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Madelle | Forum RPG Heroic Fantasy
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[Quête] Deuil en cale

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Mère Nature

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Message(#) Sujet: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeMer 17 Juin 2015 - 18:12

Deuil en cale

[Quête] Deuil en cale 733305SaphirNatfoe

Mise en Contexte
 Ciorel 1247
Au large du port de Thalis, lors d'une terrible tempête, un navire avec 50 âmes à bord coula, ne laissant aucun survivant. Un riche homme d'affaire du port demande à faire le deuil de sa fille. Pour ce faire, il désire récupérer un collier qu'elle possède depuis enfant.  Aucune créature dangereuse n'a été aperçue près de l'épave, mais restez prudent !


Déroulement de la Quête
Aucune intervention MJ n'est à prévoi, libre à vous de vous exprimer.
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Winter C. Eliwën

Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeJeu 18 Juin 2015 - 10:58


Winter & Miradelphia
[Quête] Deuil en Cale


Les étalages sont tous plus beaux les uns que les autres. Des légumes de toutes les couleurs, des étoffes chatoyantes, des fruits embaumant l’air de leur parfait. Décidément, j’adore l’ambiance des marchés humains ! Cela pourrait bien devenir une habitude d’ailleurs, de venir fureter entre les étals ! Mais toute belle chose à son revers et dans ma condition actuelle, ce dernier n’est pas bien dur à trouver. Je n’ai pas d’argent. Chaque nouvel étalage amène son lot d’émerveillement et de de déception. A chaque nouvel arrivage dans mon champ de vision, je ne peux m’empêcher de tendre la main pour effleurer le pelage doux des aliments ou le tissu des vêtements. Mais ma main finit toujours par retomber le long de ma hanche : soit parce que je ne peux vraiment pas l’acheter et que m’en approcher ainsi relève de la torture psychologique, soit parce que les marchands râlent. Je crois qu’ils ont peur que je les vole. Rien d’étonnant finalement. Je n’ai sûrement pas l’air riche et les gens pauvres volent ce qu’ils ne peuvent pas avoir. L’idée m’a travaillé plus d’une fois mais je n’ai encore rien volé. Pour le moment. Mais je comprends les voleurs, tout est si beau ! J’aimerai tout acheter ! Des chaussures d’un cuir souple qui sera idéal si je voyager, des robes somptueuses et amples, des vêtements de tissus ou de cuir pour voyager ou se battre … Peut-être faudra-t-il que j’en achète un jour, si je me décide à visiter Madelle en long et en large. Pas pour le moment. Peut-être que si je gagnais de l’argent j’achèterai … hum … voyons voir … En fait, je n’ai besoin de rien. La seule chose qui manque à ma vie est encore et toujours la même : des amis. Sauf que l’on n’achète pas un ami. Je soupire. Finalement, l’idée de partir visiter Madelle est bien plus alléchante que celle de rester ici à faire les marchés seule.

Pourtant, quelques détails me poussent à hésiter. Ma famille pour commencer. Je vois bien peu mon père et cela ne changerait pas grand-chose mais ma mère ? Je suis fille unique et elle sera si seule si je pars ! Elle ne voudra jamais de toute façon. Elle me répètera sans cesse : « Mais ma petite Lùinwë, que feras-tu de plus dans le monde des hommes ? Ta famille ne suffit plus à faire ton bonheur ? » Mais ce n’est pas la question, je me demande si elle le sait. Ma famille me rend heureuse, bien sûr, mais elle ne m’offre pas ce que  je cherche par-dessus tout : la connaissance. ‘Le savoir est le pouvoir’ dit le dicton. Je ne sais pas s’il a raison mais je veux découvrir. Ce n’est pas aujourd’hui que je partirais de chez moi cependant. Je ne suis pas encore prête. Je n’ai pas encore étudié tous les paramètres. Notamment celui qui m’oblige à retourner à l’eau tous les ans, sous peine de ne plus pouvoir me retransformer en héléo. Je crois qu’il ne pourrait rien m’arriver de pire que d’être bloquer sous une forme humaine toute ma vie ! Berk !

Une clameur me parvint de la rue adjacente. Immédiatement, je me tourne vers la source du bruit. Je ne vois pas de quoi il retourne de là où je suis et je n’arrive pas à distinguer des mots précis du brouhaha qui monte dans les ruelles. La foule s’amasse devant les passages qui mènent à la rue d’après. J’essaye de me frayer un chemin en jouant des coudes. Au fur et à mesure que je m’avance, c’est de plus en plus simple de me diriger vers la source du bruit. Et pour cause, les gens rebroussent chemin. J’écarquille les yeux, d’abord étonnée, puis les fronces. Il y a quelque chose de louche là-dedans. Les humains comme les héléos sont des créatures extrêmement curieuses, de vraies mégères. Et voilà que maintenant qu’il y a un peu de cancan ils font demi-tour ? Je me concentre pour essayer de deviner ce qui se passe là-bas, à quelques mètres de moi. Je ne vois toujours rien mais désormais j’entends distinctement ce qui les fait fuir. Des pleurs. Des hurlements déchirants. Un homme pleure là-bas et ils fuient cette tristesse. Je crois que c’est dans la nature des hommes et des femmes -quelle que soit leur race- de fuir la détresse des autres. Certaines personnes accourent pour consoler cet homme effondré au pied des forces de l’ordre qui le contemple d’un air peiné. Ils ne savent pas quoi faire. Ils ne savent pas comment réagir pour réconforter celui à qui ils ont infligé ce chagrin immense. Je pense qu’ils savent qu’ils devraient faire quelque chose, faire preuve d’humanité et d’empathie. Mais comme tous les autres, cette démonstration de tristesse les met mal à l’aise. Alors ils partent, comme les autres, et bientôt l’homme se retrouve seul, entouré de quelques gens qui tentent de lui apporter leur soutien. Je reste pétrifiée d’horreur devant cette scène. Pas devant ce malheureux qui extériorise sa peine, non. Devant la lâcheté des autres. Ce ballet morbide d’humains et d’héléos qui s’en vont en baissant la tête et en mettant leur capuche. Ils savent que ce qu’ils font est mal et qu’ils ne devraient pas partir. A côté de moi une femme murmure à son amie : « Je crois qu’il a besoin d’air, nous devrions nous éloigner. » Je crois pouvoir affirmer qu’il s’agit là du comble de l’hypocrisie. Ces femmes me dégoûtent. Que de mensonges pour apaiser leur conscience ! Est-ce ça le Monde de la terre ferme ? Je n’ai jamais assisté à ça sous la mer mais quelque chose me dit que cela ne doit pas être bien différent. Nous secourons ceux que nous connaissons et aimons. Chez moi, tout le monde se connaît. Mais si j’allais à Hélia ou à Jioky, les héléos fuiraient-ils ainsi devant le chagrin de leurs frères ? Oui, je pense. Une larme de rage coule sur ma joue. Si je le pouvais, je les rappellerai tous pour leur faire remarquer leur égoïsme, leur hypocrisie et leur méchanceté. Mais je ne peux pas. Je ne suis rien ni personne ici. Je ne peux faire qu’une seule chose : ne pas devenir pareil. Ne pas me comporter en monstre qui tourne le dos à ceux qui implore mon aide. Aide l’autre. Je ne suis pas sûre que ce soit une devise vraiment digne de l’Hiver, mais peut-être faudra-t-il un que j’abandonne ce que la solitude à fait de moi. Suis-je ce que mon passé à fait de moi ? Peut-être mais je pense que c’est une question trop complexe pour que j’y réponde aujourd’hui.

J’inspire un grand coup pour me calmer, essuie la trace salée que la larme a dessinée sur ma joue et m’avance doucement. Je m’agenouille à côté de l’homme et écoute ce que les quelques autres lui disent. Peu à peu, je commence à comprendre ce qu’il s’est passé. Un bateau a coulé non loin du port. L’homme a des yeux verts, des cheveux bruns et la peau burinée du désert. Il n’est pas d’ici, il ne venait que récupérer sa fille qui revenait d’un long voyage. Une plainte s’échappe de ses lèvres tandis que ses sanglots reprennent. Il ne cesse de murmurer un nom, qui doit être celui de sa fille :

« Malia, Malia s’il vous plaît, ramenez-là ! »

Mais personne ne peut la ramener et je pense que lui-même le sait. Désormais, Malia nage au fond de l’eau avec les héléos. Une femme le prend dans ses bras. Mes yeux sont si embués de larmes que cette personne pourrait être ma mère que je ne l’aurais pas reconnu. Mais je ne cherche pas à distinguer son visage. Je me fiche de qui elle est et de qui sont les autres. Je distingue de riches tissus, quelques dentelles, des couleurs vives et d’autres plus ternes, qui respirent moins la bourgeoisie, sur d’autres vêtements. Je continue d’écouter l’homme qui, d’une position agenouillée et suppliante, vient de s’assoir en tailleur, la tête dans les mains. Il s’appelle Mélino Ven Garvaardi. Cela doit être un noble. Mais, alors qu’il nous raconte l’histoire de sa vie, je me dis qu’il vaut mieux être pauvre et heureux. Il a tout l’argent qu’il veut. Mais il a perdu sa femme et sa famille lorsque sa caravane fut attaquée, il y a quelques années de cela. Il n’avait plus que sa fille. Et désormais il n’a plus rien. Je prends sa main, d’abord dégoûtée par le contact de sa peau. Mais je sais ce que c’est que la solitude, je ne la souhaite à personne. Et cet homme-là, il est encore plus seul que moi. Il se met alors à murmurer. Je ne comprends pas ce qu’il dit et visiblement les personnes autour de moi car elles ne répondent rien. Il ravale ses sanglots et articule du mieux que sa gorge nouée le lui permet :

« Son collier, ramenez moi le collier de Malia.

- La garde de Thalis ne comprend pas d’héléos Monseigneur Ven Garvaardi. Je suis navré. Toutes mes condoléances pour votre perte. »

Le garde a l’air sincèrement embêté mais pourtant il ne fait rien. Peut-être qu’il ne peut rien faire en tant que garde mais en temps qu’humain ? Est-il réellement obligé de rester ainsi amorphe dedans la douleur de ‘Sonseigneur Ven Darvaardi’ ? Ce dernier s’énerve d’ailleurs. Avez-vous déjà entendu des phases du deuil ? Choc, déni, colère, dépression, acceptation sont les principales phases. Je crois qu’il vient de passer en mode colère. Il se lève, chancelant, haletant, et fixe le garde d’un regard qui contient toute la haine du monde. Même le Ténébreux ou le Roi des Liares, en faisant des efforts, ne pourraient vous faire un regard aussi méchant.

« Vous allez retrouver ce collier. Ou vous allez trouver quelqu’un qui peut le faire si vous en êtes incapable. Ce collier appartenait à sa mère. Elle l’a toujours porté, il représente tout l’amour que je portais à ces deux bouts de femmes merveilleux. Trouvez ce bateau, fouillez-le et trouvez ce collier. J’ai le moyen de payer grassement la personne qui me le ramènera. Vous aurez votre part si vous trouvez quelqu’un qui puisse aller le chercher. » L’homme halète mais il n’a pas encore fini. Il inspire et enchaine le plus vite possible, comme s’il craignait que l’on l’empêche de dire ce qu’il a à dire : « C’est un collier superbe ! Il est fermé d’une chaine en or blanc, très fine ! Et au bout pend une gemme. C’est une Lümies, une pierre couleur ambre. Elle n’est pas bien grande mais elle étincelle dans le noir ! »

Indécis mais visiblement appâté par le gain, le garde regarde autour de lui. Il cherche une solution visiblement. Je réfléchis à ce qu’a dit le vieil homme. C’est une pierre de grande valeur d’après ce que j’en sais ! C’est bien risquer de sa part de demander à quelqu’un d’autre d’aller la chercher. Il n’a pas le choix on dirait et il baisse piteusement les yeux, comme s’il avait honte. Ou peut-être cherche-t-il a cacher son chagrin ? Le soldat se redresse, se tourne vers la rue déserte et cri à qui peut l’entendre :

« Y a-t-il des héléos ici pour aller fouiller une épave ? »

Pas très accrocheur comme discours mon petit ! Mais bon, nous mettrons ça sur le compte de l’émotion. Je me lève donc pour me présenter au garde. Cet homme est trop mal, bien trop mal pour que je ne tente pas quelque chose pour lui venir en aide. Il a le droit de pouvoir faire son deuil. Je soupire et m’avance :

« Moi j’irais retrouver le collier. »

Le garde me jette un coup d’œil, je crois qu’il m’est reconnaissant de me dévouer. Il m’explique que je serai payée ainsi que pourquoi il est important que je retrouve ce collier. Je sais tout cela déjà mais visiblement il n’a pas remarqué que j’étais là, tout au long de sa ‘discussion’ avec le noble. Ce dernier me regarde d’ailleurs. Je crois que c’est de la reconnaissance que je vois dans son regard. Ce n’est qu’un homme, il ne pas aller au fond de l’eau. Je crois que cela doit être la première fois de l’histoire de Madelle qu’un simple humain aimerait autant devenir un héléo, ne serait-ce que quelques heures. Alors qu’il me fixe intensément, je me détourne, mal à l’aise. Je n’ai pas l’habitude qu’on me regarde, et encore moins ainsi. J’attends. Je ne sais pas trop ce que j’attends. D’attendre de voir si un autre héléo se joint à moi déjà pour commencer. Puis j’attendrais le feu vert du vieil homme pour partir chercher sa pierre.

© Kinotto de LG.



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Dernière édition par Winter C. Eliwën le Mar 30 Juin 2015 - 13:51, édité 1 fois
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Abigail Neytak

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Message(#) Sujet: Re: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeDim 21 Juin 2015 - 11:22

Et voilà, encore une journée banale mais cette fois j'avais encore une fois décidée de me promener un peu, me rendant alors sur la plage... J'y allais souvent ces derniers temps et à force même les humains connaissaient à me connaitre, j'entendais des tas de murmures, en bien ou en mauvais, cela m'était égal a vrai dire, je n'étais pas là pour me battre, bien au contraire, j'aime pas spécialement avoir recours à la force, loin de là... Enfin bref, j'étais venue là pour me détendre, penser a autre chose que mon rôle de princesse... Puis je vis une émeute... Enfin je sais pas si on appelle ça comme ça mais un groupe de personne était autour d'un seul homme qui avait l'air malheureux, écoutant alors ce qui se disait et me rendant compte que la demoiselle qui venait d'accepter de l'aider était une heleos aussi... En même temps qui de mieux que l'un des notre pour aller chercher un objet au fond de l'eau ? Leq regardant alors et m'approchant d'eux, prenant la parole tandis que j'étais sous forme humaine.

• Je me joins à vous, après tout quoi de mieux que deux heleos pour aller au fond de l'océan hein ? •

Puis j'entendis des murmures qui commentaient ma décision, soupirant alors en les écoutant par curiosité.

• La princesse héritière... Pourquoi elle les aide ? Ca n'a aucun sens... •

M'approchant alors d'eux légèrement remontée, il m'avait prise pour une sans cœur ? Non mais oh ! Je suis certes la princesse héritière mais pas un monstre sans émotion !

• Bon, je l'avoue je suis la princesse héritière ! Mais j'ai un cœur moi ! Taisez vous un peu ! •

Regardant alors l'autre heleos tandis que j'attendais la réponse de l'homme qui avait l'air surpris que je l'aide... Qu'on m'explique... Pourquoi je fais cet effet ?! J'ai rien de spécial bon sang ! Puis prenant la parole.

• Winter... Ah mais on se connait déjà ! T'es une heleobde glace si je me souviens bien... Bref, on y va quand ? *me tournant vers le malheureux* et bah ?! Me regardez pas comme ça ! On part quand ?
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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeLun 22 Juin 2015 - 18:24


Winter & Miradelphia
[Quête] Deuil en Cale


Lorsqu’une autre voix -féminine et suave, quoique ‘criarde’ serait peut-être plus approprié pour décrire cette voie suraiguë qui me vrille les tympans- se propose, je me retourne vivement pour dévisager la personne qui m’accompagnera sous la mer chercher l’épave et la Lümies, la gemme qui orne le collier. C’est sans surprise que je découvre une héléo. Et pas n’importe quelle héléo ! Miradelphia, la princesse, que j’ai rencontrée quelques jours auparavant, au large de la côte, au niveau des récifs d’Emériata. Bien que sa forme humaine diffère clairement de sa forme aquatique, elle reste reconnaissable à sa longue chevelure de jais, sa voix criarde et pas tout à fait autoritaire -comment ça je n’aime toujours pas la Couronne ? Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça !- et son visage fin. Et ne nous mentons pas, ses tatouages ne trompent personne. Ne fait-elle jamais d’efforts pour les cacher ? Bon, il faut dire qu’étant donné qu’elle en a jusque sur le visage elle ne doit pas réellement avoir le choix. Sa peau bronzée est ce qui me surprend le plus sur sa forme terrestre. Cela me change radicalement de sa forme subaquatique ou elle est grise comme les cendres. Alors qu’elle peste sur tout le monde parce que les gens s’interrogent, je soupire. Décidément, elle aime peut-être son peuple mais on dirait qu’elle ne porte pas tout à fait les humains dans son cœur !

Et voilà qu’elle s’en prend au pauvre soldat qui était déjà mal à l’aise de ne pas savoir quoi faire alors que l’homme au sol exigeait qu’il se bouge. Ma parole, il doit être en train de passer une bien mauvaise journée ! Je n’aimerai vraiment, vraiment pas être à sa place ! Et pendant que Miradelphia continue de s’énerver toute seule, je continue de soupirer. Va ! J’aurais mieux fait de me tailler vite vite chercher ce bijou avant que la princesse débarque ! Un lutin de glace aurait été de meilleure compagnie ! Le garde jette un coup d’œil à l’héritière héléo, bafouille un rapide « Pardon votre Majesté » et s’empresse de chercher une carte dans ses poches. Quelques secondes plus tard, il en sort un bout de papier jauni et replié et s’empresse de le déplier et de le lisser, faisant apparaître sous nos yeux la carte de Madelle, que je ne connais que très peu. Il nous désigne Thalis du bout de son doigt buriné en nous expliquant que nous sommes ici. J’attends froidement. Je n’ai pas envie d’acquiescer comme une enfant qui boirait ses paroles et je me surprends à prier pour que Mira ne fasse pas de réflexion avec sa voix geignarde. Il nous montre alors les flots et désigne un endroit, au large de la côte.

« Il semblerait que le bateau est sombré dans ces environs. »

J’étudie encore un peu la carte. Je dirais que nous pourrions rejoindre la mer en quelques minutes, de là où nous sommes, puis il nous faudra encore je pense au moins une demi-heure pour atteindre l’épave. Si jamais elle se trouve effectivement à l’endroit décrit par le garde. Il me tend alors la carte mais se reprend vite pour la tendre à Mira. Je pense que lui aussi en a marre de sa supériorité mais il est encore plus mal placé que moi pour lui faire remarquer que son ego commence à devenir plus gros qu’un Kralj Mora, la tortue géante. Mais je doute qu’elle apprécierait, aussi nous tenons tous les deux notre langue en espérant que cela suffira à ce qu’elle garde fermée sa royal bouche. Ce que le garde n’a pas pensé, c’est qu’une carte en papier pour aller sous la mer, ce n’est pas tout à fait ce qu’il y a de plus pratique. Je lui fais donc rapidement remarqué avant qu’il ne se fasse crier dessus par sa Majesté Royale.

« Excusez-moi mais vous n’auriez pas des cartes plastifiées ou enchantées ou ce que vous voulez qui pourraient aller sous l’eau ? Deux s’il vous plait ! »

J’ai crié ma dernière phrase pour que le garde m’entende, bien qu’il ait détalé vers une échoppe voisine. Finalement, c’est cool de voyager avec la princesse. Sans elle, ce garde ne m’aurait jamais obéit ! Finalement, à côté de Son Insupportable Altesse, j’ai presque l’impression d’être gentille ! Ça ne m’était pas arrivé depuis un sacré paquet de temps ! Je remarque alors que l’homme, tout à l’heure effondré, s’est relevé. Il est bien plus grand que nous, large d’épaule et avec un peu de ventre. Il nous fixe gravement de ses yeux verts. Ses épaules voutées trahissent son chagrin. Une vague de tristesse me submerge quand je croise son regard abattu. Cependant, il respire profondément et nous exprime sa gratitude. Je sais qu’il est sincère. Je ne dis rien de plus que tout à l’heure et me contente d’hocher la tête. Je ne suis pas douée pour réchauffer les cœurs. Mon dada consiste plutôt à les geler.

Lorsque l’homme de la garde revient, essoufflé, il nous tend deux cartes en nous expliquant pourquoi elles survivront au contact de l’eau. Enfin, il tente de nous expliquer car il est tellement à bout de souffle que je saisis absolument ce qu’il débite avec empressement. Je n’ai rien comprit au mécanisme complexe qu’il baragouine mais le mot « alchimiste » est une explication à elle-seule. Dans tous les cas, ça m’est égal, je veux juste que cette carte puisse aller sous l’eau. Le garde se calme, reprend sous souffle et nous annonce :

« Ces cartes sont à vous mesdames. Ce fut un plaisir d’avoir pu vous être utile. »

Faux-cul ! Je déteste les gens comme ça ! Cependant, je ne dis rien. Pour une fois, je me mets à espérer que Mira pète son câble, histoire de lui apprendre les bonnes manières ! Il propose alors de nous escorter jusqu’aux quais mais je tourne les talons pour me diriger vers la mer. Un héléo n’a pas besoin de guide pour retrouver l’Océan. Arrivée au bord de l’eau, je jette un coup d’œil à Mira, qui est à mes côtés et plonge Immédiatement, je cherche à rejoindre le fond de l’eau pour pouvoir tranquillement retrouver ma forme héléo. Hors de question de le faire alors qu’un bon nombre de paires d’yeux humaines nous fixe. J’écarte cette seconde peau qui me recouvre et agrandi de mes mains le trou béant qi s’est formé pour m’y glisser. Petit à petit, cette peau pâle comme l’hiver git au fond de l’océan comme une mue de serpent tandis que je m’étire, fière d’avoir retrouvée mes écailles fines et ma liberté. Je range alors soigneusement ma carte dans le sac en peau élimé que je me trimballe un peu partout. Tandis que Mira retrouve elle aussi sa forme héléo, je me mets à penser à ce que j’ai entendu tout à l’heure.

Alchimiste. Ça par exemple ça doit être un métier tout à fait passionnant ! Et si j’en rencontrais un ? Accepterait-il de me montrer son art et de me former ? Va, peut-être dans quelques semaines j’aurais changé d’avis ! Cela dit, je crois qu’il serait judicieux de me renseigner sur cet art sombre et méconnu. Je ne connais aucun alchimiste héléo, mais si je vais chez les hommes, je devrais trouver mon bonheur. Je jette un coup d’œil à Mira. J’hésite à lui demander si elle est prête à y aller mais je n’ai pas envie de me faire crier dessus, aussi, j’attends patiemment qu’elle prenne la parole la première.

En attendant, je regarde autour de moi. L’eau n’est pas aussi limpide que dans la mer de glace ici. Elle semble souillée par les déchets humains et héléos. Je ne dis nullement que c’est volontaire. Cependant, il semblerait que la proximité de la ville avec l’Océan nuise à sa pureté. Enfin, je ne suis personne pour leur faire remarquer. J’ai hâte de nager vers les récifs, pour retrouver une eau plus saine ! Logiquement, l’épave se trouve à quelques trente ou quarante minutes de notre position à l’ouest, pour peu que nous nagions à bonne allure. Si nous prenons noter temps peut-être nous faudra-t-il plutôt une heure ?

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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeDim 12 Juil 2015 - 21:19


Winter ~
[Quête] Deuil en Cale

Impatiente, je commence à nager dans la direction que nous a indiquée l’homme de la garde, tenant la carte sous mes yeux pour être sûre de l’avoir orientée comme il faut. Mais il semblerait qu’elle soit enfin dans le bon sens et je me retourne donc vers Miradelphia pour lui montrer que j’ai trouvé où nous nous rendons. Seulement, alors que je me retourne, mes yeux s’agrandissent de surprise. La princesse ‘héritière’ -comme elle se complaît à le rappeler toutes les trois secondes- s’est tout simplement volatilisée. Je tourne sur moi-même, cherche, nage un peu aux alentours mais il semblerait qu’elle se soit réellement sauver. Pourquoi ? N’était-ce pas elle qui hurlait de sa voix criarde, il y a quelques minutes, qu’elle avait un cœur, qu’elle était contente de porter secours à son prochain ? Visiblement, ce n’était qu’apparence et superficialité car cette ‘princesse’ me semble avant tout être une égoïste de première. Et après on se permet de reprocher aux Héléos de Glace de ne pas apprécier et respecter la couronne ! Comme peut on respecter et porter dans son cœur et dans son estime des gens si imbus d’eux même et si peu attentifs aux besoins et à la détresse des autres ? Comment une noble personne peut elle être qualifiée ainsi alors qu’elle est insensible au ressenti de la population qu’elle gouverne ? Certes, ce n’est pas un héléo à qui nous avons décidé de porter assistance mais, si elle se conduit ainsi avec les hommes, en est-il réellement autrement avec les gens de son propre peuple ? Je grince des dents en serrant les poings d’un geste rageur, abimant ma carte. Mais la princesse a laissé tomber la sienne et je la ramasse. Autant garder celle en bonne état. Je fourre l’autre dans ma besace, pour ne pas polluer l’océan. Peut-être servira-t-elle un jour.

Je prends quelques longues inspirations le temps de retrouver mon calme. La déception qu’a engendrée son geste me laisse un goût amer dans la bouche alors que je nage doucement vers là où doit se trouver l’épave. Je continue de ressasser les événements quelques secondes avant d’abandonner en secouant la tête avec rage. Pourquoi m’encombrer de pensées parasites concernant la Couronne ? Les nobles sont des abrutis et des lâches, point final. Pas besoin de tergiverser plus longtemps finalement. Une fois à peu près calme, je réussis à m’intéresser à ce qui m’entoure. L’eau des récifs est belle, quoi que bien polluée si près du rivage par rapport aux eaux à la froideur pure à laquelle je suis habituée. Quelques déchets traînent çà et là et les animaux marins sont bien peu présent si près des côtes. Mais au fur et à mesure que je m’éloigne de la ville, les eaux se font moins souillées et j’aperçois bientôt une Kralj Mora, la Tortue Géante. Je souris en nageant à reculons pour l’observer plus longtemps. Elle est tout simplement gigantesque et majestueuse. Alors que je me retourne pour regarder un peu où je vais, j’aperçois un groupe de Vasilias en train de parader. Je souris devant ce spectacle. Je ne connais pas bien ces animaux subaquatiques que l’on ne trouve pas dans la mer de glace mais ils m’étonnent et me font sourire à chaque fois que je les vois : ils ne peuvent s’empêcher de faire les beaux ou de faire des figures plus impressionnantes que leur voisin pour qu’on les regarde eux et non les autres.

Je souris et entreprend de les suivre, puisqu’ils vont dans la même direction que moi. Cependant, je ne tiens pas longtemps la cadence. Même alors qu’ils paradent, font des ronds et des cascades ou même se retournent pour vérifier que je les regarde, ils avancent bien plus vite que moi ! Au bout de quelques centaines de mètres de nage soutenue, je les ai perdus de vue. Je me remets alors à nager tranquillement en cherchant, avec l’aide de ma carte, à déterminer combien de temps il me reste avant d’arriver. Mais les cartes humaines représentant la mer sont si peu précises que je n’arrive pas à déterminer précisément où je suis. Nager vite avec les Vasilias n’était pas une mauvaise idée finalement car quelques minutes plus tard, l’épave apparaît dans mon champ de vision. Je ralentis pour pouvoir l’observer attentivement. L’épave n’est pas telle qu’on les imagine dans les romans lorsque que l’on est petit, dans lesquels elles apparaissent sombres, déchiquetées et hantées par moult esprits maléfiques. Le bateau fut, sans hésitation possible, construit à destination d’un public fortuné. Immense, ce voilier de bois, rendu sombre par la pénombre des profondeurs, est tout à fait majestueux. Cordages et voiles s’emmêlent et virevoltent au gré des courants, tandis que des poissons jouent dans les gravures et bas-reliefs qui ornent la proue. Les bois sombre et clair s’animent sous les jeux de la lumière dans les vagues. Je m’approche petit à petit, détaillant l’énorme trou dans la coque à bâbord. Il semblerait que ce voilier se soit trop approché d’un écueil. Je soupire. Une erreur si stupide avec de si grosses conséquences. S’en est presque déprimant. Le capitaine et son ‘co-pilote’ n’avaient pas grand-chose à faire, une seule mission : mener ces passagers innocents et fortunés à bon port. Pour ce faire, ils n’avaient à surveiller que la côte, ses écueils et le vent. Mais non, sûrement étaient ils trop occupés à jouer aux cartes ou à boire leur vin pour sauver une cinquantaine de personnes. Quelques minutes d’attention supplémentaires, le temps d’arriver au port, étaient sûrement au dessus de leur force.

Le symbole de cette tragédie trônant devant moi, j’ai bien du mal à garder mon calme. Je me concentre donc sur tous les biens que le père de la défunte a juré de m’offrir une fois que je lui aurais ramené le collier et la Lümies. Enfin, il a même promis puisque j’ai insisté pour qu’il le formule ainsi. Après tout, ne dit on pas que « Jurer c’est mentir » ? Je dresse donc mentalement la liste : il m’a promis deux lames d’opaline, ce cristal bleu, métal des Héléos. Plus exactement, il m’a proposé des armes tout simplement mais je sais que je ne combattrais jamais avec autre chose que le métal que forgent mes ancêtres depuis des générations. L’opaline appartient au peuple de la mer. Je ne peux pas le représenter dignement si je porte du cristal de feu. Quel blasphème ce serait de troquer son héritage contre celui des Liares ! Il m’a donc montré deux dagues magnifiques. Tandis que je visualise mentalement leur lame effilée où dansaient de douces lueurs couleur de l’océan, je souris. Oui, ce sont de belles armes pour moi. Il m’a également promis de l’or, mon précieux, ainsi que des vêtements. Visiblement, il avait l’intention de les vendre en ville mais il semblerait que la perte de sa fille ai pris le dessus sur son sens des affaires. Parmi les vêtements se trouvaient toutes sortes de choses : les minces vêtements des héléos, des robes somptueuses, des tenues de cuir souples faisant penser à celles des chasseurs ou des voleurs. On aurait dit qu’il voulait tout me donner ! Comme s’il cherchait à être certain que je lui permettrais de faire le deuil de sa fille. Mais je ne peux pas décemment ruiner ce pauvre malheureux et comment transporter toutes ces richesses de toute façon ? Alors je lui ai annoncé que je prendrais une tenue couleur de givre aux reflets bleutés tissée dans l’étoffe légère des Héléos pour remplacer ma tenue aquatique abimée par mes longs voyages. Pour une des tenues moulantes de cuir avait alors retenu mon attention. Sombre, fine, légère. Peu encombrante mais si pratique pour enfiler sous mes robes amples qui ne me permettraient nullement de me protéger ou d’avancer discrètement si le besoin se faisait sentir ! Mais lorsque je lui avais désigné d’un hochement de tête, son amour de l’argent avait repris le dessus et il avait secoué sa face quelque peu dégarnie pour me signifier son refus. Mais je n’avais qu’à annoncer de façon catégorique que ce serait une des conditions pour qu’il puisse revoir le bijou pour qu’il accepte. Ce qu’il avait fini par faire d’ailleurs.

Reprenant ma nage lente et silencieuse vers le bateau, je songe au précieux pactole qui m’attend. Désormais, il ne me reste qu’à fouiller cette épave, retrouver la pierre et m’en retourner à Thalis. Je rapproche du trou béant ornant la coque et plonge dans les méandres du tombeau.


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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 9:39


Winter ~
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La nausée me saisit au moment où je pénètre dans le bateau et je tourne la tête pour rendre le contenu de mon petit déjeuner à la mer. Des corps. Ils sont partout et flotte, sans vie, dans l’eau claire, encombrée par des meubles, des petits objets ainsi que des planches, arrachées à la coque lors du nauvrage. Je reste quelques instants à la ‘porte’ de l’épave, incapable de me décider à entrer pour de bon parmi les morts. Fuir ? Cette issue est encore possible. Je me tourne vers l’océan, vers lequel dérivent les restes de mon dernier repas. Mon cœur fait des soubresauts dans ma poitrine et ma respiration s’accélère alors que j’hésite. Doucement, je me retourne pour contempler les corps. Ils sont animés par les lents courants qui traversent de part en part le bateau. Vidés de leur air, les cadavres ont coulés vers le sol de bois clair mais certains flottent encore à hauteur d’yeux. Je prends une grande inspiration. J’ai promis moi aussi. Je ne peux pas me défiler devant la souffrance comme ces gens dont je me moquais quelques heures plus tôt.

Chaque problème a sa solution. Mais chaque bonne solution pour l’un est une mauvaise pour l’autre. Jamais personne ne sort heureux d’un compromis à un véritable problème. Il a perdu sa fille. Il pourra faire son deuil. Je dois affronter des morts. J’aurais ce que je veux et je l’aurais aidé. Chacun a son lot de joie et de pleurs. Car des larmes d’horreur courent sur mes joues alors que je m’avance entre les corps. Un réflexe pervers me pousse à regarder les visages de ces gens, morts ici, à cause de ce qui me permet de vivre. Leur faiblesse face à mon univers me frappe soudainement. Si les liares nous recouvraient de feu, nous mourrions tous, héléos et humains, mais eux resteraient. Si l’océan nous recouvraient, ils mourraient tous, liares et humains, mais nous resterions, nous héléos. Mais les humains sont si faibles. Ils dépendent d’un lopin de terre, sont à la merci des éléments. Si faibles, si primitifs … Si morts également. Je m’attarde quelques instants pour observer la robe d’une jeune fille, ballotée doucement, se gonfler et se dégonfler au gré des vents sous-marins.

Je marche avec prudence, cherchant à éviter par-dessus tout de toucher ces gens. Ce ne sont pas mes morts, ce n’est pas à moi de les perturber dans leur sommeil. Moitié marchant moitié nageant, j’avance parmi les salles, écartant d’un revers de main les objets flottants sur mon chemin. Pour la première fois de ma vie, je ressens plus de dégoût que d’envie à l’idée de prendre ces affaires qui ne m’appartiennent pas. J’avance doucement, luttant de plus en plus pour ne pas détourner les yeux devant ce carnage, cherchant le bijou. J’adresse une prière à Eliosa. Ça ne m’est à peu près jamais arrivé mais ces hommes et ces femmes sont morts dans ses eaux, elle les guidera parmi les défunts. Ils ne sont pas nés de l’écume mais je pense qu’elle n’est pas indifférente à ceux dont elle prend la vie, même parmi les gens des autres peuples.

J’inspecte chaque salle avec minutie, il est hors de question que je loupe le bijou et que je recommence tout depuis le début ! Les salles sombres se succèdent. La seule lumière présente me parvient de la surface et éclaire de plus en plus faiblement à mesure que nous nous éloignons du zénith. Tant mieux, cela me permet d’éviter de distinguer les visages avec trop de netteté et de refouler la nausée qui ne m’a pas quitté depuis mon entrée dans le bateau. Une chose est sûre, je ne suis pas une guerrière ou une tueuse. La mort m’effraie autant qu’un lac de lave -bien que je ne sois jamais allée chez les liares mais les légendes ramenées récemment de ses contrées me donnent la chair de poule.

Sur le point de vomir, je lève la tête quelques instants, juste le temps de me reprendre. C’est alors que j’aperçois une faible lueur dans une pièce, plus loin devant moi. Incontestablement, cette lumière projetant des reflets jaunes sur les murs n’est pas l’œuvre de l’astre de jour. Je m’approche aussi vite que je peux, prenant garde encore une fois de pas toucher ni même effleurer les corps ballotés qui m’entourent. La pièce suivante n’est pas celle qui héberge la source lumineuse. Je prends une grande inspiration et nage entre les meubles et les bibelots qui bougent au gré des courants. Les corps se font moins nombreux et, dans la pièce suivante, sont devenus absents. Je profite de ce répit pour observer les lieux. Je me trouve dans un salon luxueux à en croire les soieries qui voltigent autour de moi et le tissu des trois canapés qui avaient dû être soyeux autrefois. A ma droite se trouve une kitchenette : je dois être dans une sorte de suite pour gosse de riche.

Effectivement. Je passe dans la pièce suivante et me rend compte à quel point j’ai raison. Devant moi, la pierre scintillante flotte, retenue sa cordelette en or blanc tendue autour du coup d’une jeune femme nue. Je reste abasourdie par ce spectacle. La Lümies, couleur ambre, est superbe. Mais c’est autre chose qui retient mon intension : il y a un homme, nu lui aussi, dans cette pièce. Mon premier réflexe est de détourner les yeux. Je n’ai jamais vu un homme nu de ma vie et je ne compte pas commencer en violant l’intimité d’un macchabée (bien que je doute qu’il revienne pour me le repprocher). Sûrement qu’ils s’aimaient et pourtant la mer n’a eu que faire de cela. Elle les a englouti et leur fol instant d’amour avec elle. Peut-être était-ce leur nuit de noce ? Peut-être était-ce un coup d’un soir aussi mais cela rendrait cette scène moins … romantique et horrifiante. Va pour un coup d’un soir alors ! Je m’approche de la jeune femme, détache son collier en la touchant le moins possible et la sermonne -pour faire bonne mesure- sur la nécessité de protéger ses rapports. Puis je détale par la fenêtre et nage le plus vite possible pour m’éloigner du carnage sous-marin.

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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: [Quête] Deuil en cale [Quête] Deuil en cale Icon_minitimeDim 8 Nov 2015 - 22:40


Winter ~
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Je pense pouvoir dire que je n’ai nagé si vite de ma vie. Alors que les flots défilent autour de moi, des événements se succèdent sous mes paupières fermées pour retenir mes larmes. Quelle utilité de pleurer sous la mer ? Pourquoi les Héléos ont-ils cette capacité ? Si j’avais été sur la terre ferme, une larme aurait roulé sur ma joue. Mais ici, au milieu des poissons, elle se dilue et laisse derrière moi une trace salée vite balayée par les courants marins. Je revois son visage paisible, angélique … enfantin. C’est cela qui me trouble le plus je crois. Voler ne me dérange pas. Piller un macchabée … un peu plus mais passe encore. Non, ce qui me dérange, c’est la violence de la mort. Son manque de … compassion. De discernement ? Et voilà que je parle de la Mort comme je parlerai d’un enfant… Je crois que le monde cruel des adultes n’est pas pour moi ! J’ai le cœur sensible d’un bébé, c’est pitoyable !

Je secoue la tête et passe une main dans mes cheveux -réflexe acquis au fil des années pour me remettre les idées en place. La côte sera bientôt visible, il serait temps que je retrouve un peu de ma force. Ce n’est pas en me présentant comme une jeune fille pleurnicharde que je vais réussir à arracher ces promesses à ce marchand ! L’image des lames d’opaline danse devant mes yeux et j’accélère la cadence. De toute façon, ruminer la tragédie qui s’est déroulé dans cet océan ne rendra pas la vie aux multiples passagers de ce bateau. Ils sont morts et je ne peux rien faire pour eux. Alors autant aider les vivants (et gagner mon butin).

Le rivage apparaît enfin, il est à quelques centaines de mètres désormais et mes larmes se sont taries, remplacé par une envie farouche de récupérer mes affaires et de déguerpir loin au plus vite. Il ne me faut que quelques minutes pour atteindre la plage mais quelques minutes supplémentaires pour trouver un endroit ou sortir de l’eau à l’abri des regards : je n’apprécie pas que les humains me dévisagent lorsque j’abandonne ma forme aquatique, cela me donne l’impression d’une un monstre, une bête de foire, quelque chose d’étrange que l’on étudie comme un rat de laboratoire. De plus, les habits héléos sont fins et transparents et ma pudeur sans égale lorsque j’abandonne mon corps aquatique pour une forme humaine. Je me dirige vers une digue et me hisse à l’air libre. Déjà, l’impression que ma peau se détache de moi parcourt mon corps. Je jette un coup d’œil aux alentours pour vérifier que les quelques barils derrière lesquels je me suis cachée n’offrent pas la vue de mon corps aux passants puis je retire à la hâte tout ce qui me relie au monde de la mer. Alors que je m’apprête à enfiler ma robe trempée -et oui, stupide fille que je suis, je l’ai emmené faire trempette avec moi- lorsque j’entends des sifflements derrière moi. Trois marins, debout une barque qui se prépare visiblement à accoster, semblent ravi du spectacle et se mettent à applaudir. Je me rhabille aussi vite que mes tremblements me le permettent et rassemble mes affaires en subissant leurs quelques commentaires obscènes portant sur toutes les folies qu’ils aimeraient faire avec mon corps. Je tressaillis, attrape ma besace et me mets à courir.

Il ne me faut que quelques minutes pour rejoindre l’endroit d’où nous sommes parties avec Sa Monstrueuse Altesse Royale mais plutôt que de rejoindre le marchand je me tasse dans un coin le temps de reprendre mon calme. En fait, pour être précise, je dirais plutôt que je me vautre dans un coin : alors que j’approche de l’angle de la rue, je trébuche sur une pierre et m’étale sur le dallage. Je me recroqueville pour ne pas me faire remarquer et me retrouve ainsi dans une position improbable : un pied au dessus de la tête, l’autre replié dans un angle des plus étranges. J’attends ainsi quelques secondes, jusqu’à ce que ma colonne tordue m’exige de me redresser. Il me faut quelques secondes pour réussir à démêler les nœuds et m’asseoir correctement. J’inspire profondément et passe une main dans mes cheveux avant d’entourer mes jambes, que j’ai ramenées contre ma poitrine. Voilà qui est mieux. Maintenant, objectif sang froid. Je fais le vide dans mon esprit en me focalisant sur une seule image : ma petite grotte sous-marine, toute de mousse vêtue, dans laquelle j’aimais me réfugier dans mon enfance que quelque chose me tracassait. Peu à peu, ma respiration se calme, mon dos se fait moins douloureux et le souvenir de ma stupidité de ne pas avoir pensé à regarder si des bateaux arrivait s’atténue.

Désormais il me faut rendre le bijou. Je le sors de ma besace et l’admire -chose que je n’avais pas pris le temps de faire au milieu du cimetière sous marin. La pierre, comme la chaîne, est splendide. Elle scintille doucement dans ma paume, s’auréolant d’une lueur chaleureuse. Un sourire s’étire naturellement sur mes lèvres, tandis que je m’émerveille dans la singulière beauté de la gemme. Je m’intéresse ensuite à la chaînette qui la maintient. Fine, en or blanc, elle est elle aussi surprenante. Je n’ai jamais vu un bijou si finement ciselé. Car cette chaîne à elle seule est une œuvre d’art ! Presque immédiatement, une idée germe dans mon esprit. Le marchand m’a demandé de ramener la gemme seulement non ? Mon sourire se teinte de quelque chose de plus malsain. Enfin, jusqu’à ce qu’il se transforme en moue dégoûtée lorsque je me remémore qu’il y a trois quarts d’heures je détachais cette chaînette d’un cadavre.

Je me redresse d’un bond et rejoins le marchand d’un pas décidé : je lui rendrais la gemme et le collier, n’ayant absolument pas envie de me rappeler ce macabre souvenir à chaque fois que je verrai cette chaîne dans mon reflet -bien que je n’ai pas beaucoup l’occasion de m’admirer ces derniers temps. Comme je m’y attendais, le marchand n’a pas bougé. Patiemment assis sur son chariot empli de richesses, il semble absorbé par quelque chose d’invisible aux yeux des autres. Je m’approche doucement mais il ne semble pas remarquer ma présence. Je me racle la gorge, claque des talons, toussote … mais le père endeuillé ne semble pas vouloir sortir de son rêve éveillé.

« Monsieur ?... » Je penche la tête, comme si ce mouvement infime pouvait le tirer de son hébétude. « Monsieur le marchand ? … J’ai le collier de votre fille. La Lümies, je l’ai. »

Alors que j’évoque la gemme, il relève brusquement la tête. A moins qu’il ne soit un peu long à la détente et que ce soit le mot ‘fille’ qui l’ai tiré de ses pensées. Il lui faut cependant quelques secondes pour s’orienter mais je ne le presse pas. Je ne suis pas du genre impatiente et je ne voudrais pas qu’il s’énerve en plus de cela : je n’ai pas fait tout ça pour rien ! Les dagues et la tenue de cuir m’attendent sagement dans des malles cadenassées.

« Oh ! Mademoiselle ! Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ?

- En parfait état.

- Formidable … »

Il pousse un long soupir et semble se reperdre dans ses pensées. Cette fois-ci, mon raclement de gorge suffit à le ramener à la réalité. Il me fixe puis semble chercher quelque chose autour de moi. Ses sourcils se rejoignent au dessus de ses yeux enfoncés dans leur orbite :

« Vous étiez deux, non ? »

Un rire jaune m’échappe. Effectivement nous étions deux mais Sa Détestable Majesté a préféré prendre la poudre d’escampette. Je me demande ce qu’elle avait de plus intéressant à faire que d’aider son prochain. Je me demande ce que le marchand lui avait promis. Peut-être rien ? Est-ce pour ça qu’elle n’est pas restée ? De toute façon, de quoi peut-elle bien manquer ? Elle a tout ce qu’elle désire dans son Palais Royal non ?

« En effet mais je suis seule désormais. Son Altesse Royale m’a laissé le soin de mener cette affaire à bien. »

Bon c’est bien la première fois que je suis aussi polie en parlant de Miradelphia mais il est hors de question de parler librement aux humains des contentieux qui opposent la Couronne aux Héléos de glaces. A leurs yeux, il est nécessaire -je pense- que le peuple de la mer soit vu comme une nation unie et non déchirée de l’intérieur à cause de la stupidité de quelques nobles. Je lui fais un radieux sourire pour que ça passe mieux. Je suppose que l’on est sensé sourire lorsque l’on parle de ses respectés et adorés dirigeants.

« Oh … J’avais une robe que je désirais lui offrir … Je voulais l’offrir à ma fille mais … » Des larmes commencent à perler dans les ridules qui ornent ses yeux mais il se reprend bien vite : « Je n’ai pas le cœur de la vendre. C’était censé être un cadeau. Pour une princesse c’était parfait n’est ce pas ?

- Oh tout à fait ! » Hypocrisie, hypocrisie ! Que des mensonges dans ma bouche !

« Pourriez vous la lui porter s’il vous plait ? »

J’ouvre de grands yeux, abasourdie ? Moi ? Rendre service à cette harpie ? Je ravale une grimace de dégoût en me rappelant que je suis sensée l’aimer d’amour puisque c’est la Princesse Héritière bien aimée de mon peuple. La question est comment rattrapée ma bourde. Le marchand me fixe déjà avec un air interrogateur, comme s’il cherchait comment interpréter mon silence et mon expression. Je lui fais un sourire -qui doit être bien hideux vu l’énorme grimace que je tente de réprimer !- et bafouille :

« Ce serait un immense honneur mais je … euh … je ne suis pas très bien placée dans la hiérarchie héléo, peut-être pourriez lui faire livrer plutôt ? Je ne voudrais pas offenser Son Honorable Majesté !

- Oh ! » Son visage s’éclaire, comme si mon mensonge venait de lui faire comprendre tout à coup le sens de la vie. « Non, vraiment je me permets d’insister : les colis ne sont pas sûrs en ce moment et je tiens absolument qu’il lui parvienne ! Acceptez, je vous en prie ! »

Il fouille dans sa carriole et en sort une malle imposante mais visiblement assez légère vu le peu de difficulté qu’il a à la manier pour l’extraire de la pille d’articles. Il l’ouvre avec milles précautions et en sort une magnifique robe : une véritable tenue de princesse. Elle est tout à fait somptueuse, taillée dans une pièce de velours bleu marine dont les reflets océan ondulent doucement. Des joyaux et des perles sont cousues au tissu, le rendant plus ‘vivant’ encore. Un ‘oh’ d’émerveillement m’échappe alors que j’effleure l’étoffe du bout des doigts.

« Je l’avais faite faire couleur de l’océan pour lui rappeler son voyage en bateau -son premier et dernier d’ailleurs ...- un cadeau parfait pour un héléo ne pensez vous pas ?

- Si, sublime … » Ce qu’il oublie c’est qu’une fois gorgé d’eau cette robe sera plus lourde qu’un âne mort et donc immettable pour la princesse qui passe son temps sous l’eau. Je souris cependant et tends la main. « Je lui porterai.

- Oh merci ! »

Alors que je lui tends la gemme et sa chaînette il s’empresse de sortir mes affaires et de remettre la robe dans sa malle. Il ne tarie pas de compliments sur ses articles mais je ne l’écoute plus, me demandant plutôt où je vais mettre cette robe. Car je vais la garder bien sûr ! Hors de question de l’amener à cette peste ! En voyant les trois malles qui se dressent devant moi je me dis qu’il me faudra bientôt un convoi de mulets pour porter tout ce que je récupère à droite à gauche ! Le marchand se met à insister pour que je lui achète des bijoux mais je préfère prendre la fuite. J’attrape les malles comme je peux et m’éloigne cahin caha vers l’angle où je m’étais réfugié quelques instants plus tôt. Je sors les deux lames de leur étui. Chacune porte un nom : Vanwashia pour celle dont la pierre violacée et sombre sur la garde fait penser à la gemme Vanwa, la gemme du voleur, et Terrashia pour celle dont la garde porte une pierre bleutée presque transparence rappelant Terras, le coeur apeuré. Je les accroche à ma ceinture, sous ma robe détrempée que je m’empresse de retirer -à l’abri des regards cette fois !- pour la tenue de cuir. Elle est souple, sombre … Parfaite ! Mais même si je meurs d’envie de l’exhiber tellement j’en suis fière, j’ai encore plus envie d’enfiler la robe de princesse qui glisse sans problème par dessus. Elle est douce et agréable sur mes bras. Un sourire s’étire sur mes lèvres pendant que je roule en boule ma seconde robe pour la fourrer dans ma sacoche. Elle sèchera plus tard ! Pour le moment, Madelle m’attend !...


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