(#) Sujet: Re: When worlds collide... Ven 18 Sep 2015 - 1:39
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When worlds collide
le 10 Nehaïah 1243 avec Ailse Cansídhr & Eléanore Firloe
Gardant les yeux sur Eléanore, j'avais un peu honte de me dégonfler devant un simple escalier. Glissant mon regard sur la ruelle d'où nous venions, je ne savais pas encore quoi décider. Courir à s'en couper le souffle pour retrouver mère transformée en furie qui nous ferait rentrer aussitôt ou tenter Uraang tout en aillant le temps de découvrir un peu plus Ailse. Elle attendait une réaction et le temps continuait à tourner. Sans attendre la réaction de ma sœur, je fermais les yeux une seconde en prenant une grande respiration. Je poussai doucement devant moi Eléanore vers la passerelle qui descendait à pic.
Avant qu'elle ne pose le pied sur la première planche, je me retournais vers Ailse :
- On va passer par là... Toutes les trois, ça devrait aller. Passe la première Eléanore, tu es la plus légère.
Je la suivais, mais m'aventurais avec prudence et en pris davantage lorsque je dus passer la marche manquante. Resserrant encore plus ma prise sur les cordes servant de garde-corps, je n'appréciais pas cette situation ! Je n''avais jamais été à l'aise dans les arbres, préférant garder les pieds sur la terre ferme. Heureusement qu'Eléanore me montrait le chemin. Regardant vers le bas en passant la marche perdue, la vision du sol ne me rassura pas. Je n'avais pas réellement le vertige, mais cette hauteur m'était assez étrangère contrairement à ma petite sœur qui semblait dans son élément.
Mettant mes inquiétudes de côté, je continuais de progresser en silence. J'avais l'impression qu'une descente sans fin s'étendait devant nous. Il fallait accélérer, Eléanore me poussa, encore une fois, à prendre sur moi, la gamine avançait sans difficulté et moi la grande sœur, ma main ne lâchait plus la corde en à en devenir rouge. Prenant sur moi, j'essayais de me décrisper. Quelques marches plus loin, je commençais à rattraper Eléanore, descendant presque les marches à son rythme. Je voulus m'adresser à Ailse, maintenant que j'avais pris de l'assurance, mais je ne pus m'empêcher d'effleurer la corde en me tournant pour croiser son regard :
- Ton père fait donc partie de la milice. Je lui souris et reposai mon regard sur les marches suivantes. Il fabrique simplement des arcs pour eux ou c'est aussi un soldat ? Je ne les côtoie pas souvent, j'en ai juste rencontré un, une fois, à cause des crises de panique de ma mère. Je l'ai souvent revu à près de chez nous, mais je préfère pas ravoir affaire à lui.
Ce n'était peut-être pas aux yeux d'Ailse un souvenir très marquant, mais mon quotidien était si calme par rapport à celui qu'elle m'avait fait entrevoir jusqu'à présent. C'était ses confidences si naturelles qui m'avaient données envie de prendre ce risque pour pouvoir continuer à la découvrir. Puisqu'il n'y avait qu'un chemin possible, mon attention se relâcha d'Eléanore, j'avais même oublié l'état déplorable de l'escalier et ne fut presque pas ralentie lorsque nous rencontrâmes une seconde planche manquante.
Je repris mon rythme, désormais presque détendue, j'osais enfin demander à Ailse une chose qui me brûler les lèvres depuis plusieurs minutes :
- Dis, est-ce que je pourrais te demander un autre service ?
Assurée dans mes gestes, je voulus la regarder dans les yeux en lui posant ma question, mais je le regrettai la seconde suivante. Ne regardant plus où je mettais les pieds, je m'enfonçai dans le vide, ce foutu escalier voulait bel et bien ma mort ! Paniquée, j'expulsais ma peur dans un cri... Je ne compris pas tout de suite que j'avais laissé tomber le livre qui m'avait mis dans cette situation pour pouvoir me rattraper à l'une des marches. Les jambes et le corps dans le vide, seule l'une de mes mains avait une prise plus ou moins solide sur la planche.
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Sam 14 Nov 2015 - 22:22
C'était le sourire aux lèvres et l'air soulagé qu'Ailse s'engagea dans la descente du vieil escalier de service. Pas de foule à affronter, pas de trajet en plein cœur de la cité, juste trois filles dans la forêt, autant en sécurité que possible, isolées sans l'être réellement, et définitivement plus libre que sur les plateformes en hauteur.
Elle passa en dernier, pour non seulement pouvoir rattraper un éventuel accident - vu l'état du bois, ce n'était pas improbable - mais aussi parce qu'elle serait plus à même de franchir un éventuel obstacle causé par le passage de ses deux camarades qu'Adélaïde ou sa jeune sœur. Et puis, être dans son dos... hum. Ailse rougit, détournant son regard un instant.
" - Oh, heu... C'est d'abord un soldat, mais maintenant, il préfère entraîner les nouvelles recrues et fournir des armes. Il commence à être vieux... Je ne serais pas surprise que, dans quelques années, il ne se consacre plus qu'exclusivement à l'entrainement et l'armement. "
Ailse avançait, tranquille, l'esprit ailleurs, écoutant les quelques mots échangés par Adélaïde, le bruit du vent dans les feuilles, ou le grincement du bois sous leurs pas. Ses mains n'effleuraient jamais la corde, ses pieds jamais ne glissaient, et ses yeux jamais ne se portaient sur le reste de leur descente. Ailse souriait toujours. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas sourit de cette manière, sans aucune arrière-pensée, en présence de personnes qu'elle n'avait rencontré que peu de temps auparavant.
Une journée passée à nouer des liens, foule ou non, inconnues ou non, possible punition à la clef, ne paraissait plus aussi futile qu'elle le croyait. Ou peut-être était-ce les individus avec lesquels elle discutait qui importait ? A cet instant, Ailse fut tirée de ses errances mentales par une question. Une question très vague, et généralement très dangereuse. Une question à laquelle elle n'aimait pas répondre. Une question qui l'effrayait, parfois. Et, dans la fraction de seconde pendant laquelle elle hésita à répondre, une planche cassa.
Le cri qui suivit assura, inutilement, que toute l'attention de l'adolescente était concentrée sur la situation. Eléanore se retourna un instant plus tard, et Ailse lui cria de ne pas bouger. Elle ne voulait pas risquer d'aggraver le problème, ni de devoir se préoccuper de deux personnes au lieu d'une. Elle balaya les environs d'un regard, essayant de trouver quoi que ce soit qui puisse les aider. Juste la corde qui formait le garde-fou, et elle était bien trop épaisse pour être coupée assez vite. Et sans aucun point d'appui à proximité, elle ne lui serait pas très utile.
" - Hé... Hé , essaye de ne pas paniquer, ca risque d'empirer la situation. J'vais te remonter, juste le temps de trouver une prise solide. " Ailse termina, avec un sourire qu'elle espérait rassurant.
Seul souçi, aucune des planches ne paraissait particulièrement résistante. Carrant les épaules, essayant de répartir son poids de manière optimale et enfilant son gant de cuir pour avoir une meilleure prise - elle n'allait pas la laisser tomber, non plus, ce serait le comble - Ailse se pencha et se saisit de la main libre de son amie.
Bandant ses muscles - et remerciant son professeur de tir à l'arc pour ses exercices soudainement beaucoup plus utiles, elle tira, remontant l’aînée des Firloe en - relative - sécurité. Elle sentait la marche craquait, et n'osait pas imaginer ce qui se passerait si celle-ci aussi cédait. Après ce qui lui parut l'effort le plus important de ses cinq dernières années - et qui l'était probablement, à dire vrai - les deux jeunes filles se retrouvèrent dans les bras l'une de l'autre, Ailse les empêchant de basculer en arrière.
" - Et voilà, plus rien à craindre. Tout va bien ? Aucune blessure qui risquerait de s'infecter, rien qui manque ? " Elle ajouta, d'une voix à peine plus forte qu'un murmure, entendue uniquement d'Adélaïde. " - Si tu veux attendre un peu avant de repartir, je ne te lâche pas d'une semelle. Tu serais définitivement moins intéressante écrasée au sol. "
S'appuyant contre la corde, Ailse s'écarta un peu et, se plongeant dans le regard émeraude de sa nouvelle amie, prit sa décision. Reprenant la parole, elle demanda d'une voix douce, presque... hésitante.
- Quel service ?
800 mots
Adélaïde Firloe
Voyageuse
Messages : 245 DC : Mère Nature, Marissa E. Iselk et Auxane Taël Présentation : Fuyez Carnet : Mes péripéthiesExpérience : 225
(#) Sujet: Re: When worlds collide... Dim 6 Déc 2015 - 2:33
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When worlds collide
le 10 Nehaïah 1243 avec Ailse Cansídhr & Eléanore Firloe
Suspendue à plusieurs dizaines de mètres, je m'agrippais à la planche alors que mon cœur semblait vouloir bondir hors de mon torse. Je détestais le vide ! J’avais passé la plupart de ma vie les pieds sur le sol contrairement aux Anciens ou ma sœur. J’étais paniquée et pétrifiée à la fois, la voix d’Ailse n’y changeant rien, au contraire, je regardais la seconde d’après le vide qui se trouvait sous moi. En cet instant, je ne pensais plus n’y à mon livre ou ma sœur, seule la chute me semblait être une réalité. Jusqu’à ce qu’Ailse trouve une prise et me remonte sur la passerelle.
Crispée, je restais accrochée à l’adolescente un instant, de peur de retomber en arrière. Je ne réfléchissais pas vraiment à la situation, j’essayais encore de reprendre mon souffle et mon calme. Le temps semblait s’être suspendu à ma place. Cette petite sortie risquait de me faire perdre l’envie de traîner en ville pendant un petit moment. Je faillis presque penser que mes parents pouvaient avoir raison. Mes parents ! Nous devions nous dépêcher. Relâchant Ailse, je m’accrochai de l’autre côté de la passerelle et lui répondis :
- J’ai fait tomber mon livre, mais ça va. On doit rentrer au plus vite. Pour le service, ce n’était rien d’important et puis je ne suis plus sûre. En tout cas merci beaucoup ! Tu viens de me sauver la vie.
Descendre des hauteurs de la ville était peut-être la seule chose que j’étais à moitié capable de faire. Je ne me sentais plus d’humeur courageuse, même s’il fallait continuer sur cette passerelle de malheur. Ma main fermement agrippée à la corde, je dis à l’attention d’Eléanore :
- Reste en retrait, on te rejoint.
Je gardais mes yeux posaient sur elle pour ne pas regarder le vide, à travers le trou de la planche qui avait cédé. Une fois passée, je la pris un instant dans mes bras avant de reprendre la descente d’un pas plus ou moins rapide. Nous n’avions plus que quelques minutes pour rejoindre la maison avant que notre mère ne la retrouve vide. Je n’avais vraiment pas envie de m’expliquer sur notre sortie, comment j’allais faire d’ailleurs pour justifier à la bibliothèque la perte du livre. Cette histoire risquait de me retomber dessus plus tard.
Restant près de ma petite sœur, je suivais du mieux que possible sa cadence, elle était réellement à l’aise et semblait complètement inconsciente du danger, alors que moi, il me consumait. Pourquoi n’avais-je pas eu le cran de demander ce service à Ailse, c'était une chance d'avoir ce que je désirais depuis si longtemps. Si j’abandonnais dès que la vie me paraissait fragile, peut-être qu’il valait mieux que je ne me lance pas. Je n’osai pas et restai silencieuse avec un goût amer dans la bouche en continuant d'avancer.