(#) Sujet: Retour parmi les vivants Sam 23 Mar 2019 - 18:50
Retour parmi les vivants
Deth Al'Abyssin + Salem Sitis
Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres. - Jean-Paul Sartre
Cela faisait trois jours que le xiorn avait récupéré son compagnon dans les Terres Interdites. Il n'avait pas cessé de veiller sur son ami et avait eu raison de s'inquiéter dès le début. Mais il avait laissé faire le jeune impétueux et avide d'argent et de gloire. Ce n'était que comme ça qu'il allait apprendre de ses erreurs.
Sur le dos de l'oiseau, Deth dormait toujours à poings fermés. Cela faisait depuis qu'il s'était enfoui dans les plumes de L'Ami qu'il était comme ça. Mais il n'était pas mort. L'animal sentait sa légère respiration et son thorax se soulever au même rythme. Ce n'était cependant pas une raison pour le laisser ainsi.
Mais le pourfendeur n'avait pas trouvé âme qui vive pour lui porter secours. Il commençait à s'inquiéter de ne voir personne, mais les Terres Interdites ne sont pas loin. Ce n'est pas étonnant que les habitations soient plus enfoncées dans la forêt.
Tiens, il a soif. Il dévie de sa trajectoire pour perdre de l'altitude, tout en gardant le contrôle pour éviter que l'humain ne glisse dans le vide. Ce serait dommage après tout ce qu'il vient de faire pour le sauver. Il se laisse planer jusqu'au sol et atterrit auprès d'un ruisseau. Ce n'est pas ce qu'il manque dans la région.
Il s'abaisse pour s'abreuver. Mais dans cette action, il oublie qu'il a un poids mort sur lui. Zioup, Splash ! Le corps de Deth a glissé par dessus la tête de l'oiseau, fait une galipette et s'est retrouvé à faire un magnifique plat du dos dans l'eau. Ah non, il n'allait pas polluer son breuvage lui ! Mais l'oiseau fut plutôt pris d'un instant de panique. Effaré, il s'empresse de tirer le col du voleur pour le tirer sur la berge. Cette mésaventure l'avait à peine réveillé. Il cligna des yeux, grogna et se rendormit aussitôt, toujours à bout de forces. Pourtant en temps normal, il n'aurait pas manqué de faire une remarque désagréable au xiorn.
Mais il était vivant, c'était l'essentiel. Mais pas sûr qu'il avait besoin d'une chute dans de l'eau glacée pour arranger son état...
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Dim 24 Mar 2019 - 1:16
Salem chevauchait dans les Chutes de Veroni en profitant du paysage hivernal qui s’étendait devant lui. La beauté des canyons et de la région était éblouissante, si bien qu’il en aurait presque oublié le trouble qui agitait le continent en ces temps de guerre. A la frontière des Terres Interdites, le neustro aurait imaginé un paysage de cendres et de flammes ; pourtant, seule une nature calme et bordée d’une fine couverture de neige s’étendait à perte de vue.
Pourtant, il savait à quoi s’attendre une fois arrivé à la forêt. D’après les échos qu’il en avait eu, Saona avait été détruite et l’Arbre incendié il y a trois jours de cela. Depuis, il ressentait un grand bouleversement dans sa Vérité, quelque chose qu’il n’aurait su expliquer, comme si quelque chose s’était éteint en lui.
Les Récleyés mettaient le continent à feu et à sang depuis plusieurs jours et le neustro était en proie à ses premiers doutes. Il ne parvenait pas à tolérer telle violence. Il avait eu le loisir de ressasser ces événements depuis qu’il était sur la route. Jamais encore il n’avait dû exercer en temps de guerre et il peinait à rester neutre dans cette situation. Pourtant, il le devait, et jamais il n’aurait refusé de soigner un Récleyés. Son devoir allait au-delà de ses dilemmes moraux.
En début d’après-midi, le neustro rejoignit un ruisseau où il pourrait se restaurer quelques instants. Il ne devait plus être très loin de la rive du Jino, à savoir le fleuve qui faisait office de frontière naturelle entre les Chutes de Veroni et la Terre de Faras. Il se désaltéra, laissa son cheval se reposer et il s’installa quelques instants au bord de la rivière en faisant rouler son pendentif entre ses doigts. La naïra (pierre qui portait accessoirement le prénom de sa sœur) lui permettait d’être au chaud en plein hiver. Habitué aux températures du Désert, le neustro ne s’était jamais accoutumé aux basses températures du reste du continent, bien qu’ayant voyagé à plusieurs reprises dans les régions les plus froides. Il se félicitait de s’être servi dans les réserves du centre de soin d’Elsaria avant de partir.
Alors que Salem vérifiait le contenu de sa sacoche, un « splash » le fit sursauter. Méfiant, il se redressa. Il posa son regard sur les feuillages qui le séparaient de l’autre partie du ruisseau. Quelqu’un était-il en train de se baigner de l’autre côté ? L’eau devait être glacée !
Il ordonna à son cheval de rester en place et, curieux, il avança vers les feuillages. Il poussa les branches d’une main pour observer ce qu’il se passait de l’autre côté.
Il haussa les sourcils de surprise : une créature couverte de plumes noires l’observait de ses grands yeux rubis. Le neustro était incapable de nommer cette bête, et pour cause : il n’en avait encore jamais vu. Pendant quelques secondes, il n’osa pas bouger de peur qu’elle l’attaque. Il avait appris à se méfier des animaux qu’il ne connaissait pas.
Son regard se posa sur une masse au sol. Il comprit soudain qu’il s’agissait d’un corps. En regardant mieux, il vit que l’homme qui était allongé là respirait ! Il ne s’agissait pas d’un corps, mais d’un homme blessé !
Oubliant ses doutes, Salem se rua vers l’homme allongé pour mieux l’observer. Il le fit rouler pour le positionner sur le dos. Il s’agissait d’un jeune, la vingtaine. Les vêtements qu’il portait ne permettaient pas au neustro de se rendre compte de la gravité de ses blessures, bien qu’il le devinât sévèrement blessé. Il était gelé. Salem ôta son pendentif et le passa autour du cou du jeune homme : à défaut de lui offrir des vêtements secs, cela lui permettrait de se réchauffer un peu.
Il fallait qu’il se réveille. Salem tira le garçon vers un arbre et l’y adossa pour l’installer en position assise. Il sortit précipitamment sa gourde de sa sacoche et versa un peu d'eau dans la bouche du jeune homme.
- Hé ! Réveille-toi, s’exclama Salem en le secouant très légèrement pour tenter de le réveiller.
Deth Al'Abyssin
Voleur
Messages : 1126 DC : Manaka - Le Cerf Présentation : Juste Me Carnet : RelationshipExpérience : 172
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Dim 24 Mar 2019 - 16:18
Il avait froid. Très froid. Comment ça se fait qu'il n'est plus au chaud ? Où est passé le doux matelas de plumes dans lequel il s'était enfoncé ? Et aussi, quelle est cette sensation désagréable d'humidité ?
De l'eau coula dans sa bouche. Par réflexe, il déglutit.
Peu à peu, Deth retrouve ses sens, sans pour autant être réveillé. Il ressentait le contact avec la terre meuble, et son dos est appuyé contre quelque chose de rêche. Et le froid qui l'engourdissait. C'est ce dernier qui était le pire, accentué par la désagréable sensation d'être trempé.
Arrive alors les douleurs. Son dos appuyé sur quelque chose qui semblait être un arbre commença à faire des siennes, les griffures qui n'avaient pas pu cicatrisées se mirent à la brûler. Le sang qui a séché a collé le tissu de sa chemise à ses blessures.
« Argh... » gémit-il.
C'était vraiment trop inconfortable de dormir maintenant. Il grogna alors qu'il ouvrit lentement ses paupières, avant de les refermer aussitôt. La lumière était trop vive pour, lui qui avait passé trois jours dans les limbes. Mais il ne savait pas qu'il avait passé autant de temps dans le pays des songes. La morsure par le serpent fleur datait d'il y a seulement quelques heures pour lui.
Il finit tout de même par ouvrir les yeux, son esprit pourtant toujours embrumé. Il se sentait si faible. Il avait mal partout, ton son corps semblait lui implorer de l'aide pour cesser les douleurs. Mais il était trop engourdi pour faire le moindre mouvement.
Il arriva néanmoins à lever la tête afin de regarder devant lui. Cet effort lui semblait surhumain, combien de temps avait-il mis à simplement faire ce mouvement ? Beaucoup trop pour ce que c'était.
C'est alors qu'il vit qu'un jeune homme se tenait à ses côtés, essayant de le réveiller. Il avait réussi, même si ce n'était pas encore gagné. Mais L'Ami arrive soudainement dans le champ de vision du voleur, sa tête à côté de celle de l'inconnu. Son arrivée était si brusque qu'il fit sursauter Deth, ce qui ne manqua pas de réveiller toutes les douleurs en même temps.
« Aaah ! Put*** ! Ca fait mal ! »
Le xiorn poussa un sifflement joyeux, content de voir que son compagnon était toujours vivant... Même si pour l'instant être vivant est quelque chose de merdique pour le blessé...
Deth avait froid, mal partout, et n'avait pas la force de se lever. Ses vêtements collés à ses plaies lui faisaient un mal de chien dès qu'il osait faire le moindre mouvement. Même frissonner intensifiait ses douleurs. Il regarda l'inconnu avec des yeux implorant de l'aide. L'arvèles venait de laisser de côté sa fierté. Tout ce qui lui importait, c'était d'en finir avec les souffrances.
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Lun 25 Mar 2019 - 1:11
Salem rangea la gourde dans sa sacoche et observa le jeune homme qui se réveillait lentement. Il bougeait peu, mais le moindre de ses gestes était suivi de gémissements plaintifs qui traduisaient sa douleur. Le neustro fut néanmoins soulagé de constater qu’il était encore capable d’ouvrir les yeux – certes difficilement, mais c’était un début.
L’inconnu sursauta quand il aperçu la drôle de bête qui s’était brusquement approchée d’eux. Ce mouvement de surprise lui arracha un cri de douleur, suivi d’un juron. Au moins, il était en état de parler.
- Je t’avais presque oublié ! Va-t’en, ordonna Salem en repoussant la bête d’une main pour l’éloigner du blessé.
Il reporta son attention sur l’inconnu. Son état semblait être pire encore que ce que le neustro avait imaginé au premier abord. Le regard que lui lança le jeune homme confirma ses doutes : il souffrait le martyre ! Salem devait panser ses blessures au plus vite. Soucieux de tenir le blessé éveillé, le Docteur entama la conservation.
- Tu as de la chance, je suis neustro. Appelle-moi Salem, s’exclama-t-il en fouillant dans sa sacoche, un léger sourire aux lèvres.
Il en sortit une chaude couverture et des bandages qui lui permettraient de couvrir les plaies du blessé une fois soignées. Son maître lui avait offert ce sac sans fond il y a longtemps de cela. Usé par une utilisation intensive, le sac en cuir marron ne le quittait jamais quand il voyageait.
- Je t’ai prêté mon pendentif, enchaîna Salem en continuant ses préparatifs. C’est une naïra, une gemme qui vient du Désert. Elle devrait te réchauffer un peu. N’oublie pas de me la rendre.
Il ne se douta pas un seul instant qu'il était face à un voleur. En revanche, il se demanda s’il ne s’agissait pas d’un Récleyés. Cet homme qui semblait tout droit sorti des Terres Inexplorées était dans un piteux état…
Une fois ses objets de soin placés devant lui, Salem considéra le blessé quelques instants. Après avoir soigné le plus gros, il pourrait monter sa tente et allumer un feu pour que l’inconnu puisse se reposer tranquillement. Mais le laisser dans cet état le temps de monter le campement risquait de lui être fatal ; le neustro n’avait pas d’autre choix que de s’occuper de lui dans l'immédiat.
Il approcha du blessé et observa ses vêtements tâchés de sang, déchirés et mouillés.
- Il va falloir enlever tout ça, déclara Salem sur un ton qui ne permettait aucune objection. Laisse-moi t’aider.
Sans lui laisser le choix, et le sachant trop faible pour riposter, Salem se plaça derrière lui pour l’aider à ôter sa veste. Il grimaça quand il aperçut la chemise de l’inconnu. Le tissu semblait être collé aux plaies dont le sang avait séché. Pour limiter la douleur, le neustro coupa le vêtement dans le dos et le tira d’un coup sec pour le décoller. Une partie de la chemise était enlevée, mais il restait encore à décoller le vêtement à l’épaule.
- C’est un miracle que tu soies encore en vie ! Encore un peu et Uraang serait venu te chercher, s’exclama le neustro pour distraire le blessé pendant qu’il tirait le tissu. Comment t’appelles-tu ?
Une fois le tissu décollé, Salem prit un peu de recul pour observer le tout. Ce n’était pas beau à voir.
Deth Al'Abyssin
Voleur
Messages : 1126 DC : Manaka - Le Cerf Présentation : Juste Me Carnet : RelationshipExpérience : 172
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Mar 26 Mar 2019 - 20:21
Chance ? Oui on peut dire ça, même s'il aurait préféré être plus chanceux pour éviter d'être dans cette situation... Mais dans son malheur oui, il peut dire qu'il a profité du cul bordé de nouilles du xiorn pour être descendu juste à côté du seul gars prêt et capable de le soigner, dans cet endroit où simplement croiser une âme relève du miracle. Même s'il lui a fallu du temps, il a compris qu'il se trouvait dans la région des chutes de Veroni. Son environnement est assez atypique sur Madelle pour s'en souvenir et le remarquer.
Deth regarda le neustro, passif. Il n'avait pas encore la force de vraiment bouger. Cette situation de simple spectateur alors qu'il est dans son propre corps le frustre. Mais il ne peut rien y faire. Il a vraiment trop mal pour oser bouger le petit doigt.
Mais vint le moment fatidique : celui d'enlever les vêtements. Deth afficha un regard apeuré dans un premier temps, mais il comprend vite qu'il n'a pas le choix quand Salem s'approche de lui et entreprit d'enlever les couches de tissu. Il se mordit la lèvre, retenant les cris de douleur, mais n'empêchant pas le son de sortir de sa gorge. C'était comme s'il criait à l'aide alors qu'il était bâillonné.
« Putain. » jura-t'il dans un souffle, sans se retenir, comme pour évacuer le surplus de douleur et redevenir calme.
Enfin, ce n'était pas fini. Il restait la manche de la chemise, dont une partie recouvrait l'épaule. Et il savait qu'elle n'était pas, mais alors pas du tout jolie à voir. Il se demande même comment il a fait pour garder son bras. Même d'être en vie tout court. On en revient à la chance n'est-ce-pas ?
L'arvèles afficha pour la première fois depuis longtemps un sourire, mais qui s'effaça rapidement avec le retour des douleurs. Uraang n'a pas voulu de lui dans l'au-delà, c'était la seule explication au fait qu'il soit encore ici. Même s'il se demande bien pourquoi : sa vie a pourtant peu de valeur dans ce monde. Mais bon, ce n'était pas pour déplaire au jeune homme : il lui restait encore beaucoup de choses à faire, avec la guilde notamment. Cette entreprise dans laquelle il s'est lancé du jour au lendemain s'est avérée plus amusante et fructifiante que prévu.
Le voleur détourna le regard quand Salem enleva le bout de chemise restant. Il se pinça fortement les lèvres, retenant encore un cri de douleur et poussa un autre juron. Ouah, ça y'est c'est fini ! Il pouvait souffler un peu.
« Deth. » répondit-il enfin.
Il regarda l'ensemble du matériel du neustro. En fait, le pire était encore à venir. Il jeta un œil à son épaule et a une vision d'horreur. Il pouvait très nettement voir les traces des crocs du Swoelm, comme s'il son épaule n'avait été qu'une boule d'argile dans lequel la bête a croqué pour se solidifier ensuite. Les plaies étaient profondes et n'allaient certainement pas cicatriser toutes seules. Le sang séché recouvrait sa peau blanche, faisant l'effet d'une blessure bien plus grande qu'elle ne l'est. Il y a avait aussi un début d'infection.
Deth pâlit plus qu'il ne l'est déjà. Oui vraiment, les prochaines minutes voire heures risque d'être terribles. Il espère vraiment que son sauveur soit quelqu'un de compétent. Mais qui est il pour faire son difficile ? Il n'a pas le choix que de lui faire confiance.
(c) princessecapricieuse
Dernière édition par Deth Al'Abyssin le Dim 7 Juil 2019 - 15:50, édité 2 fois
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Jeu 28 Mar 2019 - 16:55
Salem grimaça en l’entendant jurer. Il souffrait. Une fois débarrassé des vêtements qui dissimulaient les blessures, le neustro s’accroupit à côté du blessé pour mieux observer l’état de celles-ci.
Le dos était lacéré de multiples griffures et l’épaule avait été dévorée, presque arrachée. Impressionné et secrètement fasciné par ce qu’il avait sous les yeux, Salem se pencha pour mieux observer la morsure. La blessure était profonde et avait commencé à s’infecter. Il la traînait visiblement depuis plusieurs jours. Ce Deth était chanceux de ne pas avoir perdu son bras. Malgré tout, il était mal en point. Toujours soucieux de le tenir éveillé, Salem ne souhaitait pas interrompre la discussion. Mieux valait le tenir éveillé jusqu’à ce qu’il se soit chargé de refermer les plaies.
- Eh bien, Deth… Tu as une santé de fer pour avoir tenu le coup jusqu’ici, déclara le neustro.
Et il le pensait. Ce pauvre bougre avait échappé de peu aux mains d’Uraang. Il était trop tôt pour dire qu’il était hors de danger, mais Salem était persuadé de pouvoir le maintenir en vie. A condition, bien sûr, que le blessé soit encore disposé à supporter quelques douleurs. Essayer de le soigner ne coûtait rien, après tout. Le laisser dans cet état lui aurait été fatal.
Il vit Deth blêmir à la vue de son matériel étalé au sol. Il retint un sourire : cela avait effectivement tendance à impressionner. Il se dirigea vers son sac et en sortit plusieurs chiffons. Il en tendit un au blessé.
- Pas de panique, je peux atténuer les douleurs, le rassura-t-il. Prends ça en attendant, ça t’évitera de te mordre la langue.
Et pour cause : le sort qui consistait à atténuer ses souffrances risquait d’être douloureux dans un premier temps. Sa Vérité étant instable depuis la chute de l’Arbre, Salem n’était même pas certain de parvenir à anesthésier toutes ses blessures. Mieux valait ne pas en parler au principal intéressé. Inquiéter davantage son patient ne l’aurait amené à rien.
Avant même de nettoyer la blessure, Salem préféra commencer l’anesthésie. Ses douleurs étaient trop importantes pour verser ne serait-ce qu’un peu d’eau sur ses blessures. Le neustro s’accroupit à côté du blessé et ferma les yeux pour se concentrer sur la Vérité de son tatouage. Ses mains s’entourèrent d’un léger halo lumineux, signe qu’il était prêt à commencer les soins.
- Je te préviens, ça va faire mal. Surtout, ne bouge pas.
Salem déposa ses mains directement sur les blessures de Deth ; une sur son épaule et une dans son dos. Il appuyait aussi fort qu’il le pouvait, bien conscient que cela était extrêmement douloureux pour le patient. Mais le jeu en valait la chandelle ; s’il réussissait, les blessures seraient anesthésiées. Il pourrait alors prodiguer des soins en toute tranquillité, tout en permettant à Deth de retrouver ses esprits en n’étant plus submergé par la douleur.
Le neustro était si concentré qu’il n’était même plus conscient de ce qu’il se passait autour de lui. Il fit attention à ne pas trop forcer au risque de mettre sa propre santé en danger.
Il rouvrit les yeux et cessa le sort quand il commença à ressentir des vertiges. Il n’en était pas certain, mais l’anesthésie semblait avoir fonctionné. Il ôta ses mains et, essoufflé, il leva le regard vers Deth en attendant une réaction de sa part.
Deth Al'Abyssin
Voleur
Messages : 1126 DC : Manaka - Le Cerf Présentation : Juste Me Carnet : RelationshipExpérience : 172
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Mar 2 Avr 2019 - 18:34
Deth ne rechigna pas quand Salem lui tendit un tissu à mettre dans sa bouche. Bien sûr, ce n'était pas le plus agréable, mais se mordre la langue serait bien pire. Au vu de son état, il ne cherche pas à faire son fier, faire comme si tout allait bien. Car ce serait clairement mentir et son corps n'est pas assez solide pour supporter en silence ce qu'il allait subir. Une santé de fer hein ? Peut-être son héritage arvèles. Après tout, il a quand même du sang de guerrier en lui, même s'il n'en a absolument pas l'air. La seule chose qu'il pensait avoir gardé de sa confrérie, c'est sa Vérité. Il ne peut d'ailleurs, pas s'en passer.
Le neustro le prévient sur la suite, mais celle-ci arrive sans crier gare. Il posa directement, sans une once de délicatesse, ses mains sur les plaies du voleur, ravivant aussitôt les douleurs. Et c'est qu'il appuie en plus ce con ! Son cri est étouffé par le tissu, mais il est bien audible. Il mordait aussi fort qu'il pouvait. Sa langue aurait été en sang sans le chiffon. Son corps le brûlait, il avait l'impression qu'on le mettait vivant sur le bûcher. Il fut parcouru de spasmes, son corps était tellement tendu que ses nerfs le faisaient trembler.
Puis tout s'arrête. Il ne sentait plus rien. Deth arriva à respirer normalement et son corps se détendit. Pourtant, le Namès était toujours à côté de lui, ses mains bien appuyées sur ses blessures. Il n'était pas guéri, car il pouvait toujours voir les plaies. Il était... anesthésié ?
Il se sentait un peu engourdi, ne sentant plus rien dans le dos et dans l'épaule, qui pourtant, lui faisaient mal il y a quelques secondes. Il ne se sentait pas capable de bouger, mais il s'en fichait. Il n'avait plus mal. Cette douleur intense n'est plus là. Le tronc sur lequel il était adossé ne lui faisait plus subir un supplice. Il ne sentait revivre. Il poussa un grognement de soulagement. Enfin plus de douleur. Il relâcha le chiffon.
« Merci. » dit-il dans un souffle, éprouvé par ce qu'il venait de subir.
Bien sûr, il n'allait pas rester dans cet état. Il ne sait pas comment fonctionne le sort du neustro, s'il fonctionne pendant un temps ou bien s'il est parfaitement contrôlé. Et puis, il ne compte pas rester charcuté le reste du temps. Tout de même, l'absence de douleur, voir l'absence de sensation tout court lui faisait un bien fou. Il pouvait enfin penser à autre chose, son esprit n'étant plus focalisé sur ses plaies qui le brûlait.
Il chercha L'Ami qui n'était pas réapparu depuis qu'il s'était fait repoussé par le neustro. Il s'est encore volatilisé ? Il suffit simplement au jeune homme de tourner un peu la tête pour voir l'oiseau derrière un buisson, regarder la scène comme un voyeur. Visiblement, il n'a pas envie de déranger, ayant retenu la leçon. Deth est ravi de le voir à ses côtés, comme un ange gardien. Mais ne l'était-il pas tous les jours ?
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Mar 16 Avr 2019 - 19:25
Salem soupira de soulagement. Son patient avait souffert mais cela n’avait pas été vain. Il ôta ses mains et observa les plaies quelques instants. Son sort n’avait jamais échoué mais sa Vérité était instable. Cela était d’autant plus flagrant que les blessures étaient importantes. Le neustro espérait réussir à maintenir l’anesthésie le temps de refermer toutes les plaies ; il n’avait, par conséquent, pas une seule seconde à perdre. Sans ajouter quoi que ce soit, il se leva et saisit l’un des chiffons qu’il avait posé sur le sol. Il se dirigea vers la rivière et le trempa dans l’eau.
Cet homme était-il un Récleyés ? Il songea amèrement à Daenara avant de chasser cette pensée de son esprit. Ruminer ce qui s’était produit au camp ne le mènerait à rien. Il essora le tissu et retourna auprès du blessé.
Il essayait de ne pas y penser, mais il ressassait le fait que ce Deth pouvait être un Récleyés. De toute façon, ça ne change rien, songea-t-il, je dois le soigner. Il nettoierait ses plaies, les désinfecterait avant de les refermer à l’aide de sa Vérité. Considérant l’importance des blessures et l’instabilité de sa Vérité, il n’était pas certain de parvenir à toutes les refermer ; heureusement, il possédait de quoi recoudre.
L’air songeur, Salem commença à nettoyer les plaies du blessé à l’aide du tissu imbibé d’eau glacée. Qu’avait-il bien pu se passer de l’autre côté de la frontière ? Peu d’Arvèles étaient revenus des Terres Inexplorées, et ceux qui étaient parvenus jusqu’au camp étaient si troublés par ce qu’ils avaient vécu qu’ils n’avaient pas souhaité raconter quoi que ce soit. Ce garçon, Récleyés ou non, avait probablement participé à la bataille dans les Terres Inexplorées. Peut-être Salem pouvait-il obtenir des informations de sa part ? Même s’il s’agissait d’un Récleyés, le neustro était en position de force, après tout.
Comment aborder le sujet ? se demanda-t-il. Peut-être valait-il mieux ne pas tourner autour du pot. Se rendant compte qu’il n’avait plus parlé depuis un petit moment – et son interlocuteur n’était visiblement pas bien bavard –, il se décida à briser la glace.
– Où t’es-tu blessé de la sorte ? Dans les Terres Inexplorées ?
Ne lui laissant pas le temps de répondre, il enchaîna :
– Désolé, je ne veux pas être indiscret. C’est juste que... j’avais la charge du campement de neustro à l’entrée des Terres Inexplorées et presque personne n’en est revenu… Arvèles ou Récléyes, conclut-il en insistant sur le dernier mot.
Salem esquivait à présent son regard, de peur de trahir ses véritables questionnements. Une fois les plaies nettoyées, il jeta le chiffon ensanglanté au sol et essuya ses mains sur son pantalon. Il observa Deth quelques instants : s’il était blessé depuis tout ce temps, depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ? Le neustro fouilla dans sa sacoche et en sortit plusieurs morceaux de viande séchée. Il en lança un à la bête qui les observait derrière le buisson – elle ne semblait pas hostile, aussi Salem avait cessé de s’en méfier – et il en tendit un au blessé.
Deth Al'Abyssin
Voleur
Messages : 1126 DC : Manaka - Le Cerf Présentation : Juste Me Carnet : RelationshipExpérience : 172
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Lun 29 Avr 2019 - 16:37
Deth apprécia le silence qui s’était installé. Tout était si calme et paisible. Malgré le froid et le paysage triste d’une forêt sans feuilles, le bruit de l’eau qui s’écoule de la rivière et le vert amené par les conifères rend le cadre agréable. Du moins, bien plus accueillant que les Terres Inexplorées, avant et après la bataille. Son cœur battait tranquillement et la douleur ne tiraillait plus son corps. Il se laissait nettoyer par le neustro sans s’en méfier ; il était à l’aise et avait enfin la sensation d’être sorti de son calvaire.
Salem décida pourtant de briser le silence en questionnant le voleur. Deth n’était pas d’humeur bavarde – comme toujours cela dit –, mais il voyait bien que cela tracassait son bienfaiteur. Il n’avait aucune raison de garder le silence, si ce n’est, son manque de talent à faire la conversation. Le soigneur n’avait pas l’air d’être un Récleyés, d’autant plus au vu de la Vérité qu’il possède : les enfants de Sydillia sont des êtres perfides, prêts à semer la mort, pas à sauver la vie. Son regard fuyant indiquait au voleur qu’il avait peur de quelque chose. Deth avait bien une petite idée de ce qui l’inquiétait, notamment avec le fait qu’il a précisé Arvèles ou Récleyés… Les neustros ne sont pas censés prendre de parti, mais qui peut leur en vouloir d’être humain ? Il est bien naturel d’avoir un avis et de ne pas être totalement impartial.
Le jeune homme termina de manger son morceau de viande séché. Il ne s’était pas rendu compte à quel point il avait faim, cela devait faire plusieurs jours qu’il n’avait rien dans son ventre. Il allait commencer à prendre la parole, mais c’était sans compter sur une intervention de L’Ami qui revient à la charge pour réclamer un autre morceau de viande.
« L’Ami ça ne sert à rien de le coller. » Râla Deth.
L’oiseau géant recula un peu, laissant plus d’espace aux deux hommes. Le voleur pu enfin répondre aux interrogations du Namès :
« J’étais dans l’armée dirigée par le général Arvèles. J’ai été recruté en chemin. »
La pire erreur de sa vie. Mais cette première phrase devrait suffire à rassurer le neustro. Il inspira avant de reprendre.
« C’était l’enfer là-bas. Il n’y a rien qu’une plaine aride, sans endroit où se mettre à l’abri. On se faisait attaquer de temps en temps par des chiens géants, des Swoelm je crois, qui affaiblissaient l’armée et détruisaient les chariots de nourriture. Ces bêtes-là sont intuables. Puis à un moment, l’attaque était d’une plus grande ampleur. Les Récleyés se sont ramenés et ont enflammés les chariots restants. Les Swoelms étaient bien plus nombreux. J’étais à l’arrière du convoi et on ne recevait aucune indication. Le général devait être trop loin. »
Deth était en train de revivre le cauchemar de l’attaque. Toute une armée désorientée, en prise du chaos. Des flèches de feu, enflammant le peu de vivres restantes. Et des monstres balayant d’un coup de patte, les soldats peinant à percer leur cuir.
« Je me souviens d’avoir vaincu une de ces bêtes, mais de m’être fait aussitôt attaqué par une autre… Puis le noir. Et je me suis réveillé, allongé sur le dos, au milieu de plein de cadavres. »
Le voleur restait de marbre et fixait un point droit devant lui. Il n’arrivait pas à regarder le neustro dans les yeux. Un silence commençait à s’installer, mais Deth le brisa, sortant de sa torpeur.
« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre temps. Si l’avant a continué, ou s’est fait décimé de la même façon que nous. Mais d’après ce que tu me dis, l’armée n’a pas vraiment réussi sa mission… Faut dire, c’était mal parti. » dit-il en grinçant des dents.
Les Récleyés étaient chez eux, dans des terres qu’ils connaissaient par cœur. Et ils savaient que les Arvèles viendraient. Tout était préparé à la perfection. Une si grande armée, traditionnelle, ne pouvait rivaliser avec des attaques précises, discrètes et anticipées.
Deth ne reprit pas la parole, s’étant suffisamment dépassé cette fois-ci. Il était prêt à répondre à d’autres questions, même s’il n’apprécie jamais de subir un interrogatoire.
Il se replongea dans ses pensées, essayant de combler le vide dans sa mémoire. Passer du chaos à un silence de mort était très étrange dans le fil de ses souvenirs. Il arriva à clarifier le moment de l’attaque qui l’a mis chaos. Une gueule puissante refermant ses crocs dans son épaule. Il regarda sa blessure – plus nette maintenant qu’elle était nettoyée – qui correspondait à la dernière chose dont il se souvient. Mais il n’était pas en train de se battre au milieu de buissons. Et un coup violent ne l’aurait pas envoyé à cet endroit, allongé sur le dos. Ce serait trop parfait – si on peut utiliser un tel terme dans cette situation -, pour que ce soit réel. Et puis il avait du sang sur le cou alors qu’il n’était pas égorgé.
Il avait été déplacé. Quelqu’un avait mis son corps à l’abri des regards et des combats et l’avait fait passer pour mort. Sa survie n’était donc pas vraiment du hasard, ni même un si gros coup de chance. Il avait un sauveur. Mais qui ?
(#) Sujet: Re: Retour parmi les vivants Dim 30 Juin 2019 - 0:22
La bête s’éloigna sur ordre du blessé. Ce drôle d’oiseau doit lui appartenir, songea Salem, intrigué. Cette bestiole était-elle domesticable ?
Il reporta son attention sur Deth qui lui racontait ce qu’il avait vécu ; ce témoignage que le neustro attendait depuis plusieurs jours maintenant. L’homme était un Arvèles. Le Namès en fut plus soulagé qu’il ne voulût l’admettre.
Il écoutait son récit avec attention, les sourcils froncés. Il achevait le nettoyage des plaies tandis que le combattant parlait de l’enfer qu’il avait vécu. Les attaques de chiens, dont les traces étaient encore visibles sur son épaule, l’incendie des chariots, la montagne de cadavres…
Les doutes du neustro étaient donc fondés. Les soldats avaient trouvé la mort dans les Terres Inexplorées. Personne, ou presque, n’avait survécu. A part cet homme. L’un des rares rescapés du massacre qui avait eu lieu à quelques kilomètres de là, et l’un des rares témoins, cela allait de soi. Salem s’estimait heureux de l'avoir rencontré. Autrement, il n’aurait jamais eu connaissance de l’horreur qui avait eu lieu de l’autre côté de la frontière. Une telle histoire avait une valeur considérable en ces temps de troubles.
Livide, le Namès sentit son rythme cardiaque accélérer aux mots de son interlocuteur. Comment pouvait-on exiger de lui qu’il reste neutre ? Ce sont des barbares… songea-t-il, terrifié par l’image qu’il se faisait dorénavant de Daenara. Son peuple avait massacré des milliers d’innocents, elle y avait contribué. Ils avaient commis des crimes inhumains, impardonnables… Ses mains commençaient à trembler.
– Je n’arrive pas à y croire… souffla-t-il d’une voix étranglée par l’émotion. Ils y sont tous passés…
La lueur d’espoir qui l’avait animé ces derniers jours s’éteignit avec le récit de l’Arvèles. Le cœur lourd, il n’osa plus l’interroger. Quelle était réellement la cause de sa peine ? La mort de toutes ces personnes ou les atrocités de sa bien-aimée ? Il préférait ne pas y penser. C’est pas le moment… ressaisis-toi, se dit-il en tâchant de contrôler ses tremblements.
Après quelques minutes durant lesquelles il se concentra uniquement sur les blessures de Deth, il se leva et se dirigea vers le courant d’eau pour nettoyer ses chiffons. Des pensées le parasitaient. Combien d’innocents avaient encore péri lors de la chute de l’Arbre ? Il n’avait pas une seconde à perdre, et voilà qu’il se retrouvait coincé ici, à soigner cet Arvèles, pendant que les habitants de la forêt agonisaient…
Il secoua sa tête pour chasser ces idées noires.
Il retourna auprès de Deth et se pencha à nouveau sur sa blessure. Le sort précédant l’avait fatigué, plus rapidement qu’à l’accoutumée, mais il ne pouvait pas cesser les soins en l’état. Il devait au moins désinfecter les plaies.
– L’Arbre de Vie n’est plus, déclara-t-il soudainement. Les Récleyés… ils l’ont brûlé.
Il lui laissa un instant pour digérer l’information. Il observa ses mains qui s’entourèrent d’un léger halo lumineux, puis il enchaîna :
– Ma Vérité est perturbée depuis. Je ne suis pas certain de pouvoir refermer toutes tes plaies mais je vais faire de mon mieux.
Sur ces mots, il s’agenouilla à côté de lui et déposa ses mains sur ses blessures. Une nouvelle fois, il se concentra en fermant les yeux. Il se chargea d’abord de désinfecter les plaies. Le sort se déroula sans encombre. Le pire était à venir.
Il devait maintenant refermer les plaies. Il devait procéder à la cicatrisation tant que l’anesthésie faisait effet : ce sort était extrêmement douloureux. Deth avait suffisamment souffert.
Salem poussa un long soupir et se reconcentra. Ses mains glissèrent sur l’épaule et le dos du jeune homme. Il sentait sa peau se refermer sous ses doigts ; partiellement, en tout cas. Son énergie semblait chuter à mesure que les secondes défilaient. Je vais finir par m’évanouir, songea-t-il. Il rompit son sort quand les vertiges se firent trop importants. Quand il rouvrit les yeux, il fut heureux de constater que le sort avait en partie fonctionné. Certaines plaies n’étaient pas totalement refermées mais cela ferait l’affaire.
Il sourit finalement. Il recousut les plaies restantes et banda les blessures de son patient.
– Tu peux bouger ? lui demanda-t-il en le regardant.