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Ombre Messages : 115 Expérience : 992 | (#) Sujet: À point nommé Dim 4 Déc 2016 - 9:40 | |
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18 Samùn 1247
Le clan était en train de s'installer dans une haute vallée de Glasgo, la première fois depuis des années qu'ils arrêtaient leur errance aussi proche de la cité d'Orlack. Cette région était dangereuse pour eux, mais suffisamment agréable à vivre pour qu'ils se risquent dans les hauteurs de temps à autre, là où les risques de rencontre étaient ténus. Les citadins avaient peu à faire aussi loin dans les montagnes et leur méconnaissance du terrain les rendait périlleuses pour eux.
Pendant que les adultes montaient les yourtes en cercle, les enfants s'activaient à allumer les grands feux qui ne s'éteindraient qu'avec leur départ, et les anciens s'occupaient de parquer le bétail et les bêtes de somme. Au milieu de toute cette commotion, certains s'attelaient à d'autres tâches, comme ramasser du bois pour alimenter les réserves de combustible, partir en quête de diverses plantes vivaces et autres tubercules comestibles ou partir en éclaireur pour explorer cette région encore inconnue et s'assurer qu'il n'y avait pas de danger immédiat.
C'était cette dernière mission que Luran et son ami s'étaient donné, au moins officiellement. Emportant avec eux une quinzaine de collets à poser dans les alentours, ils se mirent à parcourir le versant escarpé de la montagne à la recherche de coins stratégiques. Tout était bon à prendre : les filets de lave s'échappant des pans de ce volcan toujours en activité, les pistes de gibier qu'ils croisaient, les lieux propices à l'observation et la surveillance des sentiers menant à la cité... tout pouvait se révéler une information utile.
En début d'après-midi, le cri strident d'un aeroka résonna entre les pics acérés qui entouraient les hauteurs. Se méfiant de ces volatiles comme de la peste, surtout en cette saison, les deux liares se mirent à couvert aussi vite que possible. L'appel se fit entendre quelques fois de plus, s'éloignant, avant de s'éteindre définitivement. Sortant de leur cachette avec prudence, ils continuèrent leur exploration. Luran s'inquiétait un peu pour Kayerith. Une femelle aeroka adulte au début du printemps était une menace pour n'importe quelle créature, même un dragon adulte. Cependant il ne ressentait aucune méfiance émaner du lien qu'ils partageait : la dragonne ne semblait même pas avoir entendu l'oiseau et devait se trouver bien loin d'ici à la recherche d'une proie digne d'elle.
Quelques minutes plus tard, une explosion retentit, faisant trembler toute la montagne. Une éruption !? Sans chercher à réfléchir dans la panique, Luran et Keldram se réfugièrent immédiatement dans une anfractuosité de rocher formant une petite cavité tout juste assez profonde pour les abriter tous les deux. Après un moment de tension, attendant la suite, et comme rien ne se produisait ils éclatèrent tous les deux de rire. Avachis l'un sur l'autre et entourés de la roche tiède du volcan, ils commencèrent à profiter de l'intimité procurée par une solitude aussi totale qui était denrée rare pour eux.
Jusqu'à ce que des cailloux retournés pas des pas se rapprochant se fassent entendre. Les deux liares retinrent leur souffle, espérant que l'individu passe son chemin sans les remarquer. Mais en écoutant de plus près, on pouvait clairement se rendre compte que la démarche de l'intrus était irrégulière, laborieuse. Comme s'il était … blessé ? Après avoir enfilé rapidement son pantalon, Luran sortit de l'abri en passant sa chemise, suivi de près par son compagnon. Il s'arrêta net en train de relacer sa tunique en constatant que l'importun n'était pas seulement un étranger, mais une femme, entièrement nue et très visiblement en mauvais état.
Une cheville de l'inconnue semblait la faire souffrir, elle était couverte d'égratignures et tremblait de froid. Le dragonnier se précipita vers elle quand elle finit par trébucher et la rattrapa in extremis avant qu'elle ne tombe.
« Holà, doucement ! » Il fit signe à Keldram de lui faire passer sa cape et en drapa les épaules de la femme, déguisant sa gêne devant sa nudité en bienveillance. « Qu'est-ce qui a bien pu te mettre dans cet état ? »
Dernière édition par Ombre le Lun 27 Fév 2017 - 8:06, édité 1 fois |
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: À point nommé Sam 14 Jan 2017 - 13:04 | |
| Le paysage de Glasgo n'avait rien de bucolique, ce n'était pas une découverte pour Kharis. Certes, elle sortait assez rarement de la ville, mais tout de même : elle savait que le milieu dans lequel elle vivait était aride, escarpé et inhospitalier : il n'y avait bien que les liares pour survivre dans un endroit aussi peu accueillant. D'habitude, elle en était plutôt fière. Elle l'avait été, d'ailleurs, quelques jours plus tôt en voyant cette humaine, Jade, souffrir de la chaleur de leur capitale alors que ce n'était que le début du printemps. L'endurcissement de leur peuple était toujours un sujet de vantardise.
Seulement, la situation présente avait plutôt tendance à la pousser à l'humilité... Il n'y avait pas vraiment de chemin dans cette partie montagneuse, à peine quelques pistes qui auraient aussi bien pu être tracées par une horde d'Esifret que par des chasseurs nomades. Kharis ignorait si rencontrer l'un ou l'autre serait une bonne chose. Cependant, elle n'avait pas le choix, elle devait continuer, et rester sur ces traces semblait être sa seule option pour ne pas risquer de se perdre et de tourner en rond pendant des heures.
Ses pieds ne l'auraient pas supporté. De tous les vêtements qu'elle avait perdu en sautant dans la lave, elle regrettait particulièrement ses chaussures. Peut-être leur soutien aurait un peu soulagé sa cheville blessée... De plus, malgré sa peau épaisse, chaque pas était douloureux : elle se coupait contre les pierres acérées qui formait la majeure partie de la piste tandis que les cailloux plus petits s'enfonçaient dans sa chair et manquaient de la faire trébucher. C'était un petit miracle qu'elle n'ait pas déjà été précipitée au fond d'un ravin à cause de cela, comment allait-elle faire pour rejoindre Orlack ?
Un seul problème à la fois. Elle devait tout d'abord trouver un abri où l'aeroka ne risquait pas de la trouver s'il lui prenait des envies de vengeance. Malheureusement, la moitié de son cerveau était aveuglée par la douleur et l'autre moitié lui suffisait tout juste pour rester concentrée sur la route à suivre. Or, même en pleine possession de ses capacités, elle n'était pas sure de parvenir à déceler un endroit sûr dans le paysage chaotique qui l'entourait.
Bordel, elle n'allait quand même pas laisser tomber maintenant ! Elle n'avais pas survécu à ce monstre pour se laisser tomber au bord du chemin et mourir là ! Pourtant elle ne voyait aucune solution se profiler à l'horizon : elle avait beau repasser tous les scénarios possibles dans sa tête depuis quelques heures, elle ne voyait pas quelle aide elle pourrait trouver. Personne ne s'inquiéterait de sa disparition avant le lendemain, au mieux, et personne ne pourrait deviner où elle se trouvait. Elle était littéralement au milieu de nulle part...
Quand elle entendit un bruit de pas, elle pensa donc d'abord que son cerveau lui jouait des tours. La douleur dans sa cheville était-elle suffisante pour provoquer des hallucinations ? Elle eut d'autant plus de mal à croire à la réalité de la situation quand elle vit qui s'approchait d'elle : deux liares à moitié nus, sûrement des nomades, qui avaient l'air aussi surpris qu'elle. Ce coup-ci, c'était sûr, elle nageait en plein délire !
C'est à ce moment là que sa cheville décida de la lâcher pour de bon.
Heureusement, l'hallucination avait un peu plus de substance que ce qu'elle aurait cru : le liare le plus proche d'elle la rattrapa in extremis, lui évitant une chute supplémentaire et de nouvelles coupures. Il eut même la bonté de l'entourer de sa cape... Kharis avait presque oublié qu'elle se trouvait entièrement nue : même en présence de deux hommes, c'était bien le cadet de ses soucis pour le moment. Avec un effort de concentration, elle parvint à rassembler suffisamment ses esprits pour répondre à la question qu'on venait de lui poser :
« Un aeroka, femelle... énorme. Pas suivie, je crois. Blessée. Orlack. »
Elle n'arrivait plus à garder un discours construit, ni à s'inquiéter de qui était ces deux liares et de ce qu'ils faisaient si loin dans la montagne. Dans son état normal, elle aurait sûrement pensé que c'était mauvais signe et elle se serait montrée méfiante, mais là... Elle ne parvint qu'à une chose : s'évanouir pour de bon.ais là... Elle ne parvint qu'à une chose : s'évanouir pour de bon.
Dernière édition par Kharis Othorm le Ven 14 Juil 2017 - 19:59, édité 1 fois |
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Ombre Messages : 115 Expérience : 992 | (#) Sujet: Re: À point nommé Ven 27 Jan 2017 - 21:53 | |
| « Va chercher de quoi l'aider ! »
Keldram s'exécuta sans discuter, laissant son ami avec l'étrangère, et partit en courant sur la piste caillouteuse. De son côté, Luran réfléchissait à toute vitesse. Certes, comme n'importe quel nomade il ne s'aventurait jamais dans la montagne sans un minimum de petit matériel pour pratiquer des soins primaires, et portait toujours à la ceinture une pochette contenant le minimum : quelques morceaux de gaze, de quoi faire un pansement, un peu de miel pour désinfecter. Il l'avait sur lui en ce moment-même, mais ça ne serait jamais suffisant pour soigner cette femme !
Une fois seul, il respira un grand coup, profitant de son inconscience pour prendre le temps de réfléchir. Il ne pouvait pas la ramener au camp, c'était bien trop dangereux : elle avait dit elle-même venir d'Orlack. Il ne prendrait jamais la responsabilité d'introduire chez eux un liare fidèle à la couronne, toute blessée qu'elle soit. D'un autre côté, il ne pouvait pas faire grand chose là, comme ça, à découvert avec une aeroka probablement furieuse et peut-être en recherche de rétribution. Sa décision fut vite prise.
Après avoir étalé sa propre cape sur le sol de l'anfractuosité de rocher qui l'avait accueilli un peu plus tôt, il chargea la blessée sur son épaule pour l'y déposer. Ici au moins, ils seraient plus à l'abri. Essayant de ne pas rougir en déshabillant la femme, il entreprit de nettoyer comme il pouvait au moins les blessures les plus profondes et les plus sales. Évidemment il aurait été bien mieux installé près d'un filet de lave comme il en coulait des centaines à flanc de montagne, mais il ne voulait pas s'éloigner : il fallait que Keldram puisse les retrouver quand il remonterait du camp.
Ce qui ne tarda pas trop à arriver : il arriva à bout de souffle et chargé d'un panier visiblement lourd, dont il exposa le contenu à Luran : les linges propres pour nettoyer et panser les plaies, des vêtements et une paire de bottes, et de la nourriture. Il ne détailla pas précisément comment il était parvenu à se procurer toutes ces choses sans révéler leur trouvaille, et Luran ne demanda pas : les voies de la déesse étaient impénétrables, et il valait parfois mieux les laisser ainsi. Une seule chose manquait encore : de la lave purificatrice et désaltérante, mais il était difficile d'en transporter sur une telle distance sans dépouiller la collectivité d'un objet important, et leur priorité restait le clan et pas cette étrangère.
Il renvoya Keldram dans leur vallée avec pour mission d'empêcher des gens de venir explorer à leur suite, et de concocter une histoire pour expliquer son absence, ce qui lui valut une réflexion désapprobatrice, mais il ne se fit pas prier plus. Luran resta donc seul avec la femme, qui décidément mettait du temps à se réveiller. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, il s'était assis en tailleur à ses côtés et méditait, cherchant la connexion avec la dragonne. Il restait un peu inquiet par ce qu'avait sous-entendu l'étrangère sur l'aeroka.
Il se tourna vers elle en l'entendant remuer, et si son ton était doux, il ne souriait pas :
« Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu faisais là ? »
De sa réponse dépendrait son devenir.
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: À point nommé Lun 27 Fév 2017 - 23:31 | |
| La douleur, après l'avoir mise KO, ramenait petit à petit Kharis vers la conscience, tel un chat qui ne savait pas trop s'il voulait entrer ou sortir. En tout cas, si elle avait eu son mot à dire, la liare aurait préféré rester dans les nimbes cotonneuses de l'inconscience ; elle était peut-être vulnérable ainsi, mais la douleur qui perçait à présent à travers le brouillard ne lui donnait aucune envie de se réveiller.
Elle avait l'impression qu'un troupeau d'Esifret l'avait piétinée tant elle avait mal partout. Mais, petit à petit, à mesure que ses souvenirs lui revenaient, elle se rappelait que l'origine de sa douleur était toute autre... et bien pire, finalement. Le souvenir de sa mésaventure lui fit émettre un grognement sourd, ce qui attira l'attention de son sauveur. Kharis réussit finalement à ouvrir les yeux et à reconnaître le liare qui lui faisait face : c'était bien le même que celui qu'elle avait vu un peu plus tôt... Mais son compagnon semblait avoir disparu.
Peu importe, ce n'était visiblement pas à son tour de poser des questions. D'après ses vêtements (et surtout l'endroit où ils se trouvaient...), l'infirmier improvisé de Kharis était un nomade et il ne serait sans doute par ravi de savoir qu'il avait sauvé une citadine d'Orlack. Même encore à moitié assommée, elle était capable de s'en rendre compte.
Elle était donc pleinement consciente du danger auquel elle s'exposait en disant la vérité, mais elle était tout simplement trop épuisée pour mentir.
« Je m'appelle Kharis, je suis apprentie chez un armurier et je viens d'Orlack. »
Elle dut s'arrêter, se rendant compte qu'elle avait la gorge sèche. Depuis combien de temps n'avait elle rien mangé ni bu ? C'est à peu près à ce moment là qu'elle réalisa qu'elle était tout de même étendue sur une sorte de couverture, qu'on avait désinfecté ses plaies et qu'on l'avait habillée sommairement. Ce liare ne lui voulait sans doute aucun mal... Mais serait-ce toujours les cas maintenant qu'elle lui avait révélé d'où elle venait ? Elle reprit son explication d'une voix encore un peu rauque :
« Mon maitre m'a envoyé explorer les montagnes pour trouver des écailles de dragons. Ils muent, en ce moment, alors ça devait être facile. Et puis... »
Sa gorge se serra involontairement. Maintenant que l'adrénaline était redescendue, elle commençait à réaliser à quel point elle était passée près de la mort cette fois. C'était une idée avec laquelle les liares avaient l'habitude de vivre, mais y être confronté en face... Cela n'avait rien à voir avec les vagues sermons des prêtres d'Uraang lors des funérailles des soldats.
Refusant de céder à la peur qu'elle sentait monter en elle, Kharis poursuivit en serrant les poings pour tenter de maîtriser le tremblement de sa voix.
« Une aeroka m'a attaquée. Elle m'a emportée dans son nid pour nourrir ses petits et... Je me suis défendue. J'ai fait exploser le nid. J'ai essayé de fuir... »
… Et elle n'aurait jamais réussi à rentrer chez elle en un seul morceau sans l'aide désintéressée d'un liare de passage, qui plus est sans doute un nomade qui aurait eu toutes les raisons de se réjouir de son trépas, si ce n'est de l'achever si elle en croyait les rumeurs.
Les liares n'ont guère l'habitude d'exprimer leur gratitude et Kharis n'avais jamais été la plus éloquente de son espèce. Alors elle espéra que là où les mots lui faisaient défauts, son regard pourrait exprimer à quel point elle était reconnaissante envers son sauver.
Dernière édition par Kharis Othorm le Ven 14 Juil 2017 - 19:59, édité 1 fois |
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Ombre Messages : 115 Expérience : 992 | (#) Sujet: Re: À point nommé Ven 3 Mar 2017 - 10:35 | |
| Ainsi donc elle venait bien d'Orlack. Même si la confirmation ne lui plaisait pas, Luran l'avait déjà compris à l'instant où il l'avait vue marcher cahin-caha sur la piste caillouteuse menant à l'anfractuosité de rocher dans laquelle ils se trouvaient en ce moment. Certes, elle n'était pas arrivée de la bonne direction, mais personne n'avait eu connaissance d'un autre clan qui aurait monté le camp dans une vallée voisine, et la proximité de la cité était elle-même parlante. Cependant, pourquoi une apprentie armurière de la ville aurait été envoyée aussi haut dans les montagnes était étonnant : il n'y avait pas dans la région de gisement de minerai ou de métaux, sinon il y a bien longtemps que les nomades auraient fait une croix sur cette partie du massif.
La réponse arriva vite, mais elle lui plut encore moins que la précédente. L'idée qu'une fidèle à la couronne puisse venir voler des écailles le révoltait – car mue ou non, les écailles n'appartenaient qu'à leur dragon. Peut-être n'était-il pas objectif, à la fois du fait de sa relation privilégiée avec Kayerith et de par la nature même des relations entre le pouvoir en place et son peuple, mais il était bien loin d'en avoir quelque chose à faire. S'ils pensaient qu'ils allaient pouvoir commencer à envahir les sommets vers lesquels ils avaient repoussé les nomades pour en piller les ressources...
Kharis poursuivit son récit, et malgré ses premières réticences, Luran dû admettre qu'elle en avait dans le ventre. Et son histoire expliquait donc la détonation qu'ils avaient au départ prise pour une éruption, ainsi que les multiples survols de la région par cet oiseau de malheur ! Restait à savoir si elle allait s'en tenir là ou si elle allait chercher une rétribution ailleurs dans les heures à venir. Enfin, si ce que cette liare disait était vrai, il y aurait probablement quelques uns de ces volatiles en moins dans le monde et ça n'était vraiment pas un mal.
Et maintenant, que faire de la blessée ? Il ne pouvait pas la ramener au camp. Mais malgré tout ce qu'il lui arrivait de dire et penser sur les citadins, il ne pouvait pas non plus décemment l'abandonner seule à un endroit qu'elle ne connaissait pas alors qu'elle tenait probablement à peine debout et qu'elle était ignorante comme un lapin de deux semaines concernant la survie dans les montagnes. La livrer à elle-même maintenant était signer son arrêt de mort aussi sûrement que s'il l'achevait lui-même.
L'armurière était épuisée, affamée, assoiffée. Luran n'avait rien à boire sur place, mais il pouvait au moins la nourrir un peu : il fouilla un instant dans son sac et lui tendit quelques tranches de viande fumée et un biscuit sec qu'il gardait sur lui en toutes circonstances. En la regardant manger, il soupira ; sa décision était prise, pour le meilleur ou pour le pire. Il remballa toutes les affaires qui traînaient avec une précision découlant d'une longue habitude.
« Tu peux marcher ? On va aller trouver à boire. »
Il la laissa enfiler les bottes que Keldram dans son infinie sagesse avait réussi à lui voler, et l'aida à se relever. Il allait lui trouver quelque chose à boire, puis l'aider à redescendre en direction de la vallée. Une fois qu'il la considérerait capable de rentrer chez elle seule, il la laisserait voler de ses propres ailes pour remonter chez lui, et si possible ne jamais la recroiser.
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: À point nommé Sam 21 Oct 2017 - 2:29 | |
| Kharis se tendit instinctivement quand Luran fouilla dans son sac, réveillant de nouvelles douleurs qui la firent grimacer. Que cherchait-il ? Il n'avait rien dit quand elle avait répondu à ses réponses. Elle n'était pas douée pour lire les émotions sur les visages, mais il n'avait clairement pas l'air ravi ni soulagé par ce qu'il avait appris. Peut-être regrettait-il de l'avoir sauver. Peut-être cherchait-il une arme pour l'achever ? Non, il était trop calme... Peut-être s'était-il simplement désintéressé de son cas, et qu'il était simplement en train de ranger ses affaires pour partir en l'abandonnant ici. Elle n'était pas vraiment en état de le retenir. Finalement, il sortit de quoi manger. Rien d'extraordinaire, mais la vue de la viande fumée suffit pour que le ventre de Kharis se torde douloureusement. Elle avait tellement envie se se jeter dessus qu'elle ne comprit pas tout de suite ce que le nomade voulait quand il lui tendit la nourriture. Il continuait à l'aider. Cela allait tellement à l'encontre de toute logique pour le cerveau encore embrumé de la liare qu'elle mit quelques secondes de trop à réagir et à prendre ce qu'on lui donnait. Puis elle décida de profiter de sa chance et de garder ses questions pour plus tard. Elle avait beau être morte de faim, manger fut plus compliqué que prévu. La nourriture était plutôt difficile à mâcher et lui asséchait terriblement la gorge. Elle fit toutefois un effort et elle ne songea pas une seule seconde à se plaindre tant elle était reconnaissante. D'ailleurs, même s'il lui fallut du temps, elle dévora tout jusqu'à la dernière miette. Simius savait quand elle pourrait manger à nouveau... La générosité de son hôte ne s'arrêta pas là, puisqu'il l'attendit sans se plaindre, puis lui proposa de l'aider pour aller chercher à boire. Elle acquiesça vigoureusement en avalant sa dernière bouchée. Elle se dépêcha d'enfiler les bottes qu'on lui avait fourni sans même se soucier des plaies encores à vif qui couvraient ses pieds : elle avait mal, certes, mais elle avait encore plus soif ! Malgré son impatience, elle se releva avec prudence, acceptant volontiers l'aide qu'on lui offrait. Sur le chemin caillouteux menant à la coulée de lave en contre-bas, elle mit toutefois un point d'honneur à ne pas trop solliciter le nomade, quitte à serrer les dents. Elle avait encore sa dignité ! Enfin, jusqu'à un certain point, et selon les critères liares. Aussi, dès qu'elle arriva en vue de la lave, elle claudiqua aussi vite qu'elle le pouvait et se laissa tomber au sol sans cérémonie pour plonger la tête dans le précieux liquide. Elle se sentait revivre ! La seule chose qui l'avait retenue de se jeter dedans tout habillée, c'était que les vêtements qu'elle portait ne lui appartenaient pas. Mais elle avait hésité quand même... Une fois désaltérée, elle se retourna vers son sauveur. « Je me sens beaucoup mieux. Grâce à toi. Je ne sais même pas comment tu t'appelles... » Elle avait envie de lui demander pourquoi il l'avait aidée alors qu'il la détestait sûrement, mais elle n'osa pas poser la question. Tout ça la mettait plutôt mal à l'aise, en fait. Elle préféra changer de sujet : « Si ça t'embête pas, je vais me baigner un peu. Désinfecter mes plaies, tout ça. » Sans attendre vraiment de réponse, elle se déshabilla rapidement puis elle s'immergea entièrement dans la coulée. Certes, elle était arrivée nue comme un ver, et d'une manière générale les liares avaient l'habitude de se baigner nus devant d'autres personnes, mais il l'intimidait tout de même... D'ailleurs, ce n'est qu'une fois que le courant lent et paresseux de la lave la porta à l'abri d'un rocher qu'elle se redressa. Elle contempla pour la première fois l'étendue des dégâts de son combat contre l'aeroka et ce qu'elle vit la fit grimacer. Son torse était couvert de lacérations, et encore, elle se doutait que les pires se trouvaient dans son dos où elle ne pouvait pas les voir. Sa peau grise commençait à se teindre en noir au gré de la formation des premiers hématomes. Le tout était complété par les dizaines d'éraflures plus ou moins profondes causées par les pierres projetées par le souffle de l'explosion. Et ses pieds, qu'elle ne voyait pas, mais qui l'élançaient toujours... Kharis soupira. Peu lui importaient les cicatrices qu'elle garderait probablement, mais il lui faudrait sans doute plusieurs jours de repos pour se remettre véritablement. Passer autant de temps sans pouvoir travailler la désolait, et lui faisait surtout redouter la réaction de son maître. Et par Simius, elle ne pouvait pas se permettre de rester plusieurs jours sous la protection de ce nomade... Tant pis, elle devait repartir au plus vite, le soir même si c'était possible ! Sa décision prise, elle décida de retourner là où elle avait laissé son sauveur. Mais quand elle arriva, ce qu'elle vit la laissa bouche-bée...
Dernière édition par Kharis Othorm le Jeu 28 Déc 2017 - 23:55, édité 1 fois |
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Ombre Messages : 115 Expérience : 992 | (#) Sujet: Re: À point nommé Ven 3 Nov 2017 - 17:58 | |
| Qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi mettait-elle si longtemps à prendre ce qu'il lui tendait ? Il s’apprêtait à retirer sa main et ranger le peu de nourriture qu'il tenait – et qu'il gardait normalement pour les cas d'urgence personnelle. Après tout il n'était pas là pour la forcer à manger si elle préférait mourir de faim. Elle finit cependant par vaincre son hésitation et se saisir de ce qu'il lui proposait, même si ce n'était pas grand chose. Il la regarda manger avec patience. Elle semblait vraiment avoir des difficultés, et il se demandait un peu ce qui lui était arrivé. Il se doutait bien que la rencontre avec l’aeroka était en soi une cause valide de blessures en tout genre et il était même surpris qu'elle en soit sortie vivante. Même si elle lui avait plus ou moins expliqué comment elle s'était échappée, beaucoup de choses étaient restées mystérieuses. Il ne connaissait pas la vie du peuple des cités, mais il était funestement familier avec les armes à feu de l’armée. Il était seulement étonné que la moindre apprentie de forgeron soit dotée d'une telle arme. Si la population générale en était munie et s’aventurait ainsi dans les montagnes, la situation risquait de dégénérer.
Il garda néanmoins ses questions pour plus tard. S'il voulait de vraies réponses détaillées, il allait d’abord devoir l’accompagner et lui permettre d’épancher sa soif. Sans se départir de sa patience, il l’aida à se relever et à rejoindre la coulée de lave la plus proche. Il soutenait étrangement peu de son poids, comme si elle faisait tout pour ne pas se servir de lui comme d’une canne. Il était cependant parfois forcé de s'imposer un peu plus, quand les jambes de la jeune femme menaçaient de lâcher sur le terrain inégal. Une fois arrivés à quelques mètres de leur objectif, il la laissa voler de ses propres ailes – sans mauvais jeu de mots.
“Je t’en prie, fais donc. Et mon nom c’est Luran.”
Son ton était désinvolte, mais il détourna tout de même les yeux lorsqu'elle se déshabilla. Il aurait été bien incapable de dire pourquoi il était gêné: de manière générale les liares n'étaient pas culturellement pudiques et sa tribu ne faisait pas exception. Le problème se trouvait peut-être là, justement : il n'avait jamais vu nues que des personnes de son propre clan et il n'y avait jamais porté d’attention particulière, mais Kharis était une étrangère, une inconnue, un oiseau de mauvais augure. Bref, quand c'était elle, c'était bizarre.
Il s'assit au bord de la coulée, profitant de sa chaleur, et se permit de rêvasser un moment pendant que la demoiselle prenait son bain. Il se demandait où pouvait bien être Kayerith. Il n’avait rien senti qui puisse lui faire penser qu'elle avait eu des soucis avec ce volatile des enfers, mais il ne pouvait s'empêcher d'être un peu inquiet à son sujet.
Keldram avait de son côté bien mis à profit le temps que leur avait pris cette petite expédition, et avait réussi à retourner dans la grotte, voir qu'ils n'y étaient plus, et suivre leur trace jusqu’ici. À voir l’expression de Luran, yeux fermés, à la fois concentré et détendu, il comprenait par habitude ce qu'il était en train de faire. Comme le reste de leur famille il n’approuvait pas son lien avec le dragon, mais il savait que le lui reprocher ne marchait pas. Il opta pour une marche à suivre moins antagonique : il s’assit derrière lui et l’embrassa dans le cou pour le déconcentrer.
Luran ouvrit brusquement les yeux avec un sursaut et un gloussement d’une dignité toute relative – ça chatouille, quoi ! – avant de réaliser que Kharis était en train de revenir. Au même instant, il sentit quelque chose qui lui fit lever la tête vers le ciel. Cette peste avait essayé de le prendre par surprise !
“Elle arrive !” Il ne fallut que quelques secondes pour que le battement de ses ailes se fasse entendre et que la dragonne atterrisse derrière eux. Luran se leva pour l’accueillir avec une moue sarcastique. “Tu ne crois pas que t'es un peu grande maintenant pour essayer de me surprendre comme ça ?”
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: À point nommé Sam 30 Déc 2017 - 11:28 | |
| Les neurones de Kharis firent de leur mieux pour pédaler aussi vite que possible dans un bel effort collectif, mais ils avaient du mal à déterminer quelle information ils devaient traiter en priorité. Un dragon. Un autre liare qui embrassait Luran. Luran qui gloussait. Un dragon qui gloussait ? Un liare qui embrassait un dragon ? Encore un peu, et elle s'évanouissait de nouveau ! Mais tout de même, c'était une liare, et elle avait déjà épuisé son quota de syncopes pour l'année. Ce qui voulait dire qu'elle allait devoir prendre une décision, elle ne pouvait pas rester plantée là pour toujours non plus ! Plusieurs options étaient envisageables : ils ne l'avaient peut-être pas vue, elle pouvait reculer derrière un rocher, attendre quelques minutes que tout la scène redevienne « normale » et revenir l'air de rien. Elle pouvait aussi signaler sa présence en toussant bruyamment, ou en faisant un commentaire absurde du style « oh regardez ce nuage ! On dirait un peu un Tanflamm, non ? » Bien sûr, son éducation lui soufflait qu'elle pouvait aussi se mettre à hurler et à invoquer le terrible châtiment que Simius ne manquerait pas d'infliger à ces barbares pour leurs actes abominables ! Les dragons étaient chassés, et les hommes aimant d'autres hommes pareillement ! En tout cas, c'est ce qu'on lui avait souvent dit, mais... Depuis sa rencontre avec Aolias, elle avait commencé à se poser des questions. Ce qui se passait au palais la répugnait au plus au point, mais c'était surtout l'abus de pouvoir de ce noble dépravé qui la révulsait. Ce qu'elle avait devant les yeux semblait totalement différent et... incompréhensible. Et puis hurler des malédictions alors qu'elle était nue, sans arme, blessée et probablement perdue face à deux nomades en pleine possession de leurs moyens et un dragon était une idée assez stupide si elle voulait survivre, de toute façon. Elle devait trouver un moyen de signaler sa présence, mais aussi de montrer que, même si elle était une citoyenne d'Orlack, ce qu'elle venait de voir ne changeait rien à sa reconnaissance sincère pour son sauveur. Dire qu'elle approuvait et qu'elle n'était pas choquée serait mentir, mais elle ne pouvait ni ne voulait rejeter tout cela en bloc... « C'est quoi son petit nom ? » fut tout ce qu'elle trouva à dire. Parlait-elle du dragon, ou de l'autre nomade ? Même Kharis n'en était pas bien sûre à vrai dire. Les deux peut-être ? D'ailleurs, les dragons avaient-ils des noms ? Le gros reptile allait-il la dévorer pour son impertinence ? Ou alors, si Luran se trouvait être un dragonnier, peut-être pourrait-elle négocier avec lui quelques écailles de son précieux volatile... Non, elle avait déjà trop de dettes envers lui, elle n'oserait jamais lui demander une chose pareille. Bah, elle se contenterait d'en ramasser une ou deux discrètement si jamais la bête en perdait... A la fois pour changer de sujet et pour pouvoir se relever sans être gênée face aux deux hommes, elle ajouta : « Au fait, est-ce que quelqu'un pourrait me faire passer mes vêtements ? » |
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Ombre Messages : 115 Expérience : 992 | (#) Sujet: Re: À point nommé Ven 5 Jan 2018 - 20:08 | |
| “Son… petit nom ?”
Luran se retourna vers Kharis, étonné. De qui parlait-elle ? A qui s’adressait-elle ? Probablement à lui, puisqu’il n’y avait que lui qui avait déjà eu une conversation – si on pouvait l’appeler comme ça – avec elle. Il doutait cependant que le qualificatif corresponde à l’un ou l’autre des nouveaux arrivants pour elle. Elle avait l’air tellement abasourdie par les événements qu’il ne pensait pas qu’elle-même savait ce qu’elle voulait dire. Il se serait presque attendu à ce qu’elle se mette à hurler insultes et malédictions dans leur direction toute blessée, perdue et nue qu’elle soit. Mais à la place, cette question était sortie de sa bouche, et elle semblait en être aussi surprise que lui.
Mal à l’aise avec la situation, Keldram restait assis sans bouger, comme si le moindre mouvement allait attirer l’attention sur lui. Il ne savait pas qui il craignait le plus, entre la dragonne qui n’avait jamais vraiment que toléré sa présence et la citadine, à qui il ne faisait pas plus confiance qu’à une étendue de sables mouvants. S’il restait immobile, peut-être que l’attention de l’une comme de l’autre resterait focalisée sur Luran, et franchement il ne s’en porterait pas plus mal.
Ce dernier fixait toujours la liare, pris au dépourvu par sa question inattendue. Apparemment, Kharis se rendit également compte que ses paroles étaient maladroites, puisqu’elle préféra changer de sujet. C’est à ce moment que Luran se rendit douloureusement compte qu’elle était toujours dans le bain et nue comme un ver. Il sentit la chaleur lui monter au visage et bénit sa peau sombre qui atténuait un peu le rouge de ses joues. Il se hâta de ramasser les vêtements au sol et de les lui tendre à bout de bras, s’efforçant de garder son regard ailleurs que sur elle.
Kayerith, qui jusque là était restée presque immobile elle aussi, souffla par les naseaux en secouant la tête. Luran avait la désagréable impression qu’elle comprenait la situation mieux qu’un simple animal et qu’elle trouvait le moyen de se moquer de lui. Pour bien montrer son importance, elle écarta à demi ses ailes et fit montre de lisser une écaille de son flanc, mais la nouvelle tête semblait l’intriguer au plus haut point et cette petite comédie ne dura pas. À pas circonspect, elle se rapprocha de la coulée de lave, ne manquant pas de frotter son museau contre son compagnon au passage pour bien marquer son appartenance. Prenant bien soin de ne pas toucher le magma, elle renifla longuement Kharis. Luran savait pas quelle odeur pouvait l’intriguer de la sorte, mais il était plus inquiet de la réaction de l’étrangère pour le moment. Alternant des regards vigilants entre les deux, il leva les mains dans un geste d’apaisement à l’attention de Kharis.
“N’ai pas peur, ne fait pas de geste brusque, elle ne te veut pas de mal. Je crois.”
Il ajouta ces derniers mots à mi-voix, incapable comme toujours de savoir vraiment ce que la dragonne avait en tête. Elle n’avait pas l’air tendue et il ne sentait pas d’agression venir d’elle, ce qui était plutôt rassurant. Avec un dernier grondement satisfait, Kayerith décida qu’elle avait senti tout ce qu’il y avait à sentir, et revint se coucher à distance plus prudente de la lave, alerte mais la queue remuant paresseusement dans la poussière.
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Kharis Othorm
Marchande Messages : 160 DC : Finnick Shuöra / Gwen Pryde Présentation : Boum !Carnet : Kaboum ! Expérience : 397 PersonnagePrestige : (2/9) | (#) Sujet: Re: À point nommé Jeu 19 Avr 2018 - 19:07 | |
| Kharis attrapa enfin ses vêtements avec un soulagement non dissimulé, même si Luran ne pouvait pas s'en rendre compte, occupé qu'il était à regarder partout sauf dans sa direction. Elle lui en était presque reconnaissante, se sentant ainsi moins seule à être gênée. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle se serait à nouveau coulée toute entière dans la lave pour se dissimuler, mais elle se retint.Tout ce rouge sur son corps l'aurait rassurée, mais elle ne pouvait pas rester cacher là éternellement. Elle se dirigeait vers le bord pour pouvoir enfiler ses vêtements sans risquer de les brûler quand une grosse tête écailleuse lui barra le chemin. Ça y est, la dragonne avait décidé qu'elle avait un petit creux et que cette liare avait l'air cuite à point, et en plus il n'y aurait même pas besoin de l'éplucher avant de la boulotter ! Kharis entendit vaguement que Luran lui parlait : il était bien gentil de lui dire de ne pas s'inquiéter, mais elle... mais elle était déjà morte de peur bien avant que ses paroles plus ou moins rassurantes arrivent à ses oreilles ! Heureusement, la grosse bête décida finalement de l'épargner et elle repartie se coucher un peu plus loin, apparemment... Satisfaite de son petit effet ? N'importe quoi, se dit la liare, les dragons n'étaient si intelligents que ça. En tout cas, tant pis pour les écailles : hors de question qu'elle s'approche à nouveau, elle avait suffisamment risqué sa vie pour le moment. Liorenth n'aurais qu'à aller les chercher lui-même s'il y tenait tant ! Malgré ses blessures, Kharis se dépêcha de sortir enfin de la rivière de lave pour se cacher derrière un rocher et retrouver un peu de décence. Le bain, le repos, la nourriture et surtout l'adrénaline lui redonnait un peu d'énergie. Elle devait partir au plus vite, elle ne pouvait pas se permettre de rester là entre deux... hommes qui... Bref, et un dragon, en plus à proximité d'un camp de nomade. Sa situation était beaucoup trop précaire. Même si elle était encore affaiblie, elle devrait probablement tenter se chance en direction d'Orlack au plus vite, peut-être même partir avant que la nuit tombe. Mais elle ne savait toujours pas dans quelle direction la capitale se trouvait, et elle n'avait aucun équipement. Elle serra les dents, bien déterminée à ne pas laisser le découragement revenir à l'assaut. Enfin, si Luran avait pris la peine de la sauver, ce n'était pas pour gâcher tous ses efforts en l'envoyant se perdre seule, sans indication ni provisions dans les montagnes. Cela lui en coûtait, surtout après ce qu'elle venait de voir, mais elle devait lui faire confiance. Le poids de l'éducation et des préjugés... Elle sortit donc de sa cachette et tenta d'afficher son air le plus neutre, sans parvenir tout à fait à se retenir de dévisager l'homme qui embrassait Luran un peu plus tôt. Par contre, elle arrivait très bien à faire comme si la dragonne n'était pas là. « Bon... Et maintenant, on fait quoi ? » Sa voix n'était pas tout à fait aussi assurée que ce qu'elle aurait voulu. Elle avait besoin de son aide, oui, mais pas de sa pitié... Elle décida de se reprendre : « Si vous m'aidez à rejoindre Orlack d'une façon ou d'une autre, je trouverai un moyen de rembourser ma dette. » Certes, elle n'avait aucune idée de comment elle s'y prendrait, mais elle aurait le temps d'y réfléchir quand elle serait rentrée chez elle, au chaud et en sécurité, loin de ce pays plein de monstres volants qui voulaient faire d'elle leur dîner. |
| | | | (#) Sujet: Re: À point nommé | |
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