Filiona... Le temps avait passé et Émilienne se trouvait en proie à plusieurs troubles profonds lui remuant les entrailles. Elle avait connu l'angoisse d'être découverte, la colère de faire face à sa propre vérité; son sang n'est celui que d'un bâtard de roi qui avait défait son grand-père et pu mettre la main sur sa mère. La Liare était perdue dans son fort intérieur, tant de pensée, de souvenirs, de paroles perturbantes avaient été entendu ce dernier mois. La jeune fille ne mangeait guère énormément ces derniers temps, se perdant corps et âmes dans des chasses vaines où la seule proie était ces troubles et le prédateurs sa hargne. Elle n'avait, pourtant, pas versé une seule larme tout du long de cette période houleuse, se faisant violence pour masquer ces faiblesses. Sa psychée ne tenait qu'à un fil, et de robustes défenses émotionnelles cloisonnaient sa peine et les horreurs de son enfance.
Elle rechignait, toujours, à admettre que son propre peuple la voyait comme une rejetée et n'avait jamais tendu la main à cette dernière, préférant la cacher dans les ombres et l'ignorer.
La rébellion n'était guère différente. Quand bien même, cette femme étrange se faisant nommé "La Madonne" l'avait contactée avec espoir et bienveillance, le reste de ces Liars et des nomades formant la rébellion étaient craintif voir haineux à son égard. Tous Liars ne voyaient en elle qu'une abomination cornue munis d'une queue; marque ingrate d'un mauvais sang.
C'est un matin, où réveillé en sursaut de ces cauchemars oniriques, elle prononça le nom de la déesse Liar comme une révélation. Elle était née sur l'autel d'offrande et de rite du temple principale de Simuis à Orlack, elle avait vécu son adolescence là-bas, couverte d'une affection indifférente et protégée par ces murs où murmures légendes et contes merveilleux.
Tout Liar savait que lorsqu'il était trop perdu pour se retrouver lui-même, pouvait toujours s'en remettre à Simuis. Véritable symbole du peuple des terres de laves, Simuis faisait office d'identité Liar à chacun, de lien imperturbable entre eux, de présence qui les reliaient tous dans le silence et la foi la plus profonde.
Sans trop se questionner, elle remplis sa besace d'affaires vitales pour le voyage et quitta ces montagnes et sa vieille bicoque derrière elle. Elle avait deux jours de marches pour atteindre Orlack et le temple. Affublée de sa cape rembourré de fourrure qu'on devinait fait main par les maladresses de la couture, Émilienne se lança dans son périple, muée d'une étonnante force soudaine à retrouver ces propres traces de pas passé.
Sur le chemin, elle recueillit fleurs et petits animaux pour une offrande. Une chasseuse de monstre ne pouvait se permettre d'acheter des bijoux ou même de gaspiller son argent pour participer aux travaux incessants du temple. Les seules donations possibles pour la jeune Liar était comestible et naturel. Ce pèlerinage autant physique que psychique lui rendit, petit à petit, un sourire léger sur ces lèvres, son coeur semblait s'alléger de ces peines et son esprit sortir de la brume dense dans lequel il était plongé ces dernières semaines, ou mois, elle ne savait plus très bien.
Elle se mit à admirer la faune et la flore par plaisir, pistant les créatures pour simplement les observer dans leurs états naturels et regardant les petits s'ébattre joyeusement. Emi' approchait à grands pas de la capitale et son humeur s'assombrit un peu plus, elle jeta sa capuche sur ces cornes, camouflant une grand partie de son visage et ne faisait plus que fixer ces pieds tout du long, jetant parfois des regards droit devant elle pour se guider et se repérer. Elle avait fermé entièrement sa cape et sa queue s'était naturellement enroulée autour d'une de ces jambes, habitudes qu'elle prenait lorsqu'elle entrait dans des zones sur-peuplés de Liar sensible à la rejeter ou lui jeter des regards accusateurs et inquisiteurs.
En ces périodes de troubles, la fierté d'Emi s'était relégué au second plan, ombre fortuite et dérisoires, comme une vieille tapisserie qui tombait en lambeau et perdait de ces couleurs. Cette constatation la désola et lui serra le coeurs avant de chasser ces pensées et de prendre la route vers le temple de Simuis après avoir acheté de quoi manger et troquer une peau de lapin contre des bougies et des plantes à faire brûler dans les encensoirs du temple.
Elle ne prit pas les grandes portes, Emi' avait foules de souvenirs désagréables des grands escaliers rustres et froids, taillé en bloc avec leurs airs massifs. Sa mémoire connaissait encore assez bien l'endroit - pour y avoir vécu - pour connaître les petits chemins annexes et petites portes discrètes pour se faufiler à l'intérieur sans que personnes ne la remarque.
Emilienne coupa ainsi par les jardins. Une fois la porte caché dans la haie franchis, elle retira sa capuche et desserra le noeud de sa cape pour se laisser respirer un peu plus. Elle huma les odeurs de fleurs et de terres humides à pleins poumons, sentant les tensions de tout son corps se détendre, disparaissant peu à peu. Tout en marchant, elle survola du regards ce territoire de jeux et d'histoires imaginaires qu'elle avait tant adorée plus jeune, elle nota les changements, les nouvelles espèces de fleurs qu'elle caressa du bout des doigts. Lorsqu'elle releva la tête, toute sourire et radieuse, elle se figea sur place.
Les yeux ronds, elle cru reconnaître une silhouette. Bien qu'impossible, elle avait vu cette personne sans vie, sans un souffles et l'avait appelée d'une voix étranglée des heures durant sans réponses avant d'être emmener ici. Mais...
Ces beaux habits, ce port de tête, ces bijoux... Cette peau lucide et crémeuse lui faisait un mal de chien. Sa poitrine se compressait sous le propre poids de sa respiration, elle se sentait hoqueter et retiens les larmes.
Elle resta plantée là pendant de très longues minutes, dévisageant l'inconnue qui avait fait renaître dans son coeur, un fantôme du passé qu'elle tentait de garder à l'écart, dans un coffre de son esprit.
Des flashs se percutèrent dans son esprit, des bruits, des sons, des voix, des images... Les ongles plantés dans le cuir de ces mitaines, elle n'arrivait plus à bouger, perdue dans ces souvenirs enfantins. Bouchée bée et yeux écarquillés, planté là, à un ou deux mètres à la gauche de la jeune femme visiblement assoupis... Ou, se reposant à l'air embaumé d'odeur de fleur du temple.
[Hrp: Pardon du terrible retard >_____< J'espère que cela m'excusera T-T]