Une jeune demoiselle habitant dans un village aux alentours de Faras cherche des volontaires pour l'accompagner à l'intérieur de la ville car l'on raconte dans sa famille que ses aïeuls auraient oublié qu'ils avaient caché des bijoux dans leur cave lorsqu'ils sont partis de Faras. Elle n'ose pas y aller seule à cause des malfrats qui rôde dans l'ancienne capitale et promet une petite part du butin à ceux qui l'auront aidé si elle arrive à retrouver la trésor.


Vous êtes libres de vous exprimiez jusqu'à ce que vous arriviez à l'endroit ou la jeune femme pense qu'il y a son trésor ou que vous rencontriez des brigands.
Le MJ postera après chacune de vos réponses à partir de ce moment là.

Il était treize heures pétantes quand Jade pénétra dans cette fameuse taverne. Elle aurait très certainement fait demi-tour si cette annonce ne l'avait pas poussée à rester. En effet, l’endroit était lugubre et peu accueillant, la petite cloche qui se fit entendre quand elle ouvrit la porte lui fit froid dans le dos. Le tavernier ne la salua même pas quand elle entra, ce qui eut pour effet d'agacer la bretteuse qui n’était pourtant pas à cheval sur la politesse. En plus de cela, une forte odeur de bois sec parvint jusqu’à ses narines, elle réprima une grimace. Décidément, ce lieu avait beau être la seule taverne du village, elle ne donnait aucunement l’envie d’y mettre les pieds.

Elle regarda autour d’elle d’un air un peu déboussolé, elle ne souhaitait pas s’éterniser ici. Elle eut d’abord un doute quand elle s’aperçut que l’endroit était désespérément vide à l’exception du tavernier qui la dévisagea d’un œil étrange, comme s’il n’était pas habitué à accueillir du monde à cette heure-ci ; ou peut-être parce que la demoiselle était armée de son arc et de son épée. Elle soupira à l’idée de devoir attendre ici, mais elle s'y résolut. Elle commanda une bière et s’assit seule à l’une des tables en regardant partout autour d’elle : il n’y avait pas âme qui vive. Elle commençait à se demander si elle n’avait pas tout simplement mal lu ce qui était écrit sur ce bout de papier. Elle le sortit de sa poche et y jeta à nouveau un coup d’œil : non, il n’y avait aucun doute. C’était bien ce qui était écrit. La demoiselle aux cheveux de feu attendit un long moment, c’était tout ce qu’elle pouvait faire, après tout. La jeune fille qui avait postée l’annonce aurait au moins pu faire l'effort d'être à l’heure…

Jade attrapa sa chope de bière et, avant qu’elle n’ait eu le temps de la porter à ses lèvres, elle remarqua une saleté qui flottait dans le liquide. Quelle horreur ! Elle prit un air dégoûté avant de violemment reposer sa chope sur la table. Elle lança un regard noir au tavernier qui l’ignorait en évitant son regard. Quel abruti ! pesta-t-elle intérieurement. Décidément, cette journée la mettait en rogne, entre Billy, cet idiot et la fille qui n'arrivait pas… Mais, alors qu’elle s’apprêtait à passer ses nerfs sur le tavernier qui s’appliquait à éviter son regard, quelque chose la coupa dans son élan: le petit son que produisait la cloche quand la porte s’ouvrait. Une jeune femme à la longue chevelure de jais et aux yeux clairs venait de pénétrer dans la taverne. Il n’y avait aucun doute, c'était elle. L’épéiste soupira en constatant que cet idiot de tavernier ne se gênait pas pour reluquer la demoiselle. Elle se leva pour se mettre en évidence. La jeune femme approcha avec un petit air coupable sur le visage :

- Je suis vraiment navrée pour le retard ! Je m’appelle Clélia. J’imagine que tu es là pour l’annonce ?

Jade hocha simplement la tête tandis que l’autre jeune fille la détailla de la tête au pied, comme pour s’assurer que l’épéiste avait la carrure d’assurer cette mission. Cela l'énerva. Finalement, Clélia enchaîna rapidement :

- Bien, bien. Comme dit sur l’annonce, l’on raconte dans ma famille que mes aïeuls auraient caché un trésor dans leur cave en quittant Faras. J’aimerais vraiment retrouver cet héritage, et je te promets une partie du butin si tu m’amènes jusqu’à là-bas inerte, ce serait dommage que ce soit perdu, n'est-ce pas ? Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Enfin, je suppose que tu es pour, tu n'es pas là pour rien. Comment tu t’appelles, au fait ?

Cette Clélia avait l’air d’être une bavarde. Ça promettait. De mauvaise humeur, Jade décida d’abréger son flot de paroles en coupant court à cette conversation. Elle se dirigea lentement vers la sortie de la taverne en adressant un regard noir au propriétaire de l’endroit qui la fixait un peu trop à son goût… Clélia lui emboita le pas et Jade rétorqua :

- Je m’appelle Jade. Ecoute, ne perdons pas de temps, allons-y directement.

La demoiselle aux cheveux de jais hocha la tête en signe d’approbation. Puis elles entamèrent la route vers Faras.

La ville fantôme de Faras s’étendait une nouvelle fois devant les yeux de l’épéiste aux cheveux de feu qui retint son souffle en retournant dans cet endroit. Elle était fière du courage dont elle faisait preuve en retournant par ici. Le lieu n’avait bien sûr pas changé en si peu de temps, mais Jade ne ressentit plus du tout la même émotion que quand elle avait pénétré pour la toute première fois en ces ruines… Elle qui avait eu une si mauvaise expérience avec les bandits de Faras n’avait pas tant tardé à y remettre les pieds, au final. Cette fois, ce furent des souvenirs frais d’il y a quelques jours qui lui revinrent à l’esprit : le chasseur de trésor, cet abruti de Billy blessé à la jambe, et puis ces bandits qui avaient manqué de lui ôter la vie. Elle les maudissait. Elle commençait à se demander si elle avait pris la bonne décision en revenant ici. Mais cette fois au moins, elle n’avait plus ce boulet de Billy sur le dos alors tout ne pouvait se passer que mie…

- C’est sympa comme endroit ! Bon, ok, les ruines c’est pas super joli, mais tu sais ce qu’on raconte sur cette ville. Elle est chargée d’histoire ! J’adore voir ce genre de lieu de mes propres yeux ! Dommage que ça grouille de bandits, hein ? On pourrait faire quelque chose de sympa de toutes ces maisons si seulement y’avait pas tant de criminels...

Jade soupira. Finalement, elle se demanda si elle ne préférait pas Cette Clélia ne l’avait pas mise une seule fois en veilleuse durant tout le trajet, et alors qu’elle continuait à divaguer sur la beauté et l’histoire de Faras, Jade avançait lentement avec la main posée sur le manche de son épée. Rien ne laissait penser que des bandits étaient dans les parages, mais depuis la dernière fois, Jade était consciente de ce dont ils étaient capables. Cela n’était clairement pas très courtois, mais elle se décida à ignorer la demoiselle qui déblatérait ses connaissances au sujet de Faras, elle finirait bien par se taire à un moment ou un autre, pas vrai ? Eh bien, croyez-le ou non, mais elle n’en fit rien. Elle continua de parler jusqu’à ce que Jade lui fasse signe de se taire d’un geste de la main avant d’elle-même prendre la parole :

- Bon, maintenant qu’on est dans Faras, il est où ton fameux trésor ?


Clélia roula des yeux en tapotant un doigt contre ses lèvres, plongée dans sa réflexion. Puis finalement, elle offrit un petit air coupable à sa compagnonne :

- C’est-à-dire que je ne saurais pas vraiment l’expliquer. Mais tu n’as qu’à me suivre, je sais où il est ! Comme ça tu pourras couvrir mes arrières.

Il s'agissait très certainement de la meilleure solution, et bien que Jade préférait largement partir à l’avant en éclaireur, elle accepta la proposition de sa compagnonne et lui emboîta le pas. La bretteuse scrutait les alentours en observant le moindre détail tandis que la jeune femme aux cheveux de jais continuait à s’adresser à elle ; ou pas, peut-être se fichait-elle que sa partenaire l’écoute et qu’elle ressentait simplement le besoin de s’exprimer. Jade marchait à à peine quelques centimètres de la belle, et eut le simple réflexe de lui plaquer la main sur la bouche quand, en passant dans une ruelle, une ombre s’étendit dans la rue d’en face. L’autre demoiselle, elle, ne l’avait même pas remarqué. Les deux femmes s’étalèrent contre un mur pour se pas se faire voir, retenant leur respiration, et puis elles se relâchèrent finalement quand l’homme qui ressemblait bien trop à un bandit pour ne pas en être un passa finalement sans se poser la moindre question. Quand elle s’assura qu’il était assez loin, Jade attrapa sa partenaire par les épaules et déclara d’un air sévère :

- Ecoute, ici il faut se montrer discret. Tu m’as chargée de ta protection, mais si on se fait repérer à cause de toi, ne compte pas sur moi. C’est clair ?

La demoiselle hocha frénétiquement la tête de haut en bas, Jade ressentit qu’elle avait peur en une vague qui se propagea dans son corps, alors elle la relâcha en soupirant. Que lui arrivait-il ? Jade sentait bien le changement qui s’était opérée en elle depuis toutes ces années. A l’époque, jamais elle ne se serait montrée désagréable avec cette jeune femme qui était pourtant plutôt sympathique. Là, elle la considérait comme une contrainte et ne parvenait pas à prendre les choses à la légère. Quelque chose avait définitivement changé en elle pour qu’elle en arrive à mettre sa raison et sa prudence en priorité… Mais ce n’était vraiment pas le moment de penser à ça.

Les deux demoiselles s’enfoncèrent un peu plus dans la ville avec discrétion en évitant plusieurs bandits et marchèrent longtemps avant d’arriver devant une grande maison -qui avait elle aussi été pillée, visiblement-. Elles s’arrêtèrent devant et Clélia vint briser le silence glacial qui s’était installé entre elles :

- Voilà, c’est ici normalement.

HRP:

Jade pénétra dans la maison en jetant quelques regards curieux autour d’elle : cet endroit avait lui aussi été pillé, il ne restait rien de grande valeur ici. Les quelques meubles qui restaient avec été rongés par l’humidité et le temps. Les murs avaient jauni, le parquet grinçait au moindre pas… Il était triste de voir une demeure dans un tel état, cette maison était irrécupérable ! Enfin, rien d’étonnant, vu ce qu’il restait de cette ville fantôme. Il était d’ailleurs difficile de croire que ce modeste lieu abritait un grand héritage. Mais si Clélia ne se trompait pas, c’était bel et bien le cas. Tout comme cette dernière, Jade s’enfonça dans la maison en se bouchant le nez où flottait une désagréable odeur de pourriture et d’humidité. C’était à ne plus pouvoir respirer ! Cette odeur eut d’ailleurs pour effet de faire tousser la bretteuse qui supportait mal ce type de puanteur. Elle n’avait pas l’intention de s’attarder ici, elle espérait que Clélia savait au moins où se trouvait son fameux héritage, et elle espérait aussi qu’elle n’était pas venue jusqu’ici pour rien. Enfin, mieux valait ne pas y penser…

Jade s’enfonça dans une pièce, regardant un peu partout si elle pouvait trouver une trappe ou quoi que ce soit qui aurait pu dissimiler un trésor de famille. Rien. Elle bougea les meubles, tua un bon nombre d’insectes et réprima un hurlement quand une souris s’échappa de derrière une commode. En plus de tout ça, il devenait difficile de supporter cette odeur. Elle fouilla un long moment avant de perdre patience. Elle s’apprêtait à se tourner vers sa compagnonne pour râler, mais elle ne se rendit compte qu’après un instant qu’elle l’avait perdue de vue. Ce fut d’ailleurs à ce moment qu’elle entendit une voix s’élever tout près d’elle :

- Jade, viens voir ce que j’ai trouvé !

Enfin ! Celle-ci ne se fit pas prier et se dirigea en direction de la voix de l’autre jeune femme. Elle fut stupéfaite quand elle découvrit devant elle une large porte de bois dont la serrure semblait avoir été forcée. Elle fronça les sourcils en comprenant que de l’héritage de Clélia, il ne restait certainement plus rien… Mince, elle était donc bien venue jusqu’ici pour rien. Mais cela ne coûtait rien d’aller vérifier. La jeune femme aux cheveux de jais, qui semblait elle aussi avoir compris qui ne restait probablement plus grand-chose de son cher trésor, prit l’initiative d’ouvrir la porte. Elle s’apprêtait à descendre les marches, mais Jade la coupa dans son élan en l’arrêtant avec son bras pour passer devant, sait-on jamais. L’odeur s’atténua. Elles descendirent prudemment tandis que Clélia fit jaillir une boule de lumière de ses doigts, leur permettant d’avancer dans l’obscurité en toute sérénité. Quand elles arrivèrent dans la pièce qui ressemblait à une grande cave, Jade soupira : il fallait se rendre à l’évidence, tout avait été pillé. Elle se tourna vers Clélia qui ne parut pas moins déçue qu’elle, puis elle déclara :

- Désolée pour toi, mais c’était prévisible ! On est tout de même à Faras, ces enfoirés de bandits ne se gênent pas pour se servir dans les affaires des autres, tu sais… Et puis, si j’ai bien compris, ta famille n’est plus là depuis un bon moment, donc… Au moins tu en auras le cœur net. Viens, je vais te raccompagner. Ça sert à rien de s’attarder ici…

Mais contre toute attente, la demoiselle aux cheveux de jais leva la main pour faire taire Jade. Celle-ci, étonnée, fronça les sourcils en se demandant bien ce qui lui arrivait. Clélia mit fin à ses interrogations en rétorquant :

- Attends… Tu entends ça ? C’est bizarre...

Jade tendit à son tour l’oreille et, effectivement, quelque chose d’anormal venait troubler le silence de cet endroit. Des bruits de craquement et… était-ce quelqu’un qui respirait ? Jade déglutit en entendant cela, posant par réflexe sa main sur le pommeau de son épée. Elle regardait autour d’elle mais elle ne voyait personne. De quoi pouvait-il bien s’agir ? Clélia s’avança lentement dans la pièce en tapotant sur les murs pour vérifier qu’ils ne dissimulaient pas un passage secret. Jade l’imita en se disant que, finalement, ce n’était peut-être pas le moment de partir…

Un bruit. Jade n’en crut pas ses oreilles, les respirations qu’elle entendait depuis tout à l’heure semblaient maintenant provenir de plusieurs endroits à la fois ! Pourtant, elle était certaine de n’avoir aperçu personne à travers les ténèbres. Pendant quelques secondes de confusion, elle continua de tâter les murs en espérant, peut-être, trouver quelque chose... Mais rien. Ce fut une main qui se posa sur son épaule qui l’arracha à ses pensées ; la main de Clélia, assurément. Jade sursauta à ce contact. Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle se tourna vers la jeune femme en l’accablant du regard, d’un air de reproche, ôtant ses mains du mur et se redressant. Quand elle remarqua que celle-ci parut terrifiée, la jeune femme commença à se poser des questions. Alors, elle tourna la tête vers le point que Clélia fixait, et n’eut d’autre réflexe que de cligner plusieurs fois des yeux pour être sûre que ce qui se dressait dans la pénombre était bel et bien réel. Cela ne faisait aucun doute, elle s’était accoutumée à l’obscurité et maintenant elle pouvait clairement distinguer les trois silhouettes qui se tenaient face à elles.

Elle plissa les yeux pour mieux se rendre compte de la situation : deux hommes qui ne semblaient pas bien imposants et une petite femme assez maigrichonne. Des bandits, sans doute. Ils n’étaient jamais bien doués pour le maniement des armes. Ces scélérats ne pensaient décidément qu’à piler. Cela eut au moins pour effet de soulager la bretteuse sur un point : la situation ne paraissait pas si désespérée pour elle ! D’ailleurs, elle eut à peine le temps de porter la main au manche de son épée que la demoiselle aux cheveux d’ébène s’était déjà réfugiée derrière elle pour se cacher. Jade soupira. Il fallait avant tout qu’elle pense à protéger sa compagnonne. Après tout, n’était-ce pas là l’unique raison de sa présence en ces lieux ?

- Je pense que je vais avoir besoin de lumière. Intima la bretteuse à l’attention de l’autre jeune femme terrifiée et tremblante.

Jade ne put constater de sa réaction, mais au moins, Clélia ne se fit pas prier. Du bout de ses doigts jaillit une petite boule de lumière qui ne tarda pas à éclairer toute la pièce jusque dans ses moindres recoins. Elle était indispensable, sans quoi l’obscurité aurait été un sérieux handicap pour Jade qui n’avait pas l’habitude de combattre dans le noir. Oui, il était bien question de combattre. La demoiselle n’était pas le genre de personne à parlementer. Pas à cette époque, en tout cas. Elle préférait encore foncer dans le tas, la tête baissée. D’un geste de la main, elle ordonna à Clélia de s’éloigner de quelques pas. Celle-ci acquiesça en hochant nerveusement la tête de haut en bas, puis elle alla s’engouffrer dans un coin de la pièce, près de la porte, au cas où la fuite deviendrait nécessaire.

Jade en profita pour détailler un peu plus attentivement les trois personnes qui se dressaient face à elle. Tout à gauche, un homme, le plus vieux des trois, dont les cheveux et la barbe étaient devenus poivre et sel avec le temps. Étrangement, il semblait aussi être le plus redoutable, malgré son ventre bedonnant. Au milieu, une petite jeune femme aux cheveux longs et sales. Et enfin, le dernier était un garçon, très grand, très fin, qui ne donnait nullement l’impression d’avoir déjà tenu une arme entre ses mains. La bretteuse fronça les sourcils en les dévisageant : le trio était improbable ! Et eux non plus ne donnait pas l’impression de vouloir parlementer. Les deux hommes sortirent une dague d’un petit fourreau, tandis que la jeune femme était armée d’une courte épée qu’elle s’empressa de dégainer. Ils se mirent à discuter entre eux :

- Qu’est-ce qu’on fait, papy ? Déclara le jeune homme.
- Rah, je t’ai déjà dit de pas m’appeler comme ça ! Rétorqua le plus âgé.
- Fermez la ! Enchaîna la troisième. Vous voyez pas qu’elle est armée ? On bute la rouquine, on embarque l’autre, et puis c’est tout !

Le bruit d’une lame caressant son fourreau coupa les trois protagonistes dans leur petite discussion. Ils se tournèrent vers Jade qui n’avait pas l’air d’avoir la patience de les écouter discuter comme si de rien n’était. Celle-ci n’éprouva même pas le besoin de prononcer le moindre mot. Ces trois imbéciles avaient réussi à l’agacer : pensaient-ils vraiment pouvoir se débarrasser d’elle aussi facilement ? Ils se mettaient le doigt dans l’œil. Il n’y avait pas de temps à perdre, et en plus de cela, rien n’indiquait combien de temps Clélia allait encore pouvoir tenir sa Vérité. Jade qui tenait son épée droite devant elle pianotait sur le manche de son épée avec ses doigts, attendant que l’un des trois ne bouge pour à son tour passer à l’action. Ce ne fut pas long.

Le premier coup fut porté par la jeune femme qui se rua sur Jade, l’épée à la main. Son arme s’abattit dans le vide car la bretteuse eut le réflexe de faire un pas sur le côté pour éviter son attaque. Elle fit un tour sur elle-même et profita d’être en action pour riposter rapidement en abattant son épée sur la hors-la-loi qui n’était plus face à elle ; son haut s’ouvrit en deux pour laisser entrevoir une profonde entaille qui lui parcourait tout le dos. La demoiselle s’effondra au sol en hurlant et relâchant son arme. Jade s’en désintéressa bien vite et se tourna vers ses deux adversaires ; pendant ce temps, les hommes en avaient profité pour l’encercler.

Jade jura quand ils se jetèrent tous les deux sur elle. Elle se débarrassa du plus âgé en lui assénant un violent coup de coude dans le visage ; le bougre en lâcha sa dague et vacilla en reculant, portant ses deux mains à son nez. Elle donna un coup de pied pour éloigner l’arme qui était tombée, puis elle se retourna hâtivement vers le jeune homme qui tenait sa dague à deux mains au-dessus de sa tête. Dans son mouvement, Jade lui trancha l’estomac et recula de quelques pas, manquant de perdre l’équilibre. Elle déglutit quand elle vit le garçon tomber au sol, inerte. Cette situation lui rappelait ce qu’elle avait vécu, quelques jours auparavant…

Elle eut à peine le temps de se remettre qu’elle entendit Clélia hurler de terreur ! Jade tourna rapidement son visage vers elle et écarquilla les yeux. Le plus âgé avait ramassé l’épée de sa partenaire qui gisait par terre, à présent inerte. Il la tenait au-dessus de la pauvre jeune femme qui ne put retenir sa Vérité plus longtemps ; Jade eut tout juste le temps de se rapprocher d’elle et de son agresseur avant que la pièce ne soit de nouveau plongée dans l’obscurité la plus totale.

Après ça, plus un bruit. Clélia sentit quelques gouttes d’un liquide chaud venir couler sur son visage. Elle tenta de reprendre sa respiration, puis elle déclara d’une voix tremblante :

- Jade ?

Quelques secondes qui lui parurent interminables s’écoulèrent. Elle crut entendre le bruit de quelque chose que l’on traîne. Puis finalement la voix de la bretteuse vint s’élever dans l’obscurité.

- Oui ?
- Tout va bien ?
- Bien sûr. Tu peux éclairer si tu veux.

Elle n’attendit pas une seconde de plus pour faire jaillir une petite boule de lumière du bout de ses doigts. Elle réprima un sanglot à la vue de la scène qui se dressait devant elle : trois cadavres réunis dans un coin de la pièce et le sol recouvert de sang. C’était un véritable massacre. Dans un autre coin, Jade, qui avait rengainé son épée et qui s’occupait de refermer l’une des plaies qui lui avait été sûrement était faite dans l’obscurité. Elle souffrait ; sa Vérité ne lui permettait pas de canaliser la douleur lorsqu’elle refermait une plaie, mais au moins, cela ne fut pas trop long. Quand elle eut terminé, elle repoussa sa chevelure en arrière tout en prenant soin de ne pas trop regarder les cadavres qui s’accumulaient ; pas que cela la perturbait énormément, mais elle n’avait pas envie de s'y habituer. Elle se rapprocha lentement de sa compagnonne dont la cage thoracique mouvait à toute vitesse. Elle s’accroupit tout près d’elle et prit la parole d'un ton compatissant :

- Clélia, tout va bien, calme-toi. Ecoute-moi, est-ce qu’il y a un autre endroit où pourrait se trouver ton trésor ?

Le calme est revenu sur la maison et le silence n'est troublé que par vos respirations et des bruits d'eau dans une canalisation. Clélia, en proie à la panique, vous demande de l'amener à l'extérieur, loin de la vue du sang et des corps, sans prêter attention à votre question. Heureusement pour vous, ces trois bandits semblent être les seuls dans les environs.

Lorsqu'elle a retrouvé ses esprits, elle vous promet que c'est la bonne maison et soulève l'hypothèse que les bandits l'ont peut être emmené dans leur cache. Apeurée, elle ne veut pas y aller seule et semble s'en remettre à votre choix. Tenterez vous de la trouver ou préférerez vous abandonner les recherches?

Clélia tremblait. Elle avait pris sa tête entre ses mains pour essayer de se calmer et de reprendre son souffle, en vain. Elle ne pouvait plus prononcer le moindre mot, si ce n’est quelques petits bouts de phrases inintelligibles. Jade, elle, perdait patience. La réponse à sa question n’arriva pas, mais ce n’était pas le plus important. Elle attrapa son interlocutrice par les épaules et la secouait vivement pour éviter qu’elle ne tourne de l’œil. Mince, elle aurait dû y penser plus tôt. La jeune femme à la chevelure de feu était habituée à la vision d’une scène de combat, des corps sans vie de ses adversaires. Elle n’aurait jamais imaginé que la vue du sang puisse mettre sa compagnonne dans un tel état de panique. Jade tourna instinctivement le regard en direction des trois corps qui s’empilaient ; et elle n’en fut pas bouleversée. Elle culpabilisa presque de s’être habituée à ce genre de vision. Elle regrettait sincèrement de ne pas avoir fait sortir Clélia de cette pièce et de l’avoir laissée être témoin d’un tel massacre. Pour rien au monde Jade ne souhaitait traumatiser cette jeune femme. Elle savait à quel point il était dur de voir la mort de ses propres yeux… C’est pourquoi elle se chargea personnellement de la rassurer.

Jade serrait Clélia dans ses bras, elle essayait de la rassurer en lui parlant doucement. Elle la ressentait, la peur. Cette peur qui tiraillait son interlocutrice. Cette peur qui ne bouleversait plus Jade. Elle était si intense, si puissante, que lorsqu’elle sentit la vague la parcourir, Jade en eut un frisson d’effroi. Cela ne lui était encore jamais arrivé. Clélia allait en être traumatisée, c’était certain. Jade ferma les yeux. Elle ne pouvait pas la laisser dans cet état.

Elle la distinguait bien clairement, cette peur. Jade la voyait au loin, mais elle n’avait qu’à tendre le bras pour la prendre entre ses mains. Elle était très peu modulable mais elle était certaine qu’en se concentrant, elle pouvait la compresser, la rétrécir. Peut-être la casser. Son esprit se chargeait de faire le travail. Jade se concentra. Elle sera aussi fort qu’elle le put, mais quand elle sentit que malgré tous ses efforts, son esprit ne pouvait briser la peur, elle abandonna. Elle rouvrit les yeux quand elle sentit que Clélia ne tremblait plus, du moins, plus autant. Jade ne comprenait pas bien ce qu’il venait de se passer. Avait-elle tout juste de sortit la jeune femme de sa torpeur grâce à sa Vérité ? Encore une fois, elle ne se savait pas capable d’une telle chose. Elle distinguait très précisément la peur de sa compagnonne. Elle était toujours présente, mais elle s’était nettement apaisée. Ce sort avait épuisé la voyageuse qui était certaine qu’en s’entraînant d’avantage, ce sort pourrait devenir d’une véritable utilité en cas d’angoisse.

- Jade… est-ce qu’on peut sortir d’ici ?

La principale intéressée se contenta d’hocher la tête et aida la jeune femme à se remettre sur ses pieds. Clélia détourna le regard pour ne pas apercevoir le sang -bien que l’odeur âcre parvînt malgré tout jusqu’à ses narines-. Elle sortit de cette maison, suivie de Jade qui lui emboîta le pas. Une fois à l’extérieur, Jade eut bien sûr le réflexe de regarder tout autour d’elle sans lâcher le manche de son épée. Heureusement, il n’y avait pas d’autres bandits dans les environs, alors elle se détendit. Clélia, qui était beaucoup moins bavarde depuis la scène de tout à l’heure, profita d’un instant de silence pour respirer l’air frais de l’extérieur. Jade rejeta sa chevelure flamboyante en arrière mais, alors qu’elle s’apprêtait à poser la question fatidique, Clélia anticipa en la coupant dans son élan :

- C’est étrange… je suis certaine que c’est la bonne maison. Peut-être que les bandits ont amené le trésor dans leur repère… On ne peut pas abandonner aussi facilement… Jade, j’irai, mais pas sans toi ! S’il te plait, allons chercher mon trésor !

Jade soupira. Peut-être son sort avait-il été trop efficace. Ou pas assez : elle ne voulait pas y aller sans elle. Eh bien, après tout, elle n’avait pas tué ces trois personnes pour rien. L’hypothèse comme quoi les bandits avaient sûrement amené le trésor dans leur cache était bien sûr probable. La bretteuse gratta sa tempe en évaluant la situation : mais était-il correct de se mettre ainsi en danger ? Elle avait certes un talent pour se battre, mais face à une horde de bandit, rien n’indiquait qu’elle serait assez efficace pour protéger une personne et sa propre vie… Il ne restait plus qu’à prier pour qu’ils ne soient pas nombreux. Puisse Cioriel épargner leur vie.

- Très bien, allons-y. J’espère seulement que tu es consciente des risques que ça implique !

Clélia hocha la tête et décida de prendre la tête des opérations et de partir en éclaireur à l’avant. Jade soupira une nouvelle fois en la voyant s’éloigner, la main sur son épée. C’est ainsi que commencèrent leurs recherches à travers la ville dans l’espoir de trouver le campement de bandits.