A l'aurore du jour où Khade naquit, les feuilles pourpres d'automne tapissaient le sol. Si le roux était de famille, les parents de Khade furent si effrayés à la naissance par la couleur sang de ses cheveux qu'ils hésitèrent à faire appel à un prêtre, pensant peut-être à une malédiction de Uurang.
Avec ses yeux émeraudes et sa chevelure flamboyante qu'elle cachait par honte des regards le plus souvent, Khade devint une très jolie petite fille et grandit simplement dans sa riche maison de Terna, sans être inquiétée par les troubles de la ville.
Elle vécut ainsi coupée du monde jusqu'à ses douze ans; timide, elle lia un lien de complicité très fort avec son Oncle, Sven Aihmirar, marchand Parlèms réputé en terres Liares d'où il lui ramena sa fameuse flûte en argent au potentiel de catalyseur et un carnet où elle consigne toutes ses mélodies. Très attachée à lui, elle fut dévastée lorsqu'elle apprit sa disparition en Plaine isolée en 1246; volatilisé avec sa cargaison et son chargement, elle garde espoir de le retrouver un jour.
Adolescente, elle se fit ses premiers amis, principalement des garçons avec qui elle jouait des jeux dangereux d'équilibre, de vol et de mise au défi. Sa souplesse et son agilité de jeune fille la rendait très habile. Un jour, dans une taverne, elle fouilla la mauvaise poche: c'était celle d'un soûlard, et ce fut sa dernière. Elle faillit se faire trancher la main, et en récolta une excellente dague de rôdeur et une drôle de méfiance envers les inconnus.
Au printemps de ses dix-huit ans, elle annonça à ses parents que jamais elle ne ferait une bonne commerçante - à leur grande déception, mais qu'elle partait sur les routes à l'aventure, enrichir son carnet de mélodies, trouver des compagnons et tenter de retrouver son oncle (ou ce qu'il en reste), mais surtout attirée par l'étrange légende du labyrinthe d'Ekha, entendue dans une auberge...