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| (#) Sujet: Le Fou et la Dame Lun 12 Jan 2015 - 11:01 | |
| La Tour Sombre, le parangon de la puissance Ténébreuse, la dernière forteresse, là où les plus fidèles des Récleyés pouvaient se targuer d’aller. Là où résidait le leader incontesté de toute la Confrérie. Mais c’était aussi un endroit plus humble, peuplé par une myriade d’individus. Pour chaque seigneur d’importance, il y avait cinquante soldats qui l’escortaient. Pour chaque simple soldat, il fallait des cuisiniers, des serviteurs, des bouteurs de chandelles, des femmes de chambre, des palefreniers. Et pour chacun de ces membres des castes les plus basses, il fallait plusieurs simples paysans qui cultivaient la terre et nourrissaient tout ce petit monde. La Tour brillait comme un phare, entouré par cette myriade de vie qui lui permettait de fonctionner.
C’était donc un endroit où les plus grands et les plus humbles se côtoyaient sans se voir ; mais dans le cas de Iajutsu, on aurait pu dire qu’il se trouvait au milieu de cette échelle sociale. Renommé parmi ses pairs, mais ne disposant de nul titre de noblesse ni d’un contact direct avec le Ténébreux, il restait un soldat, un officier faiblement gradé tout au plus, qui prenait ses ordres auprès d’un seigneur ayant obtenu la confiance du Ténébreux.
Mais après le monstre qu’il était parvenu à vaincre dans les Terres Oubliées, une promotion lui avait été accordée, et désormais il lui fallait aller jusqu’à la Tour Ténébreuse pour rencontrer son nouveau chef. Ce dernier n’avait pas fait grande impression sur le Rescapé. C’était un jeune homme encore, plus jeune que le guerrier au masque, qui avait obtenu d’excellents résultats à l’académie et s’était rapidement propulsé dans la hiérarchie, sans pour autant connaitre la peur d’être poursuivi par des ennemis, la réalité d’une vie de guerre et de douleur… Iajutsu ne pouvait pas vraiment en vouloir aux Récleyés d’avoir mis tant de temps à l’accepter, mais parfois ce genre de petits chefs l’agaçait au plus haut point.
Résultat, il avait été encore plus insondable et étrange que de coutume au cours de cet entretien, ce qui lui avait valu une nouvelle mission extrêmement dangereuse, histoire de, pour citer les mots du seigneur « le calmer un peu ». Le Rescapé s’amusait de ce genre de déclaration : même s’il devait rentrer en ayant perdu, il n’abandonnerait jamais son attitude. Elle faisait partie de lui. Elle faisait partie du masque et de l’épée.
Malgré cette mission, il avait obtenu quelques jours de permission. Ces journées, il comptait les mettre à profit pour explorer la Tour Sombre, où il ne s’était encore jamais rendu. Être aussi proche de son seigneur et maitre était assez émouvant, et il pouvait sentir dans son cœur une profonde pulsation assez inhabituelle. Quelle joie de se sentir si près de ce demi-dieu que ses parents lui avaient conté étant petit ! Néanmoins, Iajutsu renferma tous ces souvenirs dans un coin de son esprit, là où le masque pourrait les mettre sous clé. Il se laissa gagner par la sérénité et commença à explorer avec joie et amusement toutes les galeries auxquelles il avait accès.
Son passage, comme à l’accoutumé, ne se faisait pas discrètement. Il portait aujourd’hui une tenue violette et or très voyante, dotée de nombreuses ramifications qui faisaient penser à des jambes d’insectes. Son visage était couvert d’un crâne humain ricanant, qui s’arrêtait au niveau du front et du cou pour être remplacé, sur l’arrière du crâne, par une sorte de casque en chitine d’un violet très foncé. Des petits dards verdâtres et jaunes pendaient au bout des extensions insectoïdales, qui lui pendaient dans tout le dos, jusqu’aux fesses, où son traditionnel pantalon large avait aujourd’hui en imprimé des motifs ors de scorpions et de traits apparemment dispersés au hasard.
Malgré le crâne qui représentait son faciès, les gens qui le croisaient repartaient souvent de bonne humeur car, en veine de plaisanterie pour aujourd’hui, Iajutsu faisait un peu le bouffon. Il enchainait quelques cabrioles, puis s’amusait à se tenir en équilibre sur un bras pour épater les jeunes servantes et les enfants (nombreux) qui travaillaient sur les lieux. Parfois, il faisait quelque plaisanterie, un bon mot tiré des méandres de son charabia mystique. Il lut même les lignes de la main à une demoiselle de passage, qui se montra très satisfaite de l’avenir que lui promettait Iajutsu.
Dans l’ensemble, c’était donc une bonne journée.
Marchant au gré d’un énième couloir, le guerrier masqué avisa une demoiselle dont le visage semblait particulier triste et tourmenté. Ses cheveux noirs groupé à l’arrière de sa tête tentaient de masquer le fait qu’elle avait un visage fier et beau, comme celui d’une princesse des temps anciens. Peiné par sa tristesse, le Rescapé s’avança vers elle en sautillant.
« Na-mu, na-mu, na-mu ! Voici venir des ombres Iajutsu, pour vous servir, noble dame. Quel est cet air si sombre ? Nous sommes peut-être dans une Tour Sombre, mais ses habitants devraient être radieux !
Est-ce qu’un bouffon comme Iajutsu pourrait vous être d’une quelconque utilité, namu ? »
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| | | | (#) Sujet: Re: Le Fou et la Dame Dim 18 Jan 2015 - 1:40 | |
| La journée avait eu de quoi être longue. Et n'avait pas été particulièrement agréable pour Séléne, qui à chaque fois qu'elle revenait dans la Tour Sombre se sentait pousser des chaines à chacun de ses membres. Pour beaucoup qui l'ignoraient – à l'exception de quelques nobles et proches du Ténébreux – la jeune femme vivait dans les grands appartements de celui-ci et avait loisir d'y venir et entrer à son bon gré bien qu'elle se savait à la fois surveillée et prisonnière. Pas qu'elle eut l'intention un jour de trahir son Roi, elle avait bien trop de loyauté envers lui et de reconnaissance, mais elle sentait, à chaque années qui passaient, le poids de son regard s'alourdir sur elle, à en devenir trop intense et trop gênant. Il n'était plus aussi subtile qu'il l'avait été par le passé, et bien qu'il avait compris dès le début les réticences qu'elle avait posé quant-au fait qu'elle ne serait jamais une de ses amantes, il continuait, il n'abandonnait pas. Et si elle même ne cédait pas, la brèche c'était d'ores et déjà depuis longtemps fissurée. Il y avait des sentiments, ce n'était pas niable. Il était son protecteur depuis de si nombreuses années, il avait veillé sur elle et l'avait emmené avec lui quand elle était jeune, et quand ils étaient tous les deux, il était charmant, et souvent, il y avait ces petites attentions qui la touchait plus qu'elle ne voulait bien le faire croire. Il n'y avait qu'avec lui qu'elle souriait, n'était-ce qu'un peu. Mais il n'y avait aussi qu'avec lui qu'elle sentait sa liberté chérie s'envoler et se faner. Elle savait que si d'aventure elle tombait réellement (bien qu'elle n'eut aucune certitudes réelles venant de lui), les chaines seraient sans nulles doutes refermées à tout jamais.
Plus elle y songeait, et plus cela ternissait son humeur. Elle était bien plus expressive que d'habitude dans ces situations, et si son visage était déjà sombre à l'origine, il se flétrissait auprès de ses yeux bien tristes et bien orageux. Elle avait quitté tôt les grands appartements ce matin, loin à l'écart dans l'immense Tour Sombre où fleurissait vie et activité en chacun de ses membres. Elle ne l'avait pas croisée, s'en était presque réjouit (bien qu'à sa manière elle aurait souhaité le voir, n'était-ce que pour le saluer), et avait parcouru son chemin sans savoir véritablement ce qu'elle avait à faire en cette journée. Elle n'était pas de ces personnes très occupée, et généralement, elle aimait passer son temps à lire à la bibliothèque ou rêvasser devant un paysage d'évasion, là où les grandes plaines vides des terres inexplorées s'étendaient sans fin. Pourtant, si elle avait fait l'un et l'autre en cette journée, les tourments qui l'avaient pris dans la matinée ne l'avaient pas quitté, et continuaient de s'épanouir sombrement dans son regard. On aurait dit un fantôme en vérité, avec son teint pâle plus que tout autre, et cette chevelure d'ébène, sans reflets, tirée par une longue natte d'où curieusement quelques mèches rebelles avaient réussi à s'extirper. Elle marchait sans bruit et dans la solitude dans un couloir qu'elle connaissait – à vrai dire, elle avait fini par presque tous les connaître depuis le temps – et s'arrêtait épisodiquement devant une fine fenêtre pour y observer l'horizon, et repartir en veine d'occupation et assaillie de réflexions sans réponses. Comme s'il pouvait y en avoir songeait-elle.
C'est à ce moment précis qu'il apparu. Il était venu de nul part, des ombres comme il semblait le clamer, et avait surpris la jeune femme qui s'était arrêté brusquement. Elle n'avait plus fait attention à ce qui l'entourait, et savait que de toute façon, ici, dans la Tour Sombre, elle ne risquait rien, sinon percuter maladroitement quelqu'un. Il n'y avait pas que l'attitude de l'homme qui avait de quoi surprendre. Sa personne toute entière était source d'interrogation pour Séléne qui n'avait pas pour habitude de rencontrer autant d'extravagances. Elle se souvint pourtant que le Ténébreux lui en avait parlé, quelques mots de passage, sur un soldat hors du commun qui avait la curieuse habitude de revêtir une apparence peu commune. Là où tous les Récleyès étaient habillés de la tenue sombre réglementaire, il affichait lui de la couleur et de la fantaisie, à commencer par le masque inattendu. Elle était surprise oui, et celle-ci eut le mérite d'envoyer au loin l'espace d'un instant les sombres pensées. La jeune femme ne savait pas vraiment pourquoi il venait l'accoster de la sorte, mais elle ne s'en offusqua pas. Au contraire, elle eut l'air un peu gênée. Pas par la présence du curieux personnage, mais parce qu'elle avait, semblait-il, attirée l'attention de quelqu'un.
Venait-il parce que son air lui avait semblé si sombre ? Les Récleyès n'étaient pas tous aussi attentionnés. Elle n'en fut pas moins reconnaissante de l'initiative de cet homme qu'elle ne connaissait nullement.
« Radieux... Peut-être oui.. » Elle songea que ce n'était pas faux, les habitants n'étaient pas tous aussi sombre et avaient la joie de servir leur Roi. Elle aussi, mais les choses étaient bien différentes. Je crains hélas que rien ne puisse changer quoique ce soit à mes tourments. S'ils en sont d'ailleurs... Mais vous êtes bien aimable Ia.. Iajutsu ? - elle n'était pas certaine d'avoir bien entendu s'il s'agissait de son prénom, devant la curieuse façon qu'il eut de se présenter - Vous n'étiez pas obligé de vous déranger pour moi, mais merci. » Elle s'inclina légèrement, respectueuse de son interlocuteur, et insidieusement, elle sentit sa timidité revenir à grand pas sur son visage, rougeoyant ses joues avec douceur. Elle semblait déjà moins sombre qu'une minute auparavant. Elle n'était néanmoins pas à l'aise dans les discussions, tout aussi paradoxal qu'elle les aimait. Les premières rencontre étaient toujours difficile pour la grande timide qu'était Séléne. « Vous venez d'arriver ici non ? C'est la première fois que je vous vois. » Elle s'en voulu d'être aussi directe sur le moment ! C'était un soldat qui commençait à être reconnu, et elle n'avait pas de nom ici bas. Non vraiment, elle voulu parler à nouveau, mais les mots lui étaient restés dans la bouche. Quelle idée que de vouloir parler et se changer les idées, vraiment. |
| | | | (#) Sujet: Re: Le Fou et la Dame Mer 21 Jan 2015 - 18:12 | |
| Oui le Ténébreux connaissait Iajutsu, le Rescapé, l’un des rares Récleyés qui avait poussé sa fidélité jusqu’à voyager à travers le monde et à trouver seul l’emplacement de la Tour Sombre et des forces ténébreuses, qui avait désiré rentrer à l’Académie sous les quolibet, qui avait enduré la méfiance plutôt que de vivre une petite vie tranquille en Madelle. Un homme d’honneur, un homme loyal, dont la fidélité au Ténébreux était au-delà des mots. Mantis comme Iajutsu n’y pensaient jamais. Leur dévouement au suzerain suprême était comme respirer pour eux. Il n’y avait aucune question à se poser sur le sujet, aucune réflexion à avoir.
Voir cette expression d’étonnement ravissait le guerrier masqué : il avait aimé faire disparaitre ce voile d’amertume placé sur le visage de la jeune dame. Son instinct lui soufflait qu’elle était importante, mais ce n’était pas l’ambition qui motivait ses actes, mais cette gentillesse qu’il avait au fond de lui, cette part d’humanité, cette fragilité. Bref, il avait de l’empathie pour cette demoiselle au visage triste.
Son propre visage n’exprimait rien, sinon ce sourire grimaçant perpétuel. Fait de porcelaine et d’acier, masque figé, il ne pouvait que arborer le même faciès en permanence. Toute la modulation des émotions du Récleyés se trouvait dans sa voix, et pour le moment cette dernière était chantante, dansante même, entrainante, afin de remonter le moral de cette douce créature, comme un oiseau tombé du nid, qui se trouvait devant lui.
« Mon nom est bien Iajutsu, pour vous servir ma dame »
Il fit une cabriole dans les airs, et retombas sur un bras, avant de l’incliner, effectuant ainsi la révérence la plus improbable de tout le temps. Révérence tout de même, à n’en pas douter. La dame put remarquer que les vêtements du Récleyés, quoi qu’extravagants et colorés, étaient parfaitement fixés à sa personne, si bien que même la tête en bas, même avec un pantalon aussi large, il était impossible de voir la moindre parcelle de peau. Le costume était parfait.
« Je n’étais en effet pas obligé de me déranger, mais j’en ai eu envie, namu » dit-il avec un petit rire. « Et ça ne me dérange pas, de toute manière. Ce qu’on fait avec envie n’est que pur délice ! En parlant de délice, vous n’avez pas faim ? »
Ses joues rosissaient, c’était d’un mignon que Iajutsu cru fondre face à une telle ingénuité. La demoiselle semblait tout à la fois guerrière et fragile, apprécier comme craindre cette conversation. C’était un paradoxe à elle toute seule, mais le Fou était décidé à tout faire pour la mettre à l’aise et faire revenir un vrai sourire sur son visage.
« Oui, c’est la première fois que j’ai l’immense privilège de pénétrer dans la Tour Sombre » déclara t il, toujours la tête en bas, sur un bras « Grâce à mes nombreux hauts faits et mes nombreuses pitreries, on m’a accordé le droit de servir un personnage plus gradé qui vit ici.
C’est immense ce lieu » poursuivit il tout en faisant quelques flexions « Je crains de m’être égaré. Mais peu importe puisque je suis tombé sur vous : le destin sourit toujours à Iajutsu, et l’emmène là où son devoir de Chevalier se doit d’être effecuté ! Une demoiselle en détresse, c’est là l’apanage même de ma profession »
Et tout en faisant un salto arrière, il éclata de rire, pour retomber sur ses jambes « Ahahahahah ! »
« Je suis le Fol Chevalier, je suis Iajutsu, le guerrier masqué ! Et vous, quel est votre nom, gente damoiselle ? »
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| | | | (#) Sujet: Re: Le Fou et la Dame Sam 31 Jan 2015 - 0:56 | |
| L'étrangeté d'une situation de ce genre n'arrivait guère jamais à Séléne, elle faisait toujours en sorte d'éviter qu'on ne vienne s'intéresser à elle. Ce n'était qu'une ombre silencieuse, un petit félin discret qui rodait sans mal pour esquiver les pas qui auraient pu l'écraser. C'était tout ce qu'elle désirait, elle avait bien déjà assez à faire avec les tourments de sa vie personnelle pour qu'elle ne cherche à s'embrouiller avec qui que ce soit d'autre. Et pourtant, elle avait envie de nouveau, de changement. Elle qui clamait vouloir une certaine liberté de mouvement se bridait toute seule lors des rencontres qu'elle faisait. Pire, elle n'en faisait que rarement. Aussi, elle ne parlait pas et connaissait peu de Récleyès, à son grand damne. Bien évidemment, elle avait quelques amis – qui soit dit en passant ne savaient pas tous pour ce statut de « protégée » du Ténébreux, et c'était tant mieux. Les profiteurs, il y en avait à tous les coins de couloir. L'espace d'un instant, elle voulu donc échapper à cet étrange personnage qui, si il ne lui faisait pas peur malgré l'imposant masque figé, l'impressionnait un peu par ses gestes et manière. Pour autant, elle avait cette irrépressible envie de... nouveauté. Sortir du carcan de son quotidien morne pour l'égayer d'un peu de couleur et de rire, dans la mesure du possible. Elle ne connaissait pas l'homme que l'on appelait Iajutsu, mais elle avait le sentiment que lui au moins n'était pas là pour de quelconques pensées emplies de profit, et décelait une certaine forme de gentillesse à son égard. Pourquoi, elle n'aurait su le dire. Mais elle l'en remerciait vivement intérieurement.
Sa cabriole folle qui semblait en tout point à une révérence de la part de l'étrange personnage provoqua le semblant d'un rire sur le visage froid et glacé de Séléne. Ses yeux même parurent s'adoucir, emportant d'un coup de vent les nuages sombres d'une matinée pesante. Les tourments étaient toujours là, mais s'éclipsaient face au moment présent. Oh elle ne souriait que peu, cette charmante demoiselle, et ceux qui la connaissait si peu avait tendance à la croire hautaine et glaciale. La vérité était toute autre, puisque cette figure était plus un masque contre sa timidité et ses sentiments. Tout n'était qu'affaire de secret, elle ne voulait pas qu'on décèle ce qu'elle pense. Qu'il était si gentil ce chevalier, extravagant mais bien différent de tous ces autres soldats froid comme la pierre et tranchants comme les lames. « Hé bien oui, je suppose. » Elle réfléchit. Faim ? C'était bien possible, depuis ce matin elle n'avait guère rien avalé. « Ma foi, je n'ai pas mangé, c'est peut être l'occasion. » Il y avait là dessus un invitation. Quel exploit de sa part que de faire une telle proposition, c'en était presque cavalier. Par les dieux, était-elle donc à ce point bloqué à l'idée de bavarder et manger sans songer que cela ne reste que amical aux yeux des autres ? Elle espérait bien que certain ne se fourvoieraient pas, les espions étaient si bavards...
Il ne s'était pas encore rétabli la tête à l'endroit. Une seconde, la jeune femme se demanda si le sang n'allait pas lui monter à la tête, et elle trouva l'idée stupide. Cet homme avait l'air de savoir ce qu'il faisait, et qu'en terme de pitreries, il était bien assez doué pour les maitriser. Ce qu'on disait de lui en combat était du même acabit, un combattant sordide mais particulièrement efficace. « J'ai entendu parler de vous et vos exploits je crois. C'est une bien belle promotion, et vivre à la Tour est agréable. Votre nouveau statut vous plait-il ? » Peu à peu, elle c'était détendue. Ses pensées sombres étaient loin, et les bavardages innocents étaient agréables. Elle n'en demandait pas vraiment plus. Un expression de léger étonnement passa sur son visage, quand il la nomma demoiselle, si respectueusement. Dire qu'elle n'était pourtant rien ici. Mais elle appréciait les compliments et ces petits surnoms, bien qu'en réalité, il n'y eut qu'une personne à son souvenir pour lui donner de telles appellations. On ne l'imaginait guère d'ailleurs... Amusée elle répondit d'un ton presque – important à préciser – taquin. « Suis-je vraiment la personne en détresse ici ? Que voilà un bien noble chevalier. Puis-je vous proposer de vous servir de guide dans cette immense tour ? En échange vous me protégerez des tristes sorts. » Pour un peu, elle aurait franchement sourit. Mais si rien ne faisait bouger ses lèvres, son regard était son conteste doux et souriait.
« Oh pardonnez-moi, j'en oublie mes manières ! Je suis Séléne. Séléne Driswain, simple mage et soldat au service de notre Seigneur et Maitre. » Curieux, quand on y songeait, que les présentations n'arrivaient que maintenant. « Alors, y a-t-il un endroit que vous aimeriez voir ? Ou nous pouvons nous diriger vers les salles de restauration si vous le souhaitez. » A vrai dire, elle avait peut être faim effectivement. Midi devait déjà avoir sonné.
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| | | | (#) Sujet: Re: Le Fou et la Dame Lun 2 Fév 2015 - 9:28 | |
| « Très très heureux de vous rencontrer, Noble Dame Sélène, Fille des Ténèbres. » Il fit une révérence un peu plus conventionnelle cette fois ci, s’inclinant presque à 90° degrés sans aucune difficulté, son corps formant un angle droit avec ses jambes.
Couvert de son étrange vêtement insectoïdal, aux ramifications or et violettes, le guerrier masqué passa une main sur le bulbe chitineux qui constituait l’arrière de son casque. Son apparence, si dérangeante pour les ennemis des Récleyès, n’était ici pas un handicap aux relations sociales. Car quiconque connaissait un peu le fou savait qu’il n’avait aucune malice en lui, tout du moins contre les forces obscures.
Avec un léger ricanement de regret, il déclara : « Oui, c’est une belle promotion, mais je crains que mon supérieur n’apprécie pas trop mes charades et mes énigmes » Il prit une pose théâtrale, tendant une main vers le ciel, et déclama : « Tant va la poésie à l’oreille des cœur pur, va l’idiotie à la bouche des obtus »
Puis, d’un air de confidence, il se pencha vers Sélène « Je crains d’avoir offensé un ou deux officier, en vérité… »
Être près de Iajutsu était quelque peu perturbant. Si sa voix, étrange, haute perchée, métallique, semblait correspondre au masque, on s’apercevait, lorsqu’on se rapprochait ainsi, qu’elle ne venait pas de derrière le faciès de crâne, mais semblait s’émettre directement depuis les dents figées éternellement. Comme si ce visage inexpressif était capable de s’exprimer. Ce même aspect immobile pouvait être légèrement plus terrifiant quand on le contemplait avec attention. Sélène put néanmoins voir ainsi, dans le creux de ténèbres formé par les yeux du masque, une petite étincelle bleutée briller. Comme deux étoiles, les vrais yeux du Iajutsu illuminaient l’intérieur de son masque.
« Mais tout ceci n’est pas bien important. Je serai plus qu’heureux d’offrir un repas à une demoiselle affamée.
Foi de fol foi de fou, je ne laisserai certes pas une gente dame en pleine crise d’inanition au milieu des couloirs.
Voyons voir... Par où est ce… »
Le bouffon fit mine de partir à droite, puis à gauche. En désespoir de cause, il fit une pirouette allant vers l’avant et l’arrière. « Par là. Ou par-là ? Non non, par là. Ah non ! C’est par là ! » disait-il, incapable de se décider.
Cessant son manège, il déclara, tapotant ses épées à sa ceinture. « Quant aux tristes sorts et aux tristes sires, n’ayez crainte, je suis un garde du corps tout à fait valable, même si mes adversaires ne s’y attendent que rarement. Je vous protègerai, Dame des Ténèbres, de l’ennui comme des ennemis. Namu, voilà qui est bien dit !
Bon, par où allons nous ? »
Iajutsu semblait déjà avoir totalement oublié la proposition de repas. En fait, il donnait l’impression, au ton de sa voix, de se moquer complètement de l’endroit où aller. Néanmoins, Sélène pouvait remarquer que, depuis le début de cette conversation, il avait comblé un petit peu la distance qui les séparait, s’étant d’abord tenu respectueusement à plusieurs pas. Maintenant, il avait laissé seulement un pas ou deux entre eux, comme un ami. Sans le savoir, la nécromancienne s’était elle adjoint un protecteur, un allié, qui quoi que pas très discret semblait avoir au moins le mérite de l’occuper ? Difficile à dire : comment lire les expressions d’un masque, comment deviner ce qu’un fou avait en tête ?
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| | | | (#) Sujet: Re: Le Fou et la Dame | |
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