Abandonné en bas âge en pleine Forêt des Mirlis, il fut recueilli aux abords des Chutes des Morts par une louve blanche géante du nom de Kaïla. Alors qu’il ne savait même pas parler, Kaïla le transporta dans tous ses déplacements, comme un vrai louveteau. Il n’en était pas encore conscient mais déjà, sa Vérité de la Nature commença à s’exprimer : parfois, sous son influence, des ponts de branches se formaient pour faciliter le passage de Kaïla.

De cette période passée dans la nature avec Kaïla, il retira des sens supérieurs à la normale, lui permettant par exemple d’entendre le moindre bruit de feuillage ou de pas dans un rayon de plusieurs dizaines de mètres. Il développa, en plus du Contrôle du Bois, un don de Communication avec la Nature, ce qui lui permit de très vite identifier ses alentours dans la labyrinthique Forêt des Mirlis.

Son premier contact avec les Humains eut lieu quelques mois après sa rencontre avec Kaïla, lorsque, contrairement à son habitude, la louve vint à la rencontre des Humains lors de la procession traditionnelle des Anciens jusque devant l’autel de Mère Nature. C’est alors que Jaqua Torang, le chef de la procession, reconnut Kaïla comme l’animal protecteur de l’enfant, et décida, en pleine forêt, d’adopter le petit garçon qu’il nomma ultérieurement Algard, du nom d’un de ses propres ancêtres.

C’est ainsi que Algard finit par rejoindre ses semblables Humains. L’enfant démontrant une prédisposition évidente au contrôle de la Vérité et à la Communication avec la Nature, Jaqua Torang entreprit très vite d’en faire un Gardien à son tour, et en fit son apprenti. Les Anciens vivant en communion avec la Nature, Kaïla fut désignée comme son animal protecteur, et resta depuis  toujours très proche de lui.

Algard se révéla être un apprenti très doué et doté d’un sens de l’analyse hors du commun. A l’occasion du rite de passage au statut de Gardien, qu’il réussit avec brio, son père lui fit présent d’une Hache des Mirlis, un instrument sculpté à partir de branches d'un arbre des Mirlis tombée naturellement, avec un profil de loup gravé sur la lame qu’il garde avec lui depuis.

Si ses études se déroulèrent sans accroc particulier, il ne s’intégra jamais totalement au reste des Humains, passant plus de temps que la moyenne à sortir de la ville avec Kaïla pour chasser et arpenter la forêt, et il ne tissa que peu d’amitiés en raison de son caractère solitaire. C’est également à cette époque que certains de ces congénères commencèrent à désapprouver son mode de vie, car ayant été un enfant sauvage, fils de loup, Algard, s’il ne respecte pas moins que les autres ses proies de chasse, suit un régime alimentaire un peu plus carnivore que la normale chez les Anciens.

Il comprend l’importance de l’Arbre sacré, mais attribue également une affection particulière au reste de la forêt, qu’il connaît comme sa poche, un attachement que les autres Anciens, plus citadins, n’ont pas forcément. Par conséquent, certaines avancées humaines sur la nature, tolérées car sur des parties de la forêt indépendantes de l’Arbre sacré, l’exaspèrent, et s’il accuse ses détracteurs d’une trop grande légèreté ou d’aveuglement envers l’Arbre sacré, certains le trouvent extrémiste dans ses propos et il n’est pas rare que les discussions s’enflamment lorsque Algard et ses contradicteurs débattent.

Algard est somme toute un excellent Gardien, passionné par la tâche qui lui incombe et dédié à la cause de l’Arbre de Vie, mais son goût pour le voyage ainsi que son caractère controversé font que les Anciens le considèrent comme l’élément idéal lorsqu’il s’agit d’envoyer un émissaire en mission diplomatique ou pour régler les affaires d’évolution de la forêt sur le terrain.