(#) Sujet: When worlds collide... Mer 24 Juin 2015 - 3:27
10 Nehaïah 1243
1125 mots
" - Ailse dépêche-toi, tu va être en retard ! "
La jeune fille se tourna dans son lit, marmonnant pour qu'on lui laisse quelques minutes de plus. Elle avait passé la journée d'hier dehors, est était complètement épuisée. Et elle devait se lever à l'aube pour son cours de tir à l'arc. Aube qui réchauffait doucement son visage à travers sa fenêtre.
Soudain, une sensation humide et froide la submergea. Elle ouvrit grand les yeux, l'air incrédule, et vit son père, un grand sourire aux lèvres et un récipient vide dans les mains. Elle sortit de ses draps trempés d'un bond, surprise, ses cheveux retombant devant ses yeux et sa nuisette tourbillonnant. Son père ne venait pas souvent dans sa chambre. Pas quand sa mère était encore en vie.
" - Je t'avais prévenu de ne pas sortir si tard hier soir ma grande. Allez, on se prépare, plus vite que ça ! "
Et il sortit. Ailse retint ses cris de colère, se contentant d'un soupir appuyé. Elle savait bien qu'il avait raison, mais hier était un jour particulier pour eux deux. C'était le jour de la mort de sa mère, et même si son père préférait boire son chagrin et se cacher sous son armure de cuir, Ailse avait besoin de ce moment de communion. C'est pourquoi elle était sortie hier. Elle était allée jusqu'à la clairière, vêtue de sa robe, toujours trop grande pour elle, mais ça n'importait que peu.
Elle était restée assise une heure, ou peut-être deux, sous le grand Mirlis au pied duquel Isaryá avait rendu son dernier souffle. Elle avait croisé les jambes, fermé les yeux, et s'était adressée à sa mère, lui racontant sa vie, donnant des nouvelles de son père, lui confiant ses peines, ses joies et ses secrets. Lui disant qu'elle lui manquait, mais qu'elle était forte, comme elle lui avait appris. Priant. Calmant son cœur ainsi que son esprit. Elle savait que son père désapprouvait ces sorties, mais il ne l'en avait jamais empêché.
Elle était rentrée tard, très tard, se guidant à la lumière des étoiles. Sans sourire sur ses lèvres, mais le cœur plus léger. Il l'avait prise dans ses bras, sans un mot, puis elle était allé se coucher. Elle savait que lui aussi, malgré cette façade d'indifférence, pensait encore à elle, en permanence. La preuve en était son réveil non conventionnel de ce matin. Sa mère la réveillait ainsi, parfois. Ailse dormait comme une souche, et c'était le seul moyen de la tirer de son sommeil dans ces cas-là.
Elle fit une rapide toilette, enfila sa tenue de tout les jours et sortit, suivant son père sur le réseau de passerelles qui les reliaient à la ville proprement dite. Ils se séparèrent, et Ailse se dirigea vers le lieu de rendez-vous où son instructeur l'attendait. Et sa séance hebdomadaire de tir sur cible mouvante commença.
Ailse en sortit fatiguée. Elle n'arrivait toujours pas à toucher les cibles plus d'une fois sur deux, et pour un peu on aurait pu croire que le hasard guidait ses flèches. Ce que son instructeur avait bien sûr souligné avec son sarcasme habituel. Elle était presque tenter de baisser les bras... Presque. Elle ne le faisait pas pour le plaisir, se souvint-elle. Elle voulait se protéger. Protéger ceux qui comptait à ses yeux. Et elle n'était pas du genre à renoncer...Enfin, presque pas.
Sa journée fut, sinon ennuyeuse, du moins banale. Apprentissage, repas, apprentissage. Rien de vraiment nouveau, ni d'excitant, mais ça avait le mérite de distraire son esprit, d'empêcher ses pensées de vagabonder en des territoires plus sombres. Elle leva le regard vers le ciel, essayant d'utiliser la position du soleil comme indication du temps qui lui restait, mais le feuillage était trop dense pour être précise. Elle se contenta d'hausser les épaules, et rejoint sa cousine. Apparemment, elle devait passer à la bibliothèque et ses parents ne voulaient pas qu'elle ne traîne trop longtemps dehors seule. Comme si la présence d'Ailse, quinze ans et quelques mois, allait changer quoi que ce soit.
Mais Ailse n'était que trop heureuse de lui servir d'escorte. Les deux filles étaient plutôt proches, et adoraient passer leur temps ensemble à bavarder, sur tout et sur rien, les études, la famille, elles-mêmes, et principalement leurs vies amoureuses. Ceirdra était, à l'en croire, une vraie tombeuse qui avait tout les garçons, et même certaines filles à ses pieds. Ailse se doutait bien qu'elle exagérait, mais se prêtait au jeu de bon cœur et riait avec elle. Elle avait toujours été plus... sélective, et les rares romances qu'elle avait vécues s'étaient terminées après quelques semaines et un premier baiser. Mais elle ne s'en préoccupait pas vraiment. Elle avait du temps devant elle.
Les deux cousines se séparèrent devant la bibliothèque, Ceirdra rentrant directement chez elle, et ses parents n'appréciant pas les visites impromptues. Aussi Ailse se retrouva-t-elle seule à Saona, avec du temps à tuer, son père ne finissant son service que plus tard dans la soirée et insistant pour la raccompagner tant qu'elle n'arriverait pas à toucher sa cible neuf fois sur dix. Et ce n'était malheureusement pas près d'arriver.
Elle lança un regard autour d'elle, ne souhaitant pas passer encore plus de temps devant un livre, ni rester assise comme une idiote en plein milieu de la foule. Elle venait assez souvent pour étudier, mais n'avait jamais pris le temps de réellement explorer le quartier, et ne savait donc que faire. Son père ne lui avait donné assez d'argent que pour s'acheter quelque chose à boire, mais elle ne voyait rien de prometteur. Elle reprit donc sa route, observant les environs à la recherche d'une taverne quelconque, ou de n'importe quel autre chose qui pourrait la tirer de l'ennui dans lequel elle se sentait plonger.
Le regard en l'air, elle ne faisait pas attention aux passants, qui l'évitaient de justesse en lui criant de regarder où elle allait. Quel intérêt ? Si elle savait où elle se rendait, alors le simple plaisir de se promener, sans but, au gré de ses envies en était grandement amoindri. Et son ennui proportionnellement augmenté. Cependant, alors qu'elle tournait sur sa droite, ayant aperçu une enseigne prometteuse – apparemment, elle se trouvait à l'autre entrée de la bibliothèque, de l'autre côté du bâtiment – elle percuta quelque chose. Quelque chose de mou et de chaud. Quelque chose qui bougeait et parlait. Quelque chose avec des cheveux roux flamboyants. Non, pas quelque chose. Quelqu'un. Elle se releva souplement, le rouge lui montant aux joues, rajusta ses vêtements et se retrouva nez-à-nez avec deux jolis yeux vert émeraude. Elle tendit une main à l'autre adolescente – car c'était une fille, sans doute de son âge – et s'excusa.
" - Désolée, je ne regardais pas. Tu n'as rien ? "
Adélaïde Firloe
Voyageuse
Messages : 245 DC : Mère Nature, Marissa E. Iselk et Auxane Taël Présentation : Fuyez Carnet : Mes péripéthiesExpérience : 225
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Mer 24 Juin 2015 - 23:14
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When worlds collide
le 10 Nehaïah 1243 avec Ailse Cansídhr
Assise sur mon lit, un livre entre les mains, j'ai l'impression de me trouver au-dessus des Chutes de Veroni. Les mots de l'auteur sont si intenses, j'ai l'impression de pouvoir sentir le vent soulever mes cheveux. Ça s'est réel, ma mère vient d'ouvrir la porte et un courant d'air s'engouffre. Elle a un large sourire sur les lèvres, sûrement une bonne nouvelle à m'annoncer.
Je pose le bouquin et l'écoute. Apparemment l'une de ses anciennes amies est de retour en ville, elle a l'intention de me laisser seule avec ma petite soeur à la maison. C'est une chose extrêmement rare. D'habitude, je ne peux pas faire un pas sans tomber sur l'un de mes parents, mais aujourd'hui le destin a l'air d'en avoir décidé autrement.
Je rassure ma mère et l'embrasse avant de lui dire au revoir dans l'encadrement de la porte. Eléanore est dans mes jambes, elle me presse, me disant de profiter de l'occasion. Mère va sûrement rentrer dans la soirée et père ne rentre jamais avant la fin d'après-midi. Ses paroles ont raison de moi. Je retourne dans ma chambre pour aller chercher mon manteau, il ne faudrait pas qu'on me remarque, puis nous sortons.
Les fois où j'ai pu avancer librement dans la capitale se comptent sur une main. Eléanore connait la ville, elle a beau être plus jeune que moi, elle avance sans hésitation. Je reste près d'elle, le regard se perdant dans la forêt. Lorsque nous traversons une passerelle, je m'arrête une seconde. Cette vue est magnifique. Mais il ne faut pas s'attarder, si je perds Eléanore de vue, je risque de ne pas savoir rentrer.
En regardant derrière moi, je ne reconnais rien. On s'est éloigné très rapidement de la maison. Alors que nous arrivons à un majestueux arbre, ma petite sœur me propose de l'attendre ici. Elle me connait pas cœur. J'entre sans hésiter dans la bibliothèque de la capitale. J'aime cet endroit, l'un des rares où je peux aller avec l'accord de mes parents si j’insiste suffisamment. Bien sûr, l'un d'eux m'accompagne toujours.
Pour une fois, je peux aller dans n'importe quel rayon sans entendre une voix derrière moi qui me dit que ce n'est pas correct. Sans hésiter, je m'aventure au fond, je tourne à droite pour entrer dans le rayon sur la Vérité. J'ouvre un immense ouvrage à la couverture de cuir violet. Je me perds pendant au moins une heure entre les pages. Alors que je repose tout juste le livre à sa place, ma petite sœur arrive.
Il est temps de rentrer doucement. Je la pousse à attendre quelques minutes, je veux emprunter un bouquin. J'en choisis un très fin, il parle de la Vérité de la Terre. Après avoir réglé l'emprunt, nous sortons. Sans attendre, j'ouvre ma nouvelle trouvaille et me plonge dedans. Je ne remarque pas que je perds Eléanore de mon champ de vision. D'ailleurs, je ne relève même pas la tête et ne m'en aperçois pas tout de suite.
Avançant tout droit, je percute quelqu'un. Je me retrouve au sol, le livre sur les jambes. Une demoiselle a la chevelure d'argent me tend une main tout en s'excusant. J'accepte son aide et me relève, mais je ne lui répond pas tout de suite. Non, d'abord je panique de ne pas voir Eléanore. Et cette petite chipie n'a sûrement pas remarqué que je ne la suivais plus, elle est toujours quelques mètres devant moi quand nous nous déplaçons.
Allez ! Ce n'est pas grave, tu es déjà venue ici, tu vas bien être capable de retrouver le chemin. Regardant dans tous les sens, je ne reconnais rien. Jusqu'à ce que l'adolescente revienne dans mon champ de vision. Je me tourne vers elle, reportant toute mon attention sur elle et lui répond :
- J'ai besoin d'aide, je dois rentrer chez moi au plus vite, mais je ne connais pas le chemin. Moi csest Adéla et toi ? Désolée de t'être rentrée dedans, j'étais absorbée par ça.
Je relève légèrement le livre que je tiens entre les mains. Ce que je me sens stupide. Je ne suis plus une gamine, mais je dois encore demander mon chemin. Je ne me suis toujours pas calmée, mon regard n'arrive pas à rester posé sur la demoiselle. Je me déteste d'avoir été impatience, merde alors, j'avais tout mon temps à la maison pour lire ce fichu livre.
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Jeu 25 Juin 2015 - 1:06
L'air inquiet sur le visage de la jeune fille acheva de sortir Ailse de sa rêverie. Elle espérait ne pas l'avoir blessé, où cassé quelque chose d'important. Elle jeta un rapide coup d’œil au sol. Rien. Tant mieux. Elle profite que l'attention de la rouquine soit dirigée ailleurs pour la regarder plus attentivement, cherchant une éventuelle blessure. Elle ne décela heureusement aucune trace de sang, et en fut soulagée. Elle qui disait vouloir protéger les gens, blesser une inconnue, même par accident, aurait été quelque peu ironique. Son regard s'attarda quelques secondes de plus que nécessaire sur la jeune rousse. Elle était plutôt mignonne, un peu stéréotypée, mais mignonne. Peut-être un peu trop de vert à son goût, mais elle n'était pas la mieux placée pour en parler, ne portant que du bleu, tout le temps.
Ailse ramassa les quelques flèches qu'elle emportait avec elle pour ses leçons. Elle les examina une à une, s'assurant qu'aucune n'était fendue, que les pointes n'étaient pas tordues et que leur empennage ne s'était pas desserré. Elle avait eu de la chance de ne pas tomber sur son arc, sinon elle aurait été bonne pour s'en faire fabriquer un autre. Elle ne s'en tirait pas si mal, finalement, juste quelques bleus et bosses.
La jeune fille se présenta enfin. Adéla. Sa voix sonnait plutôt banale aux oreilles d'Ailse. Dommage, elle avait l'air sympathique. Et elle était perdue. Pour un peu, c'aurait pu passer pour une de ces romances idiotes que sa cousine adorait lire. C'aurait été tellement drôle de lui raconter ! Ailse n'avait eu le temps que de lire la fin du titre du livre que sa nouvelle camarade tenait, mais si l'étude de la Vérité pouvait être passionnante, elle maîtrisait si peu la sienne que cela la frustrait, en général. Aussi elle repoussa dans un coin de son esprit toute pensée en lien avec ce sujet, du moins pour le moment.
“ - Ce n'est rien, c'était un peu de ma faute. N'en parlons plus. Moi c'est Ailse, contente de te connaitre, “ finit-elle avec un léger sourire.
Contente elle l'était. Ailse aimait rencontrer d'autres personnes, tisser des liens, et peu lui importait leur solidité. Adéla cependant avait l'air vraiment inquiète. Elle ne devait pas venir souvent par ici. Ailse s'approcha d'elle un peu plus, bras tendu et main ouverte, en un geste sinon de paix, du moins d'apaisement. En tout cas, c'était l'image qu'elle espérait renvoyer.
“ - Si tu veux... Je pourrais t'accompagner. Je connais bien ces rues, et je serais ravie de t'aider, “ acheva-t-elle avec un sourire plus franc. Et puis c'était sans doute à cause de leur rencontre brutale qu'elle avait perdu son chemin, alors c'était aussi de son devoir de corriger ses fautes. Et puis, elle était mignonne, alors si elle pouvait passer un peu de temps avec elle...
Elle fit quelques pas et se retourna, l'air interrogateur. Elle avait failli oublier de poser la question la plus importante.
“ - Oh, oui... Tu habites où ? “
Sans but, elles pourraient errer dans la ville pendant longtemps avant d'atteindre leur but. Ou d'être retrouvées par la milice, selon toute vraisemblance. Et si son père la prenait dans une situation pareille, elle serait bonne pour un de ses fameux sermons sur les dangers de se promener seule la nuit pour une jeune fille, et serait sans doute privée de sorties pendant quelque temps. Et Ailse tenait à sa liberté.
“ - Enfin, si tu veux bien de mon aide, bien sûr. Je ne voudrais pas t'embêter... “
Avec tout ça, elle n'avait pas pu s'acheter quoi que ce soit. Malheureusement. Peut-être qu'Adéla refuserait son offre et s'en irait de son côté. Comme ça, elle n'aurait plus qu'à prendre la direction de sa maison, il y avait une taverne dont le propriétaire était ami avec son père. Il la laissait souvent venir s'asseoir au comptoir, et lui racontait ses aventures de jeunesse pendant qu'elle buvait. Même si elle le soupçonnait de grossir la vérité pour l'impressionner, elle l'appréciait. Un jour, elle vivrait des aventures elle aussi ! Elle parcourrait les routes, libre comme l'air, aidant ceux qui en auraient besoin, protégeant la veuve et l'orphelin ! Elle trouverait peut-être même le moyen de voler, comme un oiseau, de traverser les nuages, d'admirer Madelle du ciel. Un jour....
Pas pour l'instant. Pour l'instant, elle aurait peut-être chose à faire. Elle s'appuya contre le mur de la bibliothèque d'une main, attendant la réponse d'Adéla d'un air où la curiosité se mêlait au doute. Qu'allait-elle bien pouvoir répondre ? Et sans être égoïste, Ailse n'était pas une fille patiente, et se mit donc inconsciemment à tapoter ses doigts sur le mur, désireuse de se remettre en mouvement. Des prochains mots de la fille aux cheveux de feu - non, pas de feu, elle détestait le feu – de la fille à la chevelure fauve - beaucoup mieux, fauve – de ses mots dépendaient sa prochaine heure, et en bonne adolescente, Ailse ne vivait – et ne vit toujours - que pour l'instant présent.
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Adélaïde Firloe
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(#) Sujet: Re: When worlds collide... Sam 27 Juin 2015 - 18:01
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When worlds collide
le 10 Nehaïah 1243 avec Ailse Cansídhr
Je pris sa main lorsqu'elle la tendit vers moi et la serra doucement. Ailse avait l'air d'une jeune fille très intéressante, j'essayais de ne pas trop fixer sa chevelure si pure. J'ai envie de sauter sur l'occasion, elle ne m'a pas l'air dangereuse et je ne me vois pas déambuler dans les rues de capitale seule. Je n'ai rien sur moi, si un problème rencontrait ma route, je n'avais que mon livre pour me défendre. Pathétique, j'aurais au moins pu prendre mon petit couteau.
Avant de lui répondre je regarde une dernière fois l'endroit où j'ai perdu ma sœur. Je ne sais pas trop quoi faire, ce serait dommage de la rater si elle a déjà fait demi-tour. Non ! Je ne vais pas attendre que me petite sœur m'aide, c'est moi qui suis censée vieller sur elle. Je reporte mon attention sur la demoiselle qui s'est adossée contre le bâtiment. Ma panique est toujours là, mais j'arrive à étirer mes lèvres en un sourire pas trop crispé :
- Je te remercie ! Je sais que c'est étrange, mais j'ai beau vivre ici, je ne connais rien. C'est vraiment gentil de ta part, j'ai bien cru que j'allais passer la nuit à tourner dans la ville.
Le livre toujours contre moi, je baisse les yeux une seconde. Ce que je peux me sentir inutile... Si seulement j'avais le courage de simplement partir. Oui ! Je ne devrais pas rentrer, après tout, je suis suffisamment âgée pour me défendre. Sans trop réfléchir à ce que je fais, j'attrape le poignet d'Ailse et l'emmène dans la direction opposée où se trouvait Eléanore.
C'est une folie, je n'ai rien sur moi, mais sur le coup, je n'y pense pas. Cette oppression continuelle que je ressens auprès d'eux, me donne envie de mettre de la distance avec ce foyer. Pourtant, après quelques pas, je ralentis et pense à ma petite sœur. Ho et puis merde ! Rien qu'une heure un instant où je peux me défaire de cette impression, j'ai envie de profiter de cette situation.
La panique a disparu, je me détends et lâche le poignet de la jeune demoiselle en lui disant :
- Je crois que j'ai vu ma sœur aller dans cette direction. J'hésite une seconde avant d'ajouter. J'habite aux pieds des Mirlis, vers la porte Sud. Il y a une taverne très fréquentée à côté de chez-moi.
Tout ça était vrai, je ne lui mens pas. De ma fenêtre, je peux voir tout un tas d'étrangers traverser les portes d'une taverne. Si je n'ai pas le nez dans mes livres, j'essaye d'imaginer quel genre de personnes ce sont. Quelles aventures ils ont bien bu affronter. Je préfère me taire à ce sujet, ce n'est pas le genre d'activité d'une personne saine. En fait, je n'ai menti que sur une chose, ce n'est pas au Sud, mais au Nord.
Je n'aurais qu'à lui dire que je me suis trompée d'ici un quart d'heure. Nous ne nous serons pas trop éloigné et le voyage n'en sera que plus long. Je suis contente de moi, je suis bien trop heureuse de pouvoir profiter de ce moment avec une parfaite inconnue. C'est si rare. Un sourire aux lèvres je regarde cette jeune demoiselle et je m'arrête sur son arc.
Je suis persuadée qu'elle sait très bien s'en servir. Il est si particulier, cette teinte, elle me rappelle celle... Alors que nous finissons de traverser une passerelle, je me retourne vers la forêt, cette couleur, elle nous entoure. C'est un choc, jamais je n'ai vu d'arme sculpter dans ce bois si sacré. Je ne sais pas trop si cela se lit sur mon visage, mais ma voix est clairement surprise :
- Où as-tu trouvé une telle arme ? Elle est faite de... Un peu plus bas, comme si c'était un sacrilège, j'ajoutai. Mirlis, personne n'oserait !
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Dim 28 Juin 2015 - 0:27
Les mots d'Adéla ne sonnèrent que comme une confirmation de la réponse donnée par son sourire. Étrange ? Non, ce n'était pas étrange. Ailse se souvenait de sa mère qui se plaignait de devoir s'orienter aux étoiles ou au soleil pour ne pas se perdre dans la ville. En tant que guérisseuse, elle ne se déplaçait que pour des urgences et passait le plus clair de son temps dans la forêt, à cueillir des plantes pour ses remèdes. Au contraire, c'était une information intéressante. Le livre sur la Vérité, le manque de repères en ville... Peut-être était-elle fille d'érudite, ou souhaitait-elle le devenir. Une voie sans conteste fascinante, bien qu'Ailse ne la choisirait pas.
Le geste de la jeune fille la surprit, mais elle choisit de se laisser faire. Après tout, elle lui avait proposé de l'aider, et elle n'allait certainement pas reculer maintenant. Même s'il aurait été plus logique qu'elle passe devant. Mais bon, cela ne lui importait que peu. Elles avancèrent pendant quelques instants, en silence, et Ailse laissa son regard vagabonder sur les bâtiments et les gens. Les rues étaient très fréquentées dans cette partie de la ville, et même si ce n'était pas encore l'heure de pointe, elles avaient parfois du mal à se frayer un passage.
Ailse n'aimait pas vraiment les villes, tout ce monde la mettait mal à l'aise. Elle avait toujours tenu plutôt de sa mère, préférant la nature et une relative solitude à l'anonymat et l'oppression de la foule. Cependant, Saona et ses plateformes dans les arbres lui offraient la possibilité de simplement descendre, et de s'enfoncer dans la forêt. Un avantage appréciable, quand elle était seule. Mais elle ne pouvait guider Adéla d'en bas, et elle ne savait même pas comment elle réagirait. De plus, elle n'avait pas spécialement envie de sauter d'une passerelle pour descendre.
Alors qu'elles avançaient plus ou moins au hasard, Ailse sentit la pression sur son poignet diminuer. Elle recentra son attention sur sa camarade, inquiète pendant une brève seconde. Adéla n'était peut-être pas la fille parfaite, mais Ailse s'était mise à apprécier sa compagnie. La plupart de ses amis étaient ceux de Ceirdra, les deux cousines étant souvent fourrées ensemble, et ne se faire accepter que pour elle-même était toujours une expérience agréable.
“ - La taverne de la porte Sud... J'connais, mon père y va des fois. Par là !”
Ailse reprit la main de sa compagne de route et l’entraîna à sa suite, marchant à un rythme raisonnable, levant régulièrement les yeux pour se diriger par rapport à la course du soleil. La porte Sud était assez loin, mais si son père était à la taverne, ça arrangerait bien son voyage de retour, sinon... Elle lui dirait probablement la vérité. Qu'elle avait aidé quelqu'un qui s'était perdu et que c'était la raison de son retard. Il la croirait peut-être, ou peut-être penserait-il qu'elle était allée traîner avec Ceirdra et sa bande, mais il ne la punirait pas. Il se contenterait de son laïus sur la sécurité et la prudence. Au diable les règles ! Ailse n'avait jamais aimé respecter les ordres et les consignes, même si elle s'y pliait à l'académie, c'était uniquement parce qu'il s'agissait du seul moyen à sa disposition pour atteindre ses objectifs.
Alors qu'elles franchissaient une passerelle étroite, Ailse sentit Adéla ralentir encore. Elle se retourna vers elle et put lire la surprise sur son visage presque aussi bien qu'elle l'entendait dans sa voix. Son arc. Son instructeur avait eu une réaction similaire la première fois, et elle recevait encore quelques regards en coin dans la rue. Elle haussa les épaules et lança un grand sourire à la demoiselle.
“ - Oui, c'est bien du Mirlis. Mais rassure-toi, je n'ai coupé aucun arbre pour l'avoir ! “ dit-elle en se rapprochant “ En fait, j'avais cassé mon précédent arc en tombant d'un arbre, et mon père m'a dit que puisque c'était de ma faute, c'était à moi de le remplacer. Et j'ai trouvé ce Mirlis au sol, abattu par son propre poids je pense, le tronc brisé et les feuilles éparpillées un peu partout aux alentours. C'était assez étrange, presque comme si il avait été mi là exprès pour que je le trouve. Alors j'en ai prélevé une petite partie, juste de quoi faire cet arc et, avec ce qui restait, un manche pour mon couteau. Le bois de Mirlis à l'avantage d'être plus dur à briser que les autres...Mais il est un peu trop rigide pour faire un bon arc. Mon père m'a aidé pour le sculpter. Il fait des arcs pour la milice. “ Ailse sourit, puis ajouta après coup “ Il m'a promis un arc en if pour mon dix-huitième anniversaire si je ne cassais pas celui-ci, alors j'y fait attention. Si tu veux, je pourrais te trouver de quoi t'en faire un.” Ailse finit avec un sourire.
Après quelques minutes de marche, Ailse, perdue dans la contemplation des Mirlis – elle aimerait en escalader un jusqu'à la cime, pour voir à quoi ressemblait le monde de si haut – reprit la parole, curieuse.
“ - La Vérité de la Terre, hein ? Il doit être passionnant ce livre. Je veux dire, pour que tu sois si absorbée que tu ne m'aie pas vu arriver. Ou est-ce juste un sujet qui te tiens à cœur ? “
Aucune trace de mépris dans sa voix, seulement cette curiosité et peut-être un ton un peu brusque qui résultaient autant de son impulsivité et de son manque de tact que de son envie de maîtriser sa propre Vérité, de la comprendre. Elle n'avait jamais pensé à regarder dans la bibliothèque si un ouvrage traitait de la Vérité de la lumière. Peut-être devrait-elle y penser. Ailse pencha la tête, distraite par le jeu des lumières sur la chevelure flamboyante d'Adéla. Elle sourit. Finalement, peut-être que le mot flamboyant était bien le meilleur adjectif possible. Le feu n'était peut-être pas si mauvais, après tout...
1108 mots
Adélaïde Firloe
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(#) Sujet: Re: When worlds collide... Mar 7 Juil 2015 - 1:55
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When worlds collide
le 10 Nehaïah 1243 avec Ailse Cansídhr
Je m'étais laissé faire, me laissant guider par la demoiselle. Plus je l'écoutais et plus elle m'intriguait. Décidément, cette demoiselle argentée était bien plus forte qu'elle n'y paraissait. Elle devait régulièrement s'entraîner à l'arc et son père était dans la milice. Je l'écoutais, complètement subjuguée par ces paroles. Profitant de l'instant présent sans me soucier de mon propre foyer, j'étais en train de m'imaginer à sa place. Elle avait l'air de savoir où aller, sûrement connaissait-elle la capitale.
J'enviais son indépendance, moi qui restait enfermée des jours, voir des semaines dans ma chambre pour n'en bouger qu'à l'heure du repas. J'enviais également son audace, jamais je n'aurais osé sculpter le bois sacré de la forêt. Cette demoiselle avait des choses à m'enseigner, j'en étais persuadée. Je n'avais aucune envie de faire demi-tour pour rentrer chez moi. Pourtant, je savais pertinemment que c'était risqué de lui mentir ainsi.
Malgré ça, je ne dis rien, gardant pour moi le fait que nous allions à la direction opposée. Pas tout de suite, nous avions encore un peu de temps devant nous, enfin, je l'espérais. Alors qu'elle terminait son petit récit, j'avais toujours le regard braqué sur elle, ne faisant guère attention aux gens que je pouvais bousculer. La politesse n'avait jamais été mon fort. Je lui répondis abruptement, sans pour autant être méchante :
- Par la déesse Mère ! Non merci ! Je me sentirais pas à l'aise avec une arme de Mirlis. Et puis, chez moi, j'ai un arc particulier. Seuls les membres de ma famille peuvent le tendre. Plus doucement, j'ajoutai. Mais, mes parents ne me laissent pas le toucher. Encore plus doucement, presque dans un souffle. J'ai jamais tiré avec.
Je n'avais pas envie de lui montrer que je n'étais qu'une bonne à rien, pourtant quelque chose chez cette fille me poussait à me révéler. Peut-être à cause du mensonge, j'avais envie de dire une vérité. Non, je crois bien que c'est purement alchimique, j'avais le pressentiment que je pouvais m'en faire une amie si je me montrais un minimum courtoise et sincère. Mais pas encore tout de suite. Pas question de renoncer tout de suite à ma semi-liberté.
Un léger silence s'installa, il n'avait rien d'oppressant. Mon regard se laissa emporter par la foule, je n'avais aucun mal à me frayer un chemin. Jouant des épaules, il m'arrivait même de bousculer quelqu'un, mais cela ne m'arrêtait pas ! J'avais enfin l'impression de vivre, mon visage rayonnait, sans pour avoir un large sourire, je me sentais à l'aise, toute cette agitation m'enivrant. Puis la douce voix d'Ailse résonna. Je me retournai vers elle, resserrant le livre contre moi, je lui répondis :
- Il y a quelques mois de cela, ma Vérité s'est manifestée. J'revenais de l'école avec ma petite sœur. Nous étions sur le sol de la forêt quand une bande d'adolescents, tous plus âgés et uniquement des garçons nous ont encerclées. J'ai pris peur et la terre a tremblé, des pics larges sont sortis de terre et nous ont rapidement encerclé ma sœur et moi. Jsais pas ce qu'ils voulaient, mais y ont pas cherché à nous atteindre et quand ils ont disparu avec ma peur, la terre est devenue poussière. Du coup, j'essaye d'en savoir plus, pt'être que je pourrais réussir à les contrôler.
Tout comme Ailse, j'avais raconté ce moment avec une telle facilité. Je n'étais pas spécialement timide en temps normal, mais là, j'avais vraiment cette impression de pouvoir lui parler. Jamais cela ne m'était arrivé. Mes camarades de classe ne restaient jamais bien longtemps à mes côtés quand elles comprenaient que ma vie se résumait à mon foyer. C'était sûrement pour ça que je voulais pas lui avouer que je devais rentrer rapidement. Par peur de la voir partir.
C'était ridicule, je ne la connaissais pas pourtant. J'aurais dû m'en contre balancer, mais pour une fois, j'avais l'espoir de pouvoir me faire une amie. Ce genre d'occasions était si rare dans mon quotidien. Ma petite histoire terminée, je me retournai une seconde et crus apercevoir la chevelure de blé d'Eléanore. J'avais sûrement rêvé... Je regardai à nouveau face à moi, nous passions une autre passerelle, comme la dernière fois, je me perdis dans le panorama.
Jamais je ne pourrais me lasser d'admirer la forêt. Après ce petit instant détente, nous nous retrouvâmes à nouveau dans la foule. C'était une rue marchande, plusieurs étales se suivaient. Je m'approchais pour regarder de plus près les potions d'un gamin aussi fin qu'une brindille. Il y avait des potions de couleurs, de métamorphoses, pouvait également voir sur l'une d'elles l'étiquette d'un poison, mais la plupart restaient inoffensives. Je passai à l'autre marchand.
Cette fois-ci, le marchand n'avait rien d'un Ancien, ses mains étaient pleines d'or, jamais je n'avais vu un homme avec autant de bijoux. Son étalage brillait de mille éclats, je passais très vite, je n'avais jamais été très attirée par ce genre de breloques. Reportant mon attention sur Ailse, je rompis le silence. Si j'avais envie de m'en faire une amie, il fallait déjà que je me présente convenablement. Sans aucune gêne, je m'arrêtai au milieu de la rue, une personne grommela, mais je m'en fichais.
Je lui dis alors dans les yeux :
- Désolée, mais t'à l'heure, je me suis pas vraiment présentée. C'est Firloe Adélaïde. Je marquai une pause, oui, il me fallait être franche si je ne voulais pas tout foirer. Et je t'ai menti sur une petite chose... Ce n'est pas à la porte Sud qu'y a ma maison, mais au Nord. Sans lui laisser le temps de me répondre, j'ajoutai. Excuse-moi si je t'ai menti, mais mes parents ne m'laissent jamais sortir, j'avais envie de profiter un peu. J'aurais pas dû te mentir, excuse-moi.
Mes joues s'empourprèrent légèrement à cause de la honte, mais au moins je n'avais pas attendu aussi longtemps que je l'avais prévu. Oui ! Cette demoiselle m'était charmante, je n'avais pas envie de l'induire davantage dans l'erreur, mieux valait jouer franc jeu. Au pire, elle laissait me démerder seule, au mieux, elle prendrait cela sur un ton joueur et ferait demi-tour avec moi. Je priais pour la seconde option.
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Ven 10 Juil 2015 - 0:33
Les rues commençaient à devenir de plus en plus peuplées, de plus en plus...Étouffantes. Ailse éprouvait de plus en plus de mal à rester sur les passerelles. Elle fit exprès de choisir les passages les moins fréquentés, comme à son habitude, espérant simplement que cette route particulière n'éveille aucun soupçon chez sa camarade. Elle pouvait bien être amicale, ouverte et franche, tant en actes qu'en pensées, certains de ses secrets n'étaient pas destinés à être révélés à qui que ce soit. Jamais. Elle gardait la quasi-totalité de son attention sur leur discussion, évitant de se laisser distraire par ses propres problèmes.
“ - Oh. “ Ailse lui sourit – il semblait qu'elle fasse beaucoup ça, depuis quelques temps, sourire – et accentua légèrement la pression de sa main sur celle d'Adéla. Elle aurait aimé faire quelque chose pour la sympathique jeune fille qui l'accompagnait, mais elle avait appris à ses dépends que certaines situations ne pouvait être résolues que de l'intérieur. Aussi elle n'ajouta rien.
Le silence s'installa, et Ailse ne chercha pas à le rompre. Il n'était en rien pesant, ou gêné... Il était juste, dans le rythme de leur dialogue. Une sorte de pause mutuelle, de rupture, le temps d'assimiler les informations et de reprendre là où elles s'étaient arrêtées. Un peu comme deux amies qui se retrouvaient après plusieurs années séparées. La foule revint, Ailse ne pouvant éviter plus longtemps les zones les plus empruntées de la ville, que ce soit pour ne rien laisser filtrer ou par simple état de fait. Elles approchaient d'une place marchande, et les passerelles y convergeaient, comme de juste. Quel commerçant voudrait voir les clients contourner son échoppe ?
Ailse prêtait attention à chaque mot que son amie – oui, son amie – prononçait, lorsqu'elle eut reprit la parole. Chacune se livrait à l'autre, peu à peu, et si elle avait des amis, plus ou moins proches, elle n'avait jamais senti une telle fluidité dans leurs premiers échanges. Discuter avec elle était...Naturel. Inné. Presque comme si elles se connaissaient déjà avant leur rencontre. Et Ailse, même si elle trouvait cela étrange, appréciait clairement cette sensation. Tandis qu'elle répondait à sa question sur le livre, Ailse réalisa qu'elle ne s'était jamais demandé comment la Vérité se manifestait. Elle savait que sa famille l'avait tout simplement manifestée, hors d'un contexte précis – sauf sa mère. Elle n'avait jamais su, pour sa mère – et s'était simplement dit qu'elle était un cas à part, différente – encore une fois – des autres.
Elle était ravie de voir que ce n'était pas le cas, et autant ces situations étaient regrettables, autant ces points communs, savoir qu'elle n'était pas seule – même si sa Vérité l'isolait de la plupart – était rassurant. Plaisant, même, pensa-t'elle, sans que son sourire n'ait quitté ses lèvres une seule seconde.
Ses mots à elle glissèrent de ses lèvres sans même qu'elle ait eu à y réfléchir, ou à se demander si elle pouvait parler. Pourquoi ne le pourrait-elle pas ? Sa mère avait été effrayé par sa Vérité. Et maintenant.... Peut-être que changer d'approche garantirait de meilleurs résultats ?
“ - J'avais dix ans quand j'ai découvert ma Vérité. “ Un peu abrupt, mais elle ne pouvait pas faire mieux, dans son état. Son trouble était parfaitement perceptible, que ce soit son regard plongeant dans le néant, son souffle plus irréguliers, ou sa posture plus tendue. “ - Je jouais dans la forêt avec ma mère...Et un ours nous a attaqué. Ma Vérité m'a protégé, et ma mère a tué l'animal, mais... Les dégâts avaient déjà été faits. Je n'ai jamais su ce qu'il s'était passé ce jour-là, mais je ne pourrais jamais l'oublier...Pas avec ce que j'ai perdu.”
Entre ses paroles et la foule, Ailse n'était pas au mieux de sa forme. Ses yeux se portaient de plus en plus souvent sur le sol de la forêt, et son esprit avait sérieusement envisagé la possibilité. Elle saurait se guider. Il n'y avait pas de vrai danger. Il ne lui suffisait que de poser la question. La place marchande ferait un point de descente parfait. Son sourire revint, et, retenant ses larmes, elle reprit, plus joyeusement.
“ - Je crois que je devrais passer plus de temps à étudier ma Vérité. Peut-être pourrais-tu me montrer où je peux trouver les livres dont j'aurais besoin. Je n'ai pas eu de chance dans mes maigres recherches jusque là. “
Pour alléger l'ambiance, Ailse leva leurs mains jointes, paumes vers le ciel, et y plaça sa main libre.
“ - Regarde. “
Elle se concentra quelques secondes, et fit apparaître une image d'Adéla. C'était quelque chose de simple, qu'elle avait appris en cours et qui ne lui servait habituellement qu'à ranimer le visage de sa mère. Une technique idiote, qui ne demandait pas beaucoup d'énergie et qui était censée servir de base à la manipulation de la Vérité. Les résultats n'avaient pas été très probants, là non plus. Elle parvenait à peine à créer une flèche – elle avait choisi les flèches car elle avait lu que plus ce qu'elle voulait créer lui était familier, plus ce serait aisé – et à la maintenir suffisamment longtemps pour qu'elle atteigne sa cible. Peut-être parce qu'elle avait adapté les paroles de sa professeur de la Nature à la Lumière.
Elle haussa les épaules. Elles avaient atteint les boutiques, et se glissaient tant bien que mal dans la foule. Ailse s'était refermée un peu plus, évitant au maximum le contact physique, à l'exception de la main de son amie, qu'elle serrait plus fermement. Elle se laissa entraîner d'étal en étal, ne prêtant que très peu d'attention à ce qui y était exposé. Elle n'avait jamais porté de réel intérêt aux potions, encore moins aux bijoux. Son arc et sa robe étaient tout ce dont elle avait besoin, en moyen de tuer comme en moyen de se faire belle.
Ailse l'écouta, et pour la première fois, son sourire vola réellement en éclats, remplacé par une expression indéfinissable. Qu'elle ait donné un surnom lui importait peu, et son nom de famille encore moins. Mais son mensonge...Ailse détestait le mensonge. Son père le savait, c'est pour ça qu'il ne parlait pas de ses soirées de beuveries. Elle ne savait pas vraiment pourquoi – ou plutôt, elle n'aimait pas admettre qu'elle pensait que si sa mère avait mentionné sa Vérité, l'avait aidé à la contrôler plus tôt, au lieu de cacher et de mentir, elle serait peut-être encore en vie – mais elle ne supportait pas ça. Elle mettait ça sur le dos de ses problèmes de confiance – en elle, et dans une moindre mesure en les autres.
La foule n'importait plus. Son regard était fixé sur son amie. Menteuse. Elle était immobile, en apparence figée comme l'image qu'elle avait fait apparaître un peu avant. Cependant, son esprit tourbillonnait, frôlant la surchauffe. Certes, elles ne se connaissaient presque pas, et ce n'était pas un mensonge important. Et elle l'avait avoué. Et elle avait une raison de mentir. Ailse comprenait ce besoin de liberté, le ressentant elle-même. Mais elle aurait pensé qu'Adélaïde ressentait elle aussi cette facilité, ce lien presque préexistant. Qu'elle en aurait parlé plus tôt, peut-être. La liberté n'induisait pas l'égoïsme, après tout.
Ailse resta perdue dans ses pensées une minute entière, avant de finalement soupirer et de replacer son sourire sur ses lèvres, quoique moins brillant qu'avant.
“ - Je dois avouer que, malgré tout, c'était un excellent moment. Et... Je ne souhaite pas y mettre fin, moi non plus. Alors...Traînons encore un peu toutes les deux, veux-tu ? “ Son sourire avait retrouvé son éclat au fil de ses paroles. “ - Je sais ce que c'est, cette envie de liberté, sans doute pas autant que toi, mais je sais. Je comprends. Et je te pardonnes, évidemment ! “
Elle raconterait à son père qu'elle avait rencontré une amie et qu'elle l'avait raccompagné chez elle. La stricte vérité. Rien de plus. Ce serait sa petite vengeance idiote pour toute les fois où il était rentré en pleine nuit, ivre. Elle l’entraîna avec elle vers une passerelle étroite, entre deux boutiques, et remarqua que jamais elle n'avait lâché sa main. Elle sourit. Il semblait que son pardon lui avait été acquis avant même qu'Ailse en soit consciente.
“ - Tu viens, on descend ? On pourra passer plus de temps dehors, comme ça. “ Elle ne dit pas “ensemble” mais le pensait quand même. “ - Mademoiselle Firloe, après vous. “ fit-elle avec un faux air de Parlèm. “ - Oh, moi c'est Cansídhr. Ailse Cansídhr. “
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(#) Sujet: Re: When worlds collide... Jeu 16 Juil 2015 - 23:39
10 Nehaïah 1243
Je me trouvais dans ma chambre, le regard dans le vide. Milles pensées m’assaillaient depuis une bonne heure déjà. Lorsque ma grande sœur lisait un livre, c’était comme si elle n’était plus là. Son esprit vagabondait sur les pages, interprétant l’écriture de l’auteur avec une imagination que parfois je n’arrivais pas à comprendre. Mais Adélaïde disait toujours que je comprendrais quand je serai plus grande, alors je cessais généralement d’y penser. Mais aujourd’hui, cette étrange sensation de manque me bouleversait. J’avais envie d’emmener ma sœur autre part que dans un livre. Je ne sais pas si mère savait lire les pensées, mais en l’entendant expliquer à grande sœur qu’elle allait voir une amie, un sourire s’est glissé sur mes lèvres d’enfant. Avec souplesse, je me suis redressée et lorsque mère s’en est allée hors de la maison, j’ai couru auprès d’Adélaïde avec des étoiles dans les yeux. Je lui souffle, excitée, qu’il fallait profiter de cette occasion pour sortir prendre l’air. Grande sœur n’avait jamais vraiment le droit de sortir, autant saisir cette chance qui ne se produira probablement pas beaucoup. De plus, père n’allait rentrer qu’en fin d’après-midi, on aurait tout le temps de s’amuser avant qu’il ne franchisse le seuil de la maison. Adélaïde accepta face à mes arguments irréfutables d’enfant et attrapant ses affaires, nous sommes sorties.
Comme j’avais l’habitude d’aller à la capitale, je connaissais bien les paysages qui nous entouraient. Mais Adélaïde un peu moins. Totalement concentrée sur la route, je ne faisais guère attention à ma grande sœur qui s’émerveillait sans me perdre de vue. Lorsque nous sommes arrivées devant la grande bibliothèque, je lui ai demandé de m’attendre là. Je savais qu’elle adorait cet endroit, pour être l’un des seuls où elle avait le droit d’aller à condition que père ou mère l’accompagne. Cette sortie aurait pu être simplement entre nous deux, mais j’avais quelque chose à aller chercher alors je l’ai laissé à son activité favorite en souriant avant de m’enfoncer dans la foule, sans aucune hésitation. Rapidement, j’ai pu entrer dans la petite boutique où le commerçant m’offrit un sourire lorsqu’il m’aperçut. Je connaissais bien sa fille, vu qu’on était ensemble dans la même classe. Il me tendit le gros paquet avec un clin d’œil.
« Tu as vraiment bon cœur ma petite Eléanore. Je suis certain que ça lui fera énormément plaisir. » J’attrapais le cadeau avec un petit sourire timide. « J’espère aussi. Iria est là ? » « Non, elle est sortie avec son frère. Tu veux l’attendre ? » « ça ira, c’est gentil. Comme nos parents ne sont pas là, on en a profité pour prendre un peu l’air mais faut pas trop qu’on tarde, sinon on va se faire gronder et interdire de sortie, ça sera vraiment bête ! » Acquiesçant en riant, je remerciais le commerçant avant de sortir de la boutique pour retrouver Adélaïde qui devait sûrement dévorer un gros livre en m’attendant. Mais sur le chemin, j’ai justement rencontré Iria et son frère Erios. On a beaucoup discuté, et lorsque je me suis rendue compte que l’heure avait passé assez vite, je me suis excusée auprès de ma camarade et je me suis rapidement dirigée vers la bibliothèque où effectivement, grande sœur était concentrée sur un bouquin qu’elle avait dans les mains. En m’apercevant, elle me demanda encore un peu de temps, pour emprunter un autre livre. Une fois sortie, on se dirige tranquillement vers le chemin qui nous mènera doucement à la maison. Quand je me suis rendue compte qu’Adélaïde n’était plus derrière moi, ni dans mon champ de vision, j’ai paniqué. Moi et mon habitude de toujours marcher devant ! J’ai donc fait demi-tour, songeant que ma chère sœur devait probablement être déjà le nez dans le livre qu’elle avait emprunté et qu’elle marchait lentement en évitant les passants. Malgré le chemin inverse, je ne vis pas Adélaïde. La panique s’est lentement infiltrée dans mon esprit. Elle ne connaissait pas la capitale comme moi, et il était facile de se perdre ici ! Rouspétant à voix basse, j’ai commencé à accoster les passants, leur demandant s’ils avaient vu une fille avec des cheveux de feu passer dans le coin. Mais personne ne me répondait, me conseillant plutôt de rentrer à la maison. Rare étaient les moments où je perdais patience, mais c’était de ma faute si ma sœur s’était perdue ! Je ne savais donc pas qu’elle était à l’opposé avec de la compagnie mais surtout en sécurité. Je me suis donc mise à courir, criant le nom de ma sœur au cas où elle serait dans le coin, à tendre l’oreille pour m’entendre l’appeler.
Au bout d’un moment, la peur s’est vraiment emparée de moi. Et si je ne la retrouvais pas ? Et si on l’avait enlevé ? Si on lui faisait du mal ? Mon cœur s’emportait, menaçant à tout moment de sortir de ma poitrine. Continuant mon chemin, les gens ont commencés à me regarder étrangement. Quand je me suis rendue compte que des larmes coulaient sur mes joues, je me suis dissimulée dans une petite rue, rouge de honte. Puis j’ai sangloté, terrifiée de perdre ma sœur, mon héroïne de toujours. Mère va encore plus me détester…
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Ven 17 Juil 2015 - 3:37
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When worlds collide
le 10 Nehaïah 1243 avec Ailse Cansídhr & Eléanore Firloe
Elle accepta mes excuses, nos mains toujours entrelacées, j'étais heureuse de mettre perdue. Je savais que cette fille du soleil pouvait être mon amie. Je n'avais aucune envie de la lâcher et encore moins de rentrer immédiatement. Je la laissa me guider dans une petite ruelle, laissant l'euphorie de la ville dans notre dos. À en croire l'endroit où elle nous guidait, je n'étais pas rassurée, mais alors absolument pas lorsque nous nous arrêtâmes vers une étroite passerelle qui semblait descendre le long du tronc de l'arbre.
Me m'étant sur le côté, appuyée contre une rambarde de sécurité, je me penchais pour regarder vers le sol. Je fus prise de vertige et recula vers l'une des boutiques. J'avais honte, j'essayais de ne rien montrer, mais je m'étais crispée. Cette passerelle n'avait pas l'air d'être très souvent empruntée, mais Ailse semblait savoir où elle allait et je n'avais pas envie de me dégonfler devant cette amie, devant Ailse, que je venais tout juste de rencontrer. Nerveusement, pour gagner du temps, je lui dis un peu bêtement :
- Bah dis donc, sympa comme parcours. On dirait qu'en fait tu veux me perdre dans la forêt ? Tu s'rais pas un peu rancunière.
Ma peur avait laissé place à un sourire honnête et peut-être un peu gêné d'être impressionnée par si peu, mais je suis sûre de voir d'où je suis qu'il manque une planche déjà dans les cinq premières. J’essayais de prendre sur moi, m'encourageant. Après tout, ce n'était qu'une saloperie d'escalier oublié, dans un coin de la ville qui devait se trouver seulement à plus de soixante dix mètres du sol. Ouais rien que ça ! Ne bougeant pas malgré cela, des pleurs résonnèrent de l'autre côté de la ruelle. Dans l'ombre de la boutique, je crus reconnaître cette tignasse dorée.
Je lâchai la main d'Ailse et m'approchai de l'enfant. Eléanore !
- Eléa' ! Qu'est-ce que tu fou ici ? Tu aurais dû rentrer.
La voir ainsi, les yeux rougis par des sanglots, je la rejoignis et serrais dans mes bras, des mèches de cheveux se collant à ses joues mouillées. Me reculant et prenant ses épaules dans mes mains, je lui dis doucement et avec un sourire :
- C'est pas grave, regarde, je n'étais pas en mauvaise compagnie. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi !
C'était un peu sèchement dis, même si cela partait d'une bonne intention, je n'avais pu retenir cet agacement de savoir que même ma petite sœur se mettait à s'inquiéter pour moi. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de la trouver si brave, elle n'avait que dix ans et déjà si libre. Jamais je n'avais été jalouse d'elle à ce sujet, tout le blâme leur revenait, et cette fois encore, je perdis rapidement ce sentiment envers elle et ajoutai avec un air plus joyeux qu'à la normal :
- Je te présente Ailse Cansídhr, elle allait me raccompagner, mais maintenant que tu es là, on ferait mieux de prendre la route habituelle pour redescendre à la maison. Je me tournai vers Ailse. Désolée, la descente périlleuse se sera pour une prochaine fois avec plaisir, mais avec ma petite sœur, je préfère qu'on prenne un chemin plus sûr.
Excuse bidon ! C'est affreux que je me serve de ma petite sœur ainsi, mais bon ! Elle est tombée au parfait moment faut dire. Je lui prend la main, pas question de la perdre cette fois et l'intime à rebrousser chemin vers la place marchande. J'aurais voulu rester plus longtemps, mon regard croise celui d'Ailse, je m'aperçois que je ne sais même pas comment la retrouver. Mais nous n'avons plus le temps, si on court, on a peut-être une chance d'arriver en même temps que mère. Je ne peux m'empêcher de penser que si j'avais le dixième du courage de ma petite soeur, je prendrais cette passerelle et nous arriverions sûrement à l'heure.
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Dim 13 Sep 2015 - 14:31
" - Non, je ne suis pas rancunière, et si je voulais te perdre dans la forêt, je n'aurais pas offert de t'accompagner.
Ailse restait en retrait, souriante, observant la réunion des deux soeurs. Au vu de l'état de la plus jeune, des réactions, et des mots échangés, elle se doutait qu'elle devrait affronter la foule à nouveau, si elle choisissait de les accompagner. Ailse soupira. Elle aurait aimé avoir une soeur. Ressentir les émotions qu'elle pouvait voir dans leurs yeux. Certes, elle avait son père, et sa cousine et sa famille, mais elle pouvait voir la différence. Elle n'était pas si stupide.
Ailse replaça un sourire sur son visage, mais n'importe quelle personne un tant soit peu attentive pouvait lire à travers son masque. Elle ne dissimulait pas vraiment ses émotions, de toute façon. Elle se contentait de ne pas afficher ses faiblesses. Montrer ses faiblesses rend vulnérable. Et Ailse n'aimait pas être vulnérable. N'aimait pas être faible. Si elle voulait protéger ceux qui comptait à ses yeux, il lui fallait être forte. Et trouver quelqu'un qui comptait vraiment, et qui ne soit pas son père. Son père était fort. Elle....
Elle secoua la tête, et s'avança, son nom venant d'être prononcé. Elle sourit à l'enfant et, dans un geste lui rappelant d'autres soirs, d'autres enfants en larmes, d'autres personnes et d'autres lieu, plaça un léger baiser sur son front. Ailse se redressa et lui sourit, plus authentique, mais pas entièrement débarrassé de ses émotions les plus négatives.
" - Eléa, c'est ça ? Tu m'as l'air d'être très courageuse. Je suis sûre que ta soeur est fière de toi ! " finit-elle en un murmure à peine audible, qui n'atteignit pas les oreilles d'Adélaïde. Elle reprit, lançant un dernier regard en arrière. Elle n'était pas totalement idiote, et pour être franche, la première fois qu'elle avait emprunté une des plus anciennes voies vers le sol, elle aussi avait eu peur. Elle hésita un instant, laissant son sourire s'effacer un peu. Puis, d'une voix plus assurée, plus forte, s'adressa aux soeurs Firloe.
" - Si vous voulez, je peux vous accompagner. Je connais bien la ville, et si jamais vous arrivez en retard, vous pourrez toujours dire que vous avez été retenu par la milice. Mon père sera ravi de vous servir d'alibi.
Ce qu'elle ne mentionnait pas, c'était qu'il serait ravi d'aider quelqu'un que sa fille pourrait appeler une amie. Il serait ravi de voir que son ange était capable de tisser des liens d'elle-même, de ne pas dépendre de sa cousine ou de lui. Et il serait ravi qu'elle n'ait pas passé sa journée dans la Clairière, comme elle le faisait si souvent, ou au bar où elle se perdait dans les récits de voyageurs - et d'ivrognes. Même si... Si elle allait jusqu'à la porte Nord, elle se retrouverait sans doute exactement à l'endroit de l'Accident. C'était juste plus fort qu'elle. Elle transmettrait un message à son père par l'intermédiaire d'un milicien, et se rendrait là-bas, accomplirait son rituel, et s'endormirait sans doute en haut d'un arbre, en sécurité, ou peut-être irait-elle passer la nuit dans son endroit secret. Elle l'avait aménagé - sur l'insistance de son père, qui s'était vite rendu compte qu'il ne pouvait pas l'empêcher de se rendre sur place - pour le protéger des animaux les plus dangereux et du froid.