Fille d'un mercenaire et d'une voleuse, Hespérine fut contrainte, durant son enfance, à voyager, non pas que cela lui déplut mais elle aurait probablement aimé un peu plus de stabilité. Mais c'était une famille qui compensait le manque d'harmonie par l'amour, aussi, la fillette était heureuse.
Puis, un jour, sa mère fut arrêtée. Cette dernière ne resta en prison que deux semaines mais pour la petite fille, alors à peine âgée de 7 ans, c'était une éternité. Son père était parti, ne devant rentrer qu'un mois plus tard. Elle n'avait personne d'autre.
Sa mère fut libérée, son père revint et les nuits de terreurs, seule, à craindre chaque ombre, à entendre en chaque craquement, le pas d'un intrus malveillant, l'inquiétude perpétuelle, furent de mauvais souvenirs et rien de plus.
Trois années filèrent dans le remous et la joie.
Esselt Spes entra sur la pointe des pieds dans la chambre où dormait, ou plutôt faisait semblant de dormir, sa fille, Hespérine, et s'assit à coté de celle-ci. L'enfant cessa sa feinte et se blottit contre sa maman.
-Il est tard, il faut dormir.
Silence.
-J'ai quelque chose pour toi.
Et Esselt sortit de sa besace une dague d'opaline au manche argenté.
Ce fut la dernière fois qu'Hespérine vit sa mère. On retrouva le cadavre d'Esselt le lendemain, crise cardiaque.
Sept années passèrent tristement.
Le mercenaire mourut. Tué par un tanflamm alors qu'il était en vadrouille.
C'est depuis ce jour qu'Hespérine a peur du feu.
Les années s'écoulèrent encore.
Elle réspira un grand coup et sentit le vent sur sa peau, la terre lui plaisait, l'eau lui avait apporté tant de souffrances. Un an loin de tout lui ferait peut-être du bien. Elle avait vingt ans. C'était décidé, elle serait voyageuse.