L’esprit embrumé et l’air hagard, Salem ôta ses vêtements gorgés de sang. D’un geste mécanique, il les jeta dans une bassine remplie d’eau qui prit aussitôt une teinte carmin. Il s’aspergea pour effacer les traces de la dernière opération à laquelle il avait pris part, puis il se changea et quitta la pièce.

La chaleur le frappa de plein fouet. La température semblait ne jamais diminuer dans cette partie de la région. Depuis son retour, Salem avait des difficultés à supporter la chaleur aride du Désert. Elle l’épuisait et lui procurait des migraines. De mauvaise humeur, il ne pensait qu’à son prochain voyage. Il était néanmoins contraint de passer quelques semaines au centre de soin d’Elsaria pour régler certaines formalités.

Il gagna la pièce qui lui servait de bureau en réfléchissant aux tâches administratives qui l'attendaient. Il tenait également à garder un œil sur les nouveaux patients. Il pressa la poignée de la porte et s’assit à son bureau. D’ordinaire parfaitement organisé, il croulait aujourd’hui sous les missives et les notes laissées par les neustros.

Il soupira, ferma les yeux et se massa les tempes. Sans crier gare, son anxiété ressurgit et intensifia la migraine qui le faisait souffrir depuis le début de la matinée. Il rouvrit les yeux quand il entendit toquer à la porte. Il se redressa et mit rapidement de l’ordre sur son bureau.

– Entrez, déclara-t-il en essayant de retrouver une contenance.

Une jeune femme pénétra dans la pièce et s’assit face à Salem qui grimaça à la vue des nombreuses enveloppes qu’elle transportait.

– Votre courrier, s’exclama l’apprentie neustro avec un sourire désolé face à l’air déconfit du Docteur.
– Merci, répondit-il à contre-cœur. Quelles sont les nouvelles du jour ?

La demoiselle réfléchit quelques instants et déclara :

– Deux morts dans la nuit, cinq nouveaux patients ce matin et il faut organiser le départ pour Saona d’un apprenti qui a achevé sa formation. Un alchimiste a demandé à prendre un rendez-vous avec vous – je crois d’ailleurs qu’il vous a envoyé une lettre, et un jeune neustro aimerait assister à une opération en votre compagnie. Il faudrait aussi répondre à vos courriers.

Elle acheva sa phrase en déposant la pile de lettres qui produisit un bruit sourd en atterrissant sur le bureau. Salem soupira une nouvelle fois et offrit un sourire défait à la jeune femme. Il lui semblait qu’il n’avait pas assez de temps en une journée pour se charger de tout ce qu’on exigeait de lui.

– Bien, je m’en occupe.

L’apprentie hocha la tête et se leva pour quitter la pièce; elle s’immobilisa cependant devant la porte et se tourna vers Salem.

– Autre chose ? demanda-t-il, déjà en train d’éplucher son courrier.
– Eh bien… je ne sais pas s’il est pertinent de vous en parler mais… il y a une rumeur qui court dans le centre. Quelqu’un revendrait des médicaments discrètement.

Le neustro releva le visage vers la jeune femme en lui adressant un regard surpris. Elle se corrigea immédiatement :

– E-Enfin je n’en ai aucune preuve et je n'en sais pas davantage, ce ne sont que des on-dit !
– Je vais me renseigner, enchaîna-t-il en reposant le courrier sur son bureau.

L’apprentie quitta finalement la pièce. Salem croisa les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés. Il ne pouvait pas y croire. Quelqu’un du centre s’amusait à revendre des médicaments ? Il ne pouvait pas laisser passer une chose pareille, malgré la quantité de travail qui l’attendait. Il était bien décidé à régler cette affaire rapidement.

Il se leva et défroissa ses vêtements. Il attrapa son trousseau de clés et le glissa dans sa poche. Il allait commencer par inspecter les réserves de médicaments.

Arrivé sur les lieux, le Neustro en charge des clés de la réserve vous interpelle dès qu'il vous voit :

- Monsieur Sitis, il faut que je vous parle.

Ce matin en faisant l'inventaire de la réserve, les chiffres n'étaient pas bons. Pas de grand chose, une fiole par-ci, une plante par-là. Il n'y a pas de grands écarts, mais il y a des erreurs sur plusieurs lots. Il a lui aussi entendu les rumeurs et il est maintenant persuadé qu'un voleur rôde dans les couloirs. Il n'y a que deux personnes qui ont une clé de la réserve en dehors de toi. Celui qui te fait face et une autre Neustro qui s'occupe de la réserve la nuit.

Instructions

La rumeur est vraie. Les pistes sont limitées.  Tu as deux suspects, lequel soupçonnes-tu le plus ? Le Neustro qui travaille de jour ? Ou celle qui prend la relève de nuit ?