Bien que cela pouvait ressembler à un tour de passe-passe d'un magicien dès plus banal, le coup de Juliette était tout de même impressionnant. Une brume opaque apparue de nul part et se mire à les suivre comme dans une bulle, sans affecter le périmètre de proximité de Bringsir qui leur permettaient d'avancer en restant le plus discret possible.

La marchande atteignit sa position à l'abri, tandis que le jeune homme finissait de mettre le piège en place et être prêt à lancer l'opération. Il souffla un grand coup, puis prit une inspiration et s'avança dans le gouffre.

Il fallait maintenant faire sortir le lézard de sa tanière et pour cela, pendant que la marchande préparait les pieux, Bringsir s'était fait une lance de fortune. Pas de quoi blessé grièvement la bête, mais juste assez pour l'énerver au point qu'il prendrait l'homme en chasse. Une fois la phase un effectué, il n'y aurait plus qu'à se précipitait dehors derrière le piège et de faire l’appât.

Une cinquantaine de mètres passaient et le chasseur vit enfin la créature. Comme prévu, étant en journée, elle dormait à point fermé. Bringsir n'hésita pas une seconde et lança le début du plan. Il prit sa lance de pleine main et la jeta aussi fort qu'il pouvait sur le Serdanien. Il n'avait pas attendu qu'elle atteigne sa cible pour prendre la fuite. À la seconde où la javeline toucha la bête, cette dernière se réveilla instantanément et chercha du regard d'où pouvait provenir l'objet. Elle aperçut l'homme de dos et se mit à pousser un cri avant de se mettre à sa poursuite.

Le chasseur avait tout de même une longueur d'avance et il avait eu le temps d'atteindre à nouveau le brouillard de Juliette. Il se plaça derrière les pieux avant d'appeler à nouveau la créature en faisant du brouhaha.

Le serdanien, attirait par le son de la voix de Bringsir, se précipita malgré que sa visibilité soit nul grâce à la vérité de l'Héléos, en dehors de la grotte. Comme prévue, la créature ne put éviter les pieux. Elle s'empala à plusieurs reprise entre ces écailles, poussant un hurlement avant de se débattre, gesticulant de partout pour essayer d'enlever celui qui était resté planter dans sa chaire.

-Profitez-en, allez-y, je m'occupe de lui ! Hurla Bringsir à Juliette.

Le monstre réussi très vite à se débarrasser du bout de bois qui le gêner et se remit sur ces deux pattes, prêt à charger le chasseur. Ces blessures n'étaient pas du tout mortel, mais elle l'avait sans nulle doute énervé au plus haut point. Bringsir devait maintenant tenir le plus longtemps à l'écart de son terrier pour laisser le temps à sa collègue de faire ces recherches et de récupérer sa marchandise. Il sorti sa lame et ne quitta désormais plus sa cible des yeux.


Le serdanien fonça de rage sur le jeune homme sans attendre une seconde, mais le soleil le gênant permis à Bringsir a l'esquivait une première fois et dans le même temps, porta un coup puissant sur le flanc de la bête qui s'écrasa contre un arbre.

-Hum, je m'en doutais, pas une goûte de sang...

Le chasseur regardant son épée, pouvait voir que malgré qu'il ne se soit pas retenu. Il n'avait pas pu briser la défense de son adversaire du jour. Bringsir ne pouvait pas se battre comme à son habitude, en tapant fort, il fallait taper au bon endroit. Bien évidemment, le serdanien ne laissa pas de temps pour cogiter et reprit directement l'attaque en chargeant de nouveau.

-Tu ne vas pas me laisser respirer toi !

Il esquiva une seconde fois, mais cette fois-ci, le reptile se servi de sa queue pour frapper l'homme. Le chasseur ne put que placer son épée pour éviter que son corps l'encaisse, mais fût tout de même projeter sur plusieurs mètres avant de s'écraser au sol. Il n'avait rien de fracturer, mais il l'avait tout de même senti avec en prime une légère commotion.

-Bon, alors l'esquive ne fonctionne plus, il me faut autre chose...

L'attaque semblait maintenant ça seule option et pour cela il n'avait pas non plus beaucoup de choix. Étant donné son armure, il n'y avait que ces yeux qu'il pouvait espérer passer à travers, mais aussi au niveau de son ventre. Bien que le piège n'en soit pas venu à bout, son ventre devait être maintenant à, découvert avec diverses entailles. Pour un bien, l'aide de Juliette serait dès plus décisif dans cette lutte. Il devait désormais attendre une ouverture de la bête ou l'arrivé des renforts.

Cachée tout près de l'entrée de la caverne, Juliette laissa le brouillard l'envelopper. Se concentrant autant qu'elle le put, elle sentit la présence du chasseur se déplacer dans le brouillard et s'engouffre dans le tunnel. Elle se retrouva seule quelques minutes. Peu rassurée par la situation, une pointe de peur s'empara d'elle, le chasseur lui avait appris que l'animal se déplaçait grâce aux vibrations autour de lui, mais qu'il disposait aussi d'un odorat assez fiable.

Et s'il la repérait en sortant de la grotte et s'arrêtait avant les piquets ? Elle était figée sur place, n'osant pas faire le moindre mouvement. Concentrée autant qu'elle le pouvait sur son brouillard, celui-ci gagna en densité. La peur laissa place à l'étonnement. Si elle n'avait pas été dans cette situation, Juliette aurait caressé l'air devant elle pour sentir mieux le brouillard, mais elle n'osa pas. Au fond du tunnel, elle entendit le cri du chasseur. Le serdanien devait être réveillé.

Juliette retient sa respiration quand elle sentit le chasseur entrer dans le brouillard. La masse du serpent s'engouffra dedans peu après. En le sentant sortir de la grotte, elle ferma les yeux par instinct.

Elle ne bougea que lorsqu'elle entendit la voix du chasseur qui recouvrit les cris de douleurs de l'animal empalé à quelques mètres d'elle. Juliette se faufila à l'intérieur de l'antre en gardant son brouillard autour d'elle un instant. Le nuage d'eau s'engouffra avec elle, révélant les pieux tachés de sang et l'animal libéré du piège prêt à attaquer le chasseur.

Les yeux de Juliette s'habituèrent à l'obscurité et quand elle arriva au fond de la grotte, le trésor accumulé par le serdanien reflétait le peu de lumière qui entrait jusque là. Elle jeta un œil en arrière en entendant les légers échos du combat à l'extérieur avant de se lancer dans la recherche du miroir. Il était là, non loin d'elle. Elle l'inspecta sous tous les angles, notant chaque rayures causées par les crocs de l'animal.

Quand son regard fut attiré par une peluche toute sale en plein milieu de la grotte. Sur sa tête se trouvait une petite couronne de fleur, la poupée représentant un enfant avait les yeux fermés. Juliette laissa le miroir où il était et s'approcha de l'objet devenu gris avec le temps et dont la tête ne tenait plus qu'à un fil. Elle ramassa précautionneusement la peluche et chercha l'emblème d'une ancienne famille de la confrérie des Arvèles.

Sur l'une des jambes, il y avait une petite étiquette à moitié déchirée, on pouvait y discerner vaguement la forme d'une hache.

- Incroyable !

Ce mot lui échappa dans un murmure. Cette poupée de chiffon était celle de la fille d'un général, il avait déclenché de nombreuses guerres contre les liares pour retrouver sa fille qui aurait été enlevée par eux. Après sa disparition, il n'aurait pas cessé de la rechercher à l'aide de cette poupée, mais jamais il ne réussit à la retrouver et il mourut en terres liares loin des siens.

Passionné d'histoire ou alchimiste, si cette poupée se révélait bien être celle de Fleur Goetrick, elle pourrait essayer d'en tirer un bon prix. Elle mit doucement la poupée dans son large sac de cuir et revient vers le miroir. Mais elle ne put s'empêcher de continuer à regarder de loin tous ces trésors accumulés. Pour la plupart il ne s'agissait que de bibelots scintillants. Alors qu'elle soulevait comme elle pouvait le miroir vers la sortie, elle trébucha sur un petit squelette d'animal.

Le miroir n'eut rien par chance. Juliette se releva et prit son temps pour prendre de trouver la bonne position pour soulever ce miroir qui n'était pas très haut, lui arrivant à peine au bassin, mais très large et pesant son poids. Et pas question de le traîner dans la poussière et sur le sol rocheux de la caverne, il avait déjà suffisamment souffert comme cela. Les réparations allaient coûtaient bien assez chères comme ça !

Cela ne faisait que quelques minutes que le combat avait commencé face à la bête, mais pour Bringsir ça semblait déjà bien plus long. Même s'il s'habituait aux mouvements du serdanien, ce dernier le faisait aussi et il fallait toujours innover ses gestes, ainsi que prévoir celle du monstre. Il espérait qu'après de longues minutes, Juliette le rejoindrai dans la lutte, mais il n'en était guère. Il fallait désormais que le chasseur se débrouille seul, comme d'habitude.

Avant le début de ce combat, Bringsir avait analysé le terrain. Malgré sa carrure, elle était bien moindre que celle de la créature et il avait donc l'avantage dans les déplacements. Le serdanien se contentant de charger bêtement en démolissant tout sur son passage, ou du moins au mieux qu'il pouvait, car en effet, après une troisième esquive in-extremis, le jeune homme aperçu du sang sur le passage de sa cible. Tous ces mouvements brusques et répétés du reptile n'avaient fait qu'aggraver les plaies qu'il avait en dessous de lui. Bringsir savait qu'il pouvait l'avoir désormais à l'usure.

-Bon et bien soit. On ne vient pas m'aider, alors ça sera seul que je m'occuperai de toi petit lézard !

Comme une vieille habitude, le jeune homme commençait à laisser apparaître un large sourire sur son visage. Cela faisait un petit moment déjà qu'il n'avait pas dû lutter ainsi et un petit plaisir coupable le gagner. Un plaisir de combattre, de sang et de meurtre. La violence des coups portaient sur sa victime, de lui ôter la vie sans même un instant avoir le moindre regret. Sa nature vorace et impétueuse refaisait surface. Cette fois, c'est Bringsir qui allait attaquer.

Le chasseur avait les pupilles qui se dilater tel un chat qui s'apprêtait à bondir sur une souris et accompagné d'un hurlement, le jeune homme chargea la bête. Il sauta le plus haut possible, en levant son arme, qui était si haute, que les rayons du soleil se reflétaient sur la pointe de sa lame et aveuglèrent un instant le serdanien. Ce dernier ne put esquive son attaque que grâce à son instinct animal. Il recula même de plus d'une dizaine de mètres avant de se retourner, mais Bringsir n'était plus dans son champ de vision. Il tourna la tête à droite puis à gauche pour le trouver du regard sans résultat.

-Je suis là !

C'était du haut que le jeune homme lança sa nouvelle attaque. Il frappa de plein fouet le reptile et laissa glisser sa lame sur tout le long du visage, ce qui lui permit de lui crever un œil. Le serdanien poussa un crie de douleur avant de gesticuler de partout comme s'il voulait chasser une mouche qui lui tourner autour. Bringsir fit un bond en arrière pour admirer la scène.

-Alors ? C'est tout ce que tu as ?

Une sorte d'aura maléfique entoura le chasseur qui faisait prendre conscience à n'importe qui qu'il soit humain ou non, que ce jeune homme n'était pas à prendre à la légère. La lutte allait encore continuer et s'intensifier. D'un côté, le serdanien, qui était blessé et dès plus agacer, se sachant trop toucher pour combattre dans la durée et de l'autre, Bringsir perdant petit à petit son humanité, au point de se croire tout-puissant et intouchable.

Si Juliette ne revenait pas au plus vite. Il était certain que ce combat finirait à la mort d'un des deux protagonistes et pire, s'il devait l'emporter ainsi, est-ce que le chasseur serait assez rassasier pour calmer sa pulsion meurtrière ou continuerai-t-il en s'en prenant à quelqu'un d'autre ...

Le miroir collé devant elle, ses bras étaient tendus par l'effort. Ralentit par l'objet qui glissait à chacun de ses mouvements, Juliette n'arrivait pas à trouver le bon endroit où agripper le miroir. Alors qu'elle avait commencé à avancer avec le miroir devant le visage, maintenant elle pouvait très bien voir devant elle, enfin aussi bien qu'on le puisse dans un tunnel sombre, mais le miroir cognait maintenant à chacun de ses pas contre ses genoux.

Pendant une fraction de seconde, elle en vient à hésiter sur l'intérêt réel de récupérer cet objet malgré la découverte au fond de l'antre qui s'en était suivie. Le miroir lui apparut comme un simple poids qu'elle se traînait. Elle se ressaisit directement, ce miroir allait lui rapporter assez d'argent pour avoir de nouvelles voiles pour son bateau qui en avait grandement besoin. Celles d'origine quand elle l'avait acheté partaient maintenant en lambeaux. Ce n'était plus que des pièces rapiécées s'arrachant au moindre coup de vent. Sans voile elle ne pourrait plus voyager à la recherche de reliques.

Chaque vente avait son importance, même les plus anodines et ennuyantes comme celle de ce miroir. Elle le posa un court instant contre la paroi du tunnel et s'essuya les mains sur sa veste. Juliette fléchit les genoux et agrippa le plus bas possible le miroir de toutes ses forces. D'où elle était, elle ne vit pas ses phalanges blanchir. Il ne lui restait plus qu'une trentaine de mètres à faire. Elle marcha le plus vite possible, quand elle sentit enfin la chaleur du soleil à l'entrée de la grotte, elle accéléra.

Le miroir lui glissa des mains, mais elle put s'éloigner un peu de l'entrée pour le déposer sur une pierre recouverte de mousse. Dans son dos, elle entendait le combat acharné du chasseur et de sa proie.

Il semblait comme déchaîné par une furie intense. La terre à ses pieds était mêlée au sang du serdanien. Juliette resta derrière eux à une certaine distance au cas où ils se retourneraient vers elle. Son brouillard était inutile en ces circonstances, sa transformation elle aussi et son couteau certes plus tranchant que le diamant la mettait bien trop en danger. Pas question de s'approcher de ce combat de furies. Plus l'animal s'affaiblissait, plus il réagissait violemment et de manière désordonnée.

Le chasseur face à lui n'avait pas l'air d'avoir l'intention de laisser de répit à son adversaire. Mais elle ne pouvait pas rester là à ne rien faire, même si elle n'avait pas la force nécessaire pour se lancer de front dans ce combat, elle gardait plus d'un tour dans son sac. Juliette effleura l'une des pierres d'hiswë de son bracelet. De l'eau en jaillit et un esprit sous la forme d'un renard apparut devant elle. Elle garda les doigts sur son bracelet pour ordonner à l'esprit d'attaquer le serpent.

Il n'était pas assez puissant pour s'opposer à un animal de cette envergure, mais si cela pouvait déstabiliser l'animal et donner une opportunité au chasseur de frapper fort, alors il fallait qu'elle tente le coup. Obligée de se tenir près de l'esprit de l'eau pour qu'il ne s'évapore pas, Juliette s'approcha prudemment et lui ordonna de se jeter sur leur proie au dernier moment.

Le renard sauta sur le dos du serpent, insensible aux lames le recouvrant. Il s'acharna là où ses crocs se plantèrent et il griffa de toutes ses forces la peau impénétrable du serdanien.

Ils échangèrent encore plusieurs coups sans y aller de main morte, mais n'arrivaient toujours pas à se départager. Le serdanien qui voyant ses conditions diminuées, n'en restait pas moins redoutable et s'il devait y perdre la vie, la bête ferait tout son possible pour emporter avec lui l'homme. Bringsir quant à lui, après s'être complètement laissé enivrer par cette passion du combat fût surpris de l'acte de sa compagne de route.

Juliette, qui était partie sans hésitation dans la grotte pour récupérer l'objet de la mission, avait enfin rejoint le chasseur dans la bataille et quelle entrée elle avait fait là. Sans un bruit, elle avait rejoint le serdanien au plus proche avant de lancer un animal d'eau grâce à sa vérité dans le combat. Une sorte de renard qui, par sa simple volonté, se jeta sur le dos du reptile avant de le mordre et griffer à mainte reprise.

L'occasion était trop belle. Bringsir, revenant à lui, se précipita sur la bête et profita que ce dernier ai la tête levée pour le transpercer là où il lui manquait des écailles pour ressortir de l'autre côté de son crâne et mettre un terme au combat.

Une fois le serdanien à terre et sans vie, le chasseur se laissa à son tour tomber au sol. Bien qu'il avait eu de simples blessures superficiel, c'est son esprit qui lui avait fait faux bond en le laissant presque perdre la raison. Il souffla un grand coup, ferma les yeux avant de se prononcer.

-Merci pour le coup de main en tout cas. Je ne sais pas comment ça aurait fini sinon...

Bringsir resta une bonne dizaine de minutes comme cela avant de se relever et d'aller récupérer son arme. Après avoir au mieux nettoyer le sang sur celle-ci. Il rejoignit Juliette à l'entrée de la grotte.

-Alors voici le fameux miroir. Il m'a l'air plus encombrant que de valeur !

Puis le chasseur rentra à l'intérieur du caveau pour y jeter un coup d’œil. Ce qu'il avait vu plus tôt en allant réveiller la bête n'était pas sa vue qui lui jouer des tours, mais il y avait bel et bien un trésor de bibelot qui parcourait se fond de trou.

Il alla de nouveau voir la marchande et lui demanda ce qu'elle voulait prendre. Tant qu'à faire, après avoir récupéré le miroir, il y avait d'autre choses qu'ils pouvaient prendre sans non plus trop tarder. À cette époque de l'année, même si les jours commençaient à s'allonger, la nuit tombait plutôt rapidement. Il n'était pas dit qu'une autre créature pouvait venir s'installer ici maintenant que les lieux sont sans propriétaire et que sur la route du retour, des bandits en profite pour les attaquer.

Le chasseur sut saisir cette opportunité et abattit la bête. Puis il se laissa choir au sol, Juliette esquissa un geste en croyant qu'il était tombé inconscient, mais il la remercia de son intervention. La marchande termina de faire le tour de l'immense serpent. Elle observa un instant le chasseur pour s'assurer qu'il respirait encore, puis son attention se reporta sur l'animal qu'il avait tué. Juliette s'en approcha tout près, l'un des yeux du serdanien étaient complètement crevés, mais l'autre était intact.

C'était une ressource utilisée par les alchimistes, cela ferait le bonheur d'Elsa. Juliette sortit son couteau et le planta délicatement dans l’œil du serpent pour le retirer. Les nerfs partirent avec le globe. Juliette retient un hoquet de dégoût, c'était bien parce que c'était pour Elsa qu'elle était prête à charcuter un animal. Elle mit l’œil dans un tissu épais et le glissa dans son sac.

Le chasseur à côté avait toujours les yeux fermés. Juliette aurait bien voulu le secouer pour rentrer au plus vite, mais elle avait bien conscience que ce combat n'avait pas été des plus simples, il méritait bien quelques minutes de repos. La marchande retourna près de l'entrée de la grotte et se posa contre le rocher où il y avait le miroir pour inspecter la poupée de chiffon qu'elle avait trouvé.

Elle était aussi grande que son avant bras, plusieurs fils avaient sauté, mais à part le bras ballant, le reste tenait miraculeusement. La poupée était rembourrée d'un coton qui s'était aggloméré en boules à cause de l'humidité, en pressant le petit ventre de la poupée on pouvait tous les sentir. Une horrible odeur émanait de l'objet, Juliette la remit dans son sac et se releva quand elle entendit le chasseur se relever.

Il commenta le miroir juste avant de s'engouffrer dans le tunnel, Juliette reste là à l'attendre en commençant à s'impatienter. Elle prit le miroir et commença à retourner vers le chariot laissé sur le sentier. Quand Bringsir sortit du tunnel, elle lui répondit :

- Ce n'est qu'un amas de métal et de breloques, je donnerais l'information à quelqu'un à Acretis à qui ça servira vraiment.

Enfin, donner c'était une façon de parler, elle comptait plutôt vendre l'information quelques pièces, c'était toujours cela de gagner. Elle repensa alors à l'oeil qu'elle avait embarqué, peut-être que le chasseur espérait l'avoir ? Il ne lui avait pas dit un mot à ce sujet, mais préférant éviter de créer un malentendu sur le chemin du retour, elle ajouta :

- J'ai récupéré l'oeil du serdanien, ça ne vous dérange pas j'espère ?! En tout cas retournons au chariot si vous le voulez bien.

Marchant légèrement de côté, elle pouvait voir où elle allait. Juliette tenait fermement le miroir, elle n'avançait pas vite à travers la forêt, mais elle avait enfin trouvé les bons endroits pour agripper l'objet et l'empêcher de glisser.

Après sa proposition, Bringsir fut des plus étonnés qu'une marchande est le cran de retirer un œil d'un animal mort. L'odeur, la texture, tout était fait pour dégoûter n'importe qu'elle personne, mais le chasseur n'en avait guère besoin. Il lui laissa l’œil en proposant qu'en échange, elle lui offrait le repas de ce soir avec les consommations, bien évidemment. Puis il laissa s'échapper un rire bien gras et fort histoire de rendre la scène encore plus cliché.

La marchande attrapa le miroir, ne trouva pas de suite la position idéale, mais une fois trouver, bien qu'elle n'avançait pas vite, avait trouvé les bons endroits pour le tenir sans le faire tomber, malgré qu'ils soient en forêt.

Le jeune homme commença tout d'abord à la regarder faire. Elle ne semblait pas vouloir demander un coup de main et Bringsir voulait faire durer un petit peu la chose. Il se souvint tout de même qu'elle n'avait pas non plus précipité le pas pour l'aider contre le serdanien.

Deux trois minutes après, le chasseur attrapa un bout du miroir, annonçant qu'il s'occuperait de tenir l'arrière et qu'elle n'avait qu'à prendre l'avant pour les diriger. Il l'avait fait assez torturer et ça l'ennuyer à traîner ainsi. D'autant que sa réputation au village en serait ternie. Bringsir, n'aidant pas une femme, a porté un miroir alors qu'il avait les mains vide. Après cela, il était certain qu'aucune taverne ne le laisserai rentrer.

-Voilà la route !

Il fallut un temps aux deux compères pour atteindre la route et de nouveau apercevoir le chariot, mais après avoir crapahuté avec le miroir hors des sentiers, les voilà enfin arrivés.

Ils commencèrent par doucement mettre le miroir à l'arrière de la charrette, puis Bringsir grimpa à son tour dedans. Il décida de ne pas monter à l'avant avec Juliette pour surveiller le butin. Après tant d'effort, il n'était pas l'heure de tout perdre et surtout sa récompense à la fin du voyage qui prenait de plus en plus de place dans son esprit.

Le chasseur s'allongea tout juste après le départ du convoi et ne tarda pas à vite s'assoupir, bercer par les mouvements des roues sur la route, il n'avait cette fois-ci aucune raison de faire la conversation, puis il fallait être en forme pour la fête. Il irait bien sur prendre un bain en rentrant avant de démarrer quoi que ce soit.

Une fois arriver aux portes de la ville. Juliette ne se fit pas prier pour réveiller Bringsir. Ce dernier s'empressa de mettre pied à terre, s'étira un coup avant de bâiller.

-Bon, je vais me décrasser et je vous rejoins à votre boutique. J'essaierai de ne pas trop tarder !

Puis il s'en alla sans rien ajouter d'autre. Rien à craindre pour sa récompense, il savait où se trouver la boutique et elle ne pouvait pas disparaître comme ça sans laisser de traces.

Le chasseur retourna alors à l'établissement de ce matin. Peut-être qu'avec un peu de chance, il serait accueilli par la jolie demoiselle, ou même une autre. Il n'avait pas de préférence entre une belle rousse et une belle brune, du moment qu'il pouvait se faire mousser en tout bien tout honneur.

Manque de bol, elle devait avoir fini son service et Bringsir fût servis par un laideron d'un certain âge, sans doute la patronne, qui s’apparentait plus à un gorille qu'une donzelle. Qu'il en soit ainsi, le jeune homme ne fît pas durer la chose et une fois paraît, il repartit en direction de la boutique de Juliette pour passer encore une nuit pour se saouler comme le reste de la semaine...

Marcher avec un miroir dans les mains au milieu d'une forêt illuminée se révélait finalement être plus périlleux que dans un tunnel sombre. Le chasseur s'en rendit compte et aida la marchande à le ramener au chariot. Bien qu'elle se mit devant pour donner le rythme, car avançant plus lentement que le chasseur, elle suivit ses indications pour rejoindre la route. Arrivés au chariot, Juliette reprit les rênes. Quand elle se retourna pour demander au chasseur s'il comptait rester encore longtemps au port, elle le vit assoupi et resta silencieuse.

Quand le bruit de la ville commença à parvenir jusqu'à eux, elle se retourna pour voir si le chasseur se réveillait, il n'en fit rien. Il avait décidément le sommeil lourd. Ce n'est qu'une fois de retour à la petite écurie qu'il se réveilla quand Juliette tapa du poing sur le côté du chariot en criant à moitié :

- Debout là-dedans, on est arrivé !

Il se réveilla d'un coup et laissa la marchande seule. Elle n'eut le temps de lui demander de rester pour apporter le miroir à la boutique. Après tout, c'était un chasseur, pas un courtier, son travail était fini. Elle ne chercha pas à le rattraper. Juliette alla voir le propriétaire de l'écurie pour le prévenir qu'elle repasserait dans la soirée chercher la marchandise. Elle n'avait pas envie de s'aventurer dans les rues bondées de la ville avec un miroir en main. Seule dans une grotte ou une forêt, c'était une chose, mais là dans les rues d'Acretis elle n'avait pas l'intention de s'y aventurer.

Le soleil commençait à se coucher, ses rayons n'atteignant plus les rues bordées de hauts immeubles. Les terrasses des restaurants et auberges se remplissaient doucement. Juliette passa par le chemin le plus court pour rentrer à la boutique. Son employé était encore là, absorbé par les comptes de ce mois-ci. Elle le remercia pour avoir gardé la boutique seul aujourd'hui. Il était presque huit heures, il était temps de fermer. Juliette retourna la pancarte de la porte d'entrée après l'avoir verrouillé derrière son employé.

Elle rangea rapidement le comptoir et passa par la porte arrière pour monter à son appartement. Il y avait la récompense du chasseur dans l'un des tiroirs de son bureau. Il lui avait aussi parlé d'un repas en échange de l’œil qu'elle avait gardé pour Elsa. En y repensant, elle sortit le tissu imbibé par le sang du serdanien et le plaça dans une petite boîte en fer suffisamment hermétique pour contenir l'odeur de la chair morte. Elle le lui offrirait dès son retour, en espérant qu'il serait encore en assez bon état...

Juliette déposa la boîte dans un coin de son appartenant sur une étagère près d'une des fenêtres, juste au cas où. Elle alla ensuite voir ce qu'elle avait dans son garde-manger. Bringsir lui avait demandé un repas, mais il n'avait pas spécifié s'il devait être maison ou dans un restaurant. Juliette avait envie d'inviter le chasseur pour l'avoir aidé à neutraliser aussi rapidement le serpent géant et puis elle voulait apprendre à connaître ce chasseur qui avait tant fait parlé de lui ces derniers jours.

Elle alla dans sa chambre se changer pour enfiler une robe fluide et très confortable puis elle se mit à préparer quelque chose. Dans la pièce principale, côté cuisine, elle trouva le livre de cuisine d'Elsa et choisit au hasard l'une des recettes. Après avoir épluché, découper, fait cuir, assaisonner et suivi toutes les instructions du livre, elle disposa le tout dans un plat et sortit deux couverts sur la table au centre de la pièce. La cuisson avait été rapide et elle eut le temps de redescendre pour attendre le chasseur en bas devant la boutique.

Quand elle arriva, elle lui remit tout de suite la bourse qu'elle avait préparé dans son bureau. Elle avait emmené sur elle son petit porte monnaie pour lui payer le repas qu'il avait réclamé, mais elle espérait qu'il accepte son invitation :

- Si vous n'avez rien de prévu ce soir, est-ce que ça vous dit un repas fait maison ?

Elle n'oublia pas d'ajouter, s'étant rendu compte qu'il avait bien insisté sur les consommations compris dans le repas :

- J'ai quelques alcools héléos là-haut, vous avez déjà goûté à l'alcool d'algues ? Ou de la bière d'écume ?

Bringsir était enfin tout propre. Il avait récupéré ses vêtements, mais rester tout de même en tenue de mercenaire. Il n'avait pas jamais pensé à avoir autre chose, puis il passait son temps sur la route, le jeune homme ne voulait pas de toute façon s’encombrer plus que nécessaire. Encore un ou deux jours maximum et il repartirait.

Le chasseur sorti du bâtiment et prit la route de la boutique de la marchande. Même si Juliette ne lui paierait pas la soirée, il devait récupérer son dû. La nuit était tombée et le temps, malgré l'époque de l'année, était plus que clément. Pas trop de vent, un peu frisquet, mais pour quelqu'un qui n'était pas frileux, il n'y avait guère de soucis à avoir.

Les rues étaient des plus animés malgré le début de la semaine et les lieux où il faisait bon de festoyer commencer à se remplir. Bringsir chantonna et se laissa même de temps en temps jouer le jeu quand on s'approchait de lui pour chanter les chansons paillardes du coin jusqu'à a arrivé devant le local de Juliette.

La marchande l'attendait devant. Elle avait mis une tenue très décontractée. Une robe des plus seyante, qui accompagner parfaitement ces formes. Le jeune homme arriva à son niveau et ne put dire un mot qu'elle lui tendit une bourse pour la mission accomplie. Il allait pouvoir se payer quelques chopes avec ça, mais avant même qu'il fasse demi-tour pour se diriger vers le bar le plus proche, la jeune femme l'invita à rentrer pour partager un repas maison.

Bringsir fut agréablement surpris. Il ne pouvait pas le nier, mais il avait légèrement oublié sa demande plutôt dans la journée. C'était quelque chose qu'il ne prenait pas vraiment au sérieux et si elle lui avait refusé, il n'aurait même pas forcé, mais maintenant que la proposition avait été faites, le chasseur accepta avec plaisir. Il se mit alors à la suivre à l'intérieur puis elle relança en lui expliquant qu'elle avait des alcools de son peuple en haut et lui proposa d'y goûter.

Le chasseur acquiesça de nouveau avant de monter à l'étage. Il n'hésita pas à s'installer à table et leva son verre une fois que Juliette lui avait rempli. Bringsir se décontracta et souhaita une bonne santé avant de prendre une bonne gorgée de se met particulier. Il avait l'habitude de consommer de la bière, mais le goût n'était pas du tout désagréable, par contre, c'était bien plus fort en alcool.

La soirée passa et était plutôt agréable. Entre les histoires de chasses aux trésors que raconter Juliette et les péripéties que vivait Bringsir, l'ambiance était bonne jusqu'au petit matin. Une fois que le soleil avait pointé le bout de son nez, le chasseur remercia pour la nuit qu'il venait de passer et qu'il n'hésiterait pas à revenir quand il passerait dans le coin. Le jeune homme prit ses affaires et reprit sa route. Il sortit une pomme qu'il avait acheté la veille et la dégusta en prenant la direction du Nord...