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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: [Terminé] Portes closes Jeu 4 Aoû 2016 - 23:28 | |
| 20 asmobor 1248 Pour une liare, se rendre jusqu’à la Fête de la Vérité demandait une sacré dose de motivation. Avant son départ, Kharis avait déjà du se démener pour trouver une carte du continent, objet peu courant même dans la capitale. Et c’est là qu’elle avait réalisé l’ampleur du périple qui l’attendait : presque trois mois sur la route, dans un pays qu’elle ne connaissait que par des rumeurs, alors qu’elle n’avait presque jamais quitté Orlack. Mais puisque sa décision de se rendre dans les terres de Faras était prise, il en fallait plus pour décourager l’armurière. De toute façon, il fallait bien partir un jour... Elle se mit donc en route avec tout son matériel. Un mois plus tard, elle arrivait enfin à Karnès, et elle n’était pas mécontente d’avoir choisi de passer par le désert. Elle ne souffrait pas de la chaleur, et elle était bien contente de ne pas avoir de rivière à traverser où elle risquait de se brûler les pieds. Cependant, ses réserves de nourriture commençaient à sérieusement baisser, et elle avait déjà du échapper à une attaque de vers géant, aussi elle ne fut pas mécontente de voir apparaître devant elle les remparts de la ville du désert. Un vrai lit ne serait pas de refus non plus ! Fatiguée par la route mais contente d’être arrivée avant la nuit, elle entra d’un bon pas dans l’oasis. Elle s’arrêta à la première auberge qui lui sembla raisonnable pour son budget et son confort. En entrant dans la grande salle, elle ne réalisa qu’à moitié que tout le monde la fixait : c’était un peu le cas depuis qu’elle avait mis les pieds en territoire humain alors… « Bonjour, je cherche une chambre pour un jour où deux. »L’aubergiste la fixa étrangement, avant d’articuler de façon exagéré : « On est complet.- Ah bon ? Mais je vois plein de clés derrière vous !- On est complet.- J’avais pas l’impression qu’il y ait tant de monde en ville…- On est complet.- Même une toute petite chambre ! Votre écurie est à moitié vide, je prendrai même une place dans la grange vous savez…- On. Est. Complet. »Kharis finir par accepter sa défaite et faire demi-tour, désarçonnée. La même scène se répéta dans toutes les auberges qu’elle pu trouver en ville : peu importe à quel point elle essayait de se montrer poli, ou menaçante, ou même généreuse (dans la limite de ses moyens), rien n’y fit et elle trouva porte close absolument partout. Au fur et à mesure de l’avancée de la journée, elle sentit également de plus en plus lourdement le regard que la foule posait sur elle. Certes, elle avait l’habitude d’attirer l’attention avec sa charrette, sa peau grise et ses cornes, mais pas à ce point. Elle commençait à comprendre pourquoi la plupart des marchands choisissaient une autre route pour se rendre à la Fête de la Vérité… Finalement, le désert n’était pas un si gros problème comparé à ces étranges humains. Si elle n’avait pas été contrainte par le jour déclinant et son problème de ravitaillement, Kharis serait d’ailleurs repartie aussi sec. Elle finit par errer au hasard des rues, plus pas désœuvrement que vraiment dans l’espoir de trouver un hébergement pour la nuit. Au pire, elle trouverait un recoin où dormir en espérant que son allure suffirait à décourager d’éventuels voleurs… Sans connaître la ville, elle finit par atterrir dans les faubourgs, composés majoritairement de tentes contrairement au centre de la ville. Les gens avaient le regard plus fuyant par ici, moins inquisiteur. Peut-être que ceux-ci se laisserait plus facilement tentés par l’argent… Kharis finit par aborder quelqu’un au hasard : « Bonsoir, je cherche un endroit où passer la nuit. Je peux payer. »Bon, la politesse restait perfectible, mais la fatigue commençait vraiment à se faire sentir. Et cela se voyait sur son visage.
Dernière édition par Kharis Othorm le Ven 9 Sep 2016 - 12:35, édité 2 fois |
| | | | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Sam 6 Aoû 2016 - 20:21 | |
| La nuit tombait sur le désert de la Patience, et de plus en plus de lumières apparaissaient aux fenêtres de Karnès. La chaleur de la journée commençait à retomber, le vent brûlant venant du désert laissant sa place à une fraîcheur bienvenue alors que les étoiles montraient le bout de leur nez. Les rues de la cité étaient le plus animées à cette heure, après avoir été désertées la majeure partie de la journée quand les gens se tenaient à l'abri de la canicule.
Madène sortit de sa tente, profitant de l'adoucissement des températures. Elle s'installa sur une caisse en bois retournée devant l'ouverture de son abri pour prendre son maigre repas, constitué d'une lanière de viande séchée et d'un verre d'eau. Elle n'avait eu aucun client depuis plusieurs jours ; personne n'avait tenté de communiquer avec un défunt, ou en tout cas pas en passant par elle. Elle avait dépensé ses dernières plus petites pièces de cuivre en achetant de quoi se nourrir durant quelques jours, mais si la situation ne changeait pas, elle n'aurait bientôt plus rien.
affamée faim tu vas mourir de faim et il n'y aura personne pour t'entendre toi
Elle secoua la tête en se bouchant les oreilles avec le talon des mains, renversant au passage un petit peu de son eau. Appuyer fort de chaque coté de sa tête masquait le bruit de la rue, mais malheureusement pas les voix oppressantes qui se faisaient toujours entendre.
HIIIIIIAAAAAAAAARRRRRR
Le hurlement strident s'éleva au-dessus du murmure ambiant, brutal et glaçant. Cela lui fit relever les yeux et se lâcher la tête, juste à temps pour voir une étrange jeune femme à la peau grise arborant d'immenses cornes s'approcher d'elle. Les yeux fixés sur ses cornes, Madène l'entendit parler comme dans un rêve. La question resta en suspens un instant, durant lequel elle la détailla de la tête aux pieds. L'apparition était presque fantomatique dans le crépuscule, pourtant les passants ne semblaient pas l'ignorer, ils lui jetaient des regards méfiants et les évitaient, toutes deux et le chariot. En revanche, personne n'avait l'air vraiment effrayé. Madène prit une inspiration tremblante ; le cri qu'elle venait d'entendre aurait dû alarmer plus que cela la population. Il n'avait sûrement pas été réel. Elle allait essayer de s'en persuader.
Son regard revint sur la jeune femme à l'air épuisé qui se tenait devant elle. En l'observant, elle finit par se souvenir de ce qu'elle avait entendu autrefois au temple de Séliope, sur une race vivant au nord du désert, qui possédait une paire de cornes comme celle-ci. À l'époque elle avait été fascinée par les estampes les représentant, eux et leur Vérité du Feu. Les Liares. Elle s'en rappelait maintenant, mais c'était bien la première fois qu'elle en voyait un en chair et en os.
dis-lui dis-lui oui elle se tâte elle se méfie
tu pourrais manger dis-lui oui
Elle lui fit lentement « oui » de la tête avant de se lever, le tout sans la quitter du regard. Elle s'écarta, laissant l'ouverture de sa tente libre.
« J'ai rien à manger pour toi. J'ai de l'eau. » Elle jeta un coup d’œil au chariot rempli de ce qui semblait être des marchandises. « Tu peux laisser tes trucs derrière, personne passe par là. »
Dernière édition par Madène Calis le Dim 4 Sep 2016 - 13:28, édité 2 fois |
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Dim 7 Aoû 2016 - 21:19 | |
| La jeune fille que Kharis avait accostée n'avait pas l'air bien en forme. Maigre comme elle l'était, quel âge pouvait-elle bien avoir ? La liare avait quelques soucis pour estimer ce genre de chose chez les humains, mais son interlocutrice avait vraiment l'air d'une enfant. Elle avait aussi ces grands yeux bleus, cette façon d'observer les gens que Kharis avait rarement vue chez une adulte. Décidément, cette ville était bien étrange. En tout cas, passant outre l'aspect singulier de la jeune fille, elle poussa un long soupir de soulagement quand celle-ci accepta son offre.
« Merci. Je ne bois pas d'eau, mais on va s'arranger. »
Au moins elle aurait un toit sur la tête cette nuit. Certes, il ne risquait pas trop de pleuvoir dans le coin a priori, mais c'était tout de même un confort que Kharis apprécierait de retrouver. Elle alla donc déposer son chargement à l'arrière, vérifia que ses réserves de poudre n'avaient pas bouger de leurs emplacements secrets, et elle tira une lourde couverture sur le tout pour éviter les regards curieux.
Il ne restait plus qu'à régler la question de la nourriture : elle se glissa donc dans la tente pour retrouver son hôte. La plupart du mobilier se révéla être composé de coussins aux motifs étranges et d'une table basse qui avaient vu passer bien des clients, ce n'était effectivement pas là que Kharis allait trouver de quoi se restaurer. Mais maintenant qu'elle avait une guide... Elle lança sur la table ce qu'elle avait prévu de payer dans une auberge du centre-ville. En tant que marchande, elle avait vite pris le pli en ce qui concernait la valeur des choses dans les territoires humains. Plus vite que pour la politesse en tout cas...
« Est-ce que ça te suffit pour la nuit et pour m'aider à trouver de quoi nous faire un repas pour toutes les deux ? Je m'en chargerais bien moi-même, seulement les gens du coin n'ont pas l'air prêt à me vendre quoique ce soit. T'en fais pas, je suis pas difficile. »
Elle examina un peu plus en détail la jeune fille. La tente ne semblait pas faite pour accueillir toute une famille, comment faisait-elle pour survivre seule, aussi jeune, dans un environnement qui paraissait aussi hostile ? Bon, d'accord, peut-être que les habitants de Karnès ne se comportaient pas de façon aussi froide avec les leurs, mais dans ce cas là, comment aurait-il pu la laisser à elle-même ? Kharis fut pris d'un remord à l'idée d'exploiter une enfant. Elle se reprit donc en toussotant.
« Enfin je peux t'accompagner si tu veux... »
Et elle oubliait un truc là, non ? Elle n'avait pas l'habitude de s'inquiéter pour son interlocuteur, bien au contraire. D'ordinaire, elle traitait plutôt avec des commerçants bourrus ayant deux fois son âge... Bon, elle avait été une enfant elle aussi, que disaient les adultes pour la rassurer ? Hum, pas grand choses, ils avaient tendance à l'oublier dans un coin surtout. En fait, Kharis aurait aimé que la gamine lui dise ce qu'elle voulait, ce qu'elle voulait vraiment, ça aurait été plus simple... En attendant, eh bien, elle allait improviser !
« Et tu peux aussi m'appeler Kharis. »
Bon, le point positif, c'est qu'elle avait une bonne marge de progrès. |
| | | | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Lun 8 Aoû 2016 - 17:04 | |
| Madène jeta un regard suspicieux à son « invitée ». Comment ça, elle ne buvait pas d'eau ? Elle qui était née dans le désert et ne l'avait jamais quitté ensuite, elle avait pleinement conscience de la valeur de l'eau. Ici, l'eau que tu trouves te servira à vivre jusqu'à demain matin. Il lui paraissait à la fois bizarre et presque arrogant que quelqu'un refuse d'en boire de la sorte. Tant pis pour elle, cela ferait toujours autant d'eau de moins à aller chercher au puits et à traîner tant bien que mal jusque chez elle.
Pendant que la liare s'occupait d'entreposer son chariot et ses marchandises dans le recoin de l'allée derrière la tente, Madène entra dans celle-ci. Avec la nuit tombante, il régnait à l'intérieur une obscurité quasi-totale, les lourdes étoffes qui constituaient les parois bloquant efficacement la chaleur du désert mais aussi la lumière du crépuscule. La jeune femme alluma les quelques bougies qui lui restait. Elle aurait sans doute bientôt à choisir entre un repas et avoir un peu de lumière le soir après le coucher du soleil mais le problème n'était pas encore assez proche pour l'inquiéter réellement.
Elle entendit l'étrange créature soulever le pan de toile de l'ouverture pour entrer à son tour, mais ne se retourna que lorsqu'elle entendit le bruit des pièces atterrissant sur sa table. Ses yeux s'illuminèrent à la vue de la somme présentée. Finalement, elle pourrait remplacer ses bougies et acheter de la nourriture pour plusieurs jours sans avoir à faire un choix entre les deux. Si elle se débrouillait elle pourrait même acheter quelques bâtons d'encens. L'idée lui plaisait. L'air de sa petite tente saturé de fumée étouffait un peu les voix qui ne la lâchaient pas et semblait lui attirer plus de clients. Et les bâtonnets parfumés feraient une bonne offrande pour l'autel de Mère Nature.
« Est-ce que ça te suffit pour la nuit et pour m'aider à trouver de quoi nous faire un repas pour toutes les deux ? Je m'en chargerais bien moi-même, seulement les gens du coin n'ont pas l'air prêt à me vendre quoique ce soit. T'en fais pas, je suis pas difficile. »
Madène ramassa les pièces et les empocha rapidement dans un repli de son pantalon blanc (ou qui l'avait été, la poussière du désert n'épargnant rien ni personne dans la ville). Elle hocha la tête, la perspective de pouvoir compléter son maigre repas était la bienvenue.
« Je peux faire ça. »
Les yeux rivés sur la flamme d'une bougie, elle réfléchissait à la meilleure marche à suivre. L'échoppe la plus proche n'était pas la moins chère, mais elle rechignait à laisser l'étrangère seule chez elle plus longtemps que le strict nécessaire. Oh, elle n'avait pas peur qu'elle lui vole quelque chose. Cette personne avait l'air bien plus aisée qu'elle, rien ici ne devait lui paraître intéressant.
méfianccce trop bizarre
Voilà, exactement. La liare lui paraissait trop étrange pour qu'elle lui fasse confiance. Elle se frotta une oreille pour tenter de faire disparaître la voix, sans succès. Elle leva les yeux vers l'étrangère, qui semblait en train de prendre la décision de l'accompagner. Elle ne remarqua pas la manière qu'elle avait de l'observer.
« Non, trop bizar... » Elle s'interrompit brusquement. C'était peut-être ça, la solution à son problème. Si elles partaient toutes les deux, elle pourrait aller faire leurs emplettes dans la boutique de Yifrin, qui était toujours aimable avec elle, malgré le fait qu'elle n'ait pas toujours de quoi payer. « D'accord, viens. »
« Et tu peux aussi m'appeler Kharis. »
Kharis. Le nom sonnait étrangement à ses oreilles, mais il n'était pas aussi exotique qu'elle l'aurait imaginé.
« D'accord. Kharis. »
Elle souffla les bougies, sortit de la tente et commença à s'éloigner sans vérifier que l'étrangère la suivait. Elle parcourut les ruelles des bas-quartiers rapidement. Bien que cela lui soit nécessaire, elle n'aimait pas vraiment s'aventurer en dehors des quelques rues autour de chez elle. Là les voix lui paraissaient plus étranges, inconnues, plus oppressantes aussi.
Une fois arrivées devant la petite boutique poussiéreuse de Yifrin, Madène poussa un soupir de soulagement : elle était presque déserte. Elle n'aurait pas à subir les regards inquisiteurs des autres clients, qui jugeaient sa maigreur, son apparence et la bizarrerie de ses gestes. Elle entra dans l'unique pièce qui constituait le magasin et salua rapidement le vendeur.
« Hey, bien le bonsoir Madène ! Comment vas-tu depuis la dernière f... » Yifrin s'interrompit en voyant Kharis, ses cornes et sa peau grise. « Et qui est-ce que tu nous amènes comme ça ? - Une étrangère, elle trouvait rien pour dormir. »
Pour éviter d'être questionnée plus avant, Madène parcourut rapidement le magasin, choisissant plusieurs portions de viande séchée de malborn, quelques dattes, et remplissant un petit sac de céréales quelconques qu'elle pourrait cuisiner plus tard. Elle lança un coup d’œil en coin à Kharis de l'autre côté du magasin. Non, elle achèterait l'encens un autre jour. L'étrangère avait parlé d'acheter de quoi faire un repas, elle n'avait pas besoin d'être témoin de ses achats personnels. Ah, si, il fallait tout de même qu'elle pense à acheter des bougies pour remplacer celles qui arrivaient en bout de course chez elle.
Elle paya ses achats, regrettant presque immédiatement la présence des pièces rassurantes dans sa poche. Comment savoir combien de temps ces provisions allaient durer. Elle secoua la tête et se tourna vers Kharis.
« Tu es prête ? »
Dernière édition par Madène Calis le Dim 4 Sep 2016 - 13:28, édité 1 fois |
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Ven 12 Aoû 2016 - 23:08 | |
| Toute à son soulagement à l'idée de ne pas passer la nuit dehors, Kharis remarqua à peine que la petite qui l'avait accueillie se comportait un peu plus bizarrement que la majorité des humains qu'elle avait croisé jusqu'à présent. Elle avait bien un ou deux tics avec ses mains et ses oreilles, mais après tout, cela pouvait être le sable qui s'infiltrait partout qui la démangeait... En tout cas elle n'y fit pas particulièrement attention et ne parut pas remarquer à quel point son hôte était méfiante envers elle.
La liare se leva donc en même temps que l'humaine et la suivit à travers les ruelles du quartier. Il était étonnant de constater à quel point la même ville pouvait sembler complètement différente quand on empruntait ses artères parallèles : même en prenant des avenues au hasard, Kharis n'aurait jamais eu l'idée de passer par là. Ici les maisons étaient plus resserrées, s'appuyant souvent les unes contre les autres, et la foule était plus clairsemée. Les vieux en profitaient pour rester sur le pas de leur porte en profitant des derniers rayons de soleil qui pénétraient dans l'allée et les enfants jouaient sans risquer de bousculer les passants. On avait l'impression que rien ni personne ne pourrait perturber cet endroit.
Kharis attirait davantage l'attention également, mais personne ne lui adressa directement la parole. Elle n'essaya même pas de se faire discrète, comment aurait-elle pu faire avec ses presque deux mètres de haut ? Elle se contenta de profiter de l'ambiance et d'enregistrer toutes les odeurs et tous les sons exotiques qui lui parvenaient. Elle commençait à comprendre pourquoi certaines personne aimaient autant voyager...
Elles arrivèrent finalement dans une petite échoppe qui ne payait pas de mine. D'ailleurs, les clients ne s'y bousculaient pas, ce qui ne sembla pas perturber sa guide. Elle entra sans hésiter, en habituée des lieux : cela arrangea bien Kharis d'ailleurs, puisque le vendeur la salua par son nom. Madène. C'était plutôt joli. Le bonhomme avait l'air sympathique également, il ne parla pas de la liare comme si elle n'était pas là, et il ne fronça pas les sourcils en la voyant. Il eut juste l'air surpris, mais après tout c'était normal.
La petite Namès se montra particulièrement évasive pour répondre à sa question. Apparemment, les gens du coin tenaient à leur vie privée, et la discrétion semblait être une qualité. Kharis n'était pas aussi délicate, aussi se présenta-t-elle elle-même :
« Je m'appelle Kharis, je viens d'Orlack. Je suis en route pour la Fête de la Vérité. - Oh, ça vous fait un bon bout de chemin, ça ! J'y suis allé plusieurs fois, quand j'étais plus jeune, ce sont de beaux souvenirs. Mais avec la boutique à faire tourner... - Oui, j'imagine. Ce sera ma première fois cette année. J'espère y faire des affaires, on m'a raconté toutes sortes d'histoires sur ce qui se vendait là bas ! »
Elle passa ainsi quelques minutes à discuter avec le marchand qui ne demandait rien de mieux que de raconter les souvenirs de ses voyages de jeunesse. Kharis écouta avec délectation : elle aimait entendre les histoires des autres, et c'était tellement agréable de voir un visage amical ! Peut-être Madène l'avait-elle justement emmené ici parce qu'elle savait que ses cornes ne lui vaudraient pas de trouver porte close encore une fois ?
Tant qu'elle était là, la liare en profita également pour racheter quelques petites choses dont elle aurait besoin pour la suite de son voyage : de la viande séchée principalement, un peu de pain, quelques clous pour retaper sa charrette... Elle faillit se laisser tenter par quelques fruits secs à l'aspect étrange, mais elle ne voulait pas risquer de tomber malade en plein désert parce qu'elle aurait mangé quelque chose que son estomac ne supportait pas.
Madène n’acheta pas grand chose et revint rapidement payer ses emplettes. Quand elle demanda à la liare si elle était prête, celle-ci lui fit signe qu'elle se dépêchait. Elle ajouta rapidement un peu d'huile pour sa lampe à sa sélection, puis régla sa note.
« C'est bon, on peut y aller ! »
Kharis salua rapidement l'aimable vendeur (rendu encore un peu plus aimable par les achats qu'elle avait fait) et se dépêcha de suivre Madène à nouveau dans le dédale de ruelles qui constituaient le quartier. Elle aurait été bien incapable de retrouver son chemin toute seule, et elle doutait que les habitants soient très coopératifs. En plus, la nuit commençait à tomber... et leur chemin était chichement éclairé. Apparemment, ici, on n'avait pas d'argent à gaspiller pour de la lumière, et il fallait faire avec ce que le soleil vous donnait.
Une fois de retour à la tente, Madène prépara le repas en silence. Kharis ne tenta pas spécialement de faire la conversation non plus : la fatigue de la journée passée sur la route commençait à se faire sentir. Et les coussins devenaient de plus en plus moelleux... Heureusement, la nourriture fut prête rapidement.
Ce n'était pas grand chose, Kharis s'en doutait bien. Elle n'allait pas s'attendre à la cuisine d'une belle auberge, mais elle fut tout de même un peu déçue par l'espèce de bouillie blanche qui se trouvait dans son bol. Une ou deux lanières de viande surnageaient, mais cela ne suffisait pas à rendre le tout vraiment appétissant. L'odeur était plutôt fade également... Les épices étaient-elles trop onéreuses dans la région, ou les Namès n'avaient pas l'habitude d'en consommer ? Kharis ne se risqua pas à poser la question, elle n'allait pas cracher (littéralement) dans la soupe.
De toute façon, elle avait faim. La nourriture était chaude, cela lui suffirait. Effectivement, la première cuillère lui révéla que sa bouillie était aussi insipide que son aspect le laissait deviner, mais qu'importe, elle mangea avec appétit. Cela tenait au ventre au moins. Une fois son bol vide, Madène lui présenta de drôles de fruits en dessert, qu'elle appela des dattes quand Kharis lui demanda ce que c'était. Le goût sucré, la chair fondante, le parfum de miel la surprirent quand elle croqua dedans. C'était tellement différent de ce qu'on trouvait à Orlack... mais ça, contrairement au plat principal, elle pourrait s'y faire ! Elle en reprit une, puis laissa le reste à Madène. Elle se sentait mal à l'idée de piller les réserves d'une enfant.
Après ça, elle essaya de se trouver un coin pour dormir. Madène lui proposa une couverture, les nuits étant fraîches dans le désert, mais le bout de tissu était bien trop petit pour Kharis : elle alla donc récupérer quelques affaires dans sa charrette. Ensuite, il ne fut pas si évident pour elle de trouver une position dans laquelle elle ne gênait pas son hôte, la tente n'étant clairement pas conçue pour accueillir deux personne, et encore moins pour une liare. Après quelques contorsions, elle finit par se rouler en boule et s'endormir comme une pierre. Après des semaines sur les routes, les coussins et les tapis au sol lui parurent aussi confortables qu'un lit de plume dans une auberge de luxe. Son sommeil fut sans rêve.
Elle se réveilla aux première lueurs de l'aube avec l'impression d'avoir à peine cligné des yeux, mais elle se sentait complètement reposée. Elle remarqua aussi presque tout de suite qu'elle était seule. Où était passé Madène ? Kharis fronça les sourcils et se releva en tâtant le sac qui lui avait servi d'oreiller. Non, il ne lui manquait rien, pas même son pistolet dont elle senti la crosse à travers le tissu... Elle s'en voulait un peu d'être aussi suspicieuse, mais elle eut envie d'aller vérifier son chargement à l'arrière pour être sûre. Seulement, un bruit de voix dans la rue, juste devant l'entrée de la tente, lui fit changer d'avis. Elle fut tentée par l'idée de prendre son arme avec elle, mais elle se rappela qu'elle n'était pas censée avoir gardé ce genre d'objet sur elle en entrant dans la ville. Tant pis, elle s'en passerait.
Elle sortit côté rue en s'étirant. Apparemment, les hommes réunis à l'extérieur ne s'attendait pas à cela... Ils reculèrent d'un pas, l'air méfiant, voire carrément hostiles. Kharis cligna des yeux en essayant de comprendre ce qu'il se passait. Ces types ne lui inspiraient absolument pas confiance. Elle avisa Madène qui se trouvait juste à côté d'elle et lui lança :
« Hey, toi, j'aime pas trop tes amis... Je pense qu'il t'en faudrait des nouveaux »
Kharis n'avait pas envie de s'attirer des ennuis, mais si ces types voulaient les piller, ils allaient trouver à qui parler. Et d'ailleurs, même s'ils étaient là seulement pour la bagarre (peut-être n'était-ce pas un trait de caractère exclusivement liare après tout), elle ne comptait pas se laisser faire !
Dernière édition par Kharis Othorm le Lun 29 Aoû 2016 - 0:02, édité 2 fois |
| | | | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Mar 16 Aoû 2016 - 0:09 | |
| Madène précéda l'étrangère dans les ruelles qui les ramenaient chez elle. Une fois le soleil couché, la nuit tombait rapidement sur la ville et la poussait à rentrer aussi vite que possible. Elle avait presque envie de courir pour rentrer, mais se contenta de marcher aussi rapidement que ses jambes le permettaient. Dans la cité, les mauvaises rencontres n'étaient pas particulièrement fréquentes mais elle préférait quand même éviter de tenter le diable. Elle poussa un soupir de soulagement en écartant les pans de la tente avant d'entrer.
Elle s'attela aussitôt à la cuisine, en allumant un petit feu dans un trou creusé au centre de la tente. La nourriture était simple, voire carrément austère, mais son mot d'ordre pour la préparation était la rapidité et la simplicité. Elle se sentait rarement capable de faire autre chose que le strict de minimum, et elle en avait encore moins souvent les moyens. Quant au goût, la faim est la meilleure et la plus piquante des sauces, elle ne se rendait même pas vraiment compte que sa nourriture était fade ; à vrai dire, c'était le plus lointain de ses soucis, du moment qu'elle avait le ventre plein, ça n'avait aucune espèce d'importance. La seule exception concernait les dattes. Petits concentrés de douceur et de soleil, ces fruits étaient les représentants d'un temps plus heureux et plus facile, quand ses parents étaient encore vivants et qu'elle était une apprentie au temple. Malgré, ou à cause de tout ce qui était arrivé, elle regrettait parfois cette époque. Elle n'en mangea qu'une, emballant soigneusement les autres pour les savourer petit à petit plus tard.
Après ce modeste repas, Kharis ne fit pas long feu, s'installant rapidement pour dormir. Madène n'en revenait pas de constater à quel point elle prenait de la place dans la petite tente. Elle n'avait pas du tout anticipé ce problème en acceptant de lui rendre ce service. Elle-même éteint le petit feu en le recouvrant de sable et se coucha en chien de fusil à l'endroit le plus éloigné possible de la liare, ce qui était tout relatif au vu de la taille de la tente. Après avoir tourné un moment, la respiration de Kharis se fit plus lente et plus profonde, interrompue uniquement par un petit ronflement occasionnel.
dors dors dors dorsdors
Elle avait beau se tourner et se retourner dans son petit coin, impossible de trouver le sommeil.
elle dort sers-toi dans ses affaires prend son argent prend à manger
Non ! Non, non et non ! Elle avait peut-être une situation difficile, mais elle n'était pas une voleuse ! Elle s'agita sous sa couverture, tenta de faire disparaître cette horrible voix en secouant la tête, en se frottant les oreilles ; rien n'y faisait. Elle finit par rendre les armes, se lever et sortir de la tente pour éviter de céder à ces injonctions. Le ciel commençait à s'éclaircir, il faisait frais ici, beaucoup plus que dans la tente. Elle s'enveloppa dans sa couverture, assise sur une cagette retournée devant l'auvent, et regarda la ruelle s'éveiller petit à petit. Sur les quelques bâtiments construits en dur, des volets s'ouvraient, des gens sortaient de leurs tentes munis de seaux pour aller chercher de l'eau au puits, quelque part un coq commençait à chanter.
Perdue dans la poésie du moment, elle ne remarqua que tard le groupe d'hommes et de femmes à l'air patibulaire qui se rassemblaient, les yeux rivés dans sa direction. Certains étaient armés de bâtons, mais à l'évidence aucun d'eux n'était un soldat ni n'avait l'habitude de manier une arme. Ils se rapprochaient discrètement mais indéniablement, menaçants. Une fois arrivés à quelques mètres de là où la jeune femme se trouvait, celui qui semblait être le meneur lui jeta, plein de fiel :
« Tu crois pouvoir voler des gens encore longtemps, espèce de charlatane ?Je sais pas ce que tu manigances mais si tu crois pouvoir te payer nos têtes encore longtemps avec tes histoires... ! »
Madène se leva, effrayée, murmurant un déni en boucle comme une litanie, les larmes aux yeux. Quelque part, elle avait toujours su que ce genre de chose risquait de se produire. Dans sa vie, elle avait déjà vu plusieurs fois des mendiants se heurter à ce genre personnes, et la plupart d'entre eux avaient fini manu militari dans le désert, seuls et sans provisions, plutôt que de les laisser souiller plus longtemps les rues de cette ville sacrée. Et sa situation était guère différente : sa Vérité, ou ce qu'elle pensait être, était extrêmement rare. Même elle ne savait pas vraiment ni comment l'utiliser, ni même si c'était un réel pouvoir ou juste une illusion. Finalement, peut-être qu'elle escroquait vraiment les gens qui venaient lui demander conseil et service.
En entendant Kharis remuer dans la tente, la jeune femme eu un instant de panique. Et si elle avait entendu ? En temps normal, Madène n'aurait eu que faire de l'opinion de la liare, mais son imposante stature, son aspect entièrement étranger et les quelques rumeurs sur le caractère flamboyant de son peuple qu'elle connaissait lui donnaient une idée assez nette et parfaitement terrifiante de sa réaction si elle pensait qu'elle était une voleuse.
« Hey, toi, j'aime pas trop tes amis... Je pense qu'il t'en faudrait des nouveaux »
La jeune Namès la regarda, interdite. Au moins, elle n'avait pas l'air hostile.
« C'est pas mes amis. » Elle se tourna vers les hommes, qui semblaient hésiter devant l'allure impressionnante de la liare. « Allez-vous en, laissez-moi tranquille ! »
Apparemment, ce fut une erreur. Alors que l'apparition de Kharis semblait les avoir impressionnés, son injonction recentra leur attention sur elle, et elle les effrayait indéniablement moins. Leur chef s'approcha, menaçant.
« T'occupe pas de ça étrangère, mêle-toi de ce qui te regarde. » Il souleva sa matraque et donna quelques petits coups avec dans sa main libre dans un geste d'intimidation. « C'est elle le problème. » Il s'adressa à Madène d'un hochement de tête dédaigneux. « Depuis le temps que t'essaies de faire croire que tu lis l'avenir, tu vas nous payer tes mensonges ! » Il promena son regard sur la tente et les quelques possessions de la jeune femme. « Et si t'as pas d'argent, tu trouveras bien un moyen de nous rembourser. »
La jeune femme recula en se ramassant sur elle-même, farouche. Elle chercha son couteau dans un repli de son pantalon bouffant mais ne trouva que l'étoffe légère : elle l'avait laissé là où elle avait dormi, n'ayant pas pour habitude d'être sur ses gardes dès l'aube. Les larmes aux yeux, elle tenta une nouvelle fois :
« Non, me touchez pas ! Partez ! »
Indifférent à sa détresse, ou plutôt aiguillonné par ses protestations, l'homme leva sa matraque alors que ses sbires se rapprochaient encore. Madène se protégea la tête de ses bras, attendant que le coup tombe.
Dernière édition par Madène Calis le Dim 4 Sep 2016 - 13:27, édité 1 fois |
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Ven 19 Aoû 2016 - 17:08 | |
| Madène avait l'air surprise de son intervention : quoi, elle ne pensait quand même pas qu'elle allait s'enfuir comme une lâche aux premiers signes d'agitation ! De toute façon, avant de choisir quelle attitude adopter, elle devait en savoir plus. Qui était ces types au juste, et que voulaient-ils ? Son hôte lui affirma qu'elle ne les connaissait pas, et elle leur demande de partir. Alors, venaient-ils pour Kharis ? La liare savait que certains humains pouvaient avoir des vues assez extrêmes sur le sujet des autres peuples, mais tout de même... Si elle avait attiré des ennuis à la gamine, elle allait s'en vouloir.
« T'occupe pas de ça étrangère, mêle-toi de ce qui te regarde. C'est elle le problème. »
Décidément, ces humains étaient pénibles. Elle avait encore le droit de se sentir concernée par ce qu'elle voulait, non ? Elle était tout de même un peu soulagée de savoir que leur présence n'avait rien à voir avec elle. Mais que pouvaient-ils bien reprocher à une gamine alors ? Ils n'avaient pas l'air d'être là pour l'emmener dans un orphelinat où on s'occuperait de son éducation...
« Depuis le temps que t'essaies de faire croire que tu lis l'avenir... »
Sous le coup de la surprise, Kharis n'entendit pas la fin de la phrase. Elle se tourna vers Madène, les yeux écarquillés : quel type de Vérité pouvait-elle bien maîtriser pour susciter de telles réactions ? Elle qui croyait que les Namès étaient des soigneurs... Il faudrait qu'elle pense à lui demander, un jour. Son manque de curiosité allait finir par lui jouer des tours à force.
Se poser autant de question n'était pas dans les habitude de la liare : avant tout chose, il fallait parer au plus pressé. Madène avait beau essayer de repousser ses agresseurs, ils devenaient de plus en plus vindicatifs, et elle, de plus en plus paniquée. Kharis n'avait pas un grand sens de la justice, mais y avait quand même des choses qu'elle ne pouvait pas laisser faire !
Le leader du groupe s'apprêtait à frapper la petite Namès : il n'eut pas le temps de s’exécuter. Kharis passa derrière lui, attrapa le col de son vêtement, et l'envoya rouler dans la poussière d'un ample mouvement d'épaule. Elle avait juste voulu le bousculer, mais ces humains étaient bien légers... Pour l'empêcher de se remettre debout, la liare posa un pied sur le torse de l'homme alors qu'il était encore à terre. Elle évita de s'appuyer trop franchement sur lui : elle ne voulait pas le blesser trop gravement non plus.
Elle regrettait un peu de ne pas pouvoir sortir son arme pour le menacer de façon plus efficace, mais de toute façon avec le canon d’un flingue entre les dents, on ne prononce que les voyelles, or elle voulait des explication. Et si elle voulait quitter la ville dans de bonnes conditions, elle ferait mieux de ne pas laisser savoir qu'elle avait réussi à rester armée en toute illégalité. Elle se contenta donc de lancer un regard mauvais aux courageux qui étaient restés en arrière pour leur ôter toute envie de venir aider leur chef, puis elle s'adressa à ce dernier :
« Vous autres humains, vous êtes vraiment pitoyables. Vous y mettre à plusieurs hommes armés pour tabasser une enfant seule et sans défense ! Chez moi, on vous aurait coupé les cornes pour moins que ça... fit-elle d'un air dégoûte. - Une enfant ? Qu'est-ce que tu racontes ? lui répondit le leader, incrédule - Chef, faites gaffe, je crois que cette sorcière l'a sous son contrôle ! lui cria un des hommes resté prudemment en arrière. C'est peut être un golem ! »
Sans changer de position, Kharis regarda successivement l'homme à terre, celui qui avait parlé, puis Madène. Elle ne comprenait plus trop ce qui se passait, mais il lui semblait bien qu'elle avait toujours son libre arbitre... Ne voyant pas trop comment le prouver, elle ignora cette remarque, et s'adressa plutôt à son hôte :
« Attends... Tu as quel âge en fait ? »
L'idée de s'être lourdement trompée la perturbait un peu, mais cela ne changeait pas fondamentalement son avis sur la situation. Attaquer quelqu'un de manière si déséquilibré était digne du pire mépris, que Taran les maudisse.
Dernière édition par Kharis Othorm le Ven 2 Sep 2016 - 0:25, édité 1 fois |
| | | | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Lun 29 Aoû 2016 - 20:12 | |
| Madène attendit que le coup tombe mais à la place elle n'entendit qu'une exclamation de surprise, et releva la tête juste pour voir Kharis faire valdinguer son agresseur d'un simple geste. Elle resta sans bouger ni faire un bruit, figée de terreur. Elle ne pouvait que regarder l'intervention de la liare. Elle n'aurait jamais imaginer qu'elle avait une telle force, ni une telle violence en elle. Certes elle était bien plus grande la majorité des hommes d'ici, et au moins aussi musclée mais la scène lui paraissait tout de même surnaturelle.
Elle observait la liare avec un œil nouveau : c'était une véritable de force de la nature. Ou bien n'était-ce qu'une raclure, une brute épaisse qui ne vivait que pour la violence ? Non. Elle était injuste : depuis la veille, elle ne lui avait montré que de la politesse, et elle était en ce moment-même en train de prendre sa défense contre ses agresseurs. Elle était peut-être plus brute que les humains de son entourage, mais quelque part, elle était aussi moins violente.
Tremblante, elle n'avait pas écouté la petite « conversation » qui avait eu lieu devant elle. Elle voyait juste que les hommes restaient à distance respectueuse maintenant, rendus méfiants par la mésaventure de leur chef. Cela ne l'empêcha pas de sursauter quand Kharis se retourna vers elle pour lui parler. Elle n'enregistra pas sa question, se sentant comme un lapin en plein phares. Elle répondit à la remarque du deuxième homme un peu en retard.
« NON ! Je peux pas faire ça! »
C'en était trop pour Madène, qui secoua la tête et détala, fuyant se réfugier à l'abri de sa tente. L'environnement familier lui donnait l'impression d'être plus en sécurité. Elle s'accroupit contre la paroi opposée à l'ouverture, serrant ses genoux contre elle.
coincée tu es coincée qu'est-ce qu'elle va faire de toi maintenant qu'elle sait que tu es un escroc
Non ! Elle faisait de son mieux. Elle n'avait jamais voulu faire croire aux gens qu'elle pouvait voir l'avenir. Ni même le passé. Elle n'avait jamais dit à quiconque qu'elle lisait dans son esprit. Non, elle communiquait avec leurs morts, ou du moins c'était ce qu'elle avait fini par conclure, mais c'était eux, qui se faisaient des idées et qui ne supportaient pas que certaines vérités soient révélées.
Elle ne releva même pas la tête en entendant quelqu'un soulever le pan de tissu à l'entrée de la tente. Elle se contenta de resserrer ses bras autour de ses genoux, en se balançant légèrement d'avant en arrière.
Dernière édition par Madène Calis le Dim 4 Sep 2016 - 13:27, édité 1 fois |
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Ven 2 Sep 2016 - 0:23 | |
| Madène semblait s'être recroquevillée sur elle-même quand tout l'attention de toutes les personnes présentes s'était focalisée sur elle. Encore un peu et elle disparaissait dans le sable de la rue purement et simplement, comme un esprit du désert dont on aurait découvert la véritable nature. Mais comme elle n'était qu'une humaine, elle courut plutôt se réfugier dans sa tente pour se soustraire à ces regards inquisiteurs. Kharis soupira lourdement et se tourna de nouveau vers leurs invités surprises :
« Eh voilà, avec vos conneries vous avez fait fuir la môme ! - Mais... puisqu'on vous dit... que... c'est pas... une gosse ! haleta leur chef, légèrement gêné dans sa respiration par le pied de Kharis qui lui comprimait toujours la poitrine. - Essayez pas de me raconter n'importe quoi sous prétexte que je suis une liare ! Je ne suis pas aveugle ! »
L'homme à terre renonça à convaincre cette tête de mule qu'elle avait tort, et reprit plutôt ses gesticulations pour essayer de se relever. Kharis lui répondit simplement en appuyant un peu plus fort sur sa jambe. Ce fut un autre homme, plus loin, qui reprit la parole. (faisait-il parti du groupe de départ, ou était-ce un passant arrêté par la scène ? Elle n'aurait pas su le dire, pour elle ces humains en toge blanche se ressemblaient tous beaucoup trop.)
« Et voilà... Laissez entrer ces païens, ces vandales, et voyez ce que deviens notre ville ! - C'est quoi ton problème ? Nous sommes les enfants de Mère Nature comme tout le monde, l'invectiva Kharis, et Simius veille sur nous, alors ne nous traite pas de païens, ou tu finiras comme lui ! »
Elle désigna d'un geste le chef de la bande, qu'elle finit d'ailleurs par libérer en l'envoyant rouler plus loin d'un coup de pied. Il ne se fit pas prier et se releva aussitôt, sans doute plus blessé dans son estime que physiquement. Il la regarda bizarrement en s'époussetant, et c'est là que Kharis prit pleinement conscience qu'elle était seule contre cinq hommes armés de gourdin. Certes, le moindre nourrisson liare contenait plus de bravoure que toute la bande, et en plus ils n'avaient pas l'air de savoir se servir de leurs armes, mais elle était tout de même clairement désavantagé. Il lui restait toujours le bluff...
« Allez, oust, partez, où je fous le feu au prochain qui s'approche ! »
Elle accompagna ses menaces d'une petite étincelle au bout de ces doigts. Elle ne pensait pas réellement être capable de faire brûler autre choses que de la poudre avec ça, mais les autres l'ignorait... Et d'ailleurs, ils eurent l'air de craindre que le coton de leurs vêtements fasse un bon combustible, car ils se décidèrent finalement à tourner les talons. Après une dernière promesse, bien sûr...
« Toi, la... chose, et ta complice nécromant, vous avez intérêt à déguerpir, parce qu'on reviendra avec la brigade. Vous ne vous en tirerez pas comme ça, Seliope en soit témoin ! »
Ceci dit, au premier signe que Kharis fit pour les rejoindre et les empêcher d'aller plus loin, ils se mirent à courir. Vraiment, tous des pleutres... Ceci dit, elle n'avait pas trop envie de croiser les gardes de Karnès : si ces types pouvaient défendre leurs murs contre les vers des sables, ils ne devaient pas être trop à prendre à la légère. Et elle n'avait vraiment aucune intention de se laisser prendre avec tout son chargement d'armes entrées illégalement en ville... Il valait mieux battre en retraite, pour l'instant au moins.
Elle retourna dans la tente pour avertir Madène des dernières évolutions de la situation, mais la gamine n'avait pas l'air vraiment en état pour réfléchir à un plan qui permettrait de sortir rapidement et discrètement de la ville. Elle était prostrée dans un coin et elle semblait complètement hermétique au monde extérieur. Elle n'avait même pas levé la tête quand Kharis était entrée. Comme la Namès sursautait normalement au moindre bruit ou mouvement qui se faisait autour d'elle, la liare comprit que quelque chose n'allait vraiment pas. Elle souffla, contrariée : elle allait devoir faire preuve d'un minimum de délicatesse, mais ce n'était pas vraiment son fort... Elle était armurière, pas baby-sitter ! Mais bon, elle ne pouvait quand même pas l'abandonner là.
« Hey petite, ils sont partis t'en fais pas. Heu, pour le moment en tout cas. Enfin bref... Comment dire ça diplomatiquement... Je crois qu'ils étaient pas très contents quand même, et ils ont parlé de la brigade, et je crois que je.. Ou plutôt qu'on devrait pas trop traîner dans le coin. »
Tout en lui expliquant cela, Kharis avait commencé à rassembler les différents objets qu'elle avait pu sortir de son sac et qui traînaient dans la tente. Il n'y avait pas grand chose, mais le temps qu'elle finisse, elle espérait que Madène aurait eu le temps d'assimiler ce qu'elle venait de dire. Puis la liare se rassit en face de la jeune fille et la fixa un instant en silence, ses affaire sur les genoux, avant de se lancer.
« De mon côté, je devrais sans doute quitter la ville sans faire de vagues. Et toi, qu'est-ce que tu comptes faire ? »
Elle n'avait pas osé lui proposer de but en blanc de l'accompagner à Faras. Elle ne voulait pas avoir l'air de lui forcer la main, et surtout, elle ne savait pas du tout comment la môme allait réagir. Elle n'avait pas l'air très équilibrée après tout, même pour une gamine humaine... |
| | | | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes Dim 4 Sep 2016 - 22:07 | |
| Kharis s'adressa à elle avec tact, mais Madène n'avait pas la force de relever la tête pour affronter son regard. Quand elle était comme ça, la tête dans les genoux, au moins elle ne pouvait pas constater l'ampleur du désastre. Malgré ses difficultés elle avait réussi au fil des années à se construire un petit nid douillet dans son quartier de la ville. Bien sûr il était arrivé quelques fois que des brutes viennent essayer de l'intimider pour la faire partir, et ça aurait pu marcher si elle n'avait pas eu encore plus peur de partir que de rester. Seulement habituellement, après leur petite démonstration de mécontentement, voyant qu'elle ne bougeait pas, ils n'insistaient pas plus que ça et la laissaient tranquille pour les quelques mois suivants. Seulement cette fois-ci, l'intervention de Kharis, même si elle l'avait protégée sur le moment, avait semblait-il envenimé la situation.
« Je crois qu'ils étaient pas très contents quand même, et ils ont parlé de la brigade, et je crois que je.. Ou plutôt qu'on devrait pas trop traîner dans le coin. »
Qu'est-ce qu'elle appelait « ne pas traîner dans le coin » ? Changer de quartier serait probablement pire. Ici, dans un quartier pauvre, avec des gens qu'elle connaissait un peu autour d'elle, elle aurait certainement moins d'ennui que si elle changeait. Les quartiers plus riches lui feraient un moins bon accueil, et c'était un doux euphémisme. Là-bas, les gens comme elles ne duraient pas très longtemps avant de finir dans le désert.
Elle ne bougea toujours pas en entendant la liare rassembler ses affaires. Elle se redressa cependant quand elle vint s'asseoir devant elle. Peut-être était-il temps de faire face ?
« De mon côté, je devrais sans doute quitter la ville sans faire de vagues. Et toi, qu'est-ce que tu comptes faire ? »
Madène écarquilla les yeux, toujours murée dans son silence. Quitter Karnès ? Pour faire quoi ? Aller où ? Elle n'avait jamais quitté la cité de sa vie. C'était sa ville, son pays qu'elle portait dans son cœur et dans son corps, et partir lui semblait aussi improbable que de se mettre à voler. D'un seul coup l'idée l'emporta comme un tornade, et elle se senti complètement déracinée, alors même qu'elle ne s'était même encore levée pour partir.
Perdue, elle regarda Kharis qui était déjà prête à reprendre la route :
« Je..j'ai nulle part où aller. C'est chez moi ici, je peux pas. »
Elle essaya d'imaginer comment pourrait être la vie ailleurs. La réponse était immédiate et effrayante : différente. Rien ne serait probablement comme ici, tous ses repères allaient partir en fumée. Les voix la suivraient-elles dans l'inconnu, ou n'étaient-elles que des produits de la ville sacrée ?
partir partir tu vas nous laisser ? nous abandonner si tu pars
Madène tourna lentement la tête comme un automate, parcourant son environnement du regard, essayant d'évaluer chacune de ses rares possessions. Elle soupira, ses épaules s'affaissant sous le poids du découragement.
« J'ai aucune idée de quoi faire. » |
| | | | (#) Sujet: Re: [Terminé] Portes closes | |
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