Perdu dans une ruelle de Karnès, le temple abritant la Boite de l'Instinct effraie la plupart des habitants. Vénérer la mort a toujours été chose compliquée même pour les Namès et en particulier avec cet artéfact qu'ils n'arrivent pas à comprendre. L'endroit est déserté toujours un peu plus chaque année et certains des membres du cercle aimeraient faire disparaître cette relique. C'est pourquoi le prêtre responsable de ce temple est à la recherche d'un valeureux qui voudrait bien passer l'épreuve devant témoins pour rappeler aux Namès que cet objet a toujours été une bénédiction et qu'ils ne doivent pas le craindre.


Vous introduirez votre personnage dans la situation. Le MJ interviendra alors pour contrôler le prêtre responsable de la Boîte pour vous guider vers elle. Il plantera également le décor. Vous serez ensuite seul face à votre mort...

Madelle est un monde remplit de décors somptueux, mais aussi très dangereux et le Désert de la Patience ne déroge pas à règle. Pourtant, Bringsir traversait la région en direction de Karnès, avant dernière étape pour rejoindre Navi, sa jeune « disciple » laissée à Ferèsis. Il l'avait laissé s'y rendre seule alors que lui était parti au Sud et y avait affronté des Récleyés.

Il y avait des chemins bien plus courts et moins dangereux pour aller des Chutes de Veroni à Ferèsis, mais le jeune homme préférait la difficulté et quelque chose en lui le guidé à Karnès. Son instinct lui avait toujours été sans faille et il lui faisait totalement confiance.

L'homme portait une cape qui recouvrait tout son corps sans gêner ses mouvements, ainsi qu'une capuche et d'un foulard qui laissaient à peine un champ de vision pour ses yeux. Le temps était plutôt clément et un léger vent se faisait sentir, rendant le voyage quelque peu pénible à cause de la chaleur et bien que physiquement Bringsir était digne d'un puissant guerrier, la route restait difficile. Grimpant une bute, la grande ville de Karnès était désormais en vue à tout juste quelques encablures et il l'atteindrait sans doute avant la tomber de la nuit.

Après quelques heures, le voilà devant la ville. Karnès était surélevé et entouré d'une grande muraille pour contrer les créatures du désert, mais elle était aussi construit autour du plus grande oasis du désert. C'était une ville reclus de tout le reste de Madelle et les étrangers y étaient plutôt rares.

Pénétrant dans la ville, il laissa ses armes à l'entrée car on ne peut rentrer armer, Bringsir sentait tous les regard braqué sur lui. Qu'importante, il les ignorait et chercha une taverne pour combler sa soif. Il se dit qu'une paire de bières feraient l'affaire. Le voyageur ne pris pas longtemps pour trouver l'endroit qui lui conviendrait le mieux pour ce genre d'activité. Il se dirigea au comptoir, y déposa une piécette et commanda une bière. Une fois servie, le jeune homme s'empressa de prendre une grande gorgée de ce nectar et la reposant, regarda rapidement sur les côtés sans bouger sa tête. Deux hommes, un de chaque extrémité, qui ne détournait pas leurs regards de notre ami, ce qui commença à le chauffer.

-Y'a un soucis ? Lâcha Bringsir d'un ton agacé.

-Mes copains et moi on n'aime pas trop les étrangers qui viennent dans notre repère.

Le voyageur se retourna et vit trois autres hommes le regarder avec insistance. Il reprit sa choppe en main avant de la vider complètement dans son gosier et s'exprima à nouveau :

-Vous vous êtes jamais dis un jour que vous vous attaquez au mauvais type ? Parce que ce mauvais type, c'est moi. Mais je vais vous laisser une chance de vous excuser.

-ça je crois pas, je vais plutôt te fai...

L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase que la main de Bringsir recouvra son visage et le plaqua contre la poutre derrière lui avant de le soulever à quelques centimètres du sol.

-Je t'avais prévenu... murmura le voyageur.

-Et toi ! Lâche le !

Les autres s'étaient armé de tesson de bouteille, de planche de bois et commençaient à l'encercler. Ni une, ni deux, Bringsir lâcha sa prise et alla loger sa main dans le ventre de celui situé devant la porte d'entrer et l'envoya dans celle-ci qui se fracassa. Le jeune homme se précipita dehors pour pouvoir mieux se battre et dégainé plus facilement sa lame au cas où. Les quatre énergumène le suivi de près.

La foule commença à se regrouper devant la taverne, laissant un cercle assez grand pour l'affrontement et les gardes de la ville n'allaient sûrement pas tarder. Il fallait aller au plus vite.

Bringsir se précipita, mais il n'eut pas fais un pas qu'il sentit un regard bien particulier sur lui. Il se retourna et se trouva face à un prêtre qui le fixer. Qui était cet étrange individu ? Comment son regard pouvait être autant pesant ? Serais-ce lui qui réveilla l'instinct du voyageur, l'obligeant à faire un détour à Karnès ? Toutes ces questions ne tarderaient pas à trouver réponse...

L'homme encapuchonné lui fit signe de le suivre et reprit sa route d'où il venait. Bringsir s'apprêtait à le suivre quand un des énergumènes le stoppa, l'attrapant par l'épaule.

-Où tu pars comme ça, on en a pas fini !

-J'ai à faire, savoure ta vie, c'est un luxe bien court quand on est imprudent. Enlevant la main de l'homme de son épaule et reprenant sa route.

-Oh non tu vas nulle part ! 

Le voyageur se retourna précipitamment et lui fracassa le nez à l'aide de sa paume et l'envoya valser d'un coup de pied dans le ventre, rejoignant ses amis qui étaient déjà à terre.

D'un pas pressant, Bringsir rattrapa le mystérieux personnage et se mit à marcher à son allure, quelques pas derrière lui. Sans un mot, les hommes traversèrent les rues de la ville et plus le temps passer, moins l'activité de l'homme se faisait ressentir. On n'entendait plus de bruit de foule, les alentours étaient désert mise à part quelques rares rencontres ici et là, cela devait être un côté délaissé de la ville, sans doute celui des miséreux. Enfin, l'homme que suivait Bringsir s'arrêta, rejoint au niveau par celui-ci, devant un temple en piteux état. On pouvait se demander ce qu'il pouvait se passer ici, tellement le lieu était délaissé du reste de la communauté. Le voyageur s'imagina un vague instant des combats clandestin et l'homme, attirait par la compétence de combat de son suiveur, lui proposerait sans doute quelques combats. Cela ne l'intéresserait pas et alors que le jeune homme allait reprendre la route vers ailleurs, l'homme prit la parole.

-Jeune homme, es-tu prêt à faire face à la mort pour ne plus la craindre par la suite ?

Faire face à la mort pour ne plus à craindre ? Comment pouvait-on poser ce genre de question aussi naturellement que cela ? Bringsir resta stoïque un instant pour réfléchir à tout ça.

D'abord, le « faire face à la mort ». Plus d'une fois le voyageur y avait fait face, affrontant des créatures peu commodes, des personnes mal intentionné, pourquoi cette fois-ci serait elle différente des autres ? Mais ce n'était pas ce qui l'interpella le plus, mais bien le « ne plus la craindre par la suite ». Faire face à la mort n'était pas un soucis en soit. Sur Madelle, qu'on le veuille ou non, la mort est constamment présente. Même dans une ville sécurisée comme ici, rien n'empêchait quelqu'un de vous planter une lame dans le ventre comme ça, par pur plaisir, mais comment pourrait-on ne plus la craindre ? Bien que cela ne se voit pas chez notre ami, quelque part en lui, sûrement bien cacher, se trouver cette crainte. Même un fou qui oserait affirmer qu'il ne craint pas la mort serait un mensonge. Il n'en aurait seulement pas conscience.

Bref, tant de réflexion avait assez intrigué Bringsir pour que cela lui porte un minimum d'attention et il en saurait plus en suivant cet étrange personnage.

-Oui...

Le voyageur n'était pas trop loquasse et il ne voulait pas tomber dans de longues explications sans intérêt. Puis s'il disait vrai, ne plus craindre la mort pourrait s'avérer très utile...

-Parfait, je suis ravi d'entendre cette réponse. Suis moi.

L'homme semblait satisfait d'après le ton de sa voix. Il se remit immédiatement en marche vers l'intérieur de ces lieux, suivi de près par notre jeune ami. Ce qui frappa en premier Bringsir était la qualité de cet endroit. Qu'est-ce qui pouvait se passer ici qui en vaille la peine. D'ailleurs comment pouvait-on faire face à la mort ici ? Mise à part le fait peut-être d'attraper une maladie incurable qui se cache ici, dans ces murs ?

Quelques secondes plus tard , ils entrèrent tout deux dans une pièce plus grande, où se trouvait une grande boite à son centre, ainsi que trois hommes à côté. Chose surprenante, la boite n'avait rien avoir avec le reste de ce qui l'entourait. Elle était imposante et richement décorée, rendant tout le reste invisible au regard. L'homme, toujours suivi par le voyageur, s'arrêta devant les autres et les saluèrent. Bringsir fit simplement un léger signe de la tête.

-Cet homme va ouvrir la boîte. Soyez témoins de ce qu'il va vivre.

Ouvrir la boite ? Bringsir s'attarda sur celle-ci. La fixant, comme s'il essayait d'y voir à travers. Une grande et puissante vérité très ancienne devait être à l'intérieur et on lui demanderai certainement de l'ouvrir, sinon qu'est-ce qui pourrait le mettre face à la mort ? C'est du moins ce que pensait le voyageur. L'homme pointa la boite et reprit parole :

-Ouvre la boîte quand tu te sens prêt. Tu feras face à une mort qui va te sembler extrêmement réelle, tu auras vraiment l'impression de perdre ta vie. Ce n'est qu'artificiel, mais ton ressenti sera si fort que tu y croiras. Tu penseras que cela durera des heures, mais pour nous, cela ne sera que quelques secondes.

C'était donc ça, Bringsir avait vu juste. L'homme s'écarta et se mit à côté des autres, observant tous très attentivement le jeune homme. Ce dernier se mît devant la boite et y posa d'abord, simplement sa main. Bien qu'il avait rejeté sa vérité, il pouvait ressentir celle du coffre. Il l'ouvra sans attendre, sans se poser d'autres questions, prêt à affronter sa mort. Au début rien ne se passer puis sa vision commença à se faire trouble. Le voyageur fit quelques pas en arrière, mais le noir le gagna. Il ne voyait plus rien.

-Il y a quelqu'un ?

Sa voix ne résonnait pas. Il avait quitté l'endroit où il était pour se retrouver dans un autre lieu plus vaste, se trouvant toujours dans un noir complet. Il n'y avait que pour bruit le choc d'une goutte d'eau s'écrasant au sol. L'espace était humide, sans doute se trouvait-il dans une mine. Pourtant, Bringsir ne bougeait pas, il se tenait debout, sans même se mettre en posture défensive. Les secondes passèrent, puis les minutes et rien n'arriver. Onentendait toujours la goutte à intervalle régulier. Le voyageur pensa même un instant être seulement enfermer dans la boite, tomber dans le piège de ces hommes.

-C'est pas vrai !

Jurant tout juste, croyant avoir été piégé, un hurlement digne d'une créature peu recommandable se fit entendre derrière lui à sans doute, plusieurs dizaines de mètre. Il se mit par réflexe en position, se retournant et posant sa main droite sur le pommeau de son épée, prêt à dégainer. A nouveau les secondes passèrent et Bringsir ne vacillait pas d'un cheveu, plissant les yeux, essayant de percer les ténèbres.

Un second hurlement raisonna dans les oreilles du voyageur. Celui-ci provenait une nouvelle fois derrière lui et mécaniquement le jeune homme se retourna. L'instant d'après, il sentit une présence à nouveau dans son dos. Il refit demi-tour et se trouva nez à nez avec une abomination. Une sorte de golem de pierre, mesurant au bas mot deux mètres cinquante – trois mètres de haut et deux mètres de large. A peine il sortit sa lame de son fourreau pour se défendre que la créature lui porta un coup dans l'abdomen, l'envoyant s'écraser au sol d'une force, qu'au choc, un filet de sang sorti de sa bouche.

Le coup avait été douloureux, mais Bringsir se reprit très vite et fît une roulade sur le côté, esquivant sans le vouloir une deuxième attaque de son adverse qui fracassa le sol. Dès son apparition, la vision semblait l'avoir regagné. Du moins partiellement, il voyait tout juste à vingt, trente mètres. Son souffle était devenu difficile et douloureux mais c'était bon, le monstre n'allait plus pouvoir le surprendre.

La créature fît un quart de tour et fixa le jeune homme sans bouger. Bringsir n'attendit pas et chargea, esquivant très rapidement le coup de ce dernier et lui enfonça sa lame dans son flan droit.

-Prend ça !

Le voyageur se sentait plus léger, il ne sentait d'ailleurs plus le sol sous ses pieds et était même sonné. Son adversaire l'avait frappé de son poing gauche, l'envoyant valser sur une longue distance sans toucher le sol. Il tenait toujours son arme en main qui avait été enlevé du monstre quand celui-ci porta son coup. Bringsir s'écrasa contre le mur. Pas une seule partie de son corps ne le faisait pas souffrir, mais il ne voulait toujours pas en rester là et tentait de se relever.

-Tant que... je tiens mon arme... je n'abandonne pas...

Un horrible craquement dos se fit entendre et le voyageur se mît à hurler de douleur. La créature lui avait simplement arraché le bras droit.

-Vas-y, qu'est-ce que tu attends...

Bringsir serrait les dents. Il ne pouvait plus bouger, il se vidait de son sang, il se sentait partir, il savait qu'il allait mourir. C'était la fin et pour la première fois, il voulait vivre. Il n'avait jamais pris conscience qu'il aimait tant vivre, car il n'avait jamais frôlé la mort. Le monstre jeta le bras de celui-ci sûr lui, se retournant et commença à s'éloigner.

-Ne me tourne pas le dos !

D'un sursaut d'orgueil et puisant une énergie de nulle part. Le jeune homme se leva difficilement, mais plutôt rapidement pour son état. Retirant l'épée de son membre se trouvant par-terre avec la main gauche et chargea en titubant.

-Meurt ! Hurla-t-il de toute son âme.

Mais c'était peine perdue. La créature se retourna et l'attrapa par le haut de son crâne. La main du monstre recouvrait quasi la totalité de l'homme et on voyait tout juste sa bouche. Puis sans attendre un instant de plus, serra de toutes ses forces, éclatant le crâne du voyageur. Sa bouche s'ouvrit en grand, signe que plus aucun muscles, plus aucune réactions vînt de lui. Il était simplement mort et son adversaire lâcha son corps qui gisait désormais au sol.

Bringsir revint à lui devant la boite. Aucun son n'émanait de lui et pourtant il aurait voulu hurler à la mort. Il avait tout juste un poids sur le cœur. Le voyageur tourna sa tête vers les hommes qui étaient là avec de grand yeux écarquillés. Ces derniers eurent un grand sourire et celui qui l'avait amené là s'avança vers lui et se pencha pour lui adresser la parole.

-Félicitation ! C'est une grande réussite !

Il avait un petit sourire narquois et semblait très satisfait de sa performance. Pourtant, il n'avait que simplement ouvert la boite et … et il avait péri. Bringsir s'était vu mourir. Comment un tel artefact pouvait exister ? Qui pouvait créer de tels objets ? Il aurait voulu poser toutes les questions qui lui traversaient l'esprit mais n'y arriver pas. Le voyageur se releva franchement et resta devant son interlocuteur.

-Tu as rempli ton travail et tu peux être satisfait. Te voilà insensible à la crainte de mourir ! Tu peux désormais retourner vaquer à tes occupations.

-Merci.

C'est le seul mot qu'il put sortir de la bouche du jeune homme qui fit un signe de tête pour saluer les hommes et se mit en direction de la sortie. Il n'avait plus rien à faire ici et d'ailleurs il n'avait plus rien à faire dans la ville. La nuit était complètement passée et la lueur du jour commençait à faire son apparition. Bringsir avait tout juste passer quelques heures dans la ville. Il reprit la route, s'encapuchonnant, repartant dans le désert direction le Nord, l'esprit remplit de ce qu'il venait de vivre et eût comme seul geste un sourire satisfait...