Issue d'un milieu aisé et de deux parents aimants, Adel n'a pas eu ce qu'on pourrait qualifier d'enfance difficile. Mais pour aller encore plus loin, Adel n'a même pas connu la frustration, ni même aucune expérience désagréable, comme le "non" d'un parent ou tout simplement la gronderie après la désobéissance. Adel était grosso modo une enfant modèle.

Ses parents, laxistes et très présents, lui offrirent tout ce qu'un enfant devait avoir et savoir pour devenir quelqu'un. Selon leurs valeurs. Ainsi, Adel eut droit à une éducation complète surtout basée sur les arts et la tenue. N'étant pas une enfant difficile, tout lui plaisait.

Elle vit s'enchaîner les précepteurs au fur et à mesure qu'elle grandissait. Lors de ses 14 ans, voulant perfectionner sa maîtrise des armes, ses parents firent appel à un maître d'épée, qui se prétendait ancien soldat contraint de quitter les rangs suite à une blessure à la jambe.

Néanmoins, il ne fallait pas être un adepte du maniement de l'épée pour comprendre que l'homme n'avait rien de la technique d'un soldat. Les bottes, les enchaînements qu'il lui apprenait avaient quelque chose de personnel et de délicieusement non-conventionnel. Désireuse d'acquérir un style de combat bien à elle, elle tentait tant bien que mal d'imiter la technique de son professeur tout en y ajoutant sa touche personnelle, sans grand succès. L'homme lui apporta un jour une hallebarde, insistant sur le fait qu'un bretteur de talent se devait de savoir manier plus d'une lame.

Un an après l'éveil de sa vérité, soit à partir de ses 16 ans, la jeune fille prenait de plus en plus de son temps pour arpenter les rues d'Arnlo voire même les routes empruntées par les voyageurs, dans le dos de ses parents. Néanmoins, n'ayant jamais été habituée aux provocations d'inconnus, elle eut la fâcheuse tendance d'en venir aux armes pour un rien. D'un affrontement futile résulta une profonde et large égratignure en plein milieu du front. Honteuse de son propre emportement, elle dissimula la blessure sous une grosse perle d'un blanc immaculé.

A ses 20 ans, Adel décida de quitter le foyer familial. Ses parents, qui ne s'attendaient pas à un tel retournement de situation, lui firent part de leur mécontentement. Mais la petite Adel n'écoutait plus vraiment personne, et si elle leur portait un amour certain, l'envie d'aller voir du pays et de croiser le fer était plus forte que tout.

Considérant qu'une (auto-proclamée) justicière se doit d'offrir ses services sans distinction, elle refuse de poser ses valises. Elle rêve secrètement d'étendre sa lame jusqu'aux Terres des Liares, mais elle n'en a pas vu la moindre roche.