Lilya s'ennuyait ferme aujourd'hui ! Aucune inspiration ne lui venait à l'esprit, son carnet d'écriture demeurait vide et le syndrome de la page blanche persistait ! Elle observa durant un instant le ciel pour vérifier l'état du soleil avant de retourner sur sa feuille en se grattant l'oreille avec sa plume.

"-Alors..., se murmurait-elle à elle-même, Que ton âme vagabonde, je ne me soucis des ondes... Moui pas mal pour un début... Ainsi je ne m'abandonne... une rime avec abandonne s'il vous plait...
-...faite qu'il me pardonne...
-Oui c'est parfait ça ! s'écria-t-elle en se rendant compte soudainement qu'elle n'était plus seule"

En effet, en relevant la tête, elle s'aperçue qu'une jeune femme habillée tout de blanc se tenait à genoux, les mains liées et des larmes coulants sans retenues sur ses joues. Soucieuse, Lylia accourue à ses côtés, lâchant son carnet d'écriture et sa plume dans la foulée.

"-Oh par la déesse ! s'exclama-t-elle en voulant la consoler et comprendre ce qui lui arrivait, que vous arrive-t-il donc madame pour que vous soyez si tistre ?!"

Surprise l'interpellé se mit à la dévisager, très certainement pour savoir si elle pouvait lui faire confiance ou pas mais aussi parce qu'elle semblait incapable d'émettre le moindre son tant ses lèvres tremblait. Lylia lui adressa un sourire encourageant en lui dessinant des petits cercles dans son do en tentant de la soulager de sa tristesse. Enfin, après ce qu'il lui sembla être des heures, la jeune inconnue paraissait se calmer et serra sa main dans la sienne pour la remercier.

"-Je vous en pris, s'empressa de lui répondre la ménestrel d'un ton soucieux. Pouviez-vous me raconter vos soucis maintenant ?
-Je..., se mordant les lèvres avec inquiétude la femme parvint finalement à lui faire confiance en soufflant de désespoir. Je suis désolée de vous importuner ainsi jeune demoiselle. Vous semblez si gentille que je n'aimerais pas avoir à vous importuner avec mes histoires...
-Allez-y, n'ayez crainte, l'encouragea l'artiste d'un mouvement de tête.
-Voici deux semaines que je suis mariée, entreprit alors de raconter son interlocutrice. Mon époux est un homme merveilleux que j'ai toujours voulu épouser...
-Mes félicitations ! s'exclama Lylia avec joie avant de se taire en la voyant se remettre à pleurer, oh non je vous en pris, excusez-moi je...
-Cela fait plus d'une semaine que je n'ai plus de ses nouvelles alors qu'il était partit en quête d'un travail mieux payé pour subvenir à nos besoins, lâcha-t-elle enfin en larme. Je... je ne sais plus quoi faire pour le retrouver, je ne sais même pas où il pourrait se trouver actuellement ni même si... si il est toujours vivant...
-Je suis sûr qu'il l'est ! Voulu la rassurer l'artiste en songeant toutefois que peut-être l'homme l'avait laissé seule en partant de son côté ou qu'il était effectivement mort sur le chemin...
-Je sais ce que vous pensez, murmura la femme sur le point d'exploser de colère, qu'il aurait pu me laisser mais vous ne le connaissait pas, vous ne connaissez pas notre relation et je suis persuadée que jamais, il ne m'aurait laissé seule ! Il m'aimait vraiment et c'est même lui qui m'avait demandé en mariage une semaine avant ! Il voulait même que l'on est un enfant alors pourquoi serait-il définitivement partit après m'avoir proposé cela ?!
-Je... je suis désolée, s'excusa platement Lylia honteuse, je... je peux peut-être vous aider à le retrouver... si vous voulez... Je suis artiste alors parler à des gens sans éveiller de soupçon, ça me connait..."

L'inconnue la dévisagea, soucieuse de pouvoir vraiment lui confier une telle mission après leur interaction. Mais elle pouvait voir que Lylia n'était pas méchante et qu'elle n'en profiterait pas pour lui faire du mal. Alors elle acquiesça, lui prit ses deux mains et lui répondit d'un ton pressant.

"Si seulement... si seulement vous pouvez retrouver mon mari... ou au moins son alliance, ne serait-ce que son alliance qui a permit notre union, hoquetait-elle, je vous promet que je vous récompenserais ! Tant que c'est dans mes moyens, je vous donnerais tout ce que vous voulez !
-N'ayez crainte, se leva la ménestrel avec assurance en rassemblant ses affaires. Je vous le promet, je pars tout de suite à la recherche de votre mari et de son alliance et je vous ramènerais l'un ou l'autre, voir les deux avec de la chance. Pouvez-vous juste m'indiquer la route par laquelle il était partit ce jour-là ?
-Vers la ville de Terna, lui expliqua-t-elle en l'aidant à ranger son sac, en traversant ce petit bois derrière le chalet, vous y serez en quelques heures normalement..."

C'est ainsi, après avoir adressé une dernière accolade à la femme, que Lylia se dirigea vers le chemin indiqué, prête pour un nouveau voyage, d'autant qu'elle aimerait bien visiter la grande cité en question...

Lylia se demandait encore et toujours, ce qui lui avait pris d'accepter la demande de cette femme pour retrouver son mari. Enfin si, elle le savait, c'était pour la récompense promise mais quand même... Elle ignorait si l'homme en question serait toujours vivant ou mort et dans ce dernier cas, comment lui annoncer la triste nouvelle... La voilà, robe déchirée par les ronces et les buissons qu'elle traversait pour arriver plus vite dans la ville au lieu de les contourner, en train de manger une pomme, se perdre dans les bois. Non se reprit-elle avec un sourire en voyant une lumière au loin avec ce qui ressemblait à un grand monument, elle ne semblait pas si perdue que cela, et c'est en croisant une charrette remplit de marchandises se diriger par là qu'elle décida de le suivre, persuadée qu'il devait également se rendre en ville. Elle fit bien car effectivement, après quelques minutes de marches, Lylia voyait enfin la grande cité qui la faisait rêver dans ses textes ! Elle allait enfin pour voir écrire du concret sur Terna plutôt que de se baser sur des rumeurs ou des descriptions lus dans les livres.

Traversant la grande ville par ses ruelles pleines de mondes, d'exposants, de marchands ou de troupes de clown, la ménestrel se sentait de plus en plus inspirée et commença à sortir son carnet pour écrire. Elle s'arrêta dans une gargote pour se prendre une boisson et s'installer à une table. En pleine réflexion sur son texte, son ouïe entendit une conversation du groupe assemblé à côté d’elle, qui parlait d’une bague retrouvée seule, sans son propriétaire, une bague qui paraissait assez chère.

« -J’l’ai vu sur le chemin qui par de la librairie et qui mène jusqu’à la grande place, racontait l’un d’eux qui semblait heureux de sa trouvaille. Elle trainait sur le trottoir devant la maison du pasteur.
-La maison du pasteur ? releva un ivrogne.
-Oui celle qui est toute biscornue tu sais ?
-Ah oui, se souvient-il et alors ?
-Et alors, poursuivit l’autre, j’l’ai trouvé et j’me suis dis que j’pouvais très bien en tirer profit, donc, je l’ai amené chez l’artisan spécialisé dans les bijoux là, qui fait l’angle gauche d’la grande place et il m’la prit pour un petit sac de pièce… »

Soudainement intéressée, Lylia se leva de se table, rassembla tous ses affaires grâce à son pouvoir de lévitation, paya pour sa collation et sortie en trombe de la taverne pour se rendre sur la grande place. Elle ne pouvait décemment pas risquer de mettre en colère l’un d’eux pour le moment. Elle n’avait pas discuté du temps que cela prendrait avec la veuve pour ramener la bague mais elle espérait pouvoir en finir le soir même…
Rendue sur la place très bien indiquée grâce à des flèches, elle trouvait une vitrine remplie de bijoux et supposa que c’était celle-ci. Décidée, elle entra dans la boutique, prête à négocier avec lui si cette bague demeurait être la bonne.

« -Bonjour, salua-t-elle l’artisan qui examinait ses produits avec grande attention. »

Surprit de voir un client potentiel, il releva la tête grogna un bienvenu et attendit qu’elle lui décrive ce qu’elle recherchait. La ménestrel le vit lever un sourcil en l’entendant lui parler de la bague qu’il venait tout juste de se procurer. Elle pouvait comprendre son étonnement car il était rare qu’un bijou se vende si rapidement. Le marchand cependant, en entendant l’histoire de Lylia et le fait que cette bague pouvait appartenir à un veuve qui venait perdre son mari, ne paraissait pas plus attristé que cela par son récit et ce contentait de la fixer et de mesurer l’importance de ces informations.

« -Donc, vous me dites qu’une pauvre dame a perdu son mari et que vous souhaitez voir si cette bague retrouvée là où il s’est rendu la dernière fois que l’on a entendu parler de lui est bien sa bague de fiançailles qu’elle tient tant à retrouver ?
-C’est bien cela, approuva la ménestrel, j’aimerais juste l’examiner et savoir si vous pouviez me la rendre…
-Que croyez-vous idiote ! s’emporta d’un coup le marchand, je vends ! Vous vous trouvez ici dans un magasin d’antiquité alors pour sûr que je ne donne rien !
-Je… s’il vous plait pour cette pauvre malheureuse ! supplia encore Lylia en inclinant sa tête en respect. Je ferais n’importe quoi pour vous dédommager, vraiment…
-N’importe quoi hein… reprit-il alors soudainement intéressé par l’idée. »

La jeune fille se mordit les lèvres en se demandant dans quel pétrin elle s’était encore embarquée.

« -Très bien, si tu veux vraiment voir cette bague et que je te la donne, tu vas devoir trouver un moyen pour attirer des clients dans mon magasin et cela jusqu’à la tombée de la nuit. Je veux pouvoir vendre tout ce qui se trouve dans ce panier. Trouve une solution et je t’aiderais en retour… »

Il lui posa une énorme panière dans laquelle se trouvait pleins d’objets différents en tout genre et Lylia, dépitée, se retrouva à acquiescer en espérant parvenir à récupérer cette bague et vérifier ce qu’il en était… Une chanson se disait-elle intérieurement, une chanson qui répandrait la rumeur que tous objets se trouvant dans ce panier étaient magiques et apporteraient bonheur à quiconque en achèteraient. Ça pouvait le faire…

"-... Et enfin, le bonheur vous sera total, en portant cette broche au bal; votre partenaire de danse, vous rendra toute confiance !"

Le public se rua vers le panier, dans lequel il restait seulement quelques babioles, en lançant de l'argent dans le petit foulard étalé aux pieds de la chanteuse. De l'autre côté de la vitrine, le vendeur était stupéfié par la performance grâce à laquelle il avait vendu tous ces objets qui lui prenaient de la place et qu'il n'arrivait pas à se débarrasser. C'est donc avec un grand sourire de Lylia rentra dans la boutique avec la monnaie et la panière vide en les lui tendant.

"-Et voila, cela m'aura prit 3h00 pour tout vendre ! lui apprit-elle avec joie. Puis-je voir cette bague à présent ?
-Impressionnant... resta-t-il subjugué par la jeune femme. Vous ne voudriez pas que je vous engage pour de bon et que nous fassions affaire ensemble ?
-Désolée mais non, ria-t-elle par la proposition. J'aime la liberté que m'offre la vie actuellement. Alors cette bague ?"

Quelque peu grognon, il accepta de la lui montrer. Lylia l'inspecta sous toutes les formes. Elle pouvait voir quelques graffitis à l'intérieur, mais elle n'était pas sûre que cela désigne les initiales du couple séparé. Cependant, elle garda une expression sérieuse tout du long de son observation et garda tout de même le bijoux qui lui revenait grâce à son travail. Elle adressa un signe d'au revoir au vendeur qui l'héla à nouveau sur le palier.

"-Attendez ! Je... je ne suis pas sûr que cette information puisse vous être utile dans votre quête, mais comme vous m'avez bien aidé... J'ai entendu dire que deux sentinelles avaient retrouvés un corps ce matin, aux abords de la forêt. Vous pourriez peut-être allez leur demander si il savent quelque chose..."

A nouveau, Lylia lui adressa un signe de remerciement et sortie enfin du magasin en espérant que ce cadavre ne soit pas l'homme en question. Pour en avoir le cœur net, elle se dirigea vers le poste des sentinelles. Ce ne fut pas chose aisée puisqu'elle se perdit plusieurs fois dans les petites ruelles. Arrivée devant un cul de sac, elle entreprit de faire demi-tour mais se retrouva face à deux vagabonds aux allures menaçantes.

"-Eh bien petite, que fais-tu là toute seule ? L’apostropha l'un d'eux. Il semblerait que tu aimes te donner en spectacle de ce que j'ai entendu tout à l'heure quand tu chantais.
-Que dirais-tu de chanter pour nous aussi hein ? grimaça le deuxième avec des dents pleines de caries, on t'aidera à pousser les notes les plus hautes de ta vie !"

Merde, se disait Lylia en tremblant légèrement. Se n'était vraiment pas le moment pour tomber sur deux criminels... En les voyant se ruer vers elle, elle chercha avec hâte quelque chose pour se défendre. Elle trouva une sorte de batte parmi les débris qu'elle fit voler jusqu'à l'un d'eux pour l’assommer. En revanche, l'autre sauta sur elle pour lui défaire ses vêtements. La chanteuse hurla à l'aide et au même moment, quelqu'un derrière elle arriva pour la sauver en agrippant la gorge de son assaillant pour l'étrangler. La jeune femme recula prestement vers la sortie en regardant son sauveur lâcher un corps mou sur le sol. L'homme se tourna vers elle tout sourire en s'approchant avec un air rassurant.

"-Rassurez-vous, il est toujours vivant, juste évanouit pour le moment. Il ne vous importunera plus.
-Pas sûr d'être rassuré mais merci je suppose...
-Vous êtes étrangère ? demanda-t-il avec un froncement de sourcil, tout le monde sait qu'il faut éviter les petites ruelles pour éviter ce genre de surprise.
-Je me suis perdue en cherchant le poste des sentinelles... lui avoua-t-elle avec un sourire figé.
-Oh je suis moi-même sentinelle ! Lui apprit son sauveur, pourquoi vous nous cherchez au juste ?"

Lylia lui raconta toute son aventure, de sa rencontre avec la pauvre femme, en passant par la boutique de l'artisan, jusqu'à maintenant. L'homme l'écouta sans bronché pour lui poser une seule question au final.

"-Comment s'appelait cette femme ?
-Judith, lu Lylia sur le bout de papier que lui avait donné la femme."

Son sauveur se mordit prestement les lèvres d'un air dépité et proposa à la ménestrel de le suivre jusqu'au poste. Arrivé devant la porte de son lieu de travail, il l'a stoppa d'une main pour lui adresser un regard sérieux.

"-Le corps que l'on a retrouvé ce matin, il n'est pas beau à voir. Il... lui manque des membres. On pense qu'il s'agit d'un animal qui l'a attaqué et... Enfin, si vous ne vous sentez pas...
-Laissez-moi le voir, le stoppa-t-elle, je dois en être sûre..."

Lylia s'approcha du centre de la pièce où se trouvait une table où reposait un corps déchiqueté sous un drap en sang. La chanteuse sentie son estomac rendre le peu qu'elle avait mangé depuis ce matin et ravala le vomi qu'elle sentait monter en elle. Cependant, en repoussant le drap et en voyant cadavre, elle ne put s'empêcher de vomir sur le sol tandis que l'homme à ses côtés lui tapotait le dos d'un geste réconfortant.

"-Nous avons retrouvé une alliance dans sa main gauche qui portait les lettres de J et de M...
-C'est cela, hoqueta-t-elle, Judith et Martial... Je..., je vais juste récupérer la bague s'il vous plait.
-Il y avait aussi une lettre qui s'adressait à son épouse. Elle portait bien le nom de Judith et la signature était de Martial, approuva le sentinelle."

Lylia refusa de rester plus longtemps pour en discuter ainsi, l'homme et son co-équipier lui fournirent dans un foulard l’alliance et la lettre destinées à la veuve. La jeune femme ignorait comment lui apprendre la nouvelle de son décès. Elle-même ne savait comment elle réagirait si l'homme qu'elle venait d'épouser devait disparaître si vite de sa vie.

En arrivant le soir tombé, devant la demeure de la pauvre femme, en lui racontant ce qu'elle avait apprit et en lui fournissant la bague ainsi que la lettre, Lylia savait qu'elle n'oublierait jamais l'expression et les cris de détresses de la veuve en larme sur le sol de sa maison. En repartant avec la récompense promise, la ménestrelle se sentait plus démunie que jamais.