Ce matin-là, je m’étais préparé à quitter notre territoire, une fois de plus. Mon paquetage était fin prêt. Un sac en toile tombant le long du dos était soutenu par ma main au-dessus de mon épaule, mon bâton dans l’autre main, celui-ci allait me servir d’aide à la marche, pour entreprendre ce long et périlleux périple qui nous attendait.

Je ne partais pas seul, accompagné de mon vieil ami Ragk et d’une jeune recrue Esméra, car si tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Nous étions tous les trois prêts quand nous quittions l’auberge dans lequel nous avions séjourné. Celle-ci était un point stratégique pour pouvoir partir de bon matin. Aux abords de la frontière qui nous séparait du monde infâme des humains, une longue marche nous attendait tout de même avant de réellement sortir des terres arides.

Un déjeuner simple dans l’estomac à basse de liqueur et d’alcool et nous étions sur le départ. Ma vision des choses était simple, tant que j’aurais de quoi boire, je ne mourrais pas de faim. Ayant fait des réserves conséquente, mon sac pesait lourd sur mon épaule, mais à quoi bon s’en plaindre. Il n’allait pas s’allégir pour autant.

Nous avancions doucement mais surement, inutile de s’épuiser alors que nous étions toujours en territoire « civilisé ». Bien évidemment, c’était moi qui menait  la marche, suivit de quelques mètre par Esméra et enfin Ragk qui était chargé de surveiller nos arrières. Notre position en fils indienne nous permettait de couvrir tous les angles ou presque. Nous avions déjà adopté cette position de marche car nous nous arrêterions uniquement à la nuit tombé et pas avant ! Ce qui voulait dire que nous serons déjà de l’autre côté de nos limite à la fin de la journée. Du moins c’était le but à atteindre avant la fin de la journée.

Le voyage se déroula en silence car même si mes compagnons étaient des amis sincères et loyaux, je mettais un point d’honneur à ne pas bousiller notre énergie en parlote inutile. Et puis, je préférais être attentif aux sons de l’environnement plutôt que d’entendre Esméra se plaindre ou Ragk débiter un paquet de conneries. Le bruit de la nature était bien plus joli et agréable à mes oreilles. Autant dire que cette traversée n’était pas une partie de rigolade.

La neige entravait légèrement notre avancé, Rien n’était plus détestable que cette froideur créée par Sydilia la perfide en personne ! Mais notre quête était noble et en valait la peine. Nous n’avions aucun amis parmi la couronne, notre propre peuple ! Mais hélas nous n’avions encore moins d’amis de l’autre côté de la frontière. Pourtant, on disait depuis bien longtemps, qu’il y aurait un peuple d'humains au sud du continent, avec qui nos intérêts pourraient bien converger.

Concentrer sur la ligne d’horizon et le long chemin que nous avions encore à parcourir avant la nuit, le syndrome du grand froid ne tarda pas à nous toucher, faisant baisser indéniablement notre attention et notre vigilance. Nous étions pourtant équipé en conséquence avec de nombreuse fourrures de bête.

Surgit alors par derrière, un individu qui s’écria : “Où allez vous ? “
Tout les trois étions surpris de cette apparition, Ragk et Esméra se retournèrent aussitôt en reculant vers moi. Tourné de trois quart, j'aperçus un Homme au regard froid et aux cheveux bleu. Il arborait avec fierté un arc argenté. Tsss, foutu archer Arvélès ! Je me retournais alors à mon tour.

Ragk à ma droite était du genre impulsif, Esméra sur ma gauche était plutôt du genre inquiète et nerveuse. La jeune recrue, légèrement confuse allait porter sa main à son carquois. Regardant alors l’humain droit dans les yeux, je levais alors mon bras gauche au niveau de la poitrine d’Esméra, ce qui eu pour effet de stopper instantanément son intention hostile..

Ragk quand à lui était un imposant Liare, dans le genre bien bourrin tu faisais difficilement mieux. Il prit sa hache qui était accroché à sa taille et se mit à courir en direction de l’humain en poussant un cri de rage. Décidément, il était vraiment intenable celui là...

"Rrrrrrgk !!"

Ragk fut abattu après seulement quelques pas d’une flèche en plein cœur. Lui qui était si fort et si robuste fut stoppé net pas ce gringalet. Pour Mindd, qui le connaissait depuis de nombreuses années, ce fut un choc. Il avait toujours pensé qu’il mourrait avant cette force de la nature. Et pourtant, le corps inanimé de son ami lui fit vite comprendre à quel point il avait tord.

Le jeune homme réitéra sa question. Si le vieux cornu arrivait parfaitement à garder son calme, ce n’était pas forcément le cas pour la recrue Esméra. Elle bandit son arc après avoir encoché l’une de ses flèches. Visant le jeune homme solitaire, ses yeux étaient remplis de rage. Mindd, se tenant à ses côtés attrapa la flèche que la jeune Liare s'apprêtait à tirer. Il l’a retira de l’alignement de son arc et la brisa de cette même main avant de la jeter sur le sol enneigé. Il se tourna ensuite vers elle, puis lui ordonna : “Va m’attendre plus loin, si tu interviens, je te tuerais moi même.”

Voyant le regard déterminé de son chef, la jeune Liare ne demanda pas son dû et s’exécuta. Elle partit derrière Mindd, laissant seul  les deux mâles et le cadavre de Ragk qui les séparait.

Le vent du mont Torgern était froid, très froid. C’était parfait car dans un instant Mindd allait enflammer les lieux. Même s’il ne le montrait pas, le Liare était fou de rage et bouillonnait de l’intérieur. D’un mouvement de bras et d’épaule, il retira l’épaisseur de fourrure qu’il portait sur le dos. Les laissant tomber sur le sol. Il s’avança calmement, tenant fermement son bâton de bois. Son ennemi était armé de flèches, il pouvait aisément lui tirer dessus à distance.

Mindd arriva au niveau de son ami, tombé raid mort, il le regarda un instant, puis se focalisa sur l’homme qui venait de devenir son ennemi. “Qu’importe où on va, tu seras mort avant de le savoir.” Sur ses parole, le Liare frappa la pointe de son bâton sur le sol, laissant s’échapper quelques flammes, faisant fondre la neige autour de ses pieds.

Son opposant était sur le qui vive. Totalement imperméable à toute attaque que pouvait tenter le Liare. Pour lui, il avait atteint la limite critique avant qu’une flèche vienne le transpercer. L'humain se protégeais bien. Sans en avoir l’air, sa garde ne laissait entrevoir aucune ouverture pour Mindd à cette distance. Se lançant dans une tirade plutôt sensé, le Liare reconnu intérieurement que ses raisons étaient nobles, bien entendu, il refusera toujours en bloc ce qui sort de la bouche d’un humain.

L’homme était armé d’un arc et d’un carquois, visiblement il avait une prédilection pour les combats à longue et mi-distance. C'était embêtant pour le Liare qui préférait de loin le combat au corps à corps. Il aimait sentir les os de ses ennemis se briser sous ses coups. Mais fort heureusement pour lui, il avait plus d’un tour dans sa manche. D’un geste rapide il sortit ce qui allait faire la différence durant cet affrontement. La technologie Liare allait une fois de plus faire ses preuves sur ces êtres inférieur d’humains. Son revolver sorti en moins de temps qu’il en faut pour l’écrire, les deux opposants étaient parés pour le combat qui les attendait. Cependant, il remarqua que l’homme n’avait pas lâché Esméra de vue depuis tout ce temps, ce qui allait grandement l’entraver durant le combat dans lequel Mindd comptait s'engager.

“Ne t’occupe pas d’elle, elle n’interviendra pas, même si par miracle tu réussissais à me tuer.” Lui dit-il tout en jetant un œil brièvement à la Liare qui était devenue une silhouette dans cette immense manteau blanc. “Elle a beaucoup plus peur de moi que de ce que tu pourrais lui faire après m’avoir achevé.” Concluait-il en se focalisant de nouveau uniquement sur l'humain.

Son regard envers son ennemi était rempli de rage, le sang lui montait dans les yeux. Ses veines gonflaient sous sa peau grise et bouillonnante. Il serra son poing fermement autour de son bâton de bois, la gâchette le démangeait, mais il s'adressa une nouvelle fois à l’homme sur un ton plus rustre et plus menaçant qu'il y a peu : “Je croyais que nos deux peuples avaient un accord de non-agression, qu’est-ce qui te fait croire que nos intentions sont mauvaises...” Sa voix était devenu rocailleuse et instable, le froid jouait beaucoup sur la variation de ses cordes vocales. En regardant rapidement autour de lui, il continua : “Le terrain n’est peut être à mon avantage, mais n’oublies pas qu’ici tu es chez nous, tu n’es rien, un vulgaire insecte que je vais me faire un plaisir d’écraser !”

Une simple pression de l’index était plus pratique et plus rapide que de bander un arc pour en décocher une flèche. Le coup de feu parti sans un mot de plus du Liare. Le froid était terrible, la détonation retentit dans toute la montagne, faisant échos à plusieurs reprises. Les tremblements incessant du cornu dû au froid environnant et surtout à cause de la rapidité de son tir, la balle s’écarta d’un bon mètre de sa cible, manquant lamentablement sa trajectoire, mais qu’importait, le court laps de temps escompté durant la confusion de l’ennemi, Mindd s’était élancé de quelques pas sur l’homme. C’était pas encore assez, mais suffisamment pour que Mindd rentre dans son périmètre. La pointe de son bâton frottait sur le sol enneigé, jusqu'à ce que le cornu lance une attaque en diagonale venant du bas, tel un sabreur dégainant brutalement son arme de son fourreau.

Bien que le revolver était une arme redoutable, le modèle que procédait Mindd n’était pas d’une grande précision. Malgré la distance réduite, la précipitation et les conditions climatique qui jouaient en sa défaveur avaient fait que la balle était passé beaucoup plus loin de sa cible que la pointe de la flèche tiré par réflexe et qui était passé à quelques centimètre du visage du cornu.

Bien que le Liare s’était préparé à en recevoir une dans la viande, c’était pour lui le petit prix à payer pour marteler cet humain isolé. Mais on aurait dit que la chance était de son côté.  Mindd était en total désaccord avec le traité signé de non agression entre les deux peuples. C’était d’ailleurs principalement pour cet raison, que le cornu s’était retourné contre ses propres dirigeants. Alors avoir l’occasion de croiser un humain, seul et qui par dessus tout venait de refroidir l’un de ses amis de longue date. Le Liare n’allait pas laisser passer une chance pareil !

D’un mouvement vif et rapide, l’avorton recula assez pour éviter le bout l’arme en bois. N’ayant misé que sur ce coup pour en finir, Mindd avait sous-estimé le jeune homme, il se redressa sur ses appuies avant de se relancer à sa poursuite. Pendant ce temps, l’humain se débarrassa de son arc ainsi que de ses flèches tout en reculant. Avait-il enfin accepter le fait que c’était fini pour lui ?!

Dans cet optique, Mindd n’allait avoir aucun mal à lui briser le crane en un seul coup. Mais coup de théâtre, une lame se matérialisa dans les mains de l’humain, Foutu Arvéles ! Contre toute attente, il fit un pas en avant, chose qu’il n’avait pas encore fait depuis le début du duel. Entraîné par son élan et le bref instant de surprise faisait que le Liare se jetait droit sur la lame de son adversaire. Essayant de stopper sa propre progressions, le Liare tenta d’esquiver le premier coup en se décalant sur le côté, mais il était trop tard. La lame déchira les vêtements du cornu au niveau latéral ventre, il grimaça…

Le Liare savait que la lame ne s’était pas arrêté à couper ses vêtements, il le sentait, le sang venait d’être coulé. Mais pas le temps de tergiverser ou de cogiter, le retour de la lame approchait rapidement. Cette fois-ci, Mindd ne chercha pas à esquiver le coup, il mit à la place, son bâton de bois en opposition à la lame de l’Arvèles en position vertical. Le temps et l'entraînement avaient rendus le cornu très habile avec le bâton de bois, à tel point qu’il pouvait l’utiliser contre une arme tranchante classique. Il n’avait pourtant rien de spécial ce bâton, mais instinctivement, Il le tournait légèrement à la dernière seconde avant l’impact, le plaçant à un certain angle de sa connaissance bien précis en opposition avec la lame adverse. Ainsi, il absorbe le coup qui se répartit dans tout son corps sans que son bout de bois se brise. Il fallait un certain niveau d’aptitude pour arriver à se battre de cette manière. Mais le bougre y parvenait très bien.

Une fois l’arme stopper, les combattants étaient au contact, au corps à corps. Mindd en profita pour donner un coup de coude en direction du visage de l’homme avec son bras qui tenait encore son revolver. Puis, en prenant appuie sur son bâton planté dans la neige, il mit tout son coeur dans un coup de pied chassé en direction de l’abdomen du jeune homme dans le but de le repousser violemment en arrière.

Sachant pertinemment que l’humain ne pouvait rien avoir de grave avec de telles attaques, le bougre cornu souffla une déflagration de flammes de sa bouche qui s'estompa deux secondes plus tard. La chaleur était immense mais ne dura qu’un instant. Instant où le Liare profita pour déplanter son bâton, pour le replanté un peu plus loin, entre l'armature et la corde de l’arc, qui était maintenant dans son périmètre..

De son autre main, le Liare rangea son revolver, il ne lui servait plus à rien maintenant qu’il avait tiré avec. Une fois l’arme remis à sa place à l'intérieur de sa veste. Mindd se tenait le côté gauche, à l’endroit où il avait été touché.