Meyrïan ressemble à son père sur beaucoup de points. Même s'il ne cesse de le réfuter, il possède le même esprit combatif que son géniteur. Un amour pour la guerre et le maniement des armes qu'il a depuis très jeune. Très bagarreur, il s'amuse à combattre les soldats de sa garde, ou encore les futurs soldats de l'armée encore inexpérimentés. C'est quelqu'un qui est loin d'être compatissant : pour lui, tout être portant une arme doit être combattu.

Comme son paternel, il ne refuse jamais d'avoir les belles liares dans son lit. Même s'il n'a pas la même approche que lui : Meyrïan préfère les séduire, les charmer avant de les soumettre à lui. C'est un véritable manipulateur et stratège.

Néanmoins, il n'est pas la brute épaisse qu'est le tyran. Il ne cherche pas à combattre les innocents, juste pour l'amour du sang. Ce n'est pas un adepte des tueries inutiles. Même si le sort de son peuple le préoccupe peu.

L'héritier est quelqu'un d'instruit et d'intelligent. Il sait jouer avec les mots comme personne. Si on ne le connaît pas personnellement, on tombe forcément dans le panneau.

Rebelle dans l'âme, il a donné bien souvent du fil à retordre à ses instructeurs, ainsi qu'à ses parents. Il a toujours eu envie de faire ce qu'il voulait. Mais étant le prince héritier, peu de personnes ont osés lui refuser ses caprices.

Premier enfant des Isildro, le couple royal, son arrivée a été accueillie avec joie au palais. L'héritier est né.

Tout comme à sa naissance, il a été adulé pendant son enfance. Il était le fils chéri de sa mère et de la cour. Gâté de tout ce qu'il voulait, Meyrïan est rapidement devenu un enfant capricieux et colérique. La naissance de son petit frère a encore plus accentué cette situation. Le cadet était maudit, hué par la cour. Et à côté, l'aîné était parfait.

Mais petit à petit, il fût délaissé par sa mère, trop occupée à gérer le royaume. Et puis sa génitrice changeait, devenant plus sombre. Son père, il ne le voyait jamais. Il sentit alors un grand manque, comme s'il avait été abandonné. Malgré la présence des nourrices et des domestiques qui se pliaient à ses caprices, il n'arrivait pas à combler ce vide. Alors, il a essayé de s'approcher de ses frères et soeurs. Kabëlian était encore trop petite et innocente, bien que déjà capricieuse. Et Athïla semblait garder une certaine distance avec son frère, malgré les discussions qu'ils ont eu. Meyrïan n'a jamais éprouvé la moindre honte d'avoir un frère sans cornes, et le voir s'effacer devant la cour qui le critique faisait bouillonner en lui, une certaine colère.

Il avait 17 ans quand il a fugué du palais. Il s'est dirigé loin dans les plaines, loin des villes. C'est là qu'il fit la rencontre d'un clan de nomades, les Irilshek. Il fût accueilli à bras ouverts, car le prince a caché sa véritable identité, connaissant les actions de son père contre eux. Il a alors découvert une véritable famille, mais il lui manquait quelque chose : l'amour.

Il le trouva. Nalynra, la fille du chef du clan. Une très jolie liare du même âge que lui. Il en tomba éperdument amoureux, mais la demoiselle avait un caractère bien trempé. Ses sentiments devinrent réciproques au bout de deux semaines. C'était la première qu'une femme résistait autant à son charme. C'était aussi son premier véritable amour. Mais aussi le dernier.

L'armée royale a débarqué un soir, alors qu'ils dormaient l'un contre l'autre. Le nomade de garde a rapidement prévenu ses compères. Meyrïan s'est aussitôt empressé de s'habiller et de sortir de la tente... Pour voir un carnage devant lui. Les soldats liares tranchaient tout êtres devant eux. Les nomades sans défenses venaient de se réveiller pour avoir la tête tranchée. Le prince avait l'impression de vivre un véritable cauchemar. Mais le pire restait à venir.

Son père faisait parti de l'attaque. Il vit Nalynra, magnifique en étant à peine vêtue. La belle était effrayée et ne cessait de regarder son amant, ce dernier fixant son père sans pouvoir bouger. Le tyran descendit de sa monture et d'un geste brusque, sans aucune pitié, il trancha la tête de la femme de sa vie. Meyrïan a tout regardé sans pouvoir rien n'y faire. Il n'était qu'un être sans âme à ce moment là. D'ailleurs, il sait qu'elle n'est plus complète désormais. Il a perdu de nombreuses choses ce jour-là : la capacité d'aimer, la compassion, la faiblesse.

Oh bien sûr, Atharos a bien vu son fils. Quand il a finit son affaire, il lui a asséné un coup de poing au visage, l'assommant sur le champ. Il l'a transporté jusqu'au palais, où il annonça qu'il a été capturé par des nomades, et que le roi venait de le sauver. Tout le monde a cru à cette histoire.

Et depuis ce jour, Meyrïan ne cherche qu'à se venger, le coeur rongé par la haine.