Niché au fond du panier, le gryphenard remue à peine. Plongé dans l'obscurité, son petit cœur bat très vite de peur d'être découvert ou que son associée ne soit pas digne de confiance. Les minutes s'écoulent lentement, peu à peu l'esprit de Juliette commence à se perdre. Tandis que sa partenaire est parvenue à trouver le sous-sol, le petit gryphenard commence à s'agiter et gratte les vêtements au-dessus de lui quand soudain le couvercle se lève.

L'animal en bondit sans attendre et regarde longuement la jeune femme qui l'accompagne. Il est prit d'un soubresaut, ses muscles se contractent et l'on entend le premier os se briser. La transformation est en train de s'inverser, l'héléo ne souhaite pas rester sous forme animale plus que nécessaire. L'endroit est désert. Elle apparait recroquevillée et nue au pieds de sa partenaire. Elle tend alors les bras vers le panier pour en récupérer ses affaires et enfile simplement se chemise qui descend suffisamment bas pour cacher le haut des jambes :

- Merci pour mes affaires.

En se relevant, elle inspecte le couloir et tente de se souvenir au mieux des plans de l'ancienne bâtisse. Elle tourne le dos de la porte au fond et retourne vers l'entrée du couloir en expliquant à la vagabonde :

- Ce devrait être par là.

Elle ouvre alors l'une des portes et s'engouffre dans un débarras :

- Il faut chercher aux murs ou au sol le seau du précédent propriétaire, une tulipe enlacée par un serpent.

Juliette n'y voit pas grand chose, alors qu'elle s’apparaîtrait à ressortir dans le couloir pour aller chercher l'une des torches aux murs, elle entend une porte se déverrouillée. Au lieu de sortir, elle referme tout doucement la porte alors que des pas et une voix résonne dans le couloir :

- Il y a quelqu'un ?

Juliette retient son souffle et fait signe à la jeune femme de se cacher alors qu'elle se glisse elle-même entre deux meubles pour trouver un coin plongé dans l'obscurité. Elle a l'habitude de se déplacer dans ce genre d'entrepôt et fait attention aux moindres petits objets posés négligemment à droite à gauche. Elle déplace silencieusement une lampe trop proche du bord et se contorsionne pour se mettre sous un bureau alors que les pas à l'extérieur semblent comme d'être arrêtés devant la porte du débarras.

Cachée dans un recoin, elle espère que la vagabonde s'est aussi trouvée une cachette et qu'elle n'a pas l'intention d'attaquer l'un des occupants de cette maison. Juliette ne supporterait pas d'être responsable implicitement de la mort de quelqu'un pour une simple babiole. Elle ne savait vraiment pas à quoi s'attendre de cette étrangère, mais elle avait encore plus peur de se faire surprendre et resta dans sa cachette sans bouger, les genoux repliés contre sa poitrine, se faisant la plus petite possible.

Blottie sous le bureau encombrés par des babioles et caisses, il lui est impossible de voir où se trouve la personne qui inspecte la pièce. Elle ne peut se fier qu'au silence pour se rassurer quant au fait que la jeune femme s'est elle aussi trouvée une cachette. Quand enfin elle entend la porte claquer, elle s'extirpe doucement de l'obscurité du bureau, prenant garde à ne rien faire tomber maladroitement. Il ne lui reste plus qu'une enjambée quand elle est figée de surprise par la réaction de la jeune femme qui l'accompagne. Son cœur s'emballe et elle revient en arrière, tendant l'oreille en espérant que la personne ne revienne pas.

La jeune femme semble tout excitée, même si Juliette est heureuse qu'elle ait trouvé aussi vite la tulipe, elle n'arrive pas à savourer cette petite victoire et reste prudente. Personne ne revient dans la pièce. Enfin la marchande arrive à respirer. Elle revient au centre de la pièce et se dirige dans l'endroit où sa partenaire à trouver le blason. Tout en bas du mur, dissimulées par un tas de caisses les couleurs du blason sont à peine effacées par le temps. Juliette s'accroupit dans la poussière pour regarder de plus près et tirer du bout des doigts la plinthe. Elle résiste quelques secondes avant de céder, un petit morceau lâche et quelque chose tombe sur le sol, une petite clé.

La marchande la ramasse avant de se relever. Elle se mit alors à tourner sur elle-même pour observer les murs tout en tapant le bout de la clé sur l'une de ses paumes. Elle pense alors à voix haute :

- Il doit y avoir une porte ou peut-être une trappe au sol. Espérons que vous aurez autant de chance que la première fois. Tenez.

Elle lui tendit la clé :

- Vous vous occupez d'ici et je vais de l'autre côté de la pièce.

En se rapprochant de la porte, la marchande hésita à aller chercher une torche. La menace était passée, il y avait peu de chance que quelqu'un revienne vérifier le débarras et mieux valait qu'elles ne s'attardent pas trop longtemps pour le risquer. Avant de sortir elle prévint la jeune femme :

- Je nous ramène une torche, il fait trop sombre ici.

Elle passa la tête pour vérifier qu'il n'y avait personne. Faisant même attention à ne pas laisser ses doigts dépasser de la porte. Il n'y avait rien en vue. Il ne lui fallut faire que deux pas pour récupérer l'une des torches au mur. Elle rentra rapidement et laissa la porte derrière elle entrouverte pour garder une oreille sur l'extérieur. La lumière avait du mal à percer dans toute la pièce bien trop encombrée. Juliette cala la torche entre deux commodes, secouant bien le morceau de bois pour être sûr qu'il tenait fermement. Elle se serait bien passée d'un incendie. Puis elle reprit les recherches.