Samùn 1250
La douleur à la poitrine de Luern ne réveilla. Le dragonnier se massa le torse, la chaine de chair formant sa cicatrice se dessinant sous ses doigts en souvenir de la funeste nuit où avait vu partir en fumée l’Arbre de Vie, et des larmes se mirent à couler en silence de ses yeux. Il se redressa, s’essuya les joues avec le revers de sa manche, puis leva les yeux vers la montagne anthracite près de laquelle il avait dormit.
Tout en se massant le torse pour tenter d’atténuer la douleur, Luern se leva et entrepris de rassembler ses affaires pour lever le camp. Les Récleyès devaient encore être à ses trousses après sa fuite de l’Arbre. Même s’il n’en était pas tout à fait sûr, il espérait que c’était réellement le cas, car il était dragonnier, cœur d’un Ejdeha qui c’était montrer et avait combattu pour les Anciens, mais surtout parce qu’il fallait protéger les siens et le secret de l’Arbre Originel. Luern inspecta les clairières qui l’entouraient en fronçant les sourcils, Alauda ne sentait rien de particulier de ses dernières, cependant un présentiment persistait et son humain ne cessait d’angoissé à l’idée d’être pris au piège par les Récleyès.
En éveil depuis de nombreuses heures, le dragon leva sa lourde d’être et rompit son camouflage. La roche aux abords coupant laissèrent place aux larges écailles du dragon recouvrant un corps épais et lourd. Ce qui impressionnait souvent les Anciens étaient les cuisses de l’animal qui se creusait en son centre, se courbait sèchement aux extrémité, détaillant un muscle puissant et immense comparer à la petitesse de leurs êtres. Luern ne laissait personne approcher de sa gorge pendant le sommeil de son ami, quand bien même se présence fut effacer par sa capacité à se mêler à son environnement, sans savoir si cela était liée à l’instinct d’Alauda ou à sa propre volonté. Il adressa petit ronronnement, ainsi qu’un sentiment de quiétude, à son cœur qui se retourna vers lui en souriant, pliant son duvet d’un air distrait, puis se rapprocha vers lui par de longs enjamber.
Luern paraissait toujours plus enthousiaste à l’idée de se rapprocher de lui.
-
Je nous sais fort. Capable de tenir bon contre ses monstres sans cœur… - dit-il en portant sa main libre sur le museau froid du dragon qui ferma lentement les yeux, savourant ce contact, puis les réouvra à la même vitesse. –
Mais j’ai peur que nos efforts soient vains… comme lors de notre dernière bataille.
Alauda recula sa tête et soupira un souffle charger de poussière et de terre au visage de Luern dont le cœur bondit soudainement dans sa poitrine. Le dragon n’acceptait pas sa façon de penser ! Même s’il avait été déçu de n’avoir pu combattre un ennemi à sa taille, ils avaient assuré la survie de nombreux Anciens et ils étaient surtout toujours en vie pour se venger de ses êtres-qui-domine-les-ombres.
Donc ils pourraient toujours se venger et les dévorer. Luern s’appuya contre l’imposante patte de son ami, manquant de couper son duvet en deux, et porta sa main libre à son front. La colère d’Alauda était compréhensible, il devait arrêter de douter. Il finit de remballer ses affaires dans les sacoches de la selle d’Alauda qu’il avait au préalable fixé sur son encolure, entre son cou et son dos, vérifia les sangles, puis contempla les traces qu’il laissait alors que le grand dragon gris déployait ses larges ailes en un ouragan assourdissant. Il se redressa sur ses pattes arrière et bondit, non pas pour éviter de blesser les arbres, mais pour facilité son ascension vers les cieux.
L’homme s’accrocha fermement à la selle et détendit sa prise qu’à partir du moment où Alauda avait stabiliser son vol. Il avait le sentiment de sentir les grandes ailes du dragon battre dans son dos comme si elle était sienne, savoura la fraicheur glaciale des vents et posa sur la forêt des Mirlis un regard tendre. Il lui faudrait bientôt choisir quel chemin emprunter sur la voie de la guerre. Celle des combattant ou des utilitaires ? Luern c’était entrainé à manier les armes, comme tout ceux de son peuple, mais l’érudition et la quiétude d’une paix perpétuelle l’avait longtemps bercé d’illusion. Alauda était prêt à combattre à nouveau, mais son cœur ne savait pas combien de temps il supporterait ses tueries.
Ils avaient décidé de faire le tour de la forêt, du moins en parti, pour attirer l’attention des Récleyès, les attaqués s’ils étaient en petit nombres, ou pour les effrayés, avant d’aller rapporter ses actes aux anciens. Les élections auraient bientôt lieu, l’homme aux cheveux blancs se dit qu’il devrait veiller à ce qu’elles se déroulent sans heurt à sa manière.
De toute façon, ils se débrouilleraient très bien sans lui. Luern se massa les tempes.
Distrait de ses observations de la forêt en contrebas, qu’il laissa au soin de son dragon, par des pensés étranges qui ne lui était jamais venu, mais qu’ils ne jugeait pas illogique pour autant, il remarqua au loin un point noir qui l’inquiétait particulièrement. Récleyès ? Il n’aurait sut le dire, mais l’idée fit tourner la tête d’Alauda dans la direction de l’ombre mouvemente et ses babines se retroussèrent.