Lui prêter ses vêtements ? Cela suffirait-il vraiment ? Eh bien soit, si cela pouvait leur permettre de ne pas se faire repérer, alors Jade n’y voyait pas d’inconvénient. Cela pouvait fonctionner. La bretteuse hocha simplement la tête en essayant de ne pas perdre davantage la face, essayant avant tout d’arrêter de paniquer. C’était une véritable plaie de ne pas être capable de contrôler ses émotions ! Elle devait absolument travailler là-dessus. Mais elle secoua la tête pour chasser ces idées ; était-ce vraiment le moment de penser à une telle chose ?
C’est vrai que Jade n’avait pas un style des plus féminins, à l’inverse de Sirajàn qui était en réalité un homme. Quelle ironie. Au moins, dans cet accoutrement, il aurait l’air d’un garçon des plus basiques. Cette situation fit ressurgir les questions que la rouquine se posait avant tout ça : pourquoi arborait-il cette allure féminine ? Etait-ce en rapport avec son métier, ou par pure envie ? Etait-ce un rôle qu’il jouait ou se sentait-il femme ? Jade ne comprenait pas son fonctionnement, elle trouvait cela étrange car elle était ignorante. Elle n’avait encore jamais croisé de personne comme Sirajàn et avait du mal à assimiler les raisons de son travestissement. Malgré les efforts qu’elle faisait, son esprit restait parfois fermé sans qu’elle ne s’en rendre compte. Pourquoi un jeune homme souhaitait-il devenir une femme ? La vie des femmes était assez compliquée pour qu’on fasse le choix d’en devenir une. Mais pourquoi se posait-elle toutes ces questions ? Jade passa autre chose en se disant qu’elle blesserait très certainement son interlocuteur si elle avait le malheur d’en poser ne serait-ce qu’une seule. Et puis, avant tout, elle avait besoin de se calmer.
Elle inspira profondément et déclara à Sirajàn qu’il s’agissait d’une très bonne idée. Elle lui offrit un sourire au passage, elle avait appris au fil du temps qu’il ne fallait jamais se séparer de son sourire, même dans une situation aussi désastreuse. Enfin, désastreuse… Tout ne paraissait pas aussi compliqué dans l’esprit de sa partenaire. La Namès aurait aimé pouvoir témoigner d’autant de sang-froid mais malheureusement, ce n’était décidément pas quelque chose dont elle était capable. Elle se rapprocha finalement de l’armoire de la chambre pour l’ouvrir et sélectionner avec soin ses vêtements les plus masculins. A vrai dire, les tenues ne se bousculaient pas dans le meuble, l’on pouvait y apercevoir deux pantalons, une cape et deux hauts, que la jeune femme n’allait très certainement pas garder très longtemps. Les grosses garde-robes étaient des handicaps pour se déplacer ; Jade avait la fâcheuse tendance à abandonner ses vêtements et à en racheter de nouveaux une fois arrivée à destination. Peut-être ce fait constituait-il l’une des raisons pour laquelle la jeune femme était sans cesse fauchée… Sans plus de réflexion que cela, la demoiselle sélectionna une chemise blanche trop large et un pantalon des plus simples, qu’elle tendit à Sirajàn.
Elle resta un moment à la regarder quand elle comprit enfin que celle-ci attendait qu’elle se retourne pour se changer. Jade lâcha un rire nerveux en se rendant compte de sa bêtise puis elle souffla un petit « pardon » avant de se retourner en attendant que sa compagnonne (ou plutôt, son compagnon à partir de maintenant) se change. Elle se demandait bien où elle allait pouvoir cacher les vêtements de Sirajàn. Dans l’armoire ? En espérant que les gardes ne viennent pas la fouiller… Jade soupira en se disant qu’elle devenait complètement paranoïaque. Elle se demandait si elle l’avait toujours été autant, ce n’était tout de même pas la première fois qu’elle tuait quelqu’un… Mais encore une fois, ce n’était pas le moment de penser à ça. Sur un ton léger, toujours dos à son partenaire, la jeune femme pointa d’une main la maquilleuse où étaient posés ses cotons et son huile démaquillante qui fleurait la rose.
- Si tu veux te démaquiller, c’est juste là.
Quand Sirajàn eut terminé de se changer, Jade se tourna pour reporter son regard vers lui. Décidément, cette question lui brûlait les lèvres. Ignorante du mal qu’elle pouvait procurer en posant ce genre de question, la jeune femme n’eut aucun souci de conscience à le faire avec un grand sourire accroché aux lèvres :
- Dis-moi, qu’est-ce qui peut te pousser à t’habiller… comme ça ? Enfin, je veux dire, c’est tout de même étrange de vouloir devenir une femme, les hommes ont tout de même la vie plus facile…
Puis Jade ria légèrement, toujours fidèle à elle-même et ne se rendant décidément pas compte qu’elle avait encore besoin de s’ouvrir l’esprit.
Sirajàn
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Tu sembles réfléchir, avant d'affirmer que c'était une très bonne idée. J'aimerais bien être dans ta tête, pour savoir tout ce que tu as pensé avant de m'adresser ces quelques mots. J'imagine que tu me trouves bizarre, anormale ? Enfin, tu as au moins le bon goût de ne poser aucune question à ce sujet. Ou peut-être préfères-tu éviter de l'aborder, cela te gêne-t-il ? Rassures-toi, cette situation est gênante pour moi aussi. A vrai dire, je me serais bien passée de devoir remettre des habits d'homme. Je me serais bien passé de cette soirée tout court, d'ailleurs. Mais enfin ! Il était trop tard, et il fallait bien trouver des solutions, même si celles-ci étaient peu agréables.
Tu vas chercher de quoi me vêtir dans ton armoire, et je constate que, comme moi, tu n'as pas beaucoup de tenues. Voyages-tu, toi aussi ? C'est sûr qu'on réfléchit avant d'acheter trente-six robes, quand on doit les portes après. Moi, je dois avoir, disons, trois tenues maximum ? Une de scène, et d'autres plus normales… J'aurai pu les enfiler, mais elles sont restées à l'auberge. Et puis, ça reste des robes. Pas comme ce que tu me tends, une tenue pleinement masculine : Chemise blanche et pantalon. Je retiens presque une grimace à cette idée, depuis combien de temps n'ai-je pas porté de pantalons ? Des années, je dirais. Il va falloir me réhabituer.
Enfin ! Il valait mieux ça que de finir sur les barreaux… Voir pire. Je te remercie et prend la tenue, attends que tu ne te retournes… Ce que tu ne fais pas. Tu restes tournée vers moi, le regard vague, plongée dans une autre de tes réflexions. … Hé ? Retournes toi, s'il te plaît, c'est déjà assez gênant de devoir me vêtir ainsi, si en plus tu me fixes pendant que je me change… Ah ! Tu sembles enfin comprendre. Voilà, demi-tour… Merci! Ne t'en fais pas, je ne serais pas longue. Vite, je retire mon chapeau, dégrafe mon corset, et pose tout sur le lit en attendant. La robe, maintenant… Et le plus dur pour la fin. Enfiler ces vêtements que j'ai fuit depuis quelques années à présent. Autant, la chemise ne me pose aucun problème… Mais, une fois le pantalon enfilé, je me sens tellement mal à l'aise ! Comme si je me travestissait. Quelle ironie.
Alors que j'ai encore du mal à m'habituer au tissu sur mes jambes, tu me désigne une commode, me proposant de me démaquiller. Je te remercies, c'est pas de refus. Après tout, avec ces vêtements, mes longs cils et mon fard à paupière font un peu tâches... Je prends un peu de coton, y met de l'huile et commence à retirer tout mes artifices, me regardant dans le miroir. Arf, je déteste ça. Voir mon visage ainsi, au naturel, sans maquillage pour cacher mes tâches de rousseur, sans coiffe pour cacher mes cheveux châtains beaucoup trop courts… En bref, voir mon visage tel qu'il devrait l'être, simple, masculin.
Voilà, terminé. J'ai de nouveau l'air d'un homme. Et tu peux enfin te retourner pour me regarder, ce que tu fais. Et même, tu me souris, et me pose une question des plus dérangeante, exactement le genre de questions que je voulais éviter, le genre de question que tu avais eu la gentillesse de ne pas poser auparavant. Mais maintenant, c'est trop tard, cette question te démange trop pour que tu ne la pose pas.
« Dis-moi, qu’est-ce qui peut te pousser à t’habiller… comme ça ? Enfin, je veux dire, c’est tout de même étrange de vouloir devenir une femme, les hommes ont tout de même la vie plus facile… »
Je te regarde, sans doute moins agréablement qu'auparavant, réfléchissant à ce que je vais bien pouvoir te répondre.
« Si les hommes ont une vie à ce point plus facile, qu'est-ce qui te pousse à rester une femme ? »
Voilà, répondre à une question par une question. Ce n'est certes pas ce que tu attends, mais qu'importe, je n'ai pas spécialement envie de tout déballer comme ça, à une parfaite inconnue avec qui je n'avais échangé que quelques mots.
« Tu n'aurais qu'à te couper les cheveux, dissimuler un peu ta poitrine… Tu es grande, et assez forte, tu pourrais sans problème ressembler à un homme, si tu le voulais. Comme ça, tu pourrais avoir la vie facile que tu désires. »
Au fond, tu avais un petit peu raison. Les hommes ont la vie plus facile, du moins de là d'où je viens. Mais, étonnement, tout me paraît tellement plus facile maintenant, sous ma robe et mon maquillage. Même si cela apporte certains désagréments, par rapport à la vie que j'ai laissé…
Jade fut quelque peu étonnée de la réponse de Sirajàn. En soi, il n’avait pas tort. Si la vie de femme ne lui convenait pas, rien ne l’empêchait de se travestir -bien que la bretteuse ne se soit jamais réellement définie comme « grande et forte »-. Devenir un homme ? Dit de cette manière, cela paraissait si simple. A vrai dire, elle n’y avait jamais pensé, elle s’était toujours accommodée d’être une femme. Tout simplement parce qu’elle était née ainsi et qu’elle ne voyait pas les choses autrement. Elle avait beau ne pas en avoir le profil, mais elle restait une Namès, et les Namès avaient des mœurs qui condamnaient ce genre de pratique. Jade n’en était pas à ce point, mais malgré ça elle avait du mal à réellement tout saisir de cet individu qui se démaquillait près de sa commode. De toute sa vie, elle ne s’était jamais posé la moindre question de genre. C’était bien la première fois qu’elle était confrontée à de telles interrogations, mais on ne pouvait pas dire qu’elle y était vraiment prête à ce moment-là. Les choses auraient très certainement été différentes si elle n’avait pas été élevée au sein de cette confrérie. Si elle oubliait l’éducation qu’elle y avait reçu. Et seulement là, elle aurait réellement pu saisir ce que tout cela signifiait réellement pour Sirajàn. Mais elle ne pouvait pas oublier. Dans tous les cas, elle savait très bien qu’elle était mal placée pour condamner quoi que ce soit alors elle se persuada au moins de ne pas porter davantage de jugement. Et d’arrêter de se poser des questions à ce sujet. Cela ne l’avançait pas.
Au final, Jade ne répondit pas au jeune homme. Non pas par méchanceté. Tout simplement parce qu’il n’y avait rien à répondre. Alors, elle laissa un certain silence s’installer entre eux. Elle en profita pour réfléchir à ce qu’ils pourraient bien faire par la suite. Il fallait qu'ils se sortent de cette galère. Pour Jade, cela était clair : il fallait avant tout que Sirajàn retourne à son auberge pour réunir ses affaires, après ça, il valait certainement mieux qu’ils se séparent une bonne fois pour toute. C’était certainement mieux pour eux deux. Dès le lever du soleil, Jade irait s’acheter un cheval et quitterait illico cette ville pour filer autre part, où elle pourrait trouver du travail. Puis elle reporta son attention sur son partenaire. Quand il eut terminé de se démaquiller, la demoiselle se releva et laissa un petit sourire apparaître sur les lèvres en observant son visage. Sur un ton se voulant léger et amusant, elle déclara :
- Ah… Je crois que je te préférais en fille.
Puis elle lui tendit le bras pour l’inviter à le saisir, histoire de lui faire comprendre qu’il était temps qu’ils quittent tous les deux cet endroit pour que Sirajàn puisse rejoindre son auberge. Elle espérait qu'il ne se passerait rien de fâcheux sur la route... La bretteuse lança un regard attristé aux plats qui trônaient sur la table, et jeta également un œil à ses armes qui y étaient posées. Elle n'appréciait pas être séparée de son épée, c'était comme la priver d'un bras ! Mais il valait certainement mieux qu’elle ne s’arme pas pour rejoindre l’auberge du jeune homme aux cheveux châtains, histoire de ne pas attirer l’attention des gardes. Alors, Jade jeta un regard à son compagnon et déclara :
- Bon… Voilà ce que je te propose : je te raccompagne jusqu’à ton auberge pour m’assurer qu’il ne t’arrive rien, on se sépare, tu réunis tes affaires, et tu pars dès que tu peux. J’en ferai de même après m’être acheté un cheval. Et en prime, tu auras droit à de nouvelles fringues. Royal !
La rouquine laissa s’échapper un petit rire. Nerveux, certes. Mais il était temps d’en finir avec cette histoire…
Sirajàn
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Et bien, on dirait que me réponse te fait cogiter plus que prévu ! Et te voilà plongée dans un nombre incalculable de pensées que j'aimerais bien connaître. Alors ? Que penses-tu de tout ceci ? Troublée ? Peut-être cela t'inspire-t-il, peut-être vas-tu suivre mon conseil ? Ou alors au contraire, me trouves-tu juste étrange de trouver cela si naturel ? Enfin, dans ce cas-là, je te comprends, tu n'es ni la première, ni la dernière, à penser de la sorte. Malheureusement pour moi… Enfin ! L'avantage, avec tout ceci, c'est que tu ne poses plus de questions. Pas que j’apprécie particulièrement ce silence qui plane dans la pièce, mais au moins, il n'y a plus rien de gênant auquel je dois répondre.
Je me retourne vers toi, mal à l'aise dans cette nouvelle apparence. Et toi non plus, tu ne sembles pas tant l'apprécier que ça, à ce que tu dis. Je te lance un petit sourire, nous sommes donc deux à préférer mon apparence féminine ! Mais trêve de plaisanteries, voilà qu'il est tant de filer, et ce n'est pas moi qui vais te contredire. Je me relève tranquillement, te regarde lancer un regard de regret aux plats toujours fumants sur la table.
« Bon… Voilà ce que je te propose : je te raccompagne jusqu’à ton auberge pour m’assurer qu’il ne t’arrive rien, on se sépare, tu réunis tes affaires, et tu pars dès que tu peux. J’en ferai de même après m’être acheté un cheval. Et en prime, tu auras droit à de nouvelles fringues. Royal ! »
Ah. Sans le vouloir, tu viens de soulever une question qui m'importe légèrement ;
« Et que feras-tu de la robe ? Ce n'est pas le genre de chose facile à cacher... »
D'ailleurs, il faudra probablement que je m'en achète une nouvelle. En les corset ? Il coûte assez cher, pourrais-je prendre le risque de l'emporter avec moi ? Sans, personne ne se ferait avoir par l'illusion de la robe… Mais bon ! Cesse de penser à ces futilités, Sirajàn, l'important, c'était de vite filer d'ici. Après tout, il te reste toujours quelques vêtements de rechange à l'auberge. Et puis, tu peux bien passer quelques jours avec ces vêtements-ci, il n'y aura pas mort d'homme !
Je m'apprête à filer, mais malgré tout, vient de me souvenir de quelques convenances. Je me diriges vers mon ancien vêtement toujours posé sur le lit, sors ma bourse d'une des poches intérieures -qu'il ne me fallait mieux ne pas oublier-, et en tire quelques pièces. Je me retourne ensuite vers toi, te les tend.
« J'ai failli oublier ! Voilà, pour la nourriture. Et il y a aussi un surplus pour les vêtements. »
J'ai beau être soupçonnée de meurtre ou autres réjouissances du genre, je n'en reste pas moins quelqu'un d'honnête. Je ne volerais certainement pas quelqu'un, en tout cas, pas quelqu'un en galère comme tu semblais l'être. Tiens, j'ai même rajouté un petit pourboire, en attendant que tu ne te trouves un travail. Après tout, tu as beau avoir tué un homme, me mettant par la même occasion dans une merde inimaginable, tu avais tout de même de bonnes intentions à la base. Et ça, assurément, ça mérite d'être récompensé.
Quand Sirajàn lui demanda ce qu’elle comptait faire de la robe, Jade se contenta d’hausser les épaules. L’habit semblait être à sa taille. La robe était très charmante, ce n’était pas la question, mais elle n’allait certainement pas la porter. Elle n’en aurait pas l’occasion de toute manière. Elle n’avait que rarement l’opportunité de se montrer féminine. N’allez pas croire qu’elle n’aimait pas s’arranger, bien au contraire : le maquillage dont elle se paraît tous les matins n’en témoignait que trop bien. Mais son manque de féminité dans la tenue était dû aux conséquences de son amour pour le voyage et le combat. C’est vrai, allez manier l’épée avec un corset ! Allez voyager sur les routes de Madelle avec de hauts talons ! Elle ne pouvait pas se le permettre. Cette robe, elle n’allait pas la garder, c’était certain. Mais pouvait-elle se montrer honnête avec Sirajàn en lui disant qu’elle allait très certainement jeter son précieux habit aux flammes ? Cela ne lui sembla pas être la meilleure des solutions. Alors, elle rétorqua :
- Je ne sais pas encore vraiment, j’y réfléchirai.
Elle mentait, assurément. Mais ce n’était pas vraiment important. Son compagnon afficha un air de surprise, comme s’il avait oublié quelque chose, et se précipita vers son ancien habit. Il récupéra sa bourse. C’est vrai, mieux valait ne pas l’oublier ! Il en ôta quelques pièces et les tendit vers Jade qui haussa les sourcils à la vue de la somme qu’il lui offrait. Il y en avait trop, non ? Elle balança d’abord la tête pour les refuser. Mais, à la vue du regard de son interlocuteur, elle se résigna et soupira en s’emparant des pièces. Elle les glissa à l’intérieur de la bourse qui était pendue à son côté. Elle prit une profonde inspiration et se dirigea finalement vers la porte de sa chambre en compagnie de ce cher Sirajàn. Il ne fallait plus traîner, mieux valait mettre un terme à cette histoire en le ramenant jusqu’à son auberge. Quand il fut sorti de la pièce, Jade jeta un dernier regard à ses armes posées sur la table en se demandant si elle faisait le bon choix. Elle n’était pas à l’aise, mais finalement elle se résolut à sortir désarmée.
Les deux silhouettes s’enfoncèrent dans les ténèbres, éclairées par la seule lueur des étoiles, en tâchant d’éviter les gardes, passant par de petites ruelles désertes où l’on pouvait quelques fois croiser des ivrognes affalés contre les murs. Rien de bien méchant, en somme, si l’on oubliait que la bretteuse avait tué l’un d’eux quelques heures auparavant. Non, il valait mieux ne pas penser à cela. Cela ne pouvait que leur porter la poisse. Sans sa cape et désarmée, Jade était vraiment mal à l’aise et cela devait très certainement se ressentir. D’autant plus que son compagnon ne paraissait pas non plus très à l’aise dans ses vêtements masculins. Il fallait se dépêcher ! Jade qui se contentait de le suivre jusqu’à son auberge le stoppa quand il fallut traverser une rue, ayant aperçu au loin l’ombre d’un garde. Elle retint son souffle et d’un geste irréfléchi, elle le poussa contre un mur pour faire en sorte que le garde ne les remarque pas en passant. Elle le relâcha et se détendit quand le garde fut suffisamment éloigné. Elle leva son regard vers son interlocuteur :
- Bon, dépêchons d’arriver à ton auberge… C’est encore loin ?
HRP:
Sorry si j’ai pris des libertés avec Siràjan, c’était pour faire avancer le RP ! Tu me dis si ça te dérange ! Hésite pas à clôturer dans ton prochain post, j’en ferai de même pour celui d’après :3
Sirajàn
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Je crois bien que jamais je n'ai autant craint de traverser des ruelles. Tomber sur qui que ce soit me rendrait paranoïaque, et ce garde ! Une des peurs de ma vie. C'est stupide, ceci dit ; Je n'ai plus rien sur moi qui puisse ma faire soupçonner. Alors, pourquoi craindre ? Simplement, quand on est coupable, on voit des signes partout.
« Bon, dépêchons d’arriver à ton auberge… C’est encore loin ? »
« Heureusement non, c'est la rue juste à côté. Je pense pouvoir finir seul, donc… Bonne nuit ? Enfin, aussi bonne qu'elle puisse être. »
Je ne tiens pas à m'éterniser plus que cela avec toi, si tu permets. Surtout que, s'il on nous a vu, on aura vu deux silhouettes. Alors autant rentrer seule, ça minimise mes chances (ou plutôt, malchances) d'être soupçonnée. Je t'adresse une très légère révérence, et faisais volte-face, pour enfin retourner à mon auberge, pour une nuit courte mais bien méritée.
***
Le soleil se lève, et je suis déjà prête. Prenant un dernier petit-déjeuner dans cette ville, ou je ne reviendrai plus avant un petit bout de temps. J'ai entendu, caché à ma table, deux gardes discuter à ce sujet. Je serais bien partie, mais ce serait d'un manque de discrétion… Enfin, ils parlaient du meurtre de Jade. Et, en ce moment, je me demande presque la raison de notre panique ; les gardes, eux, en parlent comme d'une routine. Car ç'en reste tout de même une ; dans ce genre de ruelles, les tensions éclatent vite en disputes. Et des accidents arrivent. Oui, des accidents, c'est bien le mot qu'ils ont employé. Enfin, ç'en était bien un… Toujours est-il qu'il recherche la demoiselle à la robe de rose, mais ne cherche frénétiquement ça à dénicher un coupable. Bonne nouvelle pour moi !
Toujours est-il, quelques heures après, je suis là, avec mon sac sur mon dos. Quelques remords persistent pour cet homme, et je savais ou me diriger : Déoli. j'ai l'intention d'y aller depuis longtemps, et puis, ainsi, je pourrais prier un petit peu, pour lui, et peut-être aussi un peu pour Jade. Pour qu'elle se trouve un travail, et surtout, évite à l'avenir ce genre de maladresses...
Sirajàn quitta finalement la jeune femme en lui intimant qu’il était préférable qu’il rentre seul jusqu’à son auberge. Jade approuva d’un hochement de tête. Peut-être avait-il après tout été inutile qu’elle l’accompagne jusqu’ici. Elle n’était même pas armée. Elle ne se sentait d’ailleurs pas du tout à l’aise, et le petit air frais de la nuit vint désagréablement caresser sa peau pour lui procurer un léger frisson. Il n’y avait pas à dire, après cette soirée bien mouvementée qui ne devait à l’origine qu’être une simple visite nocturne de Terna, la jeune femme avait pour seule envie de se glisser dans des draps chauds et propres. Voilà ce qui l’attendait dans son auberge, alors elle n’avait aucune raison de s’attarder ici davantage. Elle accorda un dernier sourire à Sirajàn, comme un adieu. Elle était certaine qu’elle était prête de ne pas recroiser cette intrigante personne de sitôt. Elle avait au moins rencontré quelqu’un de tout à fait charmant. Cette sortie ne s’était donc pas avérée entièrement catastrophique, après tout.
Elle entama le chemin du retour, à la fois songeuse et bouleversée. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il était si simple de tuer un homme. Elle n’avait agi que par pur réflexe. Peut-être la mort ne la tourmentait plus autant qu’autrefois ? Peut-être s’y était-elle accommodée ? Non voyons, comment pouvait-on s’accommoder d’une telle horreur ? Pourtant, la mort ne la tourmentait plus autant qu’autrefois. Elle s’était habituée à la vision des morts. Du sang. De la violence. Ce qui la tourmentait, c’était de se rendre compte que tout cela ne la bouleversait plus. La jeune femme déglutit à cette pensée, il fallait absolument qu’elle se change les idées. Dans sa chambre d’auberge, deux plats -qui ne devaient plus être bien chauds- et un lit l’attendaient. Voilà ce dont elle avait vraiment besoin actuellement. Du repos. C’était tout.
A son retour, Jade était si affamée qu’elle engloutit les deux plats, et ne tarda pas à se glisser dans ses draps pour finalement venir fermer les yeux pour cette nuit, ne voulant plus penser à tout cela. Un peu de calme, ce n’était pas de refus… Elle pensa une dernière fois à Sirajàn. Elle espérait que tout se passerait bien pour lui… elle ? Elle espérait, en tout cas, que tout se terminerait bien. Enfin, sauf pour cet ivrogne qu’elle avait éventré dans un coin de rue. Jade s’endormit sur cette affreuse pensée.
**
Sa nuit fut courte et agitée. La demoiselle ne tarda pas à réunir ses maigres bagages pour fuir de cette cité. Elle ne souhaitait plus remettre les pieds ici avant un long, très long moment. Les terres de Faras ne lui étaient pas hospitalières. Elle s’empara de sa sacoche et quitta sa chambre d’auberge, des cernes bien creusées sous les mirettes. La première chose qu’elle fit en sortant fut de s’acheter un élégant destrier à la crinière de jais qu’elle baptisa Cadoc. Elle passa la matinée à discuter avec le palefrenier sur la façon de s’occuper d’un cheval. Elle tomba immédiatement sous le charme de l’animal qui, selon les dire du garçon, était tout de même assez têtu. Jade se jura de s’en occuper convenablement et d’en faire un véritable partenaire de voyage.
Finalement, Jade pris les rênes puis elle s’en alla au triple galop, laissant Sirajàn et Terna derrière elle, la tête pleine de questionnements et de souvenirs. Elle jeta un dernier coup d’œil à sa bourse : grâce à la demoiselle qu’elle avait rencontré cette nuit, elle allait peut-être même pouvoir acheter de quoi se nourrir ce midi.