(#) Sujet: Un Humain, un Liare et un Dragon (feat le Follet) Lun 11 Nov 2019 - 15:50
Un Humain, un Liare et un Dragon
La forêt des Mirlis est dense, riche en vie et souveraine, abritant et accueillant en son sein, créatures et voyageurs recherchant l'hospitalité des plantes et des arbres durant leur voyage. Elle vibre et bourdonne de vie, une tension presque palpable pour ceux qui savent écouter.
Abe peut entendre le murmure des feuilles, le chuchotement des fleurs et le craquement de l'écorce des arbres lorsqu'il ferme les yeux. Mais ce bourdonnement, il le ressent lorsque ses mains effleurent la surface rugueuse des arbres. Il est omniprésent, même dans les chablis recouverts de mousse et de champignons, sous ses pieds dans la terre et dans les molécules de l'air. Les plantes se parlent, se chuchotent des secrets, inaudibles pour le reste du monde sauf pour ceux qui savent tendre l'oreille. Abe les entend, c'est le même son qu'un bruissement de feuilles mais plus complexe, comme si des milliers de voix étaient piégées dans leur chlorophylle. Elles se font des compliments, s'échangent des informations et communiquent. Elles sont sensibles et étrangement avides de racontars. Même à cet instant, il les entend parler de lui, se demandant si c'est un ami ou un ennemi.
Mais Abe ne ferait jamais rien pour leur faire du mal et marche tranquillement entre les arbres, le son de ses pas écrasant les feuilles mortes sur son passage, se mêlant aux vibrations de la forêt. Son regard se tourne vers la cime des arbres, les rayons de soleil s'échappant de leur branchage, et se projetant comme des tâches de lumières sur sa barbe brune et sa peau hâlée. L'air est chaud et humide, un temps parfait pour se balader en forêt. Abe apprécie parfois se promener dans la forêt et ne s'arrêtant seulement pour les voyageurs perdus dans la forêt ou pour venir en aide à une partie de la forêt qui serait malade ou dans le besoin d'un gardien. Aujourd'hui tout semble calme et le murmure des plantes parait atténué, comme si elles savaient que ce jour serait reposant. Pourtant depuis la perte de l'Arbre de Vie, Abe pensait que la nature s'en retrouverait chamboulé pour un bout de temps et que les plantes parleraient de cet évènement chaque jour pour toutes les années à venir. Mais comme toute chose, la nature s'adapte et avance malgré les désastres, aussi horribles soient-ils.
Cela fait quelques heures qu'Abe marche et bien qu'étant un bon marcheur, les muscles de ses jambes commencent à le faire souffrir. Il s'en rend compte, la vieillesse commence à s'installer dans son corps et il sait qu'il est moins endurant qu'auparavant. Il fait plus de pauses lors de ses longues marches et quelques fils blancs commencent à s'immiscer dans les tresses de sa barbe.
"Je deviens vieux…" Pense-t-il avec la nostalgie des temps passés, sans néanmoins en éprouver de la tristesse.
Vieillir ne lui fait pas peur. C'est ainsi que va la vie.
Abe s'arrête et remarque un peu plus loin une clairière baignant dans la lumière, telle une île dans un océan de verdure. Il se demande si ce ne serait pas un bon endroit pour s'arrêter. L'homme barbu se fraye un passage à travers les buissons et après s'y être aventuré, décide de faire une courte pause en ce lieu.
Il pose son corps massif sur un chablis recouvert de mousse reposant presque en plein milieu de la clairière et soupire longuement en se massant le genoux. Il fait bon et un filet de vent se déverse sur l'herbe et sur sa peau. Autour de lui, les arbres font comme un cercle protecteur , entourant la clairière de leurs troncs comme les barreaux d'une cage. Abe lève la tête et remarque le ciel bleu immaculé, permettant au soleil de l'inonder de lumière. Ses yeux se plissent sous la puissance de l'orbe et il sourit, se sentant parcouru d'une douce chaleur. Il se sent bien.
Il sort quelques baies de sa poche qu'il avait trouvé en chemin et les mange une par une en attendant que ses jambes retrouvent leur vigueur. Son regard est attiré par quelque chose sur sa droite et en tournant la tête, Abe découvre la présence d'un petit rongeur posé sur le même tronc que lui et le fixant de ses yeux noirs absolus. Le Géant l'observe un instant et le mulot renifle dans sa direction, son petit museau frémissant en direction de sa main tenant les baies.
"Serais-tu attiré par mon repas, petit frère?" murmure-t-il de sa voix grave et profonde en glissant lentement sa main dans la direction de l'animal, "Souhaites-tu le partager avec moi?"
Abe ne peut pas parler aux animaux comme aux plantes mais apprécie leur compagnie. Ils ne le comprennent pas et lui ne les entend pas mais il espère leur faire comprendre qu'il n'est qu'un ami. Il pose sa main sur le bois rugueux comme une coupelle et attend, le rongeur reniflant sa main et s'approchant doucement.
Au moment ou l'animal allait s'emparer d'une baie bien juteuse, il est soudain prit d'un soubresaut et son regard se fige avant de se tourner vers le ciel. Il pousse un petit cri et comme prit d'une frayeur soudaine, il saute du tronc pour se cacher parmi les buissons, oubliant les baies qui semblaient lui faire tant envie.
Abe hausse un sourcil broussailleux et le regarde partir avec étonnement.
"Je n'ai pourtant pas fait de geste brusque…" dit-il pensivement.
D'un seul coup, le vent semble se lever et les murmures de la forêt s'amplifient pour créer un concert de chuchotements où quelques notes de panique se mêlent. Abe sent les plantes vibrer autour de lui, comme pour l'avertir de quelque chose. Il tend l'oreille et malgré la multiplicité des messages, il entend quelques mots se répéter.
"Là-haut…Là-Haut…Les fils du brasier…."
Abe lève la tête, sentant l'ombre d'un nuage cacher les rayons du soleil. Ses yeux s'habituent à la lumière éclatantes et il remarque que ce qui cache le soleil n'est pas un nuage. La forme est différente, avec des ailes immenses et un corps aux formes reptiliennes.
"Un…Dragon?" souffle Abe alors qu'un nouveau coup de vent fait frémir sa barbe.
Il entend une voix familière s'élever au loin, comme emportée par le vent. Il lui semble voir quelqu'un sur ce dragon.
(#) Sujet: Re: Un Humain, un Liare et un Dragon (feat le Follet) Dim 17 Nov 2019 - 19:26
Le Follet était assis sur la branche d'un arbre, observant les feuilles mortes qui tombaient mollement devant lui. Il grignotait tranquillement un morceau de viande séché, se complaisant dans la hauteur que sa position lui donnait, sans même se préoccuper de la fragilité de la branche qui le soutenait et grinçait dangereusement à chaque mastication. Ladh n'avait pas choisi le plus rigide des épicéas pour s'y asseoir, mais bien le plus haut. En levant la main, il avait presque l'impression de pouvoir toucher le ciel, et en tendant ses doigts, il pouvait s'imaginer le couvert de la forêt comme le pelage épais d'un animal énorme, endormi depuis des milliers d'années. Bien sûr, cela n'était rien face à la sensation indescriptible de s'envoler sur Onyx et de cotoyer le ciel, pour de vrai cette fois. Et maintenant que cette pensée avait fusé, Ladh commençait à éprouver la frustration caractéristique de l'ennui qui l'assaillait si souvent.
Il grogna en avalant la dernière bouchée de sa viande, et d'un geste leste il se mit debout sur la branche. Cette dernière gémit sous son poids et ploya l'échine , faisant glisser le Liare qui osait la piétiner. Sans s'en formaliser, le Follet utilisa cet élan pour se propulser sur la branche sous-jaccente à laquelle il se retint par le bras, s'éraflant les doigts sans s'en soucier. Un sourire malicieux éclaira son visage dément, et avec un gloussement il continua ce petit manège et se laissa glisser de branches en branches comme un petit singe suicidaire.
Lorsqu'il arriva à la dernière branche, ses mains ratèrent leur appui et le Liare ne se retint que par ses jambes, se retrouvant la tête à l'envers et le corps à moitié suspendu dans les airs, en dessous de la branche. Ses cheveux dégringolèrent sur son visage, le lien qui les entravait étant devenu obsolète par ces petites acrobaties.
A travers ce rideau noir et blanc, le Follet devina alors le regard goguenard d'un immense dragon noir qui le toisait de ses six yeux rouges.
-On décolle ?s'exclama alors nonchalamment le jeune Liare, comme si la situation était la plus banale possible.
Le melhog était avachi aux pieds de l'arbre, à moitié sur le côté et à moitié allongé, une carcasse de daim éventrée près de sa tête. Sa paresseuse position n'avait absolument rien de ce que l'on pourrait attendre du repos d'un dragon, mais il était évident qu'Onyx ignorait les propres conventions de son peuple. Il bailla avec indifférence, dévoilant une menaçante rangée de crocs acérés, puis renâcla avec force.
"C'est pas trop tôt. J'ai failli t'abandonner, petit Liare."
Sa voix mentale puissante ne perturba nullement l'attitude du Follet qui ricana. Il se laissa tomber au sol avec agilité, se rattrapant d'abord sur ses mains puis sur ses jambes, et d'un bond il sauta sur le dos du grand dragon noir. Ses jambes étaient endurcies à force de voler sur une énorme bête aux écailles épaisses et rugueuses, mais cela continuait à l'irriter - même si, la plupart du temps, Ladh était trop occupé par les sensations du vol pour s'en préoccuper.
Onyx s'était redressé, sa longue queue frappant l'arbre qui l'avait protégé de son ombre, ce qui projeta de minces copeaux de bois tout autour de la zone. Il rejoignit la clairière où se devinait les traces informes de son atterrissage, et en quelques puissants mouvements d'ailes, il rejoignit le ciel.
Ladh poussa un cri d'excitation. Il aimait quand le vent venait le gifler d'un vigoureux revers de brise, quand la liberté venait crier à son oreille et l'assourdir à moitié.
Il savait qu'Onyx partageait cet avis.
La silhouette massive du dragon rasa la cime des arbres qui se penchèrent pour éviter son assaut. Quelques battements d'ailes, et Onyx était déjà plusieurs mètres au dessus de la forêt. Ladh se mit à rire sans raison, avant que la voix de son dragon ne retentisse dans sa tête.
"Je vois le Rabat-joie. Pile à l'heure."
Sans se préoccuper de sa propre sécurité, Ladh se pencha, mais il n'avait pas une aussi bonne vue qu'un melhog. Le dragon se mit à tournoyer autour de la zone, immense oiseau de proie au dessus d'une minuscule forêt, et lorsqu'il rugit furieusement pour alerter le monde de sa présence, le Follet le rejoignit dans son cri.
Puis il sauta de l'encolure de sa monture.
Le vent siffla à ses oreilles tandis qu'il chutait dans le vide pendant quelques secondes. Puis les arbres le reçurent dans un grand craquement, son dos heurtant violemment une branche fine qui se brisa sous le choc. Sans même considérer la douleur, Ladh attrapa de justesse une branche et ralentit sa chute à travers les différents arbres, reproduisant ses figures acrobatiques de tantôt. Onyx continua de tournoyer au dessus de lui avant de s'éloigner en quelques battements d'ailes.
Lorsque le Follet atteignit enfin le sol, de grandes zébrures ensanglantées rayaient ses bras et son visage, tandis que de petites feuilles et minces branchilles pimentaient sa chevelure. Il avait réussi l'exploit d'atterrir juste en face de l'homme qu'il attendait : l'Ours, cet immense humain aussi barbu qu'il était barbant, mais aussi fort qu'il était sympathique.
-L'OURS ! gueula Ladh en s'inclinant en un simulacre de révérence. Je te cherchais justement !
Un mince filet de sang glissa de sa joue vers son menton, et le Liare la lécha avait un sourire carnassier.
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(#) Sujet: Re: Un Humain, un Liare et un Dragon (feat le Follet) Lun 25 Nov 2019 - 17:19
Un Humain, un Liare et un Dragon
Un cri débordant d'une énergie folle retentit dans les airs, presque emporté par le vent. Le cri du dragon était phénoménal, mais un autre cri plus strident se mêla au sien, comme pour partager ce moment. Abe sut immédiatement qui produisait ce cri et ne pût s'empêcher de sourire avec tendresse.
Visiblement, où qu'il aille ce Liare savait où le trouver.
Mais son sourire s'effaça bien vite lorsqu'il constata une forme apparaître comme une tache de vin dans le ciel immaculé tandis que le dragon tournoyait encore.
Le Gardien se leva d'un bond, les yeux écarquillés.
"Le fou, il a sauté!" s'exclama-t-il en perdant son habituel calme olympien.
La forme se rapprochait de lui à une vitesse dangereuse, ne faisant que croître l'anxiété du Géant qui réfléchissait à toute allure. Il n'y avait pas assez de branches pour stopper sa chute, s'il continuait ainsi il allait s'écraser comme un fruit trop mûr au pied d'un arbre. Et même un Liare de sa trempe ne pourrait en sortir indemne. Il devait agir vite.
Abe se tourna vers l'arbre qui se trouvait le plus proche de lui, haut et imposant, et pressa sa paume calleuse contre son écorce. Son regard passa du Liare qui était désormais si près qu'il pouvait distinguer l'expression béate sur son visage, à l'arbre avant de fermer les yeux. Sa vérité afflua jusqu'au bout de ses doigts, comme des lianes chaudes s'enroulant autour de ses muscles et de sa peau.
"Arbre, mon ami, je t'en prie déploie tes branches vers le ciel pour l'arrêter." murmura-t-il alors que les branches s'étiraient et grossissaient sur l'arbre avec un grincement d'écorce.
Elles s'épaissirent et grandirent, des feuilles palpitant à leurs extrémités, et s'arrêtèrent sous l'ombre du dément qui les recouvrit en un instant. Il y eut un grand fracas de bois éclatant retentit et des copeaux fusèrent dans l'air tant et si bien qu'Abe dû se couvrir le visage pour se protéger. Des oiseaux s'envolèrent en panique et la forêt sembla se taire, comme surprise par ce bruit assourdissant. Abe eut le cœur serré en sentant des feuilles et des morceaux de branches lui tomber dessus, pensant à la souffrance de l'arbre qui l'avait aidé.
Des grincements suivirent le craquement comme si un poids faisait ployer les branches puis Abe entendit le corps svelte du Liare atterrir sur ses pieds devant lui dans l'herbe humide et il ouvrit les yeux.
"L'Ours!" s'écria le Liare en performant une imitation grotesque d'une révérence, "Je te cherchais justement!"
Le regard du Géant se posa sur les blessures ensanglantées du jeune Liare avec désarroi. Il saignait de partout, le bois et les feuilles ayant tranchés sa peau comme une lame. Une feuille plana dans son champ de vision et il releva la tête. Il fronça ses sourcils broussailleux en voyant le trou béant au milieu des branches cassées qui laissait passer la lumière du soleil comme au fond d'un puit. Quelques débris tourbillonnaient encore en son centre et Abe soupira, abaissant sa tête pour fixer son ami.
"Mealladh…" marmonna-t-il, le nom du Liare roulant dans sa gorge, "Même si tu étais pressé de me voir, une telle chute aurait pu te tuer. Ton dragon aurait très bien pu t'amener au sol tout en sécurité."
Il ponctua sa phrase d'un hochement de tête comme pour valider son propre argument.
(#) Sujet: Re: Un Humain, un Liare et un Dragon (feat le Follet) Dim 8 Déc 2019 - 21:39
L'Ours était égal à lui-même, toujours aussi géant, barbu, réprobateur et soucieux. Quand il leva la tête pour observer le ciel, le Follet fit de même sans trop savoir pourquoi. Un véritable puits de lumière s'ouvrait au dessus de leurs têtes, formé par les branches des arbres solitaires de la clairière dans laquelle l'humain s'était réfugié. Ladh eut un petit rire indolent en songeant que s'il avait chuté quelques centimètres plus à gauche, il se serait sûrement fracassé le crâne contre le sol. Quel manque de chance cela aurait été !
-Mealladh…gronda l'Ancien. Même si tu étais pressé de me voir, une telle chute aurait pu te tuer. Ton dragon aurait très bien pu t'amener au sol tout en sécurité.
Le Follet haussa nonchalamment les épaules, un sourire malicieux éclairant son visage ensanglanté.
-Je ne suis pas mort, à ce que je sache ! s'amusa-t-il avec témérité. Et Onyx avait à faire, de toute façon.
Que pouvait donc avoir à faire un dragon noir dément à part chasser et piétiner des villages ? Ladh n'en avait aucune idée, il était plutôt convaincu qu'Onyx préférait éviter la présence de l'Ours, trop moralisateur pour être à son goût - littéralement et figurativement.
Son sourire s'agrandit et il s'approcha d'un pas rapide vers le géant pour lui donner une claque amicale dans le dos - ce qu'il regretta immédiatement, il avait l'impression d'avoir frappé une dalle de pierre. Comment un humain pouvait-il être plus imposant et solide qu'un tronc d'arbre ? Une seule explication : il n'était pas humain. Le Follet plissa les yeux, et pendant quelques instant son regard se fit plus ardent, plus sournois. Son sourire s'agrandit et il s'exclama :
-Mais peu importe ! Je suis content de te voir. Y'a un village, pas loin, tu veux qu'on aille boire un coup ? Ou juste emmerder les villageois, cela pourrait être amusant !
Il gloussa avec nonchalance, enchanté à cette innocente perspective. Rien qu'à resster immobile face à l'Ours, il s'ennuyait. Un peu d'action, par Simius !
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(#) Sujet: Re: Un Humain, un Liare et un Dragon (feat le Follet)