Bon. Un équipage partiel et un des officiers toujours a bord. Très bien, ce serait plus simple que de monter une équipe de toute pièce. Il faudrait, par contre, qu'il se fasse accepter par le quartier-maître. Il était la clef du respect du reste de l’équipage. Assimilant la situation décrite par Juliette, il hocha la tète. N’empêche, ces défections, c'était problématique. Si elles sont massives, se dit Alcuin, c'est qu'il ya une couille quelque part.

Alcuin ne put s’empêcher de sourire, amusé, en voyant qu'elle avais gardé le ragnark.

-Je pensais qu'il avait fini a la flotte ! Très bien, si tu le garde, j'imagine que je peux garder les pièces sans avoir l'impression de t'avoir forcé la main. Il attrapa les pièces et elles finirent au fond de sa poche. Il ne releva pas qu'elle l'avait payé bien en dessous des prix du marché, c'est là le genre d'innocence qu'il faut préserver.

-Bien sur, que je veux voir le navire, et même si tu ne me prends pas a bord ! Je suis curieux de voir le petit bijou que tu t'est offert, Barrique avait l'air de dire que c'était une sacrée bête!

Il ramassa le lourd fauchon -il l'avait posé en s’asseyant- et le glissa a nouveau dans la corde qui lui faisait office de ceinture. La lame, couverte de taches de rouilles, faisait largement plus penser au pirate de base qu'a un capitaine, mais elle été pratique. Combien de cordages coupés en urgence pendant une tempête. Entre autre choses sécables.

Il accompagna Juliette hors de sa boutique. L'air de l'après-midi était frais. Il jeta un coup d’œil a la vitrine, le temps qu'elle se couvre et qu'elle sorte. Quand même, quel chemin en quatre ans! Il y avait de quoi être fier. Ils firent quelques pas en direction des quais.

-Tout de même, je m'demande... Fit il, soudainement, alors qu'ils étaient au milieu des voies.
Un équipage qui quitte le navire comme des rats, et puis tu as parlé de dégâts...Surtout que vu la manière dont tu la dit, c'était pas la première foi, si? Qu'est ce qui cloche? Qu'est ce que je dois savoir a propos de tes expéditions?

Alcuin était clairement impatient de voir le bateau qu'il allait peut-être commandé. Juliette n'eut pas le temps de le retenir qu'il avait déjà récupéré ses affaires et se tenait près de la porte, l'attendant pour sortir. Ce n'était pas dans ses habitudes de fermer la boutique, elle hésita un instant. Mais entre attendre un éventuel client ou s'assurer de trouver rapidement un nouveau capitaine pour reprendre au plus vite la recherche de reliques, Juliette n'y réfléchit pas à deux fois.

Alors qu'elle allait pour fermer la porte à double tours, elle entendit son employé crier dans la rue en lui faisant signe. Elle laissa donc la porte ouverte et descendit la rue qui menait au port sereinement. Les terrasses étaient bondées par les gens qui profitaient des quelques rayons de soleil de la journée. Mais Alcuin lui préféra ramener des ombres au tableau, il était normal qu'il se renseigne à ce sujet. Elle ne voulut pas enrober la situation et lui répondit simplement :

- Les dégâts c'est trois fois rien. Tu sais comment ça peut se passer quand les éléments se déchaînent. Bon j'avoue j'ai honte, on était sur les fleuves dans les terres à ce moment et pas aux pics de terca, mais tu aurais vu ce vent qui a déraciné les arbres autour de nous.

Elle prit un instant pour réfléchir à comment elle allait formuler son problème avec l'équipage :

- Et l'équipage qui ne reste pas, c'est à cause de la trésorerie. La vente de reliques ça rapporte énormément, mais c'est long et très coûteux en investissement de départ.

Même si elle voulait être transparente avec lui, elle hésita à lui parler de l'arrangement qu'elle avait tenté de conclure avec les précédents capitaines pour résoudre ce soucis. En tant que prisonnier tout juste sorti, elle n'avait pas envie de le traîner dans des affaires peu réglos, même si elle l'avait croisé plus tôt en train de travailler pour un des réseaux de drogues de la ville, ce n'était pas une raison ! Bien au contraire !

Ils étaient arrivés au port, la rue de l'écume donnant directement sur les quais touristiques. Plusieurs petits bateaux de pèche étaient accostés et avaient sorti leur étal pour proposer eux-même leurs poissons frits de la pèche matinale. Juliette avait l'habitude de déjeuner ici et bien que les odeurs lui donnaient envie de s'arrêter, elle fit l'impasse et longea les quais en évitant de regarder les stands à sa gauche.

Le bateau était à quelques mètres de là, ils devaient dépasser les stands de poissons. Le bateau était amarré au plus près, ses deux mâts trônant fièrement au milieu. L'une des rembarres était éclatée, le pont avait été nettoyé, mais les dégâts étaient encore visibles. Il y avait des éraflures sur tout le pont et au pied du mât principal. Sans parler du trou au plancher près du gouvernail que Juliette avait rafistolé tant bien que mal avec Cordélia pendant le retour.

Avant de monter à son bord, Juliette se décida à lui parler de sa proposition :

- Comme tu peux voir on a quelques dégâts. J'ai tout juste de quoi payer les réparations et comme la moitié de l'équipage est parti, je vais pouvoir tous les payer. Mais le mois prochain, si on ne trouve pas rapidement une relique qu'un de mes clients attend impatiemment, j'aurai à nouveau du mal à payer les hommes.

Elle aurait pu être mal à l'aise de lui faire une telle proposition, mais après tout elle ne lui mettait pas un couteau sous la gorge, c'était un simple accord qu'elle proposait. Peut-être qu'avec Al' il fonctionnerait enfin... :

- Avec certains des précédents capitaines nous avions un accord, mais certains ont abusé et d'autres ont préféré ne pas le respecter et abandonner. Les mois où la trésorerie n'est pas équilibrée, si tu le désires, tu pourras prendre l'oiseau bleu et partir seul en mer que ce soit pour proposer des croisières à des riches parlèms ou attaquer quelques Récleyès imprudent sur la mer. Tant que le pavillon n'est pas levé, je me fiche de ce qui peut bien se passer sur le pont tant que cela permet à l'équipage d'avoir sa paye et de vouloir continuer à travailler sur l'oiseau bleu.

HRP:

HRP:

-Je vois, tu les paye a la quinzaine? Perso, a l’époque de l'Ambroisie, ils recevaient un pourcentage des gains. ça évite d'avoir a payer les mauvais mois, tant qu'on les nourris et les loge sur le navire...Après , c'est pas une panacée: trop de mauvais mois de suite, et l’équipage se barre...A titre personnel, je suis prêt a accepter un pourcentage sur les gains, tant que j'aurais accès au navire. Je ne peux pas parler pour les autres. Le plus sécur' pour toi, a mon avis, est de considérer le navire comme une entreprise, et d'en répartir les gains, en parts, entre l'armateur-toi- et l’équipage-moi inclus-. Mais qui dit changement de système, dit accord nécessaire de l’équipage actuel. Et puis, qui dit gains en pourcentage, signifie qu'ils auront tout intérêt a se bouger le cul.

Alcuin regarda l'animal. Quelles dimensions tout de même! Tout ce qu'on pouvais faire avec ce navire! l'Idée des croisières ne serait pas des plus enchanteresses -clairement, on se ferait chier-, Mais vu l'allure du vaisseau, ça se tenait, et pouvait rapporter. En revanche, cela demandais un bon aménagement intérieur. Donc des frais. A Réfléchir.

-De toute manière, c'est ton navire, je ne peux que donner des avis sur la manière de le gérer. Réfléchi-y. Si tu veux, je te montrerais un contrat du type de ce qui se fait dans...dans mon ancien milieu. Une base a retravailler, bien sur.

Après une nouvelle pause pour admirer la ligne du navire, il lança

- Bon, on monte? Histoire d'évaluer l'Etat et de voir si je vais m'entendre avec l’équipage...Ton quartier-maître, elle est a bord, en ce moment?

Avant qu'il ne monte à bord, elle l'arrêta et lui répondit à sa proposition de contrat.

- Le problème vois-tu c'est que les objets que je vends prennent énormément de temps et d'argent, ce n'est pas aussi simple que cela. Jusqu'à maintenant j'ai tenu la tête hors de l'eau parce que j'ai trouvé plusieurs petits clients prêts à payer des acomptes pour les recherches des reliques, mais tous n'acceptent pas et ne veulent payer que la marchandise. C'est un milieu compliqué que celui de la recherche d'antiquités. Sans mécène c'est compliqué.

Elle avait bien essayé au début de réserver une grosse part des gains des reliques pour l'équipage, cela avait fonctionné un certain temps, puis lors de la première grosse expédition elle avait perdu la moitié de l'équipage à cause de l'attente trop longue. Les soucis d'argent avaient alors commencé. Depuis elle courait après chaque centime, gérant plusieurs caisses afin d'assurer un minimum de paie aux matelots et d'avoir assez de ressources pour les réparations du bateau.

Elle essayait d'être le plus juste possible, mais parfois elle ne pouvait pas faire de miracles. Lors de sa visite dans la plaine isolée, elle avait enfin réussi à intégrer la haute société Parlèms, mais elle n'avait pas réussi à créer l'engouement qu'elle avait espéré. Elle préféra lui taire le fait qu'elle s'était un peu trop emportée en achetant une nouvelle toilette, ayant trop misé sur le paraître légendaire des Parlèms, mais elle voulut lui parler de la situation, après tout c'était à cause de ce voyage désastreux qu'elle avait perdu la moitié de son capitaine.

- Le capitaine est parti à cause de cela justement. Je pensais trouver quelqu'un dans la plaine isolée parmi la noblesse parlèms, mais je suis revenue les mains vides. Avec les dégâts qu'on a subi ensuite, ça n'a fait que tendre la situation quand je l'ai mis au courant de mon échec.

Il faut dire qu'elle n'avait pas trop eu le choix puisque la maître quartier avait rapidement compris que la marchande cachait quelque chose.

- Sinon Cordélia n'est pas là, elle se charge de prévenir le charpentier. Et je doute que les matelots soient sur le bateau, les deux qu'il me reste ont une chambre au port et tout a déjà été nettoyé hier.

La marchande monta la première, une fois sur le pont elle retient une grimace en voyant les dégâts. La rembarre était complètement éclatée, mais ce qui lui faisait le plus peur c'était le mât. Juliette passa sa main sur le bois et senti les imperfections, à vue d’œil il était éraflé à quelques endroits, mais rien de profond. Elle leva la tête vers les voiles repliées, on pouvait voir qu'elles étaient un peu usées sur les bords, mais elles parfaitement propres et encore très résistantes.

Si l'une des rembarres étaient absentes et donnait un étrange aspect au pont, il n'en était pas moins immaculé. À leur retour après avoir déchargé la marchandise, les matelots qui étaient prêts à rester avaient accepté de nettoyer le pont avec l'aide de Juliette. Il n'y avait plus rien qui traîné, pas même un tonneau vide, tous les cordages étaient soigneusement rangés. La marchande se dirigea vers le pont supérieur à l'arrière du bateau là où se trouvait le gouvernail.

À chaque extrémité sur pont il y avait un petit escalier étroit. Juliette gravit l'un d'eux et alla se poster près du gouvernail en faisant attention de ne pas marcher sur le trou colmaté grossièrement avec des planches par en dessous. Même si elle était frêle, ce n'était pas quelques clous rouillés qui allaient retenir son poids. Elle s'adresse à Alcuin avec une certaine exaltation :

- Qu'en penses-tu ? Tu te vois naviguer sur ce deux mâts. Il est juste grand comme il faut pour affronter les tempêtes en haute mer, mais pas trop non plus pour pouvoir passer sur les fleuves principaux.

Alcuin hocha la tète, il comprenais le problème de Juliette. Qui dit objet rare dit clients rares également. D’où les durées qui s'éternisent. Et la diversification. Néanmoins, il avait une idée pour remédier au problème.

- Je tiens quand même a te montrer a quoi cela peut ressembler.   dit il, Mais chaque chose en son temps. A vue d’œil, il faut quoi, 15 membres d’équipages? Peut être 20 en ajoutant certains spécialistes? Ton navire est il armé, pour se défendre? Les canonniers sont rares, et cher. . Fit il en suivant la marchande. Il l'accompagna dans son inspection, commentant ce qu'il voyait et confirmant les principales impressions de la jeune dame: les dégâts étaient superficiels. Plus rien ne traînait, comme de juste pour un navire a quai. C'était plus compliqué une fois en mer. Il la suivit au niveau du gouvernail. D'ici, on avait vu sur l'ensemble du navire. Moins rond que l'Ambroisie, plus élancé, ce qu'il perdait en cale, il le gagnais en vitesse et maniabilité. Sa main courut sur le bois, sentant malgré ses cals ses imperfections. Ce navire lui parlais, lui parlais vraiment. Son regard courut de la proue élancée aux gréements. Chaque mat avait deux niveaux de voile, sans compter les voiles triangulaires, l'une reliant le premier mat a la proue, l'autre passant du second au dessus du gaillard arrière jusqu’à la poupe. Une telle voilure présageais d'une grande réactivité. Il tourna légèrement le gouvernail, et sentit les cordes se tendre. La traverse arrière y était relié, bougeant la voile arrière en même temps que le safran. Le système fonctionnait la merveille, et ce sans plus de résistance que pour un gouvernail plus simple. Ce navire était une merveille.

-Honnêtement, oui, je me vois a cette barre, Juliette. Tu as fait une magnifique acquisition. Il a du valoir une fortune! Celui qui l'as conçu en était pas a son coup d'essais!

Les yeux de Juliette grossirent lorsqu'il énuméra le nombre de membres d'équipage qu'il espérait recruter. Vraisemblablement il n'avait pas bien saisi la situation, depuis qu'elle avait commencé Juliette avait toujours assuré son commerce avec le minimum de dépenses et sans en venir à la violence qui plus est. Elle le laissa inspecter le navire et saisir le gouvernail, s'il était prêt à la suivre dans cette mésaventure, il allait connaître la vue depuis ce gouvernail sur le bout des doigts.

Perdant de sa retenue habituelle face à cet homme qui l'avait connu alors qu'elle n'était qu'un poisson à peine sorti de l'eau, elle lui confia :

- Nous nous en sommes toujours sortis avec un équipage très restreint. Quand on va en haute-mer, vers les pics de Terca on recrute quelques membres en plus, mais pour les voyages sur le fleuve 5 personnes suffisent à diriger l'oiseau bleu.

Quant à la violence, à ce sujet elle voulait mettre les choses au clair :

- Nous avons avant tout besoin d'un bon cuisinier, si tu veux recruter un canonnier assures-toi qu'il sache contenir son envie de faire exploser des choses. L'oiseau bleu est un bateau marchand avant tout, quand le pavillon est au vent, choisit toujours le chemin qui te ramènera le plus vite à bon port.

Elle ajouta sûre d'elle et avec un regard vers les mâts du navire :

- C'est un bateau rapide, ça tu peux en être sûr, même avec la plus lourde des reliques en cale, il ne nous a jamais fait faux bond.

La marchande reporta son attention vers l'ancien prisonnier avec un sourire presque chaleureux :

- Tout ce dont il a besoin, c'est d'un capitaine fiable à la poigne solide. J'ai conscience que ce n'est pas un poste facile, tu peux prendre le temps de réfléchir quelques jours à cette proposition. Que dirais-tu d'aller voir les quartiers en bas ?

Elle lui fit un petit briefing sur l'état des lieux pour qu'il puisse se déplacer seul, car elle avait quelque chose à récupérer dans son bureau.

- Je dois aller dans mon bureau, il est complètement à l'arrière au premier niveau. Au deuxième il y a deux autres chambres, une pour toi si tu l'acceptes et une autre pour la maître-quartier. Les matelots dorment dans la partie avant de la cale là où il y a la cuisine. Au centre au premier niveau c'est la salle principale où on entrepose les vivres, les reliques sont elles entreposées dans la salle du deuxième niveau. Si tu veux visiter, ne te gêne pas.

Juliette descendit du pont supérieur et ouvrit la petite porte qui se trouvait en dessous. Elle était très abîmée, c'était sûrement elle qui avait reçu le plus de dégâts lors de leur retour d'Arnlo. Elle donnait sur un escalier étroit qui s'enfonçait dans l'obscurité. Juliette s'arrêta au premier niveau et ouvrit la porte du fond qui menait à sa cabine. L'endroit semblait spacieux avec tous ces vitraux qui lui offrait un panorama, mais une fois l'impression passait, on se rendait compte qu'un bureau, un lit une place et une armoire suffisait à remplir l'espace.

Sur le bureau il n'y avait plus rien qui traînait. La marchande se revit quelques jours plus tôt face à tous ses papiers éparpillés dans toute sa cabine. Elle leva la tête pour regarder la réparation sommaire que Cordelia et elle avait improvisé. Il y avait un peu d'air qui passait, mais cela avait fait l'affaire pour le reste du voyage. Elle passa derrière le bureau et récupéra plusieurs lettres qu'elle avait oublié en descendant du bateau. Trop de choses s'étaient enchaînées entre la livraison de la marchandise, l'abandon du capitaine et les réparations.

Ses lettres en main, elle remonta directement sur le pont du navire se demandant si Alcuin était toujours là haut ou si malgré la situation du navire, il avait été suffisamment curieux pour découvrir les lieux et peut-être même s'y projeter... Elle préféra ne pas miser, cela allait lui porter malheur.  

HRP:

HRP:

Alcuin écoutât les explications. Le navire était tout ce qu'il ya de plus classique dans son fonctionnement. Elle était frileuse. ça se comprenais, son argent après tout. Bien, il apprendrait a regarder petit, pour le début. Il la laissa s'éloigner et parcourut les lieux. l'amenagement était relativement restreint... Pas de canon, effectivement...Alcuin craignait que vu la cargaison de valeur du navire, celui-ci attire les pirates...une paire de canon a chaque bord aurait suffit a tenir a distance quelque temeraires...Mais il est vrai que le vaisseau avait l'air manœuvrable et rapide, la fuite étant toujours possible...Mème si, il ne fallait pas sous estimer, sur ce plan, les petits aviso qui pouvaient vous aborder sans crier gare...Très bien, il formera l’équipage a la défense contre les abordages, sur son temps libre...Quant a la taille de celui-ci...Oui, a dix, avec Alcuin, le navire pouvait voguer...Il craignait, se dit il en observant les mats, les moments de tempête...a si peu, seraient ils assez réactifs pour abattre une telle voilure? Mais il ne fallait pas brusquer Juliette, Alcuin le voyait bien. Mais elle hésitait clairement sur le "modèle" a prendre pour gérer son navire et Alcuin se dit, que, si il mettait un peu d'eau dans son vin, arriverait a la convaincre. Diversifier les activités, donc les sources de revenus, donc rendre les benefices plus régulier. Mais, nota t'il, sans tomber a nouveau dans les affaires louches. Celles-ci étant elles même risquées, et nécessitant de bon fonds de réserve en cas de pépins. Fonds de réserves pour le moment inexistant. Le mieux était de faire de la ligne régulière entre grands ports pour passagers et marchandises. Forte concurrence, ce qui obligeais de faire une faible marge pour avoir des clients, mais de la régularité dans les fonds. Il remit a plus tard ses marottes: pas de canonnier, pas de bosco, pas de chirurgien de marine. Le Quartier-Maître serait le seul officier pour le moment. Plutôt qu'un long débat, sur le pont, il se dit qu'il allait commencer par jouer avec les règles de Juliette. Puis, quand elle aurait un peu plus confiance, lui proposerait des améliorations. Il repensa a l'Ambroisie, où il avait fini par installer un gaillard-avant avec une baliste-grappin. Une idiotie, une fois le grappin fixé sur le navire cible, la tension sur la corde augmentais la gite des deux vaisseaux a la foi. Il sourit. Hors de question de faire ce genre de folie ici!

Quand Juliette sortit, Alcuin n'était plus sur le pont. Accompagné d'une bougie, il était déjà en train d'inspecter les cales, guettant si sa flamme vacillais, trace d'une brèche a colmater.

Ne voyant pas Alcuin sur le pont, l'héléo partit à sa recherche. Elle le retrouva dans les cales à inspecter l'endroit à la lueur d'une bougie. Elle pouvait à peine le discerner de là où elle était. Elle resta au pied de l'escalier et lui cria :

- Alors, ce tour du propriétaire te plaît ?

L'endroit était complètement vide. Il n'y avait que la salle au fond où se trouvait les réserves où il y avait quelques caisses et sacs empilés à même le sol. La pièce était fermée à double tour, seule Cordélia et Juliette en avaient les clés. Son trousseau de clés en main, Juliette était prête à ouvrir toutes les portes du bateau pour Alcuin s'il désirait en voir plus comme sa potentielle future cabine. Toujours en bas de l'escalier, Juliette proposa à Alcuin :

- À moins que tu veuilles voir autre chose, que dirais-tu de continuer autour d'un bon repas ?

Sans l'équipage à son bord, l'oiseau bleu était bien moins intéressant. Pour le moment, à part visiter les lieux, il n'y avait pas grand chose à faire. Juliette connaissait l'endroit par cœur et aurait pu raconter mille et une histoire sur l'oiseau bleu à Alcuin, mais pas sûr qu'il était sensible à ce genre d'argumentaire. Jusqu'à maintenant il avait surtout montré son envie d'être à la tête d'un imposant navire, or Juliette ne recherchait pas un capitaine de navire pour construire un empire fluvial. Si elle s'était adressée à lui, c'était dans l'espoir d'avoir un ancien ami à ses côtés qui connaissait son obsession pour les reliques humaines.

Elle voulait profiter d'un repas au calme pour lui expliquer sa vision de son commerce. Peut-être que pour beaucoup elle n'était qu'une marchande un peu folle à passer des mois à rechercher un objet sorti de l'imaginaire des contes d'enfants, mais elle espérait qu'Alcuin comprendrait ses intentions. Et puis avec un peu de chance, peut-être qu'ils pourraient tomber sur un des membres de l'équipage qui était resté. Juliette connaissait les habitudes de Cordélia et Mathieu, les deux seuls qui persistaient sur le bateau malgré les changements intempestifs de capitaine.

HRP: