Elle naquit de l'union de ce piètre roi qui détruisit son peuple maternel, soumettant son grand-père à offrir au-dit roi, sa fille héritière et descendante. De cette "donation" sommaire naquit notre héroïne ci-présente, une Liare qui, dés sa naissance, ne fut pas comme les autres et marqua le début d'une étrangeté fascinante.
Le soir de l'accouchement, sa mère dont le ventre la faisait souffrir, haletait de l'aide en vain, gravissant les marches du temple pour trouver réconfort auprès des prêtres et prêtresses des montagnes. Elle perdit ces forces dans les bras des gardes qui la portèrent et la menèrent au centre de ce temple, la laissant sur un banc pour partir chercher quelconque secours. Cette femme aux ventres bien ronds et douloureux fut alors prise de ce qu'on pourrait apparenté à des hallucinations, des voix mélodieuses s'insinuaient dans son esprit, l'appelant à monter sur l'autel, cette grande plaque de pierre où était célébré les rites, et à enfanter en cet endroit bénis.
La femme commença à marcher, pas à pas, suant et tremblant de fatigue et de douleurs vers l'autel. Elle monta dessus avec ces dernières forces et une fois allongé, les douleurs reprirent de plus belle.
Son hurlement déchira l'air paisible du temple, et en cette nuit, lorsque les prêtres accourent accompagné des gardes les ayant avertis, ce ne fut plus la voix de la mère qu'on entendit, mais celle de l'enfant tout juste né qui s'époumona à faire connaître sa nouvelle venue.
Une vieille prêtresse s'approcha alors, le sang ruisselait sur la plaque de pierre gravé, touchant le sol goutte par goutte. La femme se redressa sur ces coudes dans un regain de force pour voir son nouveau-né. Là, entre ces jambes, couvert encore de sang et de placenta, trônait l'enfant tant attendu ces derniers mois. Cette vieille femme dés qu'elle vit l'enfant, ne put se réprimer un regard d'horreur lorsqu'elle vit la tête de ce nourrisson. Deux pointes crochue et couverte d'écailles encore molle se couronnait sa tête, une excroissance à son bassin gigotait dans l'air et ces mains se serraient pour hurler encore plus fort.
Les dieux avaient offert à cet enfant né sur l'autel, un cadeau. Un présent. Bien que ce cadeau se révéla empoisonner, à la vue de son enfant, la mère ne put qu'être rejouit, un sourire radieux sur le visage, l'emprisonnant dans une étreinte douce et réconfortante au sein de ces bras.
C'était une petite fille, une jeune Liare qui répondra au nom d'Émilienne.
Peu importait les cornes ou la queue, c'était ce petit être tout entier, vivant au coeur palpitant dans la poitrine qui comptait.
Les prêtres offrirent alors le logis pour les quelques jours après l'accouchement à la jeune mère et la vieille prêtresse s'enquit de s'occuper du nourrisson. Étrangement, elle se retrouvait fascinée devant ce bébé cornue et possédant une queue d'écailles molles, comme ce que racontait les anciens livres sur les premiers Liares... Avant que les dieux leur enlèvent les cornes et la queue qui terrifiaient les humains.

Le roi ne posa guère d'yeux sur sa progéniture, bien trop intéressé par sa mère que le nourrisson en lui-même. C'est dire si il ne remarqua les excroissances d'écailles sur son rejeton illégitime. Jusqu'à ce que ce bébé deviens une petite fille et commença à se faire connaître, ces cornes étaient devenus dur comme de la roche et grandissaient chaque jour un peu plus. Sa queue fouettait l'air de sa volonté propre et elle et sa mère vagabondait dans les jardins avec candeur.
Ce fut quand cette jeune fille rentra à l'école - un arrangement fort bien négocié entre sa mère et le roi -que les ennuis commencèrent. En effet, ces petits camarades loin d'être compréhensif et amicaux envers cette jeune Liare qui privilégiait de l'instruction et de l'éducation du royaume, alors qu'elle était si différente, si effrayante avec ces cornes et cette queue et ces tatouages morbides qui s'illuminait sur son corps quand elle s'énervait!
Les rumeurs commencèrent, méchantes, mesquines, désobligeantes et déshonorantes.
Bien entendu, quand on appris qui était la mère de cette "erreur", la plupart de la cour et du peuple comprirent qui était le père de cette chose cornus déshonorant le sang des Liares et ne faisait guère partie de cette race si noble à leurs yeux.
Le Roi, fou de colère et de rage de se faire ainsi tourner en dérision, ne put lutter contre cette poussée de haine et de honte. Il se rendit aux appartements de la mère et fit preuve d'une grande violence contre elle. Les cris, les hurlements et les plaintes craintives et gémissantes de sa mère terrorisa Emilienne qui n'osa pas sortir de sa cachette - le placard contenant tous les beaux vêtements de sa mère - et pu regardé cette scène atroce et malsaine par une petite ouverte. Les larmes ruisselaient sur ces joues sans qu'elle ne sanglote.
Le roi dans sa furie renversa les meubles, cassa tout sur son passage et finis par asséner le coup fatale à cette Liare qui avait trahis sa lignée et salis son sang. Couvert du sang de son carnage, il repartit, en haleine, grognant plus fort encore qu'à son arrivée.
Des heures passèrent dans cet affreux silence sans qu'elle ne put bouger un muscle, notre héroïne. Elle resta ainsi caché, tenant ces genoux fermement par ces bras, ces mains et sa nuque glacée par l'horreur incompréhensible de ces choses.
Lorsqu'elle sortit enfin de sa cachette, elle se glissa - tremblante - vers le corps inerte et défiguré de sa mère, secouant son épaule et l'appelant d'une voix étranglé.
Ceux qui trouvèrent cette scène horrifiante fut la dame de compagnie - et servante et femme de ménage - de la mère qui, dans un élan de compassion et de crainte que le roi ne la batte à mort aussi, attrapa la jeune fille par le bras et la tira hors de tout ceci. Elle l'entraîna jusqu'au temple où elle la confia à cette vieille prêtresse - encore plus vieille de 10 ans - qui la recueillit et l'imposa au temple parmi les orphelins, déshérités et reniés des Liares.

Emilienne grandit ainsi, dans un temple entouré de contes et de légendes, de mythes et de rites. Les traditions des dieux et de son peuple devinrent un trésor à ces yeux et une grande part de son identité. Bien que son apparence rebutait toujours ces pairs et lui valut une grande solitude de la part des autres habitants du temple - bien des prêtres n'osaient pas la regarder dans les yeux et seules les novices de la vieille prêtresse osait lui adresser la parole et la toucher pour la laver. Elle se remit avec difficulté du meurtre sauvage de sa mère et les prêtres tentèrent de terminer son éducation avec quelques maladresses pour qu'elle puisse lire et écrire - à peu près - correctement.
Jusqu'à son quinzième anniversaire, Emilienne avait interdiction de sortir dans la ville sauf accompagné par des membres du temple et couverte d'une large et épaisse cape de la tête au pieds. Personne ne devait voir son visage ou quoique ce soit d'autres d'elle pour la reconnaître, les prêtres ayant très peur des représailles du roi Tyran et encore plus de sa femme, la reine.

La vieille prêtresse mourut la veille de son seizième anniversaire et lui offrit en cadeau un livre qu'elle avait passé quatre ans à recopier avec les plus grandes légendes et les contes préférés d'Emilienne.
On la chassa le lendemain du temple et elle se retrouva à vagabonder dans les montagnes.

Retourné à l'image de paria et de renié de tous les côtés, Emilienne apprit à vivre avec ce qui l'entourait. Elle chassa sa première proie le ventre tordu par la faim et l'esprit oblitérer par cette dernière. Elle pleura en mangeant ce premier animal tout en le remerciant infiniment et par le noms sacré de tous les dieux pour sa chair, lui permettant de survivre un jour de plus.
C'est devant cette image qu'un vieux chasseur borgne se sentit obligé de l'aider. Il la héla de sa clairière et s'approcha d'elle pour lui parler. Devant sa méfiance et son regard d'épouvante, il comprit qu'elle était inoffensive malgré son apparence... Différente.
Dans la cabane du vieux borgne, elle trouva une pièce avec un lit trop dur, une petite table et une grande bassine d'eau pour se laver.
Les jours d'après, le vieux chasseur lui apprit les rudiments de la chasse jour après jour, lui offrit des livres de monstres et de créatures - comme elle savait lire-  pour qu'elle apprenne à les reconnaître et les savoir comment les tuer. Il lui apprit le respect de la nature et le nom des plantes, comment évoluer dans ces montagnes parfois hostiles.
Ce fut aussi ce dernier qui tenta bien que mal de lui apprendre le contrôle sur sa Vérité. Elle apprit à s'en servir de ses dons ainsi qu'à les craindre et les apprécier.

Malheureusement, bien que ce bonheur fort précieux au regard de la jeune fut de courte durée, comme chaque répit de sa vie. Le vieux borgne tomba malade lors d'un hivers et ne put se débarrasser de son mal. Emilienne l'enterra sous un gros chêne où elle s'entraine tant bien que mal au corps à corps et le pleura quelques semaines durant. Personne ne vient réclamer la propriété du vieux borgne qui devient la maison d'Emilienne. Elle vit depuis dans les montagnes, vit de sa chasse et ne descend en ville que pour quelques farces et quelques courses et vendre les peaux de ces chasses, ne se cachant plus de ces cornes et de sa queues, laissant les autres parler sur son physique atypique. Mais elle sait qu'elle, elle ressemble bien plus que Liare pur sang, que tout ces autres dépourvus du moindre de ces attributs si particulier.