« Darga, aurais-tu la gentillesse de t’occuper de ce cher client ? »
Aujourd’hui était une journée particulièrement fructueuse pour le Bazar de Zylris. Le jeune marchand, ainsi que ses trois assistants étaient débordés, mais Zylris ne pouvait pas être plus ravi. Les clients affluaient et les ventes s’enchaînaient pour le plus grand bonheur du propriétaire. Il ne pouvait s’empêcher d’étirer un large sourire, dévoilant la totalité de ses dents incroyablement blanches.
Mais une journée si parfaite ne pouvait pas se passer sans quelques petits aléas. C’est pourquoi Zylris dut abandonner un client pour vérifier la pancarte sur la façade de sa boutique. Willas, un de ses employés, lui avait annoncé que celle-ci s’était à moitié décrochée à cause d’un léger coup de vent. La tempête de la semaine dernière avait dut affaiblir les fixations, et il fallait à tout prit remettre l’enseigne en place avant qu’elle ne tombe sur quelqu’un. Malgré ce léger problème, la bonne humeur du jeune marchand n’avait pas disparu, et il se dirigea rapidement vers la sortie de sa boutique pour y remédier en vitesse.
Darga, son assistante chargée des livraisons, ne semblait pas très affectée par cette belle journée. Comme à son habitude, elle gardait son air austère et peu accueillant. Il faut dire qu’elle était assez atypique pour le Bazar de Zylris. C’était une femme plutôt hautaine, approchant la quarantaine, qui replaçait toujours ses petites lunettes rondes sur l’arête de son nez, lui donnant un air encore plus sérieux. Ses cheveux noirs, tirés en arrière par un chignon, contrastaient avec sa peau blanche comme la neige, et ses longs doigts fins tenaient toujours un petit carnet de note répertoriant toutes les marchandises disponibles de la boutique. Néanmoins, c’était une bonne travailleuse qui semblaient partager les mêmes ambitions que son patron. Beaucoup se demandaient comment Zylris, homme joviale et extravagant, avait pu embaucher une femme si ascétique et peu amicale.
« Bien. Monsieur, suivez-moi. » répondit Darga en soupirant, lassée de se faire interrompre dans son décompte de potion.
Le jeune marchand, quand à lui, faisait face à l’enseigne de son magasin, définitivement de travers. Si l’on tournait la tête pour lire à l’endroit, on pouvait voir l’inscription « Au Bazar de Zylris » écrit en violet, couleur principale de la boutique. Il ferma les yeux une seconde pour se concentrer, les rouvrit, puis leva sa main droite en direction de la pancarte. Soudain, une aura violette apparue autour de l’enseigne, qui se mit à léviter dans les airs. Grâce à sa télékinésie, Zylris prit le contrôle de l’objet et le remit à l’endroit en quelques secondes. Le halo violet disparu alors qu’il posa sa main sur sa taille, fier de son action. Il lui faudrait demander à Willas de remettre des clous, mais cela ferait l’affaire pour le moment.
Avant de retourner travailler, il se tint un instant devant sa précieuse boutique, observant l’oeuvre de sa vie. Le bâtiment n’était ni trop grand, ni trop petit. La façade en pierre s’étendait sur deux étages, couronnée par un toit en tuile bleu. Les murs étaient fait d’une pierre légèrement rosée, le tout orné de rubans violets au dessus des fenêtres. Étrangement, il n’y avait pas de porte d’entrée, mais plusieurs tissus violets derrière un rideau de fils dorés. C’était en somme un bâtiment qui ne passait pas inaperçu.
Après sa courte contemplation, il rentra dans l’établissement, poussant les fins rideaux pour pénétrer dans la boutique. Immédiatement, il sentit une forte odeur de lavande qu’il respira à plein poumon. Bien que la plupart des gens seraient écœuré par cette senteur surprenante, Zylris, lui, raffolait de ce parfum et en imbibait les murs de sa boutique.
Il était toujours impressionné par la façon dont l’intérieur de son magasin paraissait bien plus grand que l’extérieur. Le premier étage du Bazar était essentiellement constitué d’une large pièce assez haute de plafond, le sol étant recouvert à quatre-vingt pour cent d’un grande tapis qui rappelait les couleurs de la façade. Les murs étaient jonchés d’étagères de haut en bas. Certaines étaient remplies de potions, d’autres de livres, d’autres encore de vêtements et de babioles en tous genre. Outre son côté original, la diversité des marchandises était ce qui attirait les clients dans la boutique. À droite de l’entrée se trouvait comptoir sur lequel était disposé divers papier et plumes, ainsi qu’une petite sonnette pour appeler quelqu’un à la caisse. Au fond de la salle ; un escalier qui menait au deuxième étage. Celui-ci n'était également constitué que d'une seule pièce, un peu plus petit que la salle du bas, dans laquelle il y avait souvent moins de monde qu'au rez-de-chaussé. Là-bas, aucune étagère, mais plusieurs socles et commodes sur lesquelles étaient entreposées, sous verre, des armes magiques.
« Ah… soupira Zylris. C’est une journée faite pour de bonnes affaires. »
Sur ces mots, il se remit derrière la caisse et parcouru la paperasse qui lui restait à finir.