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A la croisée des mondes

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Ivinea Loryed

Ivinea Loryed

Chasseuse

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Message(#) Sujet: A la croisée des mondes A la croisée des mondes Icon_minitimeSam 23 Sep 2017 - 22:41

Première partie : Les raisons du départ

Le 14 Kahl 1248, quelque part dans la Vallée des Ames, au Sud de Mainstock.
 
Tous les Kasharet le sentaient, quelque chose ne tournait pas rond chez Ivinea. Même les petits malins qui profiteraient en temps normal de cette occasion pour insinuer que pas grand-chose ne tournait rond dans la tête de leur chasseresse s’accordaient pour dire qu’elle n’était pas dans son état normal. Cela faisait quelques mois que ça avait commencé, mais la situation ne semblait pas aller en s’arrangeant. La liare, en temps normal digne de son surnom de moulin à parole semblait à présent bien silencieuse, comme plongée dans des pensées qu’aucun liare sain d’esprit ne souhaitait imaginer. De plus en plus elle quittait le campement pour des traques de plusieurs jours, s’isolant dans la Vallée de façon presque suicidaire. Et quand elle restait au camp, elle se contentait de s’allonger près du feu en dessinant des plantes et des animaux de la Vallée sur des parchemins qu’elle avait récupérés lors de son séjour à Mainstock. Non, décidemment, quelque chose semblait avoir changé leur pipelette.
 
De son côté, Ivinea ne se rendait même pas compte que son comportement était si différent ou encore qu’il inquiétait ses proches. Elle était perdue dans ses pensées et dans un combat perdu d’avance contre elle-même. Elle avait toujours eu soif de découvertes. C’est pour cette même raison qu’elle connaissait aussi bien la Vallée des âmes, ses dangers et ses merveilles. Elle y avait grandi, joué et failli mourir plusieurs fois en vingt-deux ans. Et c’est cette même curiosité qui l’avait poussée à des escapades toujours plus longues, jusqu’au glacial Mont Torgern. Une envie de découvrir un autre monde, une autre vie. Et à chaque fois, elle se retrouvait face à son ignorance. Et ça lui faisait mal.
 
Ce n’était pas qu’elle avait envie de savoir. C’est qu’elle avait besoin de savoir. C’en était presque une malédiction. Un vieil ermite lui avait dit un jour que Simius était également la Déesse du savoir, mais que cette facette de l’Enflammée s’était perdue au cours des siècles. Mais alors pourquoi, comment les liares pouvaient-ils vivre satisfaits de leur vie qui toujours se répétait sans plus de changement que les nouvelles de la ville ou des autres clans apportés par les messagers ou les marchands de passage ?
 
La situation avait empiré avec la rencontre d’Ysenbal, puis d’Aaron, cet étrange humain venu se perdre dans le pays des âmes en pleurs. Sa curiosité, son envie d’en apprendre plus n’avait fait que la mettre devant l’évidence. Le monde était bien plus vaste que ce qu’elle pouvait bien imaginer. Beaucoup plus grand que la Vallée, plus grand que l’ensemble des Terres du feu, même. Avec beaucoup d’autre gens, d’autres êtres, d’autres lieux… A quoi songeait-elle alors, pendant ses longues heures durant lesquelles elle regardait la course du soleil ?
 
Elle tentait d’imaginer le monde avec les quelques bribes d’information qu’elle obtenait des rares étrangers qui passaient dans le camp. Mais ce n’était pas suffisant. Une partie d’elle lui criait de prendre ses affaires et de partir voir d’elle-même.  Et l’autre fronçait les sourcils et lui énumérait les raisons pour lesquelles elle devait rester au Clan, dans la Vallée des âmes.
 
Tu es la meilleure chasseresse du Clan ! Oui, mais pas la seule. Les Kasharet se débrouillaient bien avant que je ne prenne cette place, ils y arriveront sans moi.
Le Clan doit se défendre contre les attaques des gardes royaux ! Tu les as vu se rassembler à Mainstock. Si tu t’en vas, il y aura un adulte de moins pour protéger les petits et les anciens ! Je suis chasseresse, pas guerrière… Ça ne changera pas grand-chose, si ?
Si tu veux apprendre, tant mieux, mais il reste encore plein de choses à découvrir en Terres liares ! Pourquoi aller plus loin ? Parce que j’ai déjà fait des voyages là-bas, et parce que les citadins sont des abrutis. En même temps, quand on voit comment ils vivent, on comprend qu’ils n’envisagent même pas de quitter leurs remparts douillets. Bande de bras cassés.
Tu ne connais déjà pas grand-chose aux Terres de Feu, mais encore, tu as tout ce qu’il te faut. Tu penses que c’est si facile de vivre en Terres humaines ? Je… je ne sais pas. Ça ne doit pas être si compliqué, si ? Ysenbal ne semblait pas dire que c’était atroce. Sauf que Ysenbal n’était pas un liare normal, tu le sais, non ?
Et tu crois qu’ils t’accepteront si facilement ? Tu as bien entendu toutes ces histoires… Ils pensent que les Liares sont des démons. C’est stupide, Ysenbal disait qu’ils se débrouillent très bien pour s’entretuer tous seuls. Ils n’ont pas besoin de nous pour ça !
 
Et ça continuait comme ça, en boucle, pendant des heures et des heures. Alors elle partait chasser, seule activité qui réussissait encore à lui vider l’esprit. Et lorsqu’elle ne chassait pas, elle observait la vie de la Vallée. En hiver, le climat se faisait légèrement moins sec et donc plus clément. Elle pouvait observer les carnivores chasser leur proie favorite, avant d’expliquer à leurs petits comment dépecer correctement la carcasse. Eux au moins ne se posaient pas autant de questions. Quoique, peut-être se perdaient-ils en discussions sur comment manger de la meilleure façon leur récente victime ? Valait-il mieux commencer par les yeux ? Par les entrailles ? Par un bon morceau de jarret ? Ou valait-il mieux attendre que celui-ci faisande un peu et se détende, au risque de le perdre à un concurrent plus puissant ?
 
Arriva le jour du choix. Ou était-ce réellement un choix ? N’avait-elle pas été poussée par les évènements ? Laissez-moi vous les conter pour que vous puissiez en juger…
Ce jour-là, Ivinea s’était une fois de plus isolée du reste du Clan pour se plonger dans des réflexions sans fin. Elle avait conscience de tourner en rond comme un Tanflamm en cage (que celui qui a osé enfermer un si bel animal se dénonce !). Une partie d’elle sentait que son destin n’était pas ici, pas uniquement en tout cas. Et une petite voix lui susurrait que ce n’était pas le Clan son problème. Elle avait juste peur de quitter tout ce qu’elle connaissait pour se lancer dans le grand inconnu. Et elle refusait de l’admettre.
 
Elle était partie depuis plusieurs jours déjà, ayant suivi les traces du grand félin sur plusieurs kilomètres avant de se rendre à l’évidence. Le Tanflamm savait qu’il était suivi et se moquait de sa poire. Elle avait fini par abandonner la traque. A quoi bon ? Ce n’était pas ça qui allait lui remplir l’estomac. Elle avait pris le chemin du retour avec l’intention d’abattre des proies sur le chemin, pour justifier sa longue absence.
 
En arrivant au Camp, elle marqua une pause. Parce qu’il n’y avait plus de Camp. Plus aucune tente couleur roche formant des petites bosses au milieu de la plaine, plus aucune odeur de feu ou de viande grillée, plus aucun rire d’enfant. Plus rien. Elle ne comprenait pas, elle était certaine qu’ils étaient bien installés là lorsqu’elle était partie ! Elle n’aurait jamais confondu avec un ancien lieu de camp ??! Il fallait qu’elle en ait le cœur net ! Balançant les volailles qu’elle avait abattu en bandoulière, elle dévala les pentes rocailleuses rapidement en soulevant un petit nuage de poussière. Tant pis pour la discrétion, presque personne ne passait par ici !
 
De nombreuses marques au sol lui confirmèrent qu’elle n’était pas folle. Ses compagnons étaient là il y a encore peu de temps. Pour quelle raison seraient-ils partis sans elle ? Les cendres étaient froides, ils avaient levé le camp plus d’une journée plus tôt. Quelques objets abandonnés çà et là ainsi que le nombre de traces laissées lui indiquait qu’ils étaient partis dans la précipitation. Mais que s’était-il passé ? Elle ne voyait aucune trace de combat…
 
Elle commença à fureter autour du lieu à la recherche d’autres indices, mais surtout pour trouver la piste qu’ils avaient empruntés lors de leur départ. Ils avaient pour habitude de laisser le moins de traces possibles, mais vu l’état du lieu de camp, Ivinea était persuadée qu’elle trouverait de quoi se diriger. Et effectivement, déplacer une quarantaine de personnes dans la précipitation ne passait pas inaperçu, même dans ce désert de rocailles. Elle partit donc à la recherche des siens.
 
Elle mis quelques temps à comprendre que quelque chose clochait. Oh, rien à voir avec les indices qu’elle retrouvait toujours à intervalles réguliers, presque comme si les Kasharets les avaient laissés là à son intention en partant. Ce qui était possiblement le cas. Non, elle se sentait suivie, épiée. Elle n’aurait su dire ce qui lui donnait cette impression, mais toute une vie passée dans la Vallée avait affuté son intuition. Dans un premier temps elle soupçonna un prédateur ou un charognard qui aurait suivi l’odeur des volailles qu’elle portait toujours en bandoulière. Puis elle se ravisa quand un éclat de métal révéla la position de son poursuivant.
 
Qui qu’il soit, il la suivait depuis longtemps déjà. Elle continua à avancer en se demandant ce qui pouvait motiver cette traque. S’il voulait sa peau, il aurait pu l’attaquer bien avant, quel intérêt de se fatiguer à la suivre ? La timidité ? Sans doute pas. L’autre possibilité était que son poursuivant cherchait autre chose et qu’elle n’était qu’un moyen d’atteindre son but. Etait-il à la recherche de son Clan ? Etait-ce là la raison pour laquelle ils avaient fui sans l’attendre ?
 
Dans ce cas, il fallait qu’elle agisse avec prudence. Etudiant le paysage, elle détermina sa position. Elle connaissait bien la région, à force de l’écumer de long en large. Insensiblement, elle arrêta de suivre la trace de ses frères pour infléchir son trajet. Son objectif avait changé. Qu’il continue à la suivre sans se rendre compte qu’elle en était consciente.

Ses pas la menèrent aux abord du nid d’un Aeroka. L’oiseau enflammé semblait absent, et les petits avaient quitté leur mère depuis bien longtemps, mais elle savait d’expérience qu’il valait mieux ne pas s’approcher. Elle traversa une zone dégagée, restant à distance du nid et détecta une nouvelle fois un éclat de métal. Son poursuivant l’avait suivie, parfait. Elle fit mine de vouloir s’arrêter et de monter un bivouac temporaire. A présent, s’il voulait continuer sans se faire repérer, il devrait passer près du nid. Très près du nid. Dont avec un peu de chances, il ignorait l’existence.

Elle attendit quelques temps, attentive aux moindres sons. Pas moyen de savoir si sa proie avait atteint l’endroit souhaité. Il ne fallait pas qu’il remarque le nid trop tôt. Lorsqu’elle entendit le souffle caractéristiques des ailes d’Areoka, elle bondit et se mit à courir pour ne pas rester à découvert. Il ne lui fallut pas plus d’une minute pour trouver une crevasse qui pourrait l’accueillir. Son poursuivant vit le danger trop tard, n’avait pas d’endroit propice pour se cacher ou vit le danger trop tard. Les cris qu’il poussa lui glaçèrent le sang. Elle ne savait pas qui il avait été, mais il avait joué de malchance ce jour-là. Elle n’avait pas particulièrement souhaité sa mort et se sentait un peu coupable.

Lorsque l’Areoka s’envola à nouveau, une curiosité malsaine la poussa à cherche le corps. Ou ce qu’il en resterait. Une part d’elle-même espérait qu’elle ne trouverait rien. Ce qu’elle découvrit fut au-delà de toute attente. Elle n’avait pas eu un seul poursuivant, mais trois. Elle en identifia un immédiatement à ses habits, la chair étant atrocement mutilée. Il s’agissait de Naïlo, son ami d’enfance, un Kasharet. Le choc lui donna la nausée, qui ne se trouvait que renforcée par le mélange d’odeur de sang et de brûlé. Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire là ? Les deux autres liares lui étaient inconnus, mais elle pu reconnaître du matériel de l’armée. Avait-il trahi ? Avait-il été capturé ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, restant sans réponses.

Elle partit du lieu en courant, mais la vision semblée gravée dans ses rétines. Au bout de quelques dizaines de mètres, elle posa le contenu de son estomac sans aucune dignité, les yeux remplis de larmes. L’un des siens était mort, par sa faute. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Aucune pensée rationnelle à se moment là n’aurait pu franchir la brume de confusion qui emplissait son esprit. C’est dans un état second qu’elle continua son chemin. La seule pensée hantant son esprit étant qu’elle ne pouvait pas rentrer. Pas après ça. Ils lui poseraient des questions. Que répondrait-elle alors ?

Elle trouva une réponse lorsqu’à travers le brouillard de ses larmes, elle vit se dresser devant elle les Montagnes de Saphir, marquant la démarcation avec les terres humaines. Non, elle ne rentrerait pas. Elle partirait. Et ne reviendrait que la tête haute.

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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: A la croisée des mondes A la croisée des mondes Icon_minitimeSam 23 Sep 2017 - 23:40



Première partie : A l'aube d'un pèlerinage
Le 6 Virgonès 1248, entre le Lac sans peur et les Montagnes de Saphir.

Le lac, l’ermite et sa drôle de maison bancale sont hors de vue désormais. Voilà presque deux jours que je me dirige en direction des montagnes, alternant la course de mon lion et la marche à pied, autant pour me dégourdir les jambes que pour économiser ma Vérité. Je jette un coup d'oeil en direction des montagnes. Elles sont encore loin de moi mais je sens mon coeur bondir en les regardant. Elles sont si proches ! Si impressionnante pour quelqu’un comme moi que n’en avait même pas vu dans les livres. Les héléos ne parlent que peu des Terres Humaines et encore moins des terres du Nord. Mon père m’avait conté combien elles étaient belles, majestueuses et de nombreux croquis avaient accompagné ses récits chevaleresques mais j’étais loin de me douter que ce spectacle serait si grandiose. Les sommets enneigés semblent dominer le monde tout entier, s’appropriant l’horizon tant et si bien que l’on pourrait presque oublier que le reste de l’univers existe encore. Leur couleur immaculée me rappelle la banquise de mon pays natal, m'emplissant de nostalgie. Un vent froid descend des hauts monts, caressant ma peau. Le froid est revigorant et je ferme alors les yeux, confiant ma vie à mon lion de glace, pour profiter de cet instant. Dans ce climat, je vais pouvoir accélérer l'allure, la fraîcheur me permettant de puiser plus loin dans ma Vérité sans dépenser plus d'énergie. Bientôt, je serai au pied des pics. Je rouvre les yeux quelques secondes plus tard pour admirer les montagnes de Saphir, puisque c'est ainsi qu'on les appelle. C'est d'ailleurs d'ici que vient Vomito il me semble. Cela me fait étrange de me retrouver dans son pays, sans lui, qui ne doit pas être loin du mien.

De lourds nuages se sont accumulés dans les hauteurs, visiblement retenus par les pitons rocheux. Le plafond qu'ils forment ainsi est presque effrayant, annonçant un orage qui sera probablement impressionnant. Je ne sens pas encore l'atmosphère s'alourdir, à l'endroit où je me trouve, mais cela ne saurait tarder. Je me demande s'il pleuvra ou si la neige viendra renouveler le manteau des sommets. Un grand vent se lève, soufflant au loin dans les vaux avant de me rejoindre, encore fort bien que grandement atténué par son passage sur la plaine qui me sépare des reliefs rocheux. Je regarde autour de moi avant contempler à nouveau les nuages, essayant d'estimer ma vitesse ainsi que la distance qui me sépare des amas noirs mais je crois que je devrais échapper à l’averse. Cela explosera avant que j'ai rejoint les chemins grimpant le long des flancs.

Tandis que ma créature de glace continue de courir, mes pensées se tournent vers ma visite au lac. Savoir comment ce vieil alchimiste arrive à survivre dans un lieu si isolé de tout ne m'intéresse pas. Non, mon esprit est à ce qui s'est passé au fond du lac, à ce que ces gemmes m'ont montré. J'avais entendu parler de certaines pierres nous montrant nos peurs les plus profondes, les plus ancrées, refoulées loin à l'intérieur de notre inconscient, bien à l'abri afin que nous n'ayons jamais à les affronter tant nous les redoutons. Était ce ces cailloux là ? Ai je eu l'honneur - ou le malheur - de pouvoir assister au spectacle de mes plus grandes peurs ?

La première pierre m’avait enterré vivante dans une grotte noire, entièrement noire, où j’étais complètement seule. Qu’est ce que cela signifie ? Que j’ai peur de mourir seule et oubliée de tous ? Suis je à ce point terrorisée à l’idée que l’on ne s’intéresse pas à moi ? Que je ne compte pour personne ? Ou est ce une façon de me signifier que je ne souhaite pas mourir dans l’anonymat ? Que je voudrais être connue ? Je frissonne, cette pensée entrainant un écho étrange chez moi. Pourquoi la Guilde des Ombres si ce n’est plus la richesse ? Et pour la célébrité ? Pourquoi aider les gens si ce n’est pour gagner leur soutien et leur amitié en plus de leur argent ? Je secoue la tête. Je refuse de me voir ainsi ambitieuse, rongée par la peur de n’être personne.

Que m’avait montré la seconde pierre ? Je soupire en m’en rappelant. Je crois bien que la deuxième vision avait été bien plus terrible encore que la première. J’étais de retour sur ma banquise natale, au fin fond des Mers de Glace. Ma famille était là, ainsi que des amis proches, comme les Talelviëns. Ils m’avaient rejetée, mise à l’écart, déshéritée, reniée. J’avais si soudainement été abandonnée par ceux qui représentaient tout pour moi ! Mais leurs paroles résonnent encore à mes oreilles. Leurs reproches, leurs arguments … « Un héléo vit dans l’océan, pas avec les humains. » Mais je suis revenue dans les Mers du Sud … Je me suis battue avec les miens ! Et contre Losk’Otha lui même pour défendre notre mer et notre liberté ! Mais pourquoi suis je en train d’essayer de me justifier ? Ce n’était qu’un songe, qu’un mirage, qu’une vision. Non ? Un nouveau soupir m’échappe, je sais qu’il s’agit de bien plus que cela. Mais je n’ai jamais adhérer à certains aspects de la vie de mon propre peuple, je dois le reconnaitre. Je n’ai jamais considérer Eliosa comme notre mère. Elle n’est pas notre créatrice, elle nous a récupérer, créatures sans défense abandonnées par Mère Nature, afin de nous façonner à son image. Et puis, Déesse de l’Eau, ses sbires ne sont ils pas plutôt les royalistes vivant aux alentours d’Hélia ou de Jioki ? Les héléos de glace ne s’appellent pas comme ça pour rien, non ? Mais c’est vrai, j’ai choisi de prier Worgen, Dieu de l’Hiver et des Montagnes. D’ailleurs, maintenant que j’arrive dans son territoire, peut être pourrais je y trouver un autel pour prier ? Cela serait bien la première fois de ma vie que je ferai cela mais, aujourd’hui, je suis en quête de réponses. De vérité, loin de la protection de mon subconscient.

Je fixe les montagnes avec une intensité nouvelle. J’ai besoin de ces réponses, besoin de parler à ce Dieu qui a conditionné toute mon existence. Existe t il réellement ? Comment savoir ? Me répondra t il ? Et si son signe n’était rien d’autre que du vent ou de la neige, comme savoir ? Comment savoir s’il s’agit de lui, de la nature et même d’ailleurs si l’un peut être indépendant de l’autre ? Est ce cela la foi ? De voir une réponse là où d’autres n’y verrait rien ? Je demande au lion de glace de ralentir l’allure afin que je puisse fouiller dans mon Sac sans Fond. Et puis cela me permettra de récupérer un peu, le garder vivant à cette allure pompe mes forces à une vitesse surprenante malgré la température jouant en ma faveur. Je sors ma carte et la déplie, observant les dessins des monts. Férésis semble être la seule ville digne de ce nom. Et si je tentais de m’orienter dans cette direction ? Après tout, il me faudra du monde afin de trouver l’autel que je cherche. Je ne sais pas lire dans les étoiles mais je crois qu’il va falloir que je me dirige plus vers l’Est. Peut être que le sort jouera en ma faveur et que je pourrais croiser quelques personnes pour m’indiquer mon chemin ?

J’étais partie découvrir le monde afin de m’éloigner encore un peu plus de ce peuple dont je n’appréciais plus l’esprit trop étroit mais il semblerait que je sois désormais à l’aube d’un long pèlerinage. Qui sait où cela pourrait bien me mener ? Une partie de moi même appréhende tandis que l’autre jubile. Peut être découvrirais je quelque chose qui changera ma vie ?


Dernière édition par Winter C. Eliwën le Jeu 12 Juil 2018 - 14:48, édité 2 fois
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Ivinea Loryed

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Message(#) Sujet: Re: A la croisée des mondes A la croisée des mondes Icon_minitimeSam 30 Sep 2017 - 16:19


Deuxième partie : A travers l’inconnu

Elle le savait, elle ne pouvait pas partir sans un minimum de préparation. Les conditions montagneuses seraient rudes et finalement, elle avait quand même du mal à imaginer ce qui pourrait bien l’attendre dans les Terres humaines. Oh, elle s’adapterait bien sûr, surtout que ses provisions ne tiendrait pas si longtemps. Mais en attendant il valait mieux parer aux éventualités.

Lorsqu’elle eu un peu retrouvé son calme, elle décida d’installer son camp en tendant une toile entre deux rochers judicieusement choisies et en allumant un feu devant l’entrée. Avec ravissement, elle vit les branchages s’enflammer dès que sa main rougeoya à leur proximité. Elle avait bien compris la leçon : lorsqu’elle activait sa Vérité, tout ce qui rentrait en contact avec elle prenait feu. Elle avait donc choisi de s’entrainer, presque en secret, jusqu’à maîtriser la zone couverte par le magma. Elle avait également découvert ses limites et s’appliquait actuellement à les repousser. Mais c’était à chaque fois un travail épuisant qui la laissait à moitié inconsciente.

Mais le jour n’était pas au travail de la Vérité. Elle devait faire l’inventaire de ce dont elle aurait sans doute besoin dans les prochaines semaines. Déjà, les armes : ses précieuses griffes ne la quittaient jamais, tout comme sa petite arbalète, fidèle compagne de chasse. Restait le problème des carreaux. Il ne lui restait plus que cinq pointes en bon état. Il faudrait qu’elle les économise, pas sûr qu’elle ait le temps de chercher et de tailler des silex en chemin. Pour ce qui était des empennes par contre, elle avait largement de quoi les changer.

Les provisions ensuite : elle rentrait tout juste de la chasse avec trois volailles d’une taille respectable. Il faudrait qu’elle les prépare ce soir pour que la viande se conserve. En absence de nourriture supplémentaire, elle tiendrait six jours, peut être dix en se rationnant. Elle devra chasser dans les montagnes. Sans parler des terres humaines…

De quoi voyager facilement enfin : c’était là que le bilan était le plus mitigé. Elle avait des affaires légères puisqu’elle revenait d’une traque de plusieurs jours, mais rien de très solide ou chaud. Ses affaires de voyages étaient au Camp… A cette pensée elle sentit une boule se former dans sa gorge. Le Camp. Elle n’y retournerait pas. Elle avait perdu son chez elle.

En temps que nomade, elle avait toujours pensé que la Vallée toute entière était sa maison. Elle se rendait à présent compte qu’elle s’était voilé la face. Sa maison n’était pas un endroit, mais des personnes. Ses frères et sœurs des Kasharets, les anciens, … Les reverrait-elle un jour ? En avait-elle seulement le droit après ce qui était arrivé à Nailo ? Ils lui en voudrait au moins autant qu’elle s’en voulait elle-même…

Les larmes roulaient sur ses joues tandis qu’elle préparait la cuisson des volailles. Elle avait l’intention d’en fumer au moins deux dans la nuit. Mais ses mouvements étaient lents et imprécis. Après un temps bien trop long, elle se roula en boule dans son abri et se laissa aller au sanglots.

Le soleil arriva en apportant avec lui un jour nouveau. Ivinea aurait aimé pouvoir dire qu’elle se sentait en pleine forme et prête à se lancer dans « la grande traversée » mais ça aurait été mentir. Ses yeux étaient gonflés et son ventre criait famine. Elle avala lentement des morceaux de viande mais n’y trouva aucun plaisir ni réconfort. Elle démonta assez rapidement le camp et pris la direction du Sud, vers les montagnes, vers son avenir.

****************************

Fin du mois de Kahl, dans les Montagnes de Saphir

Le vent sifflait à ses oreilles et fouettait son visage de petits cristaux de glace. Le temps était exécrable mais Ivinea avait retrouvé sa bonne humeur. En quelques jours, elle avait pu faire du tri dans ses pensées et atteindre une sorte de paix avec elle-même. Ce voyage vers l’inconnu l’avait réconciliée avec ses valeurs et lui permettait de ressentir la liberté dans sa plus simple expression. Elle n’avait plus de devoirs envers quiconque hormis sa propre personne. Elle était toujours désolée des évènements qui l’avaient obligée à faire son choix mais ne regrettait nullement sa décision.

Les journées dans les montagnes étaient épuisantes. Elle marchait la plupart du temps, utilisant sa Vérité presque en permanence pour ne pas se refroidir malgré des vêtements un peu légers pour un hiver à une telle altitude. Elle utilisait sa couverture comme cape mais n’aurait pas dit non à une petite fourrure. Malheureusement, elle n’avait eu ni l’occasion, ni le temps de tanner la peau d’un habitant des montagnes. Ajoutez à ça le fait qu’elle doive rester attentive chaque seconde au cas où une proie ou une patrouille liare croiserait son chemin, elle dormait comme une masse toutes les nuits. Ce n’était pas très prudent, mais elle n’avait pas le choix. Elle se creusait des abris dans la poudreuse en priant Wergon de ne pas l’ensevelir dans son sommeil.

Mais chaque jour elle avançait un peu plus au Sud, se rapprochant à chaque pas des Terres humaines. Dans le calme des montagnes, elle imaginait ce que serait sa vie une fois là-bas. Elle doutait qu’elle ressemblerait à celle d’Ysenbal : rester en ville l’agacerait bien trop vite. Elle voulait tout voir, tout apprendre, tout découvrir. Elle voulait aller là où même les humains n’étaient jamais allés.

Malgré les conditions difficiles, sa traversée des montagnes fut merveilleuse et riche en moments forts. En dehors des paysages magnifiques et inhabituels pour une liare habituée aux plaines rocailleuses, elle pu observer à loisir la vie hivernale autour d’elle. Elle croisa ainsi un groupe de Baan‘shis et nota avec ravissement la manière dont les adultes éduquaient avec gentillesse mais fermeté les plus jeunes. Le spectacle était saisissant car ces créatures aux allures de petits dragons n’étaient pas réputées pour leur sociabilité. A se demander si les gens prenaient réellement le temps d’observer le monde autour d’eux ou se contentaient de juger les choses sur les apparences et les rumeurs.

****************************

Le 8 Virgonès, région de Férésis

Quelque chose avait changé dans l’atmosphère, qui s’était faite plus humide. Depuis quelques temps, Ivinea descendait plus qu’elle ne montait. Lorsqu’elle croisa les premières traces de civilisation, que ce soit sous la forme de cabanes de bergers, de lieux de camp depuis longtemps abandonnés ou même de sentiers, elle sentit son pouls s’accélérer. Elle touchait au but. Elle n’avait encore croisé personne mais se doutait que ça ne ce ne serait plus qu’une question de jours.

Elle monta en haut d’un promontoire pour profiter une dernière fois du paysage. Le temps clément lui offrait une vue dégagée sur la vallée devant elle. Un grand sourire étira les lèvres gercées par le froid de la liare, qui saignèrent. Qu’importe. Devant elle se dressait une ville, immense. Cherchant dans ses souvenirs, elle en déduit qu’il s’agissait de Férésis, capitale de l’une des confréries humaines. Abandonnant l’espace d’un instant le silence qui l’avait accompagné pendant tout son trajet, elle hurla sa joie aux montagnes qui, presque empathiques, ne firent que réverbérer son écho.

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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: A la croisée des mondes A la croisée des mondes Icon_minitimeJeu 12 Juil 2018 - 14:49



Deuxième partie : Sous le feu ardent de la glace
Le 7 et 8 Virgonès 1248, dans les Montagnes de Saphir.

Le soleil continue sa course dans le ciel, parabole illuminant les pics qui me dominent de toute leur hauteur. Je continue ma route, inlassablement, en direction de Férésis. C’est l’une des dernières villes des hommes avant la terre des Liares, du moins d’après ma carte qui n’est que peu détaillée. Je frissonne, d’excitation et d’impatience plus que de peur ou d’appréhension. Je ne sais pas encore si j’irais plus haut vers le Nord après mon passage dans la ville des Arvélès, vers les terres des Liares. Comment pourrait survivre une Héléo dans les Terres de Feu ? Moi qui ai déjà parfois du mal dans les Terres Humaines à supporter la chaleur ! Et puis, comment savoir si je trouverai de l’eau là bas ? De quoi m’abriter de la chaleur ? Comment savoir les dangers qui me guettent ? Non pas les créatures, je n’ai pas peur d’une bestiole même si elle vient du Nord, mais des dangers spécifiques de ces terres vis à vis de ma condition d’héléo. Non, je ne peux assurément pas tenter cette aventure à la volée, tête baissée, comme j’ai tant l’habitude de le faire. Ce voyage là, si je le fait un jour, me demandera un temps de préparation considérable. Et j’ai autre chose à vérifier en priorité : aurais-je le temps de faire l’aller-retour jusqu’à l’océan avant que l’année soit écoulée ? Car cela compte également. J’aime ma forme humaine, j’aime les terres des humains et j’aime vadrouiller à pied ou sur mes montures de glace mais j’aime l’océan aussi. Et perdre ma forme héléo serait perdre ce lien avec ma famille, mes amis sous la mer, mes origines aussi. Je sais bien que je n’y vais pas souvent mais j’ai besoin de ce lien avec l’océan.

Au fur et à mesure que j’approche des montagnes, le relief commence à se vallonner et le dénivelé à se faire sentir tandis que je marche à pied. Bientôt, j’arrive à ce que l’on pourrait appeler « le pied des montagnes ». Le large chemin, presque une route de terre, que je suivais laisse sa place à un étroit sentier, à peine plus large que mon lion de glace, certainement trop petit pour une charrue, une diligence quelconque ou une voiture. Je crois cependant qu’il s’agit d’un chemin passant, les cailloux étant rares, certainement dégagés par les marcheurs précédents. Mais je n’ai pas encore commencé à grimper que la pluie se met soudainement à tomber. Fine et rare, pour commencer, comme si elle cherchait à être discrète, puis de plus en plus intensément au fur et à mesure que je monte. Rieuse, je me demande un instant si elle s’arrêterait de s’intensifier si je m’arrêtais de monter mais je n’ai pas envie de tenter l’expérience. Ici, douchée par la pluie froide et trempée jusqu’aux os, je me sens chez moi plus que nul par ailleurs sur la terre ferme. Je suis dans mon élément.

[…]

Cela fait plusieurs heures que je marche à présent. Je n’ai pas invoqué à nouveau ma monture – et j’en suis la première surprise ! – mais je crois que c’est mieux ainsi. Voilà des mois et des années que je parcours la terre à dos d’animaux créés à partir de l’humidité ambiante, pour m’épargner. Mais qui m’épargnera lorsque je combattrais ou lorsque je n’aurais pas la possibilité d’invoquer ma Vérité ? Mes ennemis ralentiront la cadence parce que je manque d’endurance ? Le temps s’écoulera t il moins vite pour me laisser le temps d’avancer et de reprendre mes forces ? Alors je ferai cette montée à pied, quoi qu’il m’en coûte.

De toute manière, peu importe que je mette deux jours plutôt qu’une demie journée à monter ce col. Personne ne m’attend. Personne ne m’attend car je n’ai personne. Mon père est mort, ma mère est loin, à Quartas, au fin fond de la mer la plus éloignée de là où je me trouve, et je n’ai pas de frères ou de sœurs. Pas d’animal de compagnie hormis mes créations. Je n’ai pas non plus véritablement d’amis. Vomito pourrait compter, bien sûr, mais est il réellement ce que l’on peut appeler un ami ? Nous avons vécu des choses fortes tous les deux, que ce soit un combat dans une taverne, du vomi, un enlèvement, des vols ou même un duel de Vérité et une Guilde. Un baiser aussi, alors que nous nous trainions dans la boue tous les deux. Très intense ! Mais cela ne fait pas de nous des amis. Au mieux des collègues, en temps que voleurs professionnels, peut être un flirt, et encore, il faudrait pour cela qu’on se plaise ! Nous avons aussi partagé quelques verres, un peu de nourriture, un coin pour dormir, nos rêves … Est ce suffisant ? Je souris et soupire à la fois, partagée entre trop d’émotions contradictoires pour trancher de ce qu’est cette relation là. J’ai croisé aussi des Héléos agréables : Shiva par exemple, ou Galahad mais nos vies ne se sont côtoyées que de trop courts instants. Phaëlaë Talelviën était mon amie. Aladriel Del Amarys, mon compagnon d’armes lors de la Rébellion de Quartas, aussi. Mais ils sont loin à présent. Ils ont disparu. L’étendue de ma solitude me submerge et je me laisse choir au sol, écrasée par le poids des révélations que je me suis faite à moi même ainsi que par la fatigue de mes heures de marche.

Lorsque je rouvre les yeux, je prends quelques instants pour voir à nouveau devant moi. Mais cela en vaut la peine, la vallée est magnifique. Je suis presque parvenue au sommet à présent et je surplombe la plaine que j’ai traversée la veille. La pluie s’est un peu apaisée avant de devenir progressivement neige, délicat coton gelé venant tamponner mes blessures avec douceur. Je souris sous les assauts glacés des flocons. Il y a de belles choses en ce monde, comme la vue qui s’étire devant moi, bien que diminuée et un peu camouflée par les précipitations, ou l’amour et l’amitié. Peut être serait-il temps que je m’accorde ces choses là, moi aussi.

[…]

Je ne sais pas ce qui m’a guidé. La neige ? Un feu follet invisible à travers la brume ? La foi à laquelle je songeais hier encore ? Worgen lui-même ? La chance ? Mais j’y suis arrivée, je l’ai trouvé, je l’ai rejoins. Je marchais dans la neige, tête baissée pour ne pas prendre les flocons dans les yeux en avançant. Les larmes que j’avais versé tout à l’heure ne sont plus que des cristaux purs depuis longtemps enterrés sous un fin manteau de neige, ne laissant derrière eux que des rivières gelées le long de mes joues que je n’ai pas balayées d’un revers de main, savourant leur froideur.

Mais soudain mon pied avait butté contre une pierre, une haute pierre, taillée dans le marbre blanc. Un rectangle impeccable, bien trop parfait pour être l’œuvre des vents et du hasard. J’avais levé la tête pour découvrir le but de ma quête ici, dans les montagnes : le Temple de Worgen. Allez donc savoir comment je le reconnais ! Vous pourrez toujours me le demander mais je ne vous répondrais rien car je ne possède pas moi-même la réponse à cette question. Je le sais, c’est tout, que c’est son temple à lui, que ça peut être que ça. Je le sais au plus profond de mon cœur, d’une manière inexplicable. Peut être que je ne le sais pas vraiment d’ailleurs, mais que je le souhaite intimement, mais ça n’a fait aucune différence. Je suis arrivée à destination.

Je repense pour la deuxième fois à la vision que j’ai eut dans la deuxième gemme. J’y ai déjà réfléchi mais ici, face à au temple de Worgen, je ne peux m’empêcher de refaire une fois le chemin de ma réflexion. Je n’ai jamais, au grand jamais, considéré Eliosa comme la mère des Héléos. Elle n’est point leur créatrice, qui est Mère Nature, Mère de Tout, elle ne leur a donné ni mers, ni âme, ni pouvoir. Elle a simplement veillé sur nous lorsque nous avons été abandonné par celle qui nous à donner la vie. Cela fait parti du rôle d’une mère mais cela fait d’elle davantage une protectrice à mes yeux. Et puis … Eliosa est la déesse de l’eau. Je comprends que les héléos des mers du nord, d’Hélia et de Jioki, la vénère. Mais les héléos de glace ne sont pas nés des courants chauds et tranquilles. Ils ont été façonnés par le froid et la glace, par les courants vifs, changeants et saccadés des hostiles mers de glace. Voilà pourquoi je me considère Fille de Worgen, Dieu de l’Hiver. Je suis l’hiver … Je suis la glace …

Je fais un premier pas, précautionneux, à l’intérieur du temple. Je m’avance en silence, comme si je craignais que le moindre bruit ne détruise cette vision parfaite. Le temple est immense, magnifique, entièrement fait de marbre blanc. Les veines rouges, or ou grises qui parcourent les dalles donnent l’impression que le lieu est vivant, comme si du sang coulait dans les pierres. Dans cet endroit sacré, à mes yeux certainement plus qu’à ceux de beaucoup d’autres, je me sens minuscule, presque ridicule mais loin d’être insignifiante. Contre toute attente, je me sens à ma place, je me sens aimée. Les dalles immaculées, le tapis de neige à l’entrée, les colonnes sobres et la vasque remplie d’eau turquoise gelée, tout me paraît accueillant. Tout cela représente mon monde, mon univers, ce que je suis.

Je m’avance jusqu’à l’autel qui trône en son centre et m’agenouille devant. « Père … » Aucun autre mot ne me vient, celui là est le plus juste au vu des circonstances. A qui est il destiné ? A mon père biologique ou à mon père psychique, Worgen ? Je crois que la réponse est qu’il est destiné aux deux à la fois. Les deux ont façonné, chacun à leur manière, ce que je suis devenue aujourd’hui. De nouvelles larmes viennent emplir mes yeux et couler sur les lits déjà formés par les précédentes. « Père, j’ai fait de mon mieux. » Mais ai je vraiment fais de mon mieux ? Je ne suis pas devenir une guerrière, comme mon géniteur, défendant de nobles causes sur le dos de mon dragon. Ma vie tourne autour du vol, du mensonge et du pillage … Mais je vole aux riches et aux brigands. Et j’aide parfois même ceux dans le besoin !

Face au silence, je ne sais que rajouter. Je pensais être venue chercher des réponses. Mais à quelles questions ? Et si je voulais seulement savoir que j’étais aimée et soutenue ? Faire savoir que je n’avais pas abandonné les héléos ? « Je sais bien que je ne suis pas parfaite … Que je n’ai pas toujours été là pour les miens … Mais je ne les ai pas abandonné ! Je me suis battue avec eux, je suis revenue à Quartas pour nous défendre et combattre Migarth ! Pour ne pas laisser l’eau vaincre la glace, pour ne pas les laisser périr ... » Un nouveau silence accueille ma déclaration. Un silence froid mais pas de ceux qui sont gênant. Non, un silence apaisant, laissant entrer le doux bruit de la neige et du vent qui s’expriment au dehors. Une grande bourrasque traverse le temple, venant m’envelopper, ébouriffer mes cheveux. Mes larmes redoublent d’intensité. Mais ce n’est pas la tristesse ou la honte qui les nourrit, mais la solitude, encore une fois.

Mais je sais à présent. Je sais ce qu’il me reste à faire, ce qui manque dans ma vie. Des liens. Des liens solides. Des liens qui me porteront chaque jour de ma vie, qui m’aideront à gravir des montagnes et à parcourir le continent. La Guilde. Les amis. Les connaissances. La famille. Il faut que je les trouve ou que je les retrouve, que je les regroupe, que je les unisse. J’ai toujours agi comme un feu follet, libre comme l’air et impatient de parcourir le monde au gré des vents et des courants en ne laissant derrière lui qu’une mince traînée, une lueur. Il est temps que je lâche une ancre par dessus bord, que je m’arrête un instant et que je prenne du temps pour accueillir quelques nobles invités dans mon lumineux navire.

Je me redresse et contemple l’autel un instant avant de me relever sur les genoux. Je vais aller à Férésis. Je vais aller dans une auberge et je vais tenter la grande aventure sociale qui s’appelle : « Comment se faire des amis ? »
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Ivinea Loryed

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Message(#) Sujet: Re: A la croisée des mondes A la croisée des mondes Icon_minitimeSam 2 Mar 2019 - 20:33

Troisième partie : Rencontre du troisième type

Le 9 Virgonès, au lever du jour.

Férésis était une ville extraordinaire, à ne pas en douter. Déjà de loin, elle paraissait majestueuse, mais lorsqu’on arrivait à ses portes, on ne pouvait que se sentir écrasé par la hauteur des remparts. Ivinea avait toujours vécu dans des grands espaces, peu modifiés par l’homme, ou les liares, ou quelque créature intelligente que ce soit. Ce qu’elle connaissait des villes était très limité. Mainstock ne tenait pas la comparaison et Orlack lui était peu familière. Autant dire que pour elle, Férésis fut un choc autant qu’une révélation.

Elle avait peu dormi cette nuit, trop pressée de descendre les quelques centaines de mètres de dénivelé qui la séparait de la cité. Tout au long de son périple, elle s’était demandée comment serait l’accueil que lui donnerait les humains. Du peu qu’elle avait entendu des marchands et voyageurs qui avaient déjà franchi les montagnes, ce n’était pas toujours tout rose. Elle avait aussi conclu que ça dépendait de la taille de ta bourse ou de ton chariot. Or elle l’une était bien vide et elle ne possédait pas l’autre. Comme il était hors de question qu’elle se sépare de ses diverses breloques de nomade, elle possédait en tout et pour tout deux lapins maigrelets qu’elle préférerait savoir dans son estomac que vendu au premier passant. Elle pouvait toujours tenter de vendre leur fourrure (qui était d’un superbe blanc en cette saison) ou de fabriquer des sifflets avec les os, mais ça serait loin de lui fournir de quoi se ravitailler vraiment. La question de l’auberge ne se posa même pas. Elle dormirait plus volontiers dans sa tente.

Dans l’immédiat, elle décida d’établir son campement et de se reposer un peu tout en préparant les lapins. Elle regarda le jour se lever en grignotant une cuisse de lapin grillée et en savourant les pépiements des premiers oiseaux dans les conifères qui entouraient son campement.

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu’elle repris la route, forte d’un ventre plein et de quelques heures de sommeil sur un matelas d’aiguilles de pin franchement confortable. Il ne lui fallu pas plus d’une heure pour arriver aux portes de la cité.

A sa grande surprise, elle ne fut pratiquement pas arrêtée à l’entrée. Pratiquement, parce qu’elle avait quand même l’air un peu pouilleuse après plusieurs semaines à traverser les montagnes dans des conditions précaires. Et puis sa peau grise avait l’air de mettre les passants mal à l’aise… Ils lui demandèrent quand même à fouiller ses possessions. Ça ne prit pas bien longtemps, vu qu’elle ne possédait pas grand-chose, justement ! Elle gratifia leur air méfiant d’un grand sourire qui ne parut pas les rassurer le moins du monde et eut pour conséquence de faire saigner une nouvelle fois ses lèvres attaquées par le froid. Elle les soulagea en appliquant une pommade à tout faire achetée il y a bien longtemps, tout en passant (enfin !) les portes.

Il ne lui fallut pas longtemps pour se sentir dépassée par les évènements. Il y avait beaucoup du monde dans les rues, vaquant à des occupations sans doute très intéressantes au vu de l’entrain qu’ils y mettaient. Elle remarqua avec un plaisir non dissimulé que la plupart des habitants avaient un physique rompu au combat, et étaient donc un assez différents de la réputation de créatures faibles qu’ils traînaient dans les terres Liares. Elle remarqua aussi les coups d’œil curieux, méfiants voire haineux qu’elle ne manquait pas d’attirer sur elle, mais ne s’en inquiéta pas outre mesure. Elle recevait les mêmes à Mainstock et en conclut simplement qu’ils ne devaient pas aimer les étrangers. Elle fit donc de son mieux pour paraître la moins menaçante possible. Elle n’était franchement pas en état de déclencher une bagarre juste pour s’amuser.

Parcourir les rues de la ville s’avéra fascinant. Il y avait tant de choses à voir ! Tant de choses à sentir ! Tant de choses à goûter… Son ventre gronda. Son petit déjeuner lui sembla soudainement bien loin et la rappela a des préoccupations plus pressantes que faire du tourisme. Dans les villes, les gens vivaient avec de l’argent, ou en se reposant sur des amis avec de l’argent. Or elle n’avait ici ni l’un, ni l’autre. Avec regret, elle jeta un dernier regard à ce stand grillant des steaks de Nyamar bien juteux et passa son chemin. Le type de boutique qu’elle cherchait ne vendait pas à manger.

Elle suivit son nez pour trouver le quartier des tanneries. Le travail du cuir était utile, mais olfactivement peu discret. Il lui fallut un peu de temps pour trouver preneur pour ses fourrures, pourtant en très bon état. Elle fut plusieurs fois ignorée où rejetée d’une parole sèche avant même d’avoir pu en placer une. Le traditionnel « dégage, fichue nomade ! » s’était ici transformé en « dégage, sale Liare ! » Bon, pour la partie concernant sa propreté, elle pouvait difficilement leur en vouloir, mais elle avait du mal à comprendre pourquoi c’était si difficile de vendre deux pauvres fourrures de lapin ! Elle ne cherchait même pas à négocier, juste à trouver quelqu’un qui accepterait de lui acheter ! Elle ravalait donc son insolence et le picotement de ses mains lui susurrant de leur en coller une pour leur apprendre la politesse. Elle finit par trouver preneur. Elle avait du mal à estimer la valeur de la monnaie, mais au regard de l’acheteur, elle sut qu’il faisait une affaire en la roulant misérablement dans la farine. Une fois de plus elle serra les dents.

Elle se demanda comment elle allait bien pouvoir gérer la suite des événements. Si elle ne pouvait pas compter sur les produits de sa chasse pour se faire un peu d’argent, la situation risquait de se compliquer. Elle était presque à court de carreaux, allait avoir besoin d’un peu de matériel d’entretien pour son arbalète, sans même considérer l’idée d’acheter l’une de ces superbes lames qu’elle avait pu voir sur le marché…

Bien piteuse, elle partie du quartier des tanneries avec ses quelques pièces en poche et des questions pleins la tête. La plus récurante étant : qu’avait-elle bien pu faire à ces humains pour qu’ils lui en veuille alors qu’elle les rencontrait pour la première fois ??? Peut être ne l’aimaient-ils pas parce qu’elle était voyageuse ? Peut être parce qu’elle était Liare ? Peut être qu’elle devait juste prouver sa valeur au lieu de se pointer comme une fleur et d’attendre qu’on l’accueille avec des grands sourires ?

Quoi qu’il en soit elle y réfléchirait le lendemain. Là tout suite, elle avait envie de se détendre devant une bonne liqueur de Brazer, possiblement en ronronnant devant un bon feu de cheminée.
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Winter C. Eliwën

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Message(#) Sujet: Re: A la croisée des mondes A la croisée des mondes Icon_minitimeLun 1 Avr 2019 - 11:54



Un peu de poudre de fée pour amener la magie dans nos vies
Le 9 Virgonès 1248, Férésis.

Je sors du Temple de Worgen, bien plus sereine que lorsque je suis entrée. Mes larmes ont séchées, mes traits se sont détendus. A présent, il ne me reste qu’à finir mon voyage en pays jusqu’à la Capitale des Montagnes de Saphir : Férésis. Là bas, je pourrais commencer la grande aventure de l’amitié et dire que j’ai exploré les quatre coins de Madelle ! Enfin, les quatre coins des Terres Humains pour commencer, ou presque !

Jusqu’à la ville, le chemin est calme, sans embûches. Autour de moi, les sommets ont revêtus leur long manteau blanc et les flocons tombent doucement autour de moi. Je ne suis plus très loin et marcher dans la neige ne me dérange pas ; d’ailleurs, je n’ai toujours pas réinvoqué ma monture de glace et, contre toute attente, me bouger me fait le plus grand bien !

Je traverse le dernier col, longe une arête effilée et, bientôt, j’aperçois la ville en contrebas. En regardant les lueurs scintillantes des maisons, je souris : me voilà arrivée ! La nuit commence à tomber et bientôt il fera complètement noir. Il va falloir que je me trouve une auberge au plus vite si je ne veux pas être livrée en pâture aux Liares qui pourraient trainer de ce côté de leur frontière.

Je ne mets pas longtemps à rejoindre le centre de la cité et à peine plus de temps à trouver une auberge qui ait de la place pour dormir. Mais, avant même que j’ai pu m’asseoir à une table, un étrange homme m’aborde : « Bonsoir mademoiselle, voulez vous passez une bonne soirée ? » Etrange question, qui aurait envie de passer une mauvaise soirée ? Cependant, je ne suis pas certaine de ce qu’il va me proposer alors je me contente de bégayer à voix basse : « Boarf, euh, je n’en sais trop rien, hein. Qu’avez-vous à me proposer ? » Ses yeux se plissent et son regard se fait vicelard tandis qu’il me glisse : « De la poudre de Ragnark … » Je le regarde, sans savoir comment réagir. Qu’est ce que c’est que ça ? Ca se mange ? « Je vous demande pardon ? » Le sourire du mendiant s’élargit et il me chuchote : « Respirez … et vivez le meilleur moment de votre vie ! » Oh, dis comme ça, ça n’a pas l’air bien méchant ! Enthousiasmée par sa description, je me hâte de lui en acheter quelques petits paquets puis me dépêche d’aller m’asseoir à une table.

La salle est presque pleine déjà, il va falloir du temps avant que je sois servie ! J’achète donc un verre de liqueur, pour patienter. Mais le service est long et bientôt, plusieurs verres vides trônent devant moi. Mais après tout, on s’en fiche, non ? Il paraît que je suis riche ! Et que je suis là pour me faire des amis, ça sera plus simple avec un peu d’alcool, non ?
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A la croisée des mondes

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