patience, j'ai parcouru toutes les routes pour VOUS trouver des produits ! Et aujourd'hui, je vous les présente, à des prix défiant toute concurrence ! N'hésitez plus, Messieurs, Mesdames, et laissez vous tenter par une variété unique, un luxe que vous seuls méritez ! »Voilà ! Je me permettais tout de même une légère pause ; pour économiser ma voix, mais aussi, pour commencer en douceur. Les clients venaient de se lever, allons-y doucement. De toute manière, les chineurs avançaient déjà ; plus qu'à patienter, et à continuer mes gueulantes quand l'afflu de monde se calmera ! - HRP:
Voilà de quoi commencer les hostilités ! Tu peux enchainer directement, ou bien laisser une légère ellipse, si tu préfères
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| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Jeu 13 Juin 2019 - 13:51 | |
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Dernière édition par Juliette Célian le Ven 14 Juin 2019 - 17:28, édité 2 fois |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Jeu 13 Juin 2019 - 17:19 | |
| Quelques personnes avançait, et la foule, encore timide, arrivait par petit groupe. Dès les premiers regards, je compris qu'une partie de ce public ne serait jamais ma clientèle ; loin des marchés plein de vie que j'avais l'habitude de cotoyer, ces gens semblaient… D'un autre monde. Oui, c'est le terme exact. Richement vêtus, ils n'avaient que faire de mes herbes, de mes breuvages, de mes produits ; eux, il voulaient LE produit, LA pièce qu'ils exiberaient à je ne sais quelle soirée mondaine. Ces gens là ne dédaigneraient même pas jeter un œil à mon échoppe ; au mieux, leurs domestiques viendront à leur place. Mais jamais une humble marchande comme moi ne pourrait faire irruption dans leur monde. Ces grandes gens, assurément, préféreront le calme d'une boutique de luxe, avec des vendeurs… Comme l'hautaine marchande qui se trouvait à ma droite. Voilà donc, comme pour prouver mes dires, qu'un homme s'avançait, comme hypnotisé par un des produits de la marchande. Pas même un regard vers mon échoppe, pas même un bonjour à Mâdame, rien. Une chose était sure, ces gens-la n'ont pas mon temps. Donc inutile de m'égosiller vers eux, autant chercher ailleurs. Pendant que Monsieur contemplait ces produits de luxe, mon regard accrocha celui d'une plus humble cliente ; une vieille dame, riche d'apparence sans grands excès, qui regardait mes herbes. Voilà une clientèle sans prétention, voilà ce que je visais. Je ne jalousais aucunement le grand monde, qui m'apparaissait froid et sans âme. Et ce n'est pas le visage coincé et les dialogues policés que j'entendais à ma droite qui me faisait penser le contraire. Attendez, ce dialogue. Avais-je bien entendu ? Un… « Véritable marchand ». Et son regard qui se plantait dans le mien. La puterelle. Je n'étais peut-être pas à son goût, mais une chose est sûre, j'étais suffisamment intelligente pour comprendre à qui elle faisait référence par ces mots. A vrai dire, je me demandais même si elle ne les avait pas prononcés uniquement à mon intention, car son interlocuteur n'en avais que faire de ces palabres. Au fond, il avait bien raison ; lorsqu'une telle vipère crache son venin, aucun intérêt à le recevoir. Sauf, bien sûr, lorsqu'on a pas le choix, et que celle-ci vous mort là où ça fait mal. Mais très bien, ma belle ; aussi gracieuse la vipère soit-elle, elle se fera toujours bouffer par la poule populaire. Avec un grand sourire, je retournais à ma cliente, qui regardait avec intérêt mes herbes. Sourire, politesse, chaleur humaine, voilà les principes du « véritable marchand », que je ne manquerais pas d'appliquer. « Bonjour Madame. Puis-je vous aider ? » Elle me répondait par un aimable sourire, qui me fit chaud au cœur. Elle m'expliquait alors rechercher des plantes pour des tisanes, qui permetteraient de calmer diverses douleurs dues à l'âge. Assurément, cela était dans mes cordes ; je n'étais pas médecin, mais j'avais récolté quelques plantes qui feront bien l'affaire. Je lui vantais les mérites de la sève de Mirlis, lui contant avec nostalgie les fêtes de Niria, repensant avec joie à ma région natale. Je lui proposais également de la poudre de Méridia, qui saurait peut-être la soulager un peu. A chaque produit que je lui présentais, je ne manquais pas de longs discours, qui me valaient les regards curieux des passants. La vieille finissait par me prendre quelques herbes, et me souriait. « Merci Mademoiselle ! Vos conseils m'auront été bien utile. Ce à quoi je m'empressais de répondre : « Mais de rien, Madame ; après tout, c'est là tout le travail d'une véritable marchande. » Avant de lancer un regard rapide à Madame la vipère. J'hésitais, avant d'ajouter, toujours avec un grand sourire. « Au fond, c'est à cela qu'on reconnaît les véritables marchands ; amabilité avec le client, humilité, connaissance de ses produits. Les grands airs de certains, ça, ce n'est que poudre au yeux ! Et je suis sure que les gens avisés comme vous, Madame, ne s'y tromperont pas. »
Je souriais en rangeant mon maigre gain, avant de baisser les yeux sur Lalaith. Ou du moins, là où elle devrait être. Et merde. Pendant que je discutais avec la vieille, elle était sûrement partie un peu plus loin, comme à son habitude. D'ordinaire, cela ne me dérangeait pas, mais il ne manquerait plus qu'elle aille courroucer Miss Vipère et ses compères… Ce que, sincèrement, je n'espérais pas. - HRP:
Je te laisse Lalaith à disposition pour la suite, amuse toi ! elle n'ira rien casser (bien élevée tout de même), mais si tu veux la faire bêler un peu dans tes pattes, n'hésite pas
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| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Ven 14 Juin 2019 - 17:27 | |
| Le client avait le nez dans l'horloge, alors qu'il approchait sa main de l'un des mécanismes, Juliette l'arrêta net en lui saisissant le poignée. À en voir sa tête, il n'avait pas apprécié ce geste, mais les quelques mots qu'il prononça furent à moitié mangés et complètement inaudibles. Juliette ne lui laissa pas le temps d'ajouter quelque chose.
- On regarde avec les yeux. C'est un très vieil objet qui a été remonté avant notre départ. Nous avons été très prudent lors du transport, je peux vous affirmer qu'elle fonctionne.
- C'est bien beau, mais si je ne peux pas réellement la regarder, rien ne me dit que c'est la vraie. Vous avez beau me sortir de jolies explications sur le transport, ça ne me dit pas si cette horloge ralentit bel et bien le temps.
- C'est de ma réputation dont il est question monsieur et je ne vous permettrais pas de la remettre en cause. Prenez donc le temps de faire un tour sur la foire si vous n'êtes pas convaincu. Voici ma carte. Elle la lui colla devant les yeux et il la récupéra bien malgré lui.
- Montrez là donc à d'autres antiquaires, ils vous assureront que mes produits sont tous certifiés, je n'ai jamais trompé un seul de mes clients sur les qualités d'un de mes articles.
- Hm. Nous verrons bien si vous êtes honnêtes. Puis il partit sans redemander son reste. Juliette avait un peu haussé la voix et quelques passants s'étaient arrêtés, attirant avec eux d'autres curieux. C'était le moment d'agir, leur attention ne resterait pas bien longtemps tourné vers elle. Même si ce n'était pas pour les bonnes raisons, toute attention était bonne à utiliser, ce n'était pas la première fois que Juliette devait s'affirmer. Ses débuts en tant que chasseuse d'antiquités avaient été très compliqués, aussi bien sous la mer que sur la terre et si son nom commençait à être connu dans le milieu, pour les clients ordinaires, cela ne voulait rien dire. Juliette allait pour se remettre près de son fauteuil, bien au milieu de sa table de présentation pour interpeller les gens, quand elle vit une forme sur le fauteuil.
Juliette poussa la boule de poils rêches et la tête de la chèvre qui était complètement enfoncée dans les cousins apparut avec un bêlement aigu qui fit reculer Juliette par surprise. Les jurons montèrent aux bords de ses lèvres, mais elle pouvait sentir le regard des passants dans son dos et se retient. Elle n'allait cependant pas laisser la bestiole à sa place. Ce n'était pas un endroit convenable pour une chèvre, elle aurait dû être mise au piquet à l'extérieur du préau. La surprise passée, Juliette hésita quand même en mettant ses mains autour de l'animal pour la forcer à partir. À peine eut-elle commençait à la toucher, qu'elle se leva et sauta du fauteuil en le renversant.
C'est à ce moment que le regard de Juliette croisa celui de la propriétaire. Elle avait une furieuse envie d'aller la voir pour lui demander d'attacher son animal de foire, mais les clients avant tout ! Elle contient autant qu'elle put son regard noir, restant figée une ou deux secondes avant de détendre les traits de son visage pour retrouver un air aimable pour essayer de bien paraître face aux potentiels clients. Elle redressa le fauteuil en râlant sur une infime rayure sur l'accoudoir et les traces de terre laissées par les sabots. Elle verrait cela après, pour le moment, il fallait présenter ses produits et son savoir-faire :
- Venez admirer des trésors oubliés ! La boutique de Célian propose des articles uniques en leur genre qui possèdent leur propre histoire. Si vous recherchez un cadeau pour épater votre fiancé et si vous ne voulez que des produits de qualités que les meilleurs artisans ont créé sur Madelle, prenez le temps de découvrir ces curiosités d'un autre temps. |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Mar 25 Juin 2019 - 16:23 | |
| J'eu à peine le temps d'entendre quelques bribes de la conversation de Miss Vipère que je me figeais. Lalaith. Royalement assise sur son fauteuil de luxe. Si je ne sentais pas que j'allais me faire crier dessus, j'aurai trouvé ça magnifique. Je l'aurai même récompensé, juste en imaginant la tête que ferais l'autre marchande. Mais si c'était très drôle en théorie, je sentais que ça allait moins l'être en pratique. Elle mouftait à peine, mais enfin, au moins ne criait-elle pas. Et, heureusement, Lalaith partit dès qu'elle compris qu'elle n'était pas vraiment désirée à cet endroit ; mine de rien, je ne l'avais quand même pas trop mal éduqué ! Bon, elle a renversé le fauteuil. Mais une chèvre est rarement connue pour sa délicatesse, au fond.
En croisant le regard furieux de l'autre marchande, je craignais un instant qu'elle ne me fasse une scène ; mais heureusement, elle ne semblait pas du genre à avoir le sang chaud. Dès l'instant où elle reprit ses airs de vendeuse, je m'approchais pour récupérer ma chèvre, tandis qu'elle déballait son monologue. Ainsi, Miss Vipère était en fait Madame Célian… Ce nom ne me disait rien, mais sans surprise, car nous n'étions définitivement pas du même monde. Je reprenais mes affaires, ne voulant pas la déranger actuellement, mais en gardant cette fois un œil sur ma chèvre.
Malgré toutes les piques qu'elle a pu m'envoyer, j'étais obligée d'aller lui adresser mes excuses concernant l'incident avec Lalaith. J'attendais l'heure du déjeuner, où la plupart des clients cherchaient d'avantage de la nourriture que des bonnes affaires. J'hésitais un instant, me doutant bien que ça ne serait pas une partie de plaisir… Mais après tout, j'avais mes principes, et je comptais bien m'y tenir. Je m'approchais donc, après m'être assuré qu'il n'y avait aucun client en vue.
« Madame Célian ? »
Je m'approchais, en espérant ne pas l'énerver d'avantage.
« Je tenais à m'excuser pour l'incident de ce matin… Lalaith est généralement assez calme, et je ne pensais pas qu'elle ferait une telle bêtise. J'espère sincèrement que cette maladresse ne vous aura pas causé trop de soucis. »
Voilà ; poli, efficace. Et pour le coup, je ne me mouillais pas trop ; quel soucis ma chèvre aurait-elle pu causer, à part priver Madame de son fauteuil quelques minutes ? |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Ven 12 Juil 2019 - 23:49 | |
| À la première heure de l'ouverture du marché, Juliette avait réussi à attirer quelques clients et presque remboursé ses frais de la journée, y compris une partie de la paie quotidienne de l'équipage, ce qui n'était pas rien. Réussir à entretenir un bateau n'était pas une mince affaire et pour parvenir à boucler ses fins de mois, elle avait dû passer un accord avec le capitaine. Il avait le droit d'utiliser autant qu'il le voulait le bateau de Juliette pour des missions annexes tant que cela n'entachait pas la réputation de son navire.
Juliette était plutôt contente de cette matinée, mais à l'heure du déjeuner était arrivée et plus aucun client ne s'arrêtait. Les odeurs des stands de nourriture étaient bien plus alléchantes que la fine poussière qui s'était accumulée sur les objets de son stand. Armée de son chiffon, Juliette était en train de nettoyer un miroir quand elle fut interrompue par une voix provenant à côté d'elle. Elle tourna le regard et reconnue directement la marchande du stand d'à côté. Surprise, elle ne lui répondit pas tout de suite et garda le miroir en main alors qu'elle l'écoutait s'excuser : - C'est très aimable d'être venue vous excuser. Heureusement ce n'est pas un article à vendre, ce fauteuil ne me quitte jamais. Une fois rentrée, j'aurai simplement à estomper l'éraflure qu'à laisser Laléth. Heureusement que ses sabots étaient propres, se garda-t-elle d'ajouter, ce tissu était véritablement une plaie à nettoyer. Ce fauteuil était le premier objet qu'elle avait déniché dans le monde des humains et essayer de vendre. C'était un objet si banal que personne n'avait compris son engouement autour de ce fauteuil et finalement elle avait décidé de le garder. Posé près de l'entrée de la sa boutique, Juliette n'hésitait pas à l'emporter quand elle partait sur son navire et à le sortir pour les jours de marché.
Le temps n'avait pas laissé une seule emprunte sur ce fauteuil, la marchande veillait en permanence à ce qu'il soit comme flambant neuf. Son regard s'était tourné naturellement vers le fauteuil, mais son silence fut très bref. Provenant de son ventre, un petit gargouillement résonna. Un sourire légèrement gêné brisa ses lèvres. Les odeurs aux alentours avaient également eu raison d'elle et elle confirma sa faim en demandant à la marchande : - Vous avez prévu un encas où vous comptez prendre quelque chose sur le marché ? Elle posa simplement cette question pour être polie et faire la conversation. Elle avait prévu aujourd'hui de se concentrer uniquement sur le marché, elle n'avait pas envie de commencer à se disperser en commençant à partir à la quête de nouvelles connaissances. Même si le stand d'à côté ne payé pas de mine, Juliette avait cru reconnaître des plantes de régions très différentes. La marchande n'avait peut-être pas beaucoup de moyens, mais au moins elle avait l'air d'avoir de la ressources et de savoir où aller.
Après tout elle avait bien réussi à dégoter une place à l'ombre du préau, ce n'était pas donné à tout le monde. Il était toujours intéressant d'avoir dans ses contacts un marchand itinérant pour avoir des yeux et des oreilles aux quatre coins du monde. Les échanges d'informations dans le milieu était monnaie courante, surtout entre des marchands de secteurs très différents, il y avait peu de chance qu'ils se fassent ainsi de l'ombre. - HRP:
Désolée d'avoir laissé passé plus de 2 semaines >< sinon c'est fait exprès la faute pour le nom de ta chèvre :p elle écorche un peu son nom.
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| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Mar 21 Avr 2020 - 1:35 | |
| Pas d'hostilités, pas de remarques sèches, et même… De l'amabilité. Bon, elle a écorché le nom de Lalaith. Mais Lalaith a écorché son siège, donc techniquement, c'est légitime. J'étais d'ailleurs soulagée que ce siège ne soit pas à vendre. Par principe, j'aurais voulu la dédommager, si ça avait été le cas. Mais ce n'aurait été que de la bonne volonté, car vu le standing de son échoppe, je ne pense pas pouvoir me payer le moindre de ses articles. Ceci dit, le fauteuil détonnait légèrement avec le reste, avec un air bien plus banal que ses produits hauts de gamme. Je me demandais même ce qu'il pouvait faire là, et soupçonnait une valeur cachée ; mais si tel avait été le cas, ce siège aurait surement été vendu depuis belle lurette, comme le reste. Le moins qu'on pouvait dire, c'est que sa boutique avait bien marché, tout au long de la matinée. La mienne aussi, d'ailleurs, et ce n'était pas l'afflux de monde qui me surprenait ; mais les clients qui l'abordaient, de manière seulement polie, et avec l'oeil du connaisseur. J'ai bien, parmi mes articles, quelques produits qui attirent ce genre de clients ; mais assurément bien moins que Madame Célian.
Perdue dans mes pensées, je suivais son regard… Jusqu'à ce qu'un bruit, bien moins délicat que la fameuse « Madame Célian », nous interrompe. Je lâchais un petit rire, pas moqueur cependant ; je dois avouer que, depuis le début de la matinée, mon regard déviait bien trop régulièrement vers les patisseries d'à côté. Aussi je n'allais pas manquer de profiter de la question de la marchande pour justifier ma gourmandise, et lâchais dans un sourire.
« J'avais bien prévu un léger encas, mais je vous avoue que le stand d'à côté donne plus envie ! Que diriez vous que je vous paye quelque chose ? Avec l'incident de ce matin, c'est la moindre des choses. »
Voilà, comme ça on serait quitte, et ces petites patisseries valent sans doute moins cher que la moindre pièce de bois de ce fameux fauteuil. Et puis, vu mon chiffre de ce matin, c'était quelque chose que je pouvais me permettre sans trop de peine ; les clients avaient afflué, et à forces de petits achats, je sentais ma bourse bien plus lourde qu'avant. A midi, j'avais déjà pratiquement rempli les frais de la journée ; et cet après-midi sera sans doute tout aussi productif, la plupart des clients affluant à ces heures là. Et à priori, je n'étais pas la seule déterminée à faire un bon chiffre d'affaire aujourd'hui !
« Très bonne idée, Mademoiselle ! Ravi de voir que vous savez reconnaître les bonnes choses… Qu'est-ce que je vous sers ? »
Je lançais un petit sourire à Madame Célian, en espérant qu'elle ne décline pas mon offre : désormais, le marchand ne nous lâcherait pas ! Je m'approchais légèrement, regardant avec envie les patisseries alignées sur l'étale. Tartelettes, viennoiseries, et quelques en-cas salés qui ne manquaient pas de me faire de l'oeil. Il y a avait même quelques pommes, de quoi récompenser Lalaith pour cette matinée à rester (presque) sage. Elle l'avait bien remarqué d'ailleurs, lâchant un bêlement avec ses yeux fixés sur l'échoppe. Je souriais au commerçant.
« Je prendrai un de vos feuilletés, une tartelette aux poires… Et une pomme ! »
Sur ces mots, je lançais un regard à Madame Célian, n'osant pas lui demander ce qu'elle prenait sans son accord. Après tout, peut-être était-elle plus polie qu'autre chose. Elle pourrait préférer rester seule à son stand, ce qui, en début de matinée, ne m'aurait pas étonnée. Mais je sentais une pointe d'amabilité, et les clients venaient moins à l'heure du déjeuner… Alors autant tenter ! |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Mar 21 Avr 2020 - 21:23 | |
| Attirée par l'odeur alléchante de cette proposition, Juliette avait bien envie d'accepter l'offre de Messalina. Même si elle avait prévu sa petite boite à déjeuner, elle était une piètre cuisinière et sa boîte ne contenait que quelques gâteaux secs achetés avant son départ du port d'Acretis, un morceau de pain et un poisson salé. D'ailleurs la proposition n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, car le marchand tenant le stand de pâtisseries réagit aux paroles de Messalina. Juliette n'aimait pas vraiment être ainsi poussée, mais si c'était gratuit ce n'était pas si grave :
- Pourquoi pas. J'avoue avoir aussi été attirée par votre stand dans la matinée monsieur.
Oui c'était décidé, son triste repas serait égayé par une petite douceur. Elle pourrait la partager avec Mathieu, en pensant au matelot qui était resté dans les alentours toute la matinée, Juliette le chercha parmi la foule disséminée. La plupart des gens étaient partis manger et Mathieu avait dû en faire de même, elle ne le vit nul part. Il ne reviendrait peut-être pas tout de suite, les autres membres d'équipage avaient quartier libre pour la journée, sûrement les rejoindrait-il. Tant pis !
Messalina avait fait son choix et lança un regard à Juliette qui réagit un peu confusément :
- Hé bien...
Son regard parcourut le stand dans toute sa largueur en à peine deux secondes. Clairement son petit poisson lui suffisait en salé, depuis ce matin, c'était l'odeur chaude des petites brioches qui avait attiré son attention. Enfin devant ces petites merveilles, Juliette hésita entre les brioches au miel et les madeleines fourrées de confiture de fraise. La tartelette aux pommes qu'avait pris Messalina donna bien envie à Juliette, mais elle avait envie de douceur après avoir avalé son poisson salé. Elle se tourna donc vers la marchande et sa chèvre puisque c'est elle qui régalait pour lui donner sa répondre :
- Une madeleine à la fraise pour terminer mon repas s'était tout à fait délicieux.
Elle reporta son attention sur le marchand :
- Vos pâtisseries donnent toutes envie ! Je repasserai sûrement en fin de journée vous prendre quelques douceurs.
Elle avait envie d'offrir quelques choses aux membres de l'équipage. Cela faisait presque six mois que l'actuel capitaine était à ses côtés et l'équipage n'avait presque pas changé depuis. Il n'y avait que Matieu qui était arrivé plus récemment. C'était la première fois que Juliette arrivait à garder un équipage aussi longtemps, elle avait commencé à désespérer après plus de deux ans en possession du bateau sans parvenir à trouver un capitaine prêt à rester à ses côtés en toutes situations. Elle avait envie de leur faire un petit cadeau, ce soir ils allaient manger comme des rois.
En espérant que l'après-midi soit aussi animée que la matinée. Juliette avait toujours quelques appréhension au fil de la journée, plus le soleil était lancé dans sa course et plus les fins connaisseurs se faisaient rares. Enfin bref, pour le moment, c'était l'heure de manger et autant profiter de ce temps de répit. L'incident de la chèvre était presque oubliée, si elle n'était pas en train de bêler dès qu'elle voyait une pomme, elle en aurait presque était agréable. C'était un duo assez improbable tout de même. Puisque Messalina avait l'air de vouloir sympathiser, Juliette lui demanda en regardant la chèvre :
- Comment vous êtes vous retrouvez ensemble ? Elle vous accompagne partout ? |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna Lun 27 Avr 2020 - 15:56 | |
| Aussi éloigné pourriez-vous être d'une personne, la nourriture vous rapprochera toujours ! Je souriais doucement en voyant la marchande approcher du stand, et parcourir du regard tous ces délices. Au final, l'incident de ce matin serait sans doute oublié. Et en seule compensation, une madeleine à la fraise ? Je souriais en prenant ma bourse, en tirait quelques piécettes que je tendais au pâtissier -avec un léger pourboire en prime-.
« Tenez, gardez la monnaie. »
Naturellement, je retournais vers mon stand, et m'asseyais à même le sol. Je n'avais certes pas de fauteuil, mais j'étais tout aussi bien comme ça… Si ce n'était que j'étais plus proche d'yeux caprins qui me fixaient. Bon, elle avait vu la pomme. Je savais donc qu'il était inutile d'attendre la fin du repas, sous peine de passer ce moment en étant hautement observée ! Je sortais la pomme, sous un bêlement enthousiaste, et la lançait un peu plus loin pour que Lalaith ne vienne pas nous embêter pendant le repas. Mais à défaut d'être là physiquement, la chèvre serait là dans nos discussions : et ce n'était pas pour me déplaire ! Je souriais.
« Oui, partout… Si vous connaissez d'autres Anciens, vous les verrez toujours accompagné d'un animal, qui est comme leur protecteur. C'est mon cas, et disons que Lalaith et moi sommes liées d'une certaine façon. »
Bon, certes, pour le côté protecteur on repassera. Mais ce lien, c'est tellement plus. Je posais mon regard sur ma chèvre, occupée à savourer sa pomme, et souriait. Je la comprenais mieux que je ne comprenais quiconque avec des mots, et, rien qu'à la regarder, je me sentais apaisée. Pendant toutes ces années, elle m'avait accompagnée sur les routes, et rien qu'imaginer son absence quelques jours me faisait un vide. Je ressentais ses moments de joie, sa fatigue… Et, lorsque danger il y avait, c'était par elle que je le sentais. Oui, ce n'était peut-être qu'une chèvre pour la plupart des gens, mais pour moi, c'était un véritable compagnon de route.
« Ça fait assez longtemps qu'elle m'accompagne. Notre rencontre a été assez… Atypique ? »
Je riais doucement en m'en souvenant. Rien n'allait : ni le contexte, ni le moment même de la rencontre, et encore moins le moment où elle avait ramené à son village… Une chèvre ? Oui, même le fait d'avoir une chèvre comme protecteur est atypique, je devais bien l'admettre !
« Voyez, quand j'étais plus jeune, j'avais d'autres projets en tête… Je voulais être voyageuse, ce qui, vous vous en doutez, passe assez mal auprès de l'autorité parentale… J'ai fini par fuguer, à 17 ans. Pas la meilleure idée que j'ai eu, et à vrai dire, j'ai assez vite renoncé. »
Je me mordais la lèvre, me remémorant les premiers moments savourés de ma liberté, mais surtout la chute. Ce qu'on pouvait dire, c'est que j'étais tombé de haut. Jeune comme j'étais, ayant toujours vécue dorlotée dans mon village, je n'avais pas encore vu le monde extérieur tel qu'il était vraiment : perfide, vicieux, pervers. Quelques mois de liberté avaient suffit. Enfin, au moins m'étais-je endurcie. Je reprenais vite mes esprits, et souriait à la marchande.
« Sur le chemin du retour, j'ai entendu un petit bêlement… Un chevreau s'était échappé de son enclos pour courir derrière moi, et, ce chevreau, c'était Lalaith. Je suis directement tombée sous le charme, et après quelques… « négociations » avec son propriétaire, je suis rentrée avec. »
Oui, bon. Négociations, ce n'était peut-être pas le terme adéquat. Je me souviens encore avoir vu ce fermier, au bout du chemin, crier en poursuivant ce pauvre animal. J'ai rien contre les élèveurs, mais bon, disons que celui là avait pas l'air bien aimable. Alors j'avais couru plus vite que lui, avant d'attraper Lalaith et de m'enfuir en courant comme une dératée. Et, quand ce cher fermier s'était mis à courir plus vite, j'avais simplement utilisé ma Vérité pour nous invisibiliser toutes les deux. Alors oui, ce n'est pas très légal, mais je n'allais tout de même pas laisser Lalaith à cet homme ! Je riais encore doucement en m'en souvenant, tout en croquant dans mon feuilleté. Délicieux d'ailleurs, un vrai régal.
« Enfin bref… Après cette rencontre, je suis rentrée chez moi, je me suis assagie, je suis devenue marchande. Et elle me suis partout depuis, même si d'ordinaire, elle est un peu plus sage ! »
Je lançais un regard mécontent à Lalaith… Qui n'était plus à sa place. Qui s'était beaucoup rapproché. Beaucoup trop. Et qui mâchonnait avec contentement ma tartelette, papier compris, que j'avais si soigneusement posé près de moi.
« LALAITH ! »
Une petite tape sur le nez, et avant même que je ne commence à me lever, elle galopait plus loin dans un bêlement moqueur. Je lui lançais un regard noir. Elle avait de la chance qu'on soit dans un lieu public, sinon, j'aurais braillé. Mais déjà que la chèvre attire les regards, autant ne pas rajouter à ça une réputation de folle. Décidemment, elle semblait décidée de ne me donner aucune crédibilité auprès de cette Madame Célian. Je rangeais vite la tartelette -ou du moins, ce qu'il en restait-, en me tournant vers la marchande.
« Décidemment… D'ailleurs, excusez-moi encore pour tout à l'heure. Je lui mettrai une longe, cet après-midi, pour être sûre qu'elle ne s'approche pas de vos affaires. Vous semblez avoir du matériel assez précieux, je n'aimerais pas qu'elle vous fasse plus de dégats. »
En disant ça, je posais mes yeux sur l'horloge de ce matin. Ce n'était pas commode, de voir des objets luisant de propreté dans une foire. Et, puisqu'après tout, Madame Célian était désormais d'humeur à sympathiser, autant prendre des renseignements. Ça peut toujours servir.
« Oui, vous avez vraiment de beaux objets… Cela fait longtemps que vous êtes marchandes ? Vous semblez déjà bien installée dans le métier. »
Oui, j'avais presque fait un compliment à celle que j'avais appelé ce matin Madame Vipère. Mais le passé était le passé, et désormais, tout cela semblait oublié. |
| | | | (#) Sujet: Re: La grande foire de Terna | |
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