(#) Sujet: Difficile réveil et mémoire fuyante Ven 6 Avr 2018 - 21:52
Difficile réveil et mémoire fuyante
Le 8 Talien 1243
Un rai de soleil tombe directement sur mes yeux, et arrive à percer toutes les épaisseurs de sommeil comateux qui me retiennent prisonnier. Je commence par émettre un grognement en tirant la couverture devant mon visage, et tente de retomber dans l'inconscience. Quelque chose me tire vers l'état d'éveil, un sentiment d'inconfort que je n'arrive pas encore à définir. Peut-être est-ce seulement ma tête qui menace de s'ouvrir en deux, mais cette sensation ne m'est pourtant pas étrangère. J'entrouvre un oeil, et je ne reconnais pas le drap qui le recouvre, peut-être l'auberge a-t-elle changé la literie hier, je n'avais pas remarqué. Mon estomac proteste lui aussi, mais là encore rien de neuf sous le soleil. Ah ce soleil, qui malgré les épaisseurs continue de m’éblouir. La nausée me prend, et je me redresse soudainement.
Les paupières mi-closes, de voir ce qui m'entoure. La chambre est spacieuse, lumineuse, son mobilier riche et élégant. Rien à voir avec celle que je loue depuis quelques jours, ou alors ma mémoire me joue de sacrés tours. Je n'ose pas encore regarder par la fenêtre, la lumière est bien trop forte et j'ai suffisamment mal au crâne comme cela. Sous moi, le matelas remue légèrement. Je regarde à ma gauche, et vois une touffe de cheveux blancs sur l'oreiller. Oh la la. Pourquoi n'ai-je aucun souvenir de cela, moi ? J'essaie d'invoquer des images d'hier, mais aucune ne me revient. L'inconnu dort encore, lourd comme une bûche.
Je m'assoie au bord du lit, préférant opérer par étapes pour me lever – je ne fais pas confiance à mon estomac. Je sens quelque chose sur mes jambes et tâte ma cuisse. Cocasse. Il semblerait que je porte un pantalon, quelque chose ne tourne pas rond. J'ouvre un oeil. Il n'est pas à moi, ce pantalon. Je ne sais pas encore si cela éclaircit ou épaissit le mystère. Qu'est-ce qui a bien pu se passer cette nuit ? Une intuition me prend et je soulève discrètement un coin de la couverture, mais non: il apparaît que le dormeur porte lui aussi un pantalon, mais qui n'est pas le mien non plus. Où a bien pu passer ce satané bout de tissu ? Je me contente pour l'instant de celui que j'ai sur moi et fait une rapide revue de la pièce. Des vêtements d'intérieur comme d'extérieur sont éparpillés par terre, trop pour seulement deux personnes, et certains paraissent appartenir à une femme. Les draps sont froissés mais visiblement propres de la veille, le dessus de lit et les couvertures sont en tas informe au pied du lit. Les quelques meubles sont dignes de la noblesse Parlèms, je suis pourtant persuadé que je ne suis pas rentré à Arnlo sans m'en rendre compte. Une chaise est renversée devant l'armoire entrouverte. L'étui de mon luth gît vide sur un fauteuil, l'instrument visible nulle part. Oh la la. J'entends déjà les reproches de mon noble paternel, si je l'ai perdu.
Mon cerveau englué dans la gueule de bois a du mal à donner une signification logique à tout ce que je vois, le mystère le grand restant le devenir de mon pantalon. Je décide que l'énigme n'est pas assez intéressante pour qu'elle vaille le coup d'être résolue le ventre retourné. Ma nausée ne me donne pas envie de manger, mais je sais d'expérience que cela sera le meilleur moyen pour me sentir mieux. Je ne prends pas la peine de chercher de quoi m'habiller plus décemment, et me dirige vers la sortie à la recherche d'une salle à manger. À peine ai-je touché la poignée de la porte qu'elle s'ouvre sur une jeune femme, qui me juge de la tête aux pieds.
lumos maxima
Dernière édition par Rhys Songsteel le Lun 16 Avr 2018 - 17:11, édité 1 fois
Ombre
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(#) Sujet: Re: Difficile réveil et mémoire fuyante Dim 15 Avr 2018 - 11:28
Mersine Holton
Il savait, pourtant, que la terre ferme ça ne lui réussissait pas. La migraine qui prenait sa tête en étau en était un rappel humiliant. Jamais le rhum resté dans la cale de la Horla ne lui aurait joué un sale coup comme ça ! Putain de Ténébreux, c'était sa faute s'il avait du venir jusque là pour refourguer la cargaison de ses dernières rapines à des Parlèms peu regardant... C'était où, d'ailleurs, « là » ? Il ne se souvenait plus très bien. Mauvais signe.
Au moins, les draps étaient doux et ils sentaient bon la lessive. Il n'avait pas fini sur une paillasse infestée de poux, ce qui était sans doute une bonne chose. A moins que... Merde, pourvu qu'il n'ait pas voulu se la jouer grand prince avec son butin nouvellement acquis ! Inquiet pour ses finances, le pirate fit l'effort surhumain d'ouvrir les yeux. En tout cas, le parquet était aussi bien ciré que la literie était propre. Le grand luxe.
Il roula d'abord sur le dos, profitant de toute l'étonnante largeur du matelas, puis il se redressa sur les coudes. Juste assez pour avoir une vision panoramique de la chambre dans laquelle il avait atterri. La scène qui se déploya devant ses yeux confirma qu'il y aurait du boulot pour reconstituer les événement de la veille : les meubles étaient d'un luxe bien au dessus de ses moyens,et un gamin qu'il ne connaissait pas, à moitié nu en plus, faisait face à une Liara d'humeur... orageuse. Cette dernière se tenait dans l'encadrement de la porte, un plateau de nourriture dans les mains. L'odeur suffit à rappeler à Mersine ses excès de la veille.
« Bien dormi, capitaine ? »
Décidément, il ne connaissait personne qui surpasse cette femme quand il s'agissait de mettre toute l'ironie possible dans ce titre. Le capitaine en question ne savait pas trop si ce mépris de la hiérarchie lui plaisait ou s'il l'agaçait, et cette hésitation était peut-être liée aux pensées scabreuses qui encombraient trop souvent son esprit en sa présence.
« Ch'ais pas, j'espère que non, fit-il d'un ton plein de sous entendus. Et pose donc ce plateau loin de mes naseaux, je sais pas toi, mais moi la chaleur de ta voix dans le cœur me suffit au réveil. Avec des mots doux pareils, pas besoin de café... »
La jeune femme leva les yeux au ciel, contourna le garçon et posa son plateau sur un meuble dégagé. En parlant du garçon... Il portait le pantalon de Mersine ! Une nouvelle énigme, mais au moins celle là ne mettait pas en danger son porte-monnaie. Le capitaine n'était guère regardant sur le genre de ses conquêtes d'un soir, surtout quand il était loin de la tour sombre, mais une chose était sûre : il ne les payait jamais.
Regarde en toi, se dit le pirate, fouille dans ta mémoire. Tu dois bien avoir quelques souvenirs de ce qu'il s'est passé hier...
Comme rien ne lui venait, et qu'après vérification, le pantalon qu'il portait lui était inconnu, il lança à l'inconnu :
« Hey... Machin. Petit. Bref, je sais plus ton nom. Tu te souviens si on a baisé hier soir ? »
C'était encore la façon la plus simple d'être fixé. Il n'avait pas le courage de se creusé d'avantage la tête, pas avec son cerveau encore embrumé de l'alcool de la veille !
La jeune femme n'a pas l'air aimable, mais elle porte un plateau de nourriture qui, si mon estomac n'avait pas été si sensible, aurait été particulièrement appétissant. Je ne sais pas où elle l'a trouvé, d'autant que je ne sais même pas où nous sommes. Cependant, comme elle apporte ce que j'étais parti pour rechercher, je m'écarte pour lui faciliter le passage – elle est de toute évidence déterminée à entrer, que je sois là ou non. Je ne sais pas si elle est une des domestiques de la maison – je doute que l'on soit dans une auberge de luxe, la chambre est bien trop élégante – elle n'en a pas l'air, mais qui d'autre nous apporterait de la nourriture ainsi ?
Elle s'adresse directement à l'inconnu qui se trouve encore dans le lit, qui d'ailleurs sert lui aussi éveillé et qui n'a pas meilleure mine que moi. La jeune femme est trop effrayante pour que j'ose ne serait-ce que me demander si elle paraît fatiguée ou non. Attend un instant, elle l'a appelé “capitaine” ? Un militaire ? Avec son allure dépenaillée et ses cheveux en bataille, il n'en a certainement pas l'air ! J'ai du mal à y croire. L'idée qu'il soit marin ne m’effleure pas l'esprit, à moins que nous ayons parcouru plusieurs centaines de kilomètres dans la nuit nous sommes bien loin de la mer…
Pourtant, ils se connaissent clairement. J’ai vraiment dû manquer quelque chose hier soir… J'essaie de reconstituer les événements qui m'ont conduit ici, mais j'ai beau me creuser la cervelle, rien ne me vient. Je m’adosse au meuble sur lequel elle a posé son plateau et me sers une tasse de thé fumant en les regardant interagir. Je trempe un morceau de brioche dans le petit pot de crème qui agrémente le petit déjeuner, avec l'impression d'assister à un spectacle comme on les fait parfois à Arnlo. Je vois bien la manière dont il la regarde, même si cela n'a pas l'air réciproque. “Oh toi, il aimerait caresser ton visage quand tu t'endors, pour ne pas dire…” Je fais une petite moue : encore un qui va être terrorisé d'avoir ainsi partagé son lit. Je crois que c'est pour cela que je suis surpris par sa question qui, bien que crue, a le mérite d'être franche. Malheureusement je ne pense pas avoir une réponse précise à lui apporter, étant donné que je n'ai moi même pas de souvenir de la veille et encore moins de la nuit.
“Hmm, à vrai dire je ne sais pas non plus mais…” Je le détaille des pieds à la tête. “je ne suis pas sûr que cela me dérangerait tant que ça. Enfin…”
J’ose à peine jeter un coup d'œil à la jeune femme lorsque j'hésite à poursuivre ma phrase. Je ne pense pas que mon avis sur la question de leur relation soit le bienvenu vue la situation et son regard me dit que je risque de perdre une partie précieuse de mon anatomie si j'en dit trop. Je préfère également ne pas penser aux vêtements féminins parsemés au sol qui de toute évidence n’appartiennent ni à l’un ni à l’autre. Je ne fais pas non plus de réflexion sur sa manière de me prendre pour un enfant. Je n'en ai pas la force et étant donné son âge apparent il n'a probablement pas tort. Je passe pour l’instant sur le total manque du respect qu’il me doit certainement, étant donné que je ne me souviens plus du tout de qui il est.
Ma brioche est finie, je sirote mon thé et je sens mon estomac qui s’apaise petit à petit. La migraine, elle, est toujours bien présente et risque de me suivre toute la journée. Je me sens tout de même plus en forme et surtout plus en capacité de chercher ce qui a bien pu se produire hier et cette nuit. Je sens déjà que cela va être un travail long et minutieux, d’autant que je ne peux apparemment pas compter sur mon compagnon inopiné. Je me redresse.
“Bien. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour ma part, je m’exaspère de ne pas me souvenir de la nuit passée. De quoi vous rappelez-vous, exactement ?”
Ombre
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(#) Sujet: Re: Difficile réveil et mémoire fuyante Sam 4 Aoû 2018 - 17:24
Mersine Holton
Mersine regarda, incrédule, le gamin inconnu se servir une tasse de thé et avaler un morceau de brioche comme si de rien n'était. Incroyable... Non seulement il avait l'air frais comme une rose alors que l'estomac du pirate était toujours en pleine mutinerie, mais en plus il se comportait comme s'il était chez lui au milieu de tout ce luxe. Vraiment, la jeunesse... Rien ne les impressionnait
Au moins, sa réponse l'amusa et un sourire matois naquit sur les lèvres de Mersine. Il n'avait vraiment pas froid aux yeux, celui là ! Ceci dit, le capitaine n'avait vraiment pas la tête au sexe malgré ce qu'il s'était amusé à répondre à Liara. Il ne pousserait donc pas le jeu plus loin, en tout cas pas tout de suite.
« Ecoute, j'ai plus la fougue de les vingt ans moi, alors on en reparle après que j'ai pris un café... Une pleine soupière, de préférence. »
Il tenta bien de capter l'attention de sa seconde pour la convaincre de lui apporter la dite boisson au lit pour lui éviter de se lever, mais elle se passionna soudain pour la vue que la grande fenêtre offrait sur un charmant parc arboré. Bah, il n'était pas encore une vieillard impotent, il n'allait quand même pas se mettre à réclamer d'être traité comme tel. Le changement de position réveilla sa migraine et lui arracha quand même un grognement.
Malgré tout, il devait bien admettre que le plateau de petit déjeuner avait de la gueule. Des fruits frais et brillants, la brioche la plus moelleuse qu'il ait jamais vu, des tas de bidules à tartiner qu'il ne connaissait pas... Et le café sentait divinement bon. Il s'en servi une grande tasse et il s'autorisa même à y ajouter un sucre. Où est-ce que Liara avait trouvé tout ça... D'ailleurs, le gamin semblait partager ses interrogations.
« Si on est dans une auberge, j'espère que t'as des grands ancêtre Parlèms qui t'ont laissé un héritage, parce que moi je suis fauché... »
Liara, qui était la seule à avoir visiter le bâtiment au delà de la chambre (ou en tout cas à s'en souvenir), intervint :
« Ce n'est pas une auberge. Je pense que c'est la maison d'un riche marchand, mais je n'ai croisé personne à interroger. Même pas un domestique. Je n'ai pas pris le temps de fouiller, mais je crois bien que nous sommes seuls ici. »
Moyen subtil de lui dire que l'équipage n'était pas là. En même temps, dans le cas contraire, la baraque aurait sans doute été plus agitée... Le mystère s'épaississait, et la mémoire de Mersine était toujours aux fraises. Le môme avait l'air à l'aise dans cet environnement, ça aurait pu être chez lui, mais il semblait sincèrement ne pas connaître l'endroit. Le pirate avala une grande gorgée de café brûlant pour donner du carburant à son cerveau, puis il commença à résumer la situation :
« Donc, on a squatté chez quelqu'un, mais on sait pas chez qui. T'es sûr qu'on a pas squatté chez quelqu'un de ta connaissance, petit ? Tu reconnais pas ? Parce que je veux bien qu'on ait pu tomber sur un manoir abandonné dans la campagne, ça arrive. Mais avec un garde manger plein et de draps propres ? C'est louche... »
Il eut un petit rire inquiétant :
« On dirait presque le début d'une de ces histoires de maisons hantées... »
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(#) Sujet: Re: Difficile réveil et mémoire fuyante