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Gagner n'avait pas été notre raison de participer...Qu'est-ce que je raconte, bien sûr qu'on avait la rage de vaincre ! Hélas nous n'avions pas eu la chance d'arriver premier, je n'avais même pas chercher à savoir qui avait remporté la course. Je l'avais perdu, voilà ce qu'il me suffisait de savoir. Démoralisée et loin de ma famille, je m'étais laissée transporter par la fête d'Arnlo. J'avais bu avec excès et avait perdu mon destrier de vue, il était très certainement reparti dans la plaine vivre sa vie.

L'alcool me montait à la tête et me permit de m'amuser comme jamais auparavant. Cette nuit là je fus très tactile avec les hommes, mais également les femmes. Mon corps bougeait au rythme de la musique, j'avais l'impression d'être envoûtée. Tout mon corps brûlait, mon esprit était lavé de toutes pensées, seul l'instant présent comptait. Puis...le trou noir.

Je me suis réveillée au petit matin au bout d'une des nombreuses tables qui avaient été descendues dans la rue pour l'occasion. Un goût nauséabond me collait au palet, mes cheveux étaient poisseux et sentaient l'alcool...ou le vomis, je ne saurais dire. Ma tête me faisait un mal de chien et je sentais la terre tourner autour de moi. Il est clair que j'avais abusé des plaisirs de la fête.


Maintenant que l'effervescence était retombée et que la fête était finie, il me fallait repartir sur la route en quête d'aventures, mais avant tout je devais me rafraîchir. Je pris alors la direction de la sortie de la ville pour aller me laver dans le Crola. Plonger dans l'eau froide me ferait le plus grand bien. Je ne pouvais décemment pas rester avec cette odeur nauséabonde sur moi et puis, cela me réveillerait.

La rivière n'était pas très loin de la ville, puisqu'elle permettait à la capitale d'avoir de l'eau en continu dans cette région aride.


Lorsque j'arriva sur place, je défit mes affaires, les posant sur un rocher, puis je me jeta dans la rivière à un endroit où le courant n'était pas trop intense. Mon corps frissonna au contact de l'eau, mais je n'y prêta pas attention et mit ma tête sous la surface. Je me sentais bien, détendue. C'est alors qu'il vint vers moi. Le Denmuys qui m'avait accompagné lors de ma fuite et qui avait bien voulu de moi pour la course n'était en fait pas reparti. Il m'attendait simplement.

Il avait beau avoir une corne en moins, il était magnifique et imposant. Je plongea mon regard dans le sien, et là j'eus l'impression de pouvoir lire en lui et de le comprendre. Je me perdis dans ses yeux noirs, j'avais l'impression d'être attirée par lui. Sans chercher à savoir si des passants se trouvaient dans le coin, je sortis de l'eau et me rapprocha de l'animal qui ne bougea pas d'un millimètres.

Une force inconnue me poussait vers lui. Nue comme un nourrisson qui vient de naître, je colla ma tête sur la sienne, nos yeux se frôlant et c'est là que je l'entendis, « Osmund » était son nom. Il me l'avait dit, j'en étais persuadée. Il m'étais impossible de me détacher de lui. Nous ne formions plus qu'un. C'est à ce moment qu'une aura éblouissante nous enveloppa.

Transportée, je pus alors voir l'âme du Denmuys. Elle vint en moi, je l'absorba et elle se mêla à la mienne. Deux êtres, deux consciences, mais une seule âme. Tel était le cadeau de la Déesse Mère. J'avais pendant de si nombreuses années jalousée ma soeur, Eleanore, qui avait trouvé très jeune son animal protecteur. Aujourd'hui cet amertume n'avait plus lieu d'être. Je l'avais trouvé, enfin !