28 Rosendas 1248.

Tout droit sortie de mes aventures dans Déoli, que pouvais-je faire d’autre que de trouver un endroit sûr pour me réfugier ? Faras était de loin le seul endroit en « dur » aux alentours. En approchant de la ville, je suis surprise par le calme. Ca me change de Thalis ou même de Krik ! Je m’attendais à trouver des rues grouillantes de monde et des marchands hurlant à la volée que leur poisson est meilleur que celui du voisin voir le meilleur du moooooonde (cela dit ils ont tort, les meilleurs sont ceux qui viennent directement de la mer, sans transport terrestre ensuite !). A la place de cela il n’y a … Rien. Tout simplement rien d’autre que des décombres, des bâtiments en ruine et le vent qui souffle. C’est fou, tout simplement. Je reregarde ma carte enchantée et y constate une nouvelle fois un gros point indiquant Faras. C’est donc, d’après la légende, une grosse ville. Ou sensée être une grosse ville.

Je ne me sens clairement pas à l’aise ici, à découvert au milieu de la rue. Ma place est sur les toits, avec les oiseaux, le vent dans mes cheveux et surtout la vue ! La vue sur les terres humaines qui s’étendent de chaque côté et sur tout ce qui se passe en dessous. M’élever au dessus du danger, voilà ce que je veux. Je n’ai pas gardé mes chausses célestes suite à notre duel et à mon mal de pied conséquent. Le sol froid sur mes petons ne me dérange nullement. J’avise une fenêtre mais elle est bien trop haute pour moi sans mes chaussures. J’hésite à les remettre mais un rapide coup d’œil à mes ampoules me dissuadent vite. Je regarde rapidement autour de moi, avise un bâtiment qui semble s’élever jusqu’à la ligne de toit la plus haute et m’y engouffre. Les trois premiers bâtiments que je visite sont un échec : escaliers impraticables, murs effondrés ou charpente branlante, je ne tenterai pas d’accrobatie aujourd’hui. En fait, je n’ai rien tenté du tout puisque je me suis effondrée là, à même le sol et me suis endormie.


5 Asmobor 1248.

Voilà quelques jours que je récupère doucement dans la ville. Je dors et visite, tente d’espionner ceux qui se sont approprié les lieux. Je n’ai pas encore été importuné par les âmes que j’ai croisé, heureusement, mais je prends soin d’être silencieuse et de ne jamais repasser deux fois au même endroit, au cas où. Je m’entraine à grimper, avec et sans chaussures, à utiliser ma Vérité aussi. Mon duel avec Deth m’a fait me rendre compte que je n’avais pas un contrôle parfait de mon pouvoir. Je suis sûre de pouvoir encore créer tellement de choses ! Alors chaque jour je tente de trouver de nouvelles méthodes pour l’utiliser à mes fins : me cacher, voler, m’envoler, me protéger lors d’un atterrissage …

C’est lors de mon footing quotidien au dessus des toits que je remarque un mouvement dans les rues. Je souris, aujourd’hui, au programme, course poursuite ! Ca promet d’être intéressant ! S’en suit alors un bêlement. Je fronce les sourcils, interloquée. Personne ne fait ce bruit ici ! Il n’y a ni nature, ni animaux. Je commence à connaître les différents sons de ralliement des malfrats qui occupent les lieux mais ça, je ne l’ai encore jamais entendu ! Je m’aplatie sur le toit et approche discrètement du bord droit de la masure, qui donne sur la rue. Rien. Ca doit venir d’une ruelle adjacente. Je saute agilement de l’autre côté du gouffre et ré atterrit avec souplesse sur le toit de la ruine suivante. J’entends alors une voix, haute, presque intelligible. Je me concentre mais rien ne suit. Il se passe vraiment quelque chose d’étrange. Personne ne parle à voix haute ici. Parfois, lors de mes filatures, je perçois des échanges chuchotés, des langages codés, quelques directives marmonnées mais jamais quelqu’un qui parle tout seul à voix haute. Je m’approche doucement de la source du bruit. Elle semble venir de la ruelle suivante mais les toits sont trop effondrés ici pour que je m’y risque. Je sais qu’il y a un escalier à peu près sûr à deux maisons. Je le descends en silence et jette un coup d’œil dans la ruelle. Elle est là, la jeune demoiselle qui parle avec son animal. Animal terrestre que je n’ai encore jamais vu d’ailleurs. Je m’avance doucement à découvert, derrière elle, et traverse la rue : les toits de l’autre côté sont en bon état. J’arrive bientôt à son niveau et je prends le temps de l’observer. Une voyageuse on dirait. Elle ne semble pas avoir d’objets de valeur … Aucun intérêt ! Mais c’est l’occasion de tester un peu mes progrès en précision avec ma Vérité ! Je visualise une plaque de glace avec ma Vérité et la place juste sous son pied qui s’apprête à se poser par terre. Ah, faire s’écraser les gens avec grâce, c’est un passe-temps que j’ai découvert avec Deth et que, décidément, j’affectionne particulièrement ! Alors que la glace se renforce pour être sûre qu’elle se gaufre, une petite fleur de givre apparaît, délicate, étincelante, à côté d’elle. J’aime signer mes méfaits ! Je m’éloigne ensuite du bord du toi : je suis sûre que voir la voir s’énerver contre un ennemi invisible sera très amusant !

Je ne suis nullement déçue par la réaction de ma pauvre victime. Après s’être vautrée sans grâce aucune, la voilà qui gesticule en hurlant comme une marchande de poisson -soit dit en passant, je n’ai jamais compris pourquoi c’est toujours à propos du poisson que les gens hurlent !- et en m’envoyant des chapelets de jurons. Langage intéressant mais pas tout à fait digne d’une Dame ! Ce qui me fait particulièrement rire et qu’elle conjugue chaque mot, chaque insulte, au masculin, comme s’il n’y avait que les hommes pour faire des crasses. D’un côté, elle n’a pas tort, les mâles sont insupportables et c’est bien leur genre d’embêter une innocente mais manque de bol, aujourd’hui c’est une demoiselle qui est son bourreau. Je remarque aussi autre chose dans son monologue : elle me vouvoie. Le vouvoiement n’est il pas une marque de respect normalement ? Alors pourquoi me vouvoyer si je ne suis qu’un chien galeux ?

Je souris et vais m’assoir silencieusement sur le bord d’une masure. Je la regarde quelques instants s’énerver toute seule, le visage rouge et les poings serrés. « Je ne suis pas lâche, seulement amatrice de discrétion. Dans ma langue, ça s'appelle un voleur. » Je laisse pendre mes jambes dans le vide et pose mon menton dans ma main droite avant de lui demander nonchalamment : « Pourquoi pars tu du principe que je suis un homme ? N’est-ce pas un peu sexiste que de partir du principe que toutes les enflures sont des hommes ? » Je lui fais un adorable sourire. Mon petit doigt me dit qu’elle va apprécier que je lui fasse la morale ! Avant qu’elle ne se remette à hurler, j’ajoute avec désinvolture : « Et tu sais ma jolie, ça sert à rien de hurler comme ça. Tu vas seulement ramener toutes les crapules du coin que je m’échine à semer depuis des jours entiers … Et tu sais, je ne suis pas sûre que tu aimerais les croiser ! Ils te feraient bien pire qu’une flaque de glace s’ils te trouvaient ! Ils sont nombreux, discrets, vicieux, sûrement pervers !... » Comment ça, je suis méchante de chercher à lui faire peur ? C’est faux ! Et puis, elle n’avait qu’à pas venir ici si elle ne voulait pas croiser des gens infréquentables !

Je remarque alors qu’elle tient bien haut la magnifique fleur en glace ciselée que je lui ai gracieusement offerte -décidément, je suis vraiment quelqu’un de généreux quand on y pense !- et qu’elle la brandit comme un étendard. Je souris, ravie de voir qu’elle la remarquer. Un artisan aime à voir que son travail est apprécié ! « Pourquoi tu la lèves comme ça ? Aucun rayon destructeur ne va en sortir pour m’exterminer tu sais ! » Je souris en imaginant la scène. C’est vrai que ça serait classe que mes ennemis se prennent un gros rayon gelé lorsqu’ils touchent mes créations ! Je note l’idée ! « Mais, c’est vrai qu’elle est si belle qu’elle donne envie de la montrer au monde entier, je suis d’accord avec toi ! »

Ma victime commence par ouvrir et fermer la bouche comme un poisson hors de l’eau. Je ris en me demandant si elle ne sait pas quoi dire ou si c’est parce que je parle trop. Mais en fait je m’en fiche, je crois ! L’important pour moi est de voir que je l’embête, tout simplement ! Décidément, il en faut peut pour être heureux ! Finalement je crois que c’est la deuxième option car dès que j’ai fini de parler, la voilà qui se met à débiter à toute allure tout ce qu’elle a emmagasiné depuis mon débarquement. Et encore des insultes ! Décidément, ce n’est pas vraiment une Dame que j’ai en face de moi ! J’avoue que cette jeune femme m’intrigue … Elle est bien habillée, semble transporter des choses de valeur dans son sac qu’elle tient près d’elle mais elle se comporte comme une hideuse mégère. Peut-être que c’est simplement la gosse d’un riche marchand qui a été pourrie gâtée et qui n’a pas l’habitude qu’on la contredise ? Voilà qui me donne autant de bonnes raisons de l’enquiquiner encore un moment !

« Ceci dit, tu les critiques beaucoup, mais tu fais exactement la même chose. Tu es une voleuse, non ? Alors tu as sûrement déjà fait le même type d'enflures à quelqu'un... » Je hausse les sourcils, étonnée qu’elle me parle ainsi. C’est bien la première qui s’y risque ! Pour une fois, j’avoue qu’aucune réplique ne me vient dans la seconde. Alors je disparais. Oh, elle va me critiquer, je le sais ! Mais je crois qu’il vaut mieux que je remette mes chausses célestes, tant pis pour les quelques ampoules qui n’ont pas fini de cicatriser. Je me lève donc et m’avance vers le milieu du toit, en silence. J’ouvre ma besace et y récupère mes cuissardes que j’échange contre mes petites chaussures souples que je porte depuis quelques jours. Voilà qui est mieux. Je m’avance alors de nouveau vers le bord du toit et saute silencieusement pour atterrir derrière la jeune femme. Heureusement que mes chaussures magiques sont faites pour absorber les chocs car mes jambes ne seraient plus qu’un amas de débris sinon, à force. « Hum … Moi, peut-être que je ne suis pas parfaite. Je ne vole pas pour donner aux pauvres et je ne cherche pas à me battre pour défendre la veuve et l’orphelin. Mais je ne fais de mal à personne ma petite. Je vole le nécessaire et le plaisant à ceux qui ont suffisamment pour ne pas s’en rendre compte. Le vol n’est pas seulement chipper un morceau de viande sur un étalage. C’est aussi négocier âprement avec un marchand, séduire, parier … Je n’ai jamais fait de mal à une mouche. » Comment ça ‘et Vomito alors ?’ ? Vomito ne compte pas ! C’est un malfrat aussi ! Et puis c’est un ami à force ! Et qui aimes bien châtie bien !

Je jette un rapide coup d’œil à ses sacs mais je ne peux pas voir ce qu’il y a dedans d’où je suis et je ne peux pas me permettre de regarder plus, sans quoi elle se rendrait compte que je lorgne sur sa marchandise. Son contenu m’intrigue mais je ne pense pas qu’elle contienne quelque chose de réellement intéressant : on ne se balade pas seule, à pied, au milieu de Faras si l’on transporte des objets de grande valeur. Ah moins d’être stupide mais cette jeune femme n’a pas l’air bête. Je plisse les yeux et la jauge. Non, vraiment, je ne pense pas qu’elle ait un grain. D’ailleurs, je commence à me demander si elle n’est pas armée ou accompagnée car il est vraiment étrange qu’elle se balade seule ici. Dans le doute, je préfère ne pas rester sur le même étage qu’elle. D’un saut agile, je rejoins le rebord d’une fenêtre, assez bas pour continuer à lui parler sans hausser la voix mais assez loin pour ne pas pouvoir être atteinte pas une dague. A moins qu’elle ne la lance ? Dans le doute, une solide couche de glace vient se placer entre ma peau et le torse ma tenue de cuir. « Que fais-tu sur mes terres, ma jolie ? »

Je plisse les yeux. Voilà que la petite dame joue sur les mots ! J’aime ce genre de défi ! Mon sourire s’étire et je m’assoie confortablement sur mon rebord de fenêtre, une jambe dans le vide, l’autre pliée devant moi. La voir tenter à tout prix de me discréditer et de me faire passer pour la méchante m’amuse. Chacun à sa part d’ombre et de lumière ! Peut être qu’elle ne prend pas de pommes sur un étalage sans payer mais je suis sûre qu’elle n’est pas si parfaite ! Je ris moins lorsqu’elle éclate de rire. Je ne sais pas pourquoi mais sa joie me met mal à l’aise ! J’ai l’impression que peu importe ce que je dirais, elle trouvera le moyen de le retourner contre moi … Une situation pour le moins inhabituelle pour moi qui ai toujours le chic pour mettre les autres dans le pétrin et m’en sortir (presque) toujours indemne !

« Qui a dit que je m’en nommais reine ? » Je lui fais un adorable sourire. Contredire les gens me ravit ! « Chacun est libre d’aller et venir dans Faras et je n’ai jamais empêché qui que ce soit de passer d’ailleurs. Mais tu es ici sur mon actuel terrain de jeu si tu veux jouer sur les mots. » En disant ces mots, je tente de voir comment elle pourrait les détourner à mes dépends. Peut être jouera t elle sur le terme ‘terrain de jeu’ ? Peu m’importe, c’est un peu la vérité. Quoi que je me demande si les termes ‘parcours d’entrainement’ ne sont pas plus appropriés finalement ! « Et je ne fuis pas ces brigands parce qu’ils m’intimident. Toi, tu aurais raison d’être intimidée peut être, mais la discrétion est mon domaine. Ce n’est qu’un passe temps pour moi de les semer. »

Je me tâte à descendre de mon perchoir mais je n’en sais pas encore assez sur elle. Et je ne sais pas si nous avons été repérées par les squatteurs de Faras. Non, décidément, je vais attendre un peu. « Tu critiques beaucoup mais es tu réellement si parfaite ? Comment gagnes tu ta vie ? » Je me demande ce qu’elle est … Une simple voyageuse enchaînant les petits boulots honnêtes ? Une chevalière ? Non, pas une chevalière, elle n’en a ni la tenue, ni la carrure. Ni la prestance d’ailleurs. Ce n’est certainement pas une chasseuse de monstres, une voleuse ou une trafiquante quelconque. Elle n’a aucun rudiments en matière de discrétion, ce n’est donc sûrement pas une espionne et sans escorte ni compagnie il est peu probable qu’elle soit noble ou diplomate. Ses sacs pourraient laisser supposer qu’elle commerce mais je ne vois pas comment elle pourrait gagner sa vie avec si peu de matière. Chasseuse de trésor ? Neustro ? Erudite ? Décidément cette jeune femme me laisse perplexe. Je m’interroge sur sa Vérité également, j’aime savoir à quoi je dois m’attendre. Malheureusement, je ne connais pas assez les confréries humaines pour le moment et je suis loin d’avoir rencontré toutes les options de Vérité … Peut être serait il temps que j’aille m’enterrer dans une bibliothèque pour rattraper mes lacunes sur la vie terrestre ?

Et la voilà qui se met à hurler. Worgen, si tu m’entends, viens à mon secours ! Je lui mettrais bien des baffes à cette jeune femme arrogante ! J’ai une furieuse envie de me pincer l’arrête du nez, comme pour empêcher mes émotions d’exploser, mais je me retiens. Lui montrer mon agacement serait en soit presque une défaite. Même Vomito est moins agaçant ! Nom d’un Lacertae Pices sans queue, je n’aurais jamais cru pouvoir dire un jour que j’ai trouvé pire que ce satané humain ! Je me fais mentalement la promesse de la laisser sur place et de m’enfuir à toute jambe sur les malfrats rappliquent. Elle mérite bien de payer pour sa bêtise ! Puis je viendrais piller son cadavre, si ces brigands n’ont pas tout prit. Cette idée me réjouit assez pour me faire esquisser un sourire involontaire. Alors qu’elle râle, peste et jure contre moi je ne peux m’empêcher de la comparer à un enfant qui, persuadé d’avoir raison, vous fait un caprice pour que vous vous rangiez à son avis. Malheureusement pour elle, mon esprit de contradiction est particulièrement développé et je n’ai enfin ces gamins insoutenables qu’un immense mépris et une volonté de les embêter encore plus immense.

Lorsqu’elle a fini son monologue sur ma malhonnêteté et toutes les raisons qui font de moi une personne ignoble et infréquentable, je ne sais toujours pas comment elle occupe son temps. Je me demande si c’est par esprit de contradiction elle aussi ou si elle a quelque chose à cacher ! Une chose est sûre : elle a piqué ma curiosité au vif ! J’attends quelques secondes pour être sûre qu’elle a fini de parler puis entreprends de répondre à ses propos depuis le début, puisqu’elle ne m’a pas laissé l’occasion de le faire entretemps. « Dis moi la grosse, tu parles beaucoup mais tu n’écoutes pas vraiment ce qu’on te dit. Je suis une voleuse, pas une guerrière ! Mon art est celui de la discrétion et de la vilenie. Je ne cherche nullement l’affrontement et j’irais même jusqu’à dire que je l’évite tant que c’est possible ! Je ne souhaite ni blesser, ni tuer. » Alors que je discute, un minuscule lutin de glace est apparu au bord de sa sacoche. Il se balance au rythme des mouvements de ma « victime » et réussit finalement à se glisser dans son sac. Un second lutin miniature s’est caché derrière un caillou pas plus gros qu’un poing et observe avec attention la jeune femme, à la recherche de détails qui m’auraient échappés. Mes petits espions, légers comme une plume, silencieux comme une brise légère, ont  pour simple mission de profiter de son énervement à mon égard pour fouiner dans ses affaires et m’apporter des renseignements utiles : ce qu’elle fait de sa vie, dois je voler son sac ? « Vu comme tu hurles, je suppose que ça ne te dérange pas de les affronter ? Pourtant tu n’as ni l’allure, ni la tenue d’une combattante et tu n’as même pas d’armes ! » Le lutin du caillou laisse alors échapper un chant cristallin. Je peine à l’entendre distinctement depuis mon perchoir mais j’en comprends néanmoins le sens. « Oh pardon, tu as une dague mais même avec ça je doute que tu tiennes la route contre plusieurs hommes un minimum entraînés ! » Je lui fais un sourire radieux, fière de ma petite victoire.

Le second lutin, piégé dans le sac, peine à sortir pour me transmettre son message. Celui caché derrière la piège court à son secours mais, de peur qu’il ne se fasse voir, je choisis de le détruire, purement et simplement, laissant à sa place quelques éclats de glace. Un nouveau lutin apparaît sur le bord de la sacoche. Il ne devrait pas être visible pour la propriétaire de la besace mais, de peur que ses mouvements attirent son attention, je me surprends à prier Worgen pour qu’ils fassent vite. Le nouveau lutin aide le premier à sortir et, ensemble, ils sautent à terre, l’un chantant ce qu’il a vu, l’autre parasitant l’environnement d’un chant cristallin signifiant qu’il aime voler et que je devrais lui faire des ailes. Mais, comme ils n’ont pas d’ailes, les deux statuettes s’écrasent et explosent sur le sol, me privant de la fin du rapport. Je sais juste que le sac de la jeune femme contient des herbes. Me voilà bien avancée … Je continue sur le même ton, moins fort qu’elle mais tout de même assez élevé pour ne pas être qualifier de chuchotement car mon petit doigt me dit que cela la ferait hurler encore plus fort.  « Tu sembles te croire bien supérieure mais pourtant tu hurles comme une enfant à qui on a volé son doudou alors que l’endroit est plutôt mal fréquenté. J’espère que tu ne comptes pas sur moi pour te défendre ma jolie, parce que je ne me battrais pas. »

Je profite qu’elle ne réponde pas tout de suite pour tendre l'oreille et écouter notre environnement. Le silence est encore maître des lieux mais je me demande pour combien de temps. Elle parle beaucoup trop fort pour que nous nous en tirions à si bon compte. Déjà que je me demande comment elle a fait pour ne pas attirer leur attention quand elle braillait sur son animal en marchant bruyamment … De ma fenêtre, je ne peux pas voir l’étendue des toits de Faras. Un mal pour un bien : je ne peux pas guetter l’arrivée des malfrats mais je leur suis invisible pour le moment. Cependant, bien qu’assise très confortablement, je suis mal à l’aise. Je sais qu’ils vont finir par rappliquer et cette demoiselle vantarde ne semble même pas s’en soucier.