La ruelle était peu animée pour ce début de matinée. La brume du matin s'était presque évaporée et les premiers clients arpentaient les ruelles d'un pas rapide sans réellement regarder les devantures, allant directement vers les marchands habituels. L'échoppe de Juliette était déserte et pour cause, elle était seulement en train d'ouvrir la porte. À travers la baie vitrée d'un vert pâle, elle put voir son collègue de la rue d'en face s'énervait contre une caisse qui débordait de sculptures de bois. D'ordinaire très calme, son attitude étonna Juliette. En plaçant la petite cale décorée sous sa porte, elle lui lança quelques mots.

- Que vous arrive-t-il Harold ? Un fournisseur s'est trompé dans la commande ?

L'homme approchant la quarantaine et arborant une barbe quelque peu dégarni ne présentait pas vraiment bien au premier abord. Mais avec les années, Juliette avait vite compris que ses clients ne venaient pas chercher chez lui un marchand aimable ou serviable, ce qu'ils aimaient, c'était son efficacité et son honnêteté. Sous sa veste côtelée un peu usée aux épaules et ses airs de grincheux, il s'était toujours montré comme étant un homme respirant l'équilibre et satisfait pleinement de sa vie. Juliette ne se souvenait pas l'avoir déjà vu s'emporter ainsi, c'est pourquoi elle s'approcha de lui quand il lui répondit.

- Si seulement... Je n'en peux plus madame Célian. Tant pis si cela fait de moi la risée de la rue. Il faut que je parle ! ...
Ce gang de garnements qui fait parler de lui au port, ils sont venus me voir il y a un mois de cela. Depuis, ils reviennent chaque semaine et la somme n'arrête pas d'augmenter. Je ne sais plus quoi faire. Vous demandez cela ne résoudra rien, mais pouvez-vous m'aider ?

Juliette resta abasourdi un instant... Elle avait bien entendu parlé de quelques gamins que la milice de la ville n'arrivait pas à appréhender, mais de là à ce qu'ils parviennent à intimider monsieur Jenks, elle avait du mal à y croire. Pourtant, cette situation quoi qu'incongru, lui apparut rapidement comme une opportunité à saisir. Peut-être pouvait-elle réussir à tirer profit de cette situation inattendue. Après avoir raccompagné son collègue dans son magasin, Juliette lui promit d'arranger sa situation en échange d'une petite compensation. Désespéré, Harold accepta sans problème les conditions qu'elle lui proposa. C'est-à-dire, ne plus mettre sa table de présentation devant son magasin lorsque celui de Juliette en aura une et de ne plus changer la décoration de sa vitrine pour six mois. Elle sentit bien que plus tard, il pourrait se montrer amer envers elle pour cela, mais Juliette savait surtout qu'il ne briserait jamais sa parole. Elle le laissa seul pour qu'il puisse ouvrir sa boutique et retourna dans son échoppe afin de se préparer. Juliette referma derrière elle, il fallait qu'elle monte à l'étage dans son appartement pour se changer et faire une petite course en ville. Elle avait une petite idée de qui aller voir pour avoir une piste sur ces gamins fauteurs de troubles. Son employée devait arriver d'ici moins d'une heure, le magasin pouvait bien rester fermer d'ici là. Les amateurs d'antiquités devront attendre aujourd'hui. Par instinct, Juliette se retourna pour vérifier que personne ne voulait entrer, puis elle se dirigea vers la porte arrière. Elle sortit dans la ruelle et ignora comme chaque jour l'odeur de poisson qui était bien plus puissante ici que dans la ruelle principale où elle avait croisé Harold. Elle referma rapidement derrière elle, puis longea son immeuble pour rejoindre le petit escalier extérieur menant directement à l'appartement au-dessus du magasin.

Juliette ne s'attarda pas chez elle, c'est à peine si Elsa, sa gouvernante, remarqua qu'elle était passée. Une fois un pantalon bleu foncé enfilé et son manteau sur les épaules, elle retourna dans la rue sans prévenir de son départ et elle se dirigea en direction des docks. Elle avait pensé à emmener avec elle son petit couteau par simple mesure de sécurité, l'endroit où elle se rendait n'avait pas une excellente réputation. Placé à l'intérieur de son manteau, elle pouvait facilement y glisser la main et s'en saisir rapidement. La rue était toujours aussi déserte qu'il y a quelques minutes lors de son entrevu avec Harold, elle en profita donc pour mimer le geste plusieurs fois sur la route. À la fois pour s'assurer que le couteau était bien accroché et aussi pour bien connaître sa place si elle devait le sortir. Ce qu'elle n'espérait pas le moins du monde. Juliette se rendait dans cette partie du port avec l'intention de rencontrer quelqu'un et d'avoir une petite discussion. Elle n'avait pas envie de s'attirer de problème, c'est d'ailleurs pour cela qu'elle avait eu l'idée d'aller voir un des doyens du port plutôt que la police pour en apprendre davantage sur ces sales petits voyous qui faisaient tant parler d'eux. Elle n'avait pas l'habitude de se rendre là-bas, mais elle n'était pas femme à ne jamais sortir de son bureau, bien au contraire, Juliette voyageait à travers tout Madelle pour trouver des pièces uniques. Se rendre dans un autre quartier de sa ville ne devrait pas lui poser trop de soucis. En revanche, elle n'avait pas pensé à ce qu'elle allait dire à l'ancien marin et elle passa le reste de la route à faire le tri dans ses pensées entre ce qu'elle devait ou non lui révéler et surtout, quelles questions lui poser. Elle doutait qu'il accepta sa présence très longtemps et par conséquent se préparait à être le plus directe possible. Au fur et à mesure qu'elle approchait des docks, la rue se remplissait, mais il ne s'agissait pas de flâneurs ou simples citadins. Tous ceux affairaient autour d'elle étaient occupés à transporter de lourd chargement ou à crier des informations sur les marchandises. Un peu à l'écart, des centaines de boîtes étaient empilées et le marché était ouvert. Une personne sur l'estrade annonçait les lots et prix de base tandis que les spectateurs levaient la main dès qu'ils étaient intéressés. Juliette se détourna de la vente et chercha du regard l'enseigne d'une auberge. Elle n'eut qu'à suivre l'odeur intense de rhum et les éclats de rires raisonnant dans la rue pour trouver sa destination. Sur la porte de bois était gravée une pieuvre dont l'une des tentacules semblait s'enrouler autour de la poignée, l'enseigne au-dessus affiche "La pieuvre farceuse". Légèrement dubitative en rentrant, Juliette se dirigea directement vers le comptoir faisant face à l'entrée. La salle était relativement pleine, une chanteuse dans le coin de la salle chantait un air que certains matelots reprenaient en coeur. Juliette demanda au serveur où elle pouvait trouver l'homme qu'elle cherchait. Il lui montra la mezzanine avant d'être happé par un client. Elle s'y dirigea en traversant la salle et esquiva au dernier moment un homme se laissant porter par la musique et fermant les yeux pour mieux apprécier se qu'il devait penser être une danse. À l'étage, elle trouva l'endroit presque vide, cela ne fut pas compliqué de deviner qui était le doyen. Attablé seul devant une fine tranche de viande et quelques légumes, il regardait en contre-bas d'un air un peu absent et ne remarqua pas tout de suite la présence de Juliette.

- Désolez de vous interrompre, mais j'aurai besoin d'informations sur la bande de petits délinquants qui sévit en ce moment.

Il leva un oeil vers elle et la scruta sans gêne. Il était en train de poser ses couverts, quand elle reprit pour ne pas lui laisser le temps de répondre.

- J'ai des intérêts à Acretis en tant que propriétaire et j'aimerais prendre les devants sur cette situation. Si vous êtes prêt à m'aider, nous pourrons sûrement trouver un arrangement.

- Et qu'est-ce qu'une jeune femme bien éduquée comme vous pourrait-elle offrir à ce bon vieux James qu'il n'ait pas déjà eu ?

Sa réponse laissa Juliette sans voix, mais son silence fut remplacé par le rire de l'ancien marin.

- Asseyez-vous donc. Je vais vous dire ce que je sais et en échange, vous me laisserez votre adresse. Et si un jour, il me vient l'envie de vous demander un service, alors je viendrais. Vous avez dit vous appelez comment ?

- Je ne me suis pas présentée. Juliette Célian. Vous me trouverez rue de l'écume, la boutique avec un gryphon en enseigne.

Juliette avait obtenu ce qu'elle était venue cherchée, et elle l'avait même obtenu à un prix inférieur à ce qu'elle s'attendait. Il faudrait qu'elle passe chez-elle à nouveau pour déposer le petit porte-monnaie qu'elle avait emmené au cas où. Là où elle devait se rendre, mieux valait être léger. Le vieux loup de mer n'avait pas pu lui dire qui était ces gamins, en revanche, il disait connaître leur terrain de jeu privilégié. Ils s'étaient aménagés une cabane dans les arbres dans un jardin abandonné, leur donnant ainsi la vue sur plusieurs ruelles de la banlieue d'Acretis. Juliette ne s'attarda pas une fois de plus chez elle, elle vida le contenu du porte-monnaie directement sur la petite table de la cuisine et prévint Elsa en criant. Puis, elle prit plusieurs poignées de sucre qu'elle mit dans le porte-monnaie pour donner l'illusion d'une bourse remplie. Elle l'accrocha ensuite à la ceinture de son manteau. Elle vérifia aussi qu'elle avait toujours le couteau avant de repartir.

Le soleil commençait à prendre de la hauteur et les rues d'Acretis étaient baignées de soleil. Enfin, l'animation commençait à se ressentir à travers toute la ville. La rue principale était complètement encombrée et Juliette l'évita au dernier moment quand elle entendit au loin le chaos général qui y régnait. La journée s'annonçait belle, Juliette pourrait presque se permettre de flâner sur le chemin, après tout, rien ne la pressait, si ce n'était son magasin laissait sans surveillance. Le pas vif, elle avançait avec conviction sans être vraiment certaine de trouver ce qu'elle cherchait. Il lui fallut plusieurs dizaines de minutes pour arriver au croisement dont lui avait parlé le marin qu'elle avait rencontré plus tôt dans la matinée. Elle ralentit d'un coup le pas et commença à regarder le ciel et les façades, se gardant bien de protéger le porte-monnaie qui se secouait lorsqu'elle avançait. Il était prêt à craquer tant elle l'avait bourré de sucre, peut-être avait-elle un peu abusé sur la quantité, mais cela ne ferait qu'attirer plus les regards se dit-elle. Alors qu'elle arrivait au bout de la rue, elle passa devant une une maison entouré par un haut mur de béton fissuré. La porte d'entrée était entravée par une lourde chaîne. Juliette alla de l'autre côté de la rue pour tenter d'apercevoir quoi que ce soit. Elle vit alors la cabane dans les arbres du coin de l'oeil. Elle ne voulait pas risquer d'avoir l'air suspecte et elle décida de continuer d'avancer. En tournant à gauche pour continuer de suivre le mur de la résidence, elle mima une chute et laissa un de ses talons derrière elle. La rue était tout à coup désert, depuis qu'elle était arrivée dans la banlieue, l'animation avait été moins présente, il ne s'agissait que de rues pavillonnaires sans aucun intérêt. Alors qu'elle s'apprêtait à récupérer sa chaussure, une petite main agile saisit son porte-monnaie. Juliette ne remarqua rien, ce n'est qu'en se retournant qu'elle aperçut la silhouette gravir le mur. Dans un réflexe, elle lança sa chaussure qui rasa la tête du gamin et passa de l'autre côté. Elle se tenait derrière le mur, essayant de grimper sans succès quand elle entendit quelques jurons. Le gamin était toujours là, elle lui cria.

- Si tu veux de vraies pièces d'or, j'ai un marché à vous proposer. Que votre chef me retrouve à midi devant le stand de crêpes de monsieur Igor sur la rue principale.

Elle n'eut aucune réponse. Peut-être qu'il s'agissait d'un loup solitaire qui était passé à ce moment par hasard. Au moins elle avait essayé. Juliette resta posée contre le mur un instant à regarder son pied nu. Elle avait une amie qui habitait à quelques rues d'ici, avec un peu de chance elle serait chez elle. Après avoir pris un petit encas et remercié chaleureusement Léa de lui prêter une paire de chaussures, Juliette repartit en direction de la rue principale. Elle avait toujours quelques piécettes dans le fond de la poche intérieure de son manteau et elle comptait bien les dépenser pour acheter une crêpe salée en attendant de voir si sa matinée avait été vaine ou non. Assise sur un banc à côté d'un des meilleurs stands de nourriture du port, Juliette mangeait doucement en réfléchissant aux prochaines commandes qui devaient être livrées en fin de semaine. Il fallait aussi qu'elle s'occupe de la comptabilité du mois précédent et elle avait promis de participer à une soirée chez Léa lors de sa visite à l'improviste. Malgré tout, elle restait concentrée sur son objectif. Elle ne savait pas à qui s'attendre, les journaux parlaient d'enfants, mais aucun âge n'avait été donné, il pouvait très bien avoir 8 ans comme 16. Or le rapport de force ne serait pas le même, les enfants même les plus malheureux restaient naïfs contrairement aux adolescents. Si la cabane était bel et bien leur planque, alors elle préférait miser sur de jeunes enfants. Il y en avait bien quelques uns dans la rue, mais tous accompagné par un adulte ne détachant pas son regard de lui. Ça ne pouvait pas être l'un d'eux. Elle était en train de s'essuyer les mains quand elle sentit une présence derrière le banc. Julietta tourna la tête et vite un garçon. Elle se recula quand elle se rendit compte qu'il te tenait vraiment très près du banc, même s'il ne s'agissait que d'un garçonnet, la manière dont il la regarda lui fit comprendre qu'il était celui qu'elle attendait. Lui donner un âge était compliqué, son visage encadré par des boucles cuivrées était celui d'un bambin, mais il mesurait bien presque un mètre cinquante. L'une de ses mains posée sur le dossier laissait supposer par la maigreur de son poignet qu'il ne devait pas être bien costaud sous la tonne de tissus qu'il portait. L'enfant arborait une tenue, très certainement créée par ses soins, ressemblant presque à un costume. Le long manteau à peine recousu harmonisait l'ensemble qui était agrémenté d'un chapeau haut de forme trônant fièrement sur sa tignasse. Il avait des allures de petit chef, cela ne faisait pas de doute. Ils échangèrent peu de mots. Juliette accepta sans discuter de le suivre dans une ruelle annexe pour pouvoir parler plus librement.

- Qui êtes vous ? Et qu'est-ce que vous nous voulez ?

- Je suis une amie de monsieur Jenks, le gérant de la boutique sur la rue de l'écume. Il faut que vous saisissiez de l'importuné.

Le gamin leva les sourcils et répondit sèchement.

- Retournez à vos gâteaux avec vos morceaux de sucre et mêlez-vous de ce qui vous regarde !

- J'ai une proposition à vous faire.

Il ne fut pas aisé pour Juliette de convaincre le petit chef. Monsieur Jenks s'était vraiment laissé malmené et avait accepté une somme dérisoire lors de leur dernier visite, par conséquent, le garnement avait réclamé encore plus. Il était cependant resté très calme et l'avait à peine menacé. Juliette ne rentra au magasin qu'en milieu d'après-midi après avoir parcouru le port de long en large pour s'assurer de ne pas être suivie. Elle se méfiait de cette bande d'enfants. En rentrant, elle monta directement chez elle et se laissa tomber sur le fauteuil du salon pendant qu'Elsa préparait un bain. Les chaussures de Léa étaient un peu trop grandes pour elles et elle avait finalement fini sa longue promenade pieds nus. À peine se glissa-t-elle dans l'eau fumante, la douleur s'en alla et elle demanda à Elsa de lui ramener un verre de vin avec le dossier de la comptabilité du mois dernier.

La clochette du magasin tinta, annonçant l'arrivée d'un nouveau client. Déjà occupée, Juliette lança un regard à son employée, qui emballait un colis pour un client important, pour lui faire comprendre d'aller accueillir le nouveau venu. De retour à son quotidien, Juliette avait fréquemment repensé à sa petite ballade à travers la ville pour aider son voisin. C'était il y a trois jours, elle ne devrait plus tarder à savoir si son plan avait fonctionné. En attendant, elle avait suffisamment de choses à penser pour ne pas en plus se rajouter du stress sans raison. Elle avait toujours essayé de relativiser dans ce genre de situations, rien ne servait de rester encombrer avec un stress qui ne ferait que la paralyser. Parfois, ce type d'état lui était bénéfique, comme lorsqu'elle était au milieu d'un contrat à plusieurs zéros. Mais dans ce cas où elle n'attendait qu'une information qui ne la concernait même pas directement, elle pouvait facilement mettre de côtés ses doutes et continuer à sourire à ses clients. La journée se déroulait comme d'ordinaire, à l'heure du midi, Juliette s'absenta pour prendre un léger repas. Elle décida de sortir pour acheter quelque chose directement au port, car il s'agissait du jour de repos de sa gouvernante et ses talents de cuisinière avaient toujours été redoutables. Arrivée sur place, elle prit un petit poisson frit au premier pêcheur qui s'était installé pour vendre une partie de sa pêche du matin qu'il venait juste de cuisiner. À aucun moment, elle ne détourna les yeux pour apercevoir la mer. À peine son poisson entre les mains, elle lui tourna le dos et reprit sa marche dans les ruelles d'Acretis. Julietta mangea son repas sur la route du retour et s'attarda un peu. Elle avait encore une demi-heure devant elle avant de devoir retourner au magasin pour permettre à son employée de prendre sa pause déjeuner. Elle déambula par simple envie de se promener et de profiter des quelques rayons qui perçaient à travers le ciel couvert. Ne faisant pas attention à ce qui l'entourait, elle s'arrêta toutefois par réflexe devant le kiosque à journaux qui se trouvait au bout de sa rue. Elle prit la gazette de la ville et ne put s'empêcher d'afficher un sourire derrière le journal. À la page des faits divers, elle put lire un article intéressant.

La bande des rejetons d'Acretis arrêtée

Dans la soirée du 11 Talien 1250, la police a pu interpeller la bande d'enfants humains qui sévissait à Acretis depuis quelques mois. Trois enfants, âgés de 7, 10 et 11 ans ont été placés en cellules.

Tous n'ont pas été arrêtés, mais leur chef n'a pas eu cette chance et la police se montre optimiste quant à l'arrêt des troubles de cette petite bande organisée. Un avis de recherche a été lancé contre deux autres enfants de 8 et 10 ans. Ils sont parvenus à remonter jusqu'à eux grâce à une description détaillée du leader des enfants parvenant d'une source secrète. Ces enfants vont ainsi pouvoir être confrontés à la justice. La police nous a révélé qu'ils avaient suffisamment de preuves pour les inculper grâce à la découverte de leur repère. Une cabane dans les arbres.

Ce fait nous rappelle qu'il ne s'agit là que d'enfants. Leur cas appartient maintenant à la justice, mais il doit nous permettre de rester vigilant face à la pauvreté qui ronge notre magnifique port. Nous ne devrions pas accepter de laisser les nôtres aux bans de la société, encore moins les enfants.

Le vendeur qui la croisait plus d'une fois par semaine à son stand lui demanda si elle voulait l'acheter. Elle répondit sur un ton joyeux que oui, puis partit en direction de son magasin. Juliette savoura sa victoire le soir venu et raconta tout à Elsa lors de son retour. Elle lui raconta tout depuis le début, comment elle avait accepté d'aider monsieur Jenks en échange d'un service. Sa rencontre avec l'ancien marin. Pourquoi le pot de sucre s'était retrouvé à moitié vide et surtout, quel marché avait-elle passé avec le petit chef. Il lui avait fallu apporter une garantie pour qu'il la prenne au sérieux. Elle lui avait proposé d'arrêter d'extorquer son ami et en échange, elle lui donnait un autre genre d’opportunité. Elle lui avait fait croire qu'une de ses connaissances recherchaient des personnes sachant se faire discrètes pour transporter quelques marchandises précieuses à travers le port. Elsa l'interrompit et lui proposa du thé, elle déclina la proposition et continua pendant que la gouvernante se leva pour chauffer un peu d'eau. Après cela, Juliette avait retrouvé en milieu de soirée le petit chef qui était accompagné d'un de ses camarades. Elle lui avait donné rendez-vous au magasin de monsieur Vanlek. Elsa comprit tout de suite et la coupa. Effectivement, elle était allée prévenir Vanlek de la supercherie entre les deux rendez-vous pour qu'il puisse en informé son compagnon. Noé Vanlek tenait l'épicerie du quartier et il était surtout connu pour avoir de temps en temps un petit stock de produits exotiques du pays des Liares. Mais surtout, il était en ménage depuis plus de trois ans avec l'un des gardes de la milice. Juliette et Noé n'avaient eu qu'à remettre un paquet avec un étrange fruit au petit chef, qu'ils firent passer pour un produit alchimique instable et interdit. Cette tromperie n'avait pas besoin d'être très convaincante et ils doutaient peu qu'il s'y connaisse en alchimie, si tenté qu'il ouvrait la boîte pour examiner le soit disant colis précieux. Toute cette mise en scène n'avait été qu'un moyen pour Juliette de se décharger complètement de l'affaire et de la remettre aux mains de Noé et de son compagnon. Les deux acceptèrent de taire sa présence et elle put rentrer le soir tranquillement chez elle. Elle avait bien sûr gardé son couteau à l'intérieur de son manteau tout ce temps précisa-t-elle à Elsa pour la rassurer. Les deux jeunes femmes passèrent le reste de la soirée ensemble et racontèrent leur journée et leurs tracas.