Je me réveillais dans une grotte et, me redressant brusquement, je réussis à me cogner le front contre le plafond qui était un peu bas. En couinant j'eus le réflexe de poser mes mains sur ma tête. Il est vrai qu'étant seule, ma partie "bisounours" ressortait énormément.
Je réveillais Mila avec un léger sifflement car si je la touchais, elle m'attaquerait par réflexe et je ne voulais pas risquer d'être blessées ni de me faire décapiter.... surtout qu'elle ne l'aurait pas fait méchamment.
Je rassemblais le peu d'affaire que j'avais; c'est à dire des victuailles et je sortis une longue cape noire à capuchon que je revêtis par dessus mon corset, mon pantalon dissimulé par des bottes montantes à mi-cuisse. Le tout étant en cuir brun, collant à la peau de sorte que je me déplace aisément. Je rassemblais mes cheveux roux en une queue de cheval haute puis rabattis le capuchon. Je mis mes mitaines, toujours en cuir, orné de pic de métal. Si j'étais désarmées, cela pourrait toujours faire mal. J'accrochais à mon pantalon une ceinture de sorte que la sacoche se situe au niveau de mes reins. Ce n'était pas l'endroit idéale si j'étais contrainte d'effectuer une roulade mais je n'emportais rien d'autres qu'une gourde résistante bien que petite ainsi que de la nourriture mais peu m'importait que ça se fasse écraser. Cassy m'avait appris à voyager léger. Cela faisait trois ans qu'elle avait quitté ce monde mais elle avait eut le temps de terminer mon apprentissage. Ce qui ne m'empêchais pas, dans les situations difficiles de la voir, comme si j'étais transportée dans un souvenir. Je la revoyais sourire à mon attention même dans mes échecs. Elle me corrigeait, me conseillait, me faisait remarquer chaque progrès et jamais elle ne me grondait, ni ne me critiquait tout comme elle ne perdait jamais patience.
A ce moment là, je fermais les yeux et me rappelais de son air sérieux lorsqu'elle s'occupait de nos affaires. Jusqu'au moment ou elle se retournait, accrochait ma sacoche à ma taille puis, en me caressant gentiment la joue d'une main avec un sourire attentionné, elle me demandait :
<Es-tu prête?
-Oui! Disais-je avec une joie non dissimulée et un sourire radieux qui montrait toute l'innocence dont je faisais encore preuve.
-Allons-y alors!>
Et, ouvrant les yeux, je regardais Mila avec le même sourire attentionné :
<Es-tu prête?>
L'intéressée me répondit par un joyeux jappement et mon sourire changea pour redevenir aussi innocent qu'avant.
<Allons y alors!>
Nous nous extirpions silencieusement de la grotte. Voilà quelques jours que je traquais un monstre dans cette fichu vallée où j'avais fuit, ou j'avais vu ma sœur mourir et en réalité j'y avais tout perdu à part Cassy. Ce lieu me faisait souffrir en réalité mais je ne montrais rien.
Mon visage, à l'air libre et invisible sous le capuchon noir bien qu'il n'y ai personne, reprit ses traits dur et sérieux. Tous les sens aux aguets, je me collais aux parois, en déverrouillant mes dagues d'une simple torsions des poignets. Elles glissèrent tout le long de ces derniers de sorte que la pointe touche mes doigts. Je les empêchais de descendre plus et j'écoutais attentivement en suivant Mila ainsi qu'en calculant la trajectoire qu'avait pris le monstre par rapport au début de notre aventure.
Je vis les oreilles de Mila bouger légèrement et en une fraction de seconde, je me retrouvais penchés, les genoux fléchis et les dagues en mains, les pointes allant vers l'extérieur. Je m'avançais souplement contre la paroi avant de remarquer que quelque chose n'allait pas. J'étais presque sûre que ce n'était pas ma proie qui venait vers nous.
Dans cette vallée tellement triste à regarder mais aussi très silencieuse, il n'était pas dur pour quelqu'un comme moi qui avait reçu un apprentissage relativement correcte.
Je sentais que ce qui s'approchait était en réalité juste derrière cette paroi. Je bondis aisément et, avec rapidité, je lui mettais une lame sous la gorge et posait la pointe de l'autre au niveau de son cœur. Mais au même moment, je me retrouvais avec un fusil sur la tempe. Je dévisageais mon adversaire et, dû faire un effort pour ne pas trembler. Ses traits ne m'étaient que trop familier. Elle me ressemblait un peu. Elle ressemblait à ma sœur... Était-ce elle? Non ce n'était pas possible ma sœur était morte depuis treize ans... c'est la douleur qui me faisait sûrement penser ça. Je sentis les larmes montées mais les refoulait. La vie était cruelle à sans cesse me rappeler mes proches. Certes je ne souhaitais pas les oublier mais je ne voulais pas non plus qu'ils me hantent! Tout ce que je pensais, c'est que j'étais une incapable. Je n'avais jamais été capable de les sauver. Je me souvenais surtout de mon inutilité quand je les revoyais. Ils m'ont toujours sauvés mais moi....
Une phrase prononcée par la voix de ma mentor surgit dans ma tête :"Rebrousser chemin, cela reviendrait à fouler aux pied le sacrifice de ceux qui nous ont permis d'avancer..."
Je repoussais tous mes sentiments et reprenait le contrôle de moi-même, malgré le fait que je n'ais rien montré je me sentais coupable de m'être laissée aller. Je redevins concentrée et sérieuse sans le moindre sentiment gênant. Il était tant de converser si nous ne voulions pas mourir toute les deux en même temps.
<Qui es-tu?>